Asie – Commission Transnationale https://transnationale.eelv.fr Un site utilisant Réseau Europe Ecologie Les Verts Wed, 04 Apr 2018 15:09:09 +0000 fr-FR hourly 1 Le Président Macron en Chine … La mondialisation “gagnant-gagnant” à quel prix ? https://transnationale.eelv.fr/2018/01/15/le-president-macron-en-chine-la-mondialisation-gagnant-gagnant-a-quel-prix/ Mon, 15 Jan 2018 09:23:30 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4267 Lire la suite]]>

Europe Écologie Les Verts regrette que le gouvernement ait de toute évidence fait passer les accords commerciaux avant l’environnement et les droits humains, alors que la visite présidentielle en Chine s’est achevée le 10 janvier. L’exemple le plus frappant en est la promesse de vente d’une usine de « retraitement » de combustible nucléaire : un projet dangereux et polluant puisqu’il sera source de pollution chimique et radioactive. Ce projet est contesté au sein même de la population chinoise, ce qui explique sûrement pourquoi le gouvernement chinois souhaite pour l’instant garder le site du lieu secret. En effet, en 2016 déjà, la population avait manifesté contre l’implantation d’une telle usine à Lianyungang.

La Chine a par ailleurs entre autres commandé 184 Airbus A320 et s’est engagée à lever dans les six mois l’embargo sur la viande bovine française … Voilà qui ne semble pas réellement mettre les enjeux climatiques au cœur des négociations alors qu’Emmanuel Macron déclarait vouloir “relancer la bataille climatique” avec Pékin.

A l’occasion d’une conférence de presse, le Président a également assuré que le trésor de la Chine était son “milliard d’individus libres de penser, de créer et d’inventer”. Voilà qui doit faire grincer des dents Madame Liu Xia, la veuve du prix Nobel de la paix Liu Xiaobo décédé l’an dernier, qui reste de facto assignée à résidence sans avoir jamais été poursuivie officiellement. Et quid de la répression à l’égard des ouïghours du Xinjiang et de l’assimilation culturelle par la force dans les zones à population tibétaine ? Du maintien de la peine de mort ? De la censure de la presse et en ligne ? Des emprisonnements “secrets” de militant-e-s des droits humains?

Les routes de la soie, projet colossal prévoyant la construction de routes, de ports, de lignes de chemin de fer et de parcs industriels dans 65 pays, qui s’élève à plus de 1 000 milliards de dollars d’investissements, constitue sans doute un des plus important dossier en matière de relations internationales des années à venir. Mais justifie-t-il la mise au ban de nos valeurs ?

Alors qu’Emmanuel Macron ait appelé à ce que le projet des routes de la soie se fassent “ dans le cadre d’un partenariat équilibré où les règles de financement correspondent à nos standards et à ce que nous recherchons ensemble”, les écologistes rappellent que ce serait indigne et contraire à ses promesses de campagne, de réduire ce partenariat à des critères uniquement commerciaux.

Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux

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Urgence en Birmanie: stopper le massacre des Rohingyas https://transnationale.eelv.fr/2017/10/16/urgence-en-birmanie-stopper-le-massacre-des-rohingyas/ Mon, 16 Oct 2017 12:22:47 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4246 Lire la suite]]> La minorité Rohingya est l’une des plus persécutées au monde selon les Nations-Unies. La situation actuelle atteint un tel paroxysme qu’elle a poussé le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits humains à la qualifier le 11 septembre de « nettoyage ethnique ».

Depuis le 25 août, un pic de violence a poussé à l’exil près de 294 000 Rohingyas, ce qui porte le nombre de réfugiés au Bangladesh à près de 700 000. Le nombre de déplacés internes, se comptant en centaines de milliers reste flou. Mais au Bangladesh comme en Birmanie, se pose la question des conditions de vie dans les camps de réfugiés, que même le Haut-Commissariat aux réfugiés n’arrive plus à gérer. Outre les campagnes de violence systématiques, les Rohingyas se trouvent privés de leur liberté de mouvement, de l’accès aux soins, à l’éducation ou encore au marché du travail.

L’attitude de Aung Saan Suu Kyi a surpris les organisations des droits humains, qualifiant tantôt les exactions décrites « d’iceberg de désinformation » et tantôt omettant de faire une distinction entre la population civile Rohingyas et ceux ayant perpétrés des attaques armées à l’encontre des forces birmanes.

Aung Saan Suu Kyi, à la tête de l’État birman, semble tenue par les militaires qui détiennent 25% des sièges du parlement birman d’un côté et par la pression des religieux de l’autre, incarne bien peu son statut de prix Nobel de la Paix.

Facteur aggravant : en coulisses la défense d’intérêts économiques agite la situation, le gouvernement  birman voulant rendre la zone de l’état de l’Arakan attractive pour les investisseurs étrangers (minerais, cultures industrielles, etc.), semble vouloir vider ces terres de leurs populations.

Europe Écologie Les Verts appelle la communauté internationale à faire pression sur le pays à travers les Nations-Unies, voire par le vote d’une résolution condamnant la Birmanie au Conseil de sécurité qui se réunit aujourd’hui.  L’embargo sur les armes reste  insuffisant pour exercer une réelle pression économique sur le régime.

Pour les écologistes, il est du devoir de Aung Saan Suu Kyi de dénoncer ouvertement les exactions commises à l’encontre des Rohingyas et d’utiliser les outils pacifiques de la communauté internationale et la légitimité que lui confère le prix Nobel de la paix pour y mettre un terme.

Il est urgent que le gouvernement birman autorise les experts de la mission internationale indépendante, mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, à se rendre sur place.

Le gouvernement birman s’était engagé à respecter et à mettre en place les recommandations du rapport Kofi Annan qui rappelle notamment le droit des Rohingyas à la citoyenneté birmane sur le même plan d’égalité que les autres communautés alors qu’ils en sont exclus par la loi birmane sur la citoyenneté depuis 1982. Cela permettra de mettre fin à la violence entre communautés et assurera un retour pacifique et sécurisé des Rohingyas sur leurs terres.

Europe Écologie Les Verts demande à la Commission européenne de suspendre les négociations sur l’accord de protection des investissements européens en cours entre la Birmanie et l’Union européenne. Il est intolérable que les intérêts économiques de certains priment sur les droits humains d’autres.

Dans ce sens, les écologistes soutiennent l’appel à la manifestation appelée par Human Rights Mission et du Collectif Hameb pour sensibiliser au sort des Rohingyas et dénoncer les exactions dont elles et ils sont victimes. Europe Écologie Les Verts appelle à se joindre à cette manifestation qui aura lieu le 16 septembre à 14h à Paris, place du Trocadéro.

Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux

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L’Inde Modi https://transnationale.eelv.fr/2014/08/29/linde-modi/ Fri, 29 Aug 2014 10:45:09 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3847 Lire la suite]]> Par Benjamin Joyeux

disponible sur le blog Médiapart

Voilà une nouvelle qui ravira notre belle France, si fière de ses remaniements ministériels, de son camembert et de ses exportations d’armes : l’Inde est LE nouvel eldorado pour les entreprises de défense françaises. Ce sont Les Echos qui le disent. Alors, cocorico ? Tu parles Charles ! Si nos dirigeants politiques, actuellement « de gauche » il paraît (comme Emmanuel Macron ou Laurent Fabius – « je me marre… » comme disait Coluche) étaient capables de voir un peu plus loin que le bout de leur « croissance », ils ne devraient pourtant vraiment pas se réjouir trop vite. Mais bon, la « croissance » étant l’horizon indépassable de leur imaginaire énarchiste (pourtant un enfant de cinq ans, qui par définition n’a pas encore fait l’ENA, comprend très bien lui qu’une croissance infinie sur une planète aux ressources finies, c’est débile!), il convient d’applaudir avec eux (et avec Dassault, DCNS, Nexter, Safran, Thales et j’en passe) des deux mains lorsque la France devient le 3e fournisseur officiel de machines à tuer du Sous Continent, juste après les Etats-Unis et la Russie. Sauf que, sauf qu’en dehors du fait, compréhensible également par un enfant de cinq ans mais pas par un énarque ou un journaliste des Echos, que se réjouir lorsque l’on vend des armes, c’est idiot, le profil du nouvel homme fort indien, qui va pouvoir faire joujou à la guéguerre avec toutes ces nouvelles machines achetées à l’étranger, n’a vraiment pas de quoi rassurer. Mais attention, pas de procès d’intention ni de mauvais esprit, non… juste quelques rappels pour un rapide voyage au sein de l’Inde Modi :

Narendra Modi est le Premier Ministre, donc le véritable chef d’après la Constitution indienne, de la « plus grande démocratie du monde » depuis mai dernier. Celui-ci a en effet remporté haut la main les élections avec le BJP (Bharatiya Janata Party) face au vieux parti du Congrès noyé dans ses accusations de corruption et dans la lassitude provoquée par les affres perpétuelles de la dynastie Nehru-Gandhi1. Lors de ces législatives, qui se sont déroulées du 7 avril au 12 mai 2014, le Congrès, dont la campagne était dirigée par Rahul Gandhi, a réalisé le pire résultat de son histoire avec seulement 59 sièges obtenus sur les 543 que compte la Lok Sabha, l’assemblée nationale indienne, tandis que la liste dirigée par Modi se taillait la part du lion avec 336 sièges. Victoire nette et sans bavure donc, obtenue par les urnes et incontestable selon toutes les normes chères à nos démocraties représentatives.

Mais qui est vraiment le nouvel homme fort indien ? Lui dont le passé sulfureux ne cessait d’inquiéter un certain nombre de diplomates et de chancelleries à travers le globe, interloqués par le profil peu consensuel du futur Premier ministre indien, n’a eu de cesse pendant sa campagne de rassurer sur sa personnalité et son programme : non Narendra Modi n’allait pas mettre l’Inde à feu et à sang en poussant à la confrontation les différentes communautés indiennes. Non Modi n’était pas l’homme de L’Hindutva et de la suprématie hindou contre les musulmans et les autres minorités religieuses du Sous Continent. Non Modi n’était pas le politicien en grande partie responsable des émeutes sanglantes du Gujarat en 2002.

Narendra Modi, c’est l’homme du peuple, parti de tout en bas pour se hisser sur la plus haute marche du pouvoir indien, c’est l’homme de la success story économique du Gujarat (ministre en chef de cet état entre 2001 et 2014), c’est l’homme charismatique qui va de nouveau faire briller l’ensemble de l’Inde après avoir fait vibrer le Gujarat, bref c’est l’homme de la croissance, et ça, ça doit bien faire vibrer d’envie notre Président « socialiste » français, son Premier ministre, son ministre des Affaires étrangères, son nouveau ministre rothschildien de l’austérité, et tout ce que la France compte d’obsédés de la croissance. Bah oui, l’Inde c’est une croissance qui se situe entre 7 et 9 % depuis le début des années 2000 et qui a continué à 8 % malgré la crise en 2008. Les économistes indiens tiraient la sonnette d’alarme au début de cette année parce qu’elle atteignait alors à peine… 5 %. On comprend donc qu’elle fasse baver d’envie nos énarchistes français. Et il est estimé que dans les années à venir, l’Inde dépensera plus de 80 milliards de dollars pour sa Défense. Bref, Modi est notre nouvel ami. Celui qui dit le contraire n’est pas « de gauche » d’abord, c’est Manuel qui le dit, ou le dira bientôt. Et Modi est vraiment du peuple. Il est né dans une famille d’épiciers de Vadnagar, vend durant son adolescence du thé dans une gare routière, puis travaille ensuite dans une cantine d’une entreprise de camions avant de faire ses premières armes politiques au sein du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS).

Le RSS, quezaco ? C’est un sympathique groupe nationaliste hindou de droite et paramilitaire. Bon, Nathuram Godse, le fou qui a tué Gandhi (le vrai celui-là, le Mahatma, la « grande âme) était issu du RSS, mais bon. A l’instar de Marine Le Pen, Modi n’est pas responsable de toutes les erreurs de jeunesse de son mouvement n’est-ce pas ? (J’essaye de penser comme un beauf indien qui a voté Modi). Il obtient un master de science politique à l’université du Gujarat. En 2001, il devient donc après des années de militance et sa participation à la création du BJP dans l’état du Gujarat, ministre en chef de cet état. Pas de chance, dès le 27 février 2002, un train transportant de nombreux pèlerins hindous est mis en feu près de Godhra, tuant 58 personnes. À la suite de rumeurs selon lesquelles l’attaque du train aurait été perpétrée par des musulmans, une vague de violence anti-musulmans se répand à travers le Gujarat, faisant près de 2 000 morts et plusieurs milliers de blessés. Les autorités de l’état sont accusées de ne rien faire pour faire cesser les violences, et Modi jette de l’huile sur le feu (façon de parler) en faisant déplacer les corps brûlés des pèlerins à Ahmedabad (capitale du Gujarat). Après ces violences communautaires, des appels s’élèvent, y compris parmi les alliés du BJP, pour demander la démission de Narendra Modi. Celui-ci démissionne et l’Assemblée législative du Gujarat est dissoute. Mais durant la campagne qui s’en suit, il est réélu haut la main en adoptant une réthorique anti-musulmane. Celle-ci se transformera en réthorique anti-terroriste en 2007. La politique de Modi est alors surtout louée pour avoir permis de faire du Gujarat un lieu attractif d’investissement et de réduction de la corruption. C’est de cette image de bon gestionnaire qu’il va jouer à fond pour réussir à devenir Premier ministre de l’Inde.

