Pédagogie – Site de la commission recherche et enseignement supérieur https://recherche-enseignementsup.eelv.fr Les analyses et proposition de EELV sur l'ESR Mon, 16 Sep 2013 17:25:21 +0200 fr-FR hourly 1 Refonder le métier enseignant, une priorité durable ! https://recherche-enseignementsup.eelv.fr/2012/09/30/refonder-le-metier-enseignant-une-priorite-durable/ https://recherche-enseignementsup.eelv.fr/2012/09/30/refonder-le-metier-enseignant-une-priorite-durable/#comments Sun, 30 Sep 2012 15:27:23 +0000 http://recherche-enseignementsup.eelv.fr/?p=2521 Motion adoptée à l’unanimité par le conseil fédéral d’EELV des 22 et 23 septembre 2012

Une nouvelle loi d’orientation et de programmation pour l’Ecole est prévue pour la fin de l’année 2012. Pour Europe Ecologie-Les Verts, la refondation de l’Ecole ne doit pas se contenter de toiletter l’existant pour solder la précédente mandature. L’Ecole a besoin que tous les acteurs qui y oeuvrent coopèrent réellement : enseignants, élèves, mais aussi parents, collectivités et associations. Restaurer la confiance prendra du temps et nécessite d’abord des objectifs ambitieux et un calendrier réaliste de mise en œuvre. Pour les écologistes cette réforme doit s’inscrire dans une refonte globale du projet éducatif de notre société, dont le débat sur les rythmes n’a donné qu’un aperçu. La prochaine échéance politique est celle du texte de loi dont nous attendons la première mouture. Un point essentiel de transformation concerne le métier enseignant et notamment les parcours de recrutement et de formation.

Il faut mettre fin à la course d’obstacles que constitue la préparation simultanée d’un master et d’un concours de recrutement, suivie d’un stage en responsabilité à temps plein, où commence pour de nombreux enseignants la découverte de la réalité du métier. Ce parcours long inventé en 2008 a dissuadé de nombreux candidats, tari le vivier de recrutement et obligé à recourir à l’embauche d’enseignants contractuels ou à augmenter le nombre d’élèves par enseignant. A ce modèle consécutif que la quasi-totalité des pays développés ont délaissé, il convient de préférer un modèle de formation en alternance qui laisse place à la progressivité et aux éventuels changements d’orientation. Europe Ecologie-Les Verts propose deux principes d’organisation.

En premier lieu, il convient de laisser plus de temps à la formation réellement professionnelle en alternance aux futurs enseignants et éviter qu’elle ne soit tributaire d’une logique de préparation aux concours. C’est pourquoi nous demandons que les concours de recrutement des enseignants aient lieu en fin de licence. Ouvrant droit à une entrée dans les futurs masters du professorat et de l’éducation, la titularisation serait effective après l’obtention d’un master professionnel. Nous insistons sur la dimension professionnelle : il n’est pas acceptable aujourd’hui que les futurs enseignants n’aient aucune notion du développement d’un enfant, ne connaissent ni les fondamentaux des pédagogies, n’aient jamais rencontré en formation initiale un parent d’élève, un élève en situation de handicap, un élu local, une association éducative… Deux années ne sont pas de trop pour éprouver sur le terrain des approches théoriques ou analyser des pratiques. Un stage en responsabilité en deuxième année à mi-temps permettrait de se préparer au métier.

En second lieu, il convient de reconnaître et de permettre la diversité des voies d’accès au métier enseignant. Ainsi, il devrait être possible de créer deux autres voies de concours différents pour le même métier, et ce, dans toutes les disciplines : l’un s’adressant à ceux qui sont déjà titulaires d’un mastère, l’autre à ceux qui ont déjà une expérience professionnelle et peuvent faire valoir leurs acquis de l’expérience ou leurs acquis professionnels pour candidater au troisième concours. Cela permettra non seulement d’élargir le vivier de recrutement, mais surtout de reconnaître une réalité incontournable : on ne fait pas le même métier toute la vie. C’est vrai aussi des enseignants !

Cette architecture ambitieuse n’est pas réalisable du jour au lendemain, nous le savons bien. Il faut reconstituer des équipes de formateurs qui travaillent à la fois avec les établissements scolaires et au sein de l’Université. Il faut définir un cadrage des masters en lien avec la réforme des contenus des concours, faciliter la coopération entre les rectorats et les structures universitaires pour penser une alternance intelligente. Et les économies réalisées en une fois par Xavier Darcos avec l’invention de la masterisation (et la suppression de la formation initiale) ne pourront être rattrapées en une année : les futurs lauréats de concours ne pourraient entrer immédiatement en fonction, s’ils avaient une ou deux années de stage, alors que des enseignants continueront de prendre leur retraite ! Sauf à relancer le recours aux expédients (emplois précaires). Il nous paraît opportun de débattre d’une solution de compromis transitoire : les nouveaux lauréats auraient une formation initiale étalée sur plusieurs années (de même que ceux qui en ont été privés les années précédentes). La part de formation initiale augmenterait alors d’année en année afin d’arriver en fin de mandature à l’objectif ambitieux fixé par la loi. Nous sommes convaincus que tous les partenaires sauront adhérer à une solution globale qui ne s’apparente pas à un marché de dupes : ni relance de la précarité, ni abandon d’objectifs éducatifs ambitieux pour cause de contraintes budgétaires. Le choix du gouvernement de créer des métiers d’avenir professeur va dans le sens d’une bouffée d’oxygène pour assurer cette transition, mais nous souhaitons vivement que ces futurs enseignants bénéficient d’une réelle formation et d’un réel accompagnement qui leur permette de s’engager durablement dans le métier. Si le choix est fait par la loi de programmation – en s’appuyant sur la loi d’orientation – de refonder la formation initiale en commençant par la formation continue auprès de tous les personnels, on donne alors un signal fort en faveur de la formation tout au long de la vie auprès de ceux qui accompagneront les enfants et les jeunes dans les décennies à venir…

Motion portée par la commission Enfance Education Formation EELV

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Contribution de EELV aux Assises de l’ESR – Septembre 2012 https://recherche-enseignementsup.eelv.fr/2012/09/18/contribution-de-eelv-aux-assises-de-lesr-septembre-2012/ https://recherche-enseignementsup.eelv.fr/2012/09/18/contribution-de-eelv-aux-assises-de-lesr-septembre-2012/#comments Tue, 18 Sep 2012 17:57:24 +0000 http://recherche-enseignementsup.eelv.fr/?p=2492 Tout au long des campagnes électorales de 2012, EELV avait rappelé que la tenue de larges Etats Généraux de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) était indispensable afin de restaurer la confiance de la communauté académique et de prendre le temps d’une concertation ouverte aux étudiants et à toute la société. Nous avions également souligné l’importance cruciale de signaux forts sur le plan budgétaire et/ou organisationnel lors des premiers mois de la nouvelle mandature, afin de marquer une ambition nouvelle et la volonté de rompre avec les politiques antérieures. L’absence de tels signes et le calendrier précipité des assises, qui obère leur ouverture à l’ensemble de la société, sont regrettables, pour ne pas dire inquiétants. Les écologistes souhaitent néanmoins jouer leur rôle de force de proposition, et seront particulièrement attentifs aux suites concrètes qui seront données à ces assises.

