L’Inde : rapprochement avec les Etats Unis et luttes sociales
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L’une des conséquences de la montée de la puissance économique et militaire de la Chine est le rapprochement entre l’Inde et les Etats Unis. Hillary Clinton s’est rendue à Delhi en juillet dernier.

La présence active de l’Inde en Afghanistan est dictée par la volonté de lutter contre l’influence du Pakistan, base arrière des Talibans et des mouvements islamistes à l’origine d’attentats réguliers en Inde.

Il faut rappeler le fait que l’armée est la première puissance économique au Pakistan, et que les services secrets de l’armée sont connus pour leur indépendance.

La Chine a apporté un soutien massif financier et militaire au Sri Lanka dans sa lutte contre les Tigres Tamouls. Elle a construit au sud du Sri Lanka, à Hambantota (fief du président Rajapakse), un port qui lui permettra de contrôler les voies maritimes d’approvisionnement en pétrole du Proche Orient.

La présence active de la Chine en Asie du Sud, provoque en retour l’activation des relations diplomatiques entre l’Inde, le Japon et la Corée du Sud.

L’Inde est déficitaire en énergie depuis plusieurs décennies, et la forte croissance actuelle aggrave ce problème, d’où le choix d’acquérir des technologies nucléaires. La législation indienne impose aux fournisseurs d’équipements nucléaires, la responsabilité financière en cas d’accident, et elle donne aussi la possibilité aux victimes de réclamer des compensations financières.

Les Etats Unis ont demandé au gouvernement indien, d‘abroger cette législation car ils estiment que les sociétés américaines sont désavantagées par rapport au sociétés françaises et russes dans la concurrence contre ces dernières qui sont détenues par leurs Etats1. Il y a cependant très peu de chance que l’Inde accepte cette demande.

L’Inde est plus diverse que l’Union Européenne élargie sur le plan social. Le développement économique des dernières décennies pose toutefois certains problèmes qui s’appliquent au Sous Continent dans son ensemble ; par exemple, les droits des peuples tribaux et la sécurité alimentaire.

Les droits des peuples tribaux

Kishore Chandra Deo, le ministre Indien pour les affaires des tribus et le « panchayat raj» (système traditionnel de concertation des communautés pour la prise de décisions ), qui est perçu par certains comme étant contre les entreprises minières, a accordé une interview à «Outlook», un hebdomadaire de Delhi, fin juillet. Il précise qu’il n’est pas contre ces entreprises mais qu’il défend les droits des peuples qui n’ont pas été écoutés par le passé, et que le but de la législation sur les droits forestiers («Forest Rights Act) est de reconnaitre les droits des peuples habitant les forêts. Ces peuples n’ont pas le droit de vendre les terres qu’ils habitent, ni de couper les arbres. Seul le village, à l’unanimité, peut prendre la décision de céder des terrains. Par ailleurs, le ministre insiste sur le fait que les intérêts des entreprises minières ne doivent pas prévaloir sur ceux des peuples.

Le ministre indien de l’environnement, Jairam Ramesh, dont le travail pour sauver le principe multilatéral à Cancun avait été salué, a été remplacé. Il avait bloqué un permis minier en Orissa, que demandait le groupe sud-coréen POSCO, afin de sauvegarder les intérêts d’une tribu de quelques dizaines de milliers de personnes. Ce permis a été ensuite accordé et le premier ministre, Manmohan Sigh, a admis publiquement qu’il avait souhaité revenir sur cette décision de Jairam Ramesh.

Face à la puissance des néo-libéraux qui entourent le premier ministre, seule une mobilisation d’envergure permettra de défendre les droits des tribus.

  • La sécurité alimentaire

Environ 46 % des enfants mal nourris dans le monde sont indiens. Le Conseil National («National Advisory Council- NAC) présidé par Sonia Gandhi, avait émis des recommandations. Le ministre de l’alimentation vient de publier un projet de loi en retrait par rapport aux positions du NAC qui demande à ce que le droit à une alimentation suffisante soit considéré comme un droit inaliénable.

Harsh Mander et N.C Saxena, membres du NAC, estiment que le projet de cette loi est minimaliste. et espèrent que le débat au Parlement permettra de la renforcer.

M. Yogananthan

1 Il est présumé qu’en cas d’accident d’un réacteur vendu par AREVA, l’Etat français est garant du paiement de la note.