Présidentielles 2012 – Europe Ecologie Les Verts Limousin https://limousin_old.eelv.fr Thu, 12 Jan 2017 11:56:14 +0100 fr-FR hourly 1 Discours du conseil fédéral du 7 Mai https://limousin_old.eelv.fr/2012/05/07/discours-du-conseil-federal-du-7-mai/ Mon, 07 May 2012 21:08:08 +0000 http://limousin.eelv.fr/2012/05/07/discours-du-conseil-federal-du-7-mai/ DISCOURS D’EVA JOLY

CONSEIL FEDERAL DES 7&8 Mai

 

Qu’il est bon de se retrouver après la défaite de Nicolas Sarkozy.  Qu’il est bon de se dire que même si la victoire de la gauche et des écologistes à été arrachée de haute lutte, elle est belle comme le jour qui se lève plein de promesses et d’envies. Qu’il est bon de se retrouver parmi les siens. Qu’il est bon de se retrouver à vos côtés pour continuer à mener notre combat pour l’écologie et la justice. Qu’il est bon de retrouver tant de visages amis.

 

J’espère que c’est réciproque.  Et que vous avez quelque plaisir à savoir que notre combat commun se poursuit, se prolonge, se projette dans l’avenir pour secouer un monde politique qui doit  plus que jamais répondre à des défis immenses.

 

Ceux qui pensaient se débarrasser de moi en se disant « la présidentielle est finie, Eva Joly va disparaître » vont être déçus : je suis toujours là, plus que jamais déterminée à me battre pour que les choses changent dans notre pays. Le renoncement ne fait pas partie de mes habitudes.

 

Le rythme de la vie politique est effréné. A peine achevée la campagne présidentielle, que les élections législatives  se profilent déjà. Notre Conseil Fédéral est donc l’occasion d’un bilan nécessaire, mais également une étape importante pour la suite des évènements.  Nous devons discuter ensemble du contexte politique nouveau créé par la victoire de la gauche, et des responsabilités qui sont les nôtres.

Je mentirais si je disais que le score de 2,3 pour cent me comble. Il est bien en deçà de mes espérances, et des vôtres également. Je prends donc ce matin devant vous toutes mes responsabilités. Ma campagne n’a pas permis de créer un rapport de force électoral favorable à nos idées.  Chacun apportera son explication et son analyse de ce scrutin.

 

Trois choses me semblent devoir retenir notre attention.

 

Premièrement, la profondeur du rejet du Sarkozysme. La brutalité, les excès, l’outrance du président sortant ont polarisé cette élection autour d’une dynamique de vote sanction : la première des priorités était de battre Nicolas Sarkozy. Dès lors, les débats nécessaires sur l’avenir de notre pays n’ont pas vraiment eu lieu. Un an de débat présidentiel permanent n’aura que peu éclairé les françaises et les français sur les différentes options possibles pour sortir de la crise. Ce débat empêché, il va bien falloir le tenir. Il ne pourra pas être ajourné plus longtemps. Et nous les écologistes devront y tenir toute notre place.

La deuxième caractéristique de cette élection présidentielle, c’est le niveau de colère du pays. Notre pays est aujourd’hui une cocotte-minute, ou les tensions exacerbées par cinq ans de politiques injustes et de discours de division sont à leur comble.

C’est l’une des clés de la faiblesse de notre score : notre démarche politique, basée sur des propositions réalistes et raisonnables, n’est pas apparue comme un levier de protestation assez virulent contre l’ordre social actuel.

 

Enfin, le troisième point, peut être le plus important:

La France est aujourd’hui un pays sans espoir. On me l’a dit pendant toute la campagne : « vous les écologistes vous avez raison, mais ce que vous dites, ce n’est pas très gai. Vous annoncez toujours des catastrophes, toujours des sacrifices. » Comment dans ces conditions fédérer les électeurs autour d’u projet d’une vie meilleure ?

Je n’ai pas su résoudre cette équation, sur laquelle tous les écologistes achoppent depuis toujours à l’élection présidentielle. J’assume cet échec.

Je n’ai pourtant ménagé ni mes efforts ni ma peine.

Nous n’avons pas fait de la figuration. Nous nous sommes battus pied à pied dans un contexte hostile.

Qui pourra nous disputer la palme de l’opiniâtreté et  du courage ? Qui osera dire que les écologistes n’ont pas tenté d’alerter sur la nécessité de forger un cours nouveau pour nos sociétés ?

 

Sur la question du nucléaire, nous avons porté des coups terribles au lobby du nucléaire . Celui ci s’est d’ailleurs senti menacé au point de faire pression sur notre partenaire pendant la négociation de notre accord électoral. J’ai dit ce que j’ai pensé de cette méthode odieuse. Fallait il que je me taise ?  j’ai cru que notre indépendance valait mieux que la complaisance, j’ai cru que notre honneur valait mieux que la complicité, j’ai cru que la vérité était plus précieuse que le mensonge, j’ai cru et je crois toujours, qu’on fait de la politique en défendant ses idées devant l’opinion et pas en renonçant à ses convictions dans les antichambres du pouvoir.

 

Au fond j’ai cru en vous,  et en votre capacité de résistance, vous les écologistes qui m’avez accueilli il y a maintenant plusieurs années  et m’avez confié la lourde tache de vous représenter dans l’élection présidentielle. J’ai tenu bon parce qu’en votant pour moi lors de la primaire, vous aviez choisis l’écologie de combat.

Dans cette campagne, j’ai parlé sans calcul, mais pas sans prudence.

Jamais je n’ai attaqué  l’idée du rassemblement, jamais je n’ai laissé supposer la moindre complaisance vis a vis de l’ex majorité, jamais je n’ai posé un seul acte politique qui encourage autre chose que le changement de majorité politique pour redonner souffle et espérance à notre pays.

Je me suis fait parfois fait piéger sur la forme par des journalistes politiques habitués à la langue de bois de politiques rusés et madrés, et je le regrette.

Mais sur le fond, j’ai fait la campagne de l’écologie politique : une campagne qui ne refuse pas d’expliquer la complexité du monde, une campagne qui ne rechigne pas à dire aux électrices et aux électeurs que notre programme ne se réalisera pas sur un claquement de doigt, une campagne  qui cherche à réveiller les consciences plus qu’à endormir les préventions, une campagne qui ne se construit pas  sur des effets de mode passager mais veut lutter  durablement contre l’effet de serre.

 

Sur la question du vivre ensemble, j’ai rappelé que l’égalité de toutes et tous devant la loi était essentielle. J’ai combattu les fariboles haineuses sur la supériorité des civilisations, j’ai dénoncé la stigmatisation de l’islam, j’ai affronté Marine Le Pen en dénonçant l’imposture de celle qui se veut la candidate du peuple mais n’est qu’une rentière.   A plusieurs occasions j’ai été attaquée sur mon accent, mes origines, ma double culture, ma binationalité. Je n’ai pas cédé, persuadée que la France n’est pas le monopole d’une poignée de nostalgiques de Vichy et de l’Algérie Française.

Sur la République exemplaire, j’ai  toute la campagne durant, tenté d’expliquer qu’aucun changement ne serait possible sans rétablir la confiance entre les électeurs et les politiques. J’ai essuyé injures et quolibets pour avoir frontalement assumé la réalité du pouvoir sarkozyste et dit tout haut ce que beaucoup n’osaient même pas murmurer. J’ai pris ma part dans la lutte contre l’esprit de clan, contre la privatisation de la République, et si cette page est désormais tournée, c’est certainement un peu grâce aux écologistes qui ont souhaité que ma campagne soit une campagne de liberté et de courage.

 

Pour autant, je veux rappeler que ma campagne n’a pas été simple. Moi,  je crois au collectif, au respect de la parole donnée, à l’amitié dans la vie et à la camaraderie en politique. Je suis par ailleurs très attachée au respect de la liberté d’expression de chacune et de chacun. Mais on ne me fera pas croire, que s’épancher par voie de presse sur la médiocrité supposée de ma campagne était une volonté de contribuer positivement au renforcement de notre score. Certaines semaines, pas un jour ne passait sans apporter sa pelleté de terre sur le tombeau d’une candidature, qui à en croire les commentateurs ne pouvait pas aller à son terme. Il est triste que certains d’entre nous aient choisi d’alimenter ce feuilleton en s’épanchant dans la presse. A certains moment de cette campagne, vu le rythme soutenu des attaques que j’ai du supporter, je vous le dis comme je le pense, ce n’est pas l’écologie qui a disparu des radars : c’est la dignité.

