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lundi 31 mai 2004
Alain Lipietz nous rapporte l’impression laissée par sa visite à Saint-Michel. Durant cette journée, il a été accompagné par plusieurs élus locaux verts ainsi que Paul Simon (Conseiller Général) et Marie-Pierre Digard (conseillère régionale). Le texte qui suit est extrait du site http://lipietz2004.net. les photos et leur commentaire sont de nous.
lundi 24 mai 2004 Les Roms
24 mai
Les Verts de Saint Michel sur Orge m’avaient donné la consigne de venir par le tristement célèbre RER C, toujours en retard quand il n’est pas en panne. Manque de bol : il est arrivé pile à l’heure en gare d’Austerlitz, et pile à l’heure à St Michel. RAS. Comme en Suisse !
Ils voulaient aussi me faire dialoguer avec les usagers mécontents. Eh bien, y en avait presque pas (d’usagers) : les Verts débitent en ce moment moitié moins de tracts que d’habitude sur un métro. La récup’ des 35 heures en mai nous pourrit la campagne électorale.
Ensuite, le camp de Roms.
Ils sont 2000 Roms, principalement de Roumanie à errer à travers l’Ile de France. Je les ai rencontrés à Choisy le Roi, à Lieusaint... Dans la Communauté d’Agglomération du Val d’Orge, ils sont relativement protégés par les autorités locales.
Les Verts et les cathos se mettent en quatre, sous les conseils rigoureux de Médecins du Monde, pour les aider à résister. Leurs enfants sont scolarisés entre deux expulsions quelques kilomètres plus loin.
Je visite ce petit bidonville de bois de 150 âmes.
Habitué à la misère des bidonvilles latino-américains, je suis frappé par la propreté de leurs intérieurs.
Il est essentiel de comprendre que ces Roms de Roumanie, Serbie du Nord, Hongrie, ne sont pas des « gens du voyage ». Sédentarisés depuis longtemps, ces derniers des indos-européens aux traits indiens entrés dans une Europe moyenâgeuse, où les Slaves et les Magyars les avaient précédés de plusieurs siècles, ont simplement toujours été en butte au racisme et à la discrimination. La flambée de nationalisme qui a saisi l’Europe centrale et orientale à la chute du communisme n’a pas arrangé les choses. Ils sont des réfugiés victimes de persécutions racistes, ni plus ni moins.
Je leur explique que le Parlement européen a officiellement reconnu qu’ils étaient persécutés racialement et donc avaient droit au statut de réfugiés (ce que Nicolas Sarkozy nie). Ils me disent « Alors quand aurons-nous des papiers, le droit de scolariser nos enfants ? Quand aurons-nous une vie normale ? »
Leur question me rappelle ma visite il y a deux ans au camp de semi-sédentarisation des Tziganes de Strasbourg. J’avais demandé à la Verte qui m’accompagnait « Qui gère ce camp ? - L Œassociation LUPOVINO. Ça veut dire Lutte Pour une Vie Nouvelle". Comme je reposais la question à la présidente de LUPOVINO, elle me répondit : « Lutte Pour une Vie Normale »
Je leur raconte l’anecdote, ils rient de bon coeur. Je leur explique qu’il ne suffit pas d’avoir les droits de l’Homme pour soi, il faut que des militants se battent pour les faire respecter. En fait, si le projet de Constitution est adopté, le Parlement aura pouvoir de codécision sur la politique dite de « Justice et Affaires Intérieures », qui pour le moment est de compétence exclusive des gouvernements (du Conseil Européen). Et même dans ce cas il faudra se battre pour que les décisions du Parlement soient respectées. Ils me disent « La politique, c’est long ».
Oui c’est long et j’ai honte. Je ne peux pas leur dire qu’ils ont déjà de la chance d’avoir autour d’eux ces militants qui les aident, par idéalisme, par sens de notre commune humanité.
Des journalistes, secoués, nous accompagnent. Je leur confie « Venir ici ne nous apporte aucune voix, nous en fera perdre quelques-unes. C’est notre cotisation au devoir de solidarité ».
Après, débat en soirée sur « Comment l’Europe nous protège des risques ».
On parle OGM, responsabilité environnementale des entreprises, REACH (directive sur la recherche et l’évaluation des molécules chimiques, ces 150000 molécules lâchées dans la nature depuis la seconde révolution industrielle et dont certaines sont sûrement responsables de la montée des cancers et autres maladies chroniques)...
Mais la conversation revient irrésistiblement sur la Turquie, sur l’Europe des droits de l’Homme. Car le principal risque pour l’Homme, c’est l’Homme.