Portrait du mois : Doris Lessing

Doris Lessing, une intellectuelle révoltée mais qui n’aimait pas les dogmes…

Lessing est née le 22 octobre 1919 à Kermanshal en Iran. Elle est décédée le 17 novembre 2013 à l’age de 94 ans.

Sa vie a été de tous les combats contre l’injustice sociale et les inégalités. Profondément imprégnée par son enfance et sa jeunesse en Afrique, elle a été une militante anticolonialiste et antiaparthaid. Elle s’est formidablement affranchie des conventions et a été une des premières écrivaines à décrire aussi justement son expérience de femme dans une société divisée.

A l’age de 6 ans elle part avec ses parents pour s’installer sur une exploitation de maïs et de tabac, dans le sud de la Rhodésie, aujourd’hui le Zimbabwe. Elle passe une enfance au milieu des animaux mais dans des conditions difficiles. Elle a un frère plus jeune et a pu dire que sa mère, contrairement à lui, ne l’aimait pas. C’est une enfant sensible et perturbée. Très tôt elle comprend le sacrifice qu’a été pour sa mère, intellectuelle, la vie familiale dans une ferme retirée. Elle est renvoyée en Angleterre pendant 4 ans dans une école Catholique et se démarque de sa famille protestante, puis cesse de croire en Dieu.

Sa scolarité rapidement interrompue à l’age de 14 ans, elle se met à engloutir les livres : Proust ,Dickens ,Virginia Woolf, Tchéchov, Tolstoi.. puis trouve un emploi d’opératrice téléphonique à Salisbury. Elle se marie en 1939 et a deux enfants. Elle divorce en 1943 et laisse la garde de ses enfants à son mari, chose rare à l’époque. En même temps qu’un groupe d’amis communiste elle rencontre un Allemand avec qui elle se remarie mais celui ci repart en Allemagne de l’Est en 1949, elle-même rejoindra le Parti communiste en 1952 pour en partir au moment des évènements de Budapest.

Doris écrit, et c’est avec une nouvelle dans sa valise et son dernier enfant sous son bras qu’elle rentre alors seule à Londres, une ville pauvre d’après-guerre où elle est assez rapidement publiée.

C’est le début d’une oeuvre riche d’une cinquantaine de titres et qui est couronnée en 2007 par un prix Nobel de littérature à l’age de 88 ans. Cette oeuvre compte des romans, nouvelles, poemes, pieces de théatre. Partout on parle d’elle comme une conteuse visionnaire, moderne, qui analyse l’intériorité et l’univers féminin.
Son livre majeur Le carnet d’or, traduit en français en 1976 est une petite révolution dans ce sens. Son personnage est une romancière qui tient son journal en plusieurs carnets:

– le noir pour son travail en littérature

– le rouge pour son engagement politique

– le bleu pour la quête de soi à travers la psychanalyse

– le jaune pour ses sentiments les plus privés.
Le carnet d’or étant une synthèse de cette vie .

Ce livre a été un triomphe chez les lectrices et féministes bien que Lessing ne souhaita aucune étiquette et s’en défendit toujours. Loin des dogmes, D. Lessing a toujours été guidée par le sens de l’injustice et de la liberté. A la fin de sa vie elle s’est dit très attristée par l’état de l’Afrique tant sur le plan politique qu’environnemental. Elle ne croyait plus à la révolte mais n’avait pas cédé à la résignation et ce qui la mettait le plus en colère …c’est que plus personne ne soit en colère.

Quelques uns de ses ouvrages:

Le carnet d’Or

Nouvelles africaines

Les enfants de la violence

Mémoire d’une survivante

Si vieillesse pouvait

Dans ma peau -Autobiographie-

 

M.C.

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