démo – Commission Transnationale https://transnationale.eelv.fr Un site utilisant Réseau Europe Ecologie Les Verts Wed, 04 Apr 2018 15:09:09 +0000 fr-FR hourly 1 Ukraine : nous étions observateurs électoraux au cœur d’une commission corrompue https://transnationale.eelv.fr/2014/11/05/ukraine-nous-etions-observateurs-electoraux-au-coeur-dune-commission-corrompue/ Wed, 05 Nov 2014 08:27:59 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4151 Lire la suite]]> Par Anne R. disponible sur le site Médiapart

Les résultats définitifs du vote aux élections parlementaires en Ukraine ne sont pas encore tombés. D’après les sondages de sortie d’urnes, les partis pro-européens ont largement remporté le scrutin. Habituellement le processus électoral remplit dix bonnes journées week-end compris. En raison de la pression des élections dans la LNR et la DNR1, et malgré le faible taux de participation, les élections législatives en Ukraine  revêtent cette année une importance capitale. J’ai pris ma modeste part dans cette grande histoire, en remplissant le rôle d’observateur électoral international, envoyé par le Congrès mondial des Ukrainiens (CKU). Premier voyage en Ukraine, première expérience d’observatrice électorale internationale, premier séjour dans un pays en guerre.

Statue de la mère patrie à Kiev. Crédits : Anne Rio
Statue de la mère patrie à Kiev. Crédits : Anne

Âme slave

C’est ma première visite à Kiev, mais connaissant un peu la Russie, je ne suis pas dépaysée. Au contraire, et au risque de fâcher des Ukrainiens patriotes, je suis frappée par la ressemblance. Le même métro plongeant jusqu’à 100 mètres de profondeur. Les mêmes banlieues peuplées d’immeubles hauts et larges, austères et minéraux, traversées de boulevards aussi larges que huit voies. La même féminité jusqu’au bout des ongles des Kiéviennes que leurs consoeurs de Moscou, que Madeleine Leroyer a si bien décrite2. La même cuisine : borchtch – qui est ukrainien- , kotlets, boeuf stroganov, cornichons et tomates molossol, pain noir, champignons et baies en tout genre… Un passé partagé : Kiev ville héros de la grande guerre patriotique aux côtés de ses douze consoeurs de l’ancienne URSS. Le musée de la guerre d’Afghanistan rappelle lui aussi le passé commun. Même la manie de multiplier les cartes de réduction pour tout commerce ou restaurant qui garnissent les porte-feuilles ukrainiens est semblable à Moscou.

Elena, à qui je fais cette remarque, acquiesce : « Oui, c’est pour cela que nous avons été très surpris par ce conflit. C’était inattendu. Nous n’aurions jamais imaginé. C’est vrai qu’en 2008, nous avons vu comment la Russie s’est comportée avec la Géorgie. Mais nous ne pensions pas que cela pourrait arriver en Ukraine ». Elena, la quarantaine, parlant russe avec sa fille, vivant dans une khrouchovka3 en briques dans la proche banlieue de Kiev ne s’attendait pas à l’agressivité de la Russie en dépit de ces liens entre les deux peuples.

Alexis, un français habitué de la Russie, m’explique au contraire avoir ressenti un « choc culturel » entre Moscou et Kiev. Le choc culturel concerne l’attitude des Ukrainiens. Ils sont souriants, accueillants, serviables. Le sourire, pour les Russes, est quelque chose de trop sérieux et intime pour l’offrir au premier venu4. « A Moscou, rendre la monnaie à une caisse de supermarché peut engendrer une querelle et voir donner des noms d’oiseaux ». Ici non. « Les Russes ont la haine d’eux-même et des autres. En tant qu’étranger, quand je me balade à Moscou, c’est comme si j’étais transparent ».

Pour les Russes, avant le conflit, les Ukrainiens véhiculaient l’image de ploucs ou de personnes rusées et malignes, essayant d’obtenir toujours plus et d’outrepasser leurs prérogatives alors que les Russes conservent leur fierté.

Embedded

48 heures avant la mission, je suis propulsée chef d’équipe d’une dizaine d’observateurs électoraux, envoyés observer le bon déroulement des élections dans l’okroug n°140, circonscription électorale des villes d’Illichivsk, de Beliaevka et de Teplodar dans la campagne environnante d’Odessa. L’équipe de dix observateurs comprend une moitié de russophones ou ukrainophones et une moitié de francophones, l’anglais ne servant à rien dans le contexte, elle répond à une parité stricte et inclut des représentants de toutes les décennies entre 20 et 60 ans. Annick, Maxime, Mélodie, Arnaud, Maroussia, Eric, Tatiana, Bernard, Alain et moi sommes du voyage, motivés pour aider les Ukrainiens dans ce moment délicat, et enthousiastes pour cette aventure humaine.

Nous sommes envoyés par le Comité représentatif de la Communauté Ukrainienne de France5 (CRCUF), présidée par l’infatigable Nathalie Pasternak, et l’ensemble de la mission est chapeautée par le Congrès mondial des Ukrainiens (CKU)6 . Le CKU envoie plus de 200 observateurs sur le terrain. Des équipes sont envoyées à Cherkassy, Chernivtsi, Sumy, Kharkiv, Lviv, Kherson, Kiev, Dnipropetrovk, Odessa et même Sloviansk et Kramatorsk dans le Donbass, qui viennent juste d’être libérées par l’armée ukrainienne. Julien Bayou racontera son expérience d’observateur à Cherkassi7, ainsi que d’autres membres de la délégation française8.

Dans les bureaux du CKU à Kiev. Crédits : Anne Rio
Dans les bureaux du CKU à Kiev. Crédits : Anne

Forte d’une diaspora de 1,2 à 1,4 million de membres au Canada, les Ukrainiens du Canada sont les plus nombreux dans le CKU. Ceux qui dirigent la mission et qui sont venus à Kiev ont tout du style nord américain : la manie de donner des tips et de faire des toasts, la formation avant la mission à l’université Shevchenko comprend un briefing sur la sécurité par un militaire qui a fait la guerre d’Irak ! Mais les Ukrainiens du Canada paraissent plus ukrainiens que les Ukrainiens, plus patriotes aussi s’agissant du sort de l’Ukraine. Selon Michael, lui-même descendant d’Ukrainiens du Canada, mais qui se définit comme européen étant donné les longues années passées en Suède, en Allemagne, en France…, « ils doivent en faire plus que leurs compatriotes d’Ukraine pour être légitimes ».

Kit de premiers secours de l'ONG Patriot Defence. Crédits : Anne Rio
Kit de premiers secours de l’ONG Patriot Defence. Crédits : Anne

Le bureau voisin de celui du CKU est occupé par l’ONG Patriot Defence / Захист Патріотів9. La directrice de l’ONG, Ulana Suprun, médecin américain et ukrainienne de la diaspora, a eu l’initiative du projet. Elle était sur le Maïdan pendant la révolution pour soigner les blessés. Depuis l’invasion russe des régions de l’Est, elle a pris conscience du manque de soins de premiers secours pour les soldats envoyés sur le front. Tandis que la prise en charge dans les hôpitaux à l’arrière est tout à fait satisfaisante, les soldats meurent faute de premiers soins et en raison de trois causes principales : hémorragie (60%), pneumothorax sous tension (30%), voies respiratoires entravées (10%). Elle a donc conçu un kit de premier secours pour soigner ces trois affections. Ces kits sont destinés à être portés par les soldats qui viendront en aide à leurs camarades. Des formations de deux jours sont aussi organisées pour permettre aux soldats de s’approprier l’emploi de ces matériels médicaux. Dans une Ukraine en guerre, l’initiative est saluée et l’ONG bénéficie de la solidarité des Ukrainiens de la diaspora et des entreprises ukrainiennes. Ukraine International Airlines transporte gratuitement les éléments du kit, un service douanier se charge également gratuitement de la gestion des démarches administratives d’import, les Ukrainiens de la diaspora sont sollicités financièrement…

En route pour Odessa

Avec sept autres membres de l’équipe d’observateurs, je pars en route pour Odessa en train de nuit, sur les traces des eurodéputés verts, Pascal Durand et Karima Delli, qui s’étaient rendus en Ukraine en mars 2014, guidés par Nathalie Pasternak, pour tâter le pouls de la révolution10. Odessa, c’est un peu là que la guerre a commencé en quelque sorte… Elle a commencé le 2 mai 2014 quand des activistes pro-ukrainiens ont brûlé vif des partisans pro-russes dans la Maison des syndicats. Certains considèrent cette action comme un coup monté par Poutine pour créer des martyrs de la cause pro-russe et susciter des engagements de volontaires aux côtés des séparatistes du Donbass. Michel Eltchaninoff a bien décrit l’ambiance dans la ville après le tragique évènement11.

Escaliers Potemkine à Odessa. Crédits : Anne Rio
Escaliers Potemkine à Odessa. Crédits : Anne

Etant donné le contexte de changement de pouvoir, de guerre dans le Donbass, des attaques de la Russie contre la légitimité de la nouvelle équipe au pouvoir, les élections législatives ukrainiennes s’avèrent d’une importance capitale pour l’Ukraine post-EuroMaïdan. Le système de vote parallèle, qui a prévalu en 2012, est maintenu malgré une tentative de réforme en juillet 2014 rejetée par la Rada (parlement ukrainien). Ainsi, 50% des sièges (soient 225 sièges) sont élus suite au vote sur liste nationale et 50% des sièges sont élus dans un système de vote uninominal majoritaire à un tour parmi des candidats qui se présentent localement dans les 225 circonscriptions électorales (okrougs) d’Ukraine. A l’échelle nationale, 29 listes sont présentées au choix des électeurs, et dans l’okroug n°140, 25 prétendants à la députation présentent leur candidature personnelle, les candidats « majoritaires »12.

Prise de contacts

Arrivée à Odessa, je prends contact avec Anatolii Boyko, activiste de la branche locale de l’ONG Opora13. Opora née avant la révolution orange de 2004 s’est fait une spécialité du monitoring des processus électoraux, de la lutte contre les fraudes électorales et la dénonciation des politiciens corrompus et criminels. L’emploi du temps d’Anatolii est rempli et il n’a pas le temps de nous rencontrer. Mais il nous fait parvenir des rapports sur la situation politique et électorale locale. En octobre, l’organisation avait déjà enregistré des actes de corruption auprès des électeurs par différents candidats dans les cinq circonscriptions (okrougs) de la région d’Odessa. Elle déplore également l’utilisation des ressources administratives par les candidats sortants, c’est-à-dire que les candidats, élus de la dernière mandature, emploient le budget et les fonctionnaires de leur administration au service de leur campagne. Des cas de coups et blessures sont aussi répertoriés. Dans certains okrougs, des candidats sont poussés à retirer leur candidature ou se voient refuser leur candidature. Anatolii nous explique que notre présence dans les commissions électorales de district le lendemain et le surlendemain du vote sera d’une importance capitale. De nombreuses fraudes, et enregistrements fallacieux de résultats altérés se déroulent à cette étape du processus électoral au moment de la centralisation des résultats.

Je prends également contact avec des représentants des partis locaux. Valerii Ossipov, représentant du parti vert d’Odessa nous informe des malversations dans l’okroug n°135, l’arrondissement Primorski de la ville même d’Odessa. La commission de district ne comporte que 18 membres, alors qu’elle devrait en compter 25 et 10 d’entre eux sont représentants du même parti. Ces irrégularités sont déjà dénoncées dans les journaux locaux et internationaux14. Une autre équipe d’observateurs envoyée par le CKU est justement chargée de contrôler ce qui s’y passe.

