L’inégalité construite des femmes au travail et le genre de la précarité

Dans ce rapport, les lectrices et les lecteurs trouveront de multiples chiffres et analyses sur les femmes et le travail, sur les femmes et la précarité. Si l’emploi salarié des femmes est en augmentation, (les femmes ont toujours eu une activité, toujours travaillé), elles sont exposées, plus que les hommes, à la précarité.

Quelques données et éléments présentés dans les premières pages du rapport :

  • «La surreprésentation féminine dans certains métiers considérés comme correspondant à des qualités « naturelles et innées chez elles », aussi peu reconnues dans la vie professionnelle que dans la sphère familiale constitue une illustration manifeste de cette précarité cumulative»

  • «la progression de la participation des femmes au marché du travail ne se traduit pas par un partage plus égalitaire des activités domestiques entre les sexes»

  • «la situation de monoparentalité, caractéristique féminine dans près de neuf cas sur dix»

  • «entre 1975 et 2008, sur les 3 831 000 emplois créés, les deux tiers l’ont été à temps partiel et ils ont très majoritairement concerné les femmes (près de 70%)»

  • «En 2010, on compte en particulier plus de 95% de femmes dans trois métiers peu qualifiés de services aux particuliers (assistantes maternelles, aides à domicile, employées de maison) et plus de 70% parmi les agents d’entretien (catégorie qui emploie le plus de femmes : 870 000 salariées) et les employées de commerce»

  • «le genre féminin du travail à temps partiel»

  • «le chômage féminin reste aux yeux de la société moins grave et moins préoccupant que sa version masculine»

Introduction

Au regard de l’emploi, des spécificités féminines potentiellement vectrices de précarité

„Un contexte d’augmentation de l’activité féminine et d’accroissement des différenciations entre les femmes elles-mêmes

  • Une nette progression de l’emploi des femmes mais une plus grande exposition à la précarité

  • Une bipolarisation accentuée entre emplois qualifiés et peu qualifiés

„Des discriminations pénalisantes pour les moins qualifiées

  • Une surreprésentation dans le secteur tertiaire et les métiers de service

  • Des modalités d’emploi fragilisante

  • Une double discrimination : être une femme handicapée

  • Conséquences de l’interruption d’activité pour raisons familiales

„Impact des situations précaires tout au long de la vie

L’influence préjudiciable de la précarité sur l’état de santé

  • Renoncement ou moindre recours aux examens de dépistage et aux soins

  • Des pathologies révélatrices

  • Des risques accrus d’atteinte à la santé au travail

„ Des risques de paupérisation pour les femmes « âgées »

  • Des niveaux de pension nettement inférieurs à ceux des hommes

  • Les allocataires du minimum vieillesse et du minimum contributif sont très majoritairement des femmes

  • Les compensations apportées par les droits familiaux et conjugaux

„ Un risque de précarisation accentué pour les parents isolés

„ La monoparentalité : une réalité essentiellement féminine

  • Diversité des situations mais féminisation importante

  • Les différentes formes de la monoparentalité

„ Des précarités cumulatives pour les mères isolées les plus fragiles

  • Une exposition importante à la pauvreté monétaire

  • La problématique cruciale du logement

  • Une plus grande fragilité sur le marché du travail

„Une grande vulnérabilité sociale malgré les dispositifs spécifiques d’aide publique et d’accompagnement

  • Un dispositif important d’aides publiques et de minima sociaux

  • L’impact significatif des transferts sociaux sur les conditions de vie et la réduction du taux de pauvreté des familles monoparentales

  • Un besoin de clarification des règles relatives au recouvrement des pensions alimentaires

  • Un accompagnement encore perfectible de l’accès à l’emploi

„Pour lutter contre la précarité, favoriser une insertion sociale et professionnelle durable

„Prévenir la précarité

  • Lutte contre l’illettrisme et vigilance sur l’acquisition des savoirs de base dès l’école maternelle

  • Organisation d’un suivi pour les «décrocheurs(euses)»

  • Déconstruction des stéréotypes sexués et préparation à l’autonomie

„Ouvrir des perspectives dans les situations à risques

  • Amélioration de la qualité et des conditions d’exercice du travail à temps partiel

  • Attention particulière à apporter au secteur des services à la personne

  • Actions sur les inégalités qui ont un impact sur la santé des femmes

  • Accompagnement et soutien des mères isolées

  • Diffusion des initiatives porteuses d’espoir

Annexes

Si les analyses et les données fournies dressent un large panorama descriptif, les rares et très faibles propositions ne remettent jamais en cause les politiques adoptées, comme celles sur le temps partiel, les réductions de charges, le recul de l’âge de la retraite, le maintien du quotient familial et l’imposition par couple, etc. Certains points ne sont pas traités comme le « partage » des revenus dans les couples, alors que des études ont montré que l’usage des revenus était très inégalitaire. Sans oublier le système de genre, les rapports sociaux de sexe, qui ne sont même pas abordés en tant que tels !

Traiter de la précarité des femmes en évacuant le système social de production et de reproduction relève de la gageure. C’est toute la limite de cette étude et probablement du Conseil économique, social et environnemental. Riche de données, illustrant bien des réalités sociales, la méthodologie choisie ne permet ni d’analyser ces constructions sociales ni d’élaborer des réponses sociales qui ne soient pas cosmétiques.

Rapporteur-es : Eveline DUHAMEL et Henri JOYEUX

Présentation par Didier Epsztajn, publiée le 27 mars 2013.

En complément possible :

Danielle Kergoat : Se battre disent-elles…, Travailleuse n’est pas le féminin de travailleur

Margaret Maruani et Monique Meron : Un siècle de travail des femmes en France 1901-2011, L’apport de la force de travail des femmes a toujours été massif et indispensable

Sous la direction de Jacqueline Laufer, Catherine Marry et Margaret Maruani : Le travail de genre – les sciences sociales à l’épreuve des différences de sexe, La « variable sexe » n’est pas contingente, elle est nécessaire

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