ostréiculture – Le site de la commission mer et littoral https://mer-littoral.eelv.fr Tous les textes et l'actualité de la commission mer et littoral EELV Tue, 06 Mar 2018 13:21:49 +0100 fr-FR hourly 1 Synthèse de la journée de formation sur les « enjeux de la crise ostréicole », le 1er octobre sur le Bassin d’Arcachon https://mer-littoral.eelv.fr/synthese-de-la-journee-de-formation-sur-les-enjeux-de-la-crise-ostreicole-le-1er-novembre-a-la-test/ Sun, 20 Nov 2011 05:38:10 +0000 http://mer-littoral.eelv.fr/?p=2319 Synthèse « La crise de l’ostréiculture »   L’ostréiculture arcachonnaise traverse depuis 10 ans une crise économique grave. ...]]>

Synthèse « La crise de l’ostréiculture »

 

L’ostréiculture arcachonnaise traverse depuis 10 ans une crise économique grave.

 

Crise sanitaire

Les développements de Dinophysis sont fréquents sur le littoral français. Son apparition dans les eaux côtières est généralement observée au printemps ou en été1. Pour garantir la sécurité sanitaire des consommateurs les huîtres sont soumises à des tests. Depuis le 1er janvier 2010, l’abandon du bio-test sur les souris et son remplacement par un test chimique est un grand soulagement pour les ostréiculteurs, trop souvent confrontés à des interdictions de commercialisation, alors qu’il n’y avait pas de problème de toxicité.

S’il représente une avancée, le test chimique ne résoudra pas le problème de la présence de toxines non identifiées. Cette crise a provoqué la disparition de 50 entreprises.

 

Crise du captage du naissain

Le Bassin d’Arcachon est un milieu particulièrement propice à la reproduction de l’huître creuse japonaise. On estime que 60 à 70 % des huîtres creuses commercialisées en France sont natives du Bassin d’Arcachon, la vente de naissains constituant 25 % du chiffre d’affaires annuel de l’ostréiculture arcachonnaise.

Depuis une dizaine d’années, on constate de forts déficits en captage sans que l’on puisse en déterminer précisément les causes malgré les études menées par IFREMER2.

 

Crise due à la mortalité des juvéniles

Depuis les années1991, on constate en France 30 à 60% de mortalité selon les sites. Une étude « Mortalité estivale de l’huître creuse Crassostrea gigas »a été menée par IFREMER de 2001/20063.

 

Depuis 2008, les mortalités estivales ont considérablement augmenté. Ces mortalités ont été associées à la détection d’un herpès virus4. L’ensemble des bassins français sont touchés. En 2011 à Arcachon, le taux de mortalité est de 70% pour les juvéniles, et de 2% après 18 mois de captage.5. Les préconisations du défi MOREST restent lettre morte, l’éventualité d’une mutation du virus Os-HV1 µvar est avancée et des mesures radicales sont proposées.

En 2009, le comité national de la conchyliculture envisage pour 2010/2011 un plan de réensemencement, à partir d’un vaste programme de production de 3 milliards de naissains triploïdes. Devant la difficulté à produire une telle quantité de naissains, ce programme n’aboutit pas. Un nouveau programme baptisé SCORE, basé sur la sélection et l’amélioration des espèces existantes, est lancé en 2011. Ce programme interprofessionnel s’ajoute au programme privé lancé par les écloseries depuis 2009 et ne concernant que les triploïdes.

 

De son côté, le comité régional de la conchyliculture Arcachon Aquitaine lance une étude pour la création d’une écloserie. Il existe actuellement 13 écloseries privées sur le territoire.

 

 

Or le virus Os-HV1 µvar, responsable des mortalités du naissain d’huîtres, n’est pas apparu

en 2008 comme on le pensait. Cette révélation est faite par une chercheure,

Maryline HOUSSIN6. Une communication scientifique est en cours de publication dans une revue internationale et détaille tous les aspects de cette découverte.