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Lire le détail de nos analyses et propositions pour chaque thématique :

1 – Agir pour la réussite de tous les étudiants

La réussite du plus grand nombre dans l’enseignement supérieur est à la fois un facteur de justice sociale et une condition de l’émergence d’une société durable. Or, le système d’ES français souffre de longue date de deux faiblesses : il reste figé dans une dualité qui contribue à perpétuer les inégalités sociales et à écarter les jeunes des formations les plus longues et de la recherche ; et les fortes sommes dépensées pour les filières sélectives cachent un sous-investissement chronique dans la formation de la majorité des étudiants. Une ambition nouvelle passe par des moyens nouveaux : il est impératif d’amener le financement moyen par étudiant et le taux d’encadrement (pédagogique comme administratif) au niveau des pays comparables les plus performants, et d’engager une politique sociale ambitieuse permettant à tous les jeunes de réussir, quelle que soit leur origine sociale.

La précarité est un obstacle majeur à la réussite éducative. L’heure est à un changement de paradigme avec la mise en place d’une véritable allocation d’autonomie pour tous les étudiants. Basée sur le principe d’un « crédit temps formation » de 16 semestres à prendre tout au long de la vie (en formation supérieure, initiale ou continue), elle serait composée d’une part incompressible versée à tous et d’une part variable indexée sur les revenus. Dans le même temps le développement du bâti social universitaire doit être amplifié pour atteindre 25000 livraisons (rénovations + constructions neuves) par an, dans le respect de standards écologiques élevés (consommation d’énergie, proximité des transports urbains…). La hausse des frais d’inscription, qui constitue une imposition différée et par définition non-progressive, est antinomique avec le principe d’accès du plus grand nombre au supérieur : quel que soit son niveau, l‘enseignement a vocation à être gratuit pour ses usagers.

La question de la réussite ne doit pas être réduite au taux d’obtention d’une licence en 3 ans. De ce point de vue, le système des compensations pour réduire les taux d’échec est d’ailleurs une mesure démagogique qui ne fait que masquer les problèmes en dévalorisant le diplôme de Licence. L’université est la seule voie de formation qui ne sélectionne pas pleinement ses étudiants : elle accueille donc aussi, dans les faits, tous les recalés des voies sélectives. Les parcours différenciés devraient y être la règle plutôt que l’exception, avec la mise en place de formations et de passerelles adaptées à la réalité de la diversité des publics (DAEU, stages d’été ou année préparatoire à la licence…). Les licences devraient devenir plus pluridisciplinaires, jusqu’à intégrer des matières mineures dans des domaines radicalement différents de la « majeure » (sciences humaines pour les cursus de science dure et vice-versa). Un travail sur la pédagogie est incontournable, notamment pour privilégier le travail personnel et en petits groupes des étudiants. L’évaluation des enseignements par les étudiants doit devenir systématique. Mais à côté de toutes ces évolutions internes, il revient aux tutelles de dégager les moyens d’améliorer l’encadrement (y compris administratif), d’accompagner les projets innovants, de valoriser la diversité des missions des enseignants-chercheurs et d’assurer aux bacheliers professionnels et techniques des quotas de places suffisants dans les BTS et les IUT.

L’accès à des logements de qualité, aux équipements sportifs et aux activités culturelles, sont d’autres facteurs importants de réussite pour les étudiants. Les bibliothèques et des espaces de travail adaptés doivent être enfin de qualité et en nombre suffisant. L’université doit également s’ouvrir plus largement au cours de l’année et à la diversité des publics pour devenir un lieu de formation tout au long de la vie, en intégrant les démarches de VAE, en accueillant des activités d’éducation populaire. Il faut faire des campus des lieux exemplaires en matière écologique.

Enfin, les étudiants doivent être des acteurs de leur formation. Leur représentation doit être renforcée dans les conseils et être de droit dans les jurys ; l’engagement associatif doit être valorisé dans les maquettes des formations, et les maisons étudiantes partout mieux soutenues.

2 – Donner une nouvelle ambition pour la recherche

En forçant les chercheurs à faire le choix de la concurrence plutôt que de la coopération, en concentrant les moyens sur un nombre toujours plus réduit d’équipes et de sites, en obligeant les chercheurs à mendier des moyens auprès de sources de financements toujours plus nombreuses et complexes, et en multipliant les strates de décision, les réformes des dernières années ont durement frappé le potentiel de recherche français. Une ambition nouvelle pour la recherche consiste à rendre aux scientifiques l’autonomie nécessaire à la conduite de leurs travaux tout en créant les conditions d’un nouveau dialogue avec la société.

Comme pour l’enseignement supérieur, cette ambition suppose des moyens nouveaux, l’ordre de 1 G€ d’accroissement chaque année. Ces moyens peuvent être obtenus sans impacter le budget de l’Etat, au moins en 2013 et 2014, grâce à une réforme du Crédit d’impôt recherche (CIR). Si son intérêt est réel pour la recherche dans les PME, sa forme actuelle donne aussi aux grands groupes un effet d’aubaine énorme qui ne profite en rien à la production ou à l’emploi scientifique du pays. Il convient de plafonner le CIR à un montant de quelques millions d’euros par groupe ou holding, de le conditionner fortement au recrutement de docteurs, et de moduler son montant en fonction de l’adéquation des projets engagés avec la transition écologique.

La dérive du tout-projet doit être stoppée nette : les laboratoires bénéficiant d’un label reconnu d’unité de recherche doivent recevoir de leurs tutelles (organismes nationaux de recherche, établissements d’enseignement supérieur et de recherche…) des dotations suffisantes pour que les personnels de recherche puissent accomplir leur mission, et ce pour la durée de leur labellisation. Une réduction drastique du budget attribué à l’ANR doit être plus que compensée par une augmentation des fonds destinés aux recherches développées dans les organismes nationaux et les établissements d’ESR. Sur des thématiques identifiées comme étant d’intérêt majeur (santé – environnement, biodiversité, études sur les rapports sociaux de sexe, écotoxicologie, systèmes complexes, énergies renouvelables…), la constitution de réseaux d’acteurs sera accompagnée de crédits ad hoc dont la gestion sera déléguée aux réseaux constitués autour de ces thématiques.

Recruter sur des postes permanents plutôt que multiplier les contrats précaires est à la fois juste socialement et efficace du point de vue scientifique, car cela permet la prise de risque, l’expérimentation, la résistance aux modes du moment. Plusieurs milliers d’emplois stables doivent ainsi être créés chaque année dans tous les métiers de la recherche (ingénieurs, techniciens, administratifs, responsables de plate-formes mutualisées). Le coût est faible, car les emplois existent déjà budgétairement : il s’agit seulement de les transformer en postes permanents. Cela permettra de stabiliser les jeunes précaires accumulés ces dernières années et de libérer le temps de travail destiné à la recherche, entre autres en systématisant la décharge d’enseignement pour les Maîtres de conférence recrutés depuis moins de cinq ans.

