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Accident ferroviaire de Brétigny : la pudeur, la lucidité et les questions

lundi 15 juillet 2013, par Jacques Picard

Une grande partie d’entre nous, essonniens, sont utilisateurs réguliers du RER C et donc de cette ligne Paris Orléans où vient de se produire, au cœur de notre territoire, le plus grave accident ferroviaire depuis 25 ans. Quatre des morts recensés sont d’ailleurs des utilisateurs du RER C fauchés par les voitures du train déraillant à 140 km/h et balayant le quai.

Le président de la SNCF soulignait vendredi soir que tout accident de train parce qu’il est réputé être totalement sûr, parce le train fait partie de notre quotidien, touche tout un pays. A ce constat s’ajoute ici celui de la proximité avec le lieu.

Il y a d’abord le temps du secours, de la solidarité et du silence. Puis vient celui des questions et des constats.

C’est ce que j’ai choisi de faire ce dimanche soir à 18h30 en allant sur place - dans un temps décalé donc par rapport au cœur de la crise - rencontrer le directeur du RER C et les équipes de la SNCF.

J’avais pour ma part choisi de ne pas m’y rendre en pleine crise des secours vendredi avec les inévitables problèmes de presse et de priorité aux secours très difficiles à gérer éthiquement : parler du pourquoi et du comment à ce moment est toujours aux limites de l’indécence ; nous l’avons bien vu dans l’extrême prudence et délicatesse de Pierre Serne, le Vice Président EELV aux transports de la région.

C’est effectivement le chaos qui était en cours de déblaiement ce dimanche soir à Brétigny. Deux wagons étaient fortement éventrés par des poutrelles arrachées aux installations fixes, d’une part ; 150 m de quai sont totalement dévastés, d’autre part. Et enfin, plusieurs centaines de mètres de voie sont à renouveler complètement. L’énergie cinétique d’une voiture de 40 tonnes lancée à cette vitesse est très importante. Sa sortie des rails est dévastatrice…

L’importance des travaux de reconstruction – quai, voie, caténaire, aiguillage, signalisation etc… est telle que le retour complet à la normale pour les RER C et les Inter Cités n’est pas prévu avant 15 jours. L’accès même à la gare de Brétigny en venant du sud ou du nord sera rétabli très lentement, une seule voie, celle qui longe le bâtiment n’ayant pas été touchée.

Le pôle de Brétigny était effectivement identifiée pour les élus régionaux siégeant à la commission des transports et au STIF comme un des points ayant le plus subi l’absence d’investissement depuis 40 ans. Le programme de rénovation de près de 120 M d’euros voté pour le pôle gare par la région en atteste.

On sait que le plan de voie rend difficile la mise à quai des RER en heure de pointes. Que les 3 postes d’aiguillages, mécaniques et datant des années 30, sont à reconstruire totalement ; que l’alimentation électrique est insuffisante.

À ce stade, nous savons que l’aiguille en cause (qui n’est pas celle qui a été réparée en juin et a causé une grande perturbation sur le RER C) date de 1991. Il appartiendra à l’enquête mais aussi aux questions posées par le STIF et la région à la SNCF et RFF, de déterminer si les normes d’entretien et de surveillance ont été diminuées au point d’arriver à cette catastrophe.

Ce qui est en revanche évident, c’est que Brétigny illustre très concrètement ce que les écologistes dénoncent depuis des années : un sous-investissement chronique depuis 40 ans sur le réseau classique au profit du réseau TGV. Nous sommes aujourd’hui en responsabilité à la région et ce n’est pas le moindre des paradoxes de nous voir, nous écologistes, devoir expliquer que, c’est RER marchant chaque jour de 5h à 1h que doivent s’effectuer les travaux de modernisation pour lesquels la région investit lourdement. Et que donc, ce n’est pas à pas que ce retard sera rattrapé. La tragédie qui vient de se dérouler à Brétigny accélérera, autant que faire se peut, le rythme du rattrapage. Mais le marges sont faibles.

Nous élus écologistes siégeant au STIF (et utilisateurs quotidiens des RER), nous levons tous les jours en nous demandons où le réseau va craquer. Nous nous serions bien passés de ce vendredi noir.

Jacques Picard Conseiller régional d’Ile-de-France Secrétaire de la commission des Transports et Mobilités Administrateur du STIF