Cette découverte remet en selle les conclusions du défi Morest :

Sortir de l’épidémie (épizootie)

  • Interdire les transferts de lots contaminés et les transferts en période à risque
  • Réduire la densité dans les poches
  • Eloigner les naissains de l’influence des classes plus âgées
  • Levée des zones d’ombre sur la fragilité possible des triploïdes depuis 2008. Moratoire sur leur usage par la profession
  • Favoriser l’implantation de cheptel diploïde

Mise en place d’une politique de prévention et gestion des risques

  • Enrayer la dégradation de l’environnement en limitant les nitrates, hydrogène sulfuré, pesticides, etc.
  • Changer les pratiques culturales intensives en constante évolution
  • Mettre en place une traçabilité des cheptels
  • Enregistrer l’évolution des pratiques culturales (observatoire conchylicole ? centre technique ?)

 

Afin d’en savoir plus, un certain nombre d’élu-e-s EELV a participé à une formation organisée par le Cédis (Centre d’Écodéveloppement et d’Initiative Sociale ) sur « Les enjeux de la crise ostréicole », le samedi 1er octobre 2011 à La Teste de Buch. Cette journée de formation était destinée à éclairer les élu-e-s écologistes du littoral sur les crises que traverse la profession ; manque de naissain, surmortalité des juvéniles, part des responsabilités déjà pointées du doigt telle la mutation ou non d’un virus, présence de pesticides, responsabilité des écloseries, changement climatique. La formation s’est articulée autour de 3 intervenants :

Jean-François SAMAIN, ex-chercheur Ifremer Bretagne et auteur du « défi-Morest » 2001 – 2006, Jean-Marie FROIDEFOND, chercheur CNRS, du laboratoire « Environnements et paléo environnements océaniques » (Epoc) Université Bordeaux 1, Maryline HOUSSIN, Chef du service recherche et développement de microbiologie  et biologie moléculaire du Laboratoire départemental Frank Docombe de Caen.

 

COMMUNIQUÉ EUROPE ECOLOGIE LES VERTS

 

Europe Écologie Les Verts s’inquiète des crises que traverse l’ostréiculture française, en particulier, le manque de captage de naissains et la mortalité des juvéniles.

Nous sommes dubitatifs du résultat des mesures annoncées ; réensemencement, programmes de sélection, construction d’écloseries. Nous regrettons qu’aucune des préconisations du « défi Morest7 » n’a été prise en compte.

 

 

L’augmentation de la productivité ne se fait pas sans risques, et les problèmes rencontrés chez les gros producteurs ne sont pas les mêmes que chez les petits.

 

Un manque flagrant de transparence

 

  • Les huitres vont poursuivre leur périple littoral. Nées dans une eau elles grossissent dans une autre et sont affinées dans le lieu de leur appellation. Quid de la traçabilité et des précautions à prendre en période de contamination ?

 

  • Les naissains triploïdes sont vendus par les écloseries sans contrôle de leur implantation. Personne ne peut dire avec précision quels sont les tonnages des triploïdes élevés, et encore moins où ils se trouvent.

 

 

Un environnement marin dégradé

 

Quant à la qualité du milieu, les sonnettes d’alarme sont épuisées ! Le travail remarquable réalisé par les schémas d’aménagement et de gestion de l’eau (Sage) n’a pas abouti à des mesures radicales mais indispensables, comme celle de limiter au maximum l’usage des pesticides et des nitrates sur les bassins versants.

 

Le développement irraisonné du motonautisme se fait au mépris de la qualité des eaux et les taux d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) atteignent ainsi, dans le Bassin d’Arcachon, la valeur guide définie par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) au moment du Prestige. Il y aurait plus de traces d’hydrocarbure dans le Bassin que nous en avons eu au moment du Prestige !

Aujourd’hui, les peintures anti-salissures sont toujours autorisées alors que des taux conséquents d’irgarol8 sont présents dans les analyses.

 

Le collecteur des eaux usées rejette au wharf de La Salie journellement des effluents, certes traités, mais contenant néanmoins des centaines de molécules différentes à des doses infinitésimales dont la somme peut être extrêmement toxique, beaucoup plus que la substance seule, véritable cocktail explosif !

 

Europe Écologie-Les Verts demande :

 

  • L’application des mesures du défi Morest

 

  • La mise en place d’une traçabilité des cheptels associée à l’interdiction des transferts de lots contaminés et des transferts en période à risques.

 

  • Le soutien à la filière traditionnelle face à une profession engagée dans la voie de la production intensive.

 

  • L’interdiction des huitres triploïdes dans les bassins naisseurs.