Sauf que, derrière la façade, se dissimule une réalité toute autre : le Gujarat est encore classé aujourd’hui 13e en Inde pour son taux de pauvreté et 21e pour son éducation, avec 23 % des enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition, chiffre jugé « alarmant ». Christophe Jaffrelot relève que le développement du Gujarat a été limité aux classes urbaines moyennes, alors que les zones rurales et les basses castes ont été marginalisés. Sous Modi, le nombre de familles sous le seuil de pauvreté a augmenté, particulièrement chez les Adivasis et les Dalits. Modi a même eu droit aux critiques du Pape indien de l’économie, Amartya Sen, qui a déclaré à propos du Gujarat : « les résultats en terme d’éducation et de santé sont assez mauvais ». Bref, sous le vernis qui brille se cache la réalité sociale moins rose de l’état du Gujarat, tout comme Modi dissimule sous son image progressiste de bon gestionnaire un idéologue ultra-réactionnaire.

En tous cas, l’Inde de Modi est bien partie pour ne guère briller en termes d’écologie. C’est ce que nous apprend le journaliste Julien Bouissou dans un article du Monde daté du 20 août dernier. Au nom de la croissance et de la relance des investissements et afin de faciliter la construction d’infrastructures et l’implantation de sites industriels, Narendra Modi a décidé d’assouplir très fortement les règles indiennes de protection de l’environnement. 140 projets viennent d’être autorisés d’un coup, du jamais vu jusqu’alors. Pour Himanshu Thakkar, militant du Réseau des rivières, des barrages et des populations en Asie du Sud, cité dans l’article : « Les inconditionnels de la croissance l’ont emporté. Ce que le gouvernement ne comprend pas, c’est qu’en détruisant les ressources naturelles, l’économie va en pâtir un jour ». Tout rapprochement avec un gouvernement « socialiste » français ardent défenseur d’un aéroport, de lignes à grande vitesse ou de tout autre grand projet inutile est bien évidemment fortuit. En gros, Modi met en œuvre son « choc de simplification » à lui en vendant partout à l’étranger « l’Inde qui brille » et en sacrifiant sur l’autel de la croissance et de la compétitivité l’environnement et les générations futures, après s’en être pris aux musulmans indiens, petite minorité de près de 180 millions de personnes.

Photo : MR/Shutterstock
Photo : MR/Shutterstock

Bref, l’Inde Modi a de quoi inquiéter. Mais comment en tenir grief au nouveau Premier ministre indien, puisqu’il ne fait finalement qu’appliquer les recettes de l’immense majorité de ses homologues sur l’ensemble de la planète ? Au nom de la croissance et de la compétitivité, il est de bon ton de sacrifier l’environnement et les générations futures. La France va continuer de vendre des armes, à l’Inde Modi et ailleurs, et il y aura encore des cons pour s’en réjouir et « danser sur le monde en morceaux ». Face à cela, nous aurons bien besoin de milliers de « nouveau Gandhi », à l’instar de Rajagopal P.V.

1. Pour les non initiés à la politique indienne, rien à voir avec le Mahatma. Cétait le nom du gendre de Nehru qui épousa sa fille Indira, Premier ministre « inoubliable » des années 70 et 80.

 

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Transition politique et militaire en Chine https://transnationale.eelv.fr/2013/01/04/transition-politique-et-militaire-en-chine/ Fri, 04 Jan 2013 16:20:17 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3338 Lire la suite]]>

A l’issue du 18ème congrès du Parti Communiste Chinois, de légers signes d’ouverture se font sentir avec l’arrivée au pouvoir de la cinquième génération de dirigeants de la République Populaire de Chine. Parallèlement, Pékin s’affirme en tant que puissance navale majeure.

Le 18ème congrès du Parti Communiste Chinois (PCC) a abouti en novembre 2012 à la formation d’un nouveau Bureau politique de 25 membres, parmi lesquels sept constituent le Comité permanent. Fonctionnant au consensus, ce dernier est le véritable lieu du pouvoir chinois, bien au-dessus des postes ministériels.

Impliquant les 24 membres sortants du Bureau politique ainsi que 10 anciens dirigeants, le processus  de désignation de la nouvelle direction officielle du Parti s’est déroulé dans une opacité quasi complète[i]. La lutte entre les deux principales factions officieuses du PCC, la clique de Shanghai de Jiang Zemin et la Ligue de la jeunesse de Hu Jintao a été féroce[ii], chacune luttant pour placer ses membres à des postes stratégiques, bien que l’appartenance à un camp tienne plus à des allégeances personnelles qu’à des lignes politiques.

La transition est toujours en cours, seule la composition du sommet du Parti ayant été officiellement actée pour le moment. Le nouveau secrétaire général, Xi Jinping, doit ainsi prendre ses fonctions de Président de la République et de Président de la Commission Centrale Militaire en mars 2013, refermant ainsi la page de la conquête du triptyque Parti-Etat-Armée, dont la domination reste entre les mains d’un seul homme, comme le veut le système en vigueur depuis l’avènement de la Chine Nouvelle en 1949.

Cette nomination à la tête de l’Armée était l’un des enjeux du congrès, la précédente transition entre Jiang Zemin et Hu Jintao ayant vu le président sortant garder une influence politique considérable en retardant de presque deux ans la passation de pouvoir complète à son successeur: cédant ses fonctions de secrétaire général en novembre 2002, Jiang n’abandonna en effet son poste de Président de la Commission Centrale Militaire de l’Armée Populaire de Libération qu’en septembre 2004. Laissant les mains libres à la nouvelle administration, Hu a lui choisi de se retirer au plus vite, peut-être en raison de son échec relatif à placer ses protégés dans le nouvel organigramme.