Les critiques portées n’étaient pas toutes sans fondement. Mais aucune d’entre elles n’ont eu d’autre effet que de nous affaiblir. Les machiavel de bas étage, qui, le plus souvent anonymes, ont attaqué notre campagne ont fait du tort à la cause qu’ils prétendaient défendre.

Nul n’est besoin ici de citer leur nom : ce serait leur faire un bien grand honneur. Mais qu’ils sachent  que le temps de la division doit être définitivement forclos. Il vaut mieux  désormais bâtir des ponts, que de dresser des murs entre nous. Je ne suis d’aucune coterie, d’aucun clan, d’aucune fraction, d’aucun sous-ensemble de notre famille écologiste.  Je vous prie  donc de croire que chaque fois que j’agis, je ne suis guidée que par l’idée que je me fais de notre intérêt commun. Nous devons apprendre à mutualiser davantage, à capitaliser sur les savoirs et les acquis des uns et des autres, à additionner nos talents  au lieu de multiplier nos frustrations. Dans les semaines et les mois qui viennent, je travaillerai activement à poursuivre l’élargissement de notre famille politique.

Je veux aussi aider à passer le relais à une nouvelle génération militante, celle que j’ai appelé « la génération Duflot » : elle doit éclore dès ces législatives qui permettront de voir rentrer à l’assemblée nationale des écologistes qui ne sont pas de professionnels de la politique mais des acteurs et des actrices du vrai changement.

Dans cette campagne j’ai perdu quelques illusions  et peut être même quelques amis. Mais j’ai gagné la certitude que je suis bien à ma place  dans cette noble assemblée composée de têtes raides dures à convaincre, d’esprits rebelles qui refusent se soumettre, de lanceurs d’alertes désobéissants, de vigies, d’éveilleurs et d’éveilleuses de conscience qui se préoccupent davantage de l’intérêt général que d’eux mêmes.

 

Pour affronter la période qui vient nous aurons besoins d’unité. Unité des écologistes, unité de la gauche et des écologistes, unité des françaises et des français. Cette unité, j’y travaille : c’est le sens de ma présence dans les meeting socialistes entre les deux tours, parce que je ne pouvais rester sans rien faire face à la menace de la réélection de Nicolas Sarkozy. Nous devions prendre nos responsabilités. Nous l’avons fait en allant chercher chaque voix et en répétant inlassablement la vérité du sarkozysme.

 

Le contrat est rempli. La victoire est acquise. Le plus dur commence. Je ne crois pas à l’état de grâce. Dès les premiers jours du quinquennat, les difficultés seront présentes.  Alors une question se pose. Si la proposition nous en est faite devons nous participer à une coalition gouvernementale ? Ma réponse est claire : oui. Nous devons participer au changement.

Nous devons être prêts à prendre nos responsabilités. Je crois qu’il faut des écologistes au gouvernement pour qu’il y ait de l’écologie dans le changement. Croire qu’en restant sur le qui de la gare nous aurions davantage d’influence est une vue de l’esprit.   Sans ministres issus d’EELV au sein du gouvernement, Les écologistes aboieront et la caravane du productivisme continuera son chemin comme si de rien n’était.

Nous devons êtres présents au gouvernement, actifs, mobilisés et solidaires.

Quelque soit ma place dans les semaines qui viennent, vous savez que vous pouvez compter sur moi pour ne rien céder.

Mais je voudrais aussi dissiper une illusion sur la participation gouvernementale.  Il ne sert à rien de dresser un catalogue de conditions à remplir, alors que nous savons que le programme qui sera appliqué sera celui du candidat socialiste. C’est la logique de la cinquième république. Cette logique nous la combattons, mais elle s’impose à nous et structure la période qui vient.

C’est pour cette raison que les élections législatives  sont essentielles : il faut faire en sorte que le changement soit garanti par la présence de nombreux deputés écologistes à l’assemblée nationale qui défendront l’esprit et la lettre de l’accord passé entre le P.S et EELV.

 

Nous ne voulons pas de députés godillots, machines à voter sans imagination, tristes pantins de l’ordre ancien. Nous voulons envoyer à l’assemblée nationale des députés qui auront à cœur de faire que les choses changent vraiment. Les chantiers sont nombreux.  Je voudrais pour ma part que la première tâche des nouveaux députés écologistes, soit de réparer la situation aberrante qui fait que des dizaines de procédure pour harcèlement sexuel sont interrompues : il faut d’urgence une loi qui, définissant avec précision le harcèlement sexuel,  le combatte avec la plus grande des fermetés.  J’ai fait de l’égalité un des piliers de ma campagne, je vous appelle à faire de l’égalité entre les femmes et les hommes une des priorités du nouveau quinquennat.

Je vois maintenant le Front de gauche qui nous a fait la leçon pendant toute la campagne sur le thème  « les écolos se sont vendus et ont tout cédé » réclamer un accord électoral  avec le parti socialiste. Je note que cet accord ne serait même pas appuyé sur un volet programmatique . J’en tire, provisoirement au moins, la conclusion que la radicalité des tribuns  du peuple n’est pas  forcément supérieure à celle des oratrices tranquilles. Le front de gauche, comme nous, doit désormais s’inscrire dans une stratégie d’alliance pour influencer le cours des choses. La différence, c’est que moi je l’assume plus franchement.

Je ne pratique pas le double discours. Pour moi, la vérité n’a pas de saison : elle s’impose comme condition indépassable de la confiance entre les politiques et les citoyens. Alors je vous le dis comme je le pense : je suis heureuse que l’accord passé entre le parti socialiste et Europe Ecologie les Verts nous permette d’obtenir une présence parlementaire plus importante.

Cet accord, c’est un correctif à la loi d’airain du scrutin majoritaire qui prive la démocratie d’une représentation plus juste des courants politiques.

François Hollande a dit ne pas se sentir tenu par cet accord, en particulier sur la question du nucléaire.  Il est pour le maintien d’une part Importante de nucléaire dans la production de notre électricité. Nous sommes pour la sortie du nucléaire. Les choses sont simples : si nous voulons la sortie, il va falloir user de pédagogie, et il va falloir que toutes les associations se mobilisent pour mettre la société en mouvement. Mais c’est le contraire qui aurait été étonnant. Comment voulez vous que le président élu, sous la cinquième république si monarchique,  se sente engagé par un accord qui concerne les élections législatives ? En outre le rapport de force ne joue pas en notre faveur

Mais je sais que le nouveau président n’ignore pas que la politique n’est pas qu’une affaire d’arithmétique électorale. Elle a aussi à voir avec l’histoire.  François Hollande peut rentrer dans l’histoire comme celui qui aura su faire prendre à la France le train de la transition écologique. C’est essentiel. Il ne pourra pas le faire sans nous. Il ne pourra pas le faire en restant prisonnier des vielles lunes productivistes qui misent tout sur la croissance et rien sur l’écologie.

On dit de François Hollande que c’est un homme de synthèse. Et bien je l’appelle à faire une synthèse politique nouvelle entre le meilleur de la tradition socialiste et le meilleur de l’innovation écologiste.  C’est la seule manière de répondre aux enjeux de la période.

