Afrique – Commission Transnationale https://transnationale.eelv.fr Un site utilisant Réseau Europe Ecologie Les Verts Wed, 04 Apr 2018 15:09:09 +0000 fr-FR hourly 1 Halte à la répression contre les mouvements LGBT en Égypte : l’Union européenne doit agir ! https://transnationale.eelv.fr/2017/11/23/halte-a-la-repression-contre-les-mouvements-lgbt-en-egypte-lunion-europeenne-doit-agir/ Thu, 23 Nov 2017 09:44:13 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4252 Lire la suite]]>

En ne réagissant pas l’Union européenne se rend complice des exactions des autorités égyptiennes contre les homosexuel-le-s dénoncent les écologistes européens.

L’homosexualité n’est pas reconnue comme un crime en Égypte pourtant les autorités du pays mènent actuellement une campagne visant à lutter contre « la dépravation », stigmatisant des jeunes dont l’orientation sexuelle est jugée immorale.

Pour les arrêter la « police du vice » utilise des techniques subversives, recourant notamment aux réseaux sociaux pour les piéger, et ensuite les torturer sexuellement avant que la justice les condamne à de lourdes peines de prison.

Il est inacceptable que des dizaines de jeunes Égyptiens soient exposés à la violence, aux agressions et aux abus en détention, aux poursuites et aux longues peines d’emprisonnement, à la diffamation publique et au discours haineux. Cette campagne de stigmatisation violente s’inscrit dans le contexte d’une répression en cours contre les mouvements défendant les des droits humains en Égypte, mais aussi contre la liberté de la presse, dans le but de faire taire les seules voix indépendantes qui pourraient défendre les opprimés.

Puisque personne ne peut s’exprimer librement en leur nom dans leur pays, les député-e-s écologistes interpellent par courrier la Haute-Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ainsi que le Chef de la délégation de l’Union européenne en République arabe d’Égypte, afin qu’ils appellent les autorités à la raison et agissent en faveur des victimes de cette campagne inhumaine.

Retrouvez le courrier : https://europeecologie.eu/halte-a-la-repression-contre-les-mouvements-lgbt-en-egypte-lunion-europeenne-doit-agir

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Gabon : EELV dénonce la répression et soutient l’aspiration du peuple gabonais à la justice https://transnationale.eelv.fr/2014/12/24/gabon-eelv-denonce-la-repression-et-soutient-laspiration-du-peuple-gabonais-a-la-justice/ Wed, 24 Dec 2014 20:39:21 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4208 Lire la suite]]> Communiqué EELV

Le 20 décembre dernier, à Libreville, une manifestation pacifique de l’opposition gabonaise a fait l’objet d’une répression particulièrement violente, entraînant la mort d’un manifestant selon les autorités, au moins six selon l’opposition et la société civile, ainsi que l’interpellation brutale et l’emprisonnement d’une centaine d’autres.

Ces événements se déroulent dans un contexte de forte tension sociale qui s’aggrave de manière alarmante ces derniers mois et qui se manifeste notamment par la multiplication de grèves dans de nombreux secteurs d’activités publics et privés, par la colère de populations vivant dans des conditions matérielles de plus en plus précaires, ou encore par les revendications des étudiants se plaignant de conditions d’études catastrophiques. Les réponses apportées par les autorités gabonaises, arrestations et détentions arbitraires de journalistes, de syndicalistes, d’étudiants, suspension de journaux de l’opposition, entre autres, ont contribué à l’escalade de la tension.

EELV condamne fermement la répression de la manifestation pacifique de l’opposition gabonaise ainsi que la violation par le gouvernement du droit fondamental à manifester.

EELV souhaite adresser ses condoléances et sa sympathie aux victimes de ces violences et à leurs familles.

EELV s’inquiète d’une situation générale potentiellement explosive et appelle le gouvernement français à agir pour que les autorités gabonaises prennent les mesures nécessaires à l’apaisement de la situation dans le respect des droits humains.

EELV demande qu’une enquête transparente puisse être diligentée dans les meilleurs délais sur les circonstances du décès de Bruno MBOULOU BEKA. La transparence doit également être faite sur la situation des personnes interpellées, notamment celle de Francis EDOU EYENE, membre du Front uni de l’opposition pour l’alternance, sur les conditions et les motifs de leur emprisonnement afin qu’elles puissent être défendues équitablement et libérées au plus vite si aucune charge sérieuse et réelle ne peut être retenue contre elles.

EELV réitère également son appel au gouvernement français pour qu’il soutienne les aspirations profondes du peuple gabonais, avide de justice sociale, économique et politique. Cela passe notamment par une gouvernance  plus démocratique et réellement au service du plus grand nombre ainsi que par la mise en place d’un véritable pluralisme politique.

Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux d’EELV

Retrouvez la note réalisée en octobre 2012 par la commission Transnationale d’EELV :
Une brèche s’ouvre dans la Françafrique : Accompagner les acteurs d’une transition pacifique au Gabon


Photo : Manifestation réprimée à Libreville, le 20 décembre 2014 (source : www.centrepresseaveyron.fr)

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EELV appelle à une transition démocratique et pacifique au Burkina Faso https://transnationale.eelv.fr/2014/10/31/eelv-appelle-a-une-transition-democratique-et-pacifique-au-burkina-faso/ Thu, 30 Oct 2014 22:39:31 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4147 Lire la suite]]> Communiqué EELV

Suite aux événements dramatiques du 30 octobre, EELV souhaite exprimer sa sympathie et sa solidarité au peuple burkinabé et appelle de ses vœux à voir s’engager une transition démocratique et pacifique au Burkina Faso.

La répression des forces de l’ordre a selon le dernier bilan causé entre 3 et 20 morts et fait plusieurs dizaines de blessés. En cause, le projet de révision de la Constitution présenté par le gouvernement en vue de permettre à l’actuel président de la République, Blaise Campaoré, au pouvoir depuis 27 ans suite à un coup d’Etat marqué par l’assassinat de Thomas Sankara, de se présenter pour un troisième mandat aux élections présidentielles de l’an prochain en modifiant l’article 37 de la Constitution.

Cela fait maintenant plusieurs mois que les manifestations de protestation populaires et spontanées, notamment le 23 août dernier, se multiplient suite aux velléités anti-démocratiques de repousser la limitation du nombre de mandats présidentiels.

EELV déplore donc l’acharnement du camp présidentiel de vouloir procéder à une modification de la Constitution massivement rejetée par une large part de la population et ayant, par conséquence, toutes les chances de provoquer une grave crise sociale et politique et de mettre à mal l’unité nationale.

EELV appelle le gouvernement français à soutenir les aspirations profondes du peuple burkinabé et à ne pas répéter les erreurs du passé en cessant notamment de détourner les yeux des maux dont souffre ce peuple, maux dont l’origine réside largement dans la gestion autoritaire du pouvoir de Blaise Campaoré, loin des standards démocratiques et de bonne gouvernance.

Une attention sérieuse et vigilante de la France, mais aussi de l’Union européenne, de l’Union africaine ainsi que de l’ensemble de la communauté internationale, est d’autant plus importante que, dans les deux prochaines années, pas moins de cinq pays africains (République Démocratique du Congo, Rwanda, Congo Brazzaville, Burundi, Bénin,…) ont des échéances électorales présidentielles en ayant à leur tête des chefs d’Etat ne pouvant en principe plus se présenter mais tentés, par des moyens divers, de lever la limite constitutionnelle du nombre de mandats qui leur est imposée.

Dans ce moment d’incertitude politique, la France et l’Union européenne peuvent aider le Burkina Faso à devenir un pays enfin pleinement indépendant. Cela passe par un engagement fort de l’Union européenne pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre lors des deux prochaines COP sur le climat à Lima (2014) et à Paris (2015), afin de rendre le Sahel plus vivable et plus fertile. Cela passe par une révision drastique des accords de partenariat économique UE-ACP qui achèvent d’affaiblir l’agriculture paysanne burkinabé. Cela passe par un soutien au mouvement populaire qui manifeste chaque jour sa volonté d’alternance dans le pays, ainsi qu’au processus démocratique en vue de l’organisation de prochaines élections où les mouvements écologistes burkinabè prendront toute leur part.

Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux

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Burkina Faso, Afrique : limitation du nombre de mandats présidentiels, aucune exception n’est plus acceptable https://transnationale.eelv.fr/2014/10/30/burkina-faso-afrique-limitation-du-nombre-de-mandats-presidentiels-aucune-exception-nest-plus-acceptable/ Thu, 30 Oct 2014 10:23:01 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4144 Lire la suite]]> Communiqué du
Collectif de Solidarité avec
les luttes sociales et politiques en Afrique

Paris, 27 octobre 2014

Les limitations du nombre de mandats présidentiels ont été ajoutées dans les constitutions des ex-colonies françaises en Afrique au début des années 1990, lors du début de l’instauration du multipartisme. Depuis, les dictateurs ont détourné les processus électoraux et se sont renforcés au travers d’une démocratie factice. Plusieurs ont supprimé les limitations du nombre de mandats.

Au Burkina Faso, Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir en 1987 suite à l’assassinat de Thomas Sankara et très soutenu par de nombreux gouvernements français depuis 27 ans, a lui aussi empêché la démocratie de s’installer. A la présidentielle du 21 novembre 2010, il a gagné avec 80,15% des voix, avec un taux d’inscription sur les listes électorales d’environ 54% par rapport au fichier électoral de 2007[1], et une participation de 54,80%[2], alors que le débat se portait déjà sur la limite de 2015. Lors des législatives du 2 décembre 2012, le parti au pouvoir, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) l’a emporté avec 70 sièges sur 127, et un nouveau chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré de l’Union pour le changement (UPC) s’est imposé loin devant les autres partis d’opposition[3].

La limitation a été enlevée en 1997 puis remise en 2000 après les manifestations populaires qui ont suivi l’assassinat du journaliste Norbert Zongo par le régime. Depuis les élections législatives, les revendications des partis politiques d’opposition et de la société civile, dont le Balai citoyen formé par les artistes Smockey et Sams’k le Jah, se sont concentrées sur le respect de la constitution et le refus de toute modification de son article 37 comportant la limitation du nombre de mandats. S’il ne réussissait pas à modifier l’article 37, le président burkinabé aurait beaucoup de mal à imposer un successeur issu du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) actuellement en crise profonde. Il craint aussi d’être poursuivi en justice bien qu’il ait fait voter par l’Assemblée nationale une amnistie des anciens présidents. Depuis deux ans, les manifestations se sont multipliées contre la modification de l’article 37. La dernière, qualifiée d’historique par la presse, a mobilisé « plus de 100.000 manifestants » selon les organisateurs, le 23 août 2014 à Ouagadougou[4].

Malgré cette pression populaire, après avoir tenté de diviser l’opposition par différentes tentatives de ‘dialogue’, profitant d’une Assemblée nationale sous sa coupe, le président burkinabé a décidé de modifier la constitution. Le 21 octobre 2014, le conseil des ministres a adopté une proposition de loi, proposant la tenue d’un référendum sur l’article 37. Les députés doivent se prononcer le 30 octobre. Les trois quarts du parlement pourraient modifier directement la constitution[5] ou, sinon, un référendum pourrait se tenir en décembre 2014, l’élection étant prévue en novembre 2015[6]. Il y a quelques semaines, le chef de file de l’opposition indiquait « Si le référendum a lieu, la machine à fraude va tourner à plein régime »[7]. L’opposition connait bien les méthodes qui permettent au pouvoir de gagner toutes les élections, et craint, à juste titre, la tenue d’un référendum dont la garantie de transparence n’est pas assurée. Après un appel à la « résistance citoyenne » de la société civile le 21 octobre[8], le 22 octobre, les chefs de partis de l’opposition ont appelé à une journée de protestation le 28 octobre et décidé une campagne de « désobéissance civile »[9].

Par la voix de son porte-parole, Romain Nadal, et par écrit, le Ministère des affaires étrangères français a indiqué le 23 octobre la position officielle : « La France réitère son attachement au respect des principes définis par l’Union africaine sur les changements constitutionnels visant à permettre aux dirigeants de se maintenir au pouvoir. Le président de la République a écrit en ce sens au président Compaoré le 7 octobre. Il est primordial qu’il (le Burkina Faso) envisage son propre avenir de manière consensuelle et apaisée. »[10] La Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance de 2007 précise dans son Article 10, alinéa 2 : « Les Etats parties doivent s’assurer que le processus d’amendement ou de révision de leur Constitution repose sur un consensus national comportant, le cas échéant, le recours au référendum. »[11] Au 23 octobre, il est déjà évident que le référendum est impossible à organiser de « manière consensuelle et apaisée ». Par oral au micro de RFI[12], Romain Nadal a fait référence à l’article 23 [13] : « Son article 23 est très clair en matière de révision des Constitutions qui aurait pour objectif d’empêcher des alternances démocratiques. En affirmant ce principe et en rappelant ce principe, la position de la France est très claire ».

Les années 2015 et 2016 seront essentielles pour la démocratisation de l’Afrique : 25 présidentielles, auxquelles s’ajoutent 3 présidents élus par les parlements, 21 législatives, 46 élections dans 54 pays sur 2 ans[14]. Plusieurs autres présidents africains se confronteront à la limitation du nombre de mandats[15]. Comme le montre le tableau suivant des présidentielles où se pose la question, au moins quatre présidents, au Burkina Faso, au Togo, au Congo Brazzaville et en RDC, s’opposent ou s’opposeront à la limitation et aux mobilisations populaires qui ne feront que s’intensifier. A ces pays, s’ajoutent le Burundi, où le président essaye de rester face à une forte résistance de son opposition et à des pressions internationales liées aux accords de paix d’Arusha de 2000, et s’ajoutera peut-être le Rwanda.