Mis en relation par le CKU, Vassilii Bougaïtchouk, le représentant du parti Batkivchtchyna, le parti de la femme à la tresse blonde, Ioulia Timoshenko, lui même candidat « majoritaire » dans cette circonscription nous expose la situation dans l’okroug n°140. Le candidat sortant est David Jvania, oligarque d’origine géorgienne et se classant parmi les 200 personnes les plus fortunées du pays15. En 2012, il se fait élire en tant que membre du Parti des régions du président déchu Viktor Ianoukovitch. Cette fois-ci, il a rejoint le parti du président Petro Poroshenko. David Jvania est conscient qu’il n’est pas dans les cœurs de ses concitoyens de sa circonscription et les sondages préélectoraux ne lui sont pas favorables. Début septembre, il sort dans les sondages en troisième position16. Quelques jours avant le vote, les sondages sont encore plus négatifs pour lui17.

candidature Vassilii Bougaitchouk. Crédits : Maxime
candidature Vassilii Bougaitchouk. Crédits : Maxime

Pour assurer sa réélection, Vassilii nous explique qu’il a corrompu les membres de la Commission électorale d’okroug. La méthode est simple : les résultats issus des 111 bureaux de vote de la circonscription sont altérés au moment de leur transmission à la Commission électorale centrale située à Kiev. Vassilii nous explique également qu’en amont des élections, une contestation contre la commission électorale du district de Beliaevka a donné lieu à un procès en justice. Malgré les irrégularités dans la constitution de la commission, les plaignants ont été déboutés. En effet, plusieurs semaines avant le vote, les membres de plusieurs commissions électorales d’okroug dans la région d’Odessa sont remplacés par des personnes favorables aux candidats sortants et entravant le bon enregistrement des autres candidats. Les membres de la commission de l’okroug voisin n°139 ont été condamnés par la justice. Mais ceux de la commission n°140 s’en sont sortis indemnes. Vassilii nous alerte sur le fait que nous pouvons nous attendre à des fraudes massives dans l’okroug n°140.

Dans les bureaux de vote

Dimanche 26 octobre, les dix membres de notre équipe d’observateurs, répartis en binômes, sur le pied de guerre dès 7h15 du matin chacun dans un bureau de vote de la circonscription n°140, sillonnent la campagne odessite toute la journée. Le système de vote ukrainien sécurise la délivrance des bulletins tandis que, par comparaison, le système de vote français sécurise l’urne de vote. En effet, les bulletins de vote sont comptés au plus près du nombre d’électeurs, le nombre de bulletins supplémentaires doit être raisonnable. La remise des bulletins de vote aux électeurs donne lieu à la signature d’un talon de remise par l’électeur. En revanche, les quatre ou cinq urnes ne sont pas contrôlées de près, mais placées au milieu du bureau de vote, libres d’accès pour toutes les personnes circulant dans les lieux. Un tel dispositif favorise le bourrage d’urnes : une personne, munie frauduleusement de plusieurs bulletins, pourrait les insérer par paquet dans l’urne.

Au cours de la journée de vote, chaque binôme de notre équipe observe des situations dérogeant à la stricte loi électorale et relevant du folklore électoral ukrainien. Les affiches des candidats « majoritaires » devant être accrochées dans tous les bureaux de vote, au même titre que les affiches des partis, sont très souvent absentes. Alain et moi nous rendons dans un bureau de vote du village de Troitskoe. Comme à l’époque soviétique, de la musique pop locale hurlant depuis la sono installée à l’entrée de l’école nous accueille. Elle est censée rendre la journée de vote un moment de fête et attirer les électeurs aux urnes. Nous nous enregistrons immédiatement auprès du secrétaire du bureau de vote en tant qu’observateurs. Un homme de la cinquantaine, posté à côté de la présidente du bureau de vote remet ainsi son badge « Presse » à son veston. Je lui demande pour quel journal il travaille, il est obligé de décrocher son badge et de le lire pour pouvoir me répondre. Il donne l’impression d’être le maître à bord du bureau de vote, donnant des ordres à la présidente du bureau de vote. C’est lui qui nous emmène dans la salle de repos et de restauration de la commission et nous emmène rencontrer la milice (police nationale) qui s’est installée également dans des arrière-salles de l’école. La carte de presse donne l’autorisation à ses détenteurs d’être présents toute la journée et au moment du dépouillement dans les bureaux de vote. Elle est largement utilisée de cette manière en Ukraine les jours d’élection.

Fidèle à la tradition d’accueil en Ukraine, dans chacun des bureaux de vote où nous entrons un café ou un thé nous est offert, si ce n’est le repas complet avec borchtch, kotlets, pommes de terre… Il suffit d’un moment d’hésitation, le temps de traduire la proposition à mon partenaire Alain, pour nous retrouver presque de force à table avec eux. Selon les consignes du CKU, nous devions refuser toute collation et tout breuvage dans les bureaux de vote. En effet, des personnes malintentionnées pourraient y ajouter un sédatif ou un laxatif afin de nous neutraliser pour le reste de la journée… Ce ne fut pas le cas. Mais les collations étaient les bienvenues car dans notre périple dans ce bout de campagne ukrainienne entre Odessa et la frontière de la Transnistrie, aucun restaurant ou café n’est en vue. C’est aussi l’occasion de discuter de la situation politique locale avec les habitants du cru.

Dans un autre bureau de vote, Pavel, observateur pour le parti Bloc de Poroshenko, pour le candidat David Jvania donc, nous tient un discours anti-maidan classique. Il nous paraît un bon garçon, instituteur dans l’école du village de 3000 habitants, fils du directeur de la Maison de la culture, bâtiment qu’il est fier de nous faire visiter et qui a été entièrement rénové « sous la présidence Ianoukovitch ». Il décrit la situation politique générale du pays comme étant encore l’affrontement entre les pro-occidentaux et les russophones. Mais selon lui, comme la Crimée est perdue, les régions du Donbass empêchées de voter, l’issue du vote ne fait pas de doutes. Il nous parle lui aussi des « fascistes au pouvoir ». Je lui demande comment il est informé de ces faits, il me répond qu’il suit les informations publiées dans les groupes « Anti-Maidan » sur le réseau social russe vKontakte. La télévision russe est interdite de diffusion dans le pays, décision qu’il juge anti-démocratique.

Tatiana et Bernard, quant à eux, sont mis sur la piste d’un bureau de vote frauduleux par un journaliste local, Denys Tkatchenko. Ce dernier les alerte sur le fait que dans un bureau de vote installé dans l’hôpital du village Velikii Dalnik, la commission électorale de bureau s’avère plus que douteuse. Contrairement aux règles communes, ses membres sont originaires de la ville d’Odessa et non du village et sont pour la grande majorité tous membres de la même famille. Ils ont été recrutés pour veiller aux intérêts du candidat David Jvania. Sur place, Tatiana et Bernard reçoivent des témoignages concordants par des observateurs d’autres partis. Le binôme ne lâchera pas d’une semelle les agissements de la commission électorale et accompagnera son travail jusqu’à 10h du matin le lendemain. Tatiana et Bernard ont dû lutter pied à pied pour que la loi électorale soit respectée. Ils ont dû négocier quelques entorses pour pouvoir accompagner le sac de bulletins et les procès verbaux (protokols) à la commission électorale d’okroug le lundi matin.

Aux alentours de 19h, la participation moyenne dans notre okroug se situe autour de 30 %.

A la commission électorale d’okroug

Alain et moi passons la soirée à la commission électorale d’okroug. Nous y sommes dès 20h. Au début, tous ne sont pas admis dans la salle de session, en raison d’un nombre limité de places. La session est entamée par une série de recours des candidats ou de représentants des candidats, recours qui sont tous balayés d’un revers de main. Un partisan du candidat Choumski expose sa plainte sur le fait que David Jvania n’a pas respecté la loi électorale et ses affiches de campagne étaient encore visibles dans la circonscription pendant la période de silence avant le vote. Le secrétaire de la commission explique qu’il est du ressort de la police et de la mairie des villes en question de faire retirer ces affiches mais que la commission électorale d’okroug ne s’occupe pas de ce genre de problèmes. Après quelques heures d’attente, les premières commissions de bureau de vote apportent les sacs remplis des bulletins et les procès verbaux des résultats. La commission d’okroug se montre très tatillonne. Elle refuse les procès verbaux de deux commissions de bureau de vote sur trois pour des vices de procédure. Les résultats qui arrivent ne sont sûrement pas à son goût.

Vers 2h du matin, nous sommes rejoints par Maxime et Annick qui ont réussi à accompagner le voyage du sac de bulletins et des procès verbaux depuis leur bureau de vote jusqu’à la commission d’okroug. A Beliaevka, le ballet de présentation des procès verbaux continue et le refus de la commission d’okroug est toujours aussi fréquent. L’attente est longue. Les membres des commissions de bureau de vote sont sur le pied de guerre depuis plusieurs jours et l’enregistrement des résultats au niveau de la commission d’okroug peut intervenir le lendemain voire le surlendemain. Une personne perd connaissance dans le lobby de la Maison de la Culture de Beliaevka, où se tient les sessions de la commission électorale d’okroug.

Vers 3h30 du matin, Andreï Levtchenko, soutien d’un des candidats, nous interpelle. Les résultats de plusieurs bureaux de vote proclamés par la commission électorale d’okroug sont altérés par rapport aux procès verbaux. Des résultats pour plusieurs candidats sont intervertis. Nous prenons en photographie les exemplaires originaux des procès verbaux et vérifierons ceux publiés sur le site officiel.

Sauf Tatiana et Bernard qui sont restés dans leur bureau de vote, toute l’équipe d’observateurs quitte la commission d’okroug vers 5h du matin, après avoir fait le tour du cadran.

Dans les heures qui suivent, des fraudes électorales sont constatées dans l’okroug18. Neuf membres de la commission d’okroug démissionnent le lendemain du vote sous le prétexte qu’ils auraient reçu des menaces de mort et fuient la région19. Leur démission en masse empêche d’atteindre le quorum nécessaire pour valider les protokols qui affluent encore à la commission et les travaux d’enregistrement des résultats sont interrompus20. Le lendemain, nous apprenons que ces membres sont recherchés par la police21 pour entrave à l’exercice des droits électoraux. Le journaliste Denys Tkashenko nous dit que notre présence dans l’okroug a aidé à la fuite des membres corrompus de la commission électorale d’okroug. Ils ont pris peur des contrôles. Denys nous demande de revenir pour les élections locales qui doivent se dérouler prochainement. Côté candidat majoritaire, Vassili Gouliaev, un candidat non affilié à un parti, est élu22.

A la commission électorale centrale

A la commission électorale centrale de Kiev. Crédits : Anne Rio
A la commission électorale centrale de Kiev. Crédits : Anne

Mardi 28 au matin, nous sommes de retour à Kiev. Grâce à notre carte d’accréditation d’observateur électoral international, nous avons accès également aux sessions de la Commission centrale électorale (TsVK), présidée par Mykhaylo Okhendovsky et située dans le bâtiment de l’ancien très puissant Comité d’arrondissement du PC ukrainien. Le principe de la validation des résultats des différents okrougs reproduit le schéma de validation à l’échelle de l’okroug. Des représentants des 225 commissions électorales d’okroug viennent à Kiev présenter à tour de rôle leurs résultats avec les protokols officiels contresignés par tous les membres des commissions d’okroug. Ceux-ci sont présentés en séance et adoptés par la Commission centrale électorale. Mardi 28 octobre dans l’après-midi, seules deux commissions d’okroug avaient déjà présenté leurs résultats, la troisième venait d’annuler la séance car ses membres étaient encore en route pour Kiev. La session est donc annulée.

Nathalie et moi croisons dans les couloirs Olexandre Gorodetski venu à la Commission centrale électorale défendre son bon droit. Olexandre est un Ukrainien de la diaspora, membre très actif du CKU, originaire d’Italie. Il s’est présenté à la 57e position de la liste du Front populaire23 menée par Arseni Iatseniouk et est potentiellement élu député d’après les résultats provisoires à la sortie des urnes. Cependant, l’enregistrement de sa candidature a été refusé une première fois en raison de certains critères non respectés. Il lui manquait 20 jours de résidence en Ukraine en 2011 alors que la loi stipule qu’un candidat doit résider au moins 183 jours par an dans le pays du trident. Justifiant de ses absences répétées en raison d’obligations professionnelles, Olexandre Gorodetski reçoit un jugement favorable à son enregistrement comme candidat à l’échelon de la cour d’appel24. Toutefois le verdict tombe à quelques heures du vote du 26 octobre. Olexandre se rend immédiatement à la Commission électorale pour faire enregistrer sa candidature. Cette dernière joue la montre, tergiverse et Olexandre n’est pas enregistré à temps.

