Accueil du site > Archives > Vie Locale > Traitement des déchets en Essonne, où en sommes-nous ?

Traitement des déchets en Essonne, où en sommes-nous ?

lundi 5 janvier 2004

Traitement des déchets en Essonne, où en sommes-nous ?

Si notre département dispose, depuis deux ans, d’un plan départemental de gestion des déchets, il reste encore beaucoup à faire.

Nous pouvons retenir quatre orientations majeures dans ce plan afin d’évaluer les enjeux pour avoir la mesure des décisions à prendre. La prévention pour produire moins de déchets, le développement du tri, l’évaluation des quantités à traiter et la nécessité d’une décharge pour les stoker les déchets non recyclables.

Produire moins de déchets

La prévention de la production des déchets reste l’axe prioritaire. Produire moins de déchets afin de stabiliser la masse de déchets à traiter constitue la partie la plus difficile. Cela nécessite une modification des mentalités des particuliers et des entreprises. Cette orientation se heurte de front aux habitudes instaurées depuis cinquante ans et plus, par la société de consommation " j’achète-je consomme-je jette ". Changer les mentalités nécessite du temps et une volonté politique qui fait encore aujourd’hui défaut chez la plupart des décideurs (politiques ou industriels), sans parler de ceux qui ont carrément intérêt (financier, surtout) à avoir le plus de déchets possibles à traiter, à brûler surtout.

Développer le tri et la valorisation

La quantité des déchets à traiter dépend en partie de la mise en œuvre et de l’efficacité du tri et du recyclage. Là aussi, la volonté politique fait parfois défaut : des grandes villes du département, Evry, Grigny, n’ont mis en place la collecte sélective que récemment (un an à peine). Il faut beaucoup plus de temps pour qu’un tel changement d’habitudes donne son maximum, et il faut aussi des moyens (ambassadeurs du tri sélectif insuffisants) qui n’existent pas toujours. De plus, le réseau de déchetteries, comme la création d’une recyclerie, prévu par le plan, n’a pas réalisé alors que les crédits du Conseil général existent. Cette part de déchets qui échappe à l’incinération se heurte à ceux qui ne jurent que par l’incinération.

La question du site de Vert-le-Grand

Le SIREDOM et la SEMARDEL, le plus gros syndicat de traitement d’ordures ménagères du département et l’entreprise qui exploite le site de Vert-le-Grand, veulent construire un troisième four. Tout est bon pour arriver à leurs fins. L’évaluation précise du tonnage des déchets à traiter reste flou et permet les spéculations. Deux problèmes se posent à propos de Vert-le-Grand :

C’est déjà un centre de traitement de grande taille, avec deux fours d’incinération, à proximité d’une zone urbaine de plus de 100 000 habitants, la Ville nouvelle d’Evry, et en plein milieu d’une zone agricole périurbaine qu’elle menace. Agrandir Vert-le-Grand, c’est moins d’espace agricole (usine, routes, etc.) dans une zone fragile à protéger. Quoiqu’on dise, l’incinération pollue, même avec des normes sévères. Il est irresponsable de concentrer la pollution à proximité de zones urbaines denses. De plus, les techniques utilisées ont déjà quinze ans d’âge. N’y a-t-il pas des moyens plus modernes de traiter les déchets ? La nécessité d’une décharge

Il faut une décharge pour les déchets ultimes (non recyclables, ou après incinération). Actuellement, il existe une proposition : un industriel privé (la SITA) propose de créer un centre à Saint-Escobille, qui servirait aussi pour les Yvelines et peut-être d’autres départements. Les élus du secteur, en grande majorité, et le Conseil général de l’Essonne, ont voté contre. De façon non officielle encore, la SEMARDEL risque de sortir de ses cartons un nouveau projet de décharge à Vert-le-Grand (en même temps que le troisième four). Gageons que c’est le projet qui aura le soutien de la majorité des élus (toutes tendances confondues). Cela ferait un beau cumul à Vert-le-Grand : 3 fours + 1 décharge. N’est-ce pas un peu beaucoup ?

Les enjeux pour notre environnement

Souvenons-nous que ce débat, qui met en jeu sérieusement notre santé et notre environnement immédiat (agriculture ou zone industrielle polluante, rejets toxiques à long terme) repose sur des chiffres qui sont loin d’être fiables. Une commission travaille sur la question, au Conseil général, dans le cadre du plan. Les enjeux sont les suivants

La décharge nouvelle est une nécessité. Il faut trouver un site sur le département. Si les travaux de la commission concluent à une insuffisance des moyens de traitement au niveau du département, il est nécessaire de prévoir de nouveaux moyens. En revanche, il n’est pas raisonnable, dans cette hypothèse, de les concentrer encore à Vert-le-Grand. Alors, une solution est de lancer un appel d’offres international (ce qu’avait " omis " de faire la SEMARDEL pour Vert-le-Grand, rappelons-nous) pour un projet nouveau et moderne de traitement, incluant la décharge, avec des techniques de traitement du 21ème siècle. Il faut réaffirmer que le seul déchet qui ne pollue pas est celui qui n’est pas produit. Alors, plus que jamais, la prévention reste le mot d’ordre : moins d’emballage, réparation des appareils cassés, réutilisation des vêtements usagés…

Dominique TURBELIN

Post-scriptum

Texte éditée dans la lettre des Elus verts d’Evry (décembre 2003)