Cisjordanie – Commission Transnationale https://transnationale.eelv.fr Un site utilisant Réseau Europe Ecologie Les Verts Wed, 04 Apr 2018 15:09:09 +0000 fr-FR hourly 1 Reconnaissance de la Palestine : le temps est venu https://transnationale.eelv.fr/2014/10/17/reconnaissance-de-la-palestine-le-temps-est-venu/ Fri, 17 Oct 2014 20:07:10 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4180 Lire la suite]]> Communiqué de presse d’Europe Ecologie – Les Verts du 17 octobre 2014

Europe Ecologie – Les Verts participera, samedi 18 octobre, à l’initiative de nombreuses associations, au rassemblement pour la Palestine qui se déroulera à partir de 14h place de la République à Paris.

Les écologistes expriment à cette occasion toute leur solidarité avec la cause palestinienne, après une année particulièrement meurtrière qui aura entrainée la mort de plus de 2000 civils dans le silence complice de la communauté internationale.

La poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie et la levée seulement partielle du blocus à Gaza menacent un cessez-le-feu déjà précaire et fragilisent un peu plus le processus de paix.

EELV appelle la France à prendre ses responsabilités et à acter rapidement la reconnaissance de Etat palestinien, à l’instar de ce qu’à fait la Suède récemment.

Un premier pas a été franchi en 2012 avec la reconnaissance de la Palestine comme membre observateur de l’ONU. Aujourd’hui, ce sont près de 134 Etats qui reconnaissent l’Etat palestinien, soit 70% des membres de l’ONU. Les puissances occidentales, à commencer par l’Union européenne et la France, font donc partie des derniers réfractaires.

Il est temps désormais «pour la patrie des droits de l’homme» de se montrer à la hauteur des enjeux et de prendre sa part à la construction d’une paix durable dans toute la région.
Au delà de la charge symbolique d’une telle décision, la reconnaissance d’un Etat palestinien par la France serait un signal fort dans la perspective de la création de deux Etats, seule solution viable pour résoudre le conflit israélo-palestinien qui a trop duré.

Julien Bayou, Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux

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Israël veut-il vraiment la paix ? https://transnationale.eelv.fr/2014/09/29/israel-veut-il-vraiment-la-paix/ Mon, 29 Sep 2014 21:29:33 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4079 Lire la suite]]> Communiqué de presse d’Europe Ecologie – Les Verts du 29 septembre 2014

Le 31 août 2014, l’administration civile israélienne, qui dépend directement de l’armée, a annoncé officiellement son intention de  s’approprier 400 hectares de terres en Cisjordanie, aux environs de Bethléem.

Alors que les pourparlers de paix se poursuivent, après 50 jours d’une guerre qui a fait plus de 2100 victimes palestiniennes, (dont 85 % de civils ) et 70 victimes israéliennes ( 66 soldats et 4 civils), cette annonce est une pure provocation. Cela serait la plus grande extension de colonies depuis plus de trente ans.

EELV rappelle qu’Israël a bafoué de nombreuses résolutions de l’ONU et que seul le respect du droit international permet de construire une  paix juste et durable.

Le prétexte serait que cette décision aurait été prise antérieurement, (lors des disparitions d’adolescents israéliens attribuées au Hamas- mais toujours contestées à ce jour ) ce qui ne justifie aucunement la transgression du droit international.

La volonté de paix implique de renoncer immédiatement à cette provocation qui ne favorise que les va-t’en-guerre.

EELV demande au gouvernement français d’agir auprès de la communauté internationale pour condamner et faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il annule cette décision illégale qui risque de compromettre les espoirs de paix tant attendus par les populations des deux états.

Commission TRANSNAT EELV

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Déclaration commune d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) et M. Hael Al Fahoum, Ambassadeur de Palestine en France https://transnationale.eelv.fr/2014/09/09/declaration-commune-deurope-ecologie-les-verts-eelv-et-m-hael-al-fahoum-ambassadeur-de-palestine-en-france/ Tue, 09 Sep 2014 18:34:52 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4000 Lire la suite]]> Journées d’été des écologistes, Bordeaux le 21 août 2014

 

Après avoir échangé sur la situation dramatique à Gaza et sur le contexte d’ensemble de la Cisjordanie et Jérusalem-Est, l’ambassadeur de Palestine et les représentants de EELV considèrent qu’il est urgent de passer à une nouvelle étape qui engage enfin un autre avenir pour le peuple palestinien et qui permette enfin une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens.

Les propositions humanitaires ne suffisent plus, elles doivent être aussi politiques. L’analyse des bouleversements qui secouent tout le Moyen-Orient impose un sursaut de la Communauté internationale face à l’occupation israélienne. Justice doit être rendue au peuple palestinien, qui attend depuis des décennies que la colonisation cesse, que les résolutions de l’ONU soient appliquées et que l’État de Palestine, reconnu par l’Assemblée Générale en 2012, voit le jour. L’impunité d’Israël fragilise la légitimité du Conseil de Sécurité incapable de faire respecter ses propres résolutions, mais ne fait et surtout que conforter les extrémistes de tout bord dans la région et ailleurs.

Avec cette troisième opération militaire contre Gaza depuis 2008, c’est toujours la population civile qui continue de payer le plus lourd tribut : à ce moment, 2 000 morts, près de 10 000 blessés, 350 000 réfugiés, 16 000 maisons anéanties, destructions de nombreuses infrastructure d’eau, gaz, électricité, anéantissement des équipements sanitaires et scolaires.

