Portrait de femme : Angela Davis

C’est avec beaucoup d’émotion que certaines d’entre nous ont pu rencontrer Angela Davis au cinéma l’Utopia le 21 mars dernier, lors de la présentation en avant-première du documentaire qui lui est consacré : « Free Angela and all political prisoners » de la réalisatrice Shola Lynch.

Si l’on peut regretter la bataille des places et les frustrations générées, on peut difficilement reprocher à cette militante  d’envahir les médias… Bien qu’ayant été souvent sollicitée, Angela Davis est restée une militante convaincue mais discrète depuis ces trente dernières années. L’occasion donc pour nous de nous replonger dans ce qui fut un des combats d’une génération dans une ambiance créative, où les idées fusaient, où la tolérance était de rigueur en même temps que de sincères exigences de justice sociale, de fraternité. Car lors de son intervention, dans un très bon français, Angela se défend d’être une égérie. Le message qu’elle souhaite faire passer aujourd’hui, à travers l’exemple de la mobilisation internationale qui l’a sauvé de la peine de mort, c’est qu’une victoire est toujours possible dans la lutte pour une juste cause, puisqu’elle a eu lieu dans une époque ultra réactionnaire et sans internet!

Cette femme extraordinaire continue de défendre des valeurs essentielles autour des droits des femmes, des noirs, pour la défense des prisonniers politiques, contre la peine de mort…

Elle conserve une pensée critique et un engagement intact, ses nombreux ouvrages, ses combats de soutien contre toutes formes d’injustice et d’oppression montrent la force de ses convictions. Ainsi elle a pu afficher son soutien à Ibrahim Abdallah, militant palestinien condamné à perpétuité pour complicité dans l’assassinat de 2 diplomates et actuellement emprisonné à Lannemezan.

Née en Alabama, Angela Davis quitte à quinze ans le sud des Etats-Unis où elle a été élevée pour New York, où elle fait ses études secondaires. Après l’université de Brandeis, c’est en France et en Allemagne qu’elle découvre le marxisme et s’engage dans la lutte contre la guerre du Vietnam.

A son retour aux Etats-Unis, elle adhère au parti communiste et milite dans la section noire de  »Che Lumumba  » de Los Angeles.
Enseignante à l’Université de San Diego en Californie, en 1970 elle prend la défense des frères Soledad, trois prisonniers noirs injustement accusés du meurtre d’un gardien de prison. Exclue de l’Université elle est arrêtée et emprisonnée pendant deux ans à New York. Une campagne internationale qui a mobilisé tous les mouvements et les partis de gauche a imposé sa libération.

Trois ans après sa sortie de prison, son autobiographie est publiée en France. A Paris, Angela Davis prend part à une conférence de presse organisée par Antoinette Fouque, Le MLF et Libération en solidarité avec Eva Forest et ses camarades détenu-e-s dans les prisons franquistes.

Angela Davis vit en Californie, elle a été professeure de philosophie et d’esthétiques noires.

Dans son livre Femmes, race et classe, elle fait une analyse critique et comparative du féminisme du siècle dernier et du féminisme contemporain en regard des luttes d’émancipation et de libération du peuple noir. Elle explore les liens idéologiques qui existent entre le pouvoir esclavagiste, le système des classes et la suprématie masculine.

par Michèle Constan.

La vidéo du débat qui a suivi la projection est ici

Remonter