 

  • L’instauration d’une « Eco-conditionnalité des aides ».

 

  • La création d’un observatoire conchylicole qui enregistrerait l’évolution des pratiques culturales.

 

Le Scot préparé par le Sybarval est loin de répondre aux enjeux environnementaux nécessaires à la protection du plan d’eau. Au contraire, l’urbanisation future avec un accroissement de la population estimée à 100.000 personnes à l’horizon 2030 ne va pas sans poser un grand risque pour le maintien des activités de cultures marines. Nous pensons même qu’il y a incompatibilité.

 

Le Parc Naturel Marin, dont les orientations sont ambitieuses, parviendra-t-il à imposer les mesures salutaires ?

 

On sait déjà qu’un certain nombre de paramètres dû au changement climatique est irréversible : les températures de l’eau, les variations des précipitations modifiant la salinité, l’apparition de nouveaux pathogènes, etc. Il faudra s’adapter.

 

Mais il est encore temps d’agir sur bon nombre d’éléments liés aux activités humaines, pour le maintien d’une activité traditionnelle créatrice d’emplois, et pour des produits naturels et de qualité. Sans tarder…

 

 

 

1 Dinophysis : algue microscopique qui s’accumule par filtration de l’eau de mer dans certains coquillages. La responsabilité de Dinophysis dans certaines intoxications diarrhéiques sur le littoral atlantique a été mise en évidence en 1983, mais il est très probable que Dinophysis soit présent depuis longtemps dans certaines zones côtières françaises

2 Projet Velyger (2008-2010) : Observer, Analyser et Gérer la variabilité du recrutement de l’huître creuse en France. http://wwz.ifremer.fr/velyger/content/download/42003/571980/file/Rapport%20Final%20Velyger%20avec%20Annexes.pdf

3 Défi Morest : Édité par Jean-François Samain & Helen Mc Combie, IFREMER 2007. Cet ouvrage décrit comment l’environnement, la reproduction, le stress, la génétique, les pathogènes et la température conduisent aux mortalités estivales en France. Des recommandations sont données pour prévoir et gérer les risques.

4 Archives IFREMER Etude du virus de type herpès observé chez les huitres de RM Le Deuff – 1997

5 Observatoire conchylicole : http://wwz.ifremer.fr/observatoire_conchylicole

6 Maryline HOUSSIN Chef du service « recherche et développement de microbiologie et biologie moléculaire» du laboratoire de recherche, Frank Duncombe de Caen (Calvados)

7 le défi Morest (2001-2005) a réuni 60 spécialistes en génétique, physiologie, immunologie, pathologie, écotoxicologie, épidémiologie et écologie côtière. Les résultats obtenus permettent aujourd’hui de proposer un schéma d’interactions entre l’environnement, l’huître et des pathogènes opportunistes, qui explique une grande majorité de mortalités observées sur le terrain et celles décrites dans la littérature tant au Japon qu’aux Etats-Unis.

8 Irgarol :L’effet algicide protège les coques des bateaux mais dans les milieux où l’eau est peu renouvelée, ou dans les lacs fermés, il peut y avoir des impacts directs importants pour le phytoplancton et le périphyton dans le milieu, voire sur les macrophytes (plantes supérieures), et des impacts indirects sur l’oxygénation et le pH du milieu ainsi que sur la chaîne alimentaire dont la photosynthèse est la base. La plante aquatique réputée la plus affectée par ce polluant (Navicula pelliculosa) est sensible à des taux de moins de 100 ng/L là où une daphnie le sera à 1 mg·l-1.

 

 

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Les huîtres triploïdes https://mer-littoral.eelv.fr/les-huitres-triploides/ Mon, 14 Nov 2011 17:09:13 +0000 http://mer-littoral.eelv.fr/?p=2101 Commission Mer et Littoral de EELV – Fiche Thématique - novembre 2009   Cette fiche est issue du travail des militants d'Europe-Ecologie-Les Verts et a été validée par la Commission Mer et Littoral de EELV. Il ne s'agit néanmoins pas de la position officielle d'EELV sur le sujet. ...]]>

Commission Mer et Littoral de EELV – Fiche Thématique – novembre 2009

 

Cette fiche est issue du travail des militants d’Europe-Ecologie-Les Verts et a été validée par la Commission Mer et Littoral de EELV. Il ne s’agit néanmoins pas de la position officielle d’EELV sur le sujet.