Mais cette catastrophe n’est pas seulement humaine, elle est politique et doit être traitée comme telle. La communauté internationale ne peut plus continuer à simplement condamner l’ampleur du désastre humain et matériel et à appeler comme le fait la déclaration du Président du Conseil de sécurité le 28 juillet à un simple cessez-le-feu. Revenir au statut quo antérieur, en maintenant l’occupation et l’enfermement de Gaza, n’est qu’un répit et la poursuite d’incessants recommencements. Au nom de sa sécurité, Israël ne peut plus continuer à violer les droits humains et internationaux. Sa sécurité ne sera jamais assurée par les armes mais par l’existence des deux États vivant côte à côte. Suite aux échecs des négociations, la communauté internationale est appelée à imposer la paix conformément aux exigences du droit international.

Il est indispensable que les États européens se mobilisent pour empêcher le veto constant des États-Unis à toute démarche qui obligerait Israël à respecter le droit international et à cesser la colonisation. L’Union européenne et la France en particulier doivent cesser de conforter la politique de domination par la force du gouvernement Netanyahou et ne plus se contenter de faire de simples déclarations contre la colonisation ou d’appeler à la fin des « hostilités ».

Les Nations Unies appuyées par l’Union européenne doivent engager une négociation politique pour parvenir à un cessez-le -feu durable, un arrêt du blocus de Gaza car la seule médiation égyptienne n’est plus suffisante sans un soutien actif du Conseil de sécurité des Nations Unies. Elles peuvent dans le court terme, comme elles l’on fait en 1987 à Hébron, envoyer des casques bleu pour sécuriser la frontière entre Gaza et Israël avec un mandat clair et précis.

Les Nations Unies doivent exiger sous peine de sanctions, la levée du blocus de Gaza et la garantie de son développement économique et social comme condition politique indispensable pour ouvrir ensuite une négociation politique globale pour permettre à ce que la Palestine devienne un État viable dans les frontières de 1967 avec Jérusalem Est pour capitale.

Au nom du Droit international nous demandons dans l’immédiat :

  • à la France, soucieuse de la sécurité mondiale et membre du conseil de Sécurité, de porter la nécessité d’une négociation sous égide des Nations Unies afin de parvenir à la levée du blocus de Gaza

  • à l’UE de procéder à la suspension immédiate de l’Accord d’Association entre l’Union européenne et Israël comme l’avait demandé le Parlement Européen en 2002

  • à la France de cesser l’exportation de matériel militaire à Israël. Les accords bilatéraux doivent être également gelés. l’Espagne a d’ores et déjà annoncé l’embargo sur l’exportation des armes à Israël. Il faut que l’ensemble des pays européens fassent de même. Les armes françaises ou européennes ne doivent pas servir à attaquer Gaza.

  • Israël doit être comptable des dégâts et de pertes occasionnés et doit indemniser les victimes et participer à la reconstruction de Gaza.

L’unité politique du peuple palestinien grâce au rapprochement entre le Fatah et le Hamas salué par des nombreux pays , doit continuer à être encouragé et ceci passe aussi par le désenclavement de Gaza car c’est la seule façon de sortir de l’escalade militaire

Il faut sortir du statut quo tant à Gaza qu’en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

La solidarité en France pour le peuple palestinien doit continuer à s’exprimer, la critique de la politique israélienne ne doit pas être considérée comme de l’antisémitisme, les pouvoirs publics ont une grande responsabilité en la matière. Ils doivent faire en sorte que le droit d’expression et de manifestation continue de prévaloir.

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Situation dramatique et « punition collective » en Palestine : la France doit condamner l’opération militaire israélienne https://transnationale.eelv.fr/2014/06/27/situation-dramatique-et-punition-collective-en-palestine-la-france-doit-condamner-loperation-militaire-israelienne/ Thu, 26 Jun 2014 23:30:47 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3903 Lire la suite]]> Communiqué de presse d’EELV publié le

Depuis plus d’une dizaine de jours, prenant prétexte de la disparition de trois jeunes colons, Israël mène une opération militaire de grande envergure en Cisjordanie et a bombardé à plusieurs reprise la bande de Gaza, le tout dans une quasi indifférence des medias et gouvernements occidentaux.

Au moins 6 civils palestiniens dont des enfants ont été tués, plus de 470 ont été arrêtés et les exactions de l’armée d’occupation se multiplient chaque jour : perquisitions, mises à sac et destructions de maisons, arrestations d’enfants…

Les responsables de l’enlèvement des colons doivent être jugés mais la réponse d’Israël est incontestablement disproportionnée. Cette « punition collective » est dangereuse car elle alimente tous les extrémismes, fragilise la tentative de réconciliation palestinienne et menace de déstabiliser la région.

EELV appelle à rejoindre le rassemblement lancé par Collectif National pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens vendredi 27 juin à 18h Place de l’Opéra.

Le gouvernement français doit condamner cette intervention militaire et faire pression sur Israël au besoin via la suspension de l’accord d’association entre Israël et l’Union Européenne.

Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux

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Fractures en Terre sainte : une semaine en Palestine https://transnationale.eelv.fr/2012/11/26/fractures-en-terre-sainte-une-semaine-en-palestine/ Sun, 25 Nov 2012 23:11:19 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3889 Lire la suite]]> Publié le

Benjamin Joyeux, Responsable de la commission Transnationale d’EELV, a passé une semaine en Cisjordanie avec une délégation de jeunes activistes internationaux. Voici le compte-rendu qu’il a publié dans le Club de Mediapart.fr.

