Amériques – Commission Transnationale https://transnationale.eelv.fr Un site utilisant Réseau Europe Ecologie Les Verts Wed, 04 Apr 2018 15:09:09 +0000 fr-FR hourly 1 Un « grand projet inutile » au Nicaragua https://transnationale.eelv.fr/2015/02/04/un-grand-projet-inutile-au-nicaragua-2/ Wed, 04 Feb 2015 18:10:24 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4222 Lire la suite]]> imagesLe 22 décembre, malgré les nombreuses mise en garde1, le Président du Nicaragua, Manuel Ortega, a lancé les travaux du canal inter-océanique visant à doubler et concurrencer le canal de Panama.

D’importantes manifestations d’opposants, paysans, communautés indigènes, associatifs, écologistes, s’en sont suivies, violemment réprimées, en particulier le 24 décembre : des blessé-es, des séquestrations, des emprisonnements, des accusations de tortures.

Ce projet pharaonique, d’un coût de 50 milliards de dollars ( déjà 5 fois le PIB nicaraguayen, les experts l’ évaluent plutôt à 80 ), menace gravement les populations, l’éco-système et les institutions mêmes du pays.

L’entreprise chinoise(HKND) en charge des travaux, établie aux îles Caïman et qui ne dit toujours pas d’où proviennent ses capitaux,, a obtenu une concession de 50 ans (renouvelable pour le même temps) , sans limite remettant en cause la souveraineté du pays sur un vaste territoire, l’exonérant d’impôts et de toute législation nationale ou internationale.

30 000 ruraux doivent être expulsés en très peu de temps, sans ménagement, ni compensation, d’ici Mars, comme s’y est engagé le président. Certains de ces habitants se disent prêts à prendre les armes pour se défendre.

Or, cette violence sociale s’exerce pour un canal dont on peut douter de l’utilité, voire même de la réalisation, et qui est un véritable scandale écologique pour lequel aucune étude d’impact n’a été diligentée2.

La destruction évidente de l’environnement sur les 278 Kms prévus dans une nature tropicale, fragile (400 000hectares de terre humide), traversant 2 réserves naturelles protégées, entrainant la disparition de 22 espèces migratoires, il met en danger le 2ème plus grand lac d’Amérique Latine (8000 Km2).

Il doit en effet emprunter le lac Cocibolca sur plus de 100 kms avec des conséquences irréparables : asséchement du fleuve qui y conduit, salinisation de l’eau, énorme pollution due aux travaux. Auxquels il faut ajouter le déplacement de 2 millions de tonnes de boue car il n’a pas la profondeur requise pour la taille actuelle des bateaux, ce qui oblige à le creuser. C’est la plus grosse réserve d’eau potable de la région qu i va disparaitre, une réserve hydrique indispensable à la survie des populations.

Encore n’évalue-t-on que les effets à court et moyen terme de la destruction de tout un éco-système qui risque d’entrainer des modifications climatiques sur un vaste territoire. Pour un canal dont on n’est même pas sûr qu’il fonctionne un jour. D’après les spécialistes, la spécificité du lac, un courant en spirales qui le remplit régulièrement de sédiments, rend titanesque son entretien. Et le rend peu concurrentiel face à l’élargissement annoncé du Canal de Panama.

Les écologistes ne peuvent rester indifférents aux menaces que ce ‘ « grand projet inutile » fait peser sur les Nicaraguayens, leur environnement, voire sur les populations et l’éco-système d’une sous-région continentale.

Il faut s’associer à l’opposition au projet qui demande :

  • la libération des manifestants prisonniers ;
  • la fin de la répression,
  • l’abrogation de la loi autorisant le percement du canal,
  • l’annulation des contrats l’accompagnant.

Il faut rappeler l’absolue nécessité d’une transition énergétique et écologique qui rendra obsolète ce canal avant même qu’il ne soit achevé.

Il faut dénoncer la disparition d’une réserve importante d’eau potable, alors que cette ressource vitale tend à s’amenuiser.

A l’heure où tout doit être fait pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut condamner la destruction de l’éco-système d’un si vaste territoire, qui ne peut que l’amplifier.

La suspension de grands travaux de ce type doit être posée lors de la Cop 21 de Paris.

Françoise Alamartine, à partir de notre correspondant « Vert » au Nicaragua

1Dont celles de M jaime Incer, ex-conseiller à l’environnement du Nicaragua

2Devant les protestations, la société HKND a promis un rapport pour Avril, soit 4 mois après le début des travaux.

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Note sur les élections présidentielles et générales au Brésil du 5 octobre 2014 https://transnationale.eelv.fr/2014/10/10/note-sur-les-elections-presidentielles-et-generales-au-bresil-du-5-octobre-2014/ Fri, 10 Oct 2014 15:46:53 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4093 Lire la suite]]> Les élections présidentielles du 5 octobre au Brésil ont placé au premier la présidente sortante Dilma Rousseff (Parti des Travailleurs, PT) avec 41,59 % des voix. Elle devance le candidat de centre droit Aecio Neves (« Parti Social Démocrate Brésilien, PSDB ») qui obtient 33,55 % des voix.

On retrouve ainsi pour le deuxième tour du 26 octobre prochain le classique duel droite/gauche . Ceci à la surprise générale, car Marina Silva, la candidate du Parti Socialiste Brésilien PSB (depuis que son candidat initial Eduardo Campos est mort dans un accident d’avion le 13/8/2014), était donnée par les sondages à quasi-égalité avec Dilma Rousseff, loin devant Aecio Neves, de la mi-août jusqu’au 18 septembre, les mêmes sondages indiquant qu’au deuxième tour, Marina Silva battrait immanquablement Dilma Rousseff. La tendance ne s’est inversée qu’à partir du 20 septembre, et la cote de Marina Silva n’a cessé depuis de décliner jusqu’à son décevant résultat final de 21,32 %.

Par ailleurs, huit « petits » candidats ont obtenu moins de 2 % : Le premier d’entre eux est un pasteur évangélique, Everaldo Dias Pereira, qui obtient 1,55 %. Le second d’entre eux, qui arrive donc 5ème sur 11 candidats, n’est autre que le candidat du Parti Vert (Partido Verde), Eduardo Jorge, un médecin de 64 ans au déjà long parcours politique, qui obtient 0,75 % (780 505 voix). C’est  un bon score par rapport à celui des précédents candidats Verts comparables, Alfredo Sirkis, (qui n’avait obtenu que 0,3 % (212 866 voix) en 1998, et Fernando Gabeira qui ‘avait obtenu que 0,18 % en 1989), si l’on excepte la candidature hors normes de la très charismatique Marina Silva sous les couleurs du parti Vert, en 2010, lorsqu’elle était arrivée en troisième position derrière Dilma Rousseff et le candidat du PSDB de l’époque, José Serra, en obtenant 19,33 % des voix. Un score étincelant à l’époque qui semblait pouvoir ouvrir une troisième voie, très largement écologique, pour le Brésil.

