Le coup de force des conchyliculteurs

ILE DE RE : Des conchyliculteurs en colère ont bloqué samedi l’accès au pont.

 

Publié le 21/07/2014 dans Sud-Ouest

Les ostréiculteurs ont installé un barrage filtrant au péage du pont et ont distribué des tracts aux automobilistes.

© PHOTO PHOTO XAVIER LÉOTY

Environ 200 ostréiculteurs et mytiliculteurs ont bloqué samedi, de 7 h 30 à 14 heures, l’accès au pont de l’île de Ré afin d’alerter la population et les pouvoirs publics sur leurs difficultés. « Le milieu marin est en pleine dégradation. » C’est le constat amer fait par le président du Comité régional de la conchyliculture (CRC), Gérald Viaud, organisateur de cette manifestation. « Aujourd’hui, nous sommes là pour alerter les pouvoirs publics et les citoyens sur la contamination du milieu marin. Ce qui provoque d’énormes pertes sur notre production et contaminera demain nos plages », détaille-t-il.
Le barrage filtrant, installé avant le péage du pont, a entraîné des ralentissements importants dans le secteur. Face aux perturbations et aux températures encore très chaudes samedi, la préfecture a organisé la distribution de bouteilles d’eau pour les personnes bloquées dans leurs véhicules.

Des pertes considérables

Depuis 2008, les producteurs de coquillages, d’huîtres et de moules déplorent des pertes massives. « Cela a commencé avec les coques et les coquilles saint-jacques puis les pétoncles, les huîtres et les moules ont suivi », explique Gérald Viaud. En 2013, selon les chiffres de la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer), les ostréiculteurs ont perdu 10 000 tonnes d’huîtres. Un manque à gagner estimé à plus de 50 millions d’euros.

À Oléron, l’ostréiculteur Pierre Chemin fait état de 90 % de mortalité sur son élevage et se dit inquiet pour l’avenir de sa profession. « Quand mon père m’a cédé son entreprise, il m’a donné un avenir, une passion et le savoir-faire de cinq générations. Aujourd’hui, si je cède à mon tour l’entreprise, c’est un cadeau empoisonné que je fais, nous avons plus de coûts d’exploitation que de rentabilité. »

L’agriculture pointée du doigt

Impuissant face à cette situation, les producteurs demandent que des mesures environnementales fortes soient prises par les pouvoirs publics. « Il faut agir contre l’utilisation massive des produits phytosanitaires par les agriculteurs. Nous ne voulons pas attaquer l’agriculture en général, mais une certaine agriculture. »

Cette action leur permet également de « sensibiliser la population », explique le président du comité régional. « Il est important que les gens comprennent que la biodiversité et l’écosystème sont menacés. Bientôt les zones de baignade seront touchées et le tourisme aussi. »

Lucie Nolorgues

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