Du 10 au 16 novembre 2012, une délégation de jeunes militants associatifs et politiques d’Europe et d’Amérique, dont je faisais partie, s’est déplacée en Cisjordanie. Nous étions une petite centaine à être invitée par le département Jeunesse et sports de l’Autorité palestinienne pour découvrir les territoires palestiniens, et notamment la réalité des implantations de colonies israéliennes sur le terrain. Pour beaucoup d’entre nous, c’était la première fois que nous nous rendions en Israël-Palestine.

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La délégation devant la tombe de Yasser Arafat à Ramallah

La délégation française était composée de douze personnes, dont pour les représentants politiques, deux personnes du MJS (Mouvement des jeunes Socialistes), une conseillère de Paris accompagnée d’un membre de la commission internationale pour le Parti Communiste et moi-même pour Europe Ecologie Les Verts (EELV). Faisaient également partie de la délégation de jeunes militants, bénévoles et salariés de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité). Il nous avait été fortement conseillé avant de partir d’ébruiter le moins possible ce voyage pour qu’il n’y ait pas de problème sur place, notamment pour pouvoir passer sans encombre la douane à l’aéroport de Tel Aviv. Etant donnés les interrogatoires que nous avons ensuite subis à l’aéroport Ben Gourion, à l’aller comme au retour, nous avons mieux compris pourquoi une telle prudence était de mise. Il a fallu jouer les touristes naïfs pour pouvoir passer sans être déstabilisés par une pluie de questions de deux agents israéliens. Exercice on ne peut plus formateur. Et premier choc: deux amies membres de l’AFPS, françaises mais portant le voile, se sont faites arrêter dès leur descente de l’avion à l’aller et interroger pendant cinq heures, de 1h à 6h du matin. Nous avons attendu dans le hall de l’aéroport toute la nuit, espérant qu’elles soient enfin relâchées, ce qui fut le cas au petit matin, sans toutefois qu’elles aient pu obtenir le précieux visa israélien permettant de circuler librement en Israël et dans les territoires palestiniens. Dès l’aéroport, nous avons ainsi pu palper la réalité des discriminations et du poids des préjugés régnant en maître sur ces terres pourtant baignées de multiculturalisme depuis trois millénaires.

Basés à Ramallah, nous avons visité tout au long de la semaine les villes de Ramallah, Jérusalem, Hebron, et des villages, sur la route de Naplouse notamment, confrontés à la réalité du mur. Nous avons pu voir à Qalqilya que le mur encerclait totalement la ville, l’ayant transformé en prison urbaine à ciel ouvert. Une trappe sous le mur permet notamment d’alimenter la ville en eau, et apparemment l’Etat israélien, qui en a l’entier contrôle, s’amuse parfois durant l’été à couper l’eau sans sommation. Comment dans de telles conditions demander aux habitants de Qalqilya de rester calme et d’accepter leur sort de « prisonniers » ?

A Hebron également, la réalité de la colonisation israélienne est absolument terrible, avec des colons israéliens particulièrement fanatisés qui harcèlent les Palestiniens habitant la ville, sous le regard bienveillant de l’armée israélienne. On peut y voir des dizaines de magasins fermés avec des appels placardés dessus et signés de rabbins extrémistes réclamant le maximum de meurtres de Palestiniens. Nous y avons passé plusieurs heures, le mardi 13 novembre, manifestant notamment aux cris de « free Palestine », sous l’oeil méfiant de soldats israéliens. Nous y retournons le jeudi 15 novembre pour passer l’après midi avec un habitant d’Hebron dont les voisins colons sont particulièrement fanatisés. Ceux-ci, en plus de grignoter petit à petit son jardin, sont déjà rentrés plusieurs fois chez lui armés, effrayant sa femme, pauvre dame qui deux fois enceinte a fait deux fausses couches à cause de ces malades. Notre hôte, qui nous fait visiter sa maison, nous explique qu’il ne peut jamais s’éloigner plus de deux heures de chez lui, au risque sinon de retrouver sa maison occupée à son retour. Et cela fait plus de 20 ans que ça dure ! Cet homme paraît d’une patience et d’un courage absolument phénoménaux. Son cas a été plusieurs fois médiatisés dans des émissions telles qu’un Oeil sur la Planète sur France 2.

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Grillages à Hébron

Un des éléments les plus marquants est sans doute le fameux mur, qui sépare Israël de la Cisjordanie et qui empiète largement sur le territoire censé être dévolu aux Palestiniens. Nous avons pu consulter des cartes montrant son tracé par rapport aux frontières légales de 1967, et celui-ci est particulièrement scandaleux. Si avant de partir, j’étais déjà assez critique sur le respect par Israël du droit international en la matière, j’en reviens révolté. Non seulement il n’y a vraiment aucun respect des frontières de 1967, mais il y a de plus un véritable accaparement des terres et des ressources naturelles qui a été effectué avec la construction du mur au profit total d’Israël, rendant la possibilité même d’un Etat palestinien viable particulièrement difficile. Il n’y a pas que la division entre la Cisjordanie et Gaza mais également un morcellement progressif du territoire cisjordanien paraissant difficilement compatible avec la possibilité même d’un Etat palestinien viable. Et le processus de colonisation ne fait que s’accélérer.