Une grande part de la recherche effectuée en France repose sur les milliers de doctorants que comprend le pays. Il faut leur garantir un financement adéquat dans toutes les disciplines. En outre, le nombre de docteurs produits par le pays est notoirement insuffisant au regard des besoins de la société et ce déficit est encore accentué par la non reconnaissance du diplôme dans les grilles de la fonction publique comme dans les conventions collectives des entreprises. Le nombre d’allocations de recherche doctorale doit être progressivement augmenté et le doctorat doit être valorisé dans le public comme dans le privé.

La question de la culture scientifique et technique (CST) doit être entièrement repensée pour promouvoir la compréhension et le débat pluridisciplinaire sur les enjeux de notre monde, bien au-delà de ce que promeut Universcience dont le rôle doit être réenvisagé, notamment en clarifiant les circuits de financement de la CST avec un pilotage interministériel garant de cette mission de service public. Il faut faire découvrir et comprendre la démarche scientifique dès le plus jeune âge, par exemple avec des classes scientifiques mises en place sur le format des classes vertes. La protection du patrimoine scientifique doit recevoir les moyens nécessaires. Les actions de CST réalisées par les enseignants et les personnels de recherche (visites de laboratoires et de collections, interventions dans les classes, journées « grand public »…) doivent être davantage prises en compte dans l’évaluation de leurs activités et l’évolution des carrières.

Les partenariats des laboratoires publics n’ont aucune raison de se limiter au monde des entreprises, encore moins dans la configuration du subornation qui prévaut de plus en plus fréquemment. Il revient à l’Etat d’introduire parmi les missions des établissements de recherche, organismes et universités, l’impératif de l’ouverture vers d’autres pans de la société et en particulier vers le monde associatif. Le dispositif des Partenariats Institutions-Citoyens pour la Recherche et l’Innovation créé en 2005 par le conseil régional d’Île-de-France pourra servir de modèle de dispositif permettant d’encourager les recherches partenariales entre le monde citoyen et celui de la recherche académique. Les laboratoires qui s’engageront sur cette voie pourront bénéficier d’un label et de financements spécifiques. D’autres initiatives (boutiques de sciences…) devront être encouragées sur les campus universitaires pour que les sciences et la démarche scientifique soient enfin accessibles à des publics diversifiés. Le développement de la recherche participative doit être intégré au Code de la recherche.

Si l’autonomie méthodologique des chercheurs doit être strictement respectée, les grandes orientations scientifiques et techniques devraient, elles, faire l’objet de véritables débats publics. Les conclusions tirées par les responsables politiques s’appliqueraient particulièrement aux EPIC. La responsabilité de ces débats pourrait être confiée à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) si celui-ci ne souffrait d’une très insuffisante ouverture vers la société dans toute sa diversité. L’OPECST devrait donc être transformé en Office national indépendant, fonctionnant sur fonds uniquement publics, qui aurait une mission de veille permanente et d’animation du débat sur toutes les questions scientifiques et / ou technologiques ayant un possible impact sociétal. A cet égard, le fonctionnement du Board of Technology au service du Parlement et du Gouvernement danois pourrait être une source utile d’inspiration.

Enfin, les connaissances nouvelles résultant du travail permis par les dépenses publiques (européenne, nationale, collectivités territoriales) doivent entrer dans le domaine des biens communs. Il n’est pas acceptable que les éditeurs privés soient seuls dépositaires de ces productions, limitant de facto leur accessibilité au plus grand nombre. La publication en accès libre doit devenir une règle.

3 – Une nouvelle structuration de l’ESR

Les réformes menées ces dernières années ont abouti à une complexification inédite du paysage de l’ESR français, avec pour conséquences principales une dépossession des attributions des instances comprenant une proportion importante d’élus et pour les équipes de recherche la course permanente à des financements de trop court terme pour autoriser des recherches audacieuses. Il est urgent de redonner une lisibilité à notre système d’ESR en le simplifiant, d’améliorer la dimension collégiale de son fonctionnement, et de sortir d’un système contre-productif opposant université et classes préparatoires/grandes écoles.

Si les universités doivent voir leur rôle propre renforcé pour tendre à devenir des partenaires à part entière des organismes nationaux de recherche, ceux-ci doivent être réinstallés dans leur rôle majeur d’opérateurs de recherche : ils restent pertinents dans leur capacité à impulser et à mettre en cohérence les activités de recherche à l’échelle nationale, les diverses alliances ayant vocation à se limiter à une coordination souple et non institutionnalisée.

L’unité de base de la recherche reste un laboratoire, souvent une Unité mixte. Plutôt que de mettre en place de lourdes structures institutionnelles intervenant dans tous les domaines (projets de recherche mais aussi bâti, formation…), il faut privilégier une logique de réseaux de coopération scientifique conjuguant financement propre et mutualisation concertée. Les Labex récemment créés devront se conformer à cette logique et en aucune manière se substituer aux unités de recherche.

La loi appelée à remplacer la LRU devra assurer la représentation directe et majoritaire des personnels et étudiants dans toutes les instances de décision, dans les établissements d’ES, leurs structures de fédération ou les organismes. Il n’est pas d’autonomie de gestion s’il faut gérer la pénurie. L’autonomie n’a de sens que pour se mettre au service de la pédagogie et de la recherche. Une dimension de programmation budgétaire pluriannuelle est donc indispensable au futur texte de loi, accompagné de mécanismes assurant la bonne prise en compte des évolutions de la masse salariale.

Le système des classes préparatoires est à la fois coûteux, générateur de souffrance pour de trop nombreux jeunes, et facteur de reproduction des inégalités sociales. Il faut mettre fin à cette singularité française en sachant prendre le meilleur dans chaque filière : l’encadrement pédagogique doit être plus large et plus disponible et les enseignements à caractère pluri-disciplinaires pleinement intégrés aux cursus. Le remplacement des concours d’entrée aux « grandes écoles » par une sélection sur dossier rendra la notion même de classe préparatoire obsolète. Les écoles devraient systématiquement être intégrées à des universités structurées de manière confédérale : elles y conserveront leur autonomie pédagogique, mais la mutualisation avec les cursus de Master pourra ainsi se développer, avec un effet positif sur l’accès à la recherche. La tutelle de l’ensemble des formations du supérieur doit revenir au MESR, afin de permettre une action cohérente sur les différentes filières.

Malgré tous les effets d’annonce des Initiatives d’Excellence (Idex), le gain budgétaire promis aux lauréats reste si faible (260 M€/an pour les huit projets réunis !) qu’il pourraient facilement être compensé par une loi de programmation budgétaire – pour peu qu’elle soit ambitieuse. En outre, les Idex souffrent de défauts originels rédhibitoires : leur mode de préparation et de gouvernance anti-démocratique et leurs périmètres réduits. En cela, ils s’opposent à toute logique désirable de coopération et d’ouverture. Quant à la structuration de site, elle est parfaitement réalisable à travers des PRES revisités. Les Idex doivent donc être supprimés.

