Réforme de la PAC : Le débat engagé aujourd’hui ne remet pas en cause l’agriculture industrielle
Communiqué de José Bové
Ce mardi 19 juin, la commission de l’agriculture du Parlement européen a conclu un débat préliminaire portant sur quatre très importantes propositions législatives visant à réformer la politique agricole commune de l’UE. Les Verts au Parlement européen estiment que la PAC a besoin d’une refonte radicale du système agraire européen ; favorable à un agriculture et à une alimentation durables plutôt qu’à une agriculture industrielle intensive et des pratiques agricoles non durables. Cependant, s’ils devaient être pris en compte, les projets de rapports législatifs de la commission de l’agriculture du PE affaibliraient davantage encore les propositions de la Commission européenne.
Commentant les débats au sein de la commission de l’agriculture, José BOVE, vice-président de cette commission parlementaire estime que :
« Les propositions présentées aujourd’hui ne remettent pas en cause l’agriculture industrielle et sont en contradiction avec les enjeux du sommet de Rio. Le rapporteur, M. Capoulas Santos, s’efforce de préserver le statu quo plutôt que de favoriser l’émergence d’une agriculture de proximité, source de produits de qualité, s’appuyant sur des pratiques agronomiques respectueuses des ressources naturelles. Le rapporteur va à l’encontre des demandes exprimées en juin 2010 par les citoyens et les organisations de la société civile dans le cadre de la consultation organisée par la Commission européenne.
L’aide aux petites fermes (1500 ?) est 200 fois inférieure au plafonnement de 300 000 ?. La prime à la cessation d’activité de 35 000 ?, telle que proposée dans le rapport, entrainerait l’élimination de millions de paysans. C’est inacceptable. Un plafonnement à 300 000 ?, 12 fois supérieur à la moyenne française, préserverait les nantis. Il ne permettrait pas une répartition équitable des paiements d’autant plus que les exploitations qui bénéficient d’un montage sociétaire serait exemptées de cette mesure.
Concernant le verdissement de la PAC, l’absence de rotation des cultures ne réoriente pas la production agricole vers des pratiques agronomiques cohérentes et légitimes aux yeux des citoyens. Elle ne permettra pas à l’Europe de conquérir son autonomie en protéines végétales.
Le rapport de M. Dantin propose d’améliorer des outils de gestion des marchés pour réduire la volatilité des prix. Il ouvre des pistes intéressantes pour permettre aux agriculteurs de conserver une part plus importante de la plus-value générée dans la chaîne alimentaire. Il faut mettre un terme aux subventions aux exportations qui détruisent l’agriculture familiale dans les pays du sud et permettent de continuer un dumping inacceptable tant au niveau économique que social, comme le démontre le scandale de Doux en Bretagne« .
José BOVE