Communiqué EELV
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Suite aux événements dramatiques du 30 octobre, EELV souhaite exprimer sa sympathie et sa solidarité au peuple burkinabé et appelle de ses vœux à voir s’engager une transition démocratique et pacifique au Burkina Faso.
La répression des forces de l’ordre a selon le dernier bilan causé entre 3 et 20 morts et fait plusieurs dizaines de blessés. En cause, le projet de révision de la Constitution présenté par le gouvernement en vue de permettre à l’actuel président de la République, Blaise Campaoré, au pouvoir depuis 27 ans suite à un coup d’Etat marqué par l’assassinat de Thomas Sankara, de se présenter pour un troisième mandat aux élections présidentielles de l’an prochain en modifiant l’article 37 de la Constitution.
Cela fait maintenant plusieurs mois que les manifestations de protestation populaires et spontanées, notamment le 23 août dernier, se multiplient suite aux velléités anti-démocratiques de repousser la limitation du nombre de mandats présidentiels.
EELV déplore donc l’acharnement du camp présidentiel de vouloir procéder à une modification de la Constitution massivement rejetée par une large part de la population et ayant, par conséquence, toutes les chances de provoquer une grave crise sociale et politique et de mettre à mal l’unité nationale.
EELV appelle le gouvernement français à soutenir les aspirations profondes du peuple burkinabé et à ne pas répéter les erreurs du passé en cessant notamment de détourner les yeux des maux dont souffre ce peuple, maux dont l’origine réside largement dans la gestion autoritaire du pouvoir de Blaise Campaoré, loin des standards démocratiques et de bonne gouvernance.
Une attention sérieuse et vigilante de la France, mais aussi de l’Union européenne, de l’Union africaine ainsi que de l’ensemble de la communauté internationale, est d’autant plus importante que, dans les deux prochaines années, pas moins de cinq pays africains (République Démocratique du Congo, Rwanda, Congo Brazzaville, Burundi, Bénin,…) ont des échéances électorales présidentielles en ayant à leur tête des chefs d’Etat ne pouvant en principe plus se présenter mais tentés, par des moyens divers, de lever la limite constitutionnelle du nombre de mandats qui leur est imposée.
Dans ce moment d’incertitude politique, la France et l’Union européenne peuvent aider le Burkina Faso à devenir un pays enfin pleinement indépendant. Cela passe par un engagement fort de l’Union européenne pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre lors des deux prochaines COP sur le climat à Lima (2014) et à Paris (2015), afin de rendre le Sahel plus vivable et plus fertile. Cela passe par une révision drastique des accords de partenariat économique UE-ACP qui achèvent d’affaiblir l’agriculture paysanne burkinabé. Cela passe par un soutien au mouvement populaire qui manifeste chaque jour sa volonté d’alternance dans le pays, ainsi qu’au processus démocratique en vue de l’organisation de prochaines élections où les mouvements écologistes burkinabè prendront toute leur part.
Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux