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Lettre de Jacque Picard à l’association Evry-Palestine

vendredi 12 janvier 2001, par Picard Jacques

Cher(e)s Ami(e)s d’Evry Palestine,

Ce petit mot vous priant d’excuser mon absence à l’AG du 13/01 arrive un peu tard... si j’étais un vrai pro de la politique, je l’aurais sans doute envoyé avant ! enfin, le voilà.

Mes activités politiques à la tête d’une liste autonome Verte et Ouverte à Corbeil-Essonnes (liste en Vert, en Ville, Ensemble) me prennent à plein temps et je n’ai pas pu me rendre à l’AG d’Evry Palestine dont je suis et reste adhérent.

Nul parmi vous ne doutera cependant de mes profondes convictions et de mon engagement de 20 ans pour la reconnaissance des Droits du Peuple Palestinien.

Malheureusement, je fais partie de ceux qui, très tôt, pensaient que la Palestine était une seule terre pour deux peuples (selon le titre du débat du PSU de 1984 avec le responsable de l’OLP Ilan Halevi - aujourd’hui ambassadeur de l’OLP à l’ONU je crois- et une personnalité de la gauche pacifiste israélienne). Notre horizon d’internationaliste laïque était alors, sans renier le droit historique des palestiniens à créer un état, celui d’une palestine laîque, multiconfessionnelle et démocratique.

Sept ans après les accords d’Oslo, la gauche israélienne aura donc de nouveau trahi et montré l’absence en son sein d’une personnalité à la hauteur de vue nécessaire. La Palestine serait si belle si... écrivions nous dans le numéro spécial dix ans d’Evry Palestine. J’ai malheureusement peur que, sauf sursaut improbable, les accords d’Oslo soient morts avant même d’avoir été appliqués :
- morts de leur ambiguités qui avaient si profondément fait débat entre nous à cette époque (qui ne se souvient des débats passionnés mais courtois avec Michel Garcia) ;
- morts de l’acharnement des gouvernements israéliens successifs à fermer, par les implantations, le cadenas d’une Paix dont le fondement était la Terre contre la Paix.
- morts de l’assassinat de Rabin, militaire ayant hauteur de vue, dont on ne saura jamais qui réellement l’a commandité
- morts de l’incapacité de l’Europe à exister au proche Orient, la gauche française et singulièrement le parti socialiste n’étant pas la dernière à nager dans l’ambiguité permanente.
- morts de l’impossibilité d’appliquer un statut international à Jérusalem, capitale conjointe de deux états, seule solution viable pour préserver les icones des états et des religieux.

Le déclin d’un leader palestinien vieillissant, nous l’avions aussi souligné lors des dix ans de notre association, amènera d’autres responsables palestiniens. Avec peut-être la culture démocratique en plus par rapport à la génération Arafat élevée dans la discipline clandestine, cette génération sera,elle aussi, confrontée au terrible choix de n’avoir à opposer aux fourches caudines du vainqueur israélien, que les poitrines de ses adolescents en furie. Allonger indéfiniment les colonnes des listes de victimes en guise de mitrailleuse lourde pour fléchir l’opinion israélienne et notre indifférence internationale ? Choix terrible ; existe-t-il seulement une alternative politique non-violente ?

Mes sincères salutations et encouragements donc ; je reste à votre disposition, comme homme politique publique ou comme militant du coup de main, pour toute action à venir. J’essaierai, malgré la campagne, de venir pour la 3ème fois à la veille du samedi après-midi place de l’Agora.

Jacques Picard

NB : Sachez aussi que je suis admiratif du travail que vous avez fait pour le jumelage avec le capm de Khan Yunis dans la bande de Gaza. Votre persévérance me touche. J’espère que la nouvelle donne politique qui sortira des urnes en mars prochain à Evry contribuera à engager un peu plus qu’aujourd’hui la collectivité à vos côtés.

Post-scriptum

vendredi 12 janvier 2001