 

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Mur séparant Israël de la Cisjordanie

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Fractures en Terre sainte : une semaine en Palestine

UneSemaineEnPalestine

Benjamin Joyeux, Responsable de la commission Transnationale d’EELV, a passé une semaine en Cisjordanie avec une délégation de jeunes activistes internationaux. Voici le compte-rendu qu’il a publié dans le Club de Mediapart.fr.

Du 10 au 16 novembre 2012, une délégation de jeunes militants associatifs et politiques d’Europe et d’Amérique, dont je faisais partie, s’est déplacée en Cisjordanie. Nous étions une petite centaine à être invitée par le département Jeunesse et sports de l’Autorité palestinienne pour découvrir les territoires palestiniens, et notamment la réalité des implantations de colonies israéliennes sur le terrain. Pour beaucoup d’entre nous, c’était la première fois que nous nous rendions en Israël-Palestine.

 

La délégation devant la tombe de Yasser Arafat à RamallahLa délégation devant la tombe de Yasser Arafat à Ramallah

La délégation française était composée de douze personnes, dont pour les représentants politiques, deux personnes du MJS (Mouvement des jeunes Socialistes), une conseillère de Paris accompagnée d’un membre de la commission internationale pour le Parti Communiste et moi-même pour Europe Ecologie Les Verts (EELV). Faisaient également partie de la délégation de jeunes militants, bénévoles et salariés de l’AFPS (Association France Palestine Solidarité). Il nous avait été fortement conseillé avant de partir d’ébruiter le moins possible ce voyage pour qu’il n’y ait pas de problème sur place, notamment pour pouvoir passer sans encombre la douane à l’aéroport de Tel Aviv. Etant donnés les interrogatoires que nous avons ensuite subis à l’aéroport Ben Gourion, à l’aller comme au retour, nous avons mieux compris pourquoi une telle prudence était de mise. Il a fallu jouer les touristes naïfs pour pouvoir passer sans être déstabilisés par une pluie de questions de deux agents israéliens. Exercice on ne peut plus formateur. Et premier choc: deux amies membres de l’AFPS, françaises mais portant le voile, se sont faites arrêter dès leur descente de l’avion à l’aller et interroger pendant cinq heures, de 1h à 6h du matin. Nous avons attendu dans le hall de l’aéroport toute la nuit, espérant qu’elles soient enfin relâchées, ce qui fut le cas au petit matin, sans toutefois qu’elles aient pu obtenir le précieux visa israélien permettant de circuler librement en Israël et dans les territoires palestiniens. Dès l’aéroport, nous avons ainsi pu palper la réalité des discriminations et du poids des préjugés régnant en maître sur ces terres pourtant baignées de multiculturalisme depuis trois millénaires.

Basés à Ramallah, nous avons visité tout au long de la semaine les villes de Ramallah, Jérusalem, Hebron, et des villages, sur la route de Naplouse notamment, confrontés à la réalité du mur. Nous avons pu voir à Qalqilya que le mur encerclait totalement la ville, l’ayant transformé en prison urbaine à ciel ouvert. Une trappe sous le mur permet notamment d’alimenter la ville en eau, et apparemment l’Etat israélien, qui en a l’entier contrôle, s’amuse parfois durant l’été à couper l’eau sans sommation. Comment dans de telles conditions demander aux habitants de Qalqilya de rester calme et d’accepter leur sort de « prisonniers » ?

A Hebron également, la réalité de la colonisation israélienne est absolument terrible, avec des colons israéliens particulièrement fanatisés qui harcèlent les Palestiniens habitant la ville, sous le regard bienveillant de l’armée israélienne. On peut y voir des dizaines de magasins fermés avec des appels placardés dessus et signés de rabbins extrémistes réclamant le maximum de meurtres de Palestiniens. Nous y avons passé plusieurs heures, le mardi 13 novembre, manifestant notamment aux cris de « free Palestine », sous l’oeil méfiant de soldats israéliens. Nous y retournons le jeudi 15 novembre pour passer l’après midi avec un habitant d’Hebron dont les voisins colons sont particulièrement fanatisés. Ceux-ci, en plus de grignoter petit à petit son jardin, sont déjà rentrés plusieurs fois chez lui armés, effrayant sa femme, pauvre dame qui deux fois enceinte a fait deux fausses couches à cause de ces malades. Notre hôte, qui nous fait visiter sa maison, nous explique qu’il ne peut jamais s’éloigner plus de deux heures de chez lui, au risque sinon de retrouver sa maison occupée à son retour. Et cela fait plus de 20 ans que ça dure ! Cet homme paraît d’une patience et d’un courage absolument phénoménaux. Son cas a été plusieurs fois médiatisés dans des émissions telles qu’un Oeil sur la Planète sur France 2.

Grillages à HébronGrillages à Hébron

Un des éléments les plus marquants est sans doute le fameux mur, qui sépare Israël de la Cisjordanie et qui empiète largement sur le territoire censé être dévolu aux Palestiniens. Nous avons pu consulter des cartes montrant son tracé par rapport aux frontières légales de 1967, et celui-ci est particulièrement scandaleux. Si avant de partir, j’étais déjà assez critique sur le respect par Israël du droit international en la matière, j’en reviens révolté. Non seulement il n’y a vraiment aucun respect des frontières de 1967, mais il y a de plus un véritable accaparement des terres et des ressources naturelles qui a été effectué avec la construction du mur au profit total d’Israël, rendant la possibilité même d’un Etat palestinien viable particulièrement difficile. Il n’y a pas que la division entre la Cisjordanie et Gaza mais également un morcellement progressif du territoire cisjordanien paraissant difficilement compatible avec la possibilité même d’un Etat palestinien viable. Et le processus de colonisation ne fait que s’accélérer.