En bon termes avec Hu Jintao mais ayant lancé sa carrière auprès de Jiang Zemin, Xi fait également partie du groupe informel des princes communistes, ces fils de héros de la révolution ayant abouti à la victoire des communistes en 1949. Ayant passé de nombreuses années de travail à la campagne et subit une rééducation politique le forçant à dénoncer son père, le haut dirigeant Xi Zhongxun, lorsque celui-ci tomba en disgrâce avant puis pendant la Révolution culturelle (1966-1976), il a personnellement gouté à la cruauté du régime totalitaire. Xi pourrait aussi avoir reçu de son éducation familiale une connaissance fine des thématiques touchant aux minorités ethniques tibétaines et ouïgoures.

A Pékin pendant plusieurs mois en 1954 (il fut nommé vice-président du Comité permanent de l’Assemblée Nationale Populaire[iii]), le Dalaï Lama fréquenta Xi Zhongxun, chargé des relations avec les responsables religieux tibétains. Ils entretinrent de bonnes relations et Xi père aurait gardé jusqu’à sa mort la volonté de revoir le chef spirituel tibétain[iv]. Dans le cadre des discussions entre Pékin et les émissaires du Dalaï Lama, il rencontra en 1987 le frère de celui-ci, Gyalo Thondup.

En plus de son histoire familiale, Xi Jinping a été remarqué pour des propos qui, restant dans le spectre très restreint du discours officiel chinois, donnaient de légers signes de conciliation envers les Tibétains et les Ouïgoures[v].

En poste depuis un mois, Xi Jinping tranche par son image relativement sympathique et moderne, en rupture totale avec son austère prédécesseur Hu Jintao[vi]. En lançant une campagne anti-corruption, il a déjà fait preuve d’une plus grande exigence de probité envers le Parti. Il faut toutefois prendre le potentiel d’évolution politique intérieure et internationale par le seul fait d’un individu avec beaucoup de prudence. Le précédent Premier ministre, Wen Jiabao avait lui aussi un curriculum très prometteur du à son statut d’ancien collaborateur du secrétaire général réformateur Zhao Ziyang, qui avait, avant d’être placé en résidence surveillée jusqu’à sa mort, tenter d’imposer une solution pacifique au mouvement étudiant de Tiananmen en 1989[vii].

Comme celui de Président, le poste de Premier ministre avait été attribué à Li Keqiang en 2008. L’enjeu principal de ce congrès concernait donc les noms des autres membres du Comité permanent, rétréci cette année de 7 à 9 sièges.

Bien qu’il n’y ait toujours aucune femme parmi les 25 membres du Bureau politique, une évolution du profil-type du haut-dirigeant chinois s’est opérée à l’ occasion du 18ème congrès. La nomination de Li Keqiang au poste de Premier ministre illustre ce changement dans la mesure où ce n’est pas un technocrate (les huit autres membres du précédent Comité permanent était tous des ingénieurs), et il est le premier avocat et le premier doctorant en économie à accéder à l’organe suprême du Parti. Il avait lui aussi donné des signaux de changement de style en mai 2011 lorsqu’il avait failli au protocole et s’était exprimé en anglais à l’occasion un discours à l’université de Hong Kong. Plus significativement, ses récentes rencontres avec les ONG travaillant avec les malades du SIDA laissent espérer une certaine réceptivité aux idées et organisations issues de la société civile, lui dont la carrière avait été marquée par un scandale de sang contaminé dont il avait étouffé la couverture médiatique.

On compte parmi les cinq autres membres du Comité permanent l’ancien chef de la censure, Liu Yunshan ; un diplômé en économie de l’université Kim Il-Sung de Pyongyang, Zhang Dejiang ; un spécialiste des questions financières, chargé de la discipline interne au Parti, Wang Qishan ou encore le très discret Zhang Gaoli, responsable des affaires économiques.[viii]

Une puissance navale qui montre ses muscles

La fin de l’année 2012 a également vu la Chine franchir une étape importante en termes de capacité militaire, avec l’atterrissage réussi d’avions de chasse de fabrication chinoise (J-15) sur le premier porte-avion chinois, le Liaoning[ix], construit à partir d’un navire soviétique acheté en 1998 à l’Ukraine.

Hautement symbolique, cette opération met la Chine à quelques années de posséder un Groupe naval opérationnel. A titre de comparaison, la France dispose également d’un seul porte-avions, alors que  la marine américaine en a 11, dont un basé au Japon.

Malgré ses 120 milliards de dollars de dépenses militaire, la Marine de l’Armée populaire de libération est encore un poids-plume face à des Américains dont le budget militaire est quatre fois supérieur[x] à celui de Pékin. Le rapport de force qui découle de cette domination est particulièrement frappant dans le détroit de Malacca en Asie du Sud-est : 77% des importations chinoises de pétrole brut[xi] transitent par ce passage stratégique contrôlé par les Etats-Unis.

Le contrôle de futures extractions des ressources pétrolières est aussi la cause des tensions en Mer de Chine méridionale et orientale. Au Sud, des accrochages ont régulièrement lieu avec des navires civils et militaires vietnamiens et philippins, ce qui a amené les Etats-Unis à signaler leur présence dans la zone à Pékin, en lançant par exemple des programmes de coopération avec leur ancien ennemi vietnamien.[xii]

A l’Est, l’expansionnisme chinois pour le contrôle des ressources hydrocarbures est exacerbé par le récent retour au pouvoir des conservateurs japonais, dont le nationalisme ne semble pouvoir faire qu’empirer  la crise des iles Diaoyu-Senkaku[xiii].  Le Japon subissant la tentation d’un réarmement, potentiellement inconstitutionnel, notamment en développant un programme navires de porte-hélicoptères de « défense »,[xiv] les perspectives de calme dans les relations sino-japonaises à moyen et long-terme sont faibles.

Arthur Vincent


[i] China’s backroom power brokers block reform candidates, Reuters Beijing, 21 novembre 2012

http://www.scmp.com/news/china/article/1087355/chinas-backroom-power-brokers-block-reform-candidates

[ii] Le Parti communiste, un parti pas si unique, Thomas Baïetto, France TV Info, 15 novembre 2012

 http://www.francetvinfo.fr/chine-le-parti-communiste-un-parti-pas-si-unique_146817.html

[iii] Dragon in the Land of Snows: A History of Modern Tibet Since 1947. Tsering Shakya,  London: Pimlico. 1999

[iv] Chine : le prochain numéro un, prince et fils du peuple, Ursula Gauthier, Nouvel Observateur, 9 octobre 2012

http://gauthier.blogs.nouvelobs.com/archive/2012/10/09/le-prochain-numero-un-chinois-xi-jinping-prince-et-fils-du-p.html

[v] Does China’s next leader have a soft spot for Tibet?

