L’Equateur et sa dette & Concent ration du pouvoir économique
L’Equateur et sa dette
Les conclusions ont montré que de nombreux prêts avaient été accordés en violation des règles élémentaires du droit international. En novembre 2008, l’Equateur a donc décidé de suspendre le remboursement de titres de la dette venant à échéance les uns en 2012, les autres en 2030. Ce faisant, ce petit pays d’Amérique du Sud est parvenu à racheter pour 900 millions de dollars des titres valant 3,2 milliards de dollars. Si l’on prend en compte les intérêts que l’Equateur ne devra pas verser, puisqu’il a racheté des titres qui arrivaient à échéance en 2012 ou en 2030, le Trésor public équatorien a économisé environ 7 milliards de dollars. Cela a permis de dégager de nouveaux moyens financiers et d’augmenter les dépenses sociales dans la santé, l’éducation, l’aide sociale et le développement d’infrastructures de communication.
Concentration du pouvoir économique mondial
Trois jeunes chercheurs de l’Institut fédéral de technologie de Zurich ont scruté les interactions financières entre multinationales du monde entier. Portant sur un panel de 43.000 groupes («transnational corporations»), leur travail a mis en lumière les interconnexions financières complexes entre ces «entités» économiques: part du capital détenu, y compris dans les filiales ou les holdings, prise de participations croisées, participation indirecte au capital…
Résultat: 80 % de la valeur de l’ensemble des 43.000 multinationales étudiées est contrôlé par 737 «entités»: des banques, des compagnies d’assurances ou des grands groupes industriels. Le monopole de la possession du capital ne s’arrête pas là. «Par un réseau complexe de prises de participation», 147 multinationales, tout en se contrôlant elles-mêmes entre elles, possèdent 40 % de la valeur économique et financière de toutes les multinationales du monde entier.
Au sein de ce groupe de 147 multinationales, 50 grands détenteurs de capital forment ce que les auteurs appellent une «super entité». On y retrouve principalement des banques: la britannique Barclays en tête, ainsi que les «stars» de Wall Street (JP Morgan, Merrill Lynch, Goldman Sachs, Morgan Stanley…). Mais aussi des assureurs et des groupes bancaires français: Axa, Natixis, Société générale, le groupe Banque populaire-Caisse d’épargne ou BNP-Paribas. Les principaux clients des hedge fund et autres portefeuilles de placements gérés par ces institutions sont donc, mécaniquement, des décideurs importants.Ceci soulève le problème des graves conséquences sociales que pose une telle concentration. Une poignée de fonds d’investissement et de détenteurs de capital, situés au coeur de ces interconnexions, décident, via les assemblées générales d’actionnaires ou leur présence au sein des conseils d’administration, d’imposer des restructurations dans les entreprises qu’ils contrôlent… et les effets peuvent être dévastateurs. Se pose aussi la question de l’influence qu’ils exercent sur les États et les politiques publiques s’ils adoptaient une stratégie commune.
Nath PICARD