Environnement et troubles neuro-développementaux

A Toulouse s’est tenue du 2 au 4 juillet 2015 la 11° conférence internationale de recherche sur les Troubles de l’Acquisition de la Coordination (TAC), à laquelle j’ai assisté en tant qu’orthophoniste à l’ASEI et consultante pour la Plateforme Dys.

Parmi les troubles neurodéveloppementaux de l’enfant (dyslexies, dyscalculies, dysphasies,…) ce Trouble de l’Acquisition de la Coordination (TAC), ou dyspraxie développementale, entrave le développement psychomoteur et les activités de la vie quotidienne malgré une intelligence normale. Il peut en résulter une grande maladresse, de la lenteur, des difficultés d’organisation, un retard scolaire, un trouble de l’écriture. Ce trouble concerne 5 à 6 % des enfants d’âge scolaire. Les répercussions sont nombreuses sur les plans relationnel, psychologique, physique et concernent les activités scolaires et de loisirs chez l’enfant puis la vie sociale et professionnelle à l’âge adulte.

 

Les liens que l’on peut faire avec l’environnement et l’écologie sont les suivants :

– Pour les enfants exposés aux pesticides pendant la grossesse de leur mère et leur alimentation durant leur petite enfance : l’Inserm pointe pour cette population le risque de développer entre autres des troubles du développement moteur et-ou cognitif (Effets sur la santé – Une expertise collective de l’Inserm, 13 juin 2013)

Les effets délétères sur le développement neurologique du Bisphénol A et des phtalates sont connus, mais la population n’est toujours pas protégée. Le BPA et quelques phtalates, ont été quantifiés dans plus de la moitié des échantillons d’eau du territoire français par L’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris, juin 2015).

L’exposition du fœtus et de l’enfant aux neurotoxiques est fortement suspectée au regard de l’augmentation de l’ensemble de ces troubles, notamment de l’autisme.

 

Lors de son intervention, Deborah Dewey, professeure au département pédiatrique de l’université de Calgary, Canada, annonce une recherche portant sur l’environnement prénatal et la nutrition, concernant les neurotoxiques, auprès de 3000 personnes.

– On peut également faire le lien entre développement cognitif et moteur et l’aménagement de l’espace public. Des chercheurs américains puis espagnols ont démontré un lien direct entre la présence d’espaces verts proche du domicile ou à l’école et les compétences des enfants.

ML Kaiser, coprésidente de l’International Society for Research in DCD a évoqué lors de sa conférence l’importance des aires de jeux proche des domiciles et le lien avec la sévérité du trouble.

Dans ce domaine très pointu de recherche neuroscientifique l’écologie peut apporter des réponses, et nous devons continuer à porter la nécessaire lutte contre les produits neurotoxiques, ainsi que l’aménagement d’espaces urbains écologiques, avec plus de nature en ville, pour le bien-être de tous et la bonne santé des générations futures.

Cécile Péguin, 5 juillet 2015

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