 

J’ai parlé de la gauche folle et de la gauche molle : ce sont les deux revers d’une même médaille, celle du renoncement, les deux maladies mortelles de la gauche, celles qui ont conduit dans le passé à l’échec, à la déception, à la crise de confiance et au final à la rupture entre le peuple de gauche et ses représentants. François Hollande aura désormais pour mission de se prémunir avec la plus grande des énergies de ces deux maladies. Je l’en crois capable, je l’en sais capable. Qu’il sache qu’il aura tout mon soutien dans la période qui s’ouvre. Parce que les français ne veulent pas seulement qu’un pouvoir succède à un autre, ils désirent profondément que le  gouvernement améliore leur sort, leur condition, leur vie quotidienne et leur avenir. Ce travail ne se fera pas en un jour, ni même en cent. Mais pour que les petits ruisseaux des avancées concrètes convergent enfin pour alimenter le fleuve du vrai changement, il faut une volonté politique. Pour  que la défaite de Nicolas Sarkozy n’ait pas été qu’un soulagement, un simple répit pour un pays usé, mais bien l’an un de la reconquête démocratique pour permettre l’invention d’un nouveau modèle de société à laquelle des millions de femmes et d’hommes dans notre pays aspirent. Que les françaises et les écologistes sachent que ce sera la priorité des écologistes  que de s’assurer que cette volonté soit permanente. Nous voulons que la gauche et les écologistes réussissent. Cette victoire ne doit pas être une parenthèse, mais bien constituer le point de départ d’un nouveau cycle politique et démocratique pour notre nation.

Pour que nous réussissions, Je veux dire enfin que nous avons besoin de toute la société. La  société  civile, les associations, les syndicats doivent aussi à leur manière contribuer au changement : nous n’attendons pas de ces organisations qu’elle soient le relais d’une quelconque parole gouvernementale. Nous avons besoin au contraire qu’elles soient conquérantes, indépendantes, exigeantes, et que leur agenda ne soit pas aligné sur celui d’un pouvoir qui hérite d’une situation  extrêmement dégradée au plan intérieur comme au plan international. Nous devons affronter la crise et réussir à rassembler l’ensemble des français dans un  nouveau projet national débarrassé du spectre de la haine de l’autre, qui n’est qu’une forme hypertrophiée de la haine de soi.

Je veux que la France retrouve la France, que le courage succède à l’esprit de soumission, que l’intérêt général  inspire la nouvelle majorité et que les écologistes prennent toute leur part dans cette tâche immense qui nous attend.

Au gouvernement, solidaires et courageux, à l’assemblée pertinents et impertinents,  sur le terrain mobilisés et volontaires voilà la feuille de route de l’écologie politique pour les semaines à venir et les mois à venir.

Alors ne lâchez rien, ne cédez rien.  Battons nous pour donner de la force au changement en faisant de l’écologie une énergie nouvelle pour la France.

La France a besoin de l’écologie et l’écologie a besoin des écologistes. Alors je vous appelle à tout faire pour que nous montrions dignes de la mission historique qui est la notre.

http://evajoly2012.fr

]]>
Lettre aux Français de l’étranger : pour une nouvelle majorité de gauche et écologiste https://limousin_old.eelv.fr/2012/05/01/lettre-aux-francais-de-letranger-pour-une-nouvelle-majorite-de-gauche-et-ecologiste/ Tue, 01 May 2012 21:00:19 +0000 http://limousin.eelv.fr/2012/05/01/lettre-aux-francais-de-letranger-pour-une-nouvelle-majorite-de-gauche-et-ecologiste/ Mes chers et chères compatriotes,

Les urnes ont parlé dimanche dernier. Je tiens à remercier avec chaleur le million de Françaises et de Français qui m’ont apporté leur suffrage, et ce faisant ont défendu par leur vote l’écologie, l’Europe, et la république exemplaire. Je vous remercie tout particulièrement hors de France, où 5,4 % de vos votes se sont portés sur ma candidature.

Le score du Front national est une tache indélébile sur les valeurs de notre démocratie, une menace pour la république, un avertissement que chaque responsable politique doit entendre. Je veux dire à celles et ceux qui se sont laissé abuser par le Front national, qu’ils se trompent de colère. Je veux dénoncer les apprentis sorciers de l’identité nationale, qui à force de discours de division et de haine ont permis à l’extrême-droite de faire son plus haut score dans une élection présidentielle.

Il faut redire que l’écologie est bien le grand défi du temps qui vient. Aucune politique ne pourra réussir sans entamer d’urgence une transition écologique basée sur la conversion de l’économie, la lutte contre le réchauffement climatique, le choix des énergies renouvelables et la protection des écosystèmes.

J’appelle toutes celles et ceux qui ont voté pour moi, et au-delà, toutes celles et ceux qui sont attachés aux valeurs de la république, à tout faire pour que notre pays sorte enfin du sarkozysme, en se rassemblant autour de la candidature de François Hollande, qui doit désormais porter toutes les couleurs de la gauche et des écologistes.

Par ce soutien sans ambiguïté, je veux signifier qu’il nous faut restaurer les valeurs de la république, lutter contre l’esprit de clan qui a prévalu ces cinq dernières années, redonner un souffle à notre démocratie et à nos institutions pour rétablir un lien de fierté et de confiance entre notre pays et ses représentants politiques.

Mais il ne s’agit donc pas simplement de battre un homme. Il faut qu’une société nouvelle voit le jour, porteuse d’un modèle de développement plus respectueux des êtres humains et de la planète. Dans les semaines et les années qui viennent, les écologistes continueront à agir à vos côtés en ce sens.

Nous voulons donc construire une nouvelle majorité, qui devra être une majorité de combat pour la justice, pour l’Europe et pour l’écologie. Cela passe par une large mobilisation au second tour de l’élection présidentielle, le 6 mai. Mais cela passe aussi par une mobilisation tout aussi forte lors des élections législatives, qui auront lieu hors de France le 3 et 17 juin 2012 (sauf sur les continents américains, où le scrutin se tiendra les 2 et 16 juin). Europe Écologie Les Verts a déjà ses candidat-e-s en campagne sur vos circonscriptions des Français établis hors de France.

La France est une belle nation, une nation citoyenne fondée sur la liberté, l’égalité et la fraternité, mises à mal par le président sortant. Faites que par votre vote du second tour et par votre vote aux élections législatives, notre pays retrouve le chemin de la justice et de l’avenir.

Eva Joly

Découvrez les 11 candidat-e-s d’Europe Écologie Les Verts aux élections législatives des Français établis hors de France

Retrouvez les priorités d’Europe Écologie Les Verts pour les Français de l’étranger

Mes engagements pour les Français de l’étranger


http://evajoly2012.fr

]]>
Déclaration d’Eva Joly aux militants https://limousin_old.eelv.fr/2012/04/24/declaration-deva-joly-aux-militants/ Tue, 24 Apr 2012 11:19:08 +0000 http://limousin.eelv.fr/2012/04/24/declaration-deva-joly-aux-militants/ Chers amies, chers amis.

Après les Françaises et les Français, c’est à vous que je veux maintenant m’adresser. Le temps du bilan de cette campagne viendra et nous devrons le tirer de manière approfondie.

Mais d’ores et déjà, je veux vous dire mille fois merci. Je voudrais que mes mots puissent parler à chacun pour vous remercier individuellement.

L’écologie n’est pas une cause facile à défendre par temps de crise, avec en plus le vent mauvais de la calomnie et du mensonge.

Je n’étais peut être pas non plus une candidate facile.

Et pourtant vous avez défendu les deux avec courage et opiniâtreté.

Je sais que le score n’est pas à la hauteur de nos espérances. Mais je vous invite a garder la tête haute. Quand on défend la cause de la planète, il n’y a pas de honte à avoir. Le temps viendra, j’en suis sûre, où les électeurs et les électrices se tourneront vers nous pour changer de destin. Alors merci à vous, et dès demain, continuons le combat.

Premier combat, la mobilisation pour la défaite de Nicolas Sarkozy.

C’est une ardente obligation que de débarrasser notre démocratie d’un pouvoir exagérément tourné vers la défense des intérêts privés, un pouvoir qui n’a que faire des règles, un pouvoir qui n’a eu de cesse de diviser les Français. Chacune et chacun d’entre vous doit prendre toute sa place dans la mobilisation des quinze prochains jours. Je veux que les écologistes soient les fers de lance de la lutte pour le changement.

Deuxième combat, les élections législatives.

C’est un combat essentiel pour l’avenir de notre pays. Prenez-y toute votre part. Les écologistes doivent être présents en force dans la prochaine Assemblée pour peser sur la prochaine législature. Alors, nous devons aller chercher chaque voix. Je serai présente à vos côtés dans cette bataille. Débarrassés de la contrainte du vote utile, beaucoup d’électeurs chercheront à signifier à François Hollande quelles sont leurs priorités. A nous de tout faire pour que l’écologie y figure.

