aquaculture – Le site de la commission mer et littoral https://mer-littoral.eelv.fr Tous les textes et l'actualité de la commission mer et littoral EELV Tue, 06 Mar 2018 13:21:49 +0100 fr-FR hourly 1 Synthèse de la journée de formation sur les « enjeux de la crise ostréicole », le 1er octobre sur le Bassin d’Arcachon https://mer-littoral.eelv.fr/synthese-de-la-journee-de-formation-sur-les-enjeux-de-la-crise-ostreicole-le-1er-novembre-a-la-test/ Sun, 20 Nov 2011 05:38:10 +0000 http://mer-littoral.eelv.fr/?p=2319 Synthèse « La crise de l’ostréiculture »   L’ostréiculture arcachonnaise traverse depuis 10 ans une crise économique grave. ...]]>

Synthèse « La crise de l’ostréiculture »

 

L’ostréiculture arcachonnaise traverse depuis 10 ans une crise économique grave.

 

Crise sanitaire

Les développements de Dinophysis sont fréquents sur le littoral français. Son apparition dans les eaux côtières est généralement observée au printemps ou en été1. Pour garantir la sécurité sanitaire des consommateurs les huîtres sont soumises à des tests. Depuis le 1er janvier 2010, l’abandon du bio-test sur les souris et son remplacement par un test chimique est un grand soulagement pour les ostréiculteurs, trop souvent confrontés à des interdictions de commercialisation, alors qu’il n’y avait pas de problème de toxicité.

S’il représente une avancée, le test chimique ne résoudra pas le problème de la présence de toxines non identifiées. Cette crise a provoqué la disparition de 50 entreprises.

 

Crise du captage du naissain

Le Bassin d’Arcachon est un milieu particulièrement propice à la reproduction de l’huître creuse japonaise. On estime que 60 à 70 % des huîtres creuses commercialisées en France sont natives du Bassin d’Arcachon, la vente de naissains constituant 25 % du chiffre d’affaires annuel de l’ostréiculture arcachonnaise.

Depuis une dizaine d’années, on constate de forts déficits en captage sans que l’on puisse en déterminer précisément les causes malgré les études menées par IFREMER2.

 

Crise due à la mortalité des juvéniles

Depuis les années1991, on constate en France 30 à 60% de mortalité selon les sites. Une étude « Mortalité estivale de l’huître creuse Crassostrea gigas »a été menée par IFREMER de 2001/20063.

 

Depuis 2008, les mortalités estivales ont considérablement augmenté. Ces mortalités ont été associées à la détection d’un herpès virus4. L’ensemble des bassins français sont touchés. En 2011 à Arcachon, le taux de mortalité est de 70% pour les juvéniles, et de 2% après 18 mois de captage.5. Les préconisations du défi MOREST restent lettre morte, l’éventualité d’une mutation du virus Os-HV1 µvar est avancée et des mesures radicales sont proposées.

En 2009, le comité national de la conchyliculture envisage pour 2010/2011 un plan de réensemencement, à partir d’un vaste programme de production de 3 milliards de naissains triploïdes. Devant la difficulté à produire une telle quantité de naissains, ce programme n’aboutit pas. Un nouveau programme baptisé SCORE, basé sur la sélection et l’amélioration des espèces existantes, est lancé en 2011. Ce programme interprofessionnel s’ajoute au programme privé lancé par les écloseries depuis 2009 et ne concernant que les triploïdes.

 

De son côté, le comité régional de la conchyliculture Arcachon Aquitaine lance une étude pour la création d’une écloserie. Il existe actuellement 13 écloseries privées sur le territoire.

 

 

Or le virus Os-HV1 µvar, responsable des mortalités du naissain d’huîtres, n’est pas apparu

en 2008 comme on le pensait. Cette révélation est faite par une chercheure,

Maryline HOUSSIN6. Une communication scientifique est en cours de publication dans une revue internationale et détaille tous les aspects de cette découverte.

