En Midi-Pyrénées, Gérard Onesta mène la danse des gauches face au PS
En Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, l’écologiste et ancien vice-président du Parlement européen est à la tête de la seule liste proposant l’alliance d’EELV et de toutes les composantes de « la gauche de la gauche ».
Journal La Croix 20/10/2015
Depuis six mois, il ne s’est offert qu’une soirée de libre pour aller voir en avant-première le film Seul sur Mars, à la Cité de l’Espace de Toulouse. Ironie : sur la planète politique, Gérard Onesta ne se sent pas seul, bien au contraire.
Une union « historique »Pour les élections régionales de décembre prochain en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, le chef de file local d’Europe Écologie-Les Verts se voit même à la tête d’une union « historique ». Baptisée « Nouveau monde », elle rassemble, aux côtés d’EELV, les composantes du Front de gauche (le parti communiste, le parti de gauche), Ensemble !, la Nouvelle gauche socialiste née en juin dernier pour réunir les déçus du PS et Régions et peuples solidaire (RPS), qui fédère militants occitans et catalans.
« C’est totalement inédit en France. Un véritable laboratoire qui démontre que l’alliance des forces progressistes est possible », s’enthousiasme l’écologiste. Si cet amateur de guitare ne trouve plus guère le temps de brancher ses instruments dans le petit studio d’enregistrement qu’il s’est aménagé chez lui, il n’est pas peu fier de la petite musique chorale que font entendre ses nouvelles troupes.
« Notre projet a été élaboré cet été à partir des contributions portées sur notre plate-forme collaborative, de façon publique et en toute transparence, souligne-t-il. Tout le monde assure aujourd’hui vouloir mettre le citoyen au cœur du débat, mais nous, nous le faisons. »
Une politique du compromis
La démocratie participative, c’est le grand dada de Gérard Onesta. La faire vivre à travers un attelage de formations politiques qui ne partagent pas forcément les mêmes visées sur des dossiers comme la Ligne à grande vitesse ou le nucléaire frise la gageure. « Aucun parti n’a le sentiment aujourd’hui qu’il a dû enlever quelque chose ou a été empêché de rajouter quelque chose à notre programme », jure-t-il.
Et n’allez pas le titiller sur le scepticisme vis-à-vis de l’Europe dont font montre nombre de ses alliés, alors que lui fut pendant dix ans (de 1999 à 2009) un très assidu vice-président du Parlement européen et un militant du « oui » au référendum sur le traité constitutionnel en 2005. « Pour avancer à plusieurs, il faut toujours partir de la part de soi que l’on reconnaît dans l’autre, philosophe-t-il. J’ai toujours travaillé ainsi au Parlement européen, et c’est sur cette base que nous avons construit notre projet commun. Je hais la compromission, mais j’adore le compromis. »
Une dynamique nouvelle
Des compromis, il a dû en passer quelques-uns pendant cinq ans à la vice-présidence du conseil régional de Midi-Pyrénées piloté par le socialiste Martin Malvy. De quoi développer son art de la diplomatie avec un orfèvre en la matière, mais aussi « confirmer que la concertation citoyenne n’est décidément pas dans le logiciel socialiste », attaque-t-il. Il n’empêche. Dans la perspective du second tour des régionales, son mouvement inscrit déjà au menu la fusion avec la liste PS-PRG-MRC de l’ex-secrétaire d’État Carole Delga. « Sur la base stricte d’une représentation proportionnelle sur la liste en fonction des résultats du premier tour, martèle-t-il. Le PS n’est pas en position de force. Ce n’est qu’ensemble que nous pouvons conserver cette région à gauche. Et je crois en une dynamique qui nous porte au-dessus du PS au premier tour. »
Les sondages, pour l’heure, prédisent le contraire. Crédité de 11 et 15 %, « Nouveau monde » est de 5 à 9 points derrière le PS et ses alliés. En bon cousin de Claude Onesta, le sélectionneur des Bleus du handball, l’écologiste sait qu’une partie se joue jusqu’au coup de sifflet final. Militant de la cause environnementale depuis 1979, Gérard Onesta en tout cas bat la campagne avec une énergie retrouvée, à 55 ans. « Je suis beaucoup plus en accord avec moi-même que durant toutes ces dernières années, conclut-il. Peut-être que nous allons nous planter, mais s’il fallait le refaire, tous ensemble nous le referions. »
JEAN-LUC FERRÉ (à Toulouse)