 Benjamin Kang Lim and Frank Jack Daniel, Reuters, 31 aout 2012 http://in.reuters.com/article/2012/08/31/china-tibet-xi-jinping-idINDEE87T0IC20120831 

[vi] Roll back red carpets, Xi tells senior leaders, Reuters in Beijing, 4 décembre 2012

http://www.scmp.com/news/china/article/1097492/xi-demands-fewer-empty-words-less-show-leaders 

[vii] Zhao Ziyang, Mémoires, Un réformateur au sommet de l’Etat. Seuil. 2011

[viii] Seven men who rule a billion, South China Morning Post, 16 novembre 2012

[ix] China’s Liaoning aircraft carrier completes test-landing of jets, Choi Chi-yuk, South China Morning Post (Hong Kong), 26 novembre 2012

http://www.scmp.com/news/china/article/1090817/chinas-liaoning-aircraft-carrier-completes-test-landing-jets

[x] China’s increasing military spending unnerves neighbors, Keith Richburg, Washington Post, 23 octobre 2012

http://articles.washingtonpost.com/2012-10-23/world/35501019_1_chinese-diplomats-luo-yuan-military-growth

[xi] Agence Internationale de l’Energie, février 2011

http://www.iea.org/newsroomandevents/news/2011/february/name,19779,en.html

[xii] Le Pentagone compte sur le Vietnam pour contrer Pékin, Arnaud de La Grange, Le Figaro , 4 juin 2012

http://www.lefigaro.fr/international/2012/06/03/01003-20120603ARTFIG00154-le-pentagone-compte-sur-le-vietnam-pour-contrer-pekin.php

[xiii] Chinese diplomacy in holding pattern before Xi takes over, Terry Ng, South China Morning Post, 24 novembre 2012

http://www.scmp.com/news/china/article/1089543/chinese-diplomacy-holding-pattern-xi-takes-over

[xiv] Chine-Japon : vers une « guerre » des porte-avions ? Edouard Pflimlin Le Monde 25 septembre 2012

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/09/25/chine-japon-vers-une-guerre-des-porte-avions_1765124_3216.html

 

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EELV se réjouit de la victoire historique des paysans sans terre indiens https://transnationale.eelv.fr/2012/10/11/eelv-se-rejouit-de-la-victoire-historique-des-paysans-sans-terre-indiens/ Thu, 11 Oct 2012 14:18:54 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3183 Lire la suite]]> Ce jeudi 11 octobre, la grande marche pour la justice » (Jan Satyagraha), organisée en Inde par le mouvement Ekta Parishad, vient de prendre fin après la signature d’un accord avec le gouvernement fédéral indien. Celui-ci vient d’accepter la majeure partie des demandes du mouvement, et de son leader Rajagopal, pour la mise en place de réformes agraires permettant l’accès à la terre et aux ressources naturelles pour l’ensemble des paysans indiens, plus particulièrement les plus marginalisés (Dalits, Adivasis et autres « Intouchables »). Cette marche de 350 km avait débuté à Gwalior le 3 octobre dernier et devait rallier Delhi 26 jours plus tard.

Pour Europe Ecologie Les Verts, cette victoire constitue une excellente nouvelle pour les sans terre indiens, mais bien au delà pour l’ensemble des petits paysans de la planète dont l’agriculture vivrière est mise en péril par le modèle dominant portée par les grandes firmes multinationales agro-alimentaires et semencières. Par cette décision, le gouvernement indien reconnaît le droit à l’existence de paysans souhaitant tout simplement vivre de leur terre. EELV soutient depuis des années l’action d’Ekta Parishad, et rappelle que Karima Delli, eurodéputée EELV, était présente la semaine dernière à Gwalior et avait pris part au départ de la marche.

Pour Karima Delli : « Nous nous sommes rendus en Inde afin d’exprimer tout notre soutien aux paysans sans terre indiens aux côtés des différentes organisations nationales et internationales, car chaque être humain a droit à une alimentation saine et à un environnement viable. Que ce message porté par Ekta Parishad se voit aujourd’hui officiellement reconnu par le gouvernement fédéral indien est une excellente nouvelle et une grande victoire pour tous les paysans de la planète. Cela vient renforcer l’ensemble des luttes pour l’accès aux ressources à travers le monde.»

Elise LOWY, porte-parole

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EELV soutient la « Jan Satyagraha », marche pour l’accès à la terre et à la justice sociale https://transnationale.eelv.fr/2012/09/24/eelv-soutient-la-jan-satyagraha-marche-pour-lacces-a-la-terre-et-a-la-justice-sociale/ https://transnationale.eelv.fr/2012/09/24/eelv-soutient-la-jan-satyagraha-marche-pour-lacces-a-la-terre-et-a-la-justice-sociale/#comments Mon, 24 Sep 2012 13:11:11 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3167 Lire la suite]]> Motion portée par Karima Delli, eurodéputée, et Benjamin Joyeux, responsable de la commission Transnationale d’EELV, adoptée par le Conseil fédéral d’EELV le 23 septembre 2012:

Le 2 octobre 2012, débutera en Inde la dernière étape de la « Jan Satyagraha », ou « action du peuple pour la vérité », grande marche non violente pour l’accès à la terre et la justice sociale, organisée par le mouvement indien Ekta Parishad.

Cette marche, d’un peu plus de 350 km entre Gwalior (Madhya Pradesh) et Delhi, a l’ambition de rassembler durant près d’un mois plus de 100 000 marcheurs, essentiellement des paysans sans terres indiens, mais également des militants venus du monde entier, afin de converger sur la capitale indienne.

Il s’agit de demander au gouvernement de tenir enfin ses promesses en matière de réforme agraire pour les petits paysans, et plus globalement de mettre à l’agenda international la question fondamentale de l’accès à la terre et aux ressources naturelles. Car la question de l’accaparement des terres est en train de devenir un des enjeux majeurs du 21e siècle.

De larges pans de terres et des ressources naturelles sont réquisitionnés au nom de l’industrialisation et du développement. L’appropriation des forêts et des minerais chasse les habitants de leurs terres ancestrales et détruit les cultures tribales et leurs ressources nourricières. L’extraction de minerais épuise et pollue les sources, ce qui appauvrit l’agriculture et compromet la culture et la survie même des habitants. Les expulsions provoquent des désastres humanitaires, écologiques et culturels qui augmentent la pauvreté à la fois dans les zones rurales et urbaines.

En effet, les populations déplacées vont chercher refuge dans des villes déjà surpeuplées, ce qui crée un cercle vicieux qui ne s’arrêtera que quand le droit à la terre et le droit au logement seront reconnus par les décideurs politiques. Selon l’Institut français des relations internationales (IFRI), plus de 165 000 paysans se sont suicidés en Inde depuis 1997 à cause de cette mécanique infernale.