Date probable[16] Pays Président Durée pouvoir Situation
2015 : mars Togo Faure Gnassingbé 10 (2×5) (+38) Refuse limitation APG 2006
2015 : juin-juillet Burundi Pierre Nkurunziza 10 (2×5) Hésite, pressions internationales
2015 : octobre Tanzanie Jakatya Kikwete 10 (2×5) Devrait a priori partir
2015 : novembre Burkina Faso Blaise Compaoré 28 (2×5+18) Essaye de modifier constitution
2016 : mars Bénin Yayi Boni 10 (2×5) Devrait a priori partir
2016 : juillet Congo B Sassou Nguesso 32 (2×7+18) Essaye de modifier constitution
2016 : novembre Congo K Joseph Kabila 10 (2×5) Essaye de modifier constitution
2017 : août Rwanda Paul Kagamé 14 (2×7) Forts doutes sur intention
2017 : oct-nov Libéria Ellen Johnson-Sirleaf 12 (2×6) Pas encore de débat
2017 : novembre Sierra Leone Ernest Bai Koroma 10 (2×5) Pas encore de débat

A l’échelle du continent, le respect d’une limitation à deux mandats, si possible de 5 ans, constitue l’un des rares leviers qui facilitera les alternances, le renouvellement des classes politiques, la fin des dictatures, une véritable démocratie et, indirectement, la prévention des crises.

Le Collectif de Solidarité avec les luttes sociales et politiques en Afrique soutient la population burkinabé, la société civile et les partis politiques en lutte contre la modification de la constitution, souligne le risque de violences et de répression, appelle le gouvernement français à éviter tout soutien au président burkinabé, à prendre position pour la démocratie en Afrique et pour un respect strict des limitations du nombre de mandats présidentiels.

Collectif de Solidarité avec les luttes sociales et politiques en Afrique

19 signataires : Balai Citoyen Paris (Burkina Faso), Alliance Nationale pour le Changement Ile-de-France (ANC-IDF, Togo), Fédération des Congolais de la diaspora (Congo Brazzaville), Ça Suffit Comme ça ! (Gabon), Forces Vives tchadiennes en exil, Union pour le Salut National (USN, Djibouti), Collectif des Organisations Démocratiques des Camerounais de la Diaspora (CODE), Union des Populations du Cameroun, Conseil National pour la Résistance – Mouvement Umnyobiste (Cameroun), Mouvement pour la Restauration Démocratique en Guinée Equatoriale (MRD), Comité d’Action pour la Conquête de la Démocratie en Centrafrique (CACDCA), Afriques en lutte, Sortir du colonialisme, Plateforme Panafricaine, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), Parti de Gauche, Ensemble !, Parti Communiste Français, Europe Ecologie Les Verts (EELV).

Lire le communiqué sur le site du Collectif de solidarité avec les luttes sociales et politiques en Afrique

[1] 30.3.10, http://www.fasozine.com/presidentie…

[2] http://presidence.bf/les-dossiers-2…

[3] Mi-septembre 2014, Zéphirin Diabré a été reçu à Paris par le Parti socialiste qui s’est exprimé : « toute révision constitutionnelle d’ampleur doit se faire en plein accord avec toutes les forces politiques et dans le respect des règles de l’Union africaine et de la Charte de l’Organisation internationale de la francophonie. ».

[4] 23.8.14, Burkina Faso : manifestation d’ampleur contre un potentiel référendum, http://www.africa1.com/spip.php?art…

[5] 3/4 : 96 sur 127, 70 CDP (?) + 11 alliés + 18 RDA = 99, 23.10.14, RCarayol, le référendum, la seconde option de Blaise Compaoré,

http://www.jeuneafrique.com/Article…

26.10, L’alternance piégée, http://lepays.bf/burkina-faso-lalte…

[6] 16.9.14, Déclaration du CFOP sur la situation nationale, http://www.upcbf.org/

[7] 23.9.14 Jeune Afrique : http://www.jeuneafrique.com/Videos/…

[8] 22.10.14, Révision de la constitution burkinabé : la société civile appelle à une résistance populaire,

http://www.wikiburkina.net/2014/10/…

, http://www.blaisecompaore2015.info/…

[9] 22.10.14, Burkina : l’opposition appelle à une ‘’désobéissance civile‘’ à partir du 28 octobre,

http://www.aib.bf/m-1643-burkina-l-…

[10] 23.10.14, MAEDI, http://basedoc.diplomatie.gouv.fr/v…

[11] 30.1.7, Charte Africaine de la Democratie, des Elections et de la Gouvernance, http://www.achpr.org/files/instrume…

[12] 24.10.14, RFI, http://www.rfi.fr/afrique/20141024-… : Romain Nadal : « Ce n’est pas à nous de nous ingérer dans ce débat. Mais la France a une position de principe qui est son attachement à la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. C’est un texte que l’ensemble des Etats africains doivent respecter. Et son article 23 est très clair en matière de révision des Constitutions qui aurait pour objectif d’empêcher des alternances démocratiques. En affirmant ce principe et en rappelant ce principe, la position de la France est très claire. Et elle a cette position à l’égard de l’ensemble des Etats africains car il en va de la crédibilité de l’Union africaine et de la Charte. ».

[13] Article 23 : « Les Etats parties conviennent que l’utilisation, entre autres, des moyens ci-après pour accéder ou se maintenir au pouvoir constitue un changement anticonstitutionnel de gouvernement et est passible de sanctions appropriées de la part de l’Union : … 5. Tout amendement ou toute révision des Constitutions ou des instruments juridiques qui porte atteinte aux principes de l’alternance démocratique. »

[14] Agenda élections Afrique 54 pays de 2009-2018 http://regardexcentrique.wordpress….

[15] Synthèse agenda élections Afrique 54 pays 2015-2016 + Présidentielles : limitation nombre mandats + mascarades prévisibles en dictature sans limitation mandats https://regardexcentrique.files.wor…

[16] Les dates sont les dates prévisibles en fonction du début du mandat, sachant que les reports sont fréquents

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Tchad, soutien à la société civile tchadienne suite à la journée « ville morte » https://transnationale.eelv.fr/2014/10/17/tchad-soutien-a-la-societe-civile-tchadienne-suite-a-la-journee-ville-morte/ Fri, 17 Oct 2014 18:54:06 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4138 Lire la suite]]> Communiqué de presse du
Collectif de Solidarité avec
les Luttes Sociales et Politiques en Afrique

Paris, 14 octobre 2014

Dans ce pays pétrolier, alors que la révision de la raffinerie est prévue entre le 15 octobre et le 30 novembre, « le litre d’essence se négocie aux tarifs faramineux de 1500 à 2000 Francs CFA le litre (2,25 à 3 euros) » selon le Mouvement du 3 février, en exil[1]. Malgré les risques de répression, la même société civile tchadienne[2] a lancé le jeudi 9 octobre, un appel à une « journée ville morte »[3], qui dénonce l’origine de la pénurie : « Cette pénurie n’est pas accidentelle, elle a été artificiellement créée par des proches du chef de l’Etat qui détournent les citernes destinée à alimenter les stations services agréées ». La radio FM Liberté qui relayait l’appel a été immédiatement fermée[4]. Un représentant de la société civile tchadienne, Eric Hervé Pando de l’Association Sociale des Jeunes pour la défense des Droits Humains (ASJDH) est à Paris pour présenter l’appel, la situation du Tchad, et les espoirs d’alternance démocratique.

Dans ce pays préféré de l’armée française en Afrique, jusqu’à ce jour, la liberté d’expression n’existe pas, la liberté de manifester n’existe pas. La dernière tentative à N’Djamena date du 11 juin 2001, et la manifestation des femmes devant l’ambassade de France s’était terminée par une dispersion à coup de grenades réelles faisant de nombreuses blessées.[5] Les journalistes principaux ont été contraints à l’exil et l’information circule surtout par des sites internet gérés à l’étranger[6].

Le gouvernement et l’armée française ont en 2013 tenté de réhabiliter le dictateur Idriss Déby au travers du conflit malien[7], juste avant que ne soit dénoncé le rôle prépondérant du Tchad dans la déstabilisation de la Centrafrique[8]. Le 1er août 2014, le poste de commandement de l’opération Barkhane de lutte contre le terrorisme dans le Sahel a été basé à N’Djamena. Le 19 juillet, en visite au Tchad, François Hollande n’a pas rassuré les démocrates tchadiens déjà affaiblis par la répression, laissant croire, qu’en contrepartie de l’aide sur Barkhane, l’Etat de droit et l’absence de démocratie seraient encore moins pris en compte[9]. Il n’a pas rencontré d’opposants laissant son conseiller Thomas Mélonio le faire très discrètement et sans engagement et le député Pouria Amirshahi s’exprimer en contrepoint[10].

Idriss Déby est au pouvoir depuis 24 ans. Alors que se multiplient depuis l’été, les interpellations sur la longévité des dictateurs africains en lien avec les questions du respect des constitutions et de la limitation du nombre de mandats, le 25 septembre, était organisée à N’Djaména une conférence de presse dénonçant la volonté d’Idriss Déby de s’imposer pour un cinquième mandat en 2016[11]. Juste avant, le 21 septembre, la société civile en lutte pour « l’alternance démocratique » dénonçait des menaces visant des personnalités qui prennent actuellement le risque de s’engager au grand jour[12].

Le gouvernement français doit montrer que la diplomatie française n’est pas soumise à une politique de défense décidée en collaboration avec des chefs d’Etat illégitimes.

Le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique demande au gouvernement français de s’exprimer clairement et de prendre ses responsabilités, afin de faciliter la liberté d’expression et la liberté de manifester, l’établissement de l’Etat de droit et le respect de processus électoraux permettant la démocratisation du Tchad.

Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique

18 signataires : Forces vives tchadiennes en exil, Mouvement du 3 février (Tchad), Rassemblement National Républicain (RNR), Cà suffit comme cà ! (Gabon), Fédération des Congolais de la Diaspora (Congo-Brazzaville), Union des populations du Cameroun, Mouvement pour la Restauration Démocratique en Guinée Equatoriale (MRD), Union pour le Salut National Paris Ile-de-France (Djibouti), Alliance Républicaine pour le Développement (ARD, dans USN), Alliance Nationale pour le Changement Ile-de-France (ANC-IDF, Togo), Afriques en lutte, Amicale Panafricaine, Sortir du colonialisme, Survie, Ensemble, Parti de Gauche, Parti communiste français, Europe Ecologie les Verts.

Contact d’Eric Hervé Pando de l’Association Sociale des Jeunes pour la défense des Droits Humains (ASJDH) à Paris à partir du 11 octobre : asjdh44@yahoo.fr, Ndjaména : (+235) 66 29 78 78 / 77 29 78 78 / 99 29 78 78

[1] 8.10.14, Mouvement du 3 Fevrier : Tchad : pénurie d’essence dans un pays pétrolier, http://makaila.over-blog.com/2014/1…

[2] Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture Section du Tchad (ACAT-TCHAD), Association des Femmes pour le Développement et la Culture de la Paix au Tchad (AFDCPT), Association de Lutte Contre la Corruption et les Malversations Économiques au Tchad (ALCOMET), Association pour la Promotion des Libertés Fondamentales au Tchad (APLFT), Convention Tchadienne pour la Défense des Droits Humains (CTDDH), Association Tchadienne pour la Promotion et la Défense des Droits de l’Homme (ATPDH), Association Sociale des Jeunes pour la défense des Droits Humains (ASJDH), Mouvement Citoyen pour la Préservation des Libertés (MCPL), Tchad Non Violence (TNV), Ligue Tchadienne de Droits de l’Homme (LDTH), Collectif des associations et mouvements de jeunes du Tchad (CAMOJET)

[3] http://jeunestchad.mondoblog.org/?p=747, http://wuitamoutopona.over-blog.com… http://makaila.over-blog.com/2014/1…

[4] 8.10.14, La Radio Fm Liberté subit les foudres du HCC http://wuitamoutopona.over-blog.com…

[5] Tchad : Que retenir de la manifestation des femmes 10 ans après ?, http://www.journaldutchad.com/artic…

[6] Par exemple, Makaila Nguebla : http://makaila.over-blog.com, Eric Topona : http://wuitamoutopona.over-blog.com/

[7] 15.12.13, Tchad 2013 : la réhabilitation impossible d’un dictateur notoire, dossier d’information réalisé dans le cadre du Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique, http://www.electionsafrique.org/Tch…

[8] 5.3.14, Influence et implication d’Idriss Déby en Centrafrique de mi-2012 à janvier 2014, dossier d’information réalisé dans le cadre du Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique, http://www.electionsafrique.org/Inf…

[9] 23.7.14, La Lettre du Continent, n°687, Barkhane : Deby pose ses conditions

[10] 21.7.14, Pouria Amirshahi : « La France peut agir pour aider les démocrates. .. la diplomatie doit mieux assumer le droit d’asile offert aux opposants, ainsi que la conduite des programmes de renforcements de capacité des sociétés civiles (et donc pas seulement des États). » http://www.pouriaamirshahi.fr/2014/…

[11] 28.9.14, Les forces vives persistent et signent au Tchad : « Idriss Deby n’a pas droit à un 5ème mandat »

http://makaila.over-blog.com/2014/0…

[12] 21.9.14, Tchad : plusieurs ONG dénoncent le plan d’éxécution de leurs membres par le régime Deby

http://makaila.over-blog.com/2014/0…

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L’Afrique aux Journées d’été EELV 2014 https://transnationale.eelv.fr/2014/09/29/lafrique-aux-journees-dete-eelv-2014/ Mon, 29 Sep 2014 15:36:57 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4050 Lire la suite]]> Les Journées d’été EELV se sont tenues du 21 au 23 août sur le campus de l’Université Bordeaux III à Pessac (Gironde). En plus d’un atelier dédié à la coopération décentralisée Bègles-Bargny (Sénégal), quatre ateliers étaient consacrés à des questions liées à l’Afrique. Leurs débats sont brièvement résumés ci-dessous.

 

 

 

 

 

Mali : gagner la paix

Jeudi 21 août à 16h30, salle A4

Animation
Françoise Alamartine, responsable de la commission Transnationale
Gérard Lansade, membre du groupe Afrique EELV et de l’association « Avec et pour le Mali ».

Avec
Bintou Diallo,
présidente du Parti Vert malien
N’Fa Diabate, vice- président, maire de Tienfala, 6 900 hab.
Ousmane B. Diallo, éleveur, représentant de la Cnop1
Housseini Saye, maire de Bandiagara, 25 000 hab., pays Dogon
Nicole Kiil-Nielsen, députée européenne 2009/2014

Après Serval, pour EELV, il fallait gagner la paix pour éviter les conflits : favoriser un autre développement, la démocratie, la décentralisation, des échanges plus égalitaires, des projets issus des populations et non au profit des multinationales, l’agriculture paysanne.

Pari difficile : 172e/181 pour l’IDH, des camps de réfugiés, une situation instable au Nord, un tourisme exsangue, une économie à 80% agricole, un environnement parfois rude : sols ravinés par le déboisement, pluviométrie en baisse…

2013 : l’UE donne 250 millions d’euros, la France, 141. L’argent « se perd souvent dans le sable ». La coopération décentralisée entre collectivités cible les besoins, va dix fois plus vite, est plus efficace. Lors de la crise, l’Etat ne fonctionnait plus, les collectivités, si. Une commune sur cinq est jumelée avec une française. Exemple, Bandiagara ( Patrimoine de l’Unesco) et Orchies (Nord) : un jardin scolaire, projet du village, géré par les enfants, une cantine créée par les mères (avec une meilleure alimentation).

« 2012 : une guerre bien plus grave que celle du Nord Mali : l’accaparement des terres »
Des agriculteurs, des villages entiers, des centaines de familles expulsés au profit de multinationales (libyenne, chinoise, brésilienne) : jusqu’à 700 000 ha. Pompage de l’eau pour le canal démesuré (114m/42kms) du fils de Khadafi. Des terres vendues à des particuliers qui ne les cultivent pas.
40% des baux fonciers sont destinés aux cultures d’agro-carburants, ex.  la Jatropha qui formait les haies, fixait la terre, servait à fabriquer du savon.

Accords de Partenariat Economique (APE) : l’UE fait pression pour la libéralisation des échanges agricoles. Deux pays « sous tutelle » ont cédé, la Cedeao[1] vient de signer. Concurrence déloyale vu les subventions, les normes hypocrites (les agriculteurs maliens n’ont pas les moyens de mettre des pesticides).

Mauvaise gestion de l’Etat, brimades contre les paysans : l’exode rural s’intensifie.

Décentralisation. Elections régionales prévues, les 703 communes sont trop isolées. Le système électoral est proche du système français. Bandiagara, 17 élus, est divisé en 10 quartiers administrés par des « chefs ». Des efforts sont faits pour la parité. Coopération nécessaire pour l’eau, l’assainissement, la ville ayant grossi trop vite.

Le maire vert (comme 2 de ses adjoints) est élu depuis 2004 à Tienfana, 4 écoles, 2 second cycle, 4 centres de santé, une maternité.

Les compétences données aux municipalités (éducation, eau, santé) sont « de façade », le contrôle reste à l’Etat. Ainsi, la forêt de 300 ha, quoique classée, est en danger. Comme les réserves d’eau : le gouvernement a décidé seul d’y imposer la décharge de Bamako. La population, informée par la municipalité, a manifesté, obligeant l’Etat à protéger la ressource. 

Changements politiques. Avec une presse plus libre, des députés indépendants, des syndicats agricoles[2]: l’information circule. Les APE ne seront pas forcément ratifiés.

Suite aux mobilisations, une loi agricole est en cours, contre la spoliation par les multinationales (et prête-noms, obtenant crédits, exonérations, au contraire des agriculteurs)[3].

La loi foncière doit s’appuyer sur le droit coutumier, attribuant la terre à des cultivateurs non propriétaires. Contre les ventes illicites, la gestion doit revenir à la communauté, non au chef de village (parfois analphabète) et au maire.

Multipartisme : la Cnop a des élus, N’Fa Diabate s’est présenté aux législatives pour l’écologie (4e/8). Nicole K N, observatrice des élections 2013, confirme leur bonne tenue, due à l’habitude de l’Etat et des habitants d’en organiser. 

« Si tu cherches une aiguille et que celui qui t’aide à chercher a le pied dessus, tu ne pourras la trouver ».

[1] Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
[2] Via Campesina a fait des formations, créé un village paysan, etc.
[3] Dénonciation arrivée jusqu’à l’ONU, lorsque cet accaparement a détruit un cimetière.

Lire le compte-rendu détaillé de l’atelier « Mali : gagner la paix »

Atelier "Mali, gagner la paix"
Atelier « Mali, gagner la paix »

 

Bordeaux, Nantes : mémoires comparées de l’esclavage

Vendredi 22 août à 14h30, salle A9

Avec
Élise Dan Ndobo
, Les Anneaux de la mémoire (Nantes)
Jean-Philippe Magnen, vice-président de la Région Pays de la Loire et ancien adjoint au maire de Nantes
Ousmane Cissé, CRAN Aquitaine
Marie Bové, conseillère régionale Aquitaine et déléguée à l’international au Bureau exécutif EELV

Animation
Benjamin Bibas,
co-responsable groupe Afrique EELV

Précédé d’une visite guidée de la ville de Bordeaux sur le thème de la traite négrière, cet atelier entendait comparer les traces institutionnelles que la mémoire de cette violence extrême avait laissées à Bordeaux et à Nantes. La parole était donnée à des acteurs associatifs et politiques des deux villes afin de comprendre comment l’action politique peut relayer les revendications associatives portant sur la mémoire de la traite.

Élise Dan Ndobo a rappelé l’engagement de l’association Les Anneaux de la mémoire dans l’organisation de l’exposition éponyme qui a rassemblé 400 000 visiteurs au Château des Ducs de Bretagne / Musée d’histoire urbaine de Nantes en 1992-1994, puis en faveur de l’explicitation de l’histoire de la traite à Nantes, premier port négrier français, dans les collections permanentes du musée. Considérant l’inauguration du Mémorial de l’abolition de l’esclavage au bord de la Loire en 2012 comme une avancée symbolique, elle souhaite aujourd’hui poursuivre la collaboration avec la Ville sur ce travail de mémoire. Saluant le travail de la municipalité de Jean-Marc Ayrault sur cette question, Jean-Philippe Magnen pense qu’il peut être prolongé par la mise en place de coopérations décentralisées avec les territoires concernés (Haïti, Antilles françaises, Rufisque au Sénégal…), le développement de recherches à l’Institut d’études avancées de Nantes, l’ouverture des quais de la Loire pour permettre un commerce plus visible et plus vertueux avec le reste du monde.

Saluant l’ouverture récente de six salles consacrées à la traite négrière atlantique au Musée d’Aquitaine, Ousmane Cissé a insisté, au-delà du travail de mémoire, sur la notion de réparations. Celles-ci pourraient prendre quatre formes : mémorielles (édification d’un mémorial), éducationnelles (approfondissement de la traite dans les programmes scolaires), foncières (réforme dans les Antilles françaises) ou financières (remboursements à Haïti). Marie Bové a rappelé que Bordeaux, avec plus de 500 expéditions négrières et plus de 130 000 Africains déportés, est classé deuxième port négrier français après Nantes, et même premier au début du XIXe siècle. Pour continuer d’éclairer cette histoire sombre, elle propose la création d’un Institut des mondes africains afin de lier recherches et arts sur l’Afrique historique et contemporaine. Jean-Philippe Magnen conclut en envisageant la création d’une coordination des différents pôles travaillant sur la traite au sein d’un centre national français sur ces questions.

Mémorial de l'abolition de l'esclavage, Nantes
Mémorial de l’abolition de l’esclavage, Nantes

 

La République centrafricaine, un pays en crise au cœur d’une sous-région en mal d’écologie

Vendredi 22 août à 16h30, salle C4

Avec
François Passema, Comité d’action pour la conquête de la démocratie en Centrafrique (CACDCA)
Narcisse Kamayenwode, EELV Bègles
Frank Kodbaye, journaliste tchadien
Kalliopi Ango Ela, ex-sénatrice EELV des Français établis hors de France (2012-2014)

Discutants
Balaam Facho,
Forum des ORganisations Environnementales du Tchad (FORET)
François Missengue et Amédée Keti, cercle La Rupture (Congo-Brazzaville)
Raimundo Ela Nsang, Coalition pour la Restauration de la Démocratie (CORED) en Guinée équatoriale)

Animation
Benjamin Bibas,
co-responsable groupe Afrique EELV

Le but de cet atelier était double : analyser les causes du conflit en République centrafricaine (RCA) sous un angle écologique ; proposer des solutions de sortie de crise impliquant tous les pays d’Afrique centrale.

François Passema et Narcisse Kamayenwode estiment que sous des dehors de conflit communautaire, la guerre en RCA vise l’appropriation des ressources naturelles du pays (diamant, pétrole, bois, riche sous-sol forestier, eau…) et notamment de sa région Nord. Elle est alimentée par le Tchad avec la bienveillance de puissances plus lointaines (pays arabes du golfe persique, Chine…). Par-delà l’intervention militaire française, la sécurité des Centrafricain/es ne pourra être rétablie que par l’augmentation du dispositif militaire onusien à environ 15 000 hommes répartis sur l’ensemble du pays. La RCA devra ensuite être mise sous tutelle de l’ONU pendant un an ou deux, le temps d’organiser des élections et une justice crédibles. Pour Frank Kodbaye, la guerre en RCA ne peut être enrayée à moyen et long terme que par une coopération régionale visant une gestion durable des ressources naturelles de la RCA et d’Afrique centrale au profit des habitant/es de la sous-région. Kalliopi Ango Ela abonde en ce sens, concluant sur l’importance de la gestion collective du foncier, dont le cadastrage administratif recèle des conflits durs et infinis.

Des écologistes de pays voisins ont discuté ces propos. Balaam Facho (Tchad) pense que la déstabilisation de la RCA est une politique délibérée menée par le président tchadien Idriss Déby. François Missengue et Amédée Keti (Congo-Brazzaville) ont parlé d’une véritable razzia des puissances asiatiques sur la faune et la flore de la forêt du « rectangle vert » (Congos, Gabon, Cameroun, RCA), relevant également le danger d’une expansion islamiste violente dans la région. Raimundo Ela Nsang (Guinée équatoriale) a appelé à la création d’un syndicat des opposants écologistes aux régimes dictatoriaux d’Afrique centrale : si la situation se débloque dans un pays, celui-ci deviendra une base arrière pour que les écologistes des pays voisins puissent s’organiser.

François Passema et Cécile Duflot
François Passema et Cécile Duflot

 

Négritude et écologie : autour de la figure d’Aimé Césaire

Vendredi 22 août à 16h30, salle C6

Avec
Balla Koné
Bénédicte Monville-De Cecco
, docteur en anthropologie sociale et ethnologie (EHESS).

Animation
Frédéric Maintenant
, groupe Afrique EELV

Pourquoi Aimé Césaire aux Journées d’été d’EELV ? Certes, le centenaire d’Aimé Césaire a eu lieu l’année dernière, mais rien ne nous empêche de revenir sur les pensées d’un éminent homme de culture du XXe siècle qui fut comme Léopold Sédar Senghor, un grand acteur politique d’abord en France et contrairement à Senghor… toujours en France par la suite, une France de 1982 décentralisée mais une France qui n’a toujours pas complètement réglé et assumé son passé colonial. Négritude et écologie, c’est une évidence car la biodiversité est d’abord humaine.

Pour Frédéric Maintenant, « lire et relire Césaire, c’est voir devant soi la vie prendre, l’existant se muer, l’existence être, et comment assumer d’être écologistes si la vie n’est pas au centre de nos préoccupations, et quand je lis Césaire, je ressens cette virulence pas facile de l’être prenant forme et voulant s’affirmer. Et, en même temps Césaire nous parle de ce qui a toujours été là, cette nature, nature humaine, nature maternelle, mais, il n’en parle pas comme ça de but en blanc, il la fait émerger en nous à travers la science infinie de son langage, science qui couvre littérature et politique. La force de ses mots est sa fierté, on la sent toujours présente, mobilisatrice et, pour moi, elle me donne l’envie de vivre, la nécessité de continuer, et, là, oui, là, je vois, je perçois ce qu’est la nécessité écologique d’être. Les Antilles, l’Afrique, la Négritude, sans les chercher, s’inscrivent alors en moi, comme inséparables de ce que je suis, et comme l’acteur blanc des Griotshango dans Soleil O de Med Hondo, je n’ai aucun problème, aucune gêne à dire:  « Mais moi aussi je suis nègre » ».

Ensuite a été diffusé un extrait d’une interview d’Aimé Césaire, puis un montage extrait de la pièce de Césaire Et les chiens se taisaient.

Bénédicte Monville De Cecco a fait une présentation de l’histoire du problème de l’esclavage en Martinique en le liant à la pensée poétique et politique d’Aimé Césaire, faisant plusieurs analyses du vocabulaire étendu du poète, et mettant en avant l’importance de la nature dans sa pensée, tout en admettant des contradictions écologiques, comme la volonté de mettre en valeur les plantations de bananes.

Puis Balla Koné a évoqué l’importance d’Aimé Césaire dans le cursus des élèves maliens, soulignant l’implication politique en Afrique de la Négritude, soulignant la fierté retrouvée d’être noir et intellectuel, mais que Négritude et couleur de peau ne se confondaient pas.

Visionner la vidéo de l’intégralité de l’atelier.