Les mésaventures d'Olexandre Gorodetski à la Commission électorale centrale de Kiev. Crédits : Anne Rio
Les mésaventures d’Olexandre Gorodetski à la Commission électorale centrale de Kiev. Crédits : Anne

Dans les bureaux du dernier étage de la Commission centrale électorale, Olexandre explique sa situation. Le haut fonctionnaire lui rétorque : « La décision de la cour d’appel est venue trop tard, les électeurs du Japon ou d’Australie étaient déjà en train de voter lorsque vous receviez l’autorisation de vous enregistrer comme candidat ». Une femme intervient dans la conversation : « Une personne nous a apporté aujourd’hui une lettre signée de votre main indiquant que vous vous désistiez de votre candidature à la députation ». Après plusieurs semaines pendant lesquelles Olexandre s’est débattu pour faire enregistrer sa candidature allant jusqu’en cour de justice, cette supposée démarche paraît déconcertante. Olexandre s’en défend : « Je n’ai jamais apporté une telle lettre à la Commission centrale électorale ». La femme apporte la lettre manuscrite, signée et tamponnée à la date du jour même… Un ange passe… « Si vous contestez la validité de cette lettre, elle fera l’objet d’une expertise »… « Avez vous été contraint de rédiger cette lettre ? ». Olexandre explique qu’il a effectivement rédigé la lettre, qu’il ne peut dire qui le lui a demandé, et affirme que la date est incorrecte et qu’il n’a jamais demandé de la faire apporter à la Commission centrale électorale… Nous devons malheureusement quitter le bureau de la Commission centrale électorale, mais nos suppositions vont bon train sur les conditions de rédaction de cette lettre.

De l’avis des observateurs de l’OSCE25, les fraudes aux élections parlementaires ukrainiennes ont été plutôt limitées, les processus démocratiques respectés, et la commission centrale électorale efficace. Comment juger donc ce qui s’est passé dans l’okroug n°140 ? La perpétuation des veilles habitudes de fraudes dans un district reculé de campagne. Mais finalement, les fraudeurs ont pris peur. Les électeurs, les journalistes, les ONG se sont mobilisés contre ces vieilles pratiques. Et la présence d’observateurs électoraux internationaux ajoutaient au processus vertueux d’élimination des brebis galeuses…

1Sébastien Gobert, « Separatist LNR prepares for separated elections », 1er novembre 2014 : http://nouvellesest.com/2014/11/01/separatist-lnr-prepares-for-separated-elections/

2Madeleine Leroyer, Une vie de pintade à Moscou, Calmann-Levy, 2012 : http://www.lespintades.com/collection-pintade-moscou.html

3immeuble préfabriqué de 5 étages, construit à la hâte à l’époque de Khrouchtchev censé être temporaire pour parer au problème urgent de logement dans les années 1960.

4Iossif Sternine, « 10 raisons pour lesquelles les Russes ne sourient pas », Russia Beyond The Headlines, 29 novembre 2013 : http://fr.rbth.com/art/2013/11/29/10_raisons_pour_lesquelles_les_russes_ne_sourient_pas_26831.html

5Comité Représentatif de la Communauté Ukrainienne de France : http://crcuf.fr/

6Ukrainian World Congress / Світовий Конґрес Українців (СКУ) : http://www.ukrainianworldcongress.org/

7Julien Bayou, « J’ai assisté aux élections en Ukraine », Le Huffington post, 26 octobre 2014 : http://www.huffingtonpost.fr/julien-bayou/reportage-en-ukraine-pour-les-elections_b_6050696.html

8« Mon séjour extraordinaire en Ukraine », Jeunes, cons… et européens, 31 octobre 2014 : http://jeunesconseuropeens.com/2014/10/31/mon-sejour-extraordinaire-en-ukraine/#more-150

9ONG Patriot Defence / Захист Патріотів : http://patriotdefence.org/

10Pascal Durand, « Ukraine : l’Europe doit répondre à l’appel à l’aide lancé par le peuple ukrainien », 12 mars 2014 : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1157664-ukraine-l-europe-doit-repondre-a-l-appel-a-l-aide-lance-par-le-peuple-ukrainien.html

11Michel Eltchaninoff, « Odessa. Enquête après carnage », Philosophie magazine, 9 mai 2014 : http://www.philomag.com/lepoque/reportage/odessa-enquete-apres-carnage-9762

12« Полный список кандидатов в депутаты Рады по мажоритарному округу №140 в Одесской области », Українські новини, 8 octobre 2014 : http://ukranews.com/ru/news/odesa/2014/10/08/139391.Povniy-spisok-kandidativ-u-deputati-Radi-u-mazhoritarnomu-okruzi-140-v-Odeskiy-oblasti

13Site officiel de l’ONG Opora : http://oporaua.org/en/about-us

14Pierre Sautreuil, « Législatives en Ukraine: à Odessa, les espoirs du Maïdan se heurtent à un oligarque », L’Express, 24 octobre 2014 : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/legislatives-en-ukraine-a-odessa-les-espoirs-du-maidan-se-heurtent-a-un-oligarque_1615090.html

15Portait de Давид Важаевич Жвания, Украинский Бизнес Ресурс : http://bp.ubr.ua/profile/-

16« Электоральная ситуация в избирательном округе № 140 (Одесская область, центр – г.Беляевка) по состоянию на конец августа 2014 года », Социополис, 1er septembre 2014 : http://sociopolis.ua/ru/doslidzhenya/doslidzhenya/201-elect-140-bilyayivka/

17« Округ №140: лидирует Добрянский », Tаймер, 22 octobre 2014 : http://timer.od.ua/news/okrug_140_lidiruet_dobryanskiy_939.html

18« О нарушениях на 140 округе в Беляевке Одесской области », www.112.ua, 29 octobre 2014 : http://112.ua/video/o-narusheniyah-na-140-okruge-v-belyaevke-odesskoy-oblasti.html

19« Скандал вокруг Давида Жвании в Одесской области: глава окружкома сбежал с печатью (видео) », Подробности, 27 octobre 2014 : http://podrobnosti.ua/analytics/2014/10/27/1000012.html,

20« Избирательная комиссия округа №140 просто ушла, подсчёт голосов остановился », Tаймер, 27 octobre 2014 : http://timer.od.ua/news/izbiratel_naya_komissiya_okruga_140_prosto_ushla_podschet_golosov_ostanovilsya_384.html

21« Милиция разбирается с членами ОИК, которые сбежали из 140 округа », Украинская правда, 27 octobre 2014 : http://www.pravda.com.ua/rus/news/2014/10/27/7042386/

22http://www.cvk.gov.ua/pls/vnd2014/wp040pt001f01=910pf7331=140.html

23Виборчий список Політичної партії « Народний фронт » : http://nfront.org.ua/komanda/viborchij-spisok-politichnoji-partiji-narodnij-front

24« Суд, який дозволив Хорошковському брати участь у виборах, відмовив іншому кандидату », NewsRu.ua, 1er octobre 2014, http://www.newsru.ua/ukraine/01oct2014/otkazs.html

25« Many positive aspects of Ukraine elections an important step, and new parliament should take opportunity to advance key reforms, international observers say », OSCE, 27 octobre 2014 : http://www.osce.org/odihr/elections/126041

 

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EELV appelle à une transition démocratique et pacifique au Burkina Faso https://transnationale.eelv.fr/2014/10/31/eelv-appelle-a-une-transition-democratique-et-pacifique-au-burkina-faso/ Thu, 30 Oct 2014 22:39:31 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=4147 Lire la suite]]> Communiqué EELV

Suite aux événements dramatiques du 30 octobre, EELV souhaite exprimer sa sympathie et sa solidarité au peuple burkinabé et appelle de ses vœux à voir s’engager une transition démocratique et pacifique au Burkina Faso.

La répression des forces de l’ordre a selon le dernier bilan causé entre 3 et 20 morts et fait plusieurs dizaines de blessés. En cause, le projet de révision de la Constitution présenté par le gouvernement en vue de permettre à l’actuel président de la République, Blaise Campaoré, au pouvoir depuis 27 ans suite à un coup d’Etat marqué par l’assassinat de Thomas Sankara, de se présenter pour un troisième mandat aux élections présidentielles de l’an prochain en modifiant l’article 37 de la Constitution.

Cela fait maintenant plusieurs mois que les manifestations de protestation populaires et spontanées, notamment le 23 août dernier, se multiplient suite aux velléités anti-démocratiques de repousser la limitation du nombre de mandats présidentiels.

EELV déplore donc l’acharnement du camp présidentiel de vouloir procéder à une modification de la Constitution massivement rejetée par une large part de la population et ayant, par conséquence, toutes les chances de provoquer une grave crise sociale et politique et de mettre à mal l’unité nationale.

EELV appelle le gouvernement français à soutenir les aspirations profondes du peuple burkinabé et à ne pas répéter les erreurs du passé en cessant notamment de détourner les yeux des maux dont souffre ce peuple, maux dont l’origine réside largement dans la gestion autoritaire du pouvoir de Blaise Campaoré, loin des standards démocratiques et de bonne gouvernance.

Une attention sérieuse et vigilante de la France, mais aussi de l’Union européenne, de l’Union africaine ainsi que de l’ensemble de la communauté internationale, est d’autant plus importante que, dans les deux prochaines années, pas moins de cinq pays africains (République Démocratique du Congo, Rwanda, Congo Brazzaville, Burundi, Bénin,…) ont des échéances électorales présidentielles en ayant à leur tête des chefs d’Etat ne pouvant en principe plus se présenter mais tentés, par des moyens divers, de lever la limite constitutionnelle du nombre de mandats qui leur est imposée.

Dans ce moment d’incertitude politique, la France et l’Union européenne peuvent aider le Burkina Faso à devenir un pays enfin pleinement indépendant. Cela passe par un engagement fort de l’Union européenne pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre lors des deux prochaines COP sur le climat à Lima (2014) et à Paris (2015), afin de rendre le Sahel plus vivable et plus fertile. Cela passe par une révision drastique des accords de partenariat économique UE-ACP qui achèvent d’affaiblir l’agriculture paysanne burkinabé. Cela passe par un soutien au mouvement populaire qui manifeste chaque jour sa volonté d’alternance dans le pays, ainsi qu’au processus démocratique en vue de l’organisation de prochaines élections où les mouvements écologistes burkinabè prendront toute leur part.

Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux

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EELV n’oublie pas la Syrie https://transnationale.eelv.fr/2014/08/23/eelv-noublie-pas-la-syrie/ Sat, 23 Aug 2014 13:47:23 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3815 Lire la suite]]> Communiqué de presse publié le .

L’actualité internationale ne nous fait pas oublier la souffrance du peuple Syrien qui depuis trois ans et demi résiste à Bachar al Assa et aux djihadistes.
 EELV rappelle qu’il y a un an le 21 août 2013 des gaz chimiques ont été utilisés dans la banlieue de Damas pour déloger les forces combattantes démocratiques, provoquant 1300 morts dont 437 enfants.

Selon l’OIAC (Organisation pour l’interdiction des Armes Chimiques) l’armée syrienne serait en possession de 10% du stock initial d’armes chimiques.


Mais ces dernières ne sont pas les seules à tuer en Syrie. Bombardements, attaques terrestres, siège des localités prises par les rebelles, emprisonnement en masse, torturés, assassinats et disparitions sont les lot quotidien depuis trois ans et demi. Le bilan est accablant : plus de 170 000 morts, 9 millions de personnes ont quitté leurs foyers.

C’est également un drame humanitaire.  « Nous devons utiliser tous les moyens possibles pour apporter de la nourriture aux familles qui souffrent de la faim… » à déclaré il y a quelques Madame Cousin, Directrice du programme alimentaire mondial.

Et pourtant, un grand silence pèse sur la Syrie. La communauté internationale est toujours passive. Aucune initiative autre qu’humanitaire (ONG et Nations Unies) n’est entreprise depuis la négociation sur les armes chimiques.


Les démocrates syriens continuent à se battre seuls sur deux fronts. Depuis deux ans leurs appels répétés à l’octroi d’une aide logistique et à l’institution d’une zone de protection aérienne, sont restés vains, au profit des forces djihadistes, soutenus par les pays du golfe.
Ce qui se passe aujourd’hui en Irak est la conséquence de la situation syrienne où l’Etat Islamique d’Irak et du Levant (EIIL).

C’est pourquoi EELV :

Réaffirme sa solidarité avec les forces de la rébellion démocratique syrienne, le meilleur rempart contre le fanatisme religieux contre le régime de Bachar Al Assa

– Demande à l’Union Européenne et en particulier à la France, d’augmenter sa contribution et son aide d’urgence pour les déplacés et réfugiés tant à l’intérieur du pays qu’aux frontières.