Troisième combat, le débat au sein de la majorité pour qu’émerge une nouvelle donne politique.

Je souhaite que ce soit une confrontation honnête et sérieuse basée non pas sur le rapport de force brut, mais sur la conception que l’on doit avoir d’une dynamique de transformation sociale : le PS ne réussira pas seul, sans partenaire d’une part, et surtout sans la mobilisation de la société pour construire le changement. Là encore, les écologistes devront être, aux côtés du mouvement social, la partie dynamique de la future majorité, à l’écoute des Françaises et des Français, mobilisés dans les mouvements associatifs ou syndicaux.

Je vous appelle à vous mobiliser pour réussir le troisième tour écologique, qui ne manquera pas de se produire parce que personne ne peut faire l’impasse sur le réchauffement climatique, la sortie du nucléaire ou la lutte pour la biodiversité.

La France a besoin de l’écologie, et L’écologie a besoin de vous. Alors, haut les cœurs, au boulot les écolos !

Vive l’écologie, vive la République, vive la France !

http://evajoly2012.fr

]]>
Déclaration d’Eva Joly à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle https://limousin_old.eelv.fr/2012/04/24/declaration-deva-joly-a-lissue-du-premier-tour-de-lelection-presidentielle/ Tue, 24 Apr 2012 11:19:08 +0000 http://limousin.eelv.fr/2012/04/24/declaration-deva-joly-a-lissue-du-premier-tour-de-lelection-presidentielle/ Mes chers et chères compatriotes. Les urnes ont parlé.

Je tiens à remercier avec chaleur le million de Françaises et de Français qui m’ont apporté leur suffrage, et ce faisant ont défendu par leur vote l’écologie, l’Europe, et la république exemplaire.

Le score du Front national est une tache indélébile sur les valeurs de notre démocratie, une menace pour la république, un avertissement que chaque responsable politique doit entendre.

Je veux dire à celles et ceux qui se sont laissé abuser par le Front national, qu’ils se trompent de colère.

Je veux dénoncer les apprentis sorciers de l’identité nationale, qui à force de discours de division et de haine ont permis à l’extrême-droite de faire son plus haut score dans une élection présidentielle.

Je veux redire ce soir, que l’écologie est bien le grand défi du temps qui vient. Aucune politique ne pourra réussir sans entamer d’urgence une transition écologique basée sur la conversion de l’économie, la lutte contre le réchauffement climatique, le choix des énergies renouvelables et la protection des écosystèmes.

Chacun doit désormais prendre ses responsabilités.

J’appelle, dès à présent, toutes celles et ceux qui ont voté pour moi, et au-delà, toutes celles et ceux qui sont attachés aux valeurs de la république, à tout faire pour que notre pays sorte enfin du sarkozysme, en se rassemblant autour de la candidature de François Hollande, qui doit désormais porter toutes les couleurs de la gauche et des écologistes.

Je vous appelle à faire des 15 jours qui viennent, 15 jours de mobilisation permanente. La belle date du 1er mai doit être une symbole de justice et de fraternité contre l’extrême-droite et ses idées, marquant notre volonté de reconquête républicaine.

Par ce soutien sans ambiguïté, je veux signifier qu’il nous faut restaurer les valeurs de la république, lutter contre l’esprit de clan qui a prévalu ces cinq dernières années, redonner un souffle à notre démocratie et à nos institutions pour rétablir un lien de fierté et de confiance entre notre pays et ses représentants politiques.

Il y va de la morale républicaine : la défense de privilèges indus, l’absence de respect des règles qui fondent notre morale publique doivent d’urgence connaître un terme. Il y va surtout de l’intérêt général : notre pays doit retrouver le sens du bien commun.

Mais il ne s’agit donc pas simplement de battre un homme. Il faut qu’une société nouvelle voit le jour, porteuse d’un modèle de développement plus respectueux des êtres humains et de la planète. Dans les semaines et les années qui viennent, les écologistes continueront à agir à vos côtés en ce sens.

Nous voulons donc construire une nouvelle majorité, rassemblant la gauche et les écologistes bien au-delà du seul parti du président. Cette majorité devra être une majorité de combat.

Une majorité de combat, pour la justice d’abord : la répétition des solutions classiques n’est plus possible. Il faudra de l’imagination et de la détermination, pour ne pas retomber dans les ornières du passé et décevoir l’espoir de nos compatriotes. La justice devra être la boussole de la nouvelle majorité.

Une majorité de combat, pour l’Europe ensuite : sans une nouvelle ambition européenne, rien ne sera possible. Il faut un nouveau traité européen qui mette enfin la solidarité et l’écologie au cœur de la construction européenne. L’Europe doit redevenir un espoir pour les Françaises et les Français.

Une majorité de combat pour l’écologie enfin : la France doit sortir du nucléaire, lutter contre le dérèglement climatique, convertir son économie au développement durable et faire de la protection de l’environnement un principe de gouvernement.

La France est une belle nation, une nation citoyenne fondée sur la liberté, l’égalité et la fraternité, mises à mal par le président sortant. Faites que par votre vote du second tour, notre pays retrouve le chemin de la justice et de l’avenir.

Eva Joly

http://evajoly2012.fr

]]>
Dans les coulisses du meeting du Cirque d’Hiver https://limousin_old.eelv.fr/2012/04/21/dans-les-coulisses-du-meeting-du-cirque-dhiver/ Sat, 21 Apr 2012 14:37:50 +0000 http://limousin.eelv.fr/2012/04/21/dans-les-coulisses-du-meeting-du-cirque-dhiver/ Suivez l’installation du dernier meeting d’Eva Joly, les répétitions, l’entrée des intervenants depuis les coulisses…

http://evajoly2012.fr

]]>
Eva Joly invitée du 7/9 de France Inter https://limousin_old.eelv.fr/2012/04/21/eva-joly-invitee-du-79-de-france-inter/ Sat, 21 Apr 2012 14:37:50 +0000 http://limousin.eelv.fr/2012/04/21/eva-joly-invitee-du-79-de-france-inter/ Dernière invitée de la matinale spéciale présidentielle, Eva Joly a répondu aux questions de Patrick Cohen, Pascale Clark, Thomas Legrand et Bernard Guetta.

http://evajoly2012.fr

]]>
Contrairement à Sarkozy, je ne conçois pas la politique comme une prise d’otage https://limousin_old.eelv.fr/2012/04/21/contrairement-a-sarkozy-je-ne-concois-pas-la-politique-comme-une-prise-dotage/ Sat, 21 Apr 2012 14:37:50 +0000 http://limousin.eelv.fr/2012/04/21/contrairement-a-sarkozy-je-ne-concois-pas-la-politique-comme-une-prise-dotage/ Hier, Nicolas Sarkozy a relancé ses invectives démagogiques contre sa défaite annoncée. Le mensonge du jour : François Hollande serait l’otage d’Eva Joly et de Jean-Luc Mélenchon.

« Contrairement à Nicolas Sarkozy, je ne conçois pas la politique comme une prise d’otage de partis, de courants ou de personnalités.

Moi je fais de la politique avec mes convictions. Avec tout le respect que je dois à mes concurrents de gauche, nous portons en chacun de nous des projets très différents. Quand nous réalisons un accord avec une autre formation, nous le faisons en toute transparence d’ailleurs. Nous ne l’imposons pas de manière occulte, contrairement au président sortant qui engage ou exclut ses hommes et femmes de troupe dans les couloirs des bureaux.

Je retiens en tout cas l’ironie du terme employé pour un candidat qui est définitivement l’otage des lobbies et des multinationales.

Plus que tout, il va falloir que cet homme se fasse à l’idée que les Français ne veulent plus d’un président tricheur. »

Eva Joly, candidate écologiste à l’élection présidentielle

http://evajoly2012.fr

]]>
Réponse d’Eva Joly à Priartem https://limousin_old.eelv.fr/2012/04/19/reponse-deva-joly-a-priartem/ Thu, 19 Apr 2012 21:06:56 +0000 http://limousin.eelv.fr/2012/04/19/reponse-deva-joly-a-priartem/ Madame,

En tant qu’unique candidate écologiste à la présidentielle, je soutiens bien évidemment les actions des associations comme la vôtre, qui se battent pour faire reconnaître les effets des ondes émises par les antennes relais et les téléphone portables.