Mur séparant Israël de la Cisjordanie Mur séparant Israël de la Cisjordanie

Bref, l’avenir semble bien sombre pour les Palestiniens, mais également pour les Israéliens, car ce processus de colonisation fait énormément de dégâts quant à l’image même d’Israël en tant que démocratie. J’ai pu ressentir également que de l’autre côté du mur, beaucoup de citoyens israéliens ne se rendaient pas forcément compte de la réalité de la vie quotidienne du citoyen palestinien confronté aux checkpoints, au harcèlement de certains soldats de Tsahal, et surtout aux difficultés économiques à pouvoir vivre sur un territoire morcelé avec des possibilités de déplacement extrêmement restreintes. Je crois comprendre également maintenant un peu mieux un certain point de vue israélien, qui, après les traumatismes de l’histoire, a voulu disposer de son propre Etat et se méfie beaucoup de la communauté internationale. Mais justement, les leçons de l’histoire devraient nous apprendre à vouloir briser les murs et non pas à en ériger. La campagne « des ponts pas des murs » prend une dimension toute particulière là-bas.

Mais il y a tout de même des éléments positifs. Nous avons pu rencontrer sur place essentiellement des militants de la Palestine libre, associatifs et activistes pacifistes, pas forcément membres du Fatah ou du FPLP, tous résolus à disposer d’un territoire indépendant et ne remettant pas en cause l’existence d’Israël ni le droit à sa sécurité, mais le comportement de l’actuel gouvernement Netanyahou allié à l’extrême droite, favorisant l’implantation de colonies et rendant illusoire toute possibilité même de paix. Il est vrai qu’il semble bien illusoire de mettre autour d’une table de négociations sur un pied d’égalité colons et colonisés, agresseurs et agressés, pour leur demander de faire la paix. Ce mur est le symbole même de l’impossibilité d’une paix viable et durable. Nous avons pu participer à plusieurs marches pacifistes contre les colonies, mais tout d’un coup, mercredi 14 novembre, l’ambiance a commencé à chauffer avec l’assassinat ciblé par Tsahal du chef militaire du Hamas à Gaza.

Malgré le discours de nombre de médias français, il est difficile de ne pas voir dans cette escalade de la violence une opération électorale du côté de Netanyahou pour rester au centre du jeu en vue des prochaines législatives israéliennes, tout comme une réponse guerrière à la tentative diplomatique de Mahmud Abbas, le président palestinien, de faire reconnaître la Palestine à l’ONU le 29 novembre prochain. Que des civils palestiniens et israéliens en payent le prix de leur vie, comme cette famille palestinienne de neuf personnes tuées dans un bombardement, ou encore un bébé de 18 mois, est particulièrement immonde.

Nous sommes donc repartis de l’aéroport de Tel Aviv vendredi soir alors que des rumeurs circulaient côté palestinien sur le fait que deux roquettes auraient touché l’aéroport de Tel Aviv. Heureusement pour notre sécurité, il n’en était rien.

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Checkpoint à Hebron

Pour l’instant, la première conclusion que je retire de ce voyage particulièrement éprouvant d’un point de vue moral, c’est qu’il ne s’agit pas de montrer du doigt une des parties en présence, en l’occurrence plutôt Israël qui colonise sans vergogne, ou d’instrumentaliser sans cesse le conflit israélo-palestinien dans un but géopolitique sans égard pour les civils israéliens et palestiniens qui sont les seules victimes de ce conflit sans fin, mais de mettre la communauté internationale devant son immense responsabilité: même pas être capable de faire appliquer une résolution onusienne sur les dizaines qui existent en la matière, de faire cesser la colonisation ou encore d’obliger Israël à abattre ce mur indigne. S’il avait été érigé uniquement pour des questions de sécurité, le tracé de ce mur aurait été très différent.

Il faut arrêter de jouer les naïfs en la matière et de regarder ailleurs quand un Etat bafoue le droit international, au prétexte d’une culpabilité vis-à-vis de l’histoire. Ou pire, de rehausser des accords d’association comme vient de le faire l’Union européenne avec Israël, offrant un blanc seing à l’actuel gouvernement israélien au lieu de taper du poing sur la table. La communauté internationale pourra comme cela avoir une double responsabilité culpabilisante, vis-à-vis des Israéliens et des Palestiniens. Double échec quoi.

La deuxième conclusion claire que je tire de ce voyage: il ne s’agit nullement d’un conflit ethnique, religieux ou culturel, mais bien d’un conflit territorial, avec bataille pour les ressources et l’accaparement des terres, à l’unique profit d’Israël pour le moment, et ce depuis 1967. En ce sens, il concerne en premier chef les écologistes, qui se battent pour un partage équitable des ressources partout sur la planète. Les Palestiniens, comme les paysans indiens et tous les autres, ne doivent pas être les victimes d’un processus de développement réclamant toujours plus de ressources pour quelques uns au détriment du plus grand nombre. La montée du fanatisme religieux dans la Bande de Gaza par exemple n’est qu’une conséquence de ce conflit territorial qui fait éprouver à la plupart des Palestiniens un immense sentiment d’injustice vis-à-vis de la communauté internationale. Pourtant beaucoup font encore le jeu du droit parmi eux. La preuve avec la tentative de reconnaissance de la Palestine à l’ONU. D’où l’importance pour la France de la soutenir pour tenter de faire taire les roquettes et les canons. Il faut également sans cesse écarter les procès d’intention en antisémitisme ou en islamophobie qui sont brandis à chaque fois que l’on se mêle de ce conflit, paravents bien commodes à l’inconséquence des uns et des autres.