ANALYSE GÉNÉRALE

Dima Rousseff et Aecio Neves sont finalement arrivés en tête pour trois raisons principales;

  • ils avaient tous deux un socle électoral stable et nombreux ;

– Pour Dilma Rousseff, celui des bénéficiaires des programmes sociaux l’ère Lula (2002-2010), que Dilma, son héritière, a continués et qui ont fait sortir de la misère, voire accéder à la classe moyenne des dizaines de millions de Brésiliens grâce à des mesures comme la Bolsa Familia (bourse familiale pour les familles et la revalorisation du salaire minimum. Des mesures  malheureusement financées par une croissance rapide sans grande considération pour l’environnement, ce qui avait amené Marina Silva, alors membre du PT et ministre de l’environnement de Lula, à quitter le gouvernement en 2008 (elle y était  constamment en opposition avec la Ministre de l’Énergie… Dilma Rousseff).

– pour Aecio Neves, les classes possédantes et les classes moyennes qui en cette période de croissance atone voire de récession au Brésil, s’estiment matraquées d’impôts sans recevoir assez en retour de la part d’un gouvernement et d’une administration PT qui ont été éclaboussés par de nombreuses affaires de corruption, et qui souhaitent un changement accompagné d’un tournant libéral.

  • Ils disposaient avec le PT et le PSDB de machines de guerre électorales puissantes et largement financées.
  • Dans une société profondément conservatrice sur le plan sociétal, minée par la montée des Eglises évangéliques, ils se sont abstenus prudemment de toute position courageuse susceptible de leur perdre des voix. Motus donc sur des sujets comme la légalisation de l’avortement, le droit au mariage pour tous, la dépénalisation du cannabis, tous thèmes ardemment défendus par le candidat Vert Eduardo Jorge (dont le score s’en est inévitablement ressenti dans un pays très conservateur sur les questions sociétales et où les Eglises évangéliques sont en forte expansion…).

A l’inverse, Marina Silva, dont  l’histoire et la personnalité (la petite analphabète noire du Nordeste qui à force d’études et de batailles pour l’environnement avec son mentor Chico Mendes (assassiné en 1988) est devenue députée à 32 ans, sénatrice à 36 ans, ministre à 44 ans…) avait un électorat potentiel très nombreux, mais plus hétérogène et donc plus volatil. Connue pour son éthique et sa droiture, elle incarnait la possibilité d’une troisième voie aussi bien pour des classes pauvres séduites par son parcours, que pour les jeunes en quête de changement et que pour les classes moyennes soucieuses d’environnement. Son électorat potentiel était peu ou prou celui des opposants à la Coupe du Monde qui avaient manifesté en 2013 contre cette gabegie d’argent et pour plus de services dans les transports, la santé, l’éducation… Elle pouvait compter aussi sur un vote des fidèles des Églises évangéliques, car cette fervente chrétienne est membre de l’une d’elle (l’ « Assemblée de Dieu » »). Sa religiosité l’amène à être personnellement sincèrement opposée à la légalisation de l’avortement et au droit au mariage pour tous (à l’inverse de Dilma Rousseff et Aecio Neves qui se positionnent contre par calcul purement électoral), même si elle a défendu l’idée de référendums sur ces sujets quand elle était candidate des Verts. Elle a perdu de nombreux soutiens progressistes pendant la campagne, en se déclarant fin août, sous la pression de pasteurs évangéliques,  contre la position de son actuel parti, le PSB,  en faveur du droit à l’avortement et au mariage pour tous. De surcroît les mêmes classes progressistes se méfiaient de la ligne économiquement libérale de son parti et de son candidat à la vice-présidence, Beto Albuquerque, qui, en tant que député, a été à la tête du lobby pro-OGM depuis  plus de dix ans. A l’inverse, les classes moyennes désireuses d’une relance économique libérale sans trop de considération pour l’environnement étaient rebutées par une candidate au parcours de pasionaria écologiste. La mayonnaise a d’abord commencé à bien prendre, puis elle a tourné… Au lendemain de son élimination du second tour, Marina Silva a refusé de dire si elle appellerait à voter pour Dilma Rousseff ou Aecio Neve, mais aux dernières nouvelles elle se préparerait à appeler à voter, a titre individuel sinon au nom du PSB, en faveur d’Aecio Neves.  Rappelons qu’après son succès de 2010, elle n’avait personnellement pas appelé à voter pour Dilma Rousseff ou le candidat du PDSB José Serra, alors que son parti Vert avait finalement appelé à voter pour Dilma Rousseff.

Petite précision sur Marina Silva ; après avoir quitté le gouvernement Lula en 2008, puis le PT en 2009, elle a rejoint le Partido Verde dont elle a été la candidate à la présidentielle de 2010 avec le succès que l’on sait. Elle n’avait pu obtenir de la direction du parti des élections internes et avait décidé en juillet 2011 de quitter le parti, en compagnie de quelques Verts historiques comme Alfredo Sirkis,  pour fonder un nouveau parti, le « Réseau durable » (« Red Sustentabuilidade »). Il lui fallait pour faire légaliser ce nouveau parti 492 000 signatures d’électeurs, mais il lui en a manqué, en 2013, 50 000. Elle a alors accepté l’offre du PSB d’être la candidate à la vice-présidence du candidat présidentiel du PSB, Eduardo Campos, qu’elle a  remplacé comme candidate à la présidence après le décès accidentel de celui-ci, le 13 août dernier.

LE CANDIDAT VERT,  EDUARDO JORGE

Eduardo Jorge, candidat à l'élection présidentielle du Parti vert brésilien
Eduardo Jorge, candidat à l’élection présidentielle du Parti vert brésilien

Eduardo Jorge est un médecin de 64 ans, qui depuis sa jeunesse a milité d’abord au Parti communiste brésilien sous la dictature militaire, ce qui lui valut quelques priocès et séjours en prison dans les années 1970, puis au Pt de 1980 à 2003. Il a longtemps été sous les couleurs du PT député de l’Etat de Sao-Paulo, puis député fédéral avant que de quitter le parti, déçu par la politique de Lula, pour rejoindre les Verts. Il a aussi été secrétaire municipal à l’Environnement de la ville de Sao Paulo sous l’administration PT de Martha Suplicy puis sous l’administration PDSB du candidat à la présidentielle de 2010, José Serra. Il a dans ces fonctions initié nombre de lois et de programmes dans ses domaines de prédilection que sont la santé, l’éducation et l’écologie. Presque inconnu à l’international, il a été démocratiquement choisi au sein du Partido Verde pour être son candidat à la présidentielle en juin 2013 et s’est très dignement acquitté de cette mission en portant un discours courageux et frontal sur les questions sociétales (légalisation de l’avortement, du mariage pour tous et du cannabis) et en prônant une reconversion écologique pour l’économie, afin d’atteindre plein emploi et justice sociale (le Brésil, 7ème puissance économique mondiale, reste un pays parmi les plus inégalitaires). Il a aussi fait campagne pour les droits des minorités indiennes, les énergies renouvelables, contre le nucléaire et les cultures OGM… Il faisait partie des 7 candidats conviés à tous les débats réservés dans les médias aux candidats à la présidentielle, débats auxquels n’ont pu participer 5 « petits » candidats.

