Déclaration commune d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) et M. Hael Al Fahoum, Ambassadeur de Palestine en France
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Journées d’été des écologistes, Bordeaux le 21 août 2014

 

Après avoir échangé sur la situation dramatique à Gaza et sur le contexte d’ensemble de la Cisjordanie et Jérusalem-Est, l’ambassadeur de Palestine et les représentants de EELV considèrent qu’il est urgent de passer à une nouvelle étape qui engage enfin un autre avenir pour le peuple palestinien et qui permette enfin une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens.

Les propositions humanitaires ne suffisent plus, elles doivent être aussi politiques. L’analyse des bouleversements qui secouent tout le Moyen-Orient impose un sursaut de la Communauté internationale face à l’occupation israélienne. Justice doit être rendue au peuple palestinien, qui attend depuis des décennies que la colonisation cesse, que les résolutions de l’ONU soient appliquées et que l’État de Palestine, reconnu par l’Assemblée Générale en 2012, voit le jour. L’impunité d’Israël fragilise la légitimité du Conseil de Sécurité incapable de faire respecter ses propres résolutions, mais ne fait et surtout que conforter les extrémistes de tout bord dans la région et ailleurs.

Avec cette troisième opération militaire contre Gaza depuis 2008, c’est toujours la population civile qui continue de payer le plus lourd tribut : à ce moment, 2 000 morts, près de 10 000 blessés, 350 000 réfugiés, 16 000 maisons anéanties, destructions de nombreuses infrastructure d’eau, gaz, électricité, anéantissement des équipements sanitaires et scolaires.

Mais cette catastrophe n’est pas seulement humaine, elle est politique et doit être traitée comme telle. La communauté internationale ne peut plus continuer à simplement condamner l’ampleur du désastre humain et matériel et à appeler comme le fait la déclaration du Président du Conseil de sécurité le 28 juillet à un simple cessez-le-feu. Revenir au statut quo antérieur, en maintenant l’occupation et l’enfermement de Gaza, n’est qu’un répit et la poursuite d’incessants recommencements. Au nom de sa sécurité, Israël ne peut plus continuer à violer les droits humains et internationaux. Sa sécurité ne sera jamais assurée par les armes mais par l’existence des deux États vivant côte à côte. Suite aux échecs des négociations, la communauté internationale est appelée à imposer la paix conformément aux exigences du droit international.

Il est indispensable que les États européens se mobilisent pour empêcher le veto constant des États-Unis à toute démarche qui obligerait Israël à respecter le droit international et à cesser la colonisation. L’Union européenne et la France en particulier doivent cesser de conforter la politique de domination par la force du gouvernement Netanyahou et ne plus se contenter de faire de simples déclarations contre la colonisation ou d’appeler à la fin des « hostilités ».

Les Nations Unies appuyées par l’Union européenne doivent engager une négociation politique pour parvenir à un cessez-le -feu durable, un arrêt du blocus de Gaza car la seule médiation égyptienne n’est plus suffisante sans un soutien actif du Conseil de sécurité des Nations Unies. Elles peuvent dans le court terme, comme elles l’on fait en 1987 à Hébron, envoyer des casques bleu pour sécuriser la frontière entre Gaza et Israël avec un mandat clair et précis.

Les Nations Unies doivent exiger sous peine de sanctions, la levée du blocus de Gaza et la garantie de son développement économique et social comme condition politique indispensable pour ouvrir ensuite une négociation politique globale pour permettre à ce que la Palestine devienne un État viable dans les frontières de 1967 avec Jérusalem Est pour capitale.

Au nom du Droit international nous demandons dans l’immédiat :

  • à la France, soucieuse de la sécurité mondiale et membre du conseil de Sécurité, de porter la nécessité d’une négociation sous égide des Nations Unies afin de parvenir à la levée du blocus de Gaza

  • à l’UE de procéder à la suspension immédiate de l’Accord d’Association entre l’Union européenne et Israël comme l’avait demandé le Parlement Européen en 2002

  • à la France de cesser l’exportation de matériel militaire à Israël. Les accords bilatéraux doivent être également gelés. l’Espagne a d’ores et déjà annoncé l’embargo sur l’exportation des armes à Israël. Il faut que l’ensemble des pays européens fassent de même. Les armes françaises ou européennes ne doivent pas servir à attaquer Gaza.

  • Israël doit être comptable des dégâts et de pertes occasionnés et doit indemniser les victimes et participer à la reconstruction de Gaza.

L’unité politique du peuple palestinien grâce au rapprochement entre le Fatah et le Hamas salué par des nombreux pays , doit continuer à être encouragé et ceci passe aussi par le désenclavement de Gaza car c’est la seule façon de sortir de l’escalade militaire

Il faut sortir du statut quo tant à Gaza qu’en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

La solidarité en France pour le peuple palestinien doit continuer à s’exprimer, la critique de la politique israélienne ne doit pas être considérée comme de l’antisémitisme, les pouvoirs publics ont une grande responsabilité en la matière. Ils doivent faire en sorte que le droit d’expression et de manifestation continue de prévaloir.