Aimé Césaire
Aimé Césaire au Panthéon
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Compte rendu de l’ATELIER MALI : Gagner la paix ? https://transnationale.eelv.fr/2014/09/26/compte-rendu-de-latelier-mali-gagner-la-paix/ https://transnationale.eelv.fr/2014/09/26/compte-rendu-de-latelier-mali-gagner-la-paix/#comments Fri, 26 Sep 2014 14:58:53 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4038 Lire la suite]]> Merci aux eurodéputé-es,  en la personne d’Eva Joly et Michèle Rivasi, ainsi qu’à la Fondation de l’Ecologie Politique pour leur financement.

Animation : Françoise Alamartine, responsable de la commission Transnationale, Gérard Lansade, membre du Groupe Afrique et de l’association « Avec et pour le Mali ».

Intervenant-es : Bintou Diallo, présidente du Parti Vert malien, N’Fa Diabate, vice- président, maire de Tienfala, 6900 H – Ousmane B.Diallo, éleveur, représentant de la Cnop1– Housseini Saye, maire de Bandiagara, 25000H, pays Dogon – Nicole Kiil-Nielsen, députée européenne 2009/2014.

Introduction : Françoise Alamartine, responsable de la commission Transnationale

Après l’opération militaire « Serval, » l’important pour EELV était de parvenir à « gagner la paix », c’est à dire favoriser un autre développement seul à même d’éviter d’autres conflits. Il nous a donc semblé nécessaire un an et demi après de faire le bilan de cette intervention et de ses suites.

Aujourd’hui, « Barkhane » a succédé, depuis le 1er août, à « Serval » et 3000 hommes se sont installés dans le Nord du Mali. Ce qui devait être une opération limitée dans le temps semble se transformer en présence permanente.

Certes, la région Nord n’est pas stabilisée. Bien sûr, les problèmes en Libye peuvent être menaçants. Mais la question n’est-elle pas plutôt, comme partout, que nos gouvernements ne s’attaquent pas aux causes. Qu’ils ne savent pas ou ne veulent pas, car le bellicisme et les guerres sont des solutions commodes en temps de « crises » justement « Comment gagner la paix ? ».

Pour EELV, gagner la paix signifiait l’instauration d’une vraie démocratie. Ce qui veut dire, représentative, mais aussi participative, à l’écoute des populations, avec les populations. Avec une place importante donnée aux collectivités territoriales et à la décentralisation. Notez qu’il ne s’agit pas de donner des leçons : cette définition d’une véritable démocratie, nous aurions grand besoin de nous l’appliquer à nous mêmes.

Il s’agissait aussi de modifier, enfin, les relations économiques, commerciales, inégalitaires. Et de privilégier des projets élaborés avec la population. Que la reconstruction ne soit pas une aubaine pour les multinationales françaises. Ce n’est pas être cynique que de dire cela à l’heure où le gouvernement privilégie la diplomatie économique, l’ouverture des marchés et supprime le mot « Coopération » de son vocabulaire.

Qu’en est-il, d’ailleurs, de l’aide au développement ? Notre ministre du Développement, avant sa démission du gouvernement, a tenté de réformer son fonctionnement, d’y inscrire des critères plus environnementaux, sociaux, d’y introduire plus de transparence…

Et, dans un pays où la population rurale est majoritaire, comment se porte l’agriculture vivrière ? A l’heure où les institutions internationales, FMI, Banque Mondiale, après l’avoir ruinée par leurs plans d’ajustement structurels, s’accordent enfin à souligner l’absolue nécessité de soutenir l’agriculture familiale… est-ce le cas au Mali ?

On peut douter, puisque aujourd’hui l’Union Européenne fait pression sur les pays d’Afrique de l’Ouest pour qu’ils signent des Accords de Partenariat Economiques (APE). Afin qu’ils ouvrient leurs frontières aux produits européens subventionnés, ce qui ruinerait un peu plus l’agriculture locale.

Pour nous, écologistes, ce modèle de développement n’est évidemment pas viable, ni pour la population, ni pour l’environnement. Il faut en inventer un autre.

C’est toutes ces questions sur la démocratie, le développement local, l’économie, l’agriculture, l’environnement qui se posent à nous et dont nous voulons débattre avec nos invité-es.

Gérard Lansade, membre du groupe Afrique d’EELV et de l’association « Avec et pour le Mali »

Comment gagner la paix dans un pays classé 172ème sur 181 par le classement mondial de l’ONU ( richesse du pays et revenu par habitant) et où ,de plus, après l’intervention militaire au Nord Mali, des réfugiés vivent encore actuellement précairement dans des camps à l’extérieur du pays ou bien sont disséminés sur le territoire malien sans pouvoir regagner leur région d’origine en l’absence de sécurité.

À la conférence des pays donateurs (15/05/2013 -Bruxelles , l’Union Européenne a accordé au Mali une enveloppe de 250 millions d’euros . La France pour sa part a fixé à 141 millions d’euros son aide directe.

Ces moyens financiers sont destinés à une relance multiforme prioritairement pour l’accès à l’eau, l’électricité, la santé, l’alimentation dans un pays ( et pas forcément qu’au Mali) où souvent l’on constate que l’argent des aides se « perd dans le sable ».

Avec ma double casquette de membre d’EELV et de l’ONG « Avec et pour le Mali », nous avons pensé, au groupe Afrique d’EELV, inviter Housseini Saye, Maire de la commune de Bandiagara (25000 habitants-Pays Dogon) distante de seulement 60 kilomètres de Kona où la progression de combattants venus du Nord a été stoppée militairement.

La coopération décentralisée

Une précision : une commune malienne sur cinq est aujourd’hui jumelée avec une commune française. La collectivité territoriale de Bandiagara , pour sa part, opté pour un co-développement dans le cadre d’une coopération décentralisée signée d’abord historiquement avec la ville de Rennes (Nicole Kill Nilsen ici présente en était la responsable) et maintenant avec la ville d’Orchies (59) qui s’appuie sur notre ONG « Avec et pour le Mali ». Nous solliciterons le témoignage d’Housseini sur les besoins et les attentes de sa commune. Nous pensons ensemble qu’avec cette échelle et en s’adressant directement à leurs homologues la collaboration internationale décentralisée cible avec plus de précisions les besoins, permet d’aller plus vite ( dix fois plus qu’avec un travail d’Etat à Etat), d’être plus directe, plus efficace et mieux adaptée.

Un exemple concret : dans le cercle de Bandiagara, la commune de Kombo Kani a pu réaliser un « jardin scolaire ». C’est un projet villageois car les autorités locales, les enseignants et les familles ont élaboré ensemble, avec le soutien de notre ONG, le projet ( accès à l’eau, palissades, semences reproductibles, etc…). Résultat : dans cette région sahélienne, les enfants prennent en charge le jardin, les mères bénévoles ont créé et gèrent une cantine, la nourriture est diversifiée, les enfants sont assidus à l’école, ce modèle est reproductible sur d’autres communes .

Les écologistes se doivent, là où ils peuvent les actionner, de répondre présents à ces opportunités d’intervention de terrain par delà les politiques générales menées par les Etats.

Atelier Mali

Nous laissons la parole à nos invité-es.

Housseini Saye, maire de Bandiagara

Proche de la falaise. Bandiagara est classé « Patrimoine mondial de l’UNESCO « , c’est la 1ère destination touristique du Mali. Mais cette principale ressource est actuellement exsangue à cause de la désertion des touristes causée par l’instabilité de la région Nord qui est proche.

Problèmes d’environnement

Il y a bien une petite agriculture, mais le déboisement a entrainé le ravinement des sols lors des pluies. Et ceci, bien qu’il y ait peu de pluie, puisqu’on est passé de 500/600 mm/an à 300/400. Cela rend la situation de plus en plus difficile.

Le système électoral est proche du système français et la municipalité se compose de 17 élu-es. Des efforts étant faits pour atteindre la parité. La ville est divisée en quartier de 2500 habitants administré par des « chefs de quartier ».

L’un des problèmes de Bandiagara tient à ce que la ville a grossi sans que les infrastructures puissent suivre, en particulier pour l’assainissement ou la distribution de l’eau. D’où l’importance de la coopération décentralisée, comme l’a décrite Gérard L.. Elle est bien préférable à la coopération d’Etat à Etat, correspondant mieux aux besoins des populations et leur parvenant. D’ailleurs, lors de la crise gouvernementale, alors qu’il n’y avait quasiment plus d’Etat, les collectivités fonctionnaient encore.

 

Ousmane B. Diallo, représentant de la CNOP

La Cnop est une fédération d’associations et non d’individus. Elle se différencie des chambres syndicales, qui sont des organismes d’état, elle est indépendante.

En 2012, il y a eu une guerre bien plus grave que celle du Nord Mali, c’est celle de l’accaparement des terres.

Du jour au lendemain, des agriculteurs se sont trouvés privés de leurs terres, sans en avoir été avertis. Ils arrivaient un matin sur leur terre et on les chassait. Des centaines de milliers d’hectares ont été attribués à des Libyens, à des entreprises chinoises, à des sucrières brésiliennes. En 2011, cette spoliation atteignait 700 O00 hectares. 33 villages ont ainsi été dépouillés de leurs terres. Un fils de Khadafi a participé à ce vol, creusant un canal de 114 m sur 42kms ( contre 8 à 10 m normalement), pompant l’eau du fleuve au détriment des habitants.

Grâce aux mobilisations, aux manifestations, une loi sur l’agriculture est en train d’être élaborée. Elle intègre une politique foncière agricole qui reprend nombre des propositions de la Cnop et de ses représentants élus au Parlement. Elle vise à empêcher l’accaparement des terres par des multinationales. Mais celles-ci engagent des prête-noms. On leur donne de l’argent, des crédits et ils ont droit à des exonérations d’impôts.

Heureusement, il y a eu l’aide de Via Campesina, qui a formé et informé et qui a aussi aidé à la création d’un village paysan. La sensibilisation est même arrivée jusqu’à l’ONU. En particulier lorsque ces occupations ont abouti à la profanation d’un cimetière.

Après la guerre, la paix ?

Résistance aux APE

Aujourd’hui, grâce au multipartisme, la presse est plus libre, elle parle des APE. Elle dénonce la concurrence déloyale, grâce aux subventions cachées, aux rendements inférieurs parfois. Et aux normes hypocrites : des produits refusés parce qu’ils ne correspondent pas aux normes environnementales européennes, alors que les agriculteurs maliens n’ont pas les moyens de mettre autant de pesticides que les européens !

Des pays « sous tutelle », comme la Côte d’Ivoire ou le Ghana, ont été forcés de signer ces accords. La Cedeao vient de le faire, mais ils doivent encore être ratifiés par les gouvernements. La Cnop a quelques députés qui sont informés et vont travailler à informer leurs collègues, qui, en général, le sont beaucoup moins.

 

Intervention de Binto Diallo, présidente du Parti Vert Malien

L’intervention française a été une bonne chose, mais tout n’est pas parfait. Il faut se souvenir d’un proverbe malien :  » Si tu cherches une aiguille et que celui qui t’aide à la chercher a le pied dessus, tu ne pourras la trouver ».

Les problèmes de la terre sont primordiaux. La famine, les difficultés détournent les jeunes de l’agriculture. Kidnapping, drogue, brigandage apportaient de l’argent facile. Or, l’économie du pays repose sur l’agriculture , l’élevage, la pêche à 80%.

Loi foncière, démocratie, agro-carburants

La loi foncière ne peut être écrite sans faire référence au droit coutumier, sans consultation des populations. Ainsi de la gestion des terres, cultivées traditionnellement par des paysans non propriétaires. Si la distribution, à travers la loi de décentralisation, est confiée au chef de village, alors que celui-ci est analphabète, que le maire est cupide, irresponsable, il y aura des ventes illicites, et l’accaparement des terres dont parlait Ousmane. Et il y aura encore des scandales comme celui des 300 maisons détruites, les familles se retrouvant sans toit en pleine saison des pluies. La décentralisation doit s’appuyer sur une démocratie à la base, sur la communauté de base.

Outre les multinationales étrangères qui s’emparent des terres, de nombreux particuliers, maliens ou étrangers, ont des concessions rurales variant de 2 à 1000 hectares. Des terrains d’agrément qu’ils ne cultivent pas.

Et l’agriculture connait aujourd’hui un autre problème : 40% des baux fonciers concernent les cultures à vocation d’agro-carburants. Par exemple, le Jatropha, plante cultivée traditionnellement pour former des haies vives, fixer la terre et faire du savon artisanal e st maintenant transformé par l’industrie pour ces agro-carburants. Conséquences : appauvrissement des sols et perte pour l’économie familiale.

A cela s’ajoute la mauvaise gestion de l’Etat, voire les brimades de ses agents contre les agriculteurs. Et l’isolement des 703 communes qui structurent le territoire malien où manque une forme d’intercommunalité. Tout ceci accentue paupérisation et exode rural

Pourtant, il y a des potentialités. Par exemple, en pays Dogon, un bassin de rétention et l’eau permettent des productions importantes qui fournissent le pays en oignons, échalotes ou mil.

 

N’Fa Diabate, maire écologiste de Tienfala

Un maire vert, mais méconnu, alors qu’il l’est depuis 2004. Il n’est pas le seul écologiste de son conseil municipal, son 1er adjoint l’est aussi ainsi que le 3ème. Tienfala est un bourg de 6900 habitants, dont 61% de femmes. Son village a 4 écoles, 2 de second cycle, 4 centres de santé, plus une maternité rurale.

Décentralisation, problèmes des déchets et mobilisation citoyenne

Le transfert de compétence de l’état aux collectivités, que ce soit pour l’éducation, le système hydraulique ou la santé, est plus de façade que réel. Ce sont toujours les agents nationaux qui contrôlent et ont le pouvoir de décision. Ce qui a des effets négatifs comme le montre la gestion de la forêt de 300 hectares qui est sur son territoire. Peuplé de hyènes et de singes, elle est classée. Mais cette ressource naturelle mal entretenue risque de disparaitre.