LES ÉLECTIONS POUR LES PARLEMENTS DES ÉTATS, POUR LE PARLEMENT FÉDÉRAL, POUR LES POSTES DE GOUVERNEUR ET LE RENOUVELLEMENT D’UN TIERS DU SÉNAT

Ces élections ont eu lieu comme la présidentielle le 5 octobre, mais les résultats ne sont  pas encore connus aujourd’hui. Les Verts brésiliens restent sur une série positive : ils ont obtenu lors des élections au Parlement fédéral 0,4 % et un élu (sur 513) en 1998, puis 1,4 % et 5 députés en 2002, puis 3,6 % et 13 élus en 2006, et enfin 3,8 % et 15 élus en 2010.

Constantin Fedorovsky

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Election présidentielle en Colombie : 8,28 % pour le candidat Vert, Enrique Peñaloza réélection du président sortant, Juan Manuel Santos https://transnationale.eelv.fr/2014/06/20/election-presidentielle-en-colombie-828-pour-le-candidat-vert-enrique-penaloza-reelection-du-president-sortant-juan-manuel-santos/ Fri, 20 Jun 2014 15:21:40 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4102 Lire la suite]]> Le premier tour des élections présidentielles en Colombie, le 25 mai 2014, a laissé un goût doux-amer au parti Vert colombien, dénommé « Alianza Verde » depuis la décision de l’ancien Partido Verde, lors de son Congrès du 26 septembre 2013 de s’unir avec le « Movimiento Progresistas » de l’ex-leader de la guérilla dissoute (en 1990) du M-19, Antonio Navarro Wolf (aujourd’hui sénateur Vert) et du maire de Bogota, Gustavo Petro (également ancien du M-19, il été élu maire en 2012 après avoir été le candidat du Pôle Démocratique Alternatif (gauche) à la présidentielle de 2010 (il était arrivé quatrième avec 9,14 % des voix) ; il vient de récupérer la mairie après en avoir été passagèrement destitué).

En effet, le candidat de l’Alianza Verde, l’ex-maire de Bogota Enrique Peñaloza, a obtenu un score de 8,28 %, soit plus d’un million de voix sur un total de 13 millions de votants, avec une participation de seulement 40 % des inscrits. En valeur absolue c’est l’un des meilleurs scores jamais obtenu par un-e candidat-e Vert-e à une élection présidentielle. De plus, Alianza Verde a obtenu de bons résultats lors des élections parlementaires du 9 mars dernier, avec 3,9 % des voix et 6 députés (dont 4 femmes) à la Chambre des Représentants (contre 3 députés avec 3,0 % des voix en 2010) et avec 3,9% des voix et 5 sénateurs (dont une femme) au Sénat (contre 4,9 % des voix et 5 sénateurs en 2010. Ajoutés à la trentaine de mairies qu’il possède, à ses centaines de conseillers municipaux, ces résultats montrent la réelle et rapide implantation d’un parti apparu assez récemment sur une scène politique nationale en pleine mutation. En effet, Alianza Verde a succédé fin 2013 au Partido Verde, ainsi dénommé le 2 octobre 2009, qui succédait lui-même au « Partido Verde-Opcion Centro » enregistré sous ce label le 12 mars 2006, qui lui-même avait pris la suite du parti créé le 25 novembre 2005 sous l’appellation initiale « Opcion Centro ». Celui-ci entendait prendre la relève du premier parti écologiste colombien « Oxigeno Verde » qui avait éré créé en1999 par Ingrid Betancourt, mais qui avait disparu du fait de la longue captivité aux mains des FARC (de février 2002 à juillet 2008) de sa porte-parole, représentante légale et candidate à la présidentielle de 2002, du fait aussi d’une modification de la loi électorale très restrictive en 2003, qui lui avait fait perdre sa « personnalité juridique » (son existence légale). Depuis, le Partido Verde, désormais Alianza Verde, a été admis à la Fédération des partis Verts des Amériques dont il est devenu l’un des acteurs principaux.

Antanas Mockus
Antanas Mockus

Pourtant le score de 8,28 % obtenu par Enrique Peñaloza reste doux-amer, car lors des présidentielles de 2010, le candidat du Partido Verde, l‘ex-maire de Bogota Antanas Mockus, avait obtenu, suite à une campagne pleine d’enthousiasme qui avait soulevé une « Ola verde » (Vague verte) dans le pays (surtout dans la jeunesse et les milieux intellectuels grâce à un large usage des réseaux sociaux), 21,49 %, ce qui l’avait qualifié pour le deuxième tour face au candidat de centre-droit Juan-Manuel Santos (qui avait obtenu 46,68 % au premier tour ;il était alors le ministre de la D2fense sortant sortant de l’ex-président de droite Alvaro Uribe, empêché par la Constitution de se représenter une troisième fois).

C’était la première fois qu’un-e candidat-e Vert-e obtenait un tel score et surtout se qualifiait pour le second tour d’une élection présidentielle (il a été imité peu après, en octobre 2010, par Marina Silva, la candidate du Parti vert Brésilien, qui a obtenu 19,33 % au premier tour sans pouvoir participer au second, étant arrivée en troisième position, puis par le Finlandais Pekka Haavisto qui a obtenu 18,8% au premier tour et 37,4% au second tour en janvier/février 2013).

Même si au second tour, Antanas Mockus avait été largement battu avec 27,47 % (contre 69,13 % à José Manuel Santos »), la « vague verte » avait fortement marqué la politique colombienne, avec cette percée d’un tiers parti (de surcroît écologiste), alors que la politique colombienne traditionnelle était verrouillée depuis plus d’un siècle et demi par l’éternel duopole corrompu et discrédité formé par les partis Conservateur et Libéral qui se succédaient au pouvoir. A cette aune, et à celle de l’espérance alors soulevée, le score d’Enrique Peñaloza apparaît comme un essai non transformé.

La déception vient aussi du fait qu’Enrique Pañaloza n’est arrivé qu’en 5ème position, loin derrière le candidat de droite soutenu par l’ex-président Uribe, Oscar Ivan Zuluaga (du Centre Démocratique, 29,26 % des voix), derrière le président sortant Juan Manuel Santos (du parti de la « U » soutenu par le Parti Libéral, 25,67 %), derrière conservatrice Marta Lucia Ramirez (15,53 %), et derrière la candidate de gauche (du Pôle Démocratique Alternatif) Clara Lopez, qui a obtenu un bon score de 15,23 % (sa co-listière pour la vice-présidence était Aida Avella, dirigeante de l’Union Patriotique, qui avait été créée en 1985 comme l’expression civile et démocratique des FARC ; des dizaines de ses dirigeants et 5000 militants avaient été assassinés par les paramilitaires et les narco-trafiquants, ce qui avait entrainé l’exil des dirigeants et sa disparition politique avant sa relégalisation par le Conseil d’Etat en 2013). Or, fin mars encore, des sondages prédisaient à Enrique Peñaloza une présence au second tour avec un score de 18 % au premier tour et même une éventuelle victoire au second tour sur Juan Manuel Santos, alors donné victorieux du premier tour. Comme en 2010 pour Antanas Mockus, les sondages ont failli, et le poids persistant des réseaux économiques, du clientélisme, du paramilitarisme dans certaines régions a été sous-estimé.