Cette découverte remet en selle les conclusions du défi Morest :

Sortir de l’épidémie (épizootie)

  • Interdire les transferts de lots contaminés et les transferts en période à risque
  • Réduire la densité dans les poches
  • Eloigner les naissains de l’influence des classes plus âgées
  • Levée des zones d’ombre sur la fragilité possible des triploïdes depuis 2008. Moratoire sur leur usage par la profession
  • Favoriser l’implantation de cheptel diploïde

Mise en place d’une politique de prévention et gestion des risques

  • Enrayer la dégradation de l’environnement en limitant les nitrates, hydrogène sulfuré, pesticides, etc.
  • Changer les pratiques culturales intensives en constante évolution
  • Mettre en place une traçabilité des cheptels
  • Enregistrer l’évolution des pratiques culturales (observatoire conchylicole ? centre technique ?)

 

Afin d’en savoir plus, un certain nombre d’élu-e-s EELV a participé à une formation organisée par le Cédis (Centre d’Écodéveloppement et d’Initiative Sociale ) sur « Les enjeux de la crise ostréicole », le samedi 1er octobre 2011 à La Teste de Buch. Cette journée de formation était destinée à éclairer les élu-e-s écologistes du littoral sur les crises que traverse la profession ; manque de naissain, surmortalité des juvéniles, part des responsabilités déjà pointées du doigt telle la mutation ou non d’un virus, présence de pesticides, responsabilité des écloseries, changement climatique. La formation s’est articulée autour de 3 intervenants :

Jean-François SAMAIN, ex-chercheur Ifremer Bretagne et auteur du « défi-Morest » 2001 – 2006, Jean-Marie FROIDEFOND, chercheur CNRS, du laboratoire « Environnements et paléo environnements océaniques » (Epoc) Université Bordeaux 1, Maryline HOUSSIN, Chef du service recherche et développement de microbiologie  et biologie moléculaire du Laboratoire départemental Frank Docombe de Caen.

 

COMMUNIQUÉ EUROPE ECOLOGIE LES VERTS

 

Europe Écologie Les Verts s’inquiète des crises que traverse l’ostréiculture française, en particulier, le manque de captage de naissains et la mortalité des juvéniles.

Nous sommes dubitatifs du résultat des mesures annoncées ; réensemencement, programmes de sélection, construction d’écloseries. Nous regrettons qu’aucune des préconisations du « défi Morest7 » n’a été prise en compte.

 

 

L’augmentation de la productivité ne se fait pas sans risques, et les problèmes rencontrés chez les gros producteurs ne sont pas les mêmes que chez les petits.

 

Un manque flagrant de transparence

 

  • Les huitres vont poursuivre leur périple littoral. Nées dans une eau elles grossissent dans une autre et sont affinées dans le lieu de leur appellation. Quid de la traçabilité et des précautions à prendre en période de contamination ?

 

  • Les naissains triploïdes sont vendus par les écloseries sans contrôle de leur implantation. Personne ne peut dire avec précision quels sont les tonnages des triploïdes élevés, et encore moins où ils se trouvent.

 

 

Un environnement marin dégradé

 

Quant à la qualité du milieu, les sonnettes d’alarme sont épuisées ! Le travail remarquable réalisé par les schémas d’aménagement et de gestion de l’eau (Sage) n’a pas abouti à des mesures radicales mais indispensables, comme celle de limiter au maximum l’usage des pesticides et des nitrates sur les bassins versants.

 

Le développement irraisonné du motonautisme se fait au mépris de la qualité des eaux et les taux d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) atteignent ainsi, dans le Bassin d’Arcachon, la valeur guide définie par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) au moment du Prestige. Il y aurait plus de traces d’hydrocarbure dans le Bassin que nous en avons eu au moment du Prestige !

Aujourd’hui, les peintures anti-salissures sont toujours autorisées alors que des taux conséquents d’irgarol8 sont présents dans les analyses.

 

Le collecteur des eaux usées rejette au wharf de La Salie journellement des effluents, certes traités, mais contenant néanmoins des centaines de molécules différentes à des doses infinitésimales dont la somme peut être extrêmement toxique, beaucoup plus que la substance seule, véritable cocktail explosif !