Etat des lieux

L’huître creuse Crassostrea gigas, possède naturellement 2 lots de 10 chromosomes. Elle est diploïde comme tous les êtres vivants naturels.

L’huître triploïde est une nouvelle variété de l’huître Crassostrea gigas issue d’une manipulation chromosomique.

Le but est d’obtenir une huître stérile, donc non laiteuse dans les périodes de reproduction, commercialisable en toute saison, d’où son appellation non officielle “ Huître des 4 saisons ”.

Le but était aussi d’obtenir une huître plus poussante et plus résistante, du fait que son énergie n’est pas utilisée à la reproduction. Cependant, rien ne prouve aujourd’hui (même si tout et son contraire ont été dit et publié sur ce sujet) que les huîtres triploïdes poussent plus vite ou meurent moins que les huîtres diploïdes.

Les naissains triploïdes (3 lots de chromosomes) sont obtenus en écloserie par croisement à partir d’huîtres tétraploïdes (4 lots de chromosomes) et d’huîtres naturelles diploïdes (2 lots de chromosomes), résultats de travaux menés par IFREMER.

Les géniteurs tétraploïdes sont obtenus depuis 1997 dans les laboratoires d’IFREMER et de la SATMAR (Société Atlantique de Mariculture, écloserie privée).

Afin d’éviter tous risques de développement non contrôlés des tétraploïdes dans le milieu naturel dont les conséquences sont difficiles à estimer, la réglementation impose de garder les huîtres tétraploïdes en système de quarantaine avec stérilisation des eaux de rejet.

 

Les huîtres triploïdes échappent à la réglementation des OGM, du fait qu’elle sont issues d’une transgénèse et non pas d’une modification du patrimoine génétique.

Les textes sont clairs, l’induction polyploïde fait partie des techniques qui ne sont pas considérées comme entraînant une modification génétique. (J.O. de la C.E. 08/05/90)

Historique

L’huître triploïde est apparue aux USA il y a plus de 20 ans, en France la SATMAR propose du naissain triploïde depuis 1994. Jusqu’en 1998, la triploïdie est obtenue chimiquement à l’aide d’inducteurs chimiques comme la cytochalasine B en phase d’être interdite d’utilisation par les règlements communautaires. Durant cette période la commercialisation est restée marginale. Depuis 1999 où IFREMER a permis d’utiliser du sperme d’huître tétraploïde, de nouveaux produits apparaissent sur le marché : les Triplodocus proposés par Grainocéan et le G.T.S. (gigas triploïde SATMAR) vendus par la SATMAR.

Entre 2000 et 2001, ce sont 5.000 tonnes de triploïdes qui sont vendues. La production ne cesse de croître. En France, c’est au moins 30 à 40% de la production d’huîtres qui est désormais triploïdes (la majorité des huîtres d’écloserie en fait) même si le marché est un peu à la baisse depuis les séries de mortalités estivales.

De fait les huîtres sont de plus en plus souvent élevées et vendues en mélange diploïdes + triploïdes, ce qui ne permet plus vraiment de les distinguer sur le marché.

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Débat en cours et analyse critique

Les Verts sont inquiets de la culture et de la commercialisation d’huîtres triploïdes.

Nous pensons que la production éventuelle d’huîtres triploïdes doit faire l’objet d’un débat le plus large possible, associant à la profession ostréicole consommateurs et protecteurs de l’environnement. Les Verts soutiennent totalementles producteurs et les consommateurs dans leur réflexion contre cette nouvelle variété d’huître et demandent plus d’informations sur le plan biologique et commercial et plus de transparence dans le marché : étiquetage spécifique des huîtres triploïdes afin que le consommateur achète en connaissance de cause.

(La profession ostréicole n’a pas attendu les Verts pour avoir des débats sur ce sujet qui divise complètement la profession).

 

Nos interrogations :

– Il n’y a pas lieu d’introduire cette nouvelle espèce d’huître issue d’une manipulation chromosomique pour ne pas dire génétique ?

