Participation de la Transnationale au Projet 2012 d’EELV :
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De la démocratie mondiale à l’Europe fédérale : pour une politique écologique globale de paix et de solidarité internationale

 

1. Constat et analyse

 

La mondialisation est en crise. La libération rapide des capitaux et des biens s’est imposée à l’échelle planétaire, créant une interdépendance accrue entre pays et accentuant les déséquilibres. Elle creuse les inégalités entre le Nord et le Sud et aggrave les crises écologiques, sociales et financières. Malgré toutes les belles promesses de la communauté internationale, plus d’un milliard de personnes souffrent encore de la faim, dans les pays du Sud où des organismes comme le FMI imposent des politiques d’austérité pour colmater la dette et la spéculation des produits agricoles. Les pays dits « développés » soufrent également du travail de sape opéré par la dérégulation à l’encontre des Etats entrainant une explosion des inégalités et le retour de la grande pauvreté.

Au cours de la décennie écoulée, nous avons assisté à des émeutes de la faim, à des guerres pour les ressources naturelles, à des nettoyages ethniques, à des attentats terroristes, à l’afflux de migrants qui périssent aux frontières des États forteresses (aux frontières de l’Union européenne, entre le Mexique et les Etats-Unis, entre l’Inde et le Bangladesh, etc.), à la multiplication des catastrophes naturelles. Le changement climatique et l’agressivité des grandes puissances accélèrent les déséquilibres.

Tout cela sans compter que le monde d’aujourd’hui n’est pas un monde de paix mais un monde où les conflits armées se propagent. Les guerres sans fin d’Irak et d’Afghanistan sont un échec. Les plus grandes armées du monde échouent à venir à bout de quelques groupes aveuglés par le fanatisme religieux. Contrairement aux faux prophètes de tout crin glosant sur la « fin de l’histoire », la paix n’est toujours pas au rendez-vous et reste l’objectif fondamental d’une politique internationale écologiste qui doit répondre aux causes écologiques et sociales de l’ensemble des conflits actuels, dont font partie les replis identitaires et religieux mortifères, les « identités meurtrières » qu’évoquent Amin Maalouf.

Pendant ce temps, les chefs d’États se réunissent en G8, en G20, promettent de réformer l’ONU, de relancer l’Europe, de récréer une OTAN encore plus puissante ou encore de « moraliser le capitalisme ». Que de belles promesses, toujours sans lendemain !

Mais face à ce sombre constat, l’espoir est plus que jamais permis : nous avons vu depuis plus d’une décennie, de Seattle à Porto Alegre, de Copenhague à Cancun en passant par Nagoya, naitre et éclore des mouvements sociaux et une société civile nouvelle, indépendante et globale, réclamant une autre mondialisation. Des jeunes et moins jeunes du monde entier se lèvent et luttent pour faire respecter leurs droits (droit à la terre, droit au travail, droit à la liberté d’expression, etc.), notamment par le biais d’Internet et de ses réseaux sociaux. En Tunisie, en Egypte, bientôt peut-être tout autour du pourtour méditerranéen où règnent encore des potentats d’un autre âge soutenus par les grands pays du Nord, les populations se lèvent pour mettre fin à la dictature et à la corruption, et réclamer la démocratie. Ce vent de liberté est accueilli froidement, par un pouvoir en France dépassé par les évènements et confronté désormais au grand jour à son passé colonial et à son amitié avec les dictatures, et par une Europe aphone, paralysée par ses incohérences institutionnelles, sa peur de l’immigration et de la remise en cause des gouvernements alliés supposés contenir l’extrémisme religieux. 

Face à ces stratégies géopolitiques cyniques qui défendent un système et un ordre établi, les écologistes ont une responsabilité historique : ayant toujours refusé les dictatures, ils se battent et continuent de se mobiliser aux côtés de tous les peuples qui réclament leurs droits à la justice et à la liberté. Les écologistes ont su imposer la dimension mondiale des enjeux environnementaux et leur lien indissociable avec les questions sociales et de démocratie. Une régulation mondiale est aujourd’hui nécessaire pour trouver des solutions transversales et soutenables. L’écologie politique peut s’appuyer sur le réseau des Verts mondiaux, qui réunit partis et mouvements écologistes du monde entier. Partout, du Brésil au Japon, de la Colombie à la Hongrie, en passant par l’Australie et certains pays d’Afrique, des partis Verts commencent à obtenir des succès électoraux, pour changer le modèle de développement, pour plus de libertés et de solidarités, pour un monde plus juste et une planète plus verte. Cet espoir désormais en marche doit être renforcé partout, car il y a urgence.

Notre maxime est « penser global, agir local ». Car notre projet pour une autre politique internationale de la France s’inscrit dans cette interdépendance du niveau mondial et du niveau local : à l’échelle des pays et des territoires, d’autres modèles de développement sont possibles et souhaitables. Des relations de coopération entre états et régions sont possibles.