Les autres innovations introduites dans le cadre des Investissements d’avenir sont à examiner au cas par cas. Les SATT (Sociétés – de droit privé – d’accélération du transfert de technologies) complexifient encore le paysage institutionnel du soutien à l’innovation : elles devraient être abandonnées ; certains IRT (Instituts de recherche technologique) pourraient en revanche mériter d’être confortés si tant est qu’ils permettent au pays d’avancer vers les développements technologiques nécessaires à la transition écologique. Il faut prendre acte des équipements d’excellence (Equipex) financés en veillant à ce qu’ils ne phagocytent pas les moyens de leurs structures d’accueil.

La politique nationale de l’ESR ne doit laisser aucun territoire ou population à l’écart. Dans l’acte III de la décentralisation, la compétence ESR doit devenir partagée entre un niveau national restant prépondérant et un niveau régional complémentaire, parfaitement adapté à l’accompagnement des projets d’intérêt général proposés par les acteurs locaux ou à la gestion du bâti universitaire. Cette dévolution de compétence aux régions devra s’accompagner des transferts financiers appropriés et de la création d’un système de péréquation entre régions riches et moins riches. L’Île-de-France – plus de 40% des forces vives de la recherche – représente à l’évidence un cas extrême qui appelle un traitement spécifique. Dans le cadre du « Grand Emprunt », le seul milliard d’euros directement consommable a été attribué au projet Saclay de façon régalienne. Cette somme pourrait être remise dans un pot commun dont la gestion serait assurée conjointement par l’Etat et le conseil régional d’Île-de-France, pour des projets d’ESR répartis dans les divers territoires franciliens.

L’évaluation de toute activité financée sur fonds publics est légitime ; encore faut-il que les évaluateurs soient eux-mêmes reconnus comme légitimes par leurs pairs et que leurs évaluations visent à l’amélioration hors de tout jugement lapidaire. L’Aéres, au coût démesuré et qui ne répond à aucun de ces critères, doit être supprimée. L’évaluation des organismes et des universités pourrait être confiée à un HCST rénové et opérationnel (avec une participation étudiante sur les questions touchant à l’enseignement supérieur) ; et aux niveaux institutionnels inférieurs, les organismes nationaux de recherche savent convoquer les comités d’évaluation appropriés.

 

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Réussite étudiante https://recherche-enseignementsup.eelv.fr/2012/09/18/reussite-etudiante/ https://recherche-enseignementsup.eelv.fr/2012/09/18/reussite-etudiante/#comments Tue, 18 Sep 2012 17:53:39 +0000 http://recherche-enseignementsup.eelv.fr/?p=2485 Contribution de EELV aux Assises de l’ESR – Septembre 2012 – Thématique 1 Réussite étudiante

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La réussite du plus grand nombre dans l’enseignement supérieur est à la fois un facteur de justice sociale et une condition de l’émergence d’une société durable. Or, le système d’ES français souffre de longue date de deux faiblesses : il reste figé dans une dualité qui contribue à perpétuer les inégalités sociales et il écarte les jeunes des formations les plus longues et de la recherche ; et les fortes sommes dépensées pour les filières sélectives cachent un sous-investissement chronique dans la formation de la majorité des étudiants. Une ambition nouvelle passe par des moyens nouveaux : il est impératif d’amener le financement moyen par étudiant et le taux d’encadrement (pédagogique comme administratif) au niveau des pays comparables les plus performants, et d’engager une politique sociale ambitieuse permettant à tous les jeunes de réussir, quelle que soit leur origine sociale.

Face à ce défi de taille, les écologistes proposent des solutions concrètes pour restaurer l’Université dans son rôle de porte d’entrée dans le monde des connaissances, mais aussi le monde professionnel, la citoyenneté, l’autonomie et l’épanouissement de toutes et tous.

Revaloriser l’enseignement et la pédagogie

Le taux d’échec à l’université, notamment en licence, préoccupe les observateurs et les tutelles, au point que l’ancien Gouvernement a fait de la réussite en Licence un de ses chevaux de bataille, avec des réponses totalement inadaptées : des financements non récurrents, entraînant une hausse des heures complémentaires et des contrats précaires, car sans moyens humains associés ; la compensation entre matières et entre semestres, là encore sans moyens, ayant pour effet une baisse du niveau de formation ; la proposition de passer la licence à 1500 h, toujours sans moyens, qui va vider les diplômes de leur substance en obligeant les établissements à réduire les options et les groupes comme peau de chagrin…

De plus, l’analyse des causes de ce taux d’échec n’a pas été faite. Or ces causes sont multiples : bacheliers professionnels et techniques poussés hors des filières qui leurs sont théoriquement dédiées (BTS, IUT) et mal préparés à la méthodologie universitaire, niveau à la sortie du Bac insuffisant, étudiants contraints de travailler pour payer leurs études, ou arrivant « par défaut » à l’université après avoir échoué à toutes les filières sélectives (grandes écoles, IUT, BTS)… Les réponses doivent donc porter sur toutes les causes si l’on veut parvenir à des résultats, et permettre à l’Université de jouer le rôle d’ascenseur social qui est théoriquement le sien.

L’Université couple de manière intime enseignement et recherche. Or, la compétition internationale suscitée notamment par la recherche de « l’excellence » à travers des comparaisons comme le classement de Shanghai ne prend en compte que le volet recherche sans jamais valoriser les aspects de transmission des résultats de cette recherche. Pourtant, les idées d’innovation pédagogique existent et la volonté des enseignants est réelle, ce devrait donc être la mission du Gouvernement que d’accompagner ces innovations. Dans le cadre d’une politique volontariste sur le plan pédagogique, l’ensemble des mesures mises en place devront figurer dans les critères d’évaluation des facultés, instituts, écoles et universités.

Afin de renforcer la réussite des étudiants, l’accueil dans les premières années des cycles doit être repensé avec une systématisation du monitorat, du tutorat et de l’accompagnement en petits groupes. Le travail collaboratif et en équipe doit primer sur l’enseignement traditionnel en amphithéâtre – mesure dont l’impact sur l’occupation et l’aménagement des locaux devra bien entendu être pris en compte. Le rapprochement entre grandes écoles et classes préparatoires d’une part et universités d’autre part, mesure revendiquée par les écologistes depuis longtemps, pourrait permettre, entre autres, d’intégrer certaines dispositions d’accompagnement issus des filières sélectives tout en sortant des logiques destructrices dues à la compétition effrénée présente dans certains cursus.