– Car qui peut affirmer aujourd’hui qu’il n’y a aucun risque ? N’aurions-nous pas tiré les leçons de la vache folle et du sang contaminé ? Le principe de précaution doit prévaloir car nous n’ignorons pas que ces naissains triploïdes, donc stériles, sont obtenus à partir d’une huître tétraploïde elle aussi manipulée. L’introduction par accident dans le milieu de cette huître tétraploïde risquerait de rendre stérile l’ensemble du cheptel.

– Les ostréiculteurs ne seraient-ils pas alors dépendants des écloseries, tels que sont les agriculteurs dépendants des semenciers ?

– La plupart des ostréiculteurs, en proposant jusqu’aujourd’hui un produit exclusivement naturel, ont échappé à la crise provoquée par les farines animales et les poulets à la dioxine, et le rejet des plantes transgéniques par les consommateurs. Pourquoi aller au devant de problèmes dans le seul but de conquête du marché, partant d’un produit frelaté ?

– En outre la stérilité des huîtres triploïdes n’est pas assurée à 100%. Que pourrait-il se passer lorsque l’on sait que la méiose des triploïdes donne toutes les combinaisons possibles ? Où serait le principe de précaution ?

– Ajoutons que le comportement de cette nouvelle variété face à la maladie reste encore une inconnue. A-t-on assez de recul pour affirmer un risque zéro et se lancer dans une production à grande échelle en milieu naturel ?

 

– Nous craignons que la colonisation du milieu maritime par cette espèce animale non naturelle présente un risque élevé de déstabilisation des élevages naturels. Pour mémoire, les saumons ou truites tétraploïdes – à la qualité amoindrie – sont élevés dans des bassins confinés.

 

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Position officielle des Verts sur ce sujet

Il n’y a pas de position officielle des Verts sur ce sujet.

Des groupes locaux des Verts appellent les producteurs et les consommateurs à la réflexion en refusant cette nouvelle huître tout en attendant plus d’informations et un débat ouvert.

Demander la transparence du marché avec un étiquetage spécifique semble la première des choses.

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Prise de position proposée par la commission

La commission “ Mer et littoral ” des Verts a été saisie et des “ chats ” ont eu lieu entre Verts du littoral atlantique.

Les acteurs de la société impliqués dans ce débat

Les professionnels attachés à la culture traditionnelle sont inquiets des décisions que pourrait prendre le ministère de l’agriculture suite aux discussions avec le Comité national de la conchyliculture (CNC), sous la pression de l’ONEHTOM (Organisation nationale des éleveurs d’huîtres triploïdes et de l’ostréiculture moderne) et des écloseries.

 

La position officielle des scientifiques, André Gérard, directeur de la station d’IFREMER de La-Tremblade, et le professeur M.B. Chevassus, directeur de l’AFSSA, sont favorables au développement des triploïdes.

 

La confédération paysanne est opposée et souhaite que soit “ appliqué le principe de précaution, seule procédure qui traduit une attitude de prudence ”.

Rédacteur de la fiche

Michel Daverat  

Amendé par Pierre Gildas Fleury, chercheur IFREMER (novembre 2009)

 

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Note de cadrage sur la politique maritime et littorale pour le Projet 2012 (sept. 2010) https://mer-littoral.eelv.fr/note-de-cadrage-sur-la-politique-maritime-et-littorale/ Fri, 04 Nov 2011 15:50:37 +0000 http://mer-littoral.eelv.fr/?p=2045 (Commission Mer et Littoral des Verts) 12 septembre 2010       La France est un pays peu tourné vers la mer malgré la longueur de ses côtes et l'étendue de sa Zone Économique Exclusive (la deuxième au monde). Pourtant, dans un contexte de pressions croissantes (densification des populations et des activités sur le littoral et la mer côtière) et de bouleversements climatiques (élévation du niveau de la mer), de nombreux enjeux s'y concentrent : milieux fragiles et à forte biodiversité, exploitation de ressources halieutiques en sursis, trafic maritime intense et parfois dangereux, pollutions marines ou côtières, tendance à la ségrégation sociale entre le littoral et l’arrière-pays… ...]]>


(Commission Mer et Littoral des Verts)

12 septembre 2010

 

 

 