– Maintient sa demande de renforcer les sanctions sur le régime syrien, notamment bancaires et commerciales, ainsi que la surveillance et l’exécution des sanctions de l’UE.

– 
Demande à l’UE et à la France une politique globale de soutien à l’ensemble des groupes et populations de la région Syrie – Irak qui se battent contre le terrorisme islamique, notamment les groupes Kurdes qui prennent en étau le dispositif offensif de l’EI

– 
Demande au gouvernement qu’une réelle politique d’accueil des réfugiés syriens soit accordée à la hauteur des besoins en mettant dans un premier temps à l’abri toutes les familles qui errent dans les rues de plusieurs grandes villes françaises.

Europe Ecologie – les Verts

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Soutien urgent pour les chrétiens, yézidis et Kurdes en Irak https://transnationale.eelv.fr/2014/08/10/soutien-urgent-pour-les-chretiens-yezidis-et-kurdes-en-irak/ Sun, 10 Aug 2014 11:17:00 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3812 Lire la suite]]> Communiqué de presse d’EELV publié le .

Depuis l’invasion de l’Irak par les forces de l’Etat Islamique, les Kurdes d’Irak se sont révélés être les seuls à même de résister à la progression des forces djihadistes.

Dès lors, le Kurdistan Irakien est devenu un asile pour des milliers de chrétiens et yézidis, pourchassés et massacrés pour le seul fait d’avoir une autre religion.

Mais les forces kurdes ne peuvent faire face seuls à la force militaire de l’Etat Islamique. Celui-ci progresse au sein du Kurdistan irakien et contraint les civils à fuir plus avant dans les zones kurdes. Pris de court, des dizaines de milliers de personnes ont du se réfugier dans les montagnes encerclées du Sinjar, au risque d’y mourir de soif, de faim ou de chaleur dans les jours qui viennent si ils ne reçoivent pas d’aide.

EELV appelle la France, l’Europe et la communauté internationale à agir de toute urgence pour soutenir les forces kurdes dans leur résistance contre l’agression barbare et coordonner une aide humanitaire immédiate en soutien aux minorités d’Irak.

Julien Bayou, porte-parole national

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Organiser l’accueil des réfugiés syriens : un droit humain, un devoir moral https://transnationale.eelv.fr/2014/08/01/organiser-laccueil-des-refugies-syriens-un-droit-humain-un-devoir-moral/ Fri, 01 Aug 2014 11:02:51 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3809 Lire la suite]]> Communiqué de presse d’EELV publié le

Près de 200 réfugiés syriens dont de nombreux enfants campent actuellement Porte de Saint-Ouen dans des conditions déplorables et doivent compter sur la solidarité d’associations et de riverains.

Une nouvelle fois, la réponse des autorités tarde à arriver afin de prendre toutes les dispositions pour venir en aide à ces dizaines de familles.

Celles-ci attendent d’être prises en charge rapidement pour trouver un toit et vivre dans des conditions décentes jusqu’à la régularisation de leur situation.

EELV déplore l’absence de perspectives concrètes apportées par les autorités locales à la détresse de ces familles et appelle l’Etat à prendre immédiatement ses responsabilités afin de trouver une solution rapide à cette situation indigne.

EELV appelle le préfet à réquisitionner un lieu d’accueil d’urgence pour héberger ces personnes dans les plus brefs délais. EELV alerte sur le fait que le choix d’un démantèlement du camp serait la plus mauvaise des solutions.

Alors que le conflit perdure dans le silence assourdissant de la communauté internationale, le nombre d’exilés syriens atteint désormais 4 millions. Cette situation exige une réaction rapide, nécessaire et coordonnée de l’Union Européenne et de la France pour assumer toutes les conséquences de cette tragédie humaine.

Cette dernière se doit par ailleurs d’offrir à toutes et tous et de manière équilibrée les mêmes conditions d’intégration et d’accueil, quelles que soient sa provenance et sa religion, conformément à nos valeurs universalistes censées fonder le pacte républicain et la politique des droits de l’homme.

Sandrine Rousseau, porte-parole nationale d’EELV

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Ultimatum pour les chrétiens d’Irak: EELV dénonce le régime de la terreur de l’Etat Islamique, soutient le gouvernement français dans l’accueil des chrétiens et au delà de toutes les minorités persécutées d’Irak https://transnationale.eelv.fr/2014/07/30/ultimatum-pour-les-chretiens-dirak-eelv-denonce-le-regime-de-la-terreur-de-letat-islamique-soutient-le-gouvernement-francais-dans-laccueil-des-chretiens-et-au-dela-de-tout/ Wed, 30 Jul 2014 10:45:58 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3801 Lire la suite]]> Communiqué d’EELV publié le

Les djihadistes de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EILL) ont lancé un ultimatum aux chrétiens d’Irak et en particulier ceux encore présents à Mossoul : se convertir à l’Islam, payer un impôt ou quitter les lieux sous peine de mort. D’après l’ONG Human Rights Watch, ce groupe islamiste a déjà enlevé au moins 200 Turkmènes, Shabaks, Yézidis et chrétiens, torturé certains prisonniers et multiplié les exactions et destructions, forçant des dizaines de milliers de familles à fuir.

EELV s’alarme de la situation pour les chrétiens d’Irak ainsi que les autres groupes minoritaires menacés par l’Etat Islamique comme les chiites Turkmènes, Shabaks ou Yézidis.

La communauté internationale doit tout mettre en œuvre pour protéger la liberté de croyance et de religion.

EELV soutient la proposition d’accueil des chrétiens d’Irak et propose de l’élargir à toutes les populations concernés, dans le respect du droit d’asile. La France doit par ailleurs agir en relayant auprès des autorités régionales sunnites comme l’Arabie Saoudite ou le Qatar l’appel à faire pression sur l’Etat Islamique pour stopper ces exactions.

L’Europe doit également prendre toute sa place dans la diplomatie internationale pour assurer partout les droits des minorités.

Sandrine Rousseau, porte parole

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Planète Verte été 2014 https://transnationale.eelv.fr/2014/07/16/planete-verte-juin-2014/ Wed, 16 Jul 2014 15:11:51 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3772 Veuillez trouver en lien ci-dessous le dernier numéro de Planète Verte, le journal de la commission Transnationale d’Europe Ecologie Les Verts, en date de l’été 2014. A télécharger et à diffuser sans modération:

Planete_Verte_juin_2014

 

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Quel développement durable pour l’Afrique du Sud ? https://transnationale.eelv.fr/2014/07/06/quel-developpement-durable-pour-lafrique-du-sud/ Sun, 06 Jul 2014 21:42:54 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3756 Lire la suite]]> Note de la Transnat’
par Ludovic Mollier* et Agnès Joignerez**


Croissance au ralenti, inégalités record, stress environnemental majeur : le modèle économique sud-africain, excessivement minier et carboné, est en train de toucher ses limites. Cette note décrit les grands enjeux politiques de l’Afrique du Sud aujourd’hui et brosse les perspectives d’une action écologique dans et en lien avec ce pays.

L’année 2014 marque vingt ans de démocratie dans la « Nouvelle Afrique du Sud », après la chute du régime de l’apartheid et l’élection de Nelson Mandela, décédé le 5 décembre 2013 à 95 ans. L’année 2014 est ainsi empreinte de son absence, et au-delà des frontières sud-africaines, c’est l’humanité entière qui en a porté le deuil. Souvent dépeinte comme un modèle sur le continent africain, la démocratie sud-africaine est le fruit d’une histoire particulière qui a donné vie à une constitution très progressiste, un système judiciaire indépendant, une presse libre et un environnement politique stable. Depuis 1994, les élections ont lieu tous les cinq ans et l’Afrique du Sud a eu quatre présidents (Nelson Mandela, Thabo Mbeki, Kgalema Motlanthe et Jacob Zuma), sous la houlette du parti dominant, l’African National Congress (ANC)[1]. Le 7 mai dernier ont eu lieu les 5es élections législatives nationales[2] et les élections provinciales, scrutin test pour l’ANC et ses alliés gouvernementaux. Des allégations de corruption et un mécontentement croissant ont en effet marqué le mandat de Jacob Zuma.

 

Un géant économique africain en perte de vitesse

Selon la Banque Mondiale, l’Afrique du Sud occupait en 2012 la 28e place mondiale avec un PIB de 384,3 Mds[3] de dollars (soit ¼ du PIB de l’Afrique et plus des 2/3 du PIB de l’Afrique australe). Même si le PIB/habitant de l’Afrique du Sud se maintient au premier rang sur le continent, le pays perd son avance face à des pays tels que le Nigeria, l’Angola, le Mozambique, le Tchad ou la Guinée équatoriale. Bien que le pays soit membre du club des BRICS, sa croissance économique sur la dernière décennie 2000-2010 est restée sous la barre des 2%, alors que les autres pays africains[4] progressaient en moyenne de 5 à 6 %. Ainsi, le Nigeria est officiellement devenu en 2014 la plus grosse économie du continent, avec un PIB de 509,9 Mds de dollars et une croissance annuelle de 6,4%.

La structure de l’économie sud-africaine se caractérise, comme dans de nombreux pays africains, par l’importance du secteur minier. Ce secteur s’est développé à travers la mise en place d’une véritable politique industrielle planifiée sous l’apartheid. L’Afrique du Sud reste le principal producteur africain de la quasi-totalité des produits miniers et des métaux[5] –  à l’exception des diamants, de l’uranium, du cuivre et du cobalt, des phosphates et du fer[6]. Trois quarts de cette production sont exportés. Ce secteur, ainsi que l’ensemble des activités qui lui sont liées, représentent 20 % du PIB[7] et 40% de ces exportations sont aujourd’hui destinées à la Chine.

Contrairement à la plupart des pays africains, l’économie sud-africaine se caractérise également par la diversité de ses secteurs et par l’exportation de produits à valeur ajoutée[8]. Le secteur agricole contribuait en 1951 à 16,6 % du PIB mais a décliné de façon continue pour n’en représenter en 2012 que 2,5 %[9]. De façon moins significative, le secteur minier a également décliné passant, au cours de la même période, de 12,1 % à 9,3 % du PIB. L’Afrique du sud a su très tôt développer un appareil industriel performant qui en 2012 représente encore près de 20 % de la richesse produite. Enfin, depuis la fin de l’apartheid, l’économie nationale s’est largement tertiarisée. Tiré vers le haut par les activités de la bourse de Johannesburg[10] et un secteur financier représentant plus de 21,5 % du PIB national, le secteur tertiaire pèse près de 70 % du PIB. Une telle répartition économique reste une exception en Afrique où les plans d’ajustements structurels du FMI ou de la Banque mondiale ont limité le développement des secteurs secondaire et tertiaire.

La sortie de l’apartheid fut marquée par un revirement étonnant de l’ANC dans la formulation de la politique économique du pays. L’ANC, allié historique du parti communiste sud-africain et de la plus grande confédération syndicale du pays (Congress of South African Trade Unions ou Cosatu), fut dès sa création et jusqu’au début des années 1990 en faveur d’un programme socialiste ambitieux : redistribution des terres, nationalisation  à grande échelle, construction d’un million de maisons, accès à l’éducation, à la santé, à l’eau potable et à l’assainissement pour tous.

Après son accession au pouvoir en mai 1994, l’ANC a revu son ambitieuse politique sociale et amorcé un tournant de rigueur, tant la situation économique héritée du Parti National de l’apartheid était mauvaise. En juin 1996, Trevor Manuel, alors ministre des Finances, annonça la mise en place d’une politique macroéconomique calquée sur le consensus de Washington et le modèle néolibéral[11] (Growth, Employment, and Redistribution- GEAR) : croissance tirée par les exportations, privatisations déguisées sous le terme de « restructuration des actifs de l’Etat », discipline fiscale stricte et taux de change souples. Malgré quelques réformes macroéconomiques et des programmes de développement successifs qui limitent les privatisations et favorisent des politiques sociales, la politique économique du pays reste axée en plusieurs points sur le modèle de GEAR.