Il faudra également inventer des dispositifs de préparation et d’élargissement de l’accès à l’université : poursuivre et amplifier leur effort pour permettre la préparation du Diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU), politique volontariste d’accueil des élèves titulaires d’un baccalauréat « non général » (professionnel, technologique), stages d’été à destination des élèves venant de lycées professionnels, année L0 de « mise à niveau » disciplinaire et méthodologique, permettant de fait de passer une licence en 4 ans…

Les licences devraient devenir plus pluridisciplinaires, jusqu’à intégrer des matières mineures dans des domaines radicalement différents de la « majeure » (sciences humaines pour les cursus de science dure et vice-versa). De manière plus globale, le système d’orientation doit être refondé dès le secondaire puis dans le supérieur pour accompagner chacune et chacun vers la filière qui lui correspond. Il faut aussi redonner de la cohérence aux cursus et aux filières. Rapprocher les filières universitaires, les écoles, mais aussi IUT et BTS, doit être un moyen de permettre aux étudiant-e-s de suivre un enseignement pensé sur le temps réel de leurs études (filières courtes, filières longues).

L’Université doit s’ouvrir largement à toutes les citoyennes et tous les citoyens et devenir un véritable lieu de formation tout au long de la vie en favorisant notamment les cursus de formation continue, la participation des équipes pédagogiques et de recherche dans les formations de niveau V et VI et en intégrant les démarches de VAE (valorisation des acquis de l’expérience). L’Université doit aussi intégrer une dimension d’éducation populaire plus forte en invitant les citoyens qui le désirent à participer aux enseignements.

Rares sont les bibliothèques universitaires ouvertes en début de soirée. Pourtant, beaucoup d’étudiants gagneraient en confort et en qualité dans leur travail. L’élargissement des horaires d’ouverture des bibliothèques est un objectif à poursuivre dans la contractualisation avec les établissements d’enseignement supérieur. Cette mesure est à mettre en parallèle d’une nécessaire refonte pédagogique des enseignements pour donner toute sa place à l’autonomie intellectuelle.

Les écologistes se battront pour que de véritables moyens soient mis en place dans les établissements pour encourager les innovations pédagogiques, la formation professionnelle des personnels – y compris enseignants -, pour sortir de la logique de la seule notation chiffrée, ainsi que la mise en place d’une véritable évaluation des enseignements par les étudiants, sur des critères pédagogiques. De même il faudra éviter les inégalités de traitement d’un établissement à l’autre, notamment en terme d’assiduité, de contestation, etc.

Des financements spécifiques pourront être alloués pour conduire des expérimentations, et une fois les mesures pérennisées les financements devront être récurrents.

Les moyens humains nécessaires seront fournis aux établissements, par le biais de recrutements statutaires d’enseignants, enseignants-chercheurs ; mais aussi de personnels administratifs et techniques et de bibliothèques (notamment pour gérer la scolarité spécifique de la formation tout au long de la vie, du DAEU, les habilitations d’apprentissage…).

Des étudiants acteurs de leurs parcours

Les étudiants doivent devenir de véritables acteurs de leur formation. Les écologistes revendiquent leur implication dans l’élaboration des cursus avec leurs enseignants, leur meilleure représentation dans les conseils, comme dans les jurys de fin d’année (ce qui est inscrit comme évident dans les collèges et les lycées -les délégués participent aux conseils de classe- ne le serait-il plus dans l’enseignement supérieur ?) Les doctorants pourraient également être associés lors des recrutements d’enseignants-chercheurs.

La réussite éducative ne peut aller sans des étudiants réellement autonomes. C’est pourquoi EELV souhaite la création d’une véritable allocation d’autonomie pour les étudiants avec le principe d’un « crédit temps formation » de 16 semestres à prendre tout au long de sa vie (en formation supérieure, initiale ou continue) et pour tous les étudiants. Elle se compose d’une part incompressible versée à tous, dont le montant reste à préciser mais qui pourrait s’élever autour de 300 € et d’une part variable indexée aux revenus de l’étudiant s’il est autonome ou à celui de ces parents (s’il est encore fiscalement rattaché à leur foyer). L’ensemble de l’allocation est versée sur 12 mois. L’objectif est de permettre à chaque étudiant qui souhaiterait ne plus dépendre de ses parents de vivre dignement sans avoir à travailler à côté pour financer ses études.

Avec cette allocation d’autonomie, il deviendrait totalement absurde d’augmenter les frais d’inscription dans les universités (ne pas reprendre de la main droite aux étudiants ce qui leur est alloué de la main gauche !). Le lissage vers le bas des frais d’inscription, ainsi que la suppression de tous les frais optionnels est nécessaire. C’est un service public gratuit de l’enseignement supérieur qu’il faut défendre !

Il est aussi important de renforcer les échanges internationaux pour les étudiants en aidant toutes celles et tous ceux qui le souhaitent à partir à l’étranger, et en améliorant l’accueil de celles et ceux qui souhaitent venir étudier en France, et en mettant un terme à la politique discriminante envers les étudiants étrangers.

Enfin, la réussite éducative va au-delà des notes et des diplômes mais doit intégrer les questions de logement, de soins, d’alimentation, etc. C’est pourquoi, les écologistes souhaitent penser l’Université dans des éco-campus intégrés à la Cité. Le développement et la rénovation du bâti social universitaire doivent être portés à 25.000 logements par an, dans le respect de standards écologiques élevés (consommation d’énergie, proximité des transports urbains…). Une véritable stratégie foncière devra être mise en place avec les universités, les agglomérations et les régions pour limiter les difficultés des CROUS à engager des constructions. Dans le parc privé, les loyers doivent être encadrés. Les sites universitaires doivent être desservis par les transports en commun et facilement accessibles par les modes doux. Les régions doivent s’engager volontairement dans une tarification adaptée et multimodale pour les étudiants. La question des transports ne doit pas être prise indépendamment des mutations urbanistiques pour insérer davantage les établissements d’enseignement supérieur dans les villes. Des centres de santé universitaires doivent être développés, des crèches aménagées, l’alimentation des restaurants universitaires repensées pour devenir autant que possible biologique, locale et de saison, etc. Les activités sportives, culturelles, associatives seront promues, y compris par l’obtention de crédits d’enseignement pour implication dans des activités d’intérêt général (boutiques de sciences, encadrement dans les bibliothèques universitaires…).

Une politique écologiste se devrait de développer les maisons de la vie étudiante, gérées par eux-mêmes. Lieux de ressources et d’innovation, lorsqu’ils existent, ils sont un poumon (vert !) pour les étudiants. Radios associatives, cafétérias, salles de réunions, pépinières d’associations, guichets uniques, crèches, expositions, etc, beaucoup peut être fait en leur sein. Surtout beaucoup reste à inventer. Ces maisons sont donc à soutenir : financièrement, mais également administrativement.

La réussite éducative est un véritable défi. Pour les écologistes, tous les acteurs du monde académique doivent être rassemblés pour contribuer à trouver comment hisser enfin l’université française à la hauteur des enjeux du siècle.

