Palestine: le recul américain
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Un veto des Etats-Unis à la demande palestinienne d’adhésion à l’ONU «risque de faire perdre plusieurs années à la paix et à la sécurité», estiment les écologistes Nicole Kiil-Nielsen etJean-Philippe Magnen.

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Le 23 septembre prochain, l’Etat palestinien déposera sur la table de la communauté internationale sa demande d’adhésion à l’ONU. L’Autorité palestinienne, en demandant au Conseil de sécurité de valider l’adhésion d’un 194e État membre, a choisi de faire preuve d’une belle audace.

Née il y a quelques années, cette stratégie politique oblige, par la voie de la diplomatie, l’ensemble des parties à la clarté, au moment où la situation du processus de paix est au point mort et alors que, sous l’impulsion des printemps arabes, le monde change à très grande vitesse.

Dans ce contexte, elle sonne également comme une réponse à la déclaration de Barack Obama devant l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre 2010, évoquant son souhait d’accueillir en 2011 «un Etat de Palestine indépendant, vivant en paix avec Israël»«Yes we can», disait le candidat Obama durant sa campagne électorale; «Just do it», répondent aujourd’hui les Palestiniens.

Un an après le discours du président Obama, l’annonce du veto des Etats-Unis au Conseil de sécurité, dans le contexte pré-électoral américain, ne peut se comprendre que comme un recul.

Ainsi, au moment même où l’Autorité palestinienne avance de manière irréversible dans la construction d’une Palestine dotée d’institutions solides, condition obligatoire pour la garantie de la sécurité des deux peuples, israélien et palestinien; quelques mois après le récent accord de réconciliation inter-palestinien et la perspective de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, qui viennent renforcer l’espoir de paix en mettant fin à la partition de la Palestine, mais également en poussant le Hamas dans la bonne direction… il faudrait que les Palestiniens attendent encore et toujours que le Quartette, largement décrédibilisé, trouve une solution miraculeuse… Alors même qu’Israël continue de bloquer tout avancement en poursuivant la colonisation de la Cisjordanie, l’annexion de Jérusalem Est et le terrible blocus de Gaza, en dépit du droit international et des résolutions des Nations Unies.

Et c’est là l’un des paradoxes de ce débat : le conseil de sécurité peut prendre une décision au mépris des règles et positions de l’assemblée générale de l’organisation qu’il dirige.

Annoncé depuis plusieurs jours, le veto risque de faire perdre plusieurs années à la paix et à la sécurité. En cédant aux pressions du gouvernement israélien, dont certains membres multiplient les déclarations menaçantes, alors même que le peuple israélien est en mouvement et que nombreux pointent, y compris en Israël, le gouffre financier que représente la politique de colonisation, le choix américain marquera le mandat d’Obama.

De son côté, l’Europe, très divisée, envoie sa Haute représentante, Catherine Ashton, quelques jours avant le débat, jouer une partition difficile qui tente de ménager l’ensemble des parties tout en ayant un objectif en tête: ne pas paraître divisée au yeux du monde, afin de préserver les apparences d’une diplomatie européenne déjà très affaiblie.

Loin d’être à elle seule la solution de règlement, l’adhésion de l’Etat palestinien à l’ONU représenterait un symbole politique favorisant la reprise des discussions multilatérales du processus de paix. Elle pourrait être l’impulsion positive que des millions d’habitants de la région attendent de part et d’autre des check point. Enfin, elle donnerait un coup décisif à la petite musique mortifère qui tente d’imposer la thèse de l’insolvabilité de la situation.

Nicole Kiil-Nielsen, députée européenne Europe Ecologie – Les Verts

Jean-Philippe Magnen, membre de l’exécutif d’Europe Ecologie – Les Verts, délégué à l’international