La France est un pays peu tourné vers la mer malgré la longueur de ses côtes et l’étendue de sa Zone Économique Exclusive (la deuxième au monde). Pourtant, dans un contexte de pressions croissantes (densification des populations et des activités sur le littoral et la mer côtière) et de bouleversements climatiques (élévation du niveau de la mer), de nombreux enjeux s’y concentrent : milieux fragiles et à forte biodiversité, exploitation de ressources halieutiques en sursis, trafic maritime intense et parfois dangereux, pollutions marines ou côtières, tendance à la ségrégation sociale entre le littoral et l’arrière-pays…

 

Le développement durable de ces espaces côtiers et marins, qui passe par la protection des écosystèmes, la cohabitation et la pérennité des activités économiques et le maintien de la cohésion sociale, doit être un axe majeur de la campagne des écologistes pour les élections de 2012, alors que la législation en la matière pourrait évoluer à cette période avec les conclusions du Grenelle de la Mer.

 

Si la majorité des propositions sur cette thématique concerne le chantier 1 (réduction de l’empreinte écologique), les autres chantiers sont également abordés.

 

 

 

 

Chantier 1 : Réduction de l’empreinte écologique

 

Afin de réduire l’empreinte écologique, particulièrement prégnante sur le littoral, plusieurs chantiers pourraient être ouverts.

 

Depuis de nombreuses années déjà, le développement massif d’algues vertes, en particulier en Bretagne, fait l’actualité. Si l’apport de nitrates, en grande partie d’origine agricole, en est la cause, d’autres pollutions menacent la qualité des eaux côtières. Des mesures spécifiques doivent être prises pour lutter contre les pollutions terrestres (agriculture productiviste, emploi de phytotoxiques par les collectivités et jardiniers amateurs, manque de stations d’épuration…) ou celles liées à l’activité portuaire (généralisation des installations de traitements des eaux noires et grises, interdiction stricte des rejets pollués en mer…). Il en va de la conservation de la biodiversité marine et côtière et de la survie de l’ostréiculture.

Le virus touchant actuellement les naissains d’huîtres, et qui reste à ce jour d’origine inconnu, montre la fragilité de ce type d’activité. Il conviendra de favoriser la production de juvéniles au bénéfice du repeuplement ou de l’aménagement des zones de pêche. Le principe de précaution doit être appliqué pour les huîtres triploïdes, issues d’une manipulation chromosomique, avec a minima une transparence sur les recherches menées, la production et la commercialisation de ces bivalves qui pourraient coloniser les élevages naturels et le milieu maritime.

 

L’avènement d’une pêche durable passe par le maintien des pêcheurs artisans et de la petite pêche tout en préservant la biodiversité halieutique. Pour cela, différentes mesures peuvent être prises afin de limiter le pillage des océans, notamment dans les pays du Sud, de favoriser la diversification des revenues pour les pêcheurs, l’amélioration de la sélectivité des engins de pêche et les économies d’énergie, la sécurité en mer, les circuits courts de commercialisation, la traçabilité et l’étiquetage des produits de la pêche, l’éducation du public à une consommation halieutique plus éco-responsable…

 

L’une des voies possibles pour limiter le développement du fret routier et son impact environnemental, outre le ferroviaire, est de promouvoir le cabotage par la mise en place « d’autoroutes de la mer ». Même si le terme n’est pas heureux, il permettrait de rentabiliser le transport maritime, en particulier en Outremer. Le développement soutenu du cabotage dans les ports secondaires permettrait également d’y créer activités économiques et emplois.

 

En matière d’aménagement du territoire, les littoraux doivent faire face à l’étalement urbain et à la pression foncière qui entraînent l’artificialisation du trait de côte, des problèmes de mixité sociale (populations moins aisées reléguées loin à l’intérieur des terres), la détérioration des écosystèmes littoraux et des patrimoines naturels et culturels littoraux. La loi « littoral », souvent bafouée par le mitage des paysages côtiers, doit être respectée à la lettre, quitte à entraîner la destruction de bâtiments illégalement construits. Les outils de planification territoriale (schémas régionaux d’aménagement, SCoT…) doivent servir à limiter l’urbanisation et l’artificialisation sur le littoral (habitat, zones commerciales, aménagements de plage, infrastructures censées limiter l’érosion côtières, souvent inutiles et coûteuses) en préservant les espaces naturels et agricoles et en favorisant la densification des bourgs, en particulier rétro-littoraux. Ces documents doivent également prendre en compte les risques d’érosion côtière et de submersion marine et faciliter la généralisation des Schémas de Prévention des Risques dans les communes littorales. Le Conservatoire du littoral doit avoir les moyens de son ambition (tiers sauvage) et les autres espaces protégés doivent être développés (PNR, AMP, trames bleues…). Certains écosystèmes dégradés nécessiteront une restauration rapide, en particulier en milieu récifal.