C’est un combat difficile, car nous ne sommes qu’au début d’une crise sanitaire qui s’annonce effroyable. Près des trois quarts des études publiées concluent à un effet sanitaire, une augmentation de l’inconfort ou des troubles du sommeil a proximité des ondes d’une antenne-relais.

Mais les mises en garde scientifiques sur la dangerosité de la technologie utilisant les ondes sont systématiquement écartées par le lobby des opérateurs de téléphonie mobile. Ces derniers jouent avec la santé des français et c’est inacceptable.

Pour les écologistes, les cas de plus en plus nombreux de personnes électrohypersensibles doivent être pris au sérieux. Or la tendance actuelle est à la «psychiatrisation» de cette affection due aux radiofréquences, on cherche à faire disparaitre cette population qui souffre au plus haut point.

Les normes appliquées en France ou recommandées à l’international ne sont pas adaptées pour protéger la population. C’est pourquoi je considère qu’il faut appliquer les recommandations du Grenelle des ondes.

Plafonner le rayonnement des antennes-relais à 0,6 V/m permettrait de limiter les risques sanitaires dans la mesure du possible. Un seuil appliqué dans la principauté du Liechtenstein, et testé en Italie (Toscane), et en Espagne, à Valence. Des phases d’expérimentation devaient être lancés en France dans une vingtaine de collectivités volontaires, afin de simuler sur le terrain un abaissement de puissance de l’exposition. Près de trois ans plus tard, il ne reste pas grand chose de ce processus constamment retardé et du volontarisme politique affiché à l’époque.

Le passage à 06 V/m entraînera la multiplication des micro et nano-antennes, moins puissantes et donc moins nocives pour les riverains, qui devront être couplées avec de la fibre optique. Le nier serait méconnaître les besoins des réseaux. Mais multiplier ces petites antennes implique automatiquement des investissements accrus des opérateurs. C’est la véritable raison pour laquelle la FFT ne veut pas en entendre parler. S’ils cèdent, ce sont leurs marges qui s’envolent…

Je considère qu’il est indispensable qu’une information claire, impartiale et contradictoire sur l’état actuel des connaissances soit donnée au citoyen. Il s’agit également de soutenir les collectivités qui se battent face aux opérateurs.

Enfin, rappelons que les observations de l’étude interphone sur le risque de tumeur cérébrale associé à l’usage du mobile sans oreillette et les conclusions officielles du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de l’ OMS rendue en mai 2011 confirment les multiples alertes des associations et de certains scientifiques sur le risque de catastrophe sanitaire sans précédent auquel nous sont confrontés à moyen long terme. C’est pourquoi l’usage du téléphone mobile par les enfants, les adolescents doit être déconseillé et interdit du besoin en deçà de quinze ans. Tout politique responsable a le devoir d’agir dans l’intérêt des générations futures.

J’appelle donc les élus, associations, scientifiques, opérateurs, à se réunir pour, ensemble, sortir de l’impasse dans laquelle se trouve la question des ondes électromagnétiques des téléphones portables et des antennes relais.

Eva JOLY

ENGAGEMENTS

Consciente des enjeux de santé publique posés par la diffusion massive des applications utilisatrices de radiofréquences, je m’engage…

1. à légiférer sur cette question ? OUI

Si, oui, à introduire le principe ALARA dans la loi OUI

Si oui, à fixer une valeur limite d’exposition à 0,6 V/m OUI

2. à rendre la concertation obligatoire avec les citoyens (riverains, locataires, travailleurs…) OUI

3. à rétablir, l’obligation du permis de construire pour toutes les installations d’antennes OUI

4. à définir un périmètre de sécurité autour des établissements sensibles (écoles, crèches…) OUI

5. à interdire l’usage du portable au sein de tous les établissements scolaires OUI

6. à interdire la commercialisation de portables spécifiquement destinés aux enfants (type Babymo, Kiditel…) OUI

7. à interdire le WiFi dans les lieux publics et tout particulièrement dans ceux qui accueillent des enfants OUI

8. à lancer des campagnes d’information sur les dangers des portables sur l’intérêt des connexions filaires – téléphone ou internet – dans les bâtiments et lieux résidentiels OUI

9. à rendre obligatoire la réalisation d’une enquête d’impact sanitaire avant le lancement de toute nouvelle application technologique OUI

10. à initier un grand débat sur la prise en charge sociale et médicale de l’électrosensibilité et la recherche de moyens pour la prévenir OUI

11. à protéger par la loi la liberté de la parole scientifique OUI

12. à mettre en place un réseau global public pour toutes les communications sans fil OUI

http://evajoly2012.fr

]]>
Discours d’Eva Joly au Cirque d’Hiver https://limousin_old.eelv.fr/2012/04/19/discours-deva-joly-au-cirque-dhiver/ Thu, 19 Apr 2012 21:06:56 +0000 http://limousin.eelv.fr/2012/04/19/discours-deva-joly-au-cirque-dhiver/ Chers amis,

C’est ce soir le dernier meeting de ma campagne. Le dernier meeting de notre campagne. J’ai tellement de choses à vous dire…

Je suis d’abord venue vous dire que ce n’est pas une fin de campagne mais un commencement. L’écologie a rendez-vous avec l’histoire : dans les années qui viennent, nous aurons à reconstruire l’espoir.

L’espoir n’est pas l’utopie : il en diffère car il n’indique pas seulement un but, mais aussi les moyens à mettre en œuvre pour l’atteindre.

L’espoir n’est pas l’illusion : il s’en distingue par la force que nous mettons à le traduire en actes.

L’espoir n’est pas la nostalgie du monde passé : il est la projection vers l’avenir pour inventer un monde différent de celui qui nous oppresse.

Face à la violence de la crise sociale, la domination sans partage de l’argent, l’épuisement des ressources naturelles, face à la crise énergétique, à la surconsommation et à l’impasse du culte de la croissance, l’écologie est l’espoir de notre temps, l’espoir véritable, celui d’un changement de société pour mettre un terme au saccage de la planète et à l’exploitation des êtres humains, pour vivre mieux dans une société de partage et de justice.

Dans cette présidentielle j’ai porté le drapeau vert de l’espoir c’est à dire le triomphe de la vérité sur le mensonge, la victoire de la volonté sur la lâcheté, et la supériorité de la raison sur les fantasmes.

Pour défendre cet espoir,  qui n’est ni l’illusion, ni la pure utopie, ni la nostalgie, la bataille fut rude.

Rude d’abord pour nos idées. L’écologie a été constamment mise sous le boisseau. Et quand elle ne l’a pas été, c’était pour mieux moquer nos positions en les déformant. On a voulu faire croire aux françaises et aux français que l’écologie est un problème, alors même que l’écologie c’est la solution.

La campagne fut rude aussi pour ma personne. Ce n’est pas rien d’être scrutée sous toutes les coutures, observée sans cesse, critiquée sans nuances,  bousculée sans ménagement par nos adversaires.

Je veux aussi dire merci à celles et ceux qui se sont jetés dans la bataille et n’ont ménagé ni leur temps ni leurs efforts.

En particulier, je veux remercier les plus jeunes de mes soutiens : ces jeunes femmes et jeunes hommes d’une vingtaine d’années, plus jeune que mes propres enfants et qui on fait don de leur enthousiasme, non pas à ma seule personne, mais à la cause de l’écologie.

La nouvelle génération a porté la grand-mère que je suis : c’est le premier signe du vrai changement. Je sais que votre campagne a été dure, éprouvante, et vigoureuse. Mais grâce  à vous j’ai tenu bon.

****

Une présidentielle, je le sais maintenant, c’est un exercice auquel rien ne prépare vraiment.

Aurais-je sollicité l’honneur de conduire les écologistes dans la bataille présidentielle si j’avais su quelle part de personnalisation demande cette compétition électorale ?

Ce n’est pas certain.

Est ce que je recommencerais maintenant que je connais la difficulté et les pièges de la route ?

Oui car c’est un immense honneur que vous m’ayez désignée pour vous représenter et un honneur plus grand encore, d’avoir défendu vos positions sous le feu nourri de la droite et de l’extrême droite.