Tienfala est près de Bamako, trop près. L’état s’est emparé d’une superficie de 52 hectares pour y installer une décharge accueillant les déchets de la capitale. Sans avoir consulté la collectivité. Le conseil municipal a organisé des formations sur les effets néfastes de cette installation (pollutions de l’eau, des sols, danger sur la santé, etc). Des manifestations, des sit-in ont ponctué la protestation des habitants, avec succès, puisque un système de membrane évite aujourd’hui que les eaux soient souillées.

Pour faire connaitre l’écologie, N’Fa Diabate s’est présenté aux législatives où il a obtenu un bon résultat, pour une première tentative, en arrivant en 4ème position sur 8 candidats.

 

Nicole Kiil Nielsen, députée européenne 2009/2014

Une pratique démocratique ancienne

Le temps manquant, elle n’a pu faire qu’un petit commentaire. Ayant été pour l’U.E. observatrice des élections de 2013, elle confirme leur bonne tenue, due aussi à la longue habitude qu’avaient l’état malien et la population d’organiser des élections.

Elle insiste aussi sur l’importance fondamentale de la coopération décentralisée, qu’elle a pratiquée en tant que conseillère régionale, et qui permet d’appuyer des projets que les Etats n’auraient pas forcément acceptés.

Atelier Mali

1Coordination nationale des organisations paysannes du Mali, indépendante de l’état, rattachée au Roppa

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https://transnationale.eelv.fr/2014/09/26/compte-rendu-de-latelier-mali-gagner-la-paix/feed/ 1
Qu’est-ce qu’une gestion écologiste des déchets ? https://transnationale.eelv.fr/2014/08/18/quest-ce-quune-gestion-ecologiste-des-dechets/ Mon, 18 Aug 2014 10:46:40 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3776 Lire la suite]]> Compte-rendu de la réunion du groupe Afrique EELV du 05/05/2014

consacrée à la gestion des déchets dans les grandes villes d’Afrique

 

Crédit: Kenji Sekine (flickr). Licence Creative Commons.

La réunion a abordé ce que EELV peut faire non seulement au cas par cas sur la gestion des déchets dans les grandes villes d’Afrique, mais de façon plus générale, pour contribuer à améliorer la situation environnementale en Afrique conjointement à l’action du parti en France et en Europe.

 

Principaux intervenants :

Benjamin Bibas
Documentariste, co-responsable groupe Afrique EELV
benjamin.bibas @ noos.fr

Mathieu Gobin
Collaborateur de l’association Etc Terra
m.gobin @ etcterra.org

Gilles Kleitz
Responsable du pôle Biodiversité à l’AFD entre 2010 et 2012, puis membre du cabinet de Pascal Canfin, ministre délégué au Développement (2012-2014)
gilles.kleitz @ gmail.com

Ruffin Mpaka
Animateur du groupe Afrique des Verts de 1997 à 2006, député national de RD Congo entre 2006 et 2011 dans un district de la province du Bas-Congo limitrophe de Kinshasa.
ruffinmpakaa @ yahoo.fr

Paul Tsouares
Agriculteur congolais (Congo-Brazzaville), un des principaux animateurs de la Foire du terroir du Bouenza
tsouares @ gmail.com

 

Ruffin Mpaka

Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, est une ville d’environ 10 millions d’habitant/es, comportant 24 communes étalées sur environ 100 km de long au bord du fleuve Congo.

Depuis 2010, l’Union européenne a mis en œuvre des moyens pour évacuer les montagnes d’immondices qui recouvrent ses rues dans des décharges géantes à l’extérieur de la ville. Ces déchets très souvent plastiques rendent les rues impraticables et la terre infertile, ce qui est très problématique dans une ville comme Kinshasa où l’agriculture urbaine compte dans l’alimentation des habitant/es. De nombreux animaux (chèvres, moutons…), souvent sources de revenus pour les habitant/es, meurent également de l’ingestion de sacs plastiques. Enfin, la prolifération des déchets engendre des problèmes sanitaires et le développement de maladies comme le paludisme ou la fièvre typhoïde.

« Les montagnes de déchets rendent les rues impraticables et la terre infertile,
ce qui est très problématique dans une ville comme Kinshasa
où l’agriculture urbaine compte dans l’alimentation des habitant/es ».

Aujourd’hui, l’enfouissement des déchets est possible dans quelques communes de Kinshasa, les communes « urbano-rurales » les plus éloignées du centre-ville : Nsele, Kimbanseke, Ndjili, Mont Ngafula… Dans les autres communes, les ménages paient environ 15 euros par mois pour faire évacuer leurs déchets par des bennes ambulantes qui ressemblent à des pousse-pousse. Ces déchets sont alors déversés dans les rivières environnantes, ce qui ne fait que repousser le problème un peu plus loin.

Un système complet de gestion des déchets peut être envisagé, comprenant la collecte par rue, les centres de tri par quartier et les installations de traitement. Une solution de proximité efficace consisterait à mettre en place un tri des déchets ménagers vers trois destinations : compost, incinération, recyclage. Cela peut être réalisé très simplement, avec un système de péage impliquant un préposé municipal par rue pour la collecte.

 

Gilles Kleitz

L’aide publique au développement française n’est pas très active en matière de traitement des déchets, alors que c’est bien sûr une problématique majeure, notamment dans les villes africaines. Et, quand elle existe, c’est le plus souvent au profit de grandes entreprises françaises qui en bénéficient en exportant dans les quartiers les plus bourgeois des villes africaines leurs modèles industriels centralisés, avec une prise en charge financière centrée sur l’usager. Ces modèles nécessitent de gros investissements capitalistiques dans le traitement des déchets en aval, et ne valorisent pas du tout la capacité sociale d’organisation des quartiers.

« Quelle politique spécifiquement écologique peut-on proposer
pour la gestion des déchets en Afrique ? »

Or des modèles de traitement décentralisés et autogérés directement par les quartiers, associant organisation sociale, innovation financière et faibles investissements capitalistiques peuvent sans doute rencontrer des succès plus durables en Afrique, par exemple dans des grandes villes comme Kinshasa ou Bamako. La question est donc : quelle politique spécifiquement écologique peut-on proposer pour la gestion des déchets en Afrique ?

 

Rue jonchée de déchets dans la commune de Limete (Kinshasa) – photo : Benjamin Bibas

Mathieu Gobin

L’association Etc Terra mène des actions pour concilier dynamisme économique et préservation du capital naturel dans les territoires ruraux des pays du Sud. En Afrique, elle a mis en place, avec l’association Gevalor, plusieurs projets de coopération Nord-Sud liés à la gestion des déchets :

Africompost : Valorisation des déchets organiques municipaux en compost, pour améliorer la gestion des déchets et développer l’agriculture locale péri-urbaine dans 6 villes d’Afrique. Les plateformes de tri et compostage, traitant 5 000 à 10 000 t de déchets ménagers par an, sont en cours de développement à Mahajanga (Madagascar), Lomé (Togo) et Dschang (Cameroun). La démarche a également été initiée à Dar es Salaam (Tanzanie) et Bouaké (Côte d’Ivoire). Financement AFD (500 000 €) et Fonds français pour l’environnement mondial ou FFEM (1 million d’€).

– Re-sources : Plateforme d’échanges et de capitalisation des bonnes pratiques initiée par onze partenaires du Nord et du Sud (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, France, Haïti, Île Maurice, Togo), en vue d’agir pour l’amélioration de la gestion des déchets solides, la protection de l’environnement et une insertion économique des populations vulnérables. Basée à Ouagadougou.

Ces projets partent d’un constat : l’approche « bottom-up », où les habitant/es identifient et commencent à traiter leurs problèmes de déchets au niveau du quartier, est nécessaire mais insuffisante. On voit souvent naître un petit collecteur informel, puis une plateforme de valorisation des déchets à l’échelle du quartier… mais que se passe-t-il ensuite si la municipalité ne se saisit pas du problème ? Ce qui manque le plus souvent, c’est une volonté politique d’améliorer la gestion des déchets, avec notamment la mise en place d’un schéma directeur à l’échelle d’une commune ou d’un groupe de communes.

« Ce qui manque le plus souvent,
c’est une volonté politique d’améliorer la gestion des déchets,
avec notamment la mise en place d’un schéma directeur
à l’échelle d’une commune ou d’un groupe de communes »

Techniquement, la gestion des déchets dans les villes du Sud est souvent organisée en 3 étapes :

–       La pré-collecte, réalisée par des pré-collecteurs informels des maisons ou de la rue vers les dépôts de quartier
–       La collecte, évacuation des déchets des dépôts de quartiers vers les décharges
–       Le traitement, qui comprend une variété de solutions, de l’incinération des déchets à leur rachat par des industries (cimenteries, fonderies, etc.)

Le plus souvent en Afrique, la collecte n’est organisée que dans les quartiers planifiés les plus nantis. Dans les grandes villes comme Dar es Salaam par exemple, il existe une décharge pour 5 millions d’habitant/es. Celle-ci est souvent éloignée de plusieurs dizaines de kilomètres du centre-ville, la collecte génère donc beaucoup d’émissions de CO2. Et dans les villes qui commencent à mettre en œuvre des politiques à la hauteur des enjeux, comme à Dschang au Cameroun, la gestion des déchets représente le deuxième poste budgétaire.

Face à cette réalité, il faut une pression citoyenne pour précipiter la décision politique municipale d’allouer un budget plus conséquent à la gestion des déchets. Ce budget spécifique a toutes les chances d’être efficace s’il finance essentiellement une agence dédiée, comme en Côte d’Ivoire avec l’ANASUR (Agence Nationale de Salubrité Urbaine) ou au niveau de la ville par exemple à Dschang avec la création prochaine d’une Agence Municipale de Gestion des Déchets (AMGED) qui disposera de son propre budget et de ses propres moyens. Le Cameroun a même mis en place une délégation de service à une entreprise privée du pays, Hysacam, pour gérer les déchets dans les dix plus grandes villes du pays. Mais quelle fiscalité locale pour financer ce budget ? Taxe sur l’électricité ? sur les entreprises ? sur le revenu ? Toutes ces options et d’autres encore peuvent être examinées. Par ailleurs, quelle gestion foncière pour créer des dépôts, des décharges, des centres de traitement le plus proches possible des aires urbanisées ? Un centre de valorisation des déchets prend en effet 0,5 ha dans la configuration idéale. Même si les villes africaines sont en général peu denses, comment sécuriser le foncier nécessaire en zone urbaine ? Enfin, vu les dégâts mortels pour la faune et la flore qu’ils infligent dans toutes les villes d’Afrique, il est sans doute urgent d’obtenir l’interdiction des sachets plastiques de faible épaisseur.

« Vu les dégâts mortels pour la faune et pour la flore qu’ils infligent dans toutes les villes d’Afrique,
il est urgent d’obtenir l’interdiction des sachets plastiques de faible épaisseur »

Il faut aussi un minimum de compétence technique, le secteur des déchets est un peu complexe et un assistant technique (bureau d’études reconnu) n’est pas du luxe, surtout dans une ville d’un million d’habitant/es ou plus.

Les institutions publiques locales doivent en priorité maîtriser, via la formalisation d’un schéma directeur :

– la cartographie des flux de précollecte et collecte qui garantissent le minimum de consommation de carburants

– le foncier pour les décharges mais aussi les sites de transferts qui peuvent si la superficie le permet devenir des centres de tri et valorisation (conditionnement des recyclables, compostage…)

– la formalisation des lots de précollecte et collecte au travers de contrat de délégation de service public, et une harmonisation des redevances aux précollecteurs permettant d’assurer une équité sociale : les quartiers aisés peuvent payer 15-20€ avec un service de collecte municipal, les précollecteurs récupèrent un montant plus faible pour financer la précollecte dans les quartiers modestes vers des sites de transfert (ce montant varie en général entre 500 et 2 500 FCFA par ménage par mois selon la taille du ménage).

Dans les villes africaines, les déchets sont une des premières préoccupations des habitant/es, avec l’eau et la sécurité. Si la pression populaire se conjugue à l’action publique, on peut donc obtenir des résultats. Par exemple le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré (récent opposant à son homonyme le président du Burkina-Faso Blaise Compaoré), a fait des déchets une priorité essentielle de sa gestion municipale. Il a instauré une politique de pré-collecte en porte-à-porte, en lien avec des associations de femmes qui nettoient les rues de la capitale burkinabè. Et dans les décharges, il existe aujourd’hui des centres de compostage, de broyage du plastique dur, de récupération des sacs plastique.

Africompost
Projet Africompost à Mahajanga (Madagascar) – photo : agenceecofin.com

 

 

Ruffin Mpaka

C’est vrai que l’initiative des habitant/es est nécessaire mais loin d’être suffisante. Dans la commune de Ndjili à Kinshasa, il y a quinze quartiers comportant chacun une vingtaine de rues. A hauteur d’un préposé par rue, on pourrait donc s’en sortir avec environ 300 préposés municipaux à la pré-collecte dans une commune de cette taille, ce qui créerait déjà 300 emplois par commune, soit environ 7 000 emplois autofinancés pour les 24 communes ; sans compter les emplois à créer dans les centres des tri et de traitement. Mais cela ne suffit pas : au-delà de la pré-collecte, un investissement à l’échelle de la ville est nécessaire pour la collecte systématique et le traitement.

En l’absence de démocratie hélas, les gouvernants ne sont redevables que de ceux qui les nomment. L’amélioration de la démocratie et notamment de la démocratie locale est donc indispensable en Afrique pour mettre la pression sur les gouvernants au sujet des déchets et précipiter ces investissements nécessaires.

« L’amélioration de la démocratie est indispensable en Afrique
pour mettre la pression sur les gouvernants au sujet des déchets
et précipiter les investissements nécessaires. »

Pour accélérer le processus dans la ville-province de Kinshasa, peut-être pourrait-on mettre en place une coopération avec une grande ville française dont un/e élu/e Vert/e serait chargée de l’environnement, par exemple Paris ? L’AFD a un accord de coopération pluriannuelle avec l’agence d’urbanisme de Kinshasa, un cadre pourrait donc être trouvé assez facilement pour une telle coopération.