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Carte des groupes armés et plantation de cocaliers en Colombie. Source : UNODC, 2006

Un autre élément important a certainement nuit à Enrique Peñaloza : ce scrutin présidentiel s’est de plus en plus apparenté à un référendum pour ou contre les négociations de paix avec les FARC que Juan Manuel Santos a lancées à La Havane (Cuba) en novembre 2012 tout en refusant un cessez-le-feu. Ces négociations ont marqué une rupture avec la politique de la « main dure » (dite aussi de « sécurité démocratique ») de son ex-mentor Alvaro Uribe, aujourd’hui sénateur, et que représentait lors de cette présidentielle son poulain, Oscar Ivan Zuluaga (lequel était encore peu connu du public il y a quelques mois). Uribe, avait co-fondé en 2005 avec Juan Manuel Santos un parti de droite destiné à rassembler tous ses partisans, le « Parti Social de l’Unité Nationale » communément appelé « parti de la « U », mais l’avait quittée pour créer en janvier 2013 le Centre Démocratique pour s’opposer à la politique de négociations avec les FARC que venait d’entamer Santos.

La polarisation du scrutin sur ce thème prioritaire des négociations de paix a relégué au second plan l’argumentation politique d’Enrique Peñaloza sur la nécessité d’une réforme agraire, de la justice sociale, de l’aide aux défavorisés en matière de santé et d’éducation — thèmes qu’il partageait largement avec Clara Lopez ­et bien sûr de développement durable et de protection de l’environnement. D’autant plus que sur cet thème central des négociations de paix, Enrique Peñaloza et l’Alianza Verde apparaissaient seulement comme l’une des composantes du camp du « pour » qui incluait tous les autres candidats, hormis bien sûr Oscar Ivan Zuluaga. A quelques iotas près, aussi bien Juan Manuel Santos que Marta Lucia Ramirez, Clara Lopez et Enrique Peñaloza partageaient l’analyse que la meilleure voie pour mettre fin à un conflit qui a entraîné quelque 600 000 morts et 5 millions de réfugiés, résidait dans des négociations sans cessez-le-feu visant à réinsérer dans la vie civile et démocratique des FARC très affaiblies militairement (elles ne comptent plus que 7000 combattants) et politiquement discréditées (une énorme majorité des Colombiens n’en peut plus de leurs crimes) afin d’avancer sur la voie d’une Colombie pacifiée. Tous ces candidats s’accordaient aussi pour affirmer que l’accord de paix ne devait pas se faire au détriment de la justice, de la vérité et de la réparation pour toutes les victimes, sujets complexes à mettre en œuvre comme l’ont démontré les accords de démobilisation des paramilitaires toujours inaboutis, ainsi que la loi « pour les victimes et la restitution des terres » initiée par Santos. Selon Alianza Verde, « la paix ne peut être atteinte dans l’impunité, mais pas non plus sans générosité ». Avec plus ou moins d’insistance, ces candidats s’accordaient pour refuser toute naïveté face aux FARC, et reconnaître, (au moins en paroles dans le cas d’un Juan Manuel Santos très critiqué sur ce point), que sans la résolution des problèmes de fond, de réforme agraire, de restitution des terres et de justice sociale, la violence, la persécution des défenseurs des droits de l’Homme et des syndicalistes perdureraient car les guérillas sont loin d’être les seuls acteurs de la violence : les paramilitaires, les narco-trafiquants et d’autres bandes criminelles organisées, notamment par l’industrie minière illégale, y prennent une part prépondérante.

Ces arguments ne doivent cependant pas cacher le fait qu’Alianza Verde et Enrique Peñaloza ont aussi payé le prix, malgré une cote sympathie réelle (dont témoigne par exemple le ralliement de la célèbre journaliste Claudia Lopez qui a été élue sénatrice verte) de leur identité politique mal définie et de leurs errements internes. Ils ne sont en effet que l’une des expressions du phénomène politique qu’a constitué l’apparition, dans les années 1990, souvent avec succès, de candidats « indépendants », c’est–à-dire indépendants des traditionnels partis Libéral et Conservateur, qu’ils se revendiquent de droite, de gauche, du centre ou de l’écologie (comme dans le cas d’Ingrid Betancourt qui en avait été l’incarnation la plus spectaculaire). Leur électorat, nouveau, est de ce fait assez volatile, sensible à la personnalité des candidats et aux thèmes d’actualité, et peut conduire à un engouement massif comme dans le cas d’Antanas Mockus en 2011 aussi bien qu’à un succès d’estime comme dans le cas d’Enrique Peñaloza en 2014.

D’autre part l’Alianza Verde, a un positionnement politique flou pour beaucoup de Colombiens. Elle se revendique du « centre » non pour signifier qu’elle serait « centriste » c’est-à-dire située entre la droite et la gauche selon l’entendement européen, mais pour souligner qu’elle constitue une offre politique nouvelle et originale, fondée sur le paradigme écologiste, et distincte en cela du clivage droite/gauche historique. Ce positionnement lui permet de ratisser assez largement dans le camp progressiste : parmi les trois ex-maires de Bogota qui ont rejoint le « Partido Verde » en septembre 2009, tous très respectés pour leur probité et leurs réalisations à la tête de la capitale, Antanas Mockus et Enrique Peñaloza venaient des « indépendants ». De même le candidat à la vice-présidence, l’ex-maire de Medellin (2004-2007) et actuel gouverneur de la province d’Antioquia, Sergio Fajardo, qui dirige le petit mouvement progressiste « Compromiso Ciudadano » venait des indépendants. Quant au troisième ex-maire de Bogota, Lucho Garzon, il venait du Pôle Démocratique Alternatif (gauche radicale). Les trois avaient postulé pour être le candidat du parti à la présidentielle, et Antanas Mockus avait été élu lors d’une primaire interne, en mars 2010. De même que Lucho Garzon, le Movimiento Progresistas avec lequel le Partido Verde s’est allié en 2013 pour fonder l ‘Alianza Verde compte beaucoup d’ex-membres du Pôle Démocratique alternatif, comme l’actuel sénateur Antonio Navarro Wolf et l’actuel maire de Bogota, Gustavo Petro. De façon plus caricaturale, certains des candidats du parti aux législatives provenaient du parti de la « U » (centre droit) et d’autres de l’Union Patriotica (qui fut l’émanation civile et démocratique des FARC, dont elle s’est distanciée, tout en restant de gauche radicale). Le parti compte aussi des membres de l’ancien parti d’Ingrid Betancourt, « Oxigeno Verde » comme l’actuelle députée Angelica Lozano. Il a aussi été rejoint par l’ex-sénateur libéral Luis Eladio Perez, qui avait longtemps partagé la captivité d’Ingrid Betancourt aux mains des FARC et est aujourd’hui ambassadeur de Colombie au Vénézuela. Le parti a toujours proclamé son admiration pour Ingrid Betancourt et lui a même proposé fin 2013 d’être candidate à la candidature pour les élections sénatoriales ou présidentielles, mais au terme de plusieurs entretiens elle a décliné l’offre.

