Bordeaux, ville et genre

Bordeaux est loin d’être une ville dangereuse. La nuit pourtant, les femmes pressent le pas dans certaines rues ou en évitent d’autres. Promenez-vous avec elles dans les quartiers du centre-ville.

Elles traversent la ville mais n’y stationnent pas tellement. Des hommes leur donnent du sifflement ou des insultes. Pire : parfois, ils les tripotent. Les récits ne manquent pas sur le harcèlement des femmes dans la ville.

On pourrait penser ces agressions désorganisées, spontanées. Elles ne le sont pas : la ville est masculine, pensée par et pour les hommes. On y construit par exemple des stades et des skate-parks, où les femmes ne vont pas. Intuitivement, elles apprennent à connaître les lieux qu’elles apprécient et ceux qu’elles évitent.

C’est sur ces questions qu’a travaillé Laura Van Puymbroeck, dans un mémoire en géographie sur « le phénomène du harcèlement de rue » à Bordeaux, sa ville. Elle a interrogé 170 étudiantes, leur a fait raconter leurs endroits et ce qu’il s’y passe.

Yves Raibaud, son directeur de mémoire, géographe, spécialiste du genre dans la ville, explique que les résultats de Laura coïncident avec ceux d’autres enquêtes, menées sur des femmes plus âgées. Et les chiffres alignés par Laura Van Puymbroeck sont assez déprimants. Bordeaux est loin d’être une ville dangereuse, et pourtant…

 

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