Le tourisme littoral est surtout synonyme de pression sur le milieu et de « bétonnage des côtes ». La politique du tout-tourisme est à proscrire (arrêt de la construction de nouveaux ports de plaisance) et de nouvelles pratiques à développer et à accompagner. La navigation collective (co-propriété ou co-location, systèmes de location pour tous, écoles de voile…) est ainsi à développer, tout comme l’éconavigation. Les structures d’hébergements accueillant les catégories sociales les plus défavorisées ou les saisonniers (campings encadrés et centres de vacances pour enfants), qui dans de nombreux secteurs sont en voie de disparition, devront être aidés en priorité. Une capacité d’accueil des villes côtières, et particulièrement des stations balnéaires, pourra néanmoins être définie pour limiter l’empreinte écologique du tourisme de masse dans certains secteurs.

Chantier 2 : Economie

 

Dans les régions littorales, alors que nombreuses villes portuaires sont particulièrement touchées par la crise, la conversion écologique de l’économie passe notamment par le développement des énergies marines renouvelables. Ce secteur économique, si spécifique, n’en est aujourd’hui qu’à ses balbutiements en France. Pourtant tous les experts s’accordent pour montrer le potentiel en termes de capacité énergétique et d’emploi. Or en la matière, il n’existe aucune réelle planification nationale et les investissements sont limités. Dans plusieurs pays européens, une filière industrielle innovante et à forte valeur ajoutée est en train de se créer ; la France, comme autrefois avec l’éolien et le solaire, est à la traine…

 

D’autres secteurs économiques peuvent participer à la mutation écologique nécessaire. Ainsi, la filière de la construction navale, moribonde à l’exception des chantiers de St-Nazaire, pourrait progressivement se reconvertir vers la destruction et le recyclage d’ancien bateaux, là où les infrastructures portuaires sont adaptées (Bordeaux, Brest…). L’éco-conception de navires est également un secteur d’avenir.

 

Ces nouvelles activités, comme les filières plus anciennes, doivent pouvoir cohabiter sur le littoral et dans la mer côtière. Pour limiter les conflits d’usage, une démarche de Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC) doit systématiquement être mise en place en privilégiant la concertation entre les différents acteurs (professionnels, habitants, collectivités locales).

 

 

Chantier 3 : Vivre-ensemble

 

Sur le littoral, le « vivre-ensemble » est souvent difficile en raison d’une balnéarisation des communes côtières (développement des résidences secondaires et des hébergements pour touristes) qui chasse progressivement les populations les plus jeunes et modestes. L’accès au logement n’est plus possible et ces personnes, travaillant pourtant sur la côte, sont obligés de s’installer loin à l’intérieur des terres, entraînant des problèmes de transport et la multiplication des infrastructures routières.

 

Afin de limiter ce phénomène récurent sur l’ensemble des côtes françaises, il conviendrait, au-delà du simple respect de la loi SRU par les communes, de prendre plus systématiquement en compte cette évolution dans les documents prospectifs et de définir une stratégie par bassin de vie (densification de l’habitat, développement des pôles urbains rétro-littoraux…). Des Etablissements Publics Fonciers pourront être créés pour limiter la spéculation foncière en mutualisant les moyens financiers des collectivités locales pour l’acquisition de terrains et la construction de logements sociaux et pour préserver des héritages maritimes bâtis menacés. Ce patrimoine spécifique, bâti comme immatériel, support de l’identité des régions littorales, doit en effet être mis en valeur et protégé afin de le transmettre aux générations futures.

 

 

Chantier 5 : Transnational

 

Au niveau international, la France a un grand rôle à jouer pour impulser des avancées majeures dans le droit international de la mer :

reconnaissance du préjudice écologique (marées noires), modification des normes de sécurité maritime (double-coque….), des normes sociales, préservation de la biodiversité des espaces maritimes (en lien avec l’exploitation des ressources minières sous-marines), lutte contre les pavillons de complaisance….

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