Photo Ludovic Mollier

 

Une société fortement inégalitaire et violente malgré la fin de la ségrégation raciale

La fin de l’apartheid a marqué la fin d’une ségrégation raciale établie depuis plus de 350 ans ; il serait naïf de croire que l’héritage d’un tel système politique puisse s’effacer du jour au lendemain. Il est toutefois important de noter les nombreuses et grandes réussites accomplies lors de la transition démocratique et multiculturelle, transition communément décrite comme le miracle de la nation arc-en-ciel. Basée sur l’une des constitutions démocratiques les plus progressistes au monde, la nouvelle Afrique du Sud a fait table rase de toutes les lois racistes de l’ancien régime, a garanti la liberté de la presse et les droits des minorités, aboli la peine de mort et assuré la liberté d’orientation sexuelle. Elle a surtout su éviter un bain de sang, pourtant largement prédit à l’époque comme le destin inévitable de ce pays. Vingt ans après le miracle et l’euphorie d’une première élection démocratique, l’Afrique du Sud fait face à de dures réalités sociales, à commencer par l’accentuation du fossé entre riches et pauvres.

L’indice de Gini indique que l’Afrique du Sud est le 4e pays le plus inégalitaire au monde[12] avec une répartition des revenus qui s’est creusée de 1996 (60) à 2013 (63)[13] . Le chômage oscille entre 25 et 30 %, et s’élève à plus de 50 %[14] chez les jeunes. Le revenu médian, pour ceux qui ont la chance d’avoir un emploi, est d’environ 2 800 rands/mois (200 euros)[15]. En 2012, plus de 18,5 millions de Sud-Africains (36 % de la population) vivent en-dessous du seuil de pauvreté fixé à 1.450 rands (environ 150 euros/mois). Le revenu annuel moyen d’un foyer blanc est six fois supérieur à celui d’un foyer noir ; 3,6 fois supérieur à celui d’un foyer métis et 1,5 fois supérieur à celui d’un foyer indien. La société sud-africaine est souvent présentée en deux économies ; une développée où la nation arc-en-ciel s’épanouit, et une du « tiers-monde » à majorité noire, où le secteur informel prédomine. L’ANC a mis en place une politique de discrimination positive (Black Economic Empowerment) à la sortie de l’apartheid qui a permis l’émergence d’une classe moyenne et d’une élite noire dès les années 1990, mais cette forme d’ascenseur social semble être en panne et est maintenant décrié comme un instrument gouvernemental entaché de népotisme. Les affaires de corruption sous le gouvernement de Jacob Zuma font de façon récurrente la une de l’actualité[16]. Les aides sociales mises en place par le gouvernement restent limitées aux allocations pour les familles et les personnes âgées ; ces aides représentent néanmoins l’unique source de revenu pour près de 50 % des plus pauvres[17]. D’autres catégories comme les adultes sans emploi en âge de travailler restent en marge du système social. L’idée d’un revenu minimum de base universel (introduite en 1998) est restée dans les tiroirs d’un gouvernement qui envisage le travail salarié comme pierre angulaire de l’insertion sociale.

Cette société inégalitaire est également l’une des plus violentes au monde ; entre mi-2012 et mi 2013, on dénombre plus de 16 000 meurtres, ce qui équivaut à plus de 31 meurtres pour 100 000 habitants[18]. Cette violence qui a des causes historiques (colonisation, guerres inter-ethniques, guerre anglo-boer, lutte armée contre l’apartheid et répression massive d’un Etat raciste) a plusieurs visages : vols à main armée ; réseaux de drogue qui ont prospéré librement dès les années 1980 lorsque le gouvernement concentrait ses forces sur la lutte contre le terrorisme politique ; viols[19]

Une nouvelle forme de racisme est également apparue au sein de la nation arc-en-ciel ; le pays est marqué par de violentes attaques xénophobes contre les immigrés, originaires pour la plupart des pays proches tels le Zimbabwe, le Mozambique et la RDC. Des vagues de violence xénophobe, initiées dans certains townships, ont fait près de soixante-cinq morts et des centaines de blessés en 2008 ; violence ayant repris de l’ampleur après la coupe du monde de football en 2010. Les réfugiés africains intensifieraient davantage la concurrence dans une économie où les opportunités d’embauche sont très maigres. Bouc-émissaires d’une économie défaillante, ils sont des proies faciles pour la masse de Sud-Africains sans emploi vivant dans la pauvreté.

La constitution sud-africaine donne une place prédominante aux droits de l’Homme (désignés dans son préambule comme base fondamentale sur laquelle s’établit la société) et stipule, entre autres, le droit pour tout Sud-Africain à l’égalité, au logement, à la santé et à l’éducation. Ces droits restent pourtant fictifs pour une grande partie de la population. De nombreux townships subissent un afflux massif de population et les conditions de vie y restent très précaires[20]. La qualité des prestations du service public (eau, assainissement, logement, électricité, etc.), plus particulièrement en faveur des pauvres et des défavorisés, est un sujet sensible.

La situation de l’éducation est extrêmement préoccupante pour l’avenir du pays avec plus de 50 % des jeunes ne parvenant pas à la terminale. Mauvaise administration, corruption mais aussi héritage d’un passé ségrégationniste, le système éducatif actuel ne permet pas à une majorité de la population d’intégrer le marché du travail. Bien qu’une part conséquente du budget national lui soit consacrée (20,7 %, soit 6,4 % du PIB), l’éducation sud-africaine reste d’après les données internationales l’une des moins performantes au monde[21].

En conséquence, un nombre croissant de Sud-Africains sont mécontents du manque de progrès apporté par la démocratie. Entre 2009 et 2012, le pays a connu en moyenne trois émeutes par jour, principalement contre les mauvaises prestations des services publics[22]. Le pouvoir en place et les grandes sociétés font aussi face à des revendications salariales et des grèves importantes, en particulier dans le secteur minier. En 2012, à Marikana, une manifestation a dégénéré, lorsque la police a tiré à balles réelles et tué 34 mineurs dans des conditions qui restent troubles. Cette ville a également connu au premier semestre 2014 la grève la plus longue du pays depuis 1994. Enfin, les habitants des townships se sentent oubliés et le chômage des jeunes y rend la situation explosive.

Photo Ludovic Mollier

 

L’hégémonie de l’ANC contestée par une nouvelle offre politique

Ancien parti galvanisé par un passé glorieux de lutte contre l’apartheid, l’ANC domine la scène politique depuis les premières élections de 1994 et l’opposition a du mal à se faire entendre. Malgré un système électoral favorisant le pluralisme politique et treize partis représentés au Parlement, depuis 1999, l’ANC obtient la majorité des deux tiers et l’ensemble des neuf provinces du pays, à l’exception de la Province du Cap-Occidental conquise en 2009 par le DA (Democratic Alliance). Avec 62,2% des voix obtenues lors des élections du 7 mai dernier, l’ANC n’a plus la majorité des deux-tiers au sein du parlement sud-africain, mais assure sa prépondérance avec 249 députés sur 400.

Fort de ses 89 parlementaires, le DA continue sa progression avec 22,2 % de votes comparé à 16.2 % en 2009 et se présente comme le principal parti d’opposition. Toutefois, son électorat reste jusqu’à présent majoritairement métis et blanc, ce qui limite considérablement sa portée politique[23].

Les autres forces politiques pouvant faire contrepoids à l’hégémonie de l’ANC sont partie-prenantes du gouvernement depuis 1994. Composée de l’ANC, du Cosatu (la plus grande confédération syndicale du pays) et du Parti Communiste Sud-Africain, c’est une alliance tripartite atypique qui dirige le pays. Formée des anciens mouvements de la lutte contre l’apartheid, cette alliance muselant le débat politique est sous tension depuis le massacre de Marikana et les récentes et nombreuses grèves dans les mines de platine au nord-ouest de Johannesburg. Le plus important des dix-neuf syndicats affiliés du Cosatu, le Numsa (National Union of Metalworkers in South Africa), a décidé de ne pas soutenir l’ANC lors des élections de mai 2014 et insiste pour que la confédération syndicale Cosatu sorte de l’alliance gouvernementale tripartite. Numsa souhaitait également créer un nouveau parti travailliste juste après les élections. Si un tel parti venait à voir le jour cela impliquerait un vrai changement de l’échiquier politique sud-africain.

Parmi les vingt-neuf partis enregistrés pour participer aux élections de 2014, un nombre restreint de partis ont récemment émergé et joueront probablement un rôle important dans la vie politique du pays. Le parti des combattants de la liberté économique (Economic Freedom Fighters, EFF)[24] porte un discours anticapitaliste centré sur la nationalisation des mines et « l’expropriation des terres sans compensation pour une redistribution équitable ». Créé huit mois avant les élections, ce parti s’assure un certain écho auprès des jeunes noirs sans emploi et exclus de la vie économique du pays, et est arrivé en troisième position avec 25 députés. Le nouveau parti Agang, fondé par la célèbre militante anti-apartheid et veuve de Steve Biko, Mamphela Ramphele, a assuré sa présence sur la scène médiatique pré-électorale. Mais, après une tentative échouée de collaboration avec le DA, il n’a pu obtenir mieux que 2 sièges au parlement.

Après vingt années au pouvoir, l’ANC bénéficie toujours de l’image d’un parti libérateur ayant à cœur la défense de l’intérêt des citoyens sud-africains, image galvanisée en période électorale avec moult références à son glorieux passé et à l’image iconique de Nelson Mandela. En dépit de nombreuses critiques portant sur des affaires de corruption et de mauvaise gestion des services publics, une large partie de la population garde foi en l’ANC et a ainsi reconduit Jacob Zuma à la tête du pays pour un nouveau quinquennat. Ce score de 62,2 % donne une majorité incontestable à l’ANC, mais confirme une tendance à la baisse avec un score de 70 % en 2004 et 66 % en 2009. La majeure partie des Sud-Africains ont encore du mal à accepter l’idée que le parti libérateur qu’ils admiraient soit entaché de corruption et de malhonnêteté, mais un changement pourrait s’opérer dans les années à venir.

Photo Ludovic Mollier

 

Une crise environnementale liée aux activités minières et à la prédominance du charbon

Selon l’index de performance environnementale[25], l’Afrique du Sud occuperait la 72e place sur 178 pays (note de 53,5 / 100), avec notamment les plus mauvais scores pour la santé (130e position), l’accès à l’électricité (108e position), l’eau et l’assainissement (107e position), l’état des pêcheries (97e position), les émissions de carbone / KWH (97e position) et la biodiversité (84e position).

Pollution

La pollution de l’air et de l’eau qui résulte des activités minières (drainage acide, lixiviation de métaux lourd, déchets et mines abandonnées) pose des risques sérieux sur la population et leur environnement, en milieu rural comme en milieu urbain[26]. Le secteur minier représente ainsi la plus grande source de pollution en Afrique du Sud. Cette situation est liée à une législation peu contraignante pour les compagnies (une grande part des coûts environnementaux reste à la charge de l’Etat et des contribuables) et l’implication d’anciens et actuels responsables gouvernementaux comme actionnaires, administrateurs ou managers de ces compagnies.

Le secteur minier et industriel contribue largement à faire de l’Afrique du Sud l’un des plus grands émetteurs de CO2[27]. Le pays consomme près de 40 % de l’énergie consommée en Afrique. Le charbon est de loin la source d’énergie la plus importante (74 % de l’énergie primaire et 90 % de l’électricité), dont le pays détient près de 4 % des ressources mondiales[28]. L’Afrique du Sud qui a ratifié le protocole de Kyoto est ainsi responsable de plus de 38% des émissions de CO2 du continent africain. Une centrale nucléaire construite par Areva, EDF et Alstom au nord de la ville du Cap fournit 5 % de l’électricité, tandis que les énergies renouvelables sont à l’état embryonnaire. La production d’énergie peine cependant à faire face à une demande en croissance rapide et la situation du secteur de l’énergie en Afrique du Sud reste difficile. Récemment, le gouvernement a publié un plan intégré de ressources qui propose différentes alternatives pour couvrir les besoins de l’Afrique du Sud dans les vingt prochaines années, avec l’épineuse question du choix des sources d’énergie (charbon, nucléaire, gaz et/ou énergies renouvelables). Bien que le gouvernement ait montré un fort engagement en faveur du nucléaire, sortir du charbon nécessiterait l’augmentation du coût de l’électricité, actuellement très bas pour attirer les investisseurs et faciliter l’accès à l’électricité pour une majorité de population pauvre (30 % de la population n’a pas accès à l’électricité). Des incertitudes demeurent quant à l’avenir du mix énergétique sud-africain avec des scénarios envisageables tels que l’exploitation des réserves de gaz de schiste dans le désert du Karoo, l’utilisation des ressources gazières du Mozambique, la mise en œuvre des projets de capture du carbone, etc.