 

Europe Écologie-Les Verts demande :

 

  • L’application des mesures du défi Morest

 

  • La mise en place d’une traçabilité des cheptels associée à l’interdiction des transferts de lots contaminés et des transferts en période à risques.

 

  • Le soutien à la filière traditionnelle face à une profession engagée dans la voie de la production intensive.

 

  • L’interdiction des huitres triploïdes dans les bassins naisseurs.

 

  • L’instauration d’une « Eco-conditionnalité des aides ».

 

  • La création d’un observatoire conchylicole qui enregistrerait l’évolution des pratiques culturales.

 

Le Scot préparé par le Sybarval est loin de répondre aux enjeux environnementaux nécessaires à la protection du plan d’eau. Au contraire, l’urbanisation future avec un accroissement de la population estimée à 100.000 personnes à l’horizon 2030 ne va pas sans poser un grand risque pour le maintien des activités de cultures marines. Nous pensons même qu’il y a incompatibilité.

 

Le Parc Naturel Marin, dont les orientations sont ambitieuses, parviendra-t-il à imposer les mesures salutaires ?

 

On sait déjà qu’un certain nombre de paramètres dû au changement climatique est irréversible : les températures de l’eau, les variations des précipitations modifiant la salinité, l’apparition de nouveaux pathogènes, etc. Il faudra s’adapter.

 

Mais il est encore temps d’agir sur bon nombre d’éléments liés aux activités humaines, pour le maintien d’une activité traditionnelle créatrice d’emplois, et pour des produits naturels et de qualité. Sans tarder…

 

 

 

1 Dinophysis : algue microscopique qui s’accumule par filtration de l’eau de mer dans certains coquillages. La responsabilité de Dinophysis dans certaines intoxications diarrhéiques sur le littoral atlantique a été mise en évidence en 1983, mais il est très probable que Dinophysis soit présent depuis longtemps dans certaines zones côtières françaises

2 Projet Velyger (2008-2010) : Observer, Analyser et Gérer la variabilité du recrutement de l’huître creuse en France. http://wwz.ifremer.fr/velyger/content/download/42003/571980/file/Rapport%20Final%20Velyger%20avec%20Annexes.pdf

3 Défi Morest : Édité par Jean-François Samain & Helen Mc Combie, IFREMER 2007. Cet ouvrage décrit comment l’environnement, la reproduction, le stress, la génétique, les pathogènes et la température conduisent aux mortalités estivales en France. Des recommandations sont données pour prévoir et gérer les risques.

4 Archives IFREMER Etude du virus de type herpès observé chez les huitres de RM Le Deuff – 1997

5 Observatoire conchylicole : http://wwz.ifremer.fr/observatoire_conchylicole

6 Maryline HOUSSIN Chef du service « recherche et développement de microbiologie et biologie moléculaire» du laboratoire de recherche, Frank Duncombe de Caen (Calvados)

7 le défi Morest (2001-2005) a réuni 60 spécialistes en génétique, physiologie, immunologie, pathologie, écotoxicologie, épidémiologie et écologie côtière. Les résultats obtenus permettent aujourd’hui de proposer un schéma d’interactions entre l’environnement, l’huître et des pathogènes opportunistes, qui explique une grande majorité de mortalités observées sur le terrain et celles décrites dans la littérature tant au Japon qu’aux Etats-Unis.

8 Irgarol :L’effet algicide protège les coques des bateaux mais dans les milieux où l’eau est peu renouvelée, ou dans les lacs fermés, il peut y avoir des impacts directs importants pour le phytoplancton et le périphyton dans le milieu, voire sur les macrophytes (plantes supérieures), et des impacts indirects sur l’oxygénation et le pH du milieu ainsi que sur la chaîne alimentaire dont la photosynthèse est la base. La plante aquatique réputée la plus affectée par ce polluant (Navicula pelliculosa) est sensible à des taux de moins de 100 ng/L là où une daphnie le sera à 1 mg·l-1.