Europe Ecologie/Les Verts doit définir les objectifs à long terme qui doivent guider une politique extérieure de la France : il faut rompre avec une diplomatie de circonstances dans laquelle la protection des intérêts particuliers prime sur le bien commun de l’humanité. Aujourd’hui des politiques opportunistes s’opposent aux droits humains et des politiques extérieures parallèles s’exercent sans aucun contrôle démocratique, selon un prisme néocolonial.

Il s’agit également de relancer le projet européen pour un continent porteur d’espoir et de paix pour l’ensemble de la planète, n’ayant pas pour simple raison la primauté des marchés, une monnaie commune ou la recherche de nouveaux profits.  

2. Propositions de programme

– Relancer le rêve européen, avec un nouveau Traité qui mette en place une Constituante en perspective d’une Europe fédérale. Relancer les discussions en vue de l’adhésion de la Turquie et des pays de l’ex Yougoslavie. Créer un Conseil européen de sécurité et une défense européenne, ayant pour objectif une force d’interposition et un service civil européen dont la doctrine serait aussi la prévention des conflits

– Pour une meilleure répartition des ressources vers une démocratie globale : Engager la dissolution à terme de l’OTAN, du G8 et du G20. Toutes ses organisations sans aucune légitimité démocratique décident aujourd’hui de la guerre et de la paix mondiale, des modèles de société, des politiques économiques. L’ONU doit reconquérir sa légitimité, notamment par une réforme de son Conseil de sécurité pour une meilleure représentativité des pays du Sud, par sa capacité à faire appliquer ses propres résolutions et le droit international et en y intégrant une Organisation mondiale de l’environnement (OME) et les institutions de Bretton Woods dans son organigramme pour les soumettre aux règles internationales communes (notamment celles de l’OIT). Ces propositions seront portées par la France à l’assemblée générale de l’ONU et à l’Union Européenne.

– Face aux énormes dangers du nucléaire civil et militaire, nous devons continuer à lutter pour son éradication de la surface du globe. A court terme, la France doit respecter les dispositions du TNP et proposer un calendrier de désarmement nucléaire multilatéral en refusant tout d’abord l’accord de Lisbonne signé en décembre 2010 sur le dispositif anti-missile. La France doit proposer une zone européenne dénucléarisée. Elle doit montrer la voie pour la ratification et l’application et de la Convention sur les armes chimiques et bactériologiques. Son action au sein des Nations Unies doit œuvrer à la disparition de ce type d’armes visant les populations civiles. La France, grand producteur d’armes, devra également œuvrer pour une réduction et une reconversion des secteurs spécifiques de l’industrie d’armement. En accord avec les travailleurs du secteur et les institutions de la défense au niveau des institutions internationales, elle devra proposer de créer une organisation mondiale de réduction de l’armement et commencer par rendre effectif le contrôle national du marché des armes.

– Pour une réforme totale de la politique de l’immigration en France, en sortant notamment cette compétence du ministère de l’intérieur. A l’initiative du Ministère des Affaires Etrangère et des ONG, devrait se tenir un « Grenelle de l’immigration »  capable d’analyser le phénomène et d’aboutir à des politiques allant à l’encontre de la criminalisation des migrants. Le droit d’asile français doit d’urgence être mis en conformité avec les principes de la déclaration de Genève. La France devra porter au sein de l’UE la création d’un statut européen du réfugié climatique ou encore supprimer l’agence Frontex.

– Mettre au centre de toute politique internationale le respect des droits économiques, sociaux et culturels et leur application effective. Notre pays doit innover dans ce domaine. Il faut ainsi soumettre la passation de marchés à l’international au respect des normes sociales et environnementales les plus protectrices, sur le modèle de la « clause de la nation la plus favorisée » de l’OMC. Revoir à cet effet en France le fonctionnement de la COFACE et lier les aides aux entreprises au respect des normes sociales et environnementales, avec un contrôle strict de leur application.

– Une politique internationale et de sécurité devra encadrer strictement le secret d’État pour tendre progressivement vers sa suppression. Le contrôle démocratique de cette politique doit s’exercer au sein des parlements, avec des consultations ouvertes aux ONG spécialisées.

– Au sein de la communauté internationale, la « voix de la France » ne sera plus liée à sa politique d’ex puissance coloniale et nous devrons donc supprimer définitivement toute la politique de la Françafrique. A cet effet, tous les accords de coopération et d’assistance militaire sont à revoir dans la transparence et le contrôle parlementaire qu’exige une nation démocratique. Les bases militaires françaises à l’extérieur doivent être peu à peu démantelées. La France pourra alors demander à ses alliés d’en faire de même. 

– Dans la recherche d’un monde de paix et de solidarité, deux initiatives nous paraissent devoir être portées par la France en Europe et aux Nations Unies :

1. Le retrait rapide des troupes d’Afghanistan avec un plan de reconstruction et de réparation de guerre conséquent ;

2. Le nécessaire règlement du conflit Israélo-palestinien, source du discrédit occidental face à la non application du droit international, et du « deux poids deux mesures», favorisant la montée des replis identitaires et religieux contre l’occident.

Ces quelques propositions constituent un socle non exhaustif de propositions minimum pour notre programme international en vue des échéances électorales de 2012 se devant d’être radical et pragmatique, parce que la sécurité nationale passe par la solidarité internationale.