Ces origines et sensibilités diverses expliquent des dissonances étalées sur la place publique qui ont nui à la crédibilité du parti. La principale fut sans conteste l’acceptation par la direction du parti du soutien du droitier et belliciste ex-président Alvaro Uribe à la candidature d’Enrique Peñaloza à la mairie de Bogota, fin 2011. Un soutien d’ailleurs inutile puisqu’Enrique Peñaloza fut largement battu par Gustavo Petro. Outré de ce manquement aux valeurs vertes, Antanas Mockus avait claqué la porte du parti, alors qu’une minorité conduite par des proches de Mockus comme l’actuelle députée et ex-sénatrice Angela Robledo et l’ex-sénateur John Sudarsky préférait la voie de la contestation interne.

Juan Manuel Santos
Juan Manuel Santos

De plus, le positionnement du parti vis-à-vis du président Juan Manuel Santos a été fluctuant : après l’élection de celui-ci en 2010, le parti choisit de rester indépendant vis-à-vis du gouvernement, avant de lui apporter un soutien sans participation en intégrant la coalition de l’Unité nationale du président Santos, puis de s’en retirer le 26 septembre 2013, lors de son 4ème Congrès qui décida aussi de son alliance avec le Movimiento Progresistas. De même, au lendemain du 2ème tour, l’Alianza Verde a refusé d’appeler explicitement à voter pour Juan Manuel Santos  tout en indiquant une série de convergences, au premier rang les négociations avec les FARC, qui ne pouvaient qu’amener implicitement à voter pour lui, alors que la candidate du Pôle Démocratique Alternatif et de l’Union Patriotique, Clara Lopez, n’a pas hésité à appeler à voter pour Santos, donnant même une conférence à ses côtés.

Il faut dire que les anciens Verts ou alliés des Verts comme Antanas Mockus ou Sergio Fajardo, qui restent proches et en contact, sont non moins fluctuants : Antanas Mockus reste sur son Aventin indépendant, et après avoir appuyé fin 2011 la candidate indépendante « centriste » (au sens européen du terme) à la mairie de Bogota, Gina Parody, il n’a pas exclu de rejoindre les Verts avec un certain de nombre de garanties sur leur fonctionnement et leur stratégie politique, tout en restant en contact avec le petit parti de l’Alliance Sociale Indigène (également proche d’Alianza Verde) et en apportant un soutien modéré au président Santos. Un soutien certes moins appuyé que celui de Lucho Garzon qui a quitté ses fonctions de porte-parole du parti pour devenir ministre du Dialogue social de Santos. Sergio Fajardo, contacté pour rejoindre l’Alianza Verde, a refusé et reste à la tête de son petit mouvement « Convergencia Ciudadana ». Quant à l’actuel maire de Bogota, Gustavo Petro, bien que membre du mouvement Progresistas qui a fusionné avec le Partido Verde pour créer l’Alianza Verde, il a préféré appeler à voter dès avant le premier tour pour Santos, peu reconnaissant de la campagne active des Verts pour le réinstaller à la mairie de Bogota. Tout cela fait un peu désordre et le score d’Enrique Peñaloza en a certainement pâti.

Il n’en reste pas moins qu’Alianza Verde existe déjà réellement en Colombie et garde un grand potentiel de développement.

Résultat des courses…

Au deuxième tour qui s’est tenu le 15 juin, Juan Manuel Santos l’a emporté assez largement en obtenant 50,95 % des voix face à Oscar Ivan Zuluaga (45,00 % des voix). Une victoire nette, mais pas un triomphe, qui rend Juan Manuel Santos un peu plus comptable de son action vis à vis de ceux qui l’ont soutenu plus ou moins explicitement pour l’emporter au second tour, y compris les Verts. Pour s’attirer leurs bonnes grâces il a d’ailleurs reconnu dans l’entre deux tours l’insuffisance de son action pour la justice sociale, la réforme agraire, la restitution des terres, la santé, l’éducation… Les actes suivront-ils de la part de ce patricien issu de la grande bourgeoisie libérale (sa famille contrôle un grand groupe de presse dont le principal quotidien « El Tiempo ») et adepte du libéralisme économique ? Il faudra certainement que s’exerce sur lui une pression constante, de la part des politiques et de la société civile. Toutefois sa réélection laisse la porte ouverte à la poursuite des négociations de paix avec les FARC et même avec la deuxième guérilla marxiste du pays, l’ELN (2000 combattants), qui a annoncé début juin accepter l’ouverture de négociations. Or, ces accords de paix sont des conditions préalables au retour à la paix pour le peuple colombien qui a tant souffert, et souffre encore.

Constantin Fedorovsky

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Pétrole contre qualité de vie des Sarayaku : intervention armée possible 🗓 https://transnationale.eelv.fr/2014/05/16/petrole-contre-qualite-de-vie-des-sarayaku-intervention-armee-possible/ Fri, 16 May 2014 09:35:17 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3715 Lire la suite]]> Encore une fois l’extraction de pétrole s’apprête à faire des victimes: les Sarayaku. Ce peuple vit dans la forêt équatoriale et lutte pacifiquement depuis plus de trente années contre la destruction de leur milieu de vie par les sociétés multinationales extractrices de pétrole. Aujourd’hui et selon leurs informations, l’armée équatorienne s’apprête à intervenir militairement pour les déplacer afin de pouvoir exploiter le pétrole du sous-sol.
En 2012 ils avaient gagné une bataille importante : la CIDH, la Cour InterAméricaine des Droits de l’Homme avait condamné l’État Équatorien, le déclarant notamment responsable d’avoir mis en péril les droits à la vie et à l’intégrité de Sarayaku et avait édicté une sentence à caractère contraignant : tout projet d’exploitation sur un territoire indigène devant, à partir de cette décision, faire l’objet d’une « consultation préalable, libre et informée » (CPLI), et ce, tant en Équateur que dans les autres pays signataires de la Convention Américaine des Droits Humains.
C’était là une reconnaissance historique de la parole et de l’avis des peuples indigènes et cela permettait de contrecarrer un peu le pouvoir sans égal des multinationales et des États pour une part, à la solde de ces sociétés. Mais hélas, cette mesure ne suffit pas à garantir les droits du peuple Sarakayu puisque l’État Équatorien en opposition à ce jugement a décidé d’en finir avec ce peuple de résistants locaux, ces gaulois d’Outre Atlantique qui s’opposent courageusement à l’empire non pas romain, mais des multinationales pétrolières. L’État Équatorien utilise par ailleurs des arguments mensongers et déloyaux pour masquer l’illégalité de son intervention militaire.
Europe Écologie Les Verts soutient sans réserve le peuple Sarayuku et demande à la France d’intercéder en leur faveur auprès du gouvernement Équatorien. 
Europe Écologie rappelle aussi que pour tous les États la priorité devrait être à la lutte contre le dérèglement climatique plus qu’à l’extraction de nouvelles sources de pétrole.
Europe Écologie Les Verts encourage et soutient partout où cela est possible la mise en place de fonds de solidarité pour aider les populations et les États à ne pas extraire le pétrole afin d’augmenter leurs ressources. 
Il s’agit là d’un sujet qui nous concerne tous : soutenons les Sarayaku !
Sandrine Rousseau, Julien Bayou, porte parole
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L’Industrie extractive en question https://transnationale.eelv.fr/2014/03/28/lindustrie-extractive-en-question/ Fri, 28 Mar 2014 14:23:43 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3683 Lire la suite]]> Par David Santana

Le 7 janvier 2014 avait lieu à Paris une séance de ciné-débat sur le thème des luttes contre l’extractivisme dans plusieurs pays, co-organisée par la Mairie du 2e arrondissement et l’association Terre et Liberté. Cette séance a permis le regroupement de divers collectifs de soutien à ces luttes locales dans un collectif français de lutte contre l’extractivisme.

