CORBEIL-ESSONNES.
Des habitants de Corbeil-Essonnes se sont rassemblés Samedi 6 janvier
pour s’opposer à l’ouverture prochaine de la plus grande armurerie de
France près du site sensible des Tarterêts.
Elle sera interdite aux mineurs non accompagnés. Evry (Essonne) Le supermarché
des armes fait peur à la cité chaude "DRUGSTORE de la mort " d’un côté.
" Simple magasin avec armes de chasse " de l’autre.
L’ouverture, le 12 janvier, de la plus grande armurerie de France
1 200 mètres carrés à trois cents mètres de la cité sensible des Tarterêts
à Corbeil-Essonnes a partagé la petite foule venue manifester devant
l’enseigne hier après-midi. A l’appel des Verts et de la gauche locale
(PC, PS), ce rassemblement souhaite mobiliser la population sur le thème
: " Un commerce de proximité, oui. Une armurerie,
non. "
" Des doutes sur la sécurité du magasin
"
Dans l’assistance, beaucoup s’interrogeaient sur le rôle des autorités.
" Pourquoi le préfet ou le maire n’a-t-il pas interdit une telle implantation
? " demande une femme.
Jugé " néfaste pour la paix sociale " par les Verts, " symbole de la
redynamisation économique du quartier " par la municipalité, le magasin
se trouve au centre d’une polémique entre Serge Dassault, le maire (RPR),
et la gauche. " Nous sommes dans un pays où le commerce est libre, précise
de son côté la préfecture. Et pour ce type de magasin vendant des armes
de chasse, le gérant se doit simplement de demander une autorisation,
ce qu’il a fait. " Le responsable de Kettner France, une chaîne allemande
propriétaire de l’enseigne, s’était déplacé spécialement hier pour tenter
de couper court à la polémique. Aux opposants à son projet qui se présentaient
devant son magasin, il ouvrait volontiers les portes. " Quand j’ai entendu
parler de "supermarché de la mort", j’ai bondi, s’énerve Bruno Miele.
Les armes n’occupent qu’un quart de la surface totale. En plus, notre
chaîne propose seulement des armes pour les chasseurs majeurs munis
d’un permis de chasse. " D’ailleurs, précise le responsable de Kettner,
comme pour montrer sa bonne volonté, l’entrée du magasin sera strictement
interdite à tous les mineurs non accompagnés d’un adulte.
Jacques Picard, porte-parole des écologistes, émet, lui, des doutes
sur la sécurité extérieure du magasin. " Comment
éviter des attaques à la voiture-bélier pour dévaliser les trois cents
armes qui se trouveront à l’intérieur ? " interroge-t-il.
Dans la cité même des Tarterêts, à quelques centaines de mètres de l’enseigne,
de l’autre côté de la nationale 7, on s’interroge sur la véritable signification
de l’implantation de cette succursale. Certains évoquent une opération
de récupération à trois mois des élections municipales. " Je vois beaucoup
d’hommes politiques opposés à la mairie et pas beaucoup d’habitants,
ironise Lakhdar Toumi, membre du Collectif pour l’égalité de la citoyenneté.
Les médias ont dit que nous avions peur de ce magasin. C’est totalement
faux. De toute façon, les jeunes n’ont pas besoin d’un magasin pour
se procurer des armes. " D’autres évoquent le sentiment d’abandon. "
Si la seule réalisation pour redynamiser
le quartier, c’est d’installer une armurerie, comme semble le dire la
mairie, alors c’est ridicule ", glisse un travailleur social,
en lançant un regard vers les rideaux de fer baissés du centre commercial.
Hassan, 35 ans, vit dans le quartier depuis plus de vingt ans. D’après
lui, le discours de la mairie et de certaines associations du quartier
n’est pas réaliste. " Franchement, ouvrir une armurerie ressemble à
une provocation. Tout ce que veulent les jeunes, je vais vous le dire,
c’est entrer dans le magasin et se servir. "
David Charpentier - BRETIGNY
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