Est ce que je regrette mes maladresses ? Seulement celle qui m’a fait chuter dans les escaliers.

Tout le reste, je l’assume.  Ma petite voix, mon débit lent, mon accent, mon incapacité à mentir. Mes défauts ont aussi fait de moi la femme que je suis et qui se tient devant vous avec modestie mais avec la fierté d’avoir été candidate de la plus noble des forces politiques.

Je ne suis pas une oratrice : je ne fais pas tanguer la foule sous la houle des mots qui roulent, je ne berce pas mon public par de belles paroles rassurantes. Je m’en excuse. Quelque chose en moi refuse de fonder la politique sur la tyrannie de l’émotion.

Slogan contre slogan, drapeaux contre drapeaux, simplification contre simplification, je n’aime guère cette manière de faire de la politique. Je crois que la politique à tout à voir avec la rigueur de l’exposition d’un argument et rien avec le talent de comédien.

Si je m’adresse davantage au cortex qu’aux tripes c’est parce que notre monde est complexe : mon devoir est d’éclairer les électeurs, pas de les mystifier. Oui je refuse d’être une architecte de l’illusion, une semeuse de promesses futiles, une menteuse en col blanc.

Nous en avons soupé des belles paroles et des promesses de lendemain qui chantent. Nous voulons des solutions précises et argumentées.

Voilà pourquoi j’ai présenté un contre budget basé sur une hypothèse de croissance sérieuse. J’ai chiffré mon programme. J’ai fait l’effort de parler vrai.

Je ne suis pas la candidate du baratin et du blabla. Je suis la candidate de l’écologie, c’est à dire la candidate du possible et du nécessaire.

Quand je parle de sortie du nucléaire c’est parce que c’est possible et que c’est nécessaire. Quand je parle de créer des centaines de milliers d’emploi par la conversion de l’économie c’est parce que c’est possible et que c’est nécessaire. Quand je parle d’un crédit formation à prendre tout au long de sa vie c’est parce que c’est possible et que c’est nécessaire. Quand je défends l’encadrement des loyers, une autre politique de transports, ou la baisse du coût des médicaments c’est parce que c’est possible, nécessaire et urgent.

****

Mon sens éthique est plus développé que mon sens tactique, je le concède. Mon esprit de révolte est plus vif que mon esprit de discipline, je le confesse. Ma pugnacité au combat est plus forte que  ma capacité de soumission. J‘ai en horreur l’embrigadement et ce qu’il demande d’alignement sur la pensée de son  voisin.

Je suis donc venue à la politique sur le tard. Je n’ai donc pas l’habileté de ceux qui ont fait carrière dans les allées du pouvoir. Je n’ai ni leur prudence dans l’expression, ni leur virtuosité dans la manœuvre. Pour cela j’ai été moquée, raillée, tournée en ridicule, montrée du doigt, présentée comme une écervelée qui décidément n’était pas à sa place.

J’accepte les critiques sur ma personne.

Mais  je refuse qu’elles dessinent en creux le visage du politique idéal, qui serait  un homme blanc, bien né, passé par les bonnes écoles ou les bons réseaux au bon moment, un homme issu du système avec une pensée orthodoxe, un homme capable de dire aux marchés seulement ce qu’ils veulent entendre et de faire entendre au peuple seulement ce qu’il veut bien lui dire.

La politique n’est pas l’apanage d’une caste, elle n’est pas la propriété de quelques uns, elle est le droit du plus grand nombre à reprendre la maitrise de notre destin commun.

Voilà de quoi ma candidature est le symbole : d’une autre manière de faire de la politique.

Que ma petite voix trouble leur confort est une chose étrange : ils ont le monopole de la parole. A longueur d’édito ils nous commandent d’accepter le cours des choses. Ils ont d’ailleurs déjà écrit le récit du temps qui vient. La seule politique possible à leurs yeux c’est l’austérité. A savoir, les coupes dans les budgets sociaux, la réduction du nombre de fonctionnaires, le sacrifice de l’environnement.

Si demain, comme je le pense et comme je le souhaite François Hollande est élu, les responsables de la crise n’attendront pas 10 jours pour faire entendre leur voix comme une funeste chorale n’ayant qu’un refrain à entonner.

Et comme des attaques spéculatives se préparent déjà, encouragées par ceux la même qui dans les cinq dernières années ont vidé les caisses en faisant des cadeaux à leurs amis du premier cercle,   ce  qui va suivre risque d’être terrible.

Préparez vous à tenir bon. Voici venu le temps de la vérité et du courage.

Du courage, j’en ai vu pendant toute ma campagne, en traversant notre pays. J’ai vu le courage des habitants des quartiers nord de Marseille qui refusent qu’on abandonne leur quartier aux dealers, j’ai vu le courage des ostréiculteurs du bassin d’Arcachon qui résistent à la crise et ne veulent pas abaisser la qualité de leur production, j’ai vu le courage et la mobilisation des sages-femmes de la maternité des Lilas, qui se battent pour que l’accouchement des femmes soit protégé de la logique libérale et strictement comptable.  J’ai vu le courage digne des familles touchées par la folie meurtrière de Mohamed Merah et ont résisté à la tentation de la haine.

J’ai vu le courage et j’ai vu la beauté de notre nation, nation citoyenne que je veux débarrasser définitivement de la fiction infâme de la race. Voilà pourquoi dans cette campagne je rends coup pour coup à la représentante du parti de la haine.  Celle que j’ai choisi ce soir de ne pas nommer parce qu’au fond elle est innommable. Celle qui m’attaque devant les tribunaux non pas pour je ne sais quelle prétendue diffamation, mais bien en réalité parce qu’elle ne supporte pas la vision de la France que je porte.

A elle et à ses partisans je veux dire tranquillement : nous sommes chez nous. Nous sommes chez nous, nous les français et les françaises, métèques venus des quatre coins du monde  pour faire France, nous les métis et les métisses, nous les immigrés qui travaillons sur les chantiers et nous cassons le dos pour ériger des bâtiments. Nous sommes chez nous, nous les bretons, les corses, les occitans, nous les polak, les portos, les ritals et les espingouins, nous les youpins, les nègres, les bougnoules, nous les norvégiennes ménopausées, nous l’Europe nous le monde, nous la planète parce que nous sommes la liberté d’aimer, l’égalité devant la loi, et la fraternité dans la République. Nous sommes chez nous.

****

Un nouveau cycle politique s’ouvre. Une question se pose à la gauche et aux écologistes : comment faire face à la crise ?

François hollande nous  dit, j’ai la réponse. C’est mon programme, tout mon programme, rien que mon programme.

Partout en Europe, le compromis social-démocrate classique s’est trouvé incapable de résister à la situation de pression maximale portée par la financiarisation à outrance de l’économie.

Alors je crois et j’affirme que nous devons inventer un modèle en rupture avec la logique productiviste. Nous devons sortir de la société de gaspillage pour inventer une société de modération écologique.

C’est le sens de la transition écologique que je propose dans cette campagne.

C’était le sens du pacte écologique porté par Nicolas Hulot en 2007, et qui a été trahi par ceux la même qui l’avaient signé. Le démantèlement du Grenelle de l’environnement a été un désastre. Alors, je pose la question à François Hollande veut il, sur ces questions se démarquer de Nicolas Sarkozy ?

Veut il rester dans l’histoire comme le syndic de faillite de l’espoir de la gauche ou comme celui qui aura réussi, par son intelligence et son audace a ouvrir une voie nouvelle basée sur l’écologie et la justice ?

Je veux que les choses soient claires : les écologistes feront tout pour qu’une nouvelle majorité remporte cette élection mais aussi tout pour empêcher cette majorité de retomber dans les ornières du passé, mélange de conformisme, de renoncement et d’absence de volonté qui ont causé tant de déception.

****

Je veux que chacun et chacune d’entre vous se sente concerné personnellement par le combat qui vient.

L’acte de refuser le monde tel qu’il est procède toujours d’abord d’une prise de conscience individuelle.

Ensuite on essaye de faire nombre, entrainement à d’autres à partage nos vues. Ensuite seulement, on tente de se donner de la force en se trouvant des jumeaux en rébellion et des sœurs en insoumission.