Qu’est-ce que l’extractivisme ?

L’association Alternatives au Développement Extractiviste et Anthropocentré (ALDEAH) explique que ce terme faisant initialement référence aux activités extractives au sens strict (mines et hydrocarbures), désigne par extension, « l’accélération de toutes les activités d’exploitation des ressources naturelles à échelle industrielle (du gaz de schiste à l’agriculture chimique et même les infrastructures facilitant ces différentes activités) et la place centrale de ces secteurs d’activité pour les économies exportatrices de matières premières. » En effet, l’extractivisme est à la base du système économique dominant, qui ne peut assurer sa pérennité et sa reproduction sans l’extraction continue des « ressources naturelles » afin de servir de base matérielle à la croissance.

Malgré un imaginaire collectif présentant l’extraction de ressources naturelles comme une source de création de richesses et de développement, des chercheurs (en économie, en sciences sociales) et des associations, dénoncent ce modèle et affirment non seulement que les richesses qu’elles créent ne bénéficient pas aux populations locales, mais qu’en plus leur exploitation a des effets désastreux sur l’environnement, la santé, et le lien social.

Les luttes contre les projets extractivistes :

Les films projetés le 7 janvier décrivaient quatre luttes contre des méga-projets miniers ou pétroliers, au Pérou (Conga dans les Andes), en Équateur (territoire Shuar), en Roumanie (Rosia Montana) et en Grèce (Halkidiki). Cette séance a permis de mettre à jour les logiques inhérentes à l’extractivisme que ce soit pour des mines, du pétrole, ou d’autres ressources ; au Nord comme au Sud. Les compagnies minières et les gouvernements implantent des projets sans concertation, ce qui a pour effet de provoquer la réaction des populations locales souvent réprimées. Si les luttes ont plus ou moins de succès à travers le monde, elles restent souvent très locales alors qu’elles combattent un même système (l’extractivisme) et les mêmes compagnies. Il est cependant intéressant de noter à quel point ces mobilisations sont similaires, même jusqu’à leurs slogans : « de l’eau pas de l’or », « la vie vaut plus que l’or », « l’or ne se mange/boit pas » (et l’équivalent avec d’autres matières). De plus en plus, les populations locales sont amenées à se fédérer pour proposer des plans de développement régionaux alternatifs respectueux de l’homme et de l’environnement, ce qui permet de montrer le potentiel d’inventivité et d’innovation de la société. Mais ces solutions ne font que transposer les problèmes vers d’autres territoires moins défendus sur lesquels les multinationales pourront jeter leur dévolu.

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« Les Gardiens des Lacs », manifestation de paysans péruviens
contre la mine de Conga – Auteur : Lynda Sullivan.

Les solutions alternatives à l’extractivisme doivent ainsi s’appuyer sur deux piliers : une démocratie locale renforcée qui permette aux habitants d’un territoire de décider de leur modèle de développement et de ce qui est fait avec leur environnement ; un autre modèle de développement qui ne soit pas basé sur une croissance débridée et illimitée (avec notamment une diminution de la consommation, une mise en valeur du recyclage, etc.). Dans ce contexte, l’écologie politique paraît la solution la plus évidente autant au Nord qu’au Sud !

Au moment où des luttes ont lieu en France contre les gaz de schiste, l’extraction de sable, etc…, Europe Écologie – Les Verts continuera bien sûr à soutenir les luttes équivalentes à travers le monde, par le biais de ses militants et de ses élus (comme l’a fait par exemple Catherine Grèze à plusieurs reprises), et à proposer un modèle de société écologique!

Pour aller plus loin

Sur l’extractivisme :

Alternatives au développement extractiviste et anthropocentré, ALDEAH

Wikipedia

Sur les luttes locales mentionnées :

Pérou : Solidarité Cajamarca

Roumanie : Salvati Rosia Montana

Grèce : AntiGold Grèce

Pour rejoindre le collectif anti-extractiviste de Paris, écrire à :

antiextractivisme.paris@gmail.com

 

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EELV exprime sa solidarité avec le peuple vénézuélien https://transnationale.eelv.fr/2013/03/06/eelv-exprime-sa-solidarite-avec-le-peuple-venezuelien/ Wed, 06 Mar 2013 13:02:42 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3461 Lire la suite]]> Le président vénézuélien Hugo Chavez est décédé ce mardi 5 mars. Europe Ecologie Les Verts assure, en ce jour de deuil, le peuple vénézuélien de sa pleine solidarité.

Si controversé qu’il fût, et si contestables que furent certaines de ses prises de positions, en particulier au plan international, Hugo Chavez restera néanmoins dans l’histoire comme une importante figure des gauches latino-américaines.

Même s’ils se sentent plus proches d’autres expériences démocratiques sur le continent latino-américain, les écologistes relèvent les progrès effectués sous les mandats d’Hugo Chavez en matière de politiques de santé, d’éducation et de lutte contre la pauvreté, dans un pays rongé par les inégalités, et son action de médiation dans le conflit opposant l’État colombien aux FARC.

A l’approche de prochaines élections présidentielles, Europe Écologie Les Verts forme le voeu que celles-ci puissent se dérouler au mieux, dans un climat apaisé et respectueux des règles démocratiques. Le Venezuela garde devant lui des défis majeurs et redoutables, au premier rang desquels la nécessaire diversification de l’économie du pays, encore trop dépendante de la rente pétrolière.

Europe Ecologie – Les Verts

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Elections équatoriennes : EELV félicite Rafael Correa et l’appelle à ne pas oublier ses engagements écologiques https://transnationale.eelv.fr/2013/02/19/elections-equatoriennes-eelv-felicite-rafael-correa-et-lappelle-a-ne-pas-oublier-ses-engagements-ecologiques/ https://transnationale.eelv.fr/2013/02/19/elections-equatoriennes-eelv-felicite-rafael-correa-et-lappelle-a-ne-pas-oublier-ses-engagements-ecologiques/#comments Tue, 19 Feb 2013 10:29:44 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3438 Lire la suite]]> EELV félicite Rafael Correa pour sa réélection, dimanche 17 février 2013, à la Présidence de la Républica del Ecuador. EELV espère que le Président réélu sera celui de la résistance à l’extractivisme, du respect des droits des populations indigènes, du progrès social et démocratique ainsi que d’un nouveau rapprochement entre l’Europe et l’Amérique Latine.

EELV se satisfait aussi qu’Alberto Acosta, ancien Ministre de Rafael Correa, et proche des valeurs de l’écologie politique que nous incarnons, ait pu faire entendre sa voix pendant cette campagne et consolider par le suffrage son approche écologiste de la révolution citoyenne.