 

Benjamin Bibas

Si on doit faire une synthèse de ces échanges, il semble que l’on pourrait appeler écologiste une politique de gestion des déchets :

–       qui implique les habitant/es des quartiers dans des systèmes de pré-collecte autogérés et créateurs d’emplois ou du moins d’activité rémunérée

–       qui met en place des systèmes élaborés de tri dès la collecte (au niveau de la décharge)

–       qui, à l’étape du traitement, maximise le recyclage des déchets triés

–       qui, à chaque étape, minimiserait les consommations et les émissions de CO2.

« On pourrait appeler écologiste une politique de gestion des déchets
qui implique les habitant/es dans des systèmes de pré-collecte autogérés
et créateurs d’activité rémunérée,
qui met en place des systèmes élaborés de tri au niveau de la décharge,
qui maximise le recyclage des déchets triés,
qui enfin minimise les émissions de CO2 »

La première étape a une réalité en Afrique, mais elle pourrait aussi en avoir bientôt une en France lorsqu’on considère par exemple la mobilisation des biffins à Paris et dans les communes du Nord-Est parisien. C’est le rôle du politique, et singulièrement de partis écologistes, d’arriver à faire le lien entre les mobilisations spontanées des habitant/es conjuguant activité économique des précaires et amélioration environnementale d’une part, et l’action des institutions élues d’autre part.

 

Biffins à Saint-Ouen, c. 1910 - photo : leverreetlecristal.wordpress.com
Biffins à Saint-Ouen, c. 1910 – photo : leverreetlecristal.wordpress.com

Mathieu Gobin

Dans ce contexte, EELV, avec tous les partenaires intéressés, pourrait mener deux types d’action sur les déchets :

–       Appui aux plaidoyers des partis verts et organisations écologistes en Afrique

–       Action auprès des bailleurs internationaux (UE à Kinshasa, Banque mondiale à Dar es Salaam, AFD à Antananarivo…) pour promouvoir auprès d’eux des solutions écologistes pour la gestion des déchets. Ces bailleurs sont en effet présents dans les grandes villes avec la priorité à un minimum de salubrité. La Banque Mondiale intervient surtout sur des projets de décharge aux normes occidentales, et les initiatives locales informelles ou non sont souvent peu considérées, notamment la valorisation au niveau de dépôts/sites de transfert qui engendrent des emplois et le réusage/recyclage de matériaux qui sinon finissent en décharge ou dans des dépôts sauvages non contrôlés.

« EELV, avec tous les partenaires intéressés,
pourrait mener deux types d’action sur les déchets :
appui aux plaidoyers des partis verts et organisations écologistes en Afrique,
action auprès des bailleurs internationaux pour promouvoir auprès d’eux
des solutions écologistes pour la gestion des déchets »

 Comme pour beaucoup de sujets en Afrique, la priorité est la bonne gouvernance et la gestion maitrisée. Il s’agit avant tout de transparence des budgets pour éviter les fuites, de démocratie locale et participative (acceptation des centres de tri dans les quartiers, acceptation de la redevance formalisée…). Bien sûr l’emploi est un très gros sujet aussi, les informels font souvent un boulot très ingrat, les valoriser et les payer correctement (soit le smic local) permet de créer des vocations et de pérenniser les emplois pour améliorer les processus et aller plus loin, notamment dans la valorisation qui nécessite plus de compétence et de rigueur. Après cette base, on pourra approfondir sur la valorisation des produits, l’intérêt du compost…

 

Paul Tsouares

Je suis citoyen du Congo-Brazzaville. Dans ce pays dont on connaît pourtant les problèmes de gouvernance, quatre priorités viennent d’être fixées par le gouvernement : développement de l’industrie, construction des infrastructures, gestion durable de l’espace agro-pastoral, gestion durable de l’espace forestier. Au-delà des déchets, c’est donc toute la question environnementale qui est en train d’être prise en compte par les gouvernements africains dans les priorités de développement.

« Au-delà des déchets, c’est toute la question environnementale
qui est en train d’être prise en compte
par les gouvernements africains dans les priorités de développement. »

Gilles Kleitz

D’une façon générale, nous devrions notamment être attentifs à deux enjeux majeurs :

–       Quelle réglementation française et européenne pour les entreprises qui opèrent sur le foncier, les ressources forestières et agricoles, les mines, la pêche, etc. en Afrique ? L’augmentation de nos critères de responsabilité sociale des entreprises (RSE) doit être un objectif affirmé, alors que la croissance africaine actuelle, avec son rythme de 8 à 10 % par an dans certains pays, est très consommatrice de ressources biologiques et des écosystèmes et n’est absolument pas durable ;

–       Dans cette perspective, quelle politique de coopération juridique et légale entre l’Europe et l’Afrique ? L’Afrique est en effet le continent où l’on pille le plus car c’est celui où le système politique et juridique est le plus faible, où donc les droits des citoyens en matière de propriété et gestion de leurs ressources sont les moins protégés.

« Dans cette perspective, quelle réglementation française et européenne
pour les entreprises qui opèrent en Afrique ? »

Crédit: Kenji Sekine (flickr). Licence Creative Commons
Crédit: Kenji Sekine (flickr). Licence Creative Commons.

 

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Quel développement durable pour l’Afrique du Sud ? https://transnationale.eelv.fr/2014/07/06/quel-developpement-durable-pour-lafrique-du-sud/ Sun, 06 Jul 2014 21:42:54 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3756 Lire la suite]]> Note de la Transnat’
par Ludovic Mollier* et Agnès Joignerez**


Croissance au ralenti, inégalités record, stress environnemental majeur : le modèle économique sud-africain, excessivement minier et carboné, est en train de toucher ses limites. Cette note décrit les grands enjeux politiques de l’Afrique du Sud aujourd’hui et brosse les perspectives d’une action écologique dans et en lien avec ce pays.

L’année 2014 marque vingt ans de démocratie dans la « Nouvelle Afrique du Sud », après la chute du régime de l’apartheid et l’élection de Nelson Mandela, décédé le 5 décembre 2013 à 95 ans. L’année 2014 est ainsi empreinte de son absence, et au-delà des frontières sud-africaines, c’est l’humanité entière qui en a porté le deuil. Souvent dépeinte comme un modèle sur le continent africain, la démocratie sud-africaine est le fruit d’une histoire particulière qui a donné vie à une constitution très progressiste, un système judiciaire indépendant, une presse libre et un environnement politique stable. Depuis 1994, les élections ont lieu tous les cinq ans et l’Afrique du Sud a eu quatre présidents (Nelson Mandela, Thabo Mbeki, Kgalema Motlanthe et Jacob Zuma), sous la houlette du parti dominant, l’African National Congress (ANC)[1]. Le 7 mai dernier ont eu lieu les 5es élections législatives nationales[2] et les élections provinciales, scrutin test pour l’ANC et ses alliés gouvernementaux. Des allégations de corruption et un mécontentement croissant ont en effet marqué le mandat de Jacob Zuma.

 

Un géant économique africain en perte de vitesse

Selon la Banque Mondiale, l’Afrique du Sud occupait en 2012 la 28e place mondiale avec un PIB de 384,3 Mds[3] de dollars (soit ¼ du PIB de l’Afrique et plus des 2/3 du PIB de l’Afrique australe). Même si le PIB/habitant de l’Afrique du Sud se maintient au premier rang sur le continent, le pays perd son avance face à des pays tels que le Nigeria, l’Angola, le Mozambique, le Tchad ou la Guinée équatoriale. Bien que le pays soit membre du club des BRICS, sa croissance économique sur la dernière décennie 2000-2010 est restée sous la barre des 2%, alors que les autres pays africains[4] progressaient en moyenne de 5 à 6 %. Ainsi, le Nigeria est officiellement devenu en 2014 la plus grosse économie du continent, avec un PIB de 509,9 Mds de dollars et une croissance annuelle de 6,4%.

La structure de l’économie sud-africaine se caractérise, comme dans de nombreux pays africains, par l’importance du secteur minier. Ce secteur s’est développé à travers la mise en place d’une véritable politique industrielle planifiée sous l’apartheid. L’Afrique du Sud reste le principal producteur africain de la quasi-totalité des produits miniers et des métaux[5] –  à l’exception des diamants, de l’uranium, du cuivre et du cobalt, des phosphates et du fer[6]. Trois quarts de cette production sont exportés. Ce secteur, ainsi que l’ensemble des activités qui lui sont liées, représentent 20 % du PIB[7] et 40% de ces exportations sont aujourd’hui destinées à la Chine.

Contrairement à la plupart des pays africains, l’économie sud-africaine se caractérise également par la diversité de ses secteurs et par l’exportation de produits à valeur ajoutée[8]. Le secteur agricole contribuait en 1951 à 16,6 % du PIB mais a décliné de façon continue pour n’en représenter en 2012 que 2,5 %[9]. De façon moins significative, le secteur minier a également décliné passant, au cours de la même période, de 12,1 % à 9,3 % du PIB. L’Afrique du sud a su très tôt développer un appareil industriel performant qui en 2012 représente encore près de 20 % de la richesse produite. Enfin, depuis la fin de l’apartheid, l’économie nationale s’est largement tertiarisée. Tiré vers le haut par les activités de la bourse de Johannesburg[10] et un secteur financier représentant plus de 21,5 % du PIB national, le secteur tertiaire pèse près de 70 % du PIB. Une telle répartition économique reste une exception en Afrique où les plans d’ajustements structurels du FMI ou de la Banque mondiale ont limité le développement des secteurs secondaire et tertiaire.

La sortie de l’apartheid fut marquée par un revirement étonnant de l’ANC dans la formulation de la politique économique du pays. L’ANC, allié historique du parti communiste sud-africain et de la plus grande confédération syndicale du pays (Congress of South African Trade Unions ou Cosatu), fut dès sa création et jusqu’au début des années 1990 en faveur d’un programme socialiste ambitieux : redistribution des terres, nationalisation  à grande échelle, construction d’un million de maisons, accès à l’éducation, à la santé, à l’eau potable et à l’assainissement pour tous.

Après son accession au pouvoir en mai 1994, l’ANC a revu son ambitieuse politique sociale et amorcé un tournant de rigueur, tant la situation économique héritée du Parti National de l’apartheid était mauvaise. En juin 1996, Trevor Manuel, alors ministre des Finances, annonça la mise en place d’une politique macroéconomique calquée sur le consensus de Washington et le modèle néolibéral[11] (Growth, Employment, and Redistribution- GEAR) : croissance tirée par les exportations, privatisations déguisées sous le terme de « restructuration des actifs de l’Etat », discipline fiscale stricte et taux de change souples. Malgré quelques réformes macroéconomiques et des programmes de développement successifs qui limitent les privatisations et favorisent des politiques sociales, la politique économique du pays reste axée en plusieurs points sur le modèle de GEAR.

Photo Ludovic Mollier

 

Une société fortement inégalitaire et violente malgré la fin de la ségrégation raciale

La fin de l’apartheid a marqué la fin d’une ségrégation raciale établie depuis plus de 350 ans ; il serait naïf de croire que l’héritage d’un tel système politique puisse s’effacer du jour au lendemain. Il est toutefois important de noter les nombreuses et grandes réussites accomplies lors de la transition démocratique et multiculturelle, transition communément décrite comme le miracle de la nation arc-en-ciel. Basée sur l’une des constitutions démocratiques les plus progressistes au monde, la nouvelle Afrique du Sud a fait table rase de toutes les lois racistes de l’ancien régime, a garanti la liberté de la presse et les droits des minorités, aboli la peine de mort et assuré la liberté d’orientation sexuelle. Elle a surtout su éviter un bain de sang, pourtant largement prédit à l’époque comme le destin inévitable de ce pays. Vingt ans après le miracle et l’euphorie d’une première élection démocratique, l’Afrique du Sud fait face à de dures réalités sociales, à commencer par l’accentuation du fossé entre riches et pauvres.

L’indice de Gini indique que l’Afrique du Sud est le 4e pays le plus inégalitaire au monde[12] avec une répartition des revenus qui s’est creusée de 1996 (60) à 2013 (63)[13] . Le chômage oscille entre 25 et 30 %, et s’élève à plus de 50 %[14] chez les jeunes. Le revenu médian, pour ceux qui ont la chance d’avoir un emploi, est d’environ 2 800 rands/mois (200 euros)[15]. En 2012, plus de 18,5 millions de Sud-Africains (36 % de la population) vivent en-dessous du seuil de pauvreté fixé à 1.450 rands (environ 150 euros/mois). Le revenu annuel moyen d’un foyer blanc est six fois supérieur à celui d’un foyer noir ; 3,6 fois supérieur à celui d’un foyer métis et 1,5 fois supérieur à celui d’un foyer indien. La société sud-africaine est souvent présentée en deux économies ; une développée où la nation arc-en-ciel s’épanouit, et une du « tiers-monde » à majorité noire, où le secteur informel prédomine. L’ANC a mis en place une politique de discrimination positive (Black Economic Empowerment) à la sortie de l’apartheid qui a permis l’émergence d’une classe moyenne et d’une élite noire dès les années 1990, mais cette forme d’ascenseur social semble être en panne et est maintenant décrié comme un instrument gouvernemental entaché de népotisme. Les affaires de corruption sous le gouvernement de Jacob Zuma font de façon récurrente la une de l’actualité[16]. Les aides sociales mises en place par le gouvernement restent limitées aux allocations pour les familles et les personnes âgées ; ces aides représentent néanmoins l’unique source de revenu pour près de 50 % des plus pauvres[17]. D’autres catégories comme les adultes sans emploi en âge de travailler restent en marge du système social. L’idée d’un revenu minimum de base universel (introduite en 1998) est restée dans les tiroirs d’un gouvernement qui envisage le travail salarié comme pierre angulaire de l’insertion sociale.