 

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Convention nationale EELV ESR : un succès et de nombreuses propositions https://recherche-enseignementsup.eelv.fr/2011/10/17/convention-nationale-eelv-esr-un-succes-et-de-nombreuses-propositions/ Mon, 17 Oct 2011 19:59:19 +0000 http://recherche-enseignementsup.eelv.fr/?p=2324 (Photo : les organisateurs de la convention ESR EELV avec Philippe Meirieu et Eva Joly (tous droits réservés)) ...]]>

(Photo : les organisateurs de la convention ESR EELV avec Philippe Meirieu et Eva Joly (tous droits réservés))

Près de 150 personnes ont participé aux débats organisés par EELV à Lyon le samedi 1er octobre dans le cadre de la convention nationale « Des régions à l’Europe : perspectives pour reconstruire l’enseignement supérieur et la recherche ». Etudiants, personnels, responsables d’université, syndicalistes ou simples citoyens intéressés par les questions de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR), ils sont venus débattre des propositions présentées par EELV pour 2012.

Après la plénière d’ouverture consacrée aux évolutions en cours dans l’enseignement supérieur et la recherche en France et en Europe, la journée s’articulait en 5 ateliers, chacun préparé à l’aide de notes préalablement diffusées et bénéficiant de l’éclairage de « grands témoins ». Ainsi, les débats ont-ils dépassé les simples principes pour aller au fond des questionnements et aborder des mesures précises :

  • Favoriser l’accès et le succès du plus grand nombre dans le supérieur, en mettant en place un revenu étudiant, en refusant résolument la hausse des droits d’inscription, en construisant 10 000 places de logement étudiant par an, en révisant la pédagogie des premiers cycles et en développant la pluridisciplinarité
  • Sortir des logiques d’élitisme en rapprochant activement universités et écoles au sein de structures ancrées régionalement, en multipliant les années de transition entre filières, en ramenant progressivement les classes préparatoires vers l’université
  • Garantir l’indépendance de la recherche, en rompant avec la logique de la prétendue excellence et son hyper-concentration des moyens pour retrouver une pérennité des financements, en résorbant la précarité et en remettant la collégialité au coeur du fonctionnement de l’ESR (remplacement de la loi LRU, suppression de l’Aéres et retour à une évaluation par les pairs)
  • Développer les échanges entre sciences et société, en mettant en débat les grandes orientations de recherche, en finançant les travaux associant scientifiques et associatifs, en créant des boutiques de science pour répondre aux questions des citoyens, en valorisant le doctorat dans la fonction publique et les conventions collectives
  • Favoriser l’innovation écologique en diminuant drastiquement le crédit d’impôt recherche, en conditionnant les aides aux entreprises innovantes, en développant des mécanismes novateurs de soutien aux projets (concours…), en faisant évoluer les pôles de compétitivité vers des pôles de coopération recentrés sur les PME/PMI.

Les attentes d’une communauté ESR malmenée par les réformes des dernières années étaient palpables. Les propositions déjà formulées par EELV ont été particulièrement bien reçues. D’autres ont émergé, qui vont maintenant être intégrées au projet 2012 des écologistes.

Lors de la plénière de conclusion, Eva Joly a souligné l’importance qu’elle attache à la formation des jeunes et à l’Université, ainsi qu’à la nécessaire indépendance des scientifiques, ceux-ci devant avoir les moyens d’être « de véritables contre-pouvoirs ». Elle a pointé la nécessité de « redonner confiance à la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche » par une politique fondée sur la concertation avec les acteurs de l’ESR, à l’opposé des bouleversements autoritaires et des mensonges budgétaires du gouvernement.

Plénière de clôture : les vidéos


Plénière de clôture : intervention de Philippe Meirieu


Plénière de clôture : intervention de Eva Joly

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Convention Lyon 2011 – Préparation aux débats https://recherche-enseignementsup.eelv.fr/2011/09/22/convention-lyon-2011-preparation-aux-debats/ Thu, 22 Sep 2011 16:46:29 +0000 http://recherche-enseignementsup.eelv.fr/?p=2142 Dans le cadre de notre convention nationale « Des régions à l’Europe : perspectives pour reconstruire l’enseignement supérieur et la recherche », nous soumettons un certains nombre de textes préparatoires aux débats que nous aurons le 1er Octobre à Lyon.

Vous serez présent le 1er octobre ? Prenez-en connaissance pour préparer les débats !
Vous ne pouvez pas être des nôtres ? N’hésitez pas à nous faire des remarques, propositions… en nous contactant par mail !

 Au programme de la convention

 

 

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Convention ESR – EELV – Lyon 1er octobre 2011 https://recherche-enseignementsup.eelv.fr/2011/09/18/convention-esr-%e2%80%93-eelv-lyon-1er-cotobre-2011/ Sun, 18 Sep 2011 15:53:46 +0000 http://recherche-enseignementsup.eelv.fr/?p=2008 Samedi 1er Oct 2011 de 10h à 18h (accueil à 9h30) – Université Lumière Lyon II, site des quais, quai Claude Bernard, Lyon, amphi Aubrac (tram T1 – arrêt Rue de l’Université)

Partout dans le monde, l’enseignement supérieur et la recherche connaissent des bouleversements majeurs. En France, les textes réglementaires (LRU) et les multiples structures (ANR, AERES, LABEX, IDEX… – la liste ne semble pas avoir de fin) mis en place par la droite participent tous d’une même logique : remplacer la collégialité par une gouvernance managériale, concentrer les moyens sur quelques sites et précariser toujours davantage les personnels comme les étudiants. La course insensée aux classements internationaux, évaluations et autres outils de « benchmarking » a entrainé une politique de prétendue « excellence » qui sacrifie la masse des chercheurs et des enseignants-chercheurs au profit d’une élite éphémère et freine toute démocratisation réelle de l’enseignement supérieur. Les mouvements de protestation massifs d’étudiants et de personnels (enseignantschercheurs, chercheurs et BIATOSS) ont bien montré l’ampleur de l’opposition aux politiques du gouvernement. L’urgence en 2012 sera de rompre avec ces logiques pour refonder un système d’enseignement supérieur et de recherche sur des bases adaptées aux enjeux cruciaux du XXIe siècle.

La politique de l’enseignement supérieur et de la recherche que proposent les écologistes a pour ambition d’articuler la défense des libertés académiques et scientifiques, la promotion d’une démocratisation de l’enseignement supérieur dans son accès comme dans son fonctionnement, de garantir de bonnes conditions de travail pour les personnels comme pour les étudiants – ce qui inclut un combat résolu contre la précarité. Surtout, cette reconstruction ne pourra se faire qu’avec l’implication aussi large que possible des professionnels, des étudiants et des citoyens intéressés.

Assurément, rien de sera possible sans avoir regagné la confiance d’une communauté qui a été trop malmenée.

