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A propos de délocalisation

L’aéroport d’Orly

dimanche 28 août 2011, par Fabienne Gabbanelli

Ah… si on pouvait délocaliser l’aéroport d’Orly sur une île déserte au large de l’Atlantique… Imaginez la tranquillité des communes riveraines et de ses habitants qui pourraient à nouveau profiter du chant des oiseaux et goûter au plaisir d’un apéritif sur leur terrasse sans le bruit incessant des Airbus et autres Boeing… Souvenez vous que c’est arrivé en 2010 quand un petit volcan islandais au nom imprononçable a paralysé une partie du ciel européen.

Alors d’accord, délocaliser Orly cela semble absurde, impossible, inimaginable. Et pourtant c’est ce qu’ont proposé une soixantaine de députés de la majorité (dont trois de l’Essonne) probablement en mal de notoriété et de popularité dans leur circonscription. Et quand on se penche sur le sujet, on découvre la complexité de la question.

D’abord, un aéroport, c’est un bassin d’activité : environ 25000 emplois directs pour la plateforme d’Orly auquel il faut ajouter ceux créés par les entreprises liées aux activités aéroportuaires ou simplement par celles qui s’installent à proximité pour bénéficier des avantages logistiques du lieu. Tout cela rapporte de l’argent aux communes et collectivités territoriales concernées.

Ensuite, nous sommes nombreux à apprécier les avantages du transport aérien pour notre travail ou nos vacances. Cela nécessite que l’aéroport soit à proximité des centres villes, des quartiers d’affaire et des zones résidentielles et qu’il soit bien desservi de préférence par des transports publics rapides.

Mais voilà, l’avion est bruyant, très bruyant même pour celui qui habite à proximité des couloirs aériens et des pistes. Et en prime, il est polluant. On pourrait aller jusqu’à dire qu’il nuit à la santé de ceux qui en subissent les nuisances quotidiennes.

Dans une zone très urbanisée, le dilemme devient cornélien.

Cependant, délocaliser Orly ne reviendrait qu’à déplacer les nuisances sur une autre zone sûrement moins densément peuplée mais où il faudrait détruire des surfaces naturelles ou agricoles jusque là préservées (même dans l’hypothèse la plus probable où il s’agirait d’agrandir un aéroport existant), sans compter la probable urbanisation des sites alentours pour l’implantation des entreprises satellites. Les transports terrestres se développeraient pour desservir l’aérogare et la création d’emplois créeraient une pression supplémentaire sur le foncier avec l’apparition de zones pavillonnaires. Puis évidemment, le nord de l’Essonne perdrait un important bassin d’emplois.

Cette bataille nous en rappelle d’autres… Nathalie Kosciusko-Morizet et son combat pour dégager le ciel de Longjumeau malgré l’avis contraire de l’ACNUSA (commission indépendante rappelons le) ; Nicolas Dupont-Aignant et ses tentatives pour déplacer de quelques kilomètres le virage pris par les avions qui décollent face à l’Est pour que la ville de Yerres soit épargnée. D’incessantes batailles de clochers et de guerres d’influence car nous voulons (presque) tous profiter des avantages de l’avion sans en subir les nuisances.

L’équation n’est pas simple à résoudre. La logique impose de réfléchir à une réduction progressive du trafic aérien, de taxer le carburant en fonction des dégâts qu’il occasionne à l’environnement ce qui va évidemment à l’encontre de la sacro-sainte croissance économique chère aux économistes libéraux…. Et là c’est un autre débat….