 

 

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Note préparatoire pour le Projet 2012 Mer – Littoral (mai 2011) https://mer-littoral.eelv.fr/note-preparatoire-pour-le-projet-2012-mer-littoral-mai-2011/ Sun, 20 Nov 2011 00:15:33 +0000 http://mer-littoral.eelv.fr/?p=2280 Note préparatoire pour le Projet 2012 Mer - Littoral     Commission Mer et Littoral Europe Ecologie - Les Verts ...]]>

Note préparatoire pour le Projet 2012 Mer – Littoral

 

 

Commission Mer et Littoral Europe Ecologie – Les Verts

15 mai 2011

 

 

La France est un pays peu tourné vers la mer malgré la longueur de ses côtes et l’étendue de sa Zone Économique Exclusive (la deuxième au monde). Pourtant, dans un contexte de pressions croissantes (densification des populations et des activités sur le littoral et la mer côtière) et de bouleversements climatiques (élévation du niveau de la mer), de nombreux enjeux s’y concentrent : milieux fragiles et à forte biodiversité, exploitation de ressources halieutiques en sursis, trafic maritime intense et parfois dangereux, pollutions marines ou côtières, tendance à la ségrégation sociale entre le littoral et l’arrière-pays…

 

Le développement soutenable de ces espaces côtiers et marins, qui passe par la protection et la restauration des écosystèmes, la cohabitation et la pérennité des activités économiques et le maintien de la cohésion sociale, doit être un axe majeur de la campagne des écologistes pour les élections de 2012, alors que la législation en la matière devrait évoluer à cette période avec les traductions politiques attendues du Grenelle de la Mer.

 

 

Analyse de la situation actuelle :

 

Aujourd’hui, la mise en œuvre d’une politique ambitieuse de développement durable de la mer et du littoral est plus que jamais nécessaire, compte tenu des diverses atteintes que ce milieu subit de façon croissante depuis une cinquantaine d’années (marées noires, algues vertes, dégradation de la qualité des eaux côtières, étalement urbain, artificialisation du littoral…). La thématique marine et son extension littorale sont trop souvent vues comme des variables d’ajustement. En témoigne l’apparition puis la disparition du terme « mer » dans l’intitulé à géométrie variable du ministère de l’écologie en fonction des remaniements ministériels. Cela fait près de 30 ans qu’il n’existe plus de Secrétariat d’État à la Mer. Les écologistes demandent de longue date la création d’un ministère de la mer et des activités littorales, seul à même selon nous de traiter ces questions à la fois spécifiques et transversales, dans leur globalité (pêche, cultures marines, transport maritime, sécurité maritimes, lutte contre les pavillons de complaisance, énergies marines renouvelables, préservation de la biodiversité marine et littorale, gestion intégrée des zones côtières…). Ces thématiques sont malheureusement souvent perçues à Paris comme des sujets annexes, alors qu’ils sont au cœur des préoccupations des habitants des régions côtières, où se masse plus de 10 % de la population française. Seule une politique volontariste et intégrée, conduite sous une autorité politique et administrative cohérente, est susceptible de répondre à l’ambition que nous devons tous avoir pour un milieu si fragile et convoité.

 

En 2009, le Grenelle de la Mer a soulevé d’énormes espoirs chez les associations, les usagers et les professionnels de la mer. Malheureusement, à l’instar du Grenelle de l’Environnement, cette grande concertation, dans laquelle de nombreuses propositions intéressantes ont été émises et acceptées par consensus par les différents partenaires, s’avère être déjà, si ce n’est un échec, au moins une sérieuse désillusion. Les conclusions des comités opérationnels ont été rendus l’an passé et depuis rien, ou si peu… Au final, quelques mesures phares seront retenues, mais quel gâchis par rapport à la masse de travail accumulée, dans laquelle les élu-e-s et militant-e-s écologistes ont pris leur part.

 

A l’heure où une triple crise, écologique, sociale et économique, s’installe durablement dans le paysage, où des bouleversements sont à prévoir sur la frange littorale avec l’élévation du niveau marin, l’accentuation des phénomènes météorologiques et l’érosion généralisée des côtes, où l’environnement marin et littoral continue à subir de nombreuses agressions, où l’activité de pêche doit faire face à une nécessaire mutation pour espérer se maintenir et préserver la biodiversité marine, où de plus en plus de marins étrangers sont abandonnés par leurs armateurs dans des ports français dans l’indifférence générale, il est pourtant grand temps d’agir ! Pour cette raison, la commission Mer et Littoral d’Europe Ecologie – Les Verts souhaite que 4 thèmes forts soient portés durant la campagne par les candidat-e-s écologistes aux élections de 2012 et les militant-e-s.