C’est l’ensemble de ce modèle de développement absurde que s‘évertuent à dénoncer Ekta Parishad et son leader Rajagopal depuis 1992.

En 2007, inspirés par l’exemple de Gandhi, le mouvement Ekta Parishad et d’autres organisations partenaires ont mobilisé 25 000 personnes, pour la plupart paysans sans-terres parmi les plus pauvres, des adivasis et des dalits, pour une marche qui a duré 27 jours. La marche fut nommée « Janadesh – le jugement du peuple ». Son but était de dénoncer les profondes injustices des lois liées au contrôle des terres et de souligner l’urgence de réformes sur ce sujet en Inde.

Les revendications des marcheurs ont été prises en compte sur le papier mais, après 3 ans, la mise en œuvre de ces réformes est loin d’être satisfaisante. Rajagopal marche déjà depuis octobre 2011 à travers l’Inde afin de mobiliser au maximum dans l’ensemble des campagnes indiennes.

En France, en Europe et un peu partout sur la planète, de nombreux évènements de solidarité avec la marche « Jan Satyagraha » auront lieu jusqu’à fin octobre.

Quelques exemples parmi d’autres :

– En France, un périple à vélo entre Nancy et Paris aura lieu du 12 au 17 octobre 2012.

– Une marche Le Croisic-Paris se déroulera du 21 septembre au 17 octobre, pour une arrivée sur le parvis du Trocadéro à Paris le 17 octobre, Journée internationale du refus de la misère.

– Des repas solidaires de la marche, « the Meal », auront lieu le 15 septembre en divers lieux de la planète : Afghanistan, Allemagne, Angleterre, Belgique, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Espagne, France, Guinée, Mali, Mauritanie, Palestine, Suisse, Togo, etc.

Les écologistes du monde entier, et plus spécifiquement Europe Ecologie Les Verts en France, ont pleinement vocation à soutenir la marche « Jan Satyagraha ». Des membres et des élus d’EELV ont d’ores et déjà participé à plusieurs actions et évènements d’Ekta Parishad et reçu officiellement Rajagopal tant au Sénat en octobre 2009 qu’au Parlement européen en juin 2010.

EELV soutient le mouvement Ekta Parishad et la marche « Jan Satyagraha » en s’engageant financièrement (au moins symboliquement) et humainement pour la bonne réussite de ce projet afin de promouvoir :

• La défense et la promotion d’une agriculture paysanne produisant d’abord pour les marchés locaux, avec notamment le développement de circuits courts de commercialisation, la protection des semences paysannes, l’accès à la terre et à l’eau, à l’éducation pour l’ensemble des habitants de notre planète.

• La (re)mise en place de réserves alimentaires physiques et diversifiées (au niveau local et national) pour stabiliser les prix et gérer les risques en cas d’urgence et de catastrophes naturelles.

• L’interdiction de la spéculation sur les aliments, comme les contrats à termes spéculatifs.

• L’arrêt immédiat des cultures industrielles et de la promotion des agrocarburants, réalisées au détriment de la souveraineté alimentaire.

• La fin du phénomène d’accaparement des terres.

• L’arrêt du démantèlement des politiques agricoles telles que la PAC (2014-2020) sur les bases de la souveraineté alimentaire.

C’est pourquoi des éluEs locaux, des parlementaires nationaux, des eurodéputéEs et des membres de la direction d’Europe Ecologie Les Verts s’engagent dès aujourd’hui à participer à des actions de solidarité avec Ekta Parishad lors de la phase finale de la « Jan Satyagraha », tant en Inde qu’en France, afin d’exprimer leur soutien à un mouvement particulièrement en phase avec les combats fondamentaux de l’écologie politique.

EELV signe également la déclaration de solidarité avec Ekta Parishad à l’adresse suivante :

http://ektaeurope.org/wp-content/uploads/2012/05/Declaration-of-Solidarity-with-Ekta-Parishad-2012.pdf

Conseillers fédéraux signataires : Bernard Barré (CF Rhône-Alpes), Julien Bayou (CF IDF), Michel Bock (CF IDF), Jean-Marc Brûlé (CF IDF), Françoise Brunel (CF Champagne Ardenne), Dominique Cronier (CF Savoie), Françoise Diehlmann (CF IDF), Chantal Dhoukar (CF Bourgogne), Françoise Duthu (CF Centre), Laurie Faugère (CF PACA), Jean Graziani (CF Corsica), Claire Grover (CF IDF), Annie Lahmer (CF IDF), Chantal Mouttet (CF Paca), Hélène Pelletier (CF Auvergne), Evangélia Ralli (CF Picardie), Thierry Schlumpf (CF Midi Pyrénées), Dominique Steinkrietzer (CF Poitou-Charentes), Jean-Marc Tagliaferri (CF La Réunion) Marine Tondelier (CF NPDC), Marie Toussaint (CF IDF)

Avec le soutien de : Salah Anouar, Danielle Auroi, Dominique Brengard, Bernard Crozel, Gwendoline Delbos-Corfield, Sylvain Garel, Denis Grandjean, Catherine Grèze, Valérie Guérout, Saadika Harchi, Françoise Hoffet, Pierre Johnson, Cecilia Joxe, Gérard Lévy, Martine Lougnon, Elise Lowy, Jean-Philippe Magnen, Aminata Mondin, Brigitte Monsou, Patricia Millot, Jeannine Otte, Anny Poursinoff, Michèle Rivasi, Sabrine Schliwanski, Cédric Taurisson, Jordan Trombetta, Michel Veillard, Michel Wilson,