Stress hydrique

L’eau constitue l’une des ressources les plus critiques pour l’Afrique du Sud, à la fois limitée en quantité et subissant une forte et croissante demande[29]. La majeure partie du pays est aride ou semi-aride. Dans de nombreuses régions, la demande excède les capacités de fourniture, et la qualité en est souvent médiocre. Au centre de la question de l’accès à l’eau se trouve l’exploitation du charbon et ses effets désastreux sur cette ressource essentielle. Malgré les pénuries d’eau dont souffre le pays, l’opérateur national de l’énergie Eskom est en train de construire deux nouvelles centrales électriques au charbon à forte intensité carbonique (Medupi and Kusile). Avec 98% du volume d’eau total sud-africain déjà alloué et une consommation moyenne de 10 000 litres d’eau potable toute les secondes, cette stratégie aura des conséquences désastreuses pour les ressources en eau du pays, la santé de ses concitoyens et leur environnement[30]. Les projections démographiques et économiques suggèrent que l’Afrique du Sud devra faire face à de grandes difficultés pour satisfaire les besoins en eau dans les décennies à venir, d’autant plus que cette ressource est aussi affectée par la pollution, la dégradation des terres et le changement climatique.

Le changement climatique affectera en priorité les plus pauvres, les familles qui dépendent d’une agriculture à petite échelle et les femmes qui ont la lourde tâche de nourrir leur famille[31]. Ces femmes agricultrices doivent s’adapter au changement climatique en plantant des variétés nouvelles, tout en faisant face à l’augmentation des prix et aux difficultés d’accès à la terre.

Menaces sur la biodiversité

L’Afrique du Sud possède une biodiversité unique, avec une végétation plus riche que dans n’importe quelle autre région de même taille en Afrique[32]. Cependant, cette biodiversité est menacée par une forte pression démographique, la conversion des habitats naturels pour l’agriculture et le développement urbain, des mauvaises pratiques de gestion des terres, l’exploitation minière, la construction de barrages, etc. De même, le long de la côte et en haute mer, la surpêche menace les stocks halieutiques et plusieurs espèces pourraient disparaître localement, suite à l’amélioration des techniques de pêche, un effort de pêche croissant et le développement de la pêche industrielle.

Photo Ludovic Mollier

 

Inégalités environnementales et plan climat : perspectives d’action écologique

Le développement durable n’est malheureusement pas encore une priorité en Afrique du Sud et les enjeux environnementaux sont rarement traités sur la scène publique. Les débats politiques lors des élections de mai 2014 ont confirmé cette réalité ; ces derniers ont porté principalement sur des questions d’économie, d’emploi, de corruption, d’administration des services publics, et non d’écologie.

Les partis écologiques sud-africains furent absents des listes électorales de 2014. Ils sont très minoritaires, fragmentés, peu connus et disposant de très faibles moyens. Créé en 1999 par sa représente actuelle, Judy Sole, le Parti Vert de l’Afrique du Sud (GPSA) est basé à Cape Town. Membre de la Fédération des partis Vert d’Afrique, le GPSA centre ses actions sur la sauvegarde des océans, des ressources marines, ainsi que sur la sensibilisation de la société sud-africaine et du gouvernement aux thématiques de la déforestation, du changement climatique et des enjeux énergétiques. Le parti n’est cependant opérationnel qu’en période préélectorale et ne dispose pas de visibilité médiatique. Disposant de très peu de moyens, son fonctionnement repose principalement sur les épaules de sa représentante, tête de liste aux élections locales et provinciales depuis l’an 2000 avec des scores marginaux[33]. Le GPSA n’a pu s’inscrire pour les élections de mai 2014 du fait du manque de moyens financiers pour cautionner sa participation[34]. Le parti SCG (Socialist Green Coalition) n’a également pas pu participer aux dernières élections pour les mêmes raisons. Composée de divers mouvements locaux, cette coalition est soutenue par plusieurs organisations et partis politiques tel qu’ECOPEACE, unique parti vert ayant obtenu un siège en Afrique du Sud lors des élections municipales de l’an 2000 à Durban (Province du KwaZulu-Natal). Ce siège fut perdu suite aux élections de 2006.

Les partis politiques sud-africains connus et visibles sur la scène médiatique semblent très peu préoccupés par les menaces environnementales qui pèsent sur l’avenir du pays. Toutefois, durant la période électorale de 2014, le parti Agang s’est opposé à tout projet de fracturation hydraulique dans la région du Karoo ou dans d’autres parties de l’Afrique du Sud[35]. Premier, et pour l’instant unique parti à prendre cette position, Agang souhaite s’épauler sur des mouvements anti-fracturation hydraulique locaux[36] et s’aligner sur la contestation internationale croissante contre cette technique d’extraction de gaz.

Plusieurs acteurs de la société civile menant des campagnes et actions écologiques sont présents en Afrique du Sud. L’antenne principale de Greenpeace Afrique créée en novembre 2008 se situe à Johannesburg[37]. L’ONG concentre ses actions en Afrique du Sud sur la sauvegarde des océans, des forêts, et surtout sur le changement climatique et les questions d’énergie – principalement relatives au secteur de l’électricité[38]. De même envergure, l’ONG WWF Afrique du Sud est présente dans le pays depuis 1968 (anciennement connue sous le nom de Southern African Nature Foundation)[39]. Autre acteur écologique principal de la société civile sud-africaine, l’association « groundWork » est présente dans le pays depuis le milieu des années 1999 et connue pour ses engagements au niveau communautaire[40]. L’organisation œuvre en première ligne en assistant les communautés vulnérables touchées par les injustices environnementales à faire valoir et respecter leurs droits[41]. Elle apporte un appui de base en aidant les communautés à contrôler l’application de la législation environnementale et en maintenant la pression sur le gouvernement. Les thèmes centraux d’action de groundWork sont la qualité de l’air, la santé environnementale, la justice climatique, les déchets et l’énergie. Disposant d’un réseau croissant[42], l’ONG Earthlife Africa est également un acteur important dans la vie écologique sud-africaine[43]. Son objectif principal est de mobiliser la société civile sur plusieurs enjeux environnementaux, tels que la protection de la biodiversité, le bien-être animal ou encore le changement climatique. De nombreuses organisations associatives dédiées spécifiquement à la sauvegarde de l’environnement et de la biodiversité existent en Afrique du sud. Dans ce domaine, EWT (Endangered Wildlife Trust) est un acteur reconnu et disposant d’un réseau important[44].

L’Afrique du Sud est un acteur clef dans les négociations internationales sur le climat. Le pays est à la fois membre des BASIC, du G77, des BRICS, unique pays d’Afrique membre du G20 et moteur économique du continent africain. Ces nombreuses facettes font de ce pays un partenaire essentiel pour assurer le succès de la COP21 qui se tiendra à Paris en décembre 2015. Ses engagements en termes de réduction d’émission de CO2 de 34 % en dix ans depuis Copenhague et le souhait de préserver son legs de la COP 17 sont des aspects importants pour les futures négociations climatiques. L’Afrique du Sud a également défini une stratégie climat (incluant l’établissement d’un budget carbone par secteur et d’une taxe carbone pour le 1er janvier 2015) pouvant servir d’un instrument de négociation politique dans le cadre des conférences climat. La France a besoin des Sud-Africains pour aboutir à un accord contraignant, global et durable à la COP 21. Dans cette perspective, il est essentiel de collaborer avec ces derniers, afin de concilier les besoins du développement économique et social du pays avec la protection de l’environnement.

* Ludovic Mollier  /  Contact : mollierludovic @ hotmail.fr

** Agnès Joignerez  /  Contact : agnesjoi @ yahoo.fr

Photos : Ludovic Mollier et Félix Guyon


[2] Le Président de la République est élu par le parlement national

[3] Banque Mondiale, tableau de classement du PIB par pays: http://data.worldbank.org/data-catalog/GDP-ranking-table (page consultée le 20/03/2014)

[4] Service économique régional pour l’Afrique Australe, Direction générale du Trésor, Ministère de l’économie, des finances et du commerce extérieur, avril 2013

[5] L’Afrique du Sud possède les principales réserves mondiales prouvées d’or, de vanadium, de chrome, de platine, de manganèse, de silicate d’alumine et de vermiculite.

[6] Ibid.

[7] Ibid.

[8] A titre d’exemple : ciment, or et acier sont produits localement

[9] South African Survey, South Africa, South Africa Institute of Race Relations, 2013, p. 108

[10] Le Johannesburg Stock Exchange, 1re place africaine et 19e mondiale en termes de capitalisation

[11] Le tournant fut appuyé par une activité de lobby de la part de personnalités importantes de la vie économique sud-africaine telles que le Directeur exécutif de Nector de l’époque Chris Liebenberg ; Harry Oppenheimer, père de la colossale Anglo-Américain corporation et la participation de l’ANC au « brainstorming » du Forum de Davos en février 1992. Allister Sparks, Beyond the Miracle – Inside the new South Africa, 2003, South Africa, Jonathan Ball Publishers, chap. 9

[12] L’indice de Gini indique, pour une économie donnée, dans quelle mesure la répartition des revenus entre les individus ou les ménages s’écarte de l’égalité parfaite. Le coefficient de Gini est compris entre 0 (égalité parfaite) et 100 (inégalité absolue). L’Afrique du Sud est 4e après les Seychelles, les Comores et la Namibie. La Banque Mondiale http://data.worldbank.org/indicator/SI.POV.GINI

[13] South African Survey, 2013, p. 321

[14] IMF Survey Magazine: Countries & Regions, South Africa Searches for Faster Growth, More Jobs, October 1, 2013, http://www.imf.org/external/pubs/ft/survey/so/2013/car080713a.htm (Page consultée le 20/03/2014).

[15]Dr Dale T McKinley, Politicians’ bloated wages insult the poor, Mail&gardian, 14 Feb 2014 (source: Stats SA).

[16] La dernière en date, et certainement la plus retentissante, est l’affaire Nkandla,  le nom de la résidence du Président dont les récents travaux, sous couvert d’une mise aux normes de sécurité, ont coûté au contribuable près de 246 millions ZAR (environ  17.260.000 Euros)

[17] Report-03-10-03 – Poverty Profile of South Africa: Application of the poverty lines on the LCS, 2008/2009, publication date & time: 27 November 2012 Living condition survey 2008/09, Table 29: Percentage distribution of the population with a source of income at the time of the survey by main income source and poverty status (R577), P 46

[18] Rapport de l’Assemblée nationale d’information déposé par la Commission des Affaires Etrangères en conclusion des travaux d’une mission d’information constituée le 14 novembre 2012, sur les émergents de l’Afrique anglophone.

[19] Une femme sud-africaine sur trois avoue avoir été violée dans sa vie ; un homme sur quatre admet avoir violé quelqu’un et un homme sur neuf admet avoir été violé ; les viols de nouveau-nés font aussi souvent la une de l’actualité

[20] http://www.rfi.fr/#afrique/20140505-vingt-ans-apres-pauvrete-toile-fond-scrutin-joue-avance/?&_suid=139943884100607485679014272766

[21] World Economic Forum, South Africa ranks 132nd out of 144 countries for its primary education and 143rd in science and maths.

[22] Peter Alexander, ’’A massive rebellion of the poor’’, Mail and Guardian, Johannesburg, 13 avril 2012 – Vu dans: Sabine Cessou, « Le régime arc-en-ciel discrédité – Trois émeutes par jour en Afrique du Sud », Le Monde diplomatique, mars 2013.

[23] Passant de 0.8% en 2009 à approximativement 6% en 2014, une légère augmentation du support des noirs sud-africains envers le DA est à noter, 40% de ces voix venant de la province du Gauteng.