EELV reconnaît les progrès sociaux importants réalisés ces dernières années dans le domaine de la santé, de l’éducation, des transports, de l’alimentation, par Rafael Correa et les équatoriens, ainsi que le processus constitutionnel ambitieux ayant permis d’approfondir la citoyenneté en garantissant davantage de participation et de droits fondamentaux aux équatoriens. Nous espérons que le soutien populaire reçu lors de sa réélection lui permettra de continuer à mener les réformes d’envergure promises.

Nous restons vigilants : si Rafael Correa a poussé initialement à la reconnaissance des droits de la Terre-mère (Pachamama), s’il a interdit la production d’OGM sur le territoire via la constitution de son pays, s’il a monté et rendu populaire l’initiative YASUNI-ITT, les tensions politiques et économiques croissantes l’ont poussé à revenir sur certaines de ses promesses et certains de ces engagements. Nous espérons qu’il aura le courage politique de résister à la libéralisation des échanges et à l’exploitation des ressources naturelles.

Elise LOWY, Jean-Philippe MAGNEN, Porte-parole

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EELV encourage le peuple vénézuélien à faire avancer sa Révolution bolivarienne pour garantir sur le long terme un Vénézuéla démocratique et écologique https://transnationale.eelv.fr/2013/01/04/eelv-encourage-le-peuple-venezuelien-a-faire-avancer-sa-revolution-bolivarienne-pour-garantir-sur-le-long-terme-un-venezuela-democratique-et-ecologique/ https://transnationale.eelv.fr/2013/01/04/eelv-encourage-le-peuple-venezuelien-a-faire-avancer-sa-revolution-bolivarienne-pour-garantir-sur-le-long-terme-un-venezuela-democratique-et-ecologique/#comments Fri, 04 Jan 2013 16:04:05 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3334 Lire la suite]]> Les soucis de santé du président vénézuélien Hugo Chavez l’ont mis dans l’incapacité d’exercer sa charge. Cette situation difficile est aussi l’occasion de demontrer que la révolution bolivarienne ne depend pas d’un seul homme, mais d’un mouvement organisé et soutenu en majorité par le peuple. Un tel soutien à été exprimé lors des élections présidentielle et régionales en 2012.

En effet, Hugo Chavez a été réélu, le 7 octobre, Président de la République Bolivarienne du Vénézuéla, avec 54,42 % des suffrages au prémier tour.

Les dernières élections régionales ont donné 20 gouvernements regionaux au PSUV (majorité présidentielle) et parmi les trois restants, M Capriles Radonski a été elu gouverneur. Une opportunité pour le principal mouvement politique de l’opposition de montrer sa capacité de gestion et de mettre en pratique ses positionnements politques.

Europe Ecologie Les Verts se félicite de la bonne tenue des élections nationales et regionales. Nous espérons que le Président vénézuélien, ainsi que le vice-président en exercice de la présidence pendant sa convalescence, prendront les dispositions nécessaires pour gouverner dans le respect de la diversité et poursuivront leurs efforts en matière de politiques de santé, d’éducation et de lutte contre la pauvreté. Les derniers mandats d’Hugo Chavez ont montré une amélioration du niveau de vie des vénézuéliens, notamment parmi les plus pauvres, mais toujours aussi peu de préoccupation  écologique. Or, le modèle économique et social choisi, reposant sur la rente pétrolière, favorisant l’agriculture exportatrice d’OGM, n’est pas soutenable.

Les élus EELV et l’ensemble des partis Verts, tant dans les États membres de l’UE qu’au Parlement européen, rappellent qu’ils œuvrent pour la mise en place de relations bilatérales et multilatérales entre l’Union européenne et l’Amérique latine qui soient à la fois respectueuses des processus de  développement des États latino-américains et basées sur des accords de commerce équitables.

EELV soutient les efforts déployés par Hugo Chavez et l’ensemble des dirigeants sud-américains pour construire une région unie politiquement, socialement et économiquement, basée sur le respect des règles démocratiques et de l’État de droit. Mais, à cet égard, le gouvernement vénézuélien devra reconsidérer sa décision de dénoncer la Convention Interaméricaine relative aux droits de l’Homme, seul mécanisme de protection des droits individuels au niveau régional. Ainsi, une prise de distance de l’Etat vénézuélien avec le régime syrien de Bachar el-Assad est plus que souhaitable au regard de la situation interne de ce pays.

Nous ne pouvons pas non plus oublier que, bien qu’élu lors d’élections unanimement reconnues par les observateurs internationaux, malgré les progrès sociaux réalisés sous ses différents mandats, le président Chavez, à la fin de ce nouveau mandat, aura passé 20 ans au pouvoir. Nous esperons qu’il aura à coeur, avec le mouvement bolivarien dans son ensemble, de former des cadres politques assurant une alternance à la tête de l’État ainsi que la continuité dans la voie du progrès social.

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Au Guatemala, le prix à payer pour maintenir notre système énergivore https://transnationale.eelv.fr/2013/01/04/au-guatemala-le-prix-a-payer-pour-maintenir-notre-systeme-energivore/ Fri, 04 Jan 2013 15:50:47 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3328 Lire la suite]]> On aurait pu espérer que l’épuisement des ressources et le réchauffement climatique provoqueraient une prise de conscience de la nécessité de repenser notre mode de développement. Doha a montré qu’il n’en était rien. Et ce qui se passe en Amérique latine, et particulièrement au Guatemala, l’illustre cruellement.

On assiste au contraire à une intensification de l’activité extractive : ces industries (pétrole, nickel, cuivre, or, etc…) sont prêtes à tout pour profiter jusqu’au dernier gisement des dernières ressources dont  la raréfaction fait monter la côte. S’y ajoute la production d’agro-carburants ; les mêmes industries, ou leurs cousines, achetant à bas prix ou chassant par la force ( jusqu’aux assassinats) les communautés indigènes, remplacent les cultures vivrières par la palme africaine, obligeant les populations à rejoindre les miséreux de villes.

On connait trop les conséquences de cette fuite en avant  sur l’environnement  et la santé des habitants : déforestation, appauvrissement des sols, pollution de l’air et de l’eau dues aux méthodes extractives, maladies … et, parfois, militarisation !

Au Guatemala, une entreprise pétrolière franco-britannique, Perenco, qui exploite depuis des années  le pétrole dans des conditions plus que suspectes, en procès avec la population, est protégée par l’armée. Les populations ne peuvent compter ni sur la  législation, ni sur le gouvernement aux mains d’une oligarchie liée aux grands groupes, ni même sur les partis politiques, discrédités car très corrompus. Et l’audience du parti vert Guatemaltèque ne lui permet pas de contrecarrer l’énorme  défiance que connaissent, à raison, les partis politiques.

La dégradation des conditions de vie de la population, accentuée par le changement climatique, déjà sensible dans ces régions ( l’alternance de sécheresse, de pluies diluviennes, de cyclones destructeurs s’ajoute aux habituels tremblements de terre et éruption volcanique) est telle que  les  oppositions et les manifestations se multiplient. Ces mobilisations permanentes sont surtout le fait des communautés indigènes qui subissent de plein fouet la détérioration de leur environnement et de leur mode de vie.

