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Armurerie de Corbeil : Les Verts en 1ère Ligne

vendredi 26 janvier 2001

Armurerie de Corbeil : Les Verts en 1ère Ligne

CORBEIL-ESSONNES.

Des habitants de Corbeil-Essonnes se sont rassemblés Samedi 6 janvier pour s’opposer à l’ouverture prochaine de la plus grande armurerie de France près du site sensible des Tarterêts.
Elle sera interdite aux mineurs non accompagnés. Evry (Essonne) Le supermarché des armes fait peur à la cité chaude "DRUGSTORE de la mort " d’un côté. " Simple magasin avec armes de chasse " de l’autre.
L’ouverture, le 12 janvier, de la plus grande armurerie de France ­ 1 200 mètres carrés ­ à trois cents mètres de la cité sensible des Tarterêts à Corbeil-Essonnes a partagé la petite foule venue manifester devant l’enseigne hier après-midi. A l’appel des Verts et de la gauche locale (PC, PS), ce rassemblement souhaite mobiliser la population sur le thème  : " Un commerce de proximité, oui. Une armurerie, non. "
" Des doutes sur la sécurité du magasin "

Dans l’assistance, beaucoup s’interrogeaient sur le rôle des autorités. " Pourquoi le préfet ou le maire n’a-t-il pas interdit une telle implantation  ? " demande une femme.
Jugé " néfaste pour la paix sociale " par les Verts, " symbole de la redynamisation économique du quartier " par la municipalité, le magasin se trouve au centre d’une polémique entre Serge Dassault, le maire (RPR), et la gauche. " Nous sommes dans un pays où le commerce est libre, précise de son côté la préfecture. Et pour ce type de magasin vendant des armes de chasse, le gérant se doit simplement de demander une autorisation, ce qu’il a fait. " Le responsable de Kettner France, une chaîne allemande propriétaire de l’enseigne, s’était déplacé spécialement hier pour tenter de couper court à la polémique. Aux opposants à son projet qui se présentaient devant son magasin, il ouvrait volontiers les portes. " Quand j’ai entendu parler de "supermarché de la mort", j’ai bondi, s’énerve Bruno Miele. Les armes n’occupent qu’un quart de la surface totale. En plus, notre chaîne propose seulement des armes pour les chasseurs majeurs munis d’un permis de chasse. " D’ailleurs, précise le responsable de Kettner, comme pour montrer sa bonne volonté, l’entrée du magasin sera strictement interdite à tous les mineurs non accompagnés d’un adulte.
Jacques Picard, porte-parole des écologistes, émet, lui, des doutes sur la sécurité extérieure du magasin. " Comment éviter des attaques à la voiture-bélier pour dévaliser les trois cents armes qui se trouveront à l’intérieur ? " interroge-t-il. Dans la cité même des Tarterêts, à quelques centaines de mètres de l’enseigne, de l’autre côté de la nationale 7, on s’interroge sur la véritable signification de l’implantation de cette succursale. Certains évoquent une opération de récupération à trois mois des élections municipales. " Je vois beaucoup d’hommes politiques opposés à la mairie et pas beaucoup d’habitants, ironise Lakhdar Toumi, membre du Collectif pour l’égalité de la citoyenneté. Les médias ont dit que nous avions peur de ce magasin. C’est totalement faux. De toute façon, les jeunes n’ont pas besoin d’un magasin pour se procurer des armes. " D’autres évoquent le sentiment d’abandon. " Si la seule réalisation pour redynamiser le quartier, c’est d’installer une armurerie, comme semble le dire la mairie, alors c’est ridicule ", glisse un travailleur social, en lançant un regard vers les rideaux de fer baissés du centre commercial. Hassan, 35 ans, vit dans le quartier depuis plus de vingt ans. D’après lui, le discours de la mairie et de certaines associations du quartier n’est pas réaliste. " Franchement, ouvrir une armurerie ressemble à une provocation. Tout ce que veulent les jeunes, je vais vous le dire, c’est entrer dans le magasin et se servir. "

David Charpentier - BRETIGNY

Post-scriptum

Janvier 2001