Retrouvez l’événement sur Facebook (nécessite un compte Facebook)

Au programme de la convention

Télécharger l’invitation en PDF (116 Ko)

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Perspectives pour une « révolution copernicienne » de la pédagogie dans l’enseignement supérieur… https://recherche-enseignementsup.eelv.fr/2011/09/18/perspectives-pour-une-revolution-copernicienne-de-la-pedagogie-dans-l-enseignement-superieur/ https://recherche-enseignementsup.eelv.fr/2011/09/18/perspectives-pour-une-revolution-copernicienne-de-la-pedagogie-dans-l-enseignement-superieur/#comments Sun, 18 Sep 2011 15:27:53 +0000 http://recherche-enseignementsup.eelv.fr/?p=2101 Convention ESR EELV Lyon 1/10/11 – Note « Enseignement supérieur : pédagogie, contenu, orientation » – Synthèse des débats préparatoires de la commission ESR EELV, rédigée par Philippe Meirieu et Laurence Comparat

Télécharger la note en PDF (176 Ko)

Un travail pédagogique, d’inégale qualité, mais réel, a été effectué dans certains domaines de l’enseignement supérieur : IUT, UFRAPS, licences et masters professionnels, facultés scientifiques et de médecine, écoles d’ingénieur ou spécialisées, diplômes d’université, etc. Mais, force est de constater que, dans la plus grande partie de l’université, l’enseignement est, aujourd’hui, considéré comme une « mission dérivée » de la recherche. Mis à part quelques initiatives ponctuelles, il n’y a pas d’investissement réel de l’université dans les domaines pédagogique ou didactique. Or, ce phénomène, outre ses effets sociaux dévastateurs, représente aussi un appauvrissement de l’université, y compris dans sa dimension de « recherche ». L’université, en effet, est un lieu qui fait le pari que la transmission des connaissances ne se fait jamais au détriment de la recherche, mais, tout au contraire, qu’elle est un moyen de féconder cette dernière par les interactions qu’elle suscite. Les réformes récentes tendent hélas à couper ce lien fondamental entre enseignement et recherche (réforme de la licence, pôles universitaires de proximité « collegialisés », EPCS…).

La conviction des écologistes est au contraire que, dans tous les domaines, le partage sans pillage enrichit l’humanité. C’est particulièrement vrai dans le domaine des connaissances où, précisément, la transmission enrichit, tout à la fois, celui qui transmet et celui qui reçoit. Plus encore : le partage des connaissances accroît le désir de connaître et la production de nouvelles connaissances. C’est un antidote particulièrement important au productivisme libéral qui creuse les inégalités. Il convient donc que les établissements d’enseignement supérieur (ES) investissent massivement sa fonction de transmission et repensent, dans cette perspective, leurs modes de fonctionnement.

Vers des établissements d’enseignement supérieur plus ouverts à toutes et tous

Compte tenu que le taux des bacheliers stagne en France et que les classes d’âge en activité sont majoritairement constituées de non-bacheliers, les établissements d’enseignement supérieur doivent poursuivre et amplifier leur effort pour permettre la préparation du Diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU). Il est envisageable d’avoir au moins 20% d’étudiants ayant accédé à l’ES par le DAEU1.

Les établissements d’enseignement supérieur doivent développer une politique volontariste d’accueil des élèves titulaires d’un baccalauréat « non général » (professionnel, technologique). A cet effet, il faudra inventer des dispositifs de préparation à l’accès à l’université (comme des stages d’étés à destination des élèves venant de lycées professionnels, avec une rémunération équivalente à la moitié du SMIG ; ou une année L0 de « mise à niveau » disciplinaire et méthodologique, permettant de fait de passer une licence en 4 ans).

Les établissements d’enseignement supérieur doivent également développer la possibilité d’intégrer des cursus universitaires « tout au long de la vie ». On pourrait par exemple imaginer une « année d’intégration » en cours du soir, permettant à des personnes en activité de reprendre ensuite, dans de bonnes conditions, des études universitaires.

Les établissements d’enseignement supérieur doivent favoriser toutes les personnes en formation continue (quelque soit le dispositif de prise en charge) : les services de formation continue des universités doivent aider à l’orientation de ces personnes et organiser des regroupements spécifiques afin de les aider dans leurs parcours. Pour les personnes en formation continue ne pouvant être prises en charge sur les crédits de la formation continue, les frais d’inscription doivent être ramenés aux frais d’inscription en formation initiale.

Les établissements d’enseignement supérieur doivent réfléchir à l’implication qu’ils peuvent avoir dans la formation des personnes les plus fragiles et éloignées de l’emploi, comme la participation de leurs équipes pédagogiques et de recherche aux formations de niveau V et IV, afin qu’elles bénéficient de l’expertise des universitaires.

Les établissements d’enseignement supérieur doivent mettre en place des cursus par apprentissage, sous contrat de travail, dès lors que l’opportunité de ces cursus, tant sur le plan pédagogique (nature des formations) qu’économique (articulation avec le bassin d’emploi) est garantie. Ces cursus doivent être agréés par la procédure « de droit commun » mise en place via les Contrats de plan régionaux de développement des formations (CPRDF), et non par agrément direct avec les entreprises. Un service spécialisé sera mis en place dans les établissements pour coordonner ces formations (identifier les employeurs, les maîtres d’apprentissage…).

Pour les personnes suivant des études tout en souhaitant conserver une activité salariée, les établissements d’enseignement supérieur doivent réfléchir à une offre pédagogique adaptée : offre d’options et d’organisation par groupes largement modulable, plages horaires déterminées facilitant l’organisation du temps (y compris pour les étudiants et personnes à horaires décalés, par ex. comme à Paris 8 Saint Denis : 9h-12h, 12h-15h, 15h-18h, 18h-21h).

Les établissements d’enseignement supérieur doivent mettre en œuvre systématiquement et gratuitement la démarche de validation des acquis de l’expérience.

La demande sociale pour l’accès à la connaissance est très forte, il n’y a qu’à voir le succès qu’a eu l’Université de tous les savoirs. Pour y répondre, les établissements d’enseignement supérieur devront mettre en place des cours, conférences, débats, rencontres, etc. ouverts gratuitement à tous les citoyens indépendamment de toute inscription dans un cursus. Ces activités doivent faire l’objet d’un financement de droit commun par la tutelle.

Vers des établissements d’enseignement supérieur qui accompagnent mieux chacune et chacun

La lutte contre l’échec passe par l’appropriation par les étudiants de leur formation et de leur établissement, des mesures doivent donc être mises en place pour répondre à ces besoins.

Les établissements d’enseignement supérieur doivent mieux accueillir les étudiants en première année de chaque cycle (L, M, D). On peut ainsi imaginer mettre en place un « sas » de préparation d’au moins trois journées pleines encadrées par tous les enseignants et présentant le cursus, les exigences, les méthodologies, etc.

Il sera particulièrement intéressant de systématiser le monitorat entre étudiants. Voici un dispositif possible : chaque étudiant volontaire de L3, M1 et M2 pourra être moniteur d’un étudiant de L1 ou L2 ; les moniteurs sont réunis au moins trois journées complètes par an par les enseignants afin de travailler sur la méthodologie du monitorat. Dans l’hypothèse où cette activité serait considérée comme une des « unités capitalisables » pour valider les années de L3, M1 et M2, les moniteurs devraient fournir un « carnet de bord » de leur suivi. Mais il convient également de réfléchir à des méthodes de valorisation des activités étudiantes « non scolaires » (vie associative, engagement citoyen, mandat d’élu, monitorat…) en dehors du cursus proprement dit.