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Aung San Suu Kyi : hommage et mobilisation pour une aide véritable à la société civile et à la nouvelle gouvernance en Birmanie https://transnationale.eelv.fr/2012/06/28/aung-san-suu-kyi-hommage-et-mobilisation-pour-une-aide-veritable-la-societe-civile-et-la-nouvelle-gouvernance-en-birmanie/ Thu, 28 Jun 2012 10:15:18 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3101 Lire la suite]]> EELV se félicite de l’arrivée de Aung San Suu Kyi en France, au terme d’une tournée européenne où elle aura eu l’occasion de s’exprimer pour célébrer les avancées démocratiques dans son pays.
Jusque-là une dictature terrible, la Birmanie vit une évolution inattendue mais réelle. On ne dit pas assez à quel point la stratégie de non-violence active – une des racines de l’écologie – portée par Aung San Suu Kyi et ses partisans, est la vraie réussite de cette histoire. Persévérance, patience, volonté de compréhension et de réconciliation, capacité de compromis… mais aussi fermeté et inflexibilité sur l’objectif, tout chez Aung San Suu Kyi rappelle ce qu’ont porté avant elle Gandhi, Martin Luther King, Mandela, Vaclav Havel… et aujourd’hui le Dalaï-Lama.
Ce dernier, qu’elle a d’ailleurs rencontré à Londres le 19 juin dernier, ne sait que trop bien la chance pour le Tibet que représente une démocratisation de la Birmanie : face au totalitarisme, la paix et la démocratie sont possibles, un jour ou l’autre, surtout quand « l’on sait que c’est le plus patient qui gagne à la fin ».
En effet, aujourd’hui, l’évolution de la Birmanie, et la liberté d’expression et d’action de « La Dame de Rangoun », sont des signes d’espoir pour toute l’Asie, et pour tous les combats non-violents de la planète. Des signes d’espoir, pour la liberté, pour la solidarité, pour l’écologie.
Mais, pour cela, les peuples et les puissances occidentaux doivent intervenir et agir de la façon la meilleure. Non pas en se contentant du pire : déploiement tous azimuts des grands groupes économiques, plus quelques actions de coopération sympathiques… Mais bien en comprenant que l’urgence est au soutien de haut niveau au développement d’une société civile, par l’aide à la gouvernance (« improving governance »), qui pourra avec force exprimer les revendications des Birmans sur les droits sociaux, les libertés d’expression, les atteintes à l’environnement… mais aussi valoriser les avancées exemplaires d’une Birmanie nouvelle.
EELV, en harmonie avec Pascal Canfin, ministre chargé du Développement, soutiendra toutes les actions de promotion d’une « aide à la gouvernance » de la part du gouvernement français, et récusera toute célébration compassionnelle qui viserait à cacher la continuation et l’amplification des méfaits des grands groupes industriels français qui, à l’image de Total, ont commis les pires exactions, celles même qui ont permis à la dictature birmane de survivre à travers les décennies.
Une aube nouvelle s’ouvre pour la Birmanie, et l’Asie, grâce à Aung San Suu Kyi. Avec un esprit de réconciliation et de lucidité, sachons l’accompagner et jouer notre rôle.
Jean-Philippe MAGNEN, Porte-Parole
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Birmanie : la victoire de la non-violence, une leçon pour toute l’Asie https://transnationale.eelv.fr/2012/04/03/birmanie-la-victoire-de-la-non-violence-une-lecon-pour-toute-lasie/ Tue, 03 Apr 2012 13:16:33 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3053 Lire la suite]]>

Europe Écologie-Les Verts se réjouit de l’élection d’Aung San Suu Kyi comme députée et celle de nombre de ses amis de la LND. Le parti démocratique a réussi à emporter ces sièges grâce à la volonté de liberté et de démocratie du peuple birman et ce, malgré les dernières résistances et les fraudes des plus conservateurs au sein du pouvoir militaire.

Cette victoire est avant tout celle de la stratégie de non-violence d’Aung San Suu Kyi, qui à l’instar de Gandhi ou Mandela, a su faire preuve de persévérance et de constance, mais également de réconciliation. Face à la dictature, cette patience a payé.

Désormais, c’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour la Birmanie. EELV appelle le régime birman à reconnaître la victoire de la LND et d’Aung San Suu Kyi et à les faire participer à un gouvernement oeuvrant pour une société plus juste, moins corrompue, dans une Birmanie qui retrouve la paix et des droits humains fondamentaux, un pays qui protège sa nature et ses ressources.

Nous appelons aussi la France à aider à cette transition démocratique en Birmanie. Le soutien tardif et relativement timoré du gouvernement français à ce processus encore fragile ne saurait par ailleurs faire oublier les exactions de Total en Birmanie, l’un des derniers grands groupes mondiaux à avoir contribué à la survie d’une des pires dictatures.

La France doit avant tout investir dans l’aide à la gouvernance, dans un pays qui a tout à apprendre en termes de vie démocratique, et faire en sorte que toute coopération économique soit conditionnée au respect de cette évolution démocratique.

Pascal DURAND,
Porte-parole
Europe Écologie-Les Verts

Jean-Marc BRULE,
Conseiller régional d’Ile-de-France, en charge des questions asiatiques

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En 2012, marchons avec les Indiens d’Ekta Parishad pour le droit à la terre et la souveraineté alimentaire https://transnationale.eelv.fr/2011/09/13/en-2012-marchons-avec-les-indiens-d%e2%80%99ekta-parishad-pour-le-droit-a-la-terre-et-la-souverainete-alimentaire/ Tue, 13 Sep 2011 16:18:25 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=2713 Lire la suite]]> Organisée en Inde d’octobre 2011 à octobre 2012 par le mouvement Ekta Parishad, la marche non-violente pour la justice « Jan Satyagraha » (« force de la vérité ») se veut une action forte et emblématique à un niveau international. Sur le modèle de la fameuse « marche du sel » qu’avait réalisé le Mahatma Gandhi en 1930, action symbolique pour dénoncer l’impôt britannique sur le sel ayant lancé tout le mouvement de désobéissance civil jusqu’à aboutir à l’indépendance de l’Inde, cette grande marche rassemblera paysans sans terre, tribaux et Intouchables qui marcheront pendant un an jusqu’à la capitale indienne, Delhi, pour faire valoir leurs droits aux ressources vitales et à une vie dans la dignité.

Pour donner le plus large impact médiatique à cette action, de nombreux militant-e-s de tous les continents sont invités à se joindre aux marcheurs indiens. Ainsi, depuis des mois, Rajagopal, leader charismatique d’Ekta Parishad, multiplie les voyages à l’étranger dans ce but. En juin 2010, il a ainsi été reçu officiellement par le groupe des Verts au Parlement européen, et plusieurs eurodéputés Verts (notamment José Bové, Karima Delli et Jean Lambert) se sont engagés à marcher à ses côtés en octobre 2012 jusqu’à la capitale indienne.

Ekta Parishad espère pouvoir réunir plus de 100 000 personnes qui parcourront des milliers de kilomètres dans toute l’Inde pour rejoindre Delhi le 2 octobre, journée internationale de la non-violence. Cette marche se veut un grand mouvement national et international qui tentera de peser sur le gouvernement indien pour réclamer le respect des droits des paysans et des pauvres de l’Inde, et au-delà d‘interroger notre modèle économique d’exploitation illimitée des ressources naturelles au détriment d’une bonne partie de l’Humanité.