Cette société inégalitaire est également l’une des plus violentes au monde ; entre mi-2012 et mi 2013, on dénombre plus de 16 000 meurtres, ce qui équivaut à plus de 31 meurtres pour 100 000 habitants[18]. Cette violence qui a des causes historiques (colonisation, guerres inter-ethniques, guerre anglo-boer, lutte armée contre l’apartheid et répression massive d’un Etat raciste) a plusieurs visages : vols à main armée ; réseaux de drogue qui ont prospéré librement dès les années 1980 lorsque le gouvernement concentrait ses forces sur la lutte contre le terrorisme politique ; viols[19]

Une nouvelle forme de racisme est également apparue au sein de la nation arc-en-ciel ; le pays est marqué par de violentes attaques xénophobes contre les immigrés, originaires pour la plupart des pays proches tels le Zimbabwe, le Mozambique et la RDC. Des vagues de violence xénophobe, initiées dans certains townships, ont fait près de soixante-cinq morts et des centaines de blessés en 2008 ; violence ayant repris de l’ampleur après la coupe du monde de football en 2010. Les réfugiés africains intensifieraient davantage la concurrence dans une économie où les opportunités d’embauche sont très maigres. Bouc-émissaires d’une économie défaillante, ils sont des proies faciles pour la masse de Sud-Africains sans emploi vivant dans la pauvreté.

La constitution sud-africaine donne une place prédominante aux droits de l’Homme (désignés dans son préambule comme base fondamentale sur laquelle s’établit la société) et stipule, entre autres, le droit pour tout Sud-Africain à l’égalité, au logement, à la santé et à l’éducation. Ces droits restent pourtant fictifs pour une grande partie de la population. De nombreux townships subissent un afflux massif de population et les conditions de vie y restent très précaires[20]. La qualité des prestations du service public (eau, assainissement, logement, électricité, etc.), plus particulièrement en faveur des pauvres et des défavorisés, est un sujet sensible.

La situation de l’éducation est extrêmement préoccupante pour l’avenir du pays avec plus de 50 % des jeunes ne parvenant pas à la terminale. Mauvaise administration, corruption mais aussi héritage d’un passé ségrégationniste, le système éducatif actuel ne permet pas à une majorité de la population d’intégrer le marché du travail. Bien qu’une part conséquente du budget national lui soit consacrée (20,7 %, soit 6,4 % du PIB), l’éducation sud-africaine reste d’après les données internationales l’une des moins performantes au monde[21].

En conséquence, un nombre croissant de Sud-Africains sont mécontents du manque de progrès apporté par la démocratie. Entre 2009 et 2012, le pays a connu en moyenne trois émeutes par jour, principalement contre les mauvaises prestations des services publics[22]. Le pouvoir en place et les grandes sociétés font aussi face à des revendications salariales et des grèves importantes, en particulier dans le secteur minier. En 2012, à Marikana, une manifestation a dégénéré, lorsque la police a tiré à balles réelles et tué 34 mineurs dans des conditions qui restent troubles. Cette ville a également connu au premier semestre 2014 la grève la plus longue du pays depuis 1994. Enfin, les habitants des townships se sentent oubliés et le chômage des jeunes y rend la situation explosive.

Photo Ludovic Mollier

 

L’hégémonie de l’ANC contestée par une nouvelle offre politique

Ancien parti galvanisé par un passé glorieux de lutte contre l’apartheid, l’ANC domine la scène politique depuis les premières élections de 1994 et l’opposition a du mal à se faire entendre. Malgré un système électoral favorisant le pluralisme politique et treize partis représentés au Parlement, depuis 1999, l’ANC obtient la majorité des deux tiers et l’ensemble des neuf provinces du pays, à l’exception de la Province du Cap-Occidental conquise en 2009 par le DA (Democratic Alliance). Avec 62,2% des voix obtenues lors des élections du 7 mai dernier, l’ANC n’a plus la majorité des deux-tiers au sein du parlement sud-africain, mais assure sa prépondérance avec 249 députés sur 400.

Fort de ses 89 parlementaires, le DA continue sa progression avec 22,2 % de votes comparé à 16.2 % en 2009 et se présente comme le principal parti d’opposition. Toutefois, son électorat reste jusqu’à présent majoritairement métis et blanc, ce qui limite considérablement sa portée politique[23].

Les autres forces politiques pouvant faire contrepoids à l’hégémonie de l’ANC sont partie-prenantes du gouvernement depuis 1994. Composée de l’ANC, du Cosatu (la plus grande confédération syndicale du pays) et du Parti Communiste Sud-Africain, c’est une alliance tripartite atypique qui dirige le pays. Formée des anciens mouvements de la lutte contre l’apartheid, cette alliance muselant le débat politique est sous tension depuis le massacre de Marikana et les récentes et nombreuses grèves dans les mines de platine au nord-ouest de Johannesburg. Le plus important des dix-neuf syndicats affiliés du Cosatu, le Numsa (National Union of Metalworkers in South Africa), a décidé de ne pas soutenir l’ANC lors des élections de mai 2014 et insiste pour que la confédération syndicale Cosatu sorte de l’alliance gouvernementale tripartite. Numsa souhaitait également créer un nouveau parti travailliste juste après les élections. Si un tel parti venait à voir le jour cela impliquerait un vrai changement de l’échiquier politique sud-africain.

Parmi les vingt-neuf partis enregistrés pour participer aux élections de 2014, un nombre restreint de partis ont récemment émergé et joueront probablement un rôle important dans la vie politique du pays. Le parti des combattants de la liberté économique (Economic Freedom Fighters, EFF)[24] porte un discours anticapitaliste centré sur la nationalisation des mines et « l’expropriation des terres sans compensation pour une redistribution équitable ». Créé huit mois avant les élections, ce parti s’assure un certain écho auprès des jeunes noirs sans emploi et exclus de la vie économique du pays, et est arrivé en troisième position avec 25 députés. Le nouveau parti Agang, fondé par la célèbre militante anti-apartheid et veuve de Steve Biko, Mamphela Ramphele, a assuré sa présence sur la scène médiatique pré-électorale. Mais, après une tentative échouée de collaboration avec le DA, il n’a pu obtenir mieux que 2 sièges au parlement.

Après vingt années au pouvoir, l’ANC bénéficie toujours de l’image d’un parti libérateur ayant à cœur la défense de l’intérêt des citoyens sud-africains, image galvanisée en période électorale avec moult références à son glorieux passé et à l’image iconique de Nelson Mandela. En dépit de nombreuses critiques portant sur des affaires de corruption et de mauvaise gestion des services publics, une large partie de la population garde foi en l’ANC et a ainsi reconduit Jacob Zuma à la tête du pays pour un nouveau quinquennat. Ce score de 62,2 % donne une majorité incontestable à l’ANC, mais confirme une tendance à la baisse avec un score de 70 % en 2004 et 66 % en 2009. La majeure partie des Sud-Africains ont encore du mal à accepter l’idée que le parti libérateur qu’ils admiraient soit entaché de corruption et de malhonnêteté, mais un changement pourrait s’opérer dans les années à venir.

Photo Ludovic Mollier

 

Une crise environnementale liée aux activités minières et à la prédominance du charbon

Selon l’index de performance environnementale[25], l’Afrique du Sud occuperait la 72e place sur 178 pays (note de 53,5 / 100), avec notamment les plus mauvais scores pour la santé (130e position), l’accès à l’électricité (108e position), l’eau et l’assainissement (107e position), l’état des pêcheries (97e position), les émissions de carbone / KWH (97e position) et la biodiversité (84e position).

Pollution

La pollution de l’air et de l’eau qui résulte des activités minières (drainage acide, lixiviation de métaux lourd, déchets et mines abandonnées) pose des risques sérieux sur la population et leur environnement, en milieu rural comme en milieu urbain[26]. Le secteur minier représente ainsi la plus grande source de pollution en Afrique du Sud. Cette situation est liée à une législation peu contraignante pour les compagnies (une grande part des coûts environnementaux reste à la charge de l’Etat et des contribuables) et l’implication d’anciens et actuels responsables gouvernementaux comme actionnaires, administrateurs ou managers de ces compagnies.

Le secteur minier et industriel contribue largement à faire de l’Afrique du Sud l’un des plus grands émetteurs de CO2[27]. Le pays consomme près de 40 % de l’énergie consommée en Afrique. Le charbon est de loin la source d’énergie la plus importante (74 % de l’énergie primaire et 90 % de l’électricité), dont le pays détient près de 4 % des ressources mondiales[28]. L’Afrique du Sud qui a ratifié le protocole de Kyoto est ainsi responsable de plus de 38% des émissions de CO2 du continent africain. Une centrale nucléaire construite par Areva, EDF et Alstom au nord de la ville du Cap fournit 5 % de l’électricité, tandis que les énergies renouvelables sont à l’état embryonnaire. La production d’énergie peine cependant à faire face à une demande en croissance rapide et la situation du secteur de l’énergie en Afrique du Sud reste difficile. Récemment, le gouvernement a publié un plan intégré de ressources qui propose différentes alternatives pour couvrir les besoins de l’Afrique du Sud dans les vingt prochaines années, avec l’épineuse question du choix des sources d’énergie (charbon, nucléaire, gaz et/ou énergies renouvelables). Bien que le gouvernement ait montré un fort engagement en faveur du nucléaire, sortir du charbon nécessiterait l’augmentation du coût de l’électricité, actuellement très bas pour attirer les investisseurs et faciliter l’accès à l’électricité pour une majorité de population pauvre (30 % de la population n’a pas accès à l’électricité). Des incertitudes demeurent quant à l’avenir du mix énergétique sud-africain avec des scénarios envisageables tels que l’exploitation des réserves de gaz de schiste dans le désert du Karoo, l’utilisation des ressources gazières du Mozambique, la mise en œuvre des projets de capture du carbone, etc.

Stress hydrique

L’eau constitue l’une des ressources les plus critiques pour l’Afrique du Sud, à la fois limitée en quantité et subissant une forte et croissante demande[29]. La majeure partie du pays est aride ou semi-aride. Dans de nombreuses régions, la demande excède les capacités de fourniture, et la qualité en est souvent médiocre. Au centre de la question de l’accès à l’eau se trouve l’exploitation du charbon et ses effets désastreux sur cette ressource essentielle. Malgré les pénuries d’eau dont souffre le pays, l’opérateur national de l’énergie Eskom est en train de construire deux nouvelles centrales électriques au charbon à forte intensité carbonique (Medupi and Kusile). Avec 98% du volume d’eau total sud-africain déjà alloué et une consommation moyenne de 10 000 litres d’eau potable toute les secondes, cette stratégie aura des conséquences désastreuses pour les ressources en eau du pays, la santé de ses concitoyens et leur environnement[30]. Les projections démographiques et économiques suggèrent que l’Afrique du Sud devra faire face à de grandes difficultés pour satisfaire les besoins en eau dans les décennies à venir, d’autant plus que cette ressource est aussi affectée par la pollution, la dégradation des terres et le changement climatique.

Le changement climatique affectera en priorité les plus pauvres, les familles qui dépendent d’une agriculture à petite échelle et les femmes qui ont la lourde tâche de nourrir leur famille[31]. Ces femmes agricultrices doivent s’adapter au changement climatique en plantant des variétés nouvelles, tout en faisant face à l’augmentation des prix et aux difficultés d’accès à la terre.

Menaces sur la biodiversité

L’Afrique du Sud possède une biodiversité unique, avec une végétation plus riche que dans n’importe quelle autre région de même taille en Afrique[32]. Cependant, cette biodiversité est menacée par une forte pression démographique, la conversion des habitats naturels pour l’agriculture et le développement urbain, des mauvaises pratiques de gestion des terres, l’exploitation minière, la construction de barrages, etc. De même, le long de la côte et en haute mer, la surpêche menace les stocks halieutiques et plusieurs espèces pourraient disparaître localement, suite à l’amélioration des techniques de pêche, un effort de pêche croissant et le développement de la pêche industrielle.

Photo Ludovic Mollier

 

Inégalités environnementales et plan climat : perspectives d’action écologique

Le développement durable n’est malheureusement pas encore une priorité en Afrique du Sud et les enjeux environnementaux sont rarement traités sur la scène publique. Les débats politiques lors des élections de mai 2014 ont confirmé cette réalité ; ces derniers ont porté principalement sur des questions d’économie, d’emploi, de corruption, d’administration des services publics, et non d’écologie.

Les partis écologiques sud-africains furent absents des listes électorales de 2014. Ils sont très minoritaires, fragmentés, peu connus et disposant de très faibles moyens. Créé en 1999 par sa représente actuelle, Judy Sole, le Parti Vert de l’Afrique du Sud (GPSA) est basé à Cape Town. Membre de la Fédération des partis Vert d’Afrique, le GPSA centre ses actions sur la sauvegarde des océans, des ressources marines, ainsi que sur la sensibilisation de la société sud-africaine et du gouvernement aux thématiques de la déforestation, du changement climatique et des enjeux énergétiques. Le parti n’est cependant opérationnel qu’en période préélectorale et ne dispose pas de visibilité médiatique. Disposant de très peu de moyens, son fonctionnement repose principalement sur les épaules de sa représentante, tête de liste aux élections locales et provinciales depuis l’an 2000 avec des scores marginaux[33]. Le GPSA n’a pu s’inscrire pour les élections de mai 2014 du fait du manque de moyens financiers pour cautionner sa participation[34]. Le parti SCG (Socialist Green Coalition) n’a également pas pu participer aux dernières élections pour les mêmes raisons. Composée de divers mouvements locaux, cette coalition est soutenue par plusieurs organisations et partis politiques tel qu’ECOPEACE, unique parti vert ayant obtenu un siège en Afrique du Sud lors des élections municipales de l’an 2000 à Durban (Province du KwaZulu-Natal). Ce siège fut perdu suite aux élections de 2006.