 

 

Les quatre propositions phares pour 2012 :

 

L’avènement d’une pêche soutenable

La politique des pêches actuelle ne répond pas aux besoins de préservation de la ressource et de maintien de l’activité de pêche à moyen terme. Une pêche durable, soucieuse des générations futures et fixant les populations côtières qui y sont liées, est pourtant possible. Pour cela, différentes mesures doivent être prises rapidement afin de stopper le pillage des océans, notamment dans les pays du Sud, avec en particulier l’amélioration de la sélectivité des engins de pêche, pour lesquels il faudra par ailleurs faire des économies d’énergie. Le développement des circuits courts de commercialisation et le perfectionnement de la traçabilité et de l’étiquetage des produits de la pêche, tout comme l’éducation du public à une consommation halieutique plus éco-responsable, sont également à encourager. Promouvoir la diversification des revenus pour les pêcheurs est enfin indispensable afin de maintenir la pêche artisanale et la petite pêche côtière.

Une réforme de la Politique Commune de la Pêche est attendue en 2012. Après des années d’errements, où la politique communautaire n’a jamais permis de mettre fin à la surexploitation de certaines espèces, le Livre Vert de l’UE, sorti récemment, qui promeut une approche plus écosystémique et décentralisée, permet d’espérer dans l’avenir une meilleure gestion des ressources halieutiques. Il est néanmoins important que les écologistes se mobilisent pour qu’une politique de privatisation des ressources halieutiques à travers les Quotas Individuels Transférables ne se mette pas en place au niveau européen. En cette année décisive, les écologistes français devront, avec leurs eurodéputé-e-s, se battre pour que leurs propositions soient adoptées.

 

Le développement des énergies marines renouvelables

Si les économies d’énergie doivent demeurer l’enjeu prioritaire de toute politique énergétique, la promotion des énergies renouvelables, en particulier celles extraites du milieu marin, est nécessaire. Ce secteur économique prometteur n’en est aujourd’hui qu’à ses balbutiements en France. Pourtant tous les experts s’accordent pour montrer le potentiel en termes de capacité énergétique et d’emploi. Or en la matière, il n’existe aucune réelle planification nationale et les investissements de l’Etat sont limités alors que de grands groupes d’investisseurs privés s’emparent de ce marché. Dans plusieurs pays européens, une filière industrielle innovante et à forte valeur ajoutée est en train de se créer ; la France, comme autrefois avec l’éolien et le solaire, est à la traine… Un soutien important à la recherche et au développement de ces nouvelles techniques est indispensable. La promotion de ces énergies du futur devra mettre en avant la nécessaire intégration environnementale de tels projets et le souci de la concertation avec les acteurs locaux.

 

La sortie de crise de l’ostréiculture

On assiste depuis trois ans à une surmortalité sans précédent des jeunes huîtres (naissains) associées à un virus, compromettant durablement la situation économique des ostréiculteurs. Dans le même temps, la qualité des eaux côtières ne cesse de se dégrader et des écloseries, de plus en plus nombreuses, exploitent une huître stérile (triploïde), manipulée chromosomiquement, dont on ignore encore les conséquences sur le milieu naturel et la filière ostréicole. Le principe de précaution doit être appliqué pour cette espèce et une plus grande transparence sur sa production et sa commercialisation, ainsi que sur les recherches menées est nécessaire. Des actions doivent être également menées pour limiter les risques de pollution du milieu littoral, tout en favorisant la production de juvéniles pour le repeuplement des zones de pêche.

