POUR LA SÉCURITÉ DES USAGERS DE LA MER, PAS CONTRE LES REQUINS.
Une semaine après le drame sur le spot des brisants, ne demeure qu’une seule certitude, un jeune homme est décédé dans des conditions traumatisantes. Notre pensée va d’abord à ses proches, en écrivant ce communiqué.
L’idée du prélèvement de requins peut paraître apaisante: elle obéit à un raisonnement simpliste qui voudrait qu’en éliminant des spécimens potentiellement dangereux, on offrirait un surcroit de sécurité. Les individus prélevés ne seront pas, à coup sûr, les spécimens dangereux. De plus, à partir de combien de requins abattus sera-t-il raisonnable de proclamer que la sécurité est assurée?
Nous ne pourrons trouver de réponses sans un éclairage scientifique valable. Donnons donc du crédit aux études en cours. Cependant, nous affirmons que le temps est venu de rendre public les sites où le plus grand nombre de requins a été détecté. L’heure n’est-elle pas à interdire la mise à l’eau risquée et de verbaliser sur ces sites exposés, dans l’attente de les sécuriser?
Il est irresponsable d’entretenir l’illusion qu’il existe des solutions faciles à des causes multiples et interdépendantes.
En revanche, nous pourrions mieux garantir la qualité de l’eau qui se dégrade à cause d’une épuration insuffisante (à Saint Leu, par exemple). Rappelons que le bouledogue aime les environnements dégradés et qu’il est plus que probable que ces eaux polluées déversées, participent à la recrudescence des squales. Si un maire de la côte ouest veut s’agiter, il y a plus à faire dans la réduction de la pollution des eaux d’origine humaine.
Aucun système de prévention ne garantira le risque zéro en matière de surf. Notre devoir pourtant est d’agir sur les causes de façon globalisée.
Nous, écologistes, nous pouvons envisager des prélèvements ciblés s’ils peuvent apporter une réponse à cette crise; Mais pour l’heure, aucune donnée scientifique ne permet d’affirmer que des prélèvements massifs de requins apporteraient un surcroit de sécurité durable. Aucun filet ne protège à 100%, aucune battue ne fera fuir 100% des requins, aucun radar ne nous avertira de la présence de 100% des squales. Notre crainte est que les « solutions » avancées risquent de diminuer la prudence des baigneurs, provoquant d’autres accidents. En entretenant le mythe d’une solution facile et radicale le maire de Saint-Leu prend un vrai risque pour l’image de la Réunion et la sécurité des usagers de la mer.
La menace sur la biodiversité mondiale et la pression humaine sur l’équilibre de nos côtes n’ont jamais été aussi forte. Plus que jamais, nous restons mobilisés pour trouver des solutions partagées, préventives et qui apportent une amélioration à long terme.
Plus que jamais, nous restons à l’écoute du monde scientifique, des usagers de la mer et des amoureux de la nature.
Charles MOYAC