Malheureusement, ni la France ni l’Union européenne ne se décident à dire haut et fort que l’actuelle politique israélienne doit être sanctionnée et ne se donnent les moyens de pression suffisants pour que le droit international s’applique. Nous savons tous que la loi du plus fort prime dans ce conflit et qu’elle a supplanté depuis longtemps le devoir de la communauté internationale d’exiger, sous peine de sanctions, le respect du droit international. Il ne faut pas non plus continuer à attendre de la part des Etats-Unis une politique autre qu’un appui inconditionnel à Israël, quels que soient ses choix politiques. Pendant les deux premières années de son mandat, Barack Obama avait essayé d’obtenir le « gel des colonies», sans succès. L’intransigeance du gouvernement israélien de Benyamin Netanyhou, allié de Lieberman, a eu raison de cette exigence et de toutes les promesses faites lors de son fameux discours du Caire.

Comment ne pas voir également que la récente visite en France de Monsieur Netanyahou fin octobre a été une occasion manquée pour la France d’affirmer d’avantage ses valeurs et ses principes en matière de respect du droit international ? Comment accepter que le premier ministre israélien puisse affirmer et se vanter, en pleine campagne électorale, que les convergences de vue avec la France aient alors dépassé ses espérances ?

Le 29 novembre prochain, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a confirmé qu’il présenterait à l’Assemblée Générale des Nations Unies la demande de reconnaissance d’un statut d‘ « Etat non membre » pour la Palestine. Il faut éviter que les pressions israéliennes et américaines cherchant à faire échouer cette initiative soient acceptées par la France et ses partenaires européens.

Ainsi, quelle sera la position de la France ? Va-t-elle enfin cesser ses tergiversations pour parler d’une voix ferme et claire en faveur de la reconnaissance d’un Etat palestinien viable et doté de tous les attributs de la souveraineté aux cotés de l’Etat israélien? Il s’agit du 59e engagement du candidat Hollande devenu Président de la République française.

Laurent Fabius a déclaré dimanche dernier depuis Jérusalem qu’il était nécessaire d’évaluer si cette initiative sert la « paix ». Mais cette initiative est politique et de droit. La France et l’Union européenne doivent cesser de se dérober sans cesse au nom de la « sécurité d’Israël ». Au nom de cette sécurité, il faut justement reconnaître l’Etat de Palestine. Il faut reconnaître la Palestine comme une première étape pour faire avancer une résolution pacifique du conflit, comme la communauté internationale a su reconnaitre en 1949 unilatéralement l’Etat d’Israël. Il n’y a pas un Etat en trop au Proche Orient, en l’occurrence Israël, comme le pense encore certains, dont le Hamas. Mais il est clair qu’il manque un Etat, celui de la Palestine.

Benjamin Joyeux

Pour aller plus loin :

Interpellation de Catherine Ashton par Dany Cohn-Bendit au Parlement européen :

https://www.youtube.com/watch?v=JW7dYBverT8

Tribune de la sénatrice EELV Esther Benbassa:

http://www.huffingtonpost.fr/esther-benbassa/etat-palestine-israel_b_2156804.html?utm_hp_ref=france

Tribune dans Libération des eurodéputés EELV:

http://www.liberation.fr/monde/2012/11/19/pour-le-nouvel-etat-de-palestine_861255

 

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Eva Joly répond à la Plateforme des ONG Françaises pour la Palestine https://transnationale.eelv.fr/2012/04/05/eva-joly-repond-a-la-plateforme-des-ong-francaises-pour-la-palestine/ Thu, 05 Apr 2012 00:22:19 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3940 Lire la suite]]> Note publiée le

1-Reconnaitrez-vous de manière bilatérale l’État de Palestine ?

Aujourd’hui, plus de 120 Etats ont reconnu la Palestine comme Etat à part entière. Parmi eux, figurent huit1 Etats Membres de l’Union européenne qui avaient réagi positivement à la déclaration d’indépendance de la Palestine du 15 novembre 1988. L’accord conclu entre le Parti Socialiste et EELV stipule que la République française reconnaîtra l’Etat de Palestine et défendra le droit de l’Etat d’Israël à vivre en sécurité. Cet engagement, je le fais mien, il est dans le droit fil de toutes les résolutions des Nations Unies sur la question.

 

2-Soutiendrez-vous l’entrée de plein droit de l’État palestinien aux Nations Unies ?

Cette demande est légitime. La question de la reconnaissance de l’Etat palestinien n’est pas un élément nouveau. Elle a déjà été évoquée à de nombreuses reprises : à la fin de la période intérimaire prévue par les Accords d’Oslo dans la Déclaration de Berlin de 1999, par la feuille de route pour la Paix adoptée par le Quartette en 2003 qui appelait à la création en 2005 d’un Etat palestinien indépendant. La Conférence internationale d’Annapolis en 2007 évoquait la création d’un Etat palestinien dans un délai de un an. Toutes ces promesses n’ont jamais été tenues.