Le tutorat des enseignants vers les étudiants doit devenir plus systématique, et obligatoire lorsque les étudiants doivent produire un travail personnel (mémoire, dossier, thèse, etc.). Ce tutorat pourrait être collectif en L1, L2 et L3, sous forme d’au moins deux heures hebdomadaires de « groupe d’aide à la recherche, à l’écriture et au travail documentaire » (par petits groupes, de l’ordre de 15 étudiants) ; il serait individuel à partir du M1 et jusqu’à la thèse (sous forme de « droit de tirage » de l’étudiant d’au moins cinq heures par an?).

Dans la perspective du rapprochement Grandes écoles / Universités, il faudra étudier les modalités pédagogiques pratiquées en classes préparatoires et écoles d’ingénieurs, afin d’intégrer les dimensions les plus intéressantes (niveau de formation élevé) en laissant de côté les aspects destructeurs (compétition effrénée). Cela permettrait par exemple de proposer des cours de Français, de généraliser l’apprentissage des langues pour tous les étudiants dans toutes les disciplines, favoriser les séjours à l’étranger…

Vers des établissements d’enseignement supérieur qui enseignent de manière plus rigoureuse

La réforme LMD, au-delà des problèmes qu’elle a pu poser (à commencer par l’absence de moyens afférents) a eu le mérite de poser des éléments pour un cadre européen des diplômes, mais qui reste largement améliorable.

Si la Licence est un niveau de diplôme relativement cohérent, elle est marquée par une hyperspécialisation dès la L1. Afin de lutter contre cela, et de renforcer les approches interdisciplinaires, plusieurs pistes peuvent être envisagées, qui peuvent se compléter : système de « majeures » et « mineures » – les étudiants y suivent leurs études dans (au moins) deux disciplines, proches ou éloignées ; ou bien des licences plus généralistes au départ, se spécialisant progressivement sur les 3 années. Cela permettrait en outre de laisser toute leur place à des disciplines trop vite qualifiées d’inutiles car « non rentables », alors qu’elles contribuent à la richesse d’une société ouverte sur le monde.

Tout enseignement de Licence devrait articuler trois temps : 1) un temps d’information (cours magistral), 2) un temps d’appropriation (reformulation, explicitation, approfondissement), 3) un temps de transfert (réinvestissement interne ou externe à l’université). Ces trois temps peuvent être « compactés » dans une même séquence mais doivent toujours être présents.

Le Master reste un diplôme bancal au sein duquel l’ancienne maîtrise pèse encore lourd. Il faut donc arriver à donner au Master toute sa pertinence, en travaillant sur l’orientation des étudiants en fin de Licence, et les objectifs de la formation (faire une thèse doit-il rester le but unique d’un Master recherche ; la distinction entre Master professionnel et recherche est-elle encore pertinente ?).

Tout cursus universitaire doit faire l’objet d’un curriculum de formation élaboré en amont et diffusé aux étudiants. Ce curriculum devra être précis ; par exemple il pourra comprendre, semestre par semestre, 1) les connaissances exigibles, 2) les compétences qui doivent être acquises, 3) les tâches qui serviront à l’évaluation des unes et des autres, avec leurs critères de réussite.

Chaque cursus de formation doit pouvoir être décliné en différents « parcours » comportant des enseignements cohérents répartis en « éléments structurants » et « éléments optionnels ».

Tout cursus universitaire doit être évalué par « unités capitalisables »2. Ces dernières doivent pouvoir être préparées de manière autonome. L’acquisition de l’ensemble des unités capitalisables permet de valider un cursus. Il ne peut y avoir de compensation entre ces unités capitalisables. Il faut aussi réfléchir aux modalités d’évaluation, et notamment envisager de remplacer le sacro-saint système des notes par des modalités de type « échec / réussite ».

Afin de renforcer le lien entre recherche et formation, on peut imaginer de mettre en place une « commission pédagogique » pour chaque cursus de formation. Elle devra élaborer les curricula de formation et contrôler leur mise en œuvre, tout en veillant à ce que la diffusion des résultats de la recherche effectuée dans le cadre des formations soit valorisée dans l’activité des laboratoires.

Vers des établissements d’enseignement supérieur qui impliquent et engagent les étudiants dans leur fonctionnement

Tous les établissements d’enseignement supérieur doivent donner aux étudiants les moyens de leur expression. Les élus étudiants aux différents conseils doivent disposer d’un statut leur permettant de bénéficier de facilités pour y siéger, en particulier s’ils sont salariés.

Afin de permettre aux étudiants de devenir acteurs de leur formation, on peut proposer de mettre en place, cursus par cursus, un groupe de travail paritaire étudiants/enseignants. Ce groupe de travail se réunirait au moins une fois par semestre pour examiner les demandes des étudiants en matière de proposition pédagogique, et émettre un avis, rendu public. Il faudra organiser la transmission d’une promotion sur l’autre entre les représentants étudiants, et établir une procédure de suivi des décisions.

Les établissements d’enseignement supérieur doivent favoriser les initiatives étudiantes, en particulier quand elles permettent de prolonger les enseignements. Les étudiants pourraient ainsi bénéficier, pour chaque cursus, d’un budget participatif afin qu’ils puissent mener à bien leurs projets collectifs.

Se donner les moyens d’une politique novatrice sur le plan pédagogique

Il va de soit que les mesures décidées devront bénéficier des moyens nécessaires à leur mise en œuvre, contrairement à ce qui a été fait ses dernières années.

Des financements spécifiques pourront être alloués pour conduire des expérimentations, et une fois les mesures pérennisées les financements devront être récurrents.

Les moyens humains nécessaires seront fournis aux établissements, par le biais de recrutements statutaires d’enseignants, enseignants-chercheurs ; mais aussi de personnels administratifs et techniques et de bibliothèques (notamment pour gérer la scolarité spécifique de la formation tout au long de la vie, du DAEU, les habilitations d’apprentissage…).

Dans ce cadre, la formation professionnelle et permanente de l’ensemble des personnels – enseignants compris !- sera indispensable pour suivre les évolutions réglementaires, des pratiques didactiques et pédagogiques… Pour cela, les CIES (centre d’initiation à l’enseignement supérieur), qui actuellement forment les doctorants, pourraient être renforcés et ouverts aux Biatoss, enseignants, enseignants-chercheurs… Le développement de réseaux professionnels d’échanges de pratiques serait intéressant, particulièrement pour les Biatoss.

Dans le cadre d’une politique volontariste sur le plan pédagogique, l’ensemble des mesures mises en place, pour lesquelles les éléments ci-dessus proposent des pistes, devront figurer dans les critères d’évaluation des facultés, instituts, écoles et universités.

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1 Il serait utile de réfléchir plus globalement à des dispositifs permettant de reprendre des études secondaires générales, réflexion qui dépasse le seul cadre de l’ES

2 Le terme de « capitalisables » a beau être consacré, il reste améliorable… La réflexion est ouverte !

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