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"Sortir du nucléaire" n’est pas SAGE

dimanche 13 mars 2005

Tchernobyl, ce n’est pas fini Le Réseau "Sortir du nucléaire" compte sur votre présence Pour soutenir le Pr Bandajevski et exiger la vérité sur Tchernobyl

Le Réseau "Sortir du nucléaire" compte sur votre présence Pour soutenir le Pr Bandajevski et exiger la vérité sur Tchernobyl

Action antinucléaire à Paris 12h-14h - lundi 14 mars devant le CNAM (2 rue Conté - Métro Arts et Métiers)

Le Réseau "Sortir du nucléaire" exprime son indignation vis-à-vis du programme SAGE ( www.ec-sage.net ) dont les premiers résultats vont être rendus publics les 14 et 15 mars 2005 à Paris. Il s’agit de l’application, en cas d’accident nucléaire en Europe de l’Ouest, des programmes de désinformation Ethos et Core menés dans les zones contaminées autour de Tchernobyl. Or :

* ces programmes sont tous mis en oeuvre par l’industrie nucléaire et plus particulièrement par le CEPN ( www.cepn.asso.fr )qui regroupe EDF, AREVA, l’IRSN et le CEA (Commissariat à l’énergie atomique). Les "enseignements" de ces programmes ne sont pas acceptables puisque le lobby nucléaire est juge et partie.

* ces programmes sont organisés par le CEPN main dans la main avec la dictature biélorusse qui, "opportunément", a condamné à 8 ans de prison le Pr Youri Bandajevski dont les travaux remettent en cause les postulats que l’industrie nucléaire veut "démontrer" :
- il serait possible de vivre dans les zones contaminées, qui pourraient être "réhabilitées"
- la plupart des maladies dans les zones contaminées seraient en réalité... psychosomatiques !
- la consommation de produits contaminés serait acceptable en dessous de certains seuils

Or, de tels seuils n’ont jamais été démontrés. Ils sont néanmoins fixés, sans justification, par... l’industrie nucléaire. De plus, le Pr Bandajevski a montré que la consommation de produits contaminés, même faiblement, se traduisait par l’accumulation d’éléments radioactifs (comme le césium) dans les organes, avec de graves conséquences sur la santé des populations et en particulier des enfants.

Les centrales nucléaires vieillissent. En France, EDF refuse de financer leur remise à niveau par rapport au risque sismique, et les budgets de maintenance sont soumis depuis 2002 à un plan drastique de restrictions budgétaires. De fait, la probabilité d’un accident nucléaire s’accroît de façon inquiétante.

Le Réseau "Sortir du nucléaire" rappelle que :
- aucune mesure ne peut limiter les conséquences d’un accident nucléaire. Les programmes comme SAGE sont mis en oeuvre dans le seul but de sauvegarder des intérêts industriels, financiers, politiques.
- il ne faut pas "se préparer à une catastrophe nucléaire" (ce qui est vain) mais tout mettre en oeuvre pour qu’elle ne se produise pas, par exemple en fermant au plus vite les installations nucléaires. Toute autre approche est purement criminelle.

Le Réseau "Sortir du nucléaire" diffuse ce jour le document "En cas d’accident nucléaire, restez SAGE" et organisera une présence militante le lundi 14 mars de 12h à 14h devant le CNAM (2 rue Conté - Métro Arts et Métiers)

Contact Réseau "Sortir du nucléaire" : 06.64.100.333


En cas de Tchernobyl en France, restez SAGE*

Si une catastrophe nucléaire se produit en France, les entreprises de l’atome et les autorités de l’Etat ne diront pas "Nous avons eu tort, le nucléaire est vraiment trop dangereux, il faut programmer la fin la plus rapide de cette industrie". Ils diront : "Bien sûr, cet évènement est regrettable, mais la situation n’est pas si grave. Grâce aux études que nous avons menées après Tchernobyl, nous vous assurons que vous allez pouvoir continuer à vivre tout à fait normalement".

Si vous pensez qu’il s’agit là d’un procès d’intention et que les gens du nucléaire n’oseront pas aller aussi loin dans le cynisme, sachez que vous vous trompez et que cette tentative de manipulation est déjà en marche, sous le nom de SAGE : Strategies And Guidance for Establishing a practical radiation protection culture in Europe in case of long term radioactive contamination after a nuclear accident. En français : "Stratégies pour le développement d’une culture de protection radiologique pratique en Europe en cas de contamination radioactive a long terme suite a un accident nucléaire".

Ce programme est mis en oeuvre par le CEPN, une "modeste" association de quatre membres seulement, mais de poids : EDF, la Cogéma (désormais composante du groupe Areva), le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), et l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN). C’est précisément ce qu’il est convenu d’appeler le lobby nucléaire.

On trouve des précisions sur le site Internet dédié ( www.ec-sage.net ) : "Le projet SAGE - A l’issue du Projet ETHOS, la Commission Européenne a reconnu l’intérêt d’engager une réflexion sur les conditions et les moyens d’application de la démarche pour l’Europe occidentale et, à cette fin, soutient le projet SAGE. Ce dernier vise à élaborer un cadre stratégique pour le développement d’une culture de protection radiologique pratique en cas de contamination radioactive à long terme, aussi faible soit elle, suite à un accident nucléaire ou tout autre événement ayant entraîné une dispersion de radioactivité dans l’environnement."