Ensuite seulement, une fois qu’on s’est dressé seul face au désordre du monde, Il s’agit de prendre sa place dans une généalogie de la résistance, de s’inscrire dans une histoire, dans un mouvement, dans un souffle collectif capable de changer le cours des choses.

Ce mouvement, je l’ai trouvé avec les écologistes qui sont les porteurs de la remise en cause la plus profonde du fonctionnement de notre modèle de développement. C’est avec vous que je me sens bien, que je me sens capable de mieux résister aux forces de l’argent pour offrir une autre politique aux habitantes et aux habitants de ce pays.

Ici, je vois des incorruptibles, des lanceurs d’alerte, des éveilleurs de consciences, des vigies, des empêcheurs et des empêcheuses de bétonner en rond.

Ici, j’ai rencontré ces héros ordinaires que j’aime tant. Ceux pour qui désobéir est un risque bien moindre que se taire, ceux qui veulent que les choses changent, ceux qui pensent que la gauche est vraiment la gauche quand elle s’affronte à la loi de l’argent au lieu d’y céder, bref ceux qui veulent autre chose que la simple alternance par défaut et exigent que la transition écologique commence de toute urgence, bref celles et ceux qui veulent le vrai changement et soutiennent ma candidature pour bousculer l’ordre établi.

S’engager c’est se projeter vers le monde en disant « j’ai compris » et  partageant avec autrui ce qu’on a compris se sentir responsable d’une part du destin commun.

Alors laissez moi partager encore un peu avec vous, vous qui m’avez tant soutenu et que je tiens à remercier avec chaleur.

Laissez moi vous dire ce que j’ai compris, ce que j’ai appris dans toute ma vie de juge, quand j’ai du affronter les forces dominantes pour démêler l’écheveau de mensonge et de corruption qui se présentait devant mes yeux incrédules.

C’est un secret terrible. Et une fois que vous l’avez regardé en face ce secret, votre vie ne peut en être que bouleversée.

Ce que j’ai appris tient en une phrase : « ils n’ont aucune limite »

Ils n’ont aucune limite et ne reculent devant rien.

Ceux qui pensent qu’une mallette de billets vaut plus qu’un  million de bulletins de vote sont prêt a tout : subornation de témoins, crimes divers et variés, déstabilisation d’états indépendants, menaces et coups de force sont leurs méthodes quotidiennes.

L’appât du gain les met en mouvement, le taux de change est le seul arbitre de leur choix, l’obsession du profit leur seule morale.

Au fond Nicolas Sarkozy n’aura été que leur jouet involontaire, leur meilleur allié, le zélé serviteur d’un monde qui le fascine,  prêt à tout pour en être.

Prêt à tout, même à tricher.

Je pèse mes mots, et je le dis en conscience : au final le Sarkozyste n’aura été qu’une vaste supercherie, une escroquerie réactionnaire, un abus de pouvoir basé sur un abus de faiblesse.

 

Le courage commande de dire que ce pouvoir est né d’un acte qui en dit long sur ceux qui l’ont commis. On a profité d’une vieille dame qui n’avait plus toute sa tête pour lui soutirer des fonds pour le financement d’une campagne électorale.

La vérité du sarkozysme, n’en déplaise à Monsieur Woerth qui s’indigne  en 140 signes sur Twitter mais n’est pas capable d’aligner deux  mots convaincants pour se défendre des accusations portées conte lui dans le dossier Béthencourt, c’est que les conditions du financement de la campagne de 2007 sont peu claires, douteuses, honteuses.

Quel étrange pays que le notre. On me voue aux gémonies parce que j’ose poser les questions qui dérangent. Mais je ne fais que mon devoir. Pourquoi ma bouche devrait demeurer close alors que mes yeux sont grands ouverts ?

Je suis contre la justice à deux vitesses, qui poursuit les voleurs de poule et absous d’avance les délits de ceux qui trompent le peuple.

Finissons-en avec les agissements d’une petite caste habituée à agir en toute impunité.  Si vous aimez la vérité et la justice, alors vous voterez pour les écologistes qui eux au moins, ont eu le courage de dire ce que chacun voyait mais que la plupart taisaient.

Oui je suis résolument engagé dans un combat contre ce qu’a incarné Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas une misérable question de détestation intime ou de méchanceté. La vérité, c’est que j’aime trop la France pour la laisser sans rien dire aux mains d’un homme qui était prêt à vendre le nucléaire français à Kadhafi, qui a traqué les enfants sans-papiers jusque dans les écoles, qui a tué le grenelle de l’environnement, qui a monté les français les uns contre les autres, qui a trompé les ouvriers, qui a fait du mensonge permanent le principe cardinal de sa politique  et qui a pu faire tout cela en ne respectant pas la règle du jeu dès son élection.

Nicolas Sarkozy au pouvoir, c’est le roman d’un  tricheur. Je vous invite à en écrire les dernières lignes en évitant que son bilan moral ne devienne notre héritage à tous. Je vous appelle  à défendre l’intérêt général contre les intérêts privés qui veulent cadenasser nos vies.

Ma candidature c’est bien sur la candidature de l’écologie. Mais c’est aussi une réponse à la dictature du conformisme, un appel à relever la tête, un encouragement à la lutte contre le cynisme triomphant qui fut la marque du Sarkozysme.

Ma candidature c’est la candidature de l’écologie et c’est aussi la candidature du refus du mépris de classe. Quelques uns pensent tout savoir parce que dans leurs grandes écoles on leur a dit depuis toujours qu’ils sont l’élite, la crème de la crème, la classe supérieure et infaillible.

Ils sont suffisants. Mais sont-ils vraiment nécessaires ?

Je lance un appel à  tous les esprits libres, a toutes les têtes raides, a tous les indignés, à toutes celles et à tous ceux qui refusent de croire que la politique est un métier et veulent que les citoyennes et les citoyens puissent décider de ce qui se fait dans leur pays. Ma campagne vous appartient, ma candidature vous appartient ma voix vous appartient. Alors donnez moi la votre.

Vous qui ne savez peut être pas pour qui voter,  comme dirait Nicolas Hulot, votez pour la planète.

Votez pour la planète en défendant  les trois zéros :

Zéro gaz de schistes, zéro OGM, Zéro autoroute nouvelle.

Votez pour la planète en votant contre l’épandage en plein air des pesticides qui vient d’être ré autorisé alors même que les risques pour la santé sont connus.

Votez pour la planète en choisissant le grenelle de la consommation, pour favoriser les circuits courts et faire baisser les prix en établissant la transparence sur les marges de la grande distribution.

Votez pour la planète en défendant la biodiversité et la lutte contre le bouleversement climatique.

Votez pour la planète en faisant en sorte qu’après Fukushima la France sorte de la folie du nucléaire et fasse enfin le choix des énergies renouvelables.

Votez pour la planète et soyez fiers de le faire.  Vous serez alors des pionnières et des pionniers, des redresseurs d’espérance, des libérateurs d’avenir. Vous serez la meilleure part de notre pays qui est plus beau quand il parle pour la planète entière que quand il se recroqueville dans une posture de haine.

Votez pour la planète, votez pour l’écologie, votez pour Eva Joly. Votez pour moi pour que dès le 6mai, les écologistes pèsent sur la politique du nouveau gouvernement.

Votez pour moi pour battre la droite bling-bling et réveiller la vieille gauche. Votez pour le vrai changement.

Vive l’écologie, vive la République, vive la France !

 

 

 

http://evajoly2012.fr

]]>
Réponse d’Eva Joly au questionnaire Lepetitjournal.com à destination des Français de l’étranger https://limousin_old.eelv.fr/2012/04/19/reponse-deva-joly-au-questionnaire-lepetitjournal-com-a-destination-des-francais-de-letranger/ Thu, 19 Apr 2012 21:06:56 +0000 http://limousin.eelv.fr/2012/04/19/reponse-deva-joly-au-questionnaire-lepetitjournal-com-a-destination-des-francais-de-letranger/ Réponse d’Eva Joly au questionnaire Lepetitjournal.com

 

FISCALITE – Êtes vous favorable à l’instauration d’une nouvelle imposition des Français établis hors de France ? Si oui, sous quelles conditions ?