Je pense que la demande de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de devenir le 194e état des Nations Unies de plein droit arrive après de longues années de négociations infructueuses et un processus de paix au point mort. De plus, cette demande coïncide avec deux évènements importants : d’une part l’aboutissement d’un processus politique interne à la Palestine ; d’autre part avec des échéances fixées par la Communauté internationale: la fin de la période d’un an prévue par le Quartet pour les négociations de paix et l’anniversaire de la déclaration de Barack Obama prononcée devant l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2010 évoquant son souhait d’accueillir en 2011 « un Etat de Palestine indépendant, vivant en paix avec Israël ».

Les résultats du processus politique interne, c’est-à-dire, la construction des institutions du futur Etat palestinien tel que prévu dans le plan « Palestine fin de l’occupation, établissement d’un Etat » lancé en aout 2009 et la signature d’un accord de réconciliation intra-palestinien représentent pour moi des facteurs décisifs plaidant en faveur de la reconnaissance d’un Etat palestinien indépendant. A ce titre, il faut rappeler que lors de sa conférence du 13 avril dernier, le Comité de liaison Ad Hoc des donateurs a reconnu, sur la base des rapports de l’ONU, de la Banque mondiale et du FMI, que les Palestiniens avaient dépassé le seuil d’un Etat fonctionnel dans les secteurs clefs et que « les institutions palestiniennes soutenaient désormais avantageusement la comparaison avec celles des Etats qui existent ». En cela, le futur Etat palestinien remplit formellement toutes les conditions requises juridiquement pour solliciter sa reconnaissance auprès de la plus haute instance internationale.

Par ailleurs, la signature le 3 mars 2011 d’un accord de réconciliation entre les mouvements du Fatah et du Hamas met fin à une division à la fois du territoire et du peuple palestinien qui fragilisait et affaiblissait les velléités de l’Autorité palestinienne et ouvre ainsi une nouvelle voie aux Palestiniens.

Outre les questions d’ordre sécuritaire, qui ont toute leur importance dans ce processus de réconciliation (construire dans la durée des services de sécurité professionnels et apolitiques), cet accord prévoit notamment la formation d’un gouvernement d’unité nationale formé d’indépendants suivie par des élections à tous les niveaux organisées dans un délai raisonnable.

J’agirai donc pour que la France se prononce positivement au sein du Conseil de sécurité pour la reconnaissance de plein droit de l’Etat Palestinien. La position abstentionniste prise par la France à la dernière réunion du Conseil de Sécurité n’est pas cohérente ni avec la politique affichée par le Président de la République ni avec le droit international qu’elle devrait contribuer à mettre en œuvre.

 

3-Quelles mesures restrictives comptez-vous mettre en place en ce qui concerne l’importation de produits des colonies importés en France et dans le reste de l’Union européenne, êtes-vous prêts à les interdire ?

-Quelles mesures comptez-vous prendre pour dissuader les entreprises françaises et européennes impliquées dans la colonisation israélienne ?

Je considère qu’il est du devoir de chaque pays de respecter ses engagements en matière de droit international et de rappeler à un pays tiers et, en l’occurrence à Israël, l’ensemble de ses engagements en matière de droit international, de droits de l’homme et de droit international humanitaire.

Comme vous le savez, l’accord d’association France-Israel est un cas concret qui constitue un lévier légal pour rappeler Israel à ses obligations et l’Union Européenne à ses devoirs.En effet, l’article 83 et le protocole 4 de cet accord définissent l’application juridique de l’accord pour Israël dans ses frontières de 1967. Or, dans sa mise en œuvre, Israël considère les colonies comme partie intégrante de son territoire et applique aux colonies l’accord d’association. Le cas qui illustre au mieux ce phénomène est celui de l’exportation de produits en provenance des colonies, sous label israélien, dans le but de bénéficier de réduction ou d’exemption de droits de douane à l’entrée des Etats de l’Union.

Si généralement l’Union condamne dans ses déclarations les violations du droit international commises par Israël dans le cadre du conflit, elle ne tire aucune conséquence juridique concernant par exemple sa non mise en œuvre de l’article 2 de l’accord d’association. Le groupe Vert du parlement européen dans la mandature antérieure s’est prononcé pour un gel de l’accord d’association tant qu’Israël ne respecte pas les engagements pris.

Je m’engage à interpeller la Commission pour infraction au droit communautaire et inaction dans ce domaine et les Etats membres pour non-application des dispositions de l’accord d’association en matière de droits de douane. En France, je m’engage également à renforcer les contrôles douaniers, puisqu’ils s’exercent au niveau national, sur les produits provenant d’Israël. D’ailleurs je fais miennes l’ensemble des recommendations du rapport des Consuls européens à Jerusalem en 2011.

Je me prononcerai pour que la promotion des droits de l’homme, considérée comme un des objectifs de l’Union, soit appliquée à la lettre dans toutes les politiques de l’Union, y compris dans sa politique commerciale. Les produits issus des colonies devraient par conséquent ne pas être exportables sur le marché européen.

Par ailleurs, les violations des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés constituent une violation de l’article 2 de l’accord d’association. Une procédure pour non-respect de la clause devrait de fait être initiée par la Commission européenne, gardienne des Traités, ou conformément à l’article 79 de l’accord, par le Conseil qui, en tant que partie à l’accord, peut si l’autre partie « n’a pas satisfait à une obligation découlant du présent accord, prendre les mesures appropriées ». Cependant, force est de constater l’inaction de la Commission. Celle-ci pourrait faire l’objet d’un recours en carence devant la CJCE, recours qui sanctionne le défaut d’action d’une institution. C’est le rôle que je conçois du président de la république française, dans son action à l’échelle européenne et internationale.