SAGE est donc l’application pour l’Europe occidentale du programme de désinformation ETHOS (www.cepn.asso.fr/fr/ethos.html ), mené de 1996 à 2001 en Biélorussie, dans les zones contaminées par la catastrophe de Tchernobyl. Comme SAGE, ETHOS a été principalement mis en oeuvre par le CEPN (EDF, Cogéma-Areva, Irsn, CEA). Pourquoi le lobby nucléaire français dépense-t-il de l’argent (notre argent d’ailleurs**) en Biélorussie dans les zones contaminées ? On nous a tellement expliqué que Tchernobyl était une "catastrophe soviétique" qui n’avait rien à voir avec le nucléaire occidental en général et français en particulier... Alors, pourquoi la fine fleur de l’atome hexagonal vient-elle au secours des Biélorusses ? Et puis, vient-elle vraiment à leur secours ?

Nous affirmons que cette démarche n’a rien d’humanitaire. La meilleure défense étant l’attaque, le lobby nucléaire a décidé de ne pas subir et, au contraire, de faire d’une pierre deux coups :

- minimiser le plus possible les conséquences de Tchernobyl. En effet, cette catastrophe a beau être "soviétique", elle est néanmoins nucléaire et son souvenir nuit au développement de l’industrie atomique.

- survivre à une nouvelle catastrophe nucléaire, y compris si elle se produisait en Europe occidentale.

Pour ce faire, le lobby nucléaire s’est donné pour mission d’imposer les idées suivantes en cas d’un nouveau Tchernobyl :

- seule une petite zone géographique doit être évacuée

- vivre en zone contaminée est tout à fait possible

- il est possible de réhabiliter les zones contaminées

- les conséquences sur la population sont bien moins graves qu’on ne le pense généralement.

- la plupart des maladies dans les zones contaminées sont en réalité... psychosomatiques !

Ces maladies ne seraient pas dues à la radioactivité mais à un "choc psychologique" post-catastrophe... Francis Sorin, directeur du pôle information de la Société Française d’Energie Nucléaire (SFEN), explique ainsi le 18 novembre 2004 dans l’Yonne Républicaine : "L’accident a été un drame pour les populations résidentes avec l’apparition incontestable de pathologies notamment psychosomatiques avec troubles cardiaques, maladies digestives, anxiété."

En appliquant des tels "enseignements" tirés par le lobby nucléaire suite à Tchernobyl, le coût financier d’un nouveau désastre serait très largement minimisé, de même que le coût en terme d’image : le message serait "le nucléaire n’est pas si dangereux puisque même ’une catastrophe a des conséquences limitées". Michel Fernex, Professeur honoraire à la Faculté de Médecine de Bâle (Suisse), a produit sur le sujet un excellent article dans le n°22 de Trait d’union, revue de la Criirad (1er semestre 2002). Extrait : "Le lobby nucléaire cherche à établir des directives en vue du prochain accident nucléaire qui serait inéluctable selon les experts. En cas d’accident, la priorité devrait être la réduction des dépenses. Ceci implique de considérer comme intangible, le dogme de la non-nocivité des faibles doses de rayonnements ionisants."

Cette analyse est confirmée par la lecture du site Internet du CEPN, où on peut lire : "Le projet européen ETHOS avait pour but d’améliorer durablement les conditions de vie des habitants des villages dont la vie quotidienne a été fortement affectée par la présence à long terme de contamination radioactive à la suite de l’accident de Tchernobyl (...) Des améliorations très significatives des conditions de vie, notamment sur le plan de la protection radiologique et de la qualité des productions agricoles privées, ont été obtenues grâce à une forte implication de la population du village. Le projet a créé les conditions d’une prise en charge de la protection radiologique des enfants par les mères de famille et a permis le développement d’une culture radiologique pratique en lien avec les activités de la vie quotidienne au village."

La réalité est malheureusement bien différente :

- Des millions d’habitants survivent dans des zones qui auraient dû être évacuées

- Une majorité d’enfants sont atteints par des maladies habituellement réservées aux personnes âgées : maladies du coeur, du foie, rhumatismes, etc.

- 18 ans après le drame, beaucoup d’aliments sont toujours contaminés.

Mais, même s’il était réellement possible de minimiser les conséquences d’une catastrophe nucléaire et de "réhabiliter" des zones contaminées (ce qui n’est bien sûr pas possible), le raisonnement que l’on veut nous faire tenir est inacceptable : le lobby nucléaire veut nous amener à penser "On peut limiter les conséquences d’une catastrophe nucléaire" alors que la seule position acceptable est "Il ne faut pas qu’il y ait de catastrophe nucléaire". Or, les centrales nucléaires vieillissent et les budgets de maintenance sont revus à la baisse du fait de la libéralisation des marchés et de l’ouverture du capital des entreprises du nucléaire. Conclusion logique : le lobby nucléaire se prépare à survivre à une nouvelle catastrophe nucléaire en développant divers programmes de désinformation.

D’ailleurs, nous ne devrions pas tarder à découvrir les bons conseils pour "vivre heureux en zone contaminée" puisque, sur le site web du CEPN ( www.cepn.asso.fr ), on peut lire : "Le CEPN organise les 14 et 15 Mars 2005 un séminaire européen intitulé "Surveillance radiologique et culture pratique de radioprotection pour les populations habitant dans les territoires contaminés à long terme", pour présenter les résultats du projet SAGE " Cette entreprise de désinformation aura lieu au CNAM, 2 rue Conté 75003 Paris. Metro : "Arts et Métiers".

Réseau "Sortir du nucléaire" - Février 2005

* SAGE : Strategies And Guidance for Establishing a practical radiation protection culture in Europe in case of long term radioactive contamination after a nuclear accident

** Le programme ETHOS et ses successeurs (ETHOS-2, CORE, et SAGE) sont en fait majoritairement financés par l’argent public, en particulier issu de budgets européens.