Je suis contre la création d’une nouvelle imposition des Français de l’étranger. Il faut arrêter d’assimiler Français établis hors de France et exilés fiscaux. La population des Français de l’étranger est très hétérogène, à l’image de la diversité nationale, composée d’expatriés temporaires ou de longue date, de toutes les couches sociales, des plus aisées aux plus précaires, y compris de nombreuses familles binationales. Ces Français payent aujourd’hui des impôts avant tout dans leur pays de résidence, souvent autant, voire plus que s’ils résidaient en France, notamment en ce qui concerne les impôts sur le revenu.

Pour autant, je considère que la petite minorité qui choisit de s’exiler pour des raisons fiscales ne doit bénéficier d’aucune clémence. C’est pourquoi, je soutiens le principe de l’exit tax afin d’éviter des exils fiscaux purement opportunistes. De la même manière, je propose de renforcer fortement les moyens de l’administration fiscale afin de contrôler la domiciliation effective de ces exilés fiscaux. Je souhaite,  également, améliorer la mise en œuvre du principe de non double imposition, en améliorant et en développant les conventions fiscales, qui sont déjà au nombre de 150.  Pour autant, la signature ou la modification de conventions fiscales doit être strictement conditionnée à la mise en place d’un échange automatique d’informations fiscales. Enfin, Il est indispensable de donner les moyens à l’Etat de lutter contre l’évasion fiscale. Cette lutte peut rapporter 8 millards d’euros, par l’adoption d’une loi contre le secret bancaire, par une réforme du système de prix de transfert permettant aux multinationales d’échapper à l’impôt et par un renforcement des moyens de contrôles de l’administration fiscale.

 

ENSEIGNEMENT – Souhaitez-vous le maintien de la prise en charge des frais de scolarité dans les lycées Français de l’étranger (mesure dite de la PEC), voire son évolution ?

L’application du principe de gratuité est généreuse, mais elle nécessite une vraie étude d’impact, des moyens et des conditions précises de mise en œuvre. La prétendue gratuité de Sarkozy, qui est cette PEC appliquée aux classes du lycée, a causé plus de problèmes qu’elle n’en a résolus. La PEC s’apparente en grande partie à un cadeau fait aux grandes entreprises françaises qui payaient à l’étranger la scolarité des enfants de leurs employés. Trop d’inégalités persistent, trop de Français n’arrivent toujours pas à scolariser leurs enfants dans les écoles françaises, dont les frais d’inscription ne cessent d’augmenter. Il faut donc dans un premier temps  transférer les moyens dédiés à la PEC sur le budget des bourses scolaires, afin que notre réseau d’enseignement français à l’étranger soit réellement plus accessible et égalitaire pour ensuite étudier avec l’AFE les moyens d’arriver à la gratuité

Ce réseau est aussi une richesse pour nos relations culturelles et de coopération. Il faut le soutenir aussi pour que les populations de nos pays partenaires puissent en bénéficier. Il faut par exemple supprimer immédiatement la circulaire Guéant qui remet en cause le rayonnement de la France à l’étranger. Notre réseau éducatif représente un outil indispensable pour la Francophonie, pour la diversité linguistique et culturelle. Cela se décline déjà dans les projets éducatifs des établissements, qui doivent aussi inclure plus fortement les sujets de l’écologie, par une gestion durable au service d’une pédagogie préparant les générations futures à la préservation de nos ressources naturelles.

 

BINATIONALITE – Etes-vous favorable à une remise en cause de la binationalité ?

Bien sûr que non, au contraire il faut préserver et valoriser la binationalité qui est une richesse pour la France. J’en suis évidemment un exemple, étant franco-norvégienne vivant depuis 50 ans en France. Les attaques portées, par le Front national tout comme par de trop nombreux élus UMP, sur le principe même de cette binationalité sont scandaleuses, indignes et en contradiction totale avec notre tradition républicaine.

Les couples binationaux sont aussi à protéger car Nicolas Sarkozy propose un durcissement des conditions d’accès aux droits à long séjour pour les conjoints étrangers de Français. C’est la liberté de se marier d’une Française ou d’un Français qui serait ainsi mise en cause.

 

PROTECTION SOCIALE – Quelles dispositions souhaiteriez-vous mettre en place pour améliorer la protection sociale des Français résidant hors de l’Union Européenne ?

Il faut renforcer l’assise de la Caisse des Français de l’Etranger, pour que ses services deviennent plus accessibles, avant tout hors de l’Union européenne. Il faudrait par exemple confier la gestion de la protection sociale des milliers de volontaires internationaux à la CFE, plutôt que donner cette tâche rentable au secteur privé. Le fonctionnement et la gestion de la CFE mérite aussi une réforme pour qu’elle devienne véritablement un organisme de sécurité sociale.

Je pense notamment à la troisième catégorie aidée de la CFE, qui est un outil de protection sociale des populations françaises à l’étranger les plus précaires. Elle reste chère pour beaucoup mais le gouvernement actuel la fragilise en remettant en cause son soutien financier, basée en partie sur une subvention du ministère des affaires étrangères. Il faut péreniser et renforcer ce dispositif.

 

RESEAU CONSULAIRE – Le réseau consulaire français a connu de nombreux ajustements ces dernières années. Selon vous, quelles sont les évolutions à venir pour ce réseau consulaire ? (Consulats à compétence européenne, augmentation des consulats à gestion simplifiée…)

Il faut stopper l’application aveugle de la Révision générale des politiques publiques, qui visent avant tout à réduire les crédits et les postes, sans penser l’avenir des services publics, notamment à l’étranger. Le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite met en danger les services apportés aux Français établis à l’étranger. Les personnels travaillant pour ces services publics voient leur situation se précariser. Or, les consulats sont l’équivalent des mairies. Il faut bien sûr faire évoluer le dispositif en utilisant les moyens de l’internet et les potentiels de mutualisations européennes. Pour autant l’application de ces moyens doit être raisonnée et adaptée au contexte démographique, géographique et social dans chaque pays. Par exemple, les personnes âgées isolées en Afrique centrale peuvent-elle vraiment faire leur démarche et prendre leur rendez-vous consulaires par internet?

 

REPRESENTATION POLITIQUE –Le secrétariat d’Etat aux Français de l’étranger doit-il être pérennisé ? Avec quels moyens ? Avec la création des députés des Français de l’étranger, quels ajustements envisagez-vous pour leur représentation politique ?

Le secrétariat d’Etat a été créé par le gouvernement UMP avant tout pour faire la campagne de 2012. La manière des deux secrétaires d’Etat nommés par Nicolas Sarkozy de servir les Français de l’étranger n’est pas convaincante.

La priorité est à établir une plus forte cohérence de cette représentation des Français de l’étranger. Je demanderai au ministère des affaires étrangères et européennes de préparer une grande enquête et une consultation des Français de l’étranger, avec l’implication des conseillers, des sénateurs et des députés des Français de l’étranger. Ceci permettrait de définir une réforme de l’assemblée des Français de l’étranger qui pourrait devenir une collectivité publique, avec une vraie capacité de peser sur les politiques publiques concernant les Français établis hors de France.

 

EXPATRIES – Que faire pour sensibiliser les Français de métropole à leurs compatriotes établis à l’étranger ? Etes-vous favorable à la mise en place d’une « année des Français de l’étranger » ?

Cette proposition d’une « année des Français de l’étranger » paraît quelque peu incantatoire. Il est nécessaire d’améliorer dans la durée la perception des Français de l’étranger auprès de leurs compatriotes établis en France, pour notamment sortir des clichés entretenus par la majorité actuelle et parfois le PS sur l’exil fiscal comme principal raison d’expatriation. C’est le travail et la famille qui font avant tout partir à l’étranger les Français, quand ils n’y sont pas nés.

C’est le rôle des élus au sénat, à l’assemblée nationale et à l’assemblée des Français de l’étranger de faire ce travail de sensibilisation auprès de l’opinion publique. Le gouvernement devra définir avec eux une série d’initiatives concrètes pour introduire dans le débat public les points de vue des Français établis à l’étranger. Cette démarche doit aussi faire des expériences internationales des Français de l’étranger une richesse pour le débat public.

 

http://evajoly2012.fr

]]>