La Jan Satyagraha débutera le 2 octobre 2011, et Rajagopal et ses compagnons de route espèrent parcourir 6000 km dans toute l’Inde durant un an.

Pour la financer, Rajagopal demande à chacun-e des participants indiens à la marche de mettre chaque jour une roupie de côté. Il a ainsi proposé pour les Européens souhaitant soutenir son action une campagne un Euro par jour. Cette marche nécessite un budget global d’environ 4 millions d’euros.

La Jan Satyagraha est une opportunité historique pour mettre en lumière les questions fondamentales posées par la globalisation: partage des richesses, accès aux ressources naturelles, souveraineté alimentaire, dettes des pays pauvres, place des plus démunis dans nos sociétés, rôle des femmes, mais aussi démocratie participative, responsabilités des sociétés multinationales et du système financier international, choix d’un modèle de vie et de développement durable et équitable pour tous, etc.

Il ne s’agit pas d’assister les populations en situation de misère, mais de reconnaître leurs droits aux ressources indispensables à la vie, de permettre leur travail et de favoriser leur initiative.

Ainsi les militant-e-s et élu-e-s d’Europe Ecologie Les Verts sont toutes et tous invités à participer à la Jan Satyagraha 2012, en Inde mais également en France où plusieurs marches sont prévues en parallèle.

Une première grande conférence internationale de préparation de cette marche se déroulera à Genève les 12 et 13 septembre prochains afin de mettre en contact les bailleurs et grands participants, ONG, institutions, partis politiques, etc. Europe Ecologie Les Verts a semble t’il pleinement vocation à y participer.

Toutes les informations sur le site d’Ekta Parishad : http://www.ektaparishad.com/

Et sur http://www.jan-ouest-2012.fr/ – /jan-satyagraha/3545531

Benjamin Joyeux

Rajagopal P.V au Parlement européen, photo B.J.
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La fin des communistes au Bengale https://transnationale.eelv.fr/2011/09/13/la-fin-des-communistes-au-bengale/ Tue, 13 Sep 2011 16:14:22 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=2668 Lire la suite]]> De mars à mai 2011, Ruchir Joshi a suivi la campagne électorale au Bengale pour le Telegraph de Calcutta. Au pouvoir sans interruption depuis trente quatre ans, les communistes ont perdu contre Mamata Banerjee, une femme à la tête d’un parti de coalition, le Trinamul Congress Party.La défaite des communistes étaient-elle une défaite annoncée ?

J’ai sillonné le Bengale pour suivre le processus électoral. C’est un grand Etat, les élections se déroulaient en plusieurs phases, du Nord vers le Sud, de manière à déplacer les paramilitaires au fur et à mesure du vote afin d’assurer la sécurité des urnes, avec des forces supplémentaires dans les zones d’insurrection maoïste. Pour la deuxième fois, les personnes votaient par vote électronique, ce qui semble-t-il a limité les fraudes. L’impression que j’ai retiré des entretiens avec les gens que je rencontrais était qu’effectivement la gauche allait perdre.

Comment expliquer leur échec ?

La question avant que les communistes arrivent au pouvoir, c’était : « où est-ce qu’on trouvera le riz ? » Maintenant la question est : « qu’est-ce qu’on mangera avec le riz ? ». En 2006 les communistes ont réalisé qu’il fallait faire revenir les industries au Bengale, et ils ont essayé de le faire en sacrifiant les paysans pauvres qui les avaient toujours soutenus. A Nandigram, une région très fertile et majoritairement musulmane, ils ont essayé d’acheter des terres pour les vendre aux industriels. En novembre 2007, les paysans ont résisté, la répression a été extrêmement violente, ce qui a soulevé une immense indignation, y compris chez les intellectuels qui soutenaient les communistes. Lorsque Tata a voulu implanter une usine de voitures à Singur, le CPIM1 a répété les mêmes erreurs. Mamata Banerjee s’est opposée au projet aux côtés des paysans et le projet a finalement été transféré dans un autre état. Les communistes se sont coupés de leur base électorale.

Qui est Mamata Banerjee ?

C’est une oratrice très efficace, qui parle le language de la rue. Elle a su jouer sur la sentimentalité patriotique comme le montre son slogan, Ma, Mahti, Maanush (Mère, Terre, Peuple). Elle se déplace toujours en tongues, en sari de coton blanc, elle a une voiture bon marché, dans laquelle elle s’assied à côté du chauffeur. Mais elle est bien équipée : un smartphone et un ordinateur portable. Elle n’est pas mariée, elle vit avec sa mère dans un quartier populaire, dans une maison très simple.

Son autre slogan, Poriborton, signifie : changement, soit mettre fin à la corruption et au népotisme, verdir le Bengale, renouer avec la tradition intellectuelle et artistique…

Elle doit faire face à trois grands défis : convaincre les paysans d’abandonner des terres fertiles pour l’industrie et les industriels de revenir au Bengale; désarmorcer la culture de la violence, notamment les « boys clubs » – des organisations très « musclées » dans les villages hier contrôlés par les communistes et maintenant par le Trinamul, le parti de Mamata Banerjee; trouver une sortie à l’insurrection maoïste.

Est-ce qu’elle prend en compte les enjeux du changement climatique ?

Contre les instructions de l’Etat central, les taxis et les bus à Calcutta ne sont toujours pas passés au CNG (gaz). Mamata Banerjee n’a fait aucune promesse dans ce sens, mais en revanche elle veut faire de Calcutta un nouveau Londres, sans expliquer comment elle fera pour nettoyer la rivière, fournir des systèmes de sanitation pour les habitants et obliger les industriels à contrôler ce qu’ils déversent dans la rivière. Un autre problème qu’elle va devoir afronter concerne le problème de montée des eaux qui entraîne la disparition progressive des îles Sundarban. Si elle doit choisir entre implanter des industries et protéger l’environnement, je crains qu’elle choisisse les industries.

Est-ce qu’elle sera capable de tenir ses promesses ?

J’ai envie d’être optimiste, et je me dis qu’elle ne peut pas être pire que les communistes. Dans mon livre, j’ai comparé la situation à quelqu’un qui ouvre le couvercle d’une cocotte minute fermée depuis très longtemps : il y a toujours un risque de se brûler avec la vapeur qui s’échappe. Il lui faudra beaucoup de chance pour y arriver.

L. H.

1 En Inde il existe deux partis communistes – sans compter les maoïstes: le CPIM, parti communiste marxiste indien, qui dirigeait le Bengale, le CPI, parti communiste indien, et enfin le CPINL (les maoïstes, aussi appelés naxalites).

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