 

Un littoral préservé

Les littoraux doivent faire face à l’étalement urbain et à la pression foncière qui entraînent l’artificialisation du trait de côte, des problèmes de mixité sociale, la détérioration des écosystèmes littoraux et des patrimoines naturels et culturels littoraux. La loi « littoral », souvent bafouée par le mitage des paysages côtiers, doit être respectée à la lettre, quitte à entraîner la destruction de bâtiments illégalement construits. Il en va de même pour certaines infrastructures bâties sur des terrains soumis à de forts risques d’érosion ou d’inondation. Les outils de planification territoriale doivent servir à limiter l’urbanisation et l’artificialisation sur le littoral en préservant les espaces naturels et agricoles, en favorisant la densification des bourgs et en anticipant sur l’intensification à prévoir des risques d’érosion côtière et de submersion marine.

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Les huîtres triploïdes https://mer-littoral.eelv.fr/les-huitres-triploides/ Mon, 14 Nov 2011 17:09:13 +0000 http://mer-littoral.eelv.fr/?p=2101 Commission Mer et Littoral de EELV – Fiche Thématique - novembre 2009   Cette fiche est issue du travail des militants d'Europe-Ecologie-Les Verts et a été validée par la Commission Mer et Littoral de EELV. Il ne s'agit néanmoins pas de la position officielle d'EELV sur le sujet. ...]]>

Commission Mer et Littoral de EELV – Fiche Thématique – novembre 2009

 

Cette fiche est issue du travail des militants d’Europe-Ecologie-Les Verts et a été validée par la Commission Mer et Littoral de EELV. Il ne s’agit néanmoins pas de la position officielle d’EELV sur le sujet.


Etat des lieux

L’huître creuse Crassostrea gigas, possède naturellement 2 lots de 10 chromosomes. Elle est diploïde comme tous les êtres vivants naturels.

L’huître triploïde est une nouvelle variété de l’huître Crassostrea gigas issue d’une manipulation chromosomique.

Le but est d’obtenir une huître stérile, donc non laiteuse dans les périodes de reproduction, commercialisable en toute saison, d’où son appellation non officielle “ Huître des 4 saisons ”.

Le but était aussi d’obtenir une huître plus poussante et plus résistante, du fait que son énergie n’est pas utilisée à la reproduction. Cependant, rien ne prouve aujourd’hui (même si tout et son contraire ont été dit et publié sur ce sujet) que les huîtres triploïdes poussent plus vite ou meurent moins que les huîtres diploïdes.

Les naissains triploïdes (3 lots de chromosomes) sont obtenus en écloserie par croisement à partir d’huîtres tétraploïdes (4 lots de chromosomes) et d’huîtres naturelles diploïdes (2 lots de chromosomes), résultats de travaux menés par IFREMER.

Les géniteurs tétraploïdes sont obtenus depuis 1997 dans les laboratoires d’IFREMER et de la SATMAR (Société Atlantique de Mariculture, écloserie privée).

Afin d’éviter tous risques de développement non contrôlés des tétraploïdes dans le milieu naturel dont les conséquences sont difficiles à estimer, la réglementation impose de garder les huîtres tétraploïdes en système de quarantaine avec stérilisation des eaux de rejet.

 

Les huîtres triploïdes échappent à la réglementation des OGM, du fait qu’elle sont issues d’une transgénèse et non pas d’une modification du patrimoine génétique.

Les textes sont clairs, l’induction polyploïde fait partie des techniques qui ne sont pas considérées comme entraînant une modification génétique. (J.O. de la C.E. 08/05/90)

Historique

L’huître triploïde est apparue aux USA il y a plus de 20 ans, en France la SATMAR propose du naissain triploïde depuis 1994. Jusqu’en 1998, la triploïdie est obtenue chimiquement à l’aide d’inducteurs chimiques comme la cytochalasine B en phase d’être interdite d’utilisation par les règlements communautaires. Durant cette période la commercialisation est restée marginale. Depuis 1999 où IFREMER a permis d’utiliser du sperme d’huître tétraploïde, de nouveaux produits apparaissent sur le marché : les Triplodocus proposés par Grainocéan et le G.T.S. (gigas triploïde SATMAR) vendus par la SATMAR.

Entre 2000 et 2001, ce sont 5.000 tonnes de triploïdes qui sont vendues. La production ne cesse de croître. En France, c’est au moins 30 à 40% de la production d’huîtres qui est désormais triploïdes (la majorité des huîtres d’écloserie en fait) même si le marché est un peu à la baisse depuis les séries de mortalités estivales.