[24] Site du parti : http://effighters.org.za/ ; dirigé par M. Julius Malema, ancien vice-président charismatique de la ligue des jeunes de l’ANC, exclu en avril 2012 pour avoir créé des divisions au sein du parti

[25] http://epi.yale.edu/epi/country-profile/south-africa

[26] http://www.bizcommunity.com/Article/196/558/76519.html

[27] http://www.bizcommunity.com/Article/196/558/76519.html

[28]Afrique du Sud: I’intégration énergétique par Jean-Pierre Favennec

[29] http://wwf.panda.org/who_we_are/wwf_offices/south_africa/environmental_problems__in_south_africa/

[30] Greenpeace South Africa, « Water hungry coal – Burning South Africa’s water to produce electricity”, report 2012

[31] http://www.oxfam.org/en/grow/women-farmers-south-africa-adapt-climate-change-feed-families

[32] http://wwf.panda.org/who_we_are/wwf_offices/south_africa/environmental_problems__in_south_africa/

[33]Chiffres disponibles : élections municipales de 2000 : 0,07% ; élections provinciales 2004 : 0,21%

[34] Depuis 1996, les montants de la caution demandée aux partis politiques ont considérablement augmenté. En 2014, ces derniers sont de 200.000 ZAR (environ 14.000Euros) pour la participation aux élections nationales et de 45.000 ZAR pour les provinciales.

[35]La fracturation hydraulique est envisagée par le gouvernement sud-africain qui a levé le moratoire national sur cette pratique en avril 2011. La région la plus à même à être exploitée est celle du Karoo, zone semi-aride situé recoupant 5 provinces. Dans le contexte sud-africain, l’exploitation du gaz de schiste implique de creuser entre 4000 et 6000 mètres de profondeur et d’utiliser environ 20 millions de litres d’eau par puits. Dans un pays où l’eau se fait rare, une telle stratégie énergétique pourrait avoir des effets catastrophiques sur l’accès à l’eau potable, la santé, et l’environnement. Aucune licence n’a pour l’instant été délivrées.

[36]Afriforum, Treasure Karoo Action Group (TKAG) http://www.treasurethekaroo.co.za/ , etc.

[37] Site : http://www.greenpeace.org/africa/en/ . Sur le continent africain, Greenpeace a des antennes en Afrique du Sud, au Sénégal et en République démocratique du Congo (RDC Kinshasa).

[41] groundWork base ses actions sur la section 24 de la constitution sud-africaine qui stipule le droit de vivre dans un environnement saint, protégé pour le bénéfice des générations présentes et futures.

[42] Créée en 1988 à Johannesburg, Earthlife Africa a ouvert plusieurs antennes à Cape Town, eThekwini (Durban) and Tshwane (Pretoria), ainsi qu’à Windhoek, Namibie.

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L’ALGERIE A L’HEURE DU CHOIX I https://transnationale.eelv.fr/2014/06/13/lalgerie-a-lheure-du-choix-i/ Fri, 13 Jun 2014 09:33:16 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3723 Lire la suite]]> Les réserves de gaz naturel de l’Algérie, épuisées dans 15 ans

L’Algérie a des réserves de change de 200 milliards de dollars et des revenus annuels de 60 milliards de dollars. Néanmoins, totalement dépendante de la vente de ses hydrocarbures, elle voit ses réserves diminuer. Malgré les multiples avertissements de spécialistes en la matière dans des colloques spécialisés, l’Algérie s’est contentée de vivre comme une rentière.

La grande majorité de la population découvre avec stupéfaction que cette rente apportée provenant exclusivement de la vente de gaz naturel n’est pas éternelle : Pour la première fois, la population prend conscience de cette réalité : Dans quinze ans, l’Algérie aura épuisé son stock d’hydrocarbures à exporter. Cette nouvelle a fait l’effet d’une bombe.
Le spectre de passer comme l’Egypte du statut privilégié d’ « exportateur d’hydrocarbures » à celui « d’importateur » la fait frémir. C’est pourquoi elle est contrainte de rénover son économie en diversifiant ses activités et en développant les investissements industriels, dans le prochain quinquennat à la suite des dernières élections présidentielles.

Manifestation en Algérie. Source : http://dzactiviste.info/mobilisation-contre-le-gaz-de-schiste-a-ouargla/
Manifestation en Algérie. Source : http://dzactiviste.info/mobilisation-contre-le-gaz-de-schiste-a-ouargla/

Aussi les pays étrangers cherchent-ils à se positionner comme partenaires privilégiés le plus vite possible, d’autant que le chef de la diplomatie algérienne a rappelé que les contrats seraient signés en fonction des meilleures offres dans le strict intérêt de l’Algérie.

La France, partenaire privilégiée ?

La France, jusque là partenaire privilégiée pour tous les investissements hors hydrocarbures, souhaite absolument maintenir sa position. D’où l’enjeu représenté par la visite de Laurent Fabius à Alger ce dernier week-end de Pentecôte.

La France, troisième client de l’Algérie pour les achats surtout d’hydrocarbures, a subi la concurrence de la Chine qui lui a ravi sa place de «  premier fournisseur de l’Algérie en 2013 et qui compte bien conserver cette place (1er trimestre 2014 : Chine 1,87 millions de dollars , dépassant de 0,2 milliard de dollars la performance française). Cette compétition acharnée s’applique sur les contrats de BTP qui se multiplient avec la Chine. (50 entreprises chinoises sélectionnées représentant un total de 20 milliards de dollars et la Chine a remporté le contrat symbolique de la grande mosquée d’Alger ( un milliard et demi de dollars) pour un chantier qui durera 3 ans.

Cependant, la France a obtenu un partenariat d’exception avec des rencontres régulières pour développer ces marchés (transports, agroalimentaire et pharmacie). Laurent Fabius ne cache pas non plus qu’il souhaiterait développer dans ce cadre de coopération l’aéronautique civile et militaire, le tourisme et les PME.

Néanmoins, outre ces contrats et les débats sur un partenariat en matière de sécurité, le vrai enjeu de cette rencontre reste le contrat sur l’exploitation du gaz de schiste. Laurent Fabius avait déjà annoncé la signature du contrat mais cela n’avait jamais été confirmé officiellement en Algérie. Le Président Bouteflika aurait donné son accord, vite démenti par la suite par le premier ministre Abdelmalek Sellal qui, en réponse aux protestations, aurait déclaré qu’on resterait pour l’instant dans une phase expérimentale.

L’ exploitation du gaz de schiste, la solution miracle ?

Ce thème, annoncé timidement par le gouvernement algérien fait débat en Algérie et a occasionné des premières manifestations. Malgré les difficultés à contester la politique gouvernementale, ces premières résistances s’organisent et sont médiatisées dans la presse algérienne.

C’est pourquoi il était bien tentant de convaincre la population que l’exploitation du gaz de schiste représenterait la seule alternative, face à la menace d’épuisement des réserves de gaz. Le premier ministre a déclaré « ce serait un péché de ne pas exploiter le gaz non conventionnel car on compromettrait l’avenir des générations futures ».

Le département américain de l’Energie a évalué que les réserves probables du sous- sol algérien représenteraient les troisièmes ressources en gaz de schiste au niveau mondial, après la Chine avec 31 220 milliards m3 et l’Argentine avec 22 500 m3. Estimées à 6440 milliards de m3 en 2011, ces réserves ont été réévaluées à 19 800 milliards, soit le triple. Un groupe de Consulting pense même que le vrai chiffre serait de 32 510 milliards m3, qui la porterait donc au premier rang, avant la Chine. Elle est dotée en effet de 7 bassins : Moudir, Illizi, Ahnet, Berkine-Ghadames, Timimoun, Reggane et Tindouf.

 

Carte du gaz de schiste en Algérie. Source : http://algerienetwork.com/algerie/
Carte du gaz de schiste en Algérie. Source : http://algerienetwork.com/algerie/


La SONATRACH a entamé des recherches pour déterminer les bassins prioritaires en fonction de certains critères techniques (Berkine – Ghadanes étant le premier puit-pilote choisi). L’utilisation de la technique de fracturation hydraulique est soumise à l’accord du Conseil des ministres (JO mars 2014), l’ARH (autorité de régulation des hydrocarbures) étant elle, chargée de veiller au respect de l’environnement lors de ces opérations.
Le pouvoir algérien a donc unilatéralement, sans consultation parlementaire ni débat public, décidé d’ouvrir la porte à l’exploitation du gaz de schiste dans le pays.

Les firmes américaines se sont mises immédiatement sur les rangs, talonnées par la France. (GDF Suez surtout, qui exploite déjà en Algérie le gaz conventionnel). Cette entreprise souhaite surtout expérimenter des techniques d’extraction à la fracturation hydraulique, interdites en France.

La population algérienne craint naturellement l’impact environnemental et sanitaire de l’exploitation du gaz de schiste dans des zones où les ressources en eau sont rares et où les conséquences seraient irrémédiables.

D’anciens ministres, d’anciens PDG de la Sonatrach avaient pourtant émis des propositions qui ont été reprises lors d’un colloque consacré au développement économique et à la transition énergétique. Ils préconisaient notamment de :

  1. Restreindre la consommation et le gaspillage dans le pays.
  1. Stopper le maintien à des prix ridiculement bas des carburants, du gaz et de l’électricité, qui ne couvrent même plus les coûts des fournisseurs. Ce que refuse le Président actuel, de crainte de provoquer des émeutes.
  1. Ne plus baser l’économie sur la vente de ressources par nature épuisables, comme c’est le cas depuis 40 ans, mais diversifier, comme les autres pays émergents, ses ressources par le biais de la production de biens et services .

Si les discours entérinent ces choix de ne plus baser son économie sur le « tout pétrole », la bureaucratie algérienne bloque toutes les initiatives locales, freinées par des démarches administratives kafkaïennes. De plus, le PNDER (programme national des énergies renouvelables) acté en 2011, tarde à se concrétiser sur le terrain.

Les experts internationaux émettent la théorie selon laquelle l’Algérie préfèrerait fonctionner sur une rente régulière de devises dont elle pourrait disposer à sa guise pour maintenir une dépendance et un clientélisme avec des attributions ici ou là sans contrôle, pour des raisons politiques.
Les récentes dénonciations en matière de corruption sont restées plus ou moins en suspens malgré les multiples demandes de citoyens concernant la résolution juridique de ces affaires.

Conférence pour la transition démocratique, réunion de l’opposition algérienne, 10 juin 2014. Source : http://www.algerie-focus.com
Conférence pour la transition démocratique, réunion de l’opposition algérienne, 10 juin 2014. Source : http://www.algerie-focus.com

Les experts n’ont trouvé que cette explication politique pour justifier le retard considérable pris par l’Algérie en matière d’exploitation des énergies renouvelables. Le 10 juin a eu lieu à Alger une conférence regroupant tous les partis d’opposition afin de débattre de la situation du pays après ces élections. C’est la plus grande réunion d’opposition, toutes tendances confondues, depuis l’Indépendance. On apprend dans le même temps que l’Algérie a mobilisé 8 milliards d’euros pour relancer les entreprises publiques.

L’Algérie dispose donc de gros revenus pour investir et de soleil à volonté. Gardons l’espoir qu’elle retrouve toute sa raison et son bon sens. Rien, absolument rien ne peut empêcher une réelle transition énergétique. Il ne manque qu’une réelle volonté politique.

Catherine Belkhodja

Conseillère fédérale EELV, Membre de la Commission TRANSNAT AFRIQUE,
Membre du Conseil d’orientation politique et de l’observatoire de la diversité

Algérie, Energies renouvelables II à paraître prochainement
En savoir plus : Le Dessous des cartes

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Rencontre avec des représentants du camp palestinien de Yarmouk en Syrie https://transnationale.eelv.fr/2014/05/03/rencontre-avec-des-representants-du-camp-palestinien-de-yarmouk-en-syrie/ Sat, 03 May 2014 14:58:54 +0000 http://transnationale.eelv.fr/?p=3703 Lire la suite]]>

Siège d’EELV – vendredi 4 avril 2014

Participants :

Lana Sadeq et d’autres représentants du Forum Palestine Citoyenneté.

Témoignage de 3 réfugiés palestiniens du camp du Yarmouk, dont Hayssam Shamlouli.

Françoise Alamartine : EELV, responsable de la commission Transnationale

Abdessalam Kleiche : EELV, co-responsable du groupe Coopération et développement

Marie-Pierre Marchand : EELV, co-responsable du groupe Syrie

En préalable, est évoquée la soirée de solidarité organisée par le Forum Palestine Citoyenneté qui s’est déroulée le 29 mars dernier. Eva Joly est venue apporter sa solidarité et a déploré que le budget de l’Union européenne destiné à venir en aide aux réfugiés palestiniens de Syrie ait été diminué. Il y a un projet d’organisation d’une rencontre au Parlement Européen pour qu’ils témoignent.

