Organisons notre souveraineté énergétique

Organisons notre souveraineté énergétique

Pétrole de contrebande du monstre DAESH exfiltré via la Turquie avec les accointances complices de la famille Erdoğan ; gaz naturel des régimes autoritaires marocain ou russe ; uranium pillé au Gabon, au Niger ou en Namibie, laissant des territoires exsangues et irrémédiablement pollués ; gaz de schiste et sables bitumineux extrait en Amérique du Nord…

Tout autour de la planète, l’exploitation des ressources fossiles ne sème que conflits, désolation et destructions. Plus de 80% de l’énergie consommée dans le monde provient de ces énergies de mort, c’est bien trop !

Pourtant la solution nous l’avons. Nous pouvons faire de la transition énergétique notre arme contre le terrorisme et le changement climatique. Commençons par appliquer le scénario Négawatt : chasse au gaspi, efficacité, énergies renouvelables. Relocalisons notre production énergétique, tout comme la production de notre alimentation. N’attendons pas sempiternellement les mesures de nos gouvernements frileux. Nous pouvons agir dès à présent, collectivement.

Sur le plateau du Larzac, où je suis installé depuis les années 1970, nombre de fermes se sont naturellement converties à l’agriculture biologique et sont impliquées dans des circuits courts et de qualité. Les maisons construites récemment ou rénovées mettent en œuvre quasi-systématiquement des matériaux sains, à l’éco-bilan positif. Les combats que nous avons mené depuis tant d’années pour défendre le droit des paysans et la souveraineté alimentaire, nous les avons tout naturellement poursuivis sur nos fermes et dans nos maisons, en mettant notre quotidien en cohérence avec nos discours.

A partir des structures collectives de gestion du foncier, héritées de la lutte victorieuse contre l’extension du camp militaire du Larzac, nous avons lancé des unités de production d’énergies renouvelables. Bois du Larzac entretient nos forêts ce qui nous permet de produire de la plaquette forestière pour des chaufferies tout en maintenant les paysages ouverts où paissent nos brebis. Lum del Larzac a démarré un ambitieux programme de rénovation des toitures des fermes et des bâtiments agricoles en les couvrant de panneaux solaires, grâce à l’épargne collective et au soutien d’Enercoop et d’Energies Partagées.
Bien d’autres projets ont émergé : éolien participatif, mini centrales hydroélectriques, méthanisation. Comme de nombreux autres territoires en Europe et dans d’autres pays du monde, nous avançons à grands pas vers le 0 carbone. Visiblement, sur le Larzac, nous ne sommes pas les seuls à comprendre que la lutte contre le réchauffement climatique passe par une réappropriation de la production de l’énergie au niveau local. Les négociations politiques à Paris sur le réchauffement climatique sont d’une importance vitale, mais elles ne doivent pas pour autant nous dédouaner de notre responsabilité individuelle et collective. C’est où nous vivons que nous devons agir concrètement et faire naitre aujourd’hui les énergies de demain.

La force du collectif démultiplie notre pouvoir de transformation écologique du territoire. Attention, nous sommes contagieux !

José Bové

Remonter