Les partis politiques sud-africains connus et visibles sur la scène médiatique semblent très peu préoccupés par les menaces environnementales qui pèsent sur l’avenir du pays. Toutefois, durant la période électorale de 2014, le parti Agang s’est opposé à tout projet de fracturation hydraulique dans la région du Karoo ou dans d’autres parties de l’Afrique du Sud[35]. Premier, et pour l’instant unique parti à prendre cette position, Agang souhaite s’épauler sur des mouvements anti-fracturation hydraulique locaux[36] et s’aligner sur la contestation internationale croissante contre cette technique d’extraction de gaz.

Plusieurs acteurs de la société civile menant des campagnes et actions écologiques sont présents en Afrique du Sud. L’antenne principale de Greenpeace Afrique créée en novembre 2008 se situe à Johannesburg[37]. L’ONG concentre ses actions en Afrique du Sud sur la sauvegarde des océans, des forêts, et surtout sur le changement climatique et les questions d’énergie – principalement relatives au secteur de l’électricité[38]. De même envergure, l’ONG WWF Afrique du Sud est présente dans le pays depuis 1968 (anciennement connue sous le nom de Southern African Nature Foundation)[39]. Autre acteur écologique principal de la société civile sud-africaine, l’association « groundWork » est présente dans le pays depuis le milieu des années 1999 et connue pour ses engagements au niveau communautaire[40]. L’organisation œuvre en première ligne en assistant les communautés vulnérables touchées par les injustices environnementales à faire valoir et respecter leurs droits[41]. Elle apporte un appui de base en aidant les communautés à contrôler l’application de la législation environnementale et en maintenant la pression sur le gouvernement. Les thèmes centraux d’action de groundWork sont la qualité de l’air, la santé environnementale, la justice climatique, les déchets et l’énergie. Disposant d’un réseau croissant[42], l’ONG Earthlife Africa est également un acteur important dans la vie écologique sud-africaine[43]. Son objectif principal est de mobiliser la société civile sur plusieurs enjeux environnementaux, tels que la protection de la biodiversité, le bien-être animal ou encore le changement climatique. De nombreuses organisations associatives dédiées spécifiquement à la sauvegarde de l’environnement et de la biodiversité existent en Afrique du sud. Dans ce domaine, EWT (Endangered Wildlife Trust) est un acteur reconnu et disposant d’un réseau important[44].

L’Afrique du Sud est un acteur clef dans les négociations internationales sur le climat. Le pays est à la fois membre des BASIC, du G77, des BRICS, unique pays d’Afrique membre du G20 et moteur économique du continent africain. Ces nombreuses facettes font de ce pays un partenaire essentiel pour assurer le succès de la COP21 qui se tiendra à Paris en décembre 2015. Ses engagements en termes de réduction d’émission de CO2 de 34 % en dix ans depuis Copenhague et le souhait de préserver son legs de la COP 17 sont des aspects importants pour les futures négociations climatiques. L’Afrique du Sud a également défini une stratégie climat (incluant l’établissement d’un budget carbone par secteur et d’une taxe carbone pour le 1er janvier 2015) pouvant servir d’un instrument de négociation politique dans le cadre des conférences climat. La France a besoin des Sud-Africains pour aboutir à un accord contraignant, global et durable à la COP 21. Dans cette perspective, il est essentiel de collaborer avec ces derniers, afin de concilier les besoins du développement économique et social du pays avec la protection de l’environnement.

* Ludovic Mollier  /  Contact : mollierludovic @ hotmail.fr

** Agnès Joignerez  /  Contact : agnesjoi @ yahoo.fr

Photos : Ludovic Mollier et Félix Guyon


[2] Le Président de la République est élu par le parlement national

[3] Banque Mondiale, tableau de classement du PIB par pays: http://data.worldbank.org/data-catalog/GDP-ranking-table (page consultée le 20/03/2014)

[4] Service économique régional pour l’Afrique Australe, Direction générale du Trésor, Ministère de l’économie, des finances et du commerce extérieur, avril 2013

[5] L’Afrique du Sud possède les principales réserves mondiales prouvées d’or, de vanadium, de chrome, de platine, de manganèse, de silicate d’alumine et de vermiculite.

[6] Ibid.

[7] Ibid.

[8] A titre d’exemple : ciment, or et acier sont produits localement

[9] South African Survey, South Africa, South Africa Institute of Race Relations, 2013, p. 108

[10] Le Johannesburg Stock Exchange, 1re place africaine et 19e mondiale en termes de capitalisation

[11] Le tournant fut appuyé par une activité de lobby de la part de personnalités importantes de la vie économique sud-africaine telles que le Directeur exécutif de Nector de l’époque Chris Liebenberg ; Harry Oppenheimer, père de la colossale Anglo-Américain corporation et la participation de l’ANC au « brainstorming » du Forum de Davos en février 1992. Allister Sparks, Beyond the Miracle – Inside the new South Africa, 2003, South Africa, Jonathan Ball Publishers, chap. 9

[12] L’indice de Gini indique, pour une économie donnée, dans quelle mesure la répartition des revenus entre les individus ou les ménages s’écarte de l’égalité parfaite. Le coefficient de Gini est compris entre 0 (égalité parfaite) et 100 (inégalité absolue). L’Afrique du Sud est 4e après les Seychelles, les Comores et la Namibie. La Banque Mondiale http://data.worldbank.org/indicator/SI.POV.GINI

[13] South African Survey, 2013, p. 321

[14] IMF Survey Magazine: Countries & Regions, South Africa Searches for Faster Growth, More Jobs, October 1, 2013, http://www.imf.org/external/pubs/ft/survey/so/2013/car080713a.htm (Page consultée le 20/03/2014).

[15]Dr Dale T McKinley, Politicians’ bloated wages insult the poor, Mail&gardian, 14 Feb 2014 (source: Stats SA).

[16] La dernière en date, et certainement la plus retentissante, est l’affaire Nkandla,  le nom de la résidence du Président dont les récents travaux, sous couvert d’une mise aux normes de sécurité, ont coûté au contribuable près de 246 millions ZAR (environ  17.260.000 Euros)

[17] Report-03-10-03 – Poverty Profile of South Africa: Application of the poverty lines on the LCS, 2008/2009, publication date & time: 27 November 2012 Living condition survey 2008/09, Table 29: Percentage distribution of the population with a source of income at the time of the survey by main income source and poverty status (R577), P 46

[18] Rapport de l’Assemblée nationale d’information déposé par la Commission des Affaires Etrangères en conclusion des travaux d’une mission d’information constituée le 14 novembre 2012, sur les émergents de l’Afrique anglophone.

[19] Une femme sud-africaine sur trois avoue avoir été violée dans sa vie ; un homme sur quatre admet avoir violé quelqu’un et un homme sur neuf admet avoir été violé ; les viols de nouveau-nés font aussi souvent la une de l’actualité

[20] http://www.rfi.fr/#afrique/20140505-vingt-ans-apres-pauvrete-toile-fond-scrutin-joue-avance/?&_suid=139943884100607485679014272766

[21] World Economic Forum, South Africa ranks 132nd out of 144 countries for its primary education and 143rd in science and maths.

[22] Peter Alexander, ’’A massive rebellion of the poor’’, Mail and Guardian, Johannesburg, 13 avril 2012 – Vu dans: Sabine Cessou, « Le régime arc-en-ciel discrédité – Trois émeutes par jour en Afrique du Sud », Le Monde diplomatique, mars 2013.

[23] Passant de 0.8% en 2009 à approximativement 6% en 2014, une légère augmentation du support des noirs sud-africains envers le DA est à noter, 40% de ces voix venant de la province du Gauteng.

[24] Site du parti : http://effighters.org.za/ ; dirigé par M. Julius Malema, ancien vice-président charismatique de la ligue des jeunes de l’ANC, exclu en avril 2012 pour avoir créé des divisions au sein du parti

[25] http://epi.yale.edu/epi/country-profile/south-africa

[26] http://www.bizcommunity.com/Article/196/558/76519.html

[27] http://www.bizcommunity.com/Article/196/558/76519.html

[28]Afrique du Sud: I’intégration énergétique par Jean-Pierre Favennec

[29] http://wwf.panda.org/who_we_are/wwf_offices/south_africa/environmental_problems__in_south_africa/

[30] Greenpeace South Africa, « Water hungry coal – Burning South Africa’s water to produce electricity”, report 2012

[31] http://www.oxfam.org/en/grow/women-farmers-south-africa-adapt-climate-change-feed-families

[32] http://wwf.panda.org/who_we_are/wwf_offices/south_africa/environmental_problems__in_south_africa/

[33]Chiffres disponibles : élections municipales de 2000 : 0,07% ; élections provinciales 2004 : 0,21%

[34] Depuis 1996, les montants de la caution demandée aux partis politiques ont considérablement augmenté. En 2014, ces derniers sont de 200.000 ZAR (environ 14.000Euros) pour la participation aux élections nationales et de 45.000 ZAR pour les provinciales.

[35]La fracturation hydraulique est envisagée par le gouvernement sud-africain qui a levé le moratoire national sur cette pratique en avril 2011. La région la plus à même à être exploitée est celle du Karoo, zone semi-aride situé recoupant 5 provinces. Dans le contexte sud-africain, l’exploitation du gaz de schiste implique de creuser entre 4000 et 6000 mètres de profondeur et d’utiliser environ 20 millions de litres d’eau par puits. Dans un pays où l’eau se fait rare, une telle stratégie énergétique pourrait avoir des effets catastrophiques sur l’accès à l’eau potable, la santé, et l’environnement. Aucune licence n’a pour l’instant été délivrées.

[36]Afriforum, Treasure Karoo Action Group (TKAG) http://www.treasurethekaroo.co.za/ , etc.

[37] Site : http://www.greenpeace.org/africa/en/ . Sur le continent africain, Greenpeace a des antennes en Afrique du Sud, au Sénégal et en République démocratique du Congo (RDC Kinshasa).

[41] groundWork base ses actions sur la section 24 de la constitution sud-africaine qui stipule le droit de vivre dans un environnement saint, protégé pour le bénéfice des générations présentes et futures.

[42] Créée en 1988 à Johannesburg, Earthlife Africa a ouvert plusieurs antennes à Cape Town, eThekwini (Durban) and Tshwane (Pretoria), ainsi qu’à Windhoek, Namibie.

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Mais que va donc faire Laurent Fabius au New York Forum Africa organisé par Richard Attias à Libreville ? https://transnationale.eelv.fr/2014/05/21/mais-que-va-donc-faire-laurent-fabius-au-new-york-forum-africa-organise-par-richard-attias-a-libreville/ Wed, 21 May 2014 01:58:24 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3750 Lire la suite]]> Communiqué du Collectif de solidarité avec les luttes sociales et politiques en Afrique


Laurent Fabius se rendra dans la capitale gabonaise du 23 au 25 mai prochain pour prendre part, au milieu d’un parterre de grandes entreprises multinationales, à la troisième édition du New York Forum Africa (NYFA) organisé dans ce pays depuis trois ans par Richard Attias and Associates « sous le haut patronage de Son Excellence le président Ali Bongo Ondimba ». Les instances de la société civile gabonaise qui organisent en parallèle un contre-forum des « indignés de la République », ainsi que l’ensemble des organisations signataires, estiment que cette rencontre prétendant œuvrer à la « transformation du continent » est inefficace sur le plan économique et nuisible pour les finances publiques du Gabon.

Cette rencontre coûte chaque année près de 3 millions d’euros au contribuable gabonais (soit un peu plus de 2 euros par habitant) sans résultat probant pour le développement du pays. De plus, faut-il ici rappeler au ministre français des Affaires étrangères que la démocratie est au plus bas au Gabon, malgré l’ouverture politique en 1990 et que plusieurs citoyens gabonais sont privés arbitrairement de salaires, de logement, d’accès aux services sociaux de base, de possibilités de sortir du pays depuis l’accession d’Ali Bongo au pouvoir ? Plusieurs familles déplorent l’emprisonnement voire la mort de leaders d’organisations étudiantes, syndicales et de la société civile, victimes des violences d’un régime gabonais plus que jamais policier et dictatorial depuis 2009.

Au Gabon, avec ces 3 millions d’euros de gabegies, il était possible d’acheter 200 000 livres aux étudiants bâillonnés depuis des années parce qu’ils réclament des conditions décentes d’études ; de construire 100 salles de classes à défaut de suivre les cours assis à même le sol, dans un pays où les vestiaires d’un stade sont transformés en salles de classe ; d’octroyer au moins 200 bourses doctorales aux étudiants gabonais précarisés à l’international ; de payer 200 cadres de la fonction publique, alors que plusieurs sont privés de leur salaire depuis des années ; de fournir le matériel élémentaire d’accouchement à des milliers de femmes gabonaises qui accouchent encore à même le sol aujourd’hui… Voilà qui aurait bien plus contribué à la « transformation du continent » qu’une énième réunion de puissants intérêts financiers désireux de récupérer la rente pétrolière du pays.

Nous invitons le ministre français des Affaires étrangères à entendre les protestations du peuple gabonais qui ne cessent de se multiplier, à reconsidérer ses relations avec le régime dictatorial gabonais et à inscrire la diplomatie française dans une relation avec l’Afrique plus équitable et respectueuse de l’aspiration des peuples.

-  Le Mouvement « Ca suffit comme ça » international
-  Observatoire Gabonais sur la RSE
-  Association « Printemps du Quart-Monde »
-  Mouvement pour la Restauration Démocratique en Guinée Equatoriale (MRD) ;
-  Forces Vives tchadiennes en exil
-  Union pour le Salut National (USN – Djibouti)
- Survie
-  Europe Ecologie les Verts
-  Parti de Gauche

Contact presse : contact @ apqm.org – Tel +33753738135

Communiqué original sur le site du collectif :
http://electionsafrique.org/Gabon-Laurent-Fabius-au-New-York.html

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