Puis les 3 représentants du camp de Yarmouk, dont deux membres du groupe des « Chebabs de Yarmouk » livrent leur témoignage.

1. Présentation et historique sur les palestiniens de Syrie et le camp de Yarmouk

La présence palestinienne en Syrie

Il y a environ 600 000 palestiniens en Syrie (dont 30 000 près de Deraa, la première ville soulevée). 76% des palestiniens de Syrie vivent dans des camps1. D’autres vivent hors des camps dans des situations différentes. Par exemple, il y a 30 000 palestiniens venus de Jordanie après Septembre Noir, qui sont sans papier.

On dénombre 16 camps dans l’ensemble du pays dont 11 reconnus par l’UNWRA2.

Yarmouk est le plus important de ces camps en Syrie (c’est même le plus grand camp palestinien du monde). Il comptait 200 000 palestiniens avant 1970, 130 000 au début de la révolution de 2011 et aujourd’hui seulement 20 000.

Il faut revenir sur le concept de camp, qui n’est pas toujours bien connu à l’étranger : il ne s’agit pas d’un espace fermé qui n’abrite que des réfugiés palestiniens. Ainsi Yarmouk, qui est situé dans la banlieue sud de Damas, s’étend sur 3 km² et était peuplé, avant la révolution, de 800 000 personnes et fonctionnait comme une véritable ville avec notamment un grand marché (le 2ème marché de Syrie avec une forte influence notamment pendant les fêtes).

Si les palestiniens y étaient minoritaires (130 000 sur 800 000 habitants), le camp a néanmoins une forte empreinte palestinienne en raison des équipements palestiniens qui y sont concentrés (hôpitaux, écoles, centres culturels…) et des organisations qui l’animent.

Des liens historiques entre le mouvement national palestinien et les démocrates syriens

Les représentants du camp de Yarmouk insistent sur les liens anciens entre la gauche démocratique syrienne et les palestiniens de Syrie, nés de leur commune résistance à l’oppression et aux dictatures. Ils font un rapide rappel de l’histoire tourmentée de la Syrie depuis l’indépendance (49 coups d’état avant la prise de pouvoir d’Hafez al Assad) et de la construction de la gauche syrienne, notamment après 67 où une nouvelle gauche s’est créée dans la région avec une scission du parti communiste. Le mouvement national palestinien implanté en Syrie a toujours soutenu la gauche syrienne et lui a apporté son expérience de la lutte et de l’organisation politique forgée par ses propres combats. Ainsi lors de la première révolte populaire syrienne dans les années 80, des militants palestiniens du camp de Yarmouk se sont impliqués et de nombreux intellectuels syriens ont trouvé refuge dans le camp, lors des grandes vagues d’arrestation de 1985 et 1986.

Pour eux, le combat est commun et est conçu comme un prolongement naturel de leur propre lutte : « la liberté des peuples dans la région est une première étape pour la libération de la Palestine ».

Le régime de Damas, quant à lui, a toujours instrumentalisé le mouvement national palestinien, attisant et jouant de ses dissensions au profit de ses intérêts géopolitiques. Ainsi, pendant longtemps, le régime soutenait le Hamas et les militants palestiniens proches de cette obédience avaient une vraie marge de liberté politique. Certains groupes avaient même une capacité d’entrainement militaire à l’intérieur des camps. Les militants laïcs proches de l’OLP subissaient au contraire la répression. Par exemple, un de nos interlocuteurs a été emprisonné 16 fois pour avoir protesté contre le soutien du régime au Hamas. Aujourd’hui, comme le Hamas a pris position pour la Révolution, ses militants ou proches sont aussi sur la liste noire du régime, etc…

Par ailleurs, certaines mouvances sont clairement des alliés du régime de Damas, notamment le mouvement de Ahmed Jibril, issu d’une scission du FPLP (FPLP Commandement général) sont même aujourd’hui des auxiliaires du régime dans la répression des militants révolutionnaires.

La participation des palestiniens du camp de Yarmouk, à la révolution de 2011

Ainsi, quand la révolution syrienne de 2011 a éclaté, des organisations palestiniennes du camp, notamment les « chebabs de Yarmouk », ont mis leur expérience politique au service du soulèvement et ils ont rejoint la coordination locale de la révolution. Un de nos interlocuteurs nous dit ainsi « Au début, on est sortis avec les syriens et on les a aidé politiquement, on faisait des réunions dans les quartiers alentours et on contribuait à former les gens sur les slogans, l’organisation des manifestations, les techniques de résistance non violente… ».

Leur stratégie était très claire , avec le principe de ne pas participer à la révolution à l’intérieur du camp qui doit rester sanctuarisé afin de ne pas tomber dans le piège de la propagande du Régime qui essayait de faire porter la responsabilité du soulèvement à ceux qu’il qualifie de « terroristes palestiniens ».

Par ailleurs, la position géographique du camp au centre de la banlieue sud de Damas l’a placé dans une position stratégique et le camp est devenu un lieu où les blessés et les déplacés des zones alentours pouvaient se réfugier. Grâce à ses infrastructures notamment de santé (3 hôpitaux), il a pu jouer pendant toute cette période un rôle très important dans l’organisation des secours et pour la vie quotidienne des habitants et des déplacés : activités avec les enfants (soutien scolaire et psychologique), organisation des secours et des soins, mise en culture des terrains libres pour la nourriture, etc…Ce travail était fait en lien entre les organisations civiles et politiques palestiniennes, les démocrates syriens et l’ASL.

Malheureusement, des fractions armées ont pu rentrer dans le camp sans coordination avec ses responsables, dont une s’est révélée par la suite infiltrée par le régime.

Ils ont pu fonctionner comme cela pendant deux ans jusqu’au siège.

Camp de Yarmouk, 31 janvier 2014
Camp de Yarmouk, Syrie, 31 janvier 2014. Source : UNRWA/AFP

2. La situation actuelle de Yarmouk

Ils tiennent à notre disposition des éléments documentés (chiffres et documents photo et vidéo) basés sur les statistiques effectuées par une centre des droits de l’homme palestinien reconnu par Amnesty International.

Le siège de Yarmouk s’est fait en deux temps :

Période de blocus partiel, jusqu’à un an en arrière

Les familles pouvaient encore mais de façon limitée s’approvisionner pour leurs besoins alimentaires très stricts. Dans cette période, le régime a cherché à « faire pourrir la situation » en pourchassant les militants pacifistes, les personnes qui organisaient la vie quotidienne et les secours, les intellectuels. Il y a eu de nombreuses rafles et 161 parmi les meilleurs militants civils et humanitaires du camp sont morts dans les prisons du régime. Il s’agissait de vider les camps de toute protestation civile pour donner une image dégradée du mouvement et de le pousser à la militarisation, comme le prouve le fait que les factions armées n’aient pas été inquiétées.

Période de blocus total

Depuis un an, le siège est total et il y a un véritable ETAT D’URGENCE : 140 personnes sont mortes de faim, sans compter le nombre de victimes des bombardements.

L’UNWRA ne peut faire entrer dans le camp que 3% des besoins alimentaires (sans parler des autres produits de première nécessité et des médicaments) : 60 à 70 paniers pour 7000 familles !

Il n’y a pas qu’à Yarmouk que le régime utilise l’arme du blocus. Mais, selon eux, c’est pour ce camp que le régime est le plus inflexible. Dans d’autres secteurs, notamment d’autres villes de la banlieue de Damas, des accords partiels ont pu être conclus pour évacuer des blessés et faire entrer de l’aide humanitaire. A Yarmouk, il y a eu plusieurs accords mais ils n’ont jamais été respectés malgré l’assurance de l’UNWRA sur la non-présence d’hommes armés. La seule fois, où des personnes ont pu sortir du camp (des blessés et 22 étudiants), ils ont été arrêtés et il n’y a plus de nouvelles d’eux. Ils pensent que le régime a une stratégie spéciale pour ce camp pour pouvoir criminaliser les palestiniens et détourner l’attention sur eux.

 

Les victimes palestiniennes du conflit syrien

2000 morts dans l’ensemble de la Syrie (dont les morts de Yarmouk)

2000 détenus disparus

La répression s’accentue de plus en plus : le chiffre des exécutions de détenus a triplé entre septembre 2013 et mars 2014.

Les conclusions de la rencontre

Rédiger un communiqué commun EELV/ représentants du camp de Yarmouk, pour attirer l’attention de l’opinion publique et des autorités sur le scandale de Yarmouk, demander une intervention pour exiger la levée du blocus et des mesures humanitaires d’urgence (corridor humanitaire pour acheminer du ravitaillement, évacuer les blessés…).

Apporter l’appui du Parti à toutes les initiatives visant à informer sur la situation de Yarmouk et à œuvrer pour des solutions. Dans cet esprit, EELV souhaite aider les représentants du camp de Yarmouk qui veulent témoigner à travers la France et l’Europe. Cela pourrait se faire :

  • au travers de l’appui du réseau EELV en France (groupes locaux, collectivités territoriales, associations proches…) si le groupe des réfugiés de Yarmouk entreprend une tournée d’information.
  • en contribuant à faciliter leur liberté de mouvement à travers l’Europe (par exemple, se rendre au Parlement européen pour témoigner). Aujourd’hui, 2 d’entre eux sont en cours de procédure de demande d’asile et ne peuvent pas se déplacer hors de France : mobilisation des parlementaires sur le sujet.
  • en posant à ce sujet une question parlementaire, étant donnée la contradiction entre les déclarations du gouvernement et le manque d’accueil réel sur le sol français, tant pour les visas, que pour l’absence de structures accueillantes : logements, cours de langue, aides financières…

 

ANNEXE : L’UNWRA et les réfugiés palestiniens

(Précisions apportées par nos interlocuteurs)

Définition de l’UNWRA et de son rôle

L’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East) et en français (Office des Nations unies de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-​​Orient) est un programme de l’Organisation des Nations unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens dans la Bande de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie. Opérationnelle depuis mai 1950, cette agence de l’ONU voit son mandat (qui devait être temporaire) constamment renouvelé par l’Assemblée générale des Nations unies, en l’absence de solution politique à la question des populations réfugiées. Il a été étendu jusqu’au 30 juin 2014.

L’agence a été créée pour fournir des services sociaux, de santé et d’éducation aux quelques 750 000 personnes chassées de leurs terres à l’issue de la création d’Israël en 1948 et après la guerre de 1967 ainsi qu’à leurs descendants. Aujourd’hui, ce sont près de 5 millions de réfugiés palestiniens qui bénéficient de son aide, à l’intérieur et en dehors de 59 camps reconnus, en Cisjordanie, à Gaza, en Syrie, en Jordanie et au Liban et Jérusalem Est.

C’est de loin la plus grande agence des Nations unies, avec un personnel de plus de 25 000 personnes, dont 99 % sont des réfugiés palestiniens recrutés localement et œuvrant comme enseignants, médecins ou travailleurs sociaux. L’UNRWA est aussi la seule agence de l’ONU qui soit consacrée à un groupe spécifique de réfugiés. Les réfugiés palestiniens sont ainsi les seuls réfugiés au monde à ne pas dépendre du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

Quelque 60 % des ressources vont à l’éducation puisque 500 000 enfants fréquentent tous les jours les écoles de l’UNWRA.

Définition de l’UNRWA

Un « réfugié de Palestine » est une personne dont le lieu de résidence habituelle était la Palestine entre juin 1946 et mai 1948 et qui a perdu à la fois son domicile et ses moyens de subsistance en raison du conflit israélo-arabe de 1948. La définition de réfugié de l’UNRWA couvre également les descendants des Palestiniens qui sont devenus des réfugiés en 1948, contrairement à la notion de réfugié adopté par le HCR qui considère que le statut de réfugié ne peut s’appliquer aux descendants ; ainsi, les réfugiés palestiniens sont les seuls à bénéficier de cette notion extensive. En conséquence, le nombre de réfugiés palestiniens enregistrés est passé de 700 000 en 1950 à plus de 4,8 millions en 2014 et continue à augmenter du fait de l’accroissement naturel de la population.

 

 

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