Notre soutien est donc fondamental. Il est  indispensable que des lois internationales encadrent ces industries. C’est le projet Itie initié par l’Union Européenne, ainsi que de la loi  votée aux USA il y a peu. Mais ce devrait aussi être le fait de lois nationales obligeant les entreprises originaires à respecter des règles sociales et environnementales et à refuser  la corruption. Nos parlementaires nationaux et européens et notre ministre du développement œuvrent heureusement dans ce sens.

Une autre question se pose. L’exemple du Guatemala, s’il est sans doute un cas extrême en Amérique latine ( l’un des pays les plus pauvres, assurément), n’est pas unique. Partout en Amérique Latine, et surtout au  Pérou, en Équateur, au Brésil mais aussi à St Domingue, les multinationales ( principalement canadiennes, étasuniennes, espagnoles, anglaises…) font pression pour obtenir à n’importe quel prix concessions et autorisations d’exploitation. Et si les populations résistent, les gouvernements, même quand ils ne sont pas complices, ont du mal à résister à ces sirènes dont ils tirent souvent leurs principaux revenus. C’est le cas de Corréa en Équateur, dont le gouvernement a lancé le projet Yasuni, mais qui s’apprêterait à accepter d’autres forages afin, dit-il, de continuer son programme social de redistribution ( santé , éducation…).

Or, cette course effrénée  vise à préserver notre mode de développement énergivore et suicidaire. Qui participe à la destruction irrémédiable de  l’environnement, à des pollutions insupportables, et à un réchauffement climatique insoutenable. Il est donc indispensable d’y mettre fin. Et comme il sera nécessaire d’ arrêter à plus ou moins court terme toutes ces exploitations minières, il va être tout aussi nécessaire de permettre aux pays dépendants d’assurer leur transition vers un développement autonome et décarboné.

Devrons nous approfondir, pour cela, la  notion de « dette écologique » ? Promouvoir des procédures de  compensation internationale sur le mode du projet Yasuni ? Il nous faudra en tout cas nous confronter ensemble à cette réflexion sur des intérêts apparemment divergents si nous voulons sauver notre maison commune.

Françoise Alamartine, en charge de l’international au Bureau exécutif d’EELV, le 17 Décembre 2012

 

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Deux accords scandaleux entre l’Union européenne et l’Amérique Latine https://transnationale.eelv.fr/2013/01/01/deux-accords-scandaleux-entre-lunion-europeenne-et-lamerique-latine/ Tue, 01 Jan 2013 15:27:42 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3429 Lire la suite]]> Par Catherine Grèze, eurodéputée EELV

Le 11 décembre, le Parlement européen a voté en faveur de l’accord d’association avec l’Amérique Centrale et de l’accord de libre échange avec la Colombie et le Pérou. Ces votes sont le triste aboutissement de longs mois d’opposition de ma part et du groupe des Verts à ces accords qui font à nouveau primer les intérêts des grandes multinationales européennes sur le développement « endogène » de l’Amérique Latine et le bien être des populations locales.

Deux types d’accord

Un accord d’association contient trois piliers : le dialogue politique, la coopération et le commerce. Premier accord du genre signé avec des pays hors du continent européen, l’accord d’association avec l’Amérique Centrale « associera » les pays membres de l’Union européenne et le Costa Rica, le Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua et le Panama. Signé entre deux blocs régionaux, l’accord est notamment censé œuvrer pour l’intégration régionale en Amérique Centrale.

Concrètement cependant, l’accord ne garde « d’association » que le nom et réduit l’intégration régionale à une union douanière. Le pilier commerce est prépondérant et permettra d’abaisser toutes les barrières douanières entre les deux pays (notamment sur des secteurs clés tels que les biens manufacturés, la pêche ou encore l’agriculture) et de favoriser l’accès aux marchés publics.

L’accord de libre échange avec la Colombie et le Pérou est moins ambitieux puisqu’il ne porte que sur le commerce, selon les mêmes modalités que l’accord avec l’Amérique Centrale. Initialement, il devait lui aussi être un accord d’association avec la communauté andine des nations. Suite aux refus équatoriens et boliviens, l’Union a choisi de continuer les négociations sur le chapitre commercial avec les deux pays restants…

Des accords aux conséquences dramatiques

Ces accords seront particulièrement bénéfiques aux entreprises européennes En effet,  ils leur donneront accès aux secteurs clé que sont les télécommunications, l’eau, l’énergie ou encore les marchés publics.

Ils ouvrent aussi la porte aux grands projets d’extraction minière aux conséquences désastreuses pour les populations locales, l’environnement et à l’origine d’innombrables conflits sociaux.

Les accords seront en revanche une véritable catastrophe pour l’agriculture et favoriseront les cultures d’exportation (café, banane, sucre) au détriment des cultures vivrières.

De même, les accords réduiront la marge de manœuvre politique des pays latino-américains pour élaborer leur propre stratégie de développement ou pour définir des mesures concrètes en vue d’assurer que l’investissement bénéficie aux pauvres et aux plus vulnérables.

Pas de prise en compte des droits !

Par ailleurs, ces accords ne prennent pas assez en compte les situations locales. En Colombie, 90% des crimes contre les défenseurs des droits de l’homme sont impunis tandis qu’au Pérou, on estime à plus de 250 les conflits environnementaux, le plus souvent liés à l’extraction minière. Au Guatemala, les droits des populations indigènes sont historiquement bafoués tandis qu’au Honduras, les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes sont régulièrement persécutés, voire tués, depuis le coup d’Etat de 2009.

A cela, les accords ne répondent rien.

L’accord avec l’Amérique Centrale contient certes une clause sur les droits de l’homme mais elle est caricaturale car non contraignante ! Il n’y a pas non plus d’obligation de consultation des peuples autochtones, comme le demande la convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail, ni mention de la responsabilité sociale des entreprises.

Les choses sont encore pires pour la Colombie et le Pérou. Malgré ces situations critiques et l’opposition de l’ensemble de la société civile et des syndicats, l’accord de libre échange ne se soucie ni des droits de l’homme ni des droits du travail et encore moins de l’environnement.

En juin dernier et face à ce constat, le Parlement européen a demandé aux deux pays d’élaborer unilatéralement des feuilles de route pour un meilleur respect des droits. Celles ci ne sont cependant que de la poudre aux yeux puisque non contraignantes. Par ailleurs, elles ne sont qu’une énumération des politiques publiques en vigueur dont on sait qu’elles n’ont pas mené à des améliorations notables.

En tant que rapporteure de l’avis de la commission du Développement sur l’accord avec l’Amérique Centrale, j’ai appelé mes collègues à voter contre cet accord. Mise en minorité, j’ai fait le choix de retirer mon nom du rapport en signe de protestation.

Le Parlement européen vient donc là de voter en faveur d’accords scandaleux. Que valent les discours officiels sur les droits de l’homme, la démocratie ou encore la primauté du droit quand on en fait fi, au nom d’intérêts économiques soit disant supérieurs ?

De bons accords existent pourtant. L’Union européenne vient de le prouver avec l’Accord de Pêche avec la Mauritanie. Celui ci prend réellement en compte des préoccupations environnementales et de développement et a été salué par la société civile. A bon entendeur !

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