Incendies du Maïdo : pour que « la Réunion, livre ouvert sur l’histoire de la Terre » ne se ferme pas!

L’inscription avec succès de nos « Pitons, cirques et remparts » au patrimoine mondial de l’UNESCO, a utilisé avec beaucoup de justesse le slogan ci-dessus renvoyant ainsi la géographie de notre île à un laboratoire du vivant, unique et universel à la fois.
Ce laboratoire, serait-il aujourd’hui menacé avec cet incendie au Maïdo ? Les Verts et Europe Ecologie Réunion espèrent, comme beaucoup d’autres que la nature refera son œuvre et qu’elle triomphera à nouveau sur la bêtise humaine, celle probablement d’un acte volontaire et destructeur de la beauté de nos paysages des Hauts : près d’un millier d’hectares parti en fumée en moins de deux semaines !

Si les Verts – Europe Ecologie n’ont pas voulu réagir dans la précipitation, pour ne pas attiser d’autres feux d’intentions à notre endroit, ils sont déterminés à apporter leur voix pour défendre et préserver cette végétation altimontaine des Hauts de l’ouest.
Tout d’abord, permettez-nous d’avoir une pensée particulière aux personnes, pompiers, agents de l’ONF, qui luttent sans relâche pour sauver une partie de notre « BIEN » reconnu exceptionnel, et les Ecologistes Réunionnais tiennent à leur adresser toute leur reconnaissance ;

LE COÛT TRES ELEVE D’UNE TELLE CATASTROPHE :

Les journaux avancent déjà le chiffre d’un million d’euros pour la seule organisation de la lutte contre l’incendie. Mais il y a un coût dont on ne parle pas, celui de l’atteinte à la biodiversité. Dans une étude publiée en 2009 et reprise dans le rapport de la mission interministérielle « Changement climatique et extension des zones sensibles aux feux de forêts » (la Documentation française, juillet 2010) Bernard Chevassus au Louis estime pour la Forêt les services rendus par la biodiversité autour de 1000 €/ha/an. « La disparition d’un hectare de forêt détruit par le feu peut se comparer du strict point de vue financier à celle d’un capital générant 1000€ d’intérêts annuels ! » Les services rendus par un espace végétal sont importants, par exemple la protection des sols et le piégeage du carbone et cela indépendamment de l’inestimable beauté des paysages.

Le calcul est vite fait : 1000 ha détruits dont la reconstitution va prendre au minimum 20 ans, cela représente une perte de 20 millions d’euros, juste pour l’aspect perte de la biodiversité.

Le rapport ajoute encore « L’incendie de forêt détruit un capital dont la reconstitution représente un coût collectif élevé et engendre une longue période (plusieurs décennies) pendant laquelle ce même collectif ne peut plus bénéficier des effets positifs de ce patrimoine commun. »

UNE QUESTION D’ABORD

Il s’agit surtout de tirer les leçons de tels événements de manière à en prévenir d’autres.

Le rapport cité plus haut rappelle les éléments de stratégie de lutte aérienne contre les incendies de forêts :
• anticipation (et pré-positionnement des forces en fonction du degré de risque) ;
• maitrise des éclosions au stade initial par l’attaque des feux naissants ;
• limitation des développements catastrophiques et protection des zones sensibles.

La question est simple : pourquoi a-t-on tant attendu pour faire venir un avion bombardier d’eau de métropole ? La flotte métroplolitaine compte, en 2010, 23 appareils : 9 trackers, 12 canadairs et 2 Dash-8. Or en Europe, en octobre, on est dans une période à plus faible risque. Dans un premier temps on nous a dit que les Canadairs n’étaient pas adaptés à la Réunion à cause de l’impossibilité de l’écopage en mer et de l’altitude trop élévée. C’est seulement beaucoup plus tard qu’on a appris l’existence du Dash-8 et que les autorités ont décidé de l’acheminer à la Réunion.

On pouvait gagner au moins une semaine et préserver ainsi des centaines d’hectares.

DES LECONS A TIRER ENSUITE

Et même, si l’heure n’est pas encore totalement au bilan, nous souhaitons avancer dores et déjà quelques préconisations  comme par exemple :

L’activation d’un observatoire opérant pour prévenir tout incendie de forêt notamment dans les espaces sensibles ; celui-ci mériterait en effet une réflexion partagée en faisant appel certes aux spécialistes et outils modernes de prévention des feux de forêt (tour de guêt, caméras thermiques reliées à un système d’alerte, drône …) mais en mobilisant également toutes les personnes utilisant de près ( pique-niqueurs, randonneurs, vététistes, … ) ou de haut ( hélicoptères, … ) ces sites ; La mise en place d’un réseau d’alerte multi-origines nous paraît nécessaire à rechercher compte tenu de l’immensité des espaces à surveiller ;

La création pour le Maïdo d’une ou plusieurs retenues collinaires supplémentaires complétant la capacité que celle des Tamarins, d’autant que cette dernière était vide au moment de l’incendie !

Le quadrillage des forêts, surtout celles qui sont plus exposées aux incendies récurrents, de pare feux entretenus et l’entretien des pistes permettant l’accès rapide des véhicules de lutte contre l’incendie.

La mobilisation des jeunes via les « emplois verts » voire des scolaires sur un projet inédit, non pas de replantation des espèces brûlées ( bruyères ou petits tamarins de Hauts, …) car le sol regorge de leur semence, mais de protection de ce sol contre l’érosion ( surtout avec les fortes pluies d’été qui vont arriver ), de lutte contre les espèces envahissantes comme l’ajonc d’Europe ;

La généralisation de l’éducation des publics à une attitude éco-citoyenne via les administrations, les écoles, les centres de formation, … ; Les Ecologistes continueront, dans ce domaine, à prendre toute leur part de responsabilité.

Compte tenu de ce qui vient de se passer, ne devrait-on pas équiper la Réunion d’un ou deux avions bombardiers d’eau qui pourraient être mutualisés dans la zone Océan Indien avec Maurice, Rodrigues, Madagascar et l’Afrique de l’Est ? Un Dash coûte près de 30 millions d’euros, mais un tel investissement peut s’inscrire dans une politique de coopération régionale. A défaut, comme la saison à risque de la Réunion n’est pas la même qu’en métropole, ne pourrait-on pas alors acheminer systématiquement chaque année 1 ou 2 appareils pour la période critique, appareils qui retourneraient ensuite en Europe ?

LA QUESTION DES MOYENS :

Les Verts et Europe Ecologie Réunion n’entendent pas résoudre, par ces quelques suggestions, le problème des incendies forestiers, mais nous voulons contribuer – à notre niveau – au lancement d’une vraie réflexion sur la protection de la végétation indigène dans les espaces dits sensibles à La Réunion. Et la question des moyens se pose de manière aiguë. La lutte contre les incendies de forêts a coûté 537 millions d’euros en 2008 en métropole. Or le risque d’incendies et donc le coût vont augmenter avec le réchauffement climatique.

Le rapport cité plus haut pointe du doigt le désengagement de l’Etat dans la lutte contre les incendies de forêts. Sa part
passe de 62 % en 1988 à seulement 36 % en 2008, pendant que la part des collectivités passe de 27 à 60 %. Qu’en est-il à la Réunion ? Ce n’est pas aux collectivités locales à payer pour « préserver un patrimoine mondial »

Nous tenons surtout à rappeler que les moyens colossaux déployés depuis 15 jours auraient pu être mis en amont pour la prévention.

Les Verts Europe Ecologie Réunion sont déterminés à tout faire pour aider à la sauvegarde de notre « LIVRE ouvert sur l’histoire de la Terre ».

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