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vendredi 6 mai 2016, par
Nous nous devons de vous prévenir : lire une lettre d’information d’Europe Écologie Les Verts peut devenir un élément à charge dans une accusation au tribunal. Ce que vous avez sur votre écran peut contribuer à vous définir comme quelqu’un d’anticapitaliste et donc de dangereux. On croirait une mauvaise blague, mais c’est pourtant vrai : c’est ce qu’a entendu Antoine Deltour lors de son procès à Luxembourg, lors duquel a aussi été mentionné, attention, son abonnement... à Médiapart.
Antoine Deltour est un "lanceur d’alerte" : quelqu’un qui a révélé ou fait connaitre une information importante pour l’intérêt général, la protection des citoyens ou des consommateurs. Antoine Deltour est l’origine de l’affaire LuxLeaks, lors de laquelle les citoyens européens ont appris que des grandes entreprises pouvaient négocier avec des États - ici le Luxembourg - dans lesquelles elles avaient très peu d’activité, pour y déclarer leur revenus, en échange de très substantielles baisses d’impôts. Conséquence : un manque à gagner évident pour les autres États où ces entreprises font effectivement leur chiffre d’affaire.
Ironiquement, la même semaine, c’est une grande ONG de défense de l’environnement, l’antenne néerlandaise de Greenpeace, qui va révéler le contenu des négociations du TAFTA, l’accord de libre-échange en cours de discussion entre l’Europe et les États-Unis.
Encore plus ironiquement, tout cela intervient moins de deux semaines après le vote par le Parlement européen d’une directive sur "le secret des affaires", qui permettra de protéger les entreprises contre des fuites qui pourraient nuire à leur activité économique : et tant pis si ces fuites se font pour l’environnement, pour la santé, pour la démocratie.
Évasion fiscale organisée ou tolérée par les États, négociations opaques sur le TAFTA et le CETA, état d’urgence constamment renouvelé en France, scandale sanitaire dans l’automobile, falsifications concernant la cuve nucléaire de Flamanville... Le combat des écologistes pour la démocratie et la transparence est plus que jamais d’actualité.
C’est pour cela notamment que les eurodéputés écologistes ont proposé cette semaine une directive de protection des lanceurs d’alerte. Il faut espérer maintenant que la Commission accepte d’étudier leur proposition et de la soumettre au vote du Parlement et du Conseil européens. Ce serait déjà un petit pas en avant pour la démocratie que cette proposition ne reste pas lettre morte.
Agnès Michel, chargée des relations institutionnelles, des acteurs économiques, de la cohérence projet et des relations avec le COP, de la coordination entre le parti et les groupes parlementaires