A mon avis la campagne citoyenne menée en France et dans d’autres pays européens contre les entreprises qui travaillent dans les colonies est juste. Veolia et Alsthom par exemple participent à la construction et à la gestion du tramway qui relie Jérusalem et certaines colonies. Cette construction progresse sur un territoire en dehors de toute légalité. Elle viole non seulement la Convention de Genève, mais également les résolutions du Conseil de sécurité qui s’est prononcées contre l’annexion des territoires palestiniens en Cisjordanie.

De la même manière, la lutte contre la cession d’une partie du port de Sète à l’entreprise israélienne Agrexco, qui travaillait dans les colonies, était appuyée par les écologistes et les élus EELV du conseil régional. Aujourd’hui cette entreprise est en liquidation judiciaire et ne viendra pas en France.

Je considère que toutes les campagnes de la société civile pour la moralisation du commerce international sont fondamentales. Elles ont donc mon appui. De même, je soutiens le travail qui est fait par certains parlementaires européens (dont celles et ceux du groupe des Verts/ALE) pour alerter le Conseil et la Commission sur les contrats passés avec une société qui travaille pour maintenir la colonisation et assure en même temps la sécurité des bâtiments du Parlement européen à Bruxelles.

Je m’engage à faire en sorte que les entreprises qui participent aux activités de colonisation ne puissent pas avoir de contrats avec l’Etat français et à veiller à ce que ceci soit vrai également au sein de l’Union Européenne. Ainsi,  le cas de l’entreprise G4s, qui assure la sécurité dans les check points et celle des bâtiments du parlement européen à Bruxelles, est inacceptable. Après la campagne d’opinion et l’intervention de parlementaires européens et du groupe vert/ALE auprès du président Buzek, la société G4s s’est engagée à cesser ses activités dans les colonies.

 

 

4-Etablirez-vous une transparence dans la coopération militaire entre la France et Israël, et un moratoire tant qu’elle ne sera pas établie ?

Les écologistes se prononcent résolument pour une politique cohérente qui mette en accord les déclarations et les actes. On ne peut pas se prononcer contre la politique de colonisation de la Cisjordanie et contre le blocus de Gaza, et continuer à aider l’économie d’Israël. On ne peut pas se déclarer pour des négociations en vue d’une paix dans la région et continuer à vendre des armes à Israël (qui possède déjà une des armées les plus puissantes du monde).

Les écologistes que je représente sont favorables d’une manière générale à une régulation et une moralisation du secteur de l’armement et de la coopération militaire. Il s’agira, pour ma part, de renforcer le contrôle des ventes d’armes par la représentation nationale et de rendre l’information plus transparente dans la coopération militaire. Les armes françaises ne doivent plus servir à faire la guerre dans d’autres régions du monde.

Ces principes de régulation, de transparence et de débat démocratique en matière militaire seront mes objectifs. Ceci vaut pour la coopération militaire avec Israël comme avec les autres pays du monde.

Par ailleurs, je suis pour une reconversion à terme de l’industrie d’armement conventionnel et nucléaire et ceci dans le cadre national et je souhaite l’impulser aux niveaux européen et mondial.

 

 

5-Que comptez-vous faire pour la levée du blocus de Gaza ?

6-Comment contraindrez-vous Israël à cesser de détruire les infrastructures palestiniennes largement financées par l’aide internationale et à verser des compensations pour toutes celles qui ont été détruites ?

Je considère que le blocus de Gaza est une impardonnable injustice envers la population civile. A mon retour d’une mission à Gaza en 2011, j’ai eu l’occasion de m’adresser à Lady Ashton, Haute Représentante de l’UE pour les Affaires étrangères en session plénière du Parlement européen pour lui dire que  « …nous ne pouvons plus nous contenter de reconstruire inlassablement les bâtiments. Nous devons construire la paix. Et nous devons le faire maintenant. »

En tant que candidate et citoyenne,  je pense qu’une politique purement humanitaire vis à vis de la population palestinienne n’est guère suffisante. Elle est certes d’une extrême urgence mais elle ne fait que pallier les dégâts de l’occupation et de la guerre. Nous ne pouvons plus continuer simplement à assister une population qui souffre, financer des infrastructures pour améliorer les conditions de vie et laisser se perpétuer l’enfermement terrestre, maritime et aérien de toute une population civile. Le contrôle de nappes aurifères est par ailleurs inacceptable, laissant la population gazaouis rationnée en eau de façon très insuffisante.

Le temps presse. Comme candidate EELV, je mettrai en œuvre tous les instruments juridiques dont nous disposons pour le respect de toutes les dispositions prises par l’Union européenne afin d’obtenir que toutes les déclarations soient enfin suivies d’actes.

Je considère qu’au sein de l’Union européenne comme en France, la cohérence des politiques est une priorité. L’UE est un très grand partenaire commercial d’Israël et l’accord d’association Israël-UE un levier politique et économique pour faire bouger les lignes. Toutes les dispositions de l’accord doivent être respectées. Les droits de l’homme ne doivent pas être laissés de côté au profit des droits de l’homme d’affaires.

Au nom de la France, je demanderai la suspension de l’accord d’association tant qu’Israël ne respecte pas le droit international et la IVe convention de Genève. Ceci est valable pour exiger la levée du blocus comme pour l’arrêt de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem –Est.

En espérant avoir répondu à vos interrogations, je vous prie d’agréer mes sincères salutations.

 

Eva Joly

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