De fait les huîtres sont de plus en plus souvent élevées et vendues en mélange diploïdes + triploïdes, ce qui ne permet plus vraiment de les distinguer sur le marché.

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Débat en cours et analyse critique

Les Verts sont inquiets de la culture et de la commercialisation d’huîtres triploïdes.

Nous pensons que la production éventuelle d’huîtres triploïdes doit faire l’objet d’un débat le plus large possible, associant à la profession ostréicole consommateurs et protecteurs de l’environnement. Les Verts soutiennent totalementles producteurs et les consommateurs dans leur réflexion contre cette nouvelle variété d’huître et demandent plus d’informations sur le plan biologique et commercial et plus de transparence dans le marché : étiquetage spécifique des huîtres triploïdes afin que le consommateur achète en connaissance de cause.

(La profession ostréicole n’a pas attendu les Verts pour avoir des débats sur ce sujet qui divise complètement la profession).

 

Nos interrogations :

– Il n’y a pas lieu d’introduire cette nouvelle espèce d’huître issue d’une manipulation chromosomique pour ne pas dire génétique ?

– Car qui peut affirmer aujourd’hui qu’il n’y a aucun risque ? N’aurions-nous pas tiré les leçons de la vache folle et du sang contaminé ? Le principe de précaution doit prévaloir car nous n’ignorons pas que ces naissains triploïdes, donc stériles, sont obtenus à partir d’une huître tétraploïde elle aussi manipulée. L’introduction par accident dans le milieu de cette huître tétraploïde risquerait de rendre stérile l’ensemble du cheptel.

– Les ostréiculteurs ne seraient-ils pas alors dépendants des écloseries, tels que sont les agriculteurs dépendants des semenciers ?

– La plupart des ostréiculteurs, en proposant jusqu’aujourd’hui un produit exclusivement naturel, ont échappé à la crise provoquée par les farines animales et les poulets à la dioxine, et le rejet des plantes transgéniques par les consommateurs. Pourquoi aller au devant de problèmes dans le seul but de conquête du marché, partant d’un produit frelaté ?

– En outre la stérilité des huîtres triploïdes n’est pas assurée à 100%. Que pourrait-il se passer lorsque l’on sait que la méiose des triploïdes donne toutes les combinaisons possibles ? Où serait le principe de précaution ?

– Ajoutons que le comportement de cette nouvelle variété face à la maladie reste encore une inconnue. A-t-on assez de recul pour affirmer un risque zéro et se lancer dans une production à grande échelle en milieu naturel ?

 

– Nous craignons que la colonisation du milieu maritime par cette espèce animale non naturelle présente un risque élevé de déstabilisation des élevages naturels. Pour mémoire, les saumons ou truites tétraploïdes – à la qualité amoindrie – sont élevés dans des bassins confinés.

 

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Position officielle des Verts sur ce sujet

Il n’y a pas de position officielle des Verts sur ce sujet.

Des groupes locaux des Verts appellent les producteurs et les consommateurs à la réflexion en refusant cette nouvelle huître tout en attendant plus d’informations et un débat ouvert.

Demander la transparence du marché avec un étiquetage spécifique semble la première des choses.

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Prise de position proposée par la commission

La commission “ Mer et littoral ” des Verts a été saisie et des “ chats ” ont eu lieu entre Verts du littoral atlantique.

Les acteurs de la société impliqués dans ce débat

Les professionnels attachés à la culture traditionnelle sont inquiets des décisions que pourrait prendre le ministère de l’agriculture suite aux discussions avec le Comité national de la conchyliculture (CNC), sous la pression de l’ONEHTOM (Organisation nationale des éleveurs d’huîtres triploïdes et de l’ostréiculture moderne) et des écloseries.

 

La position officielle des scientifiques, André Gérard, directeur de la station d’IFREMER de La-Tremblade, et le professeur M.B. Chevassus, directeur de l’AFSSA, sont favorables au développement des triploïdes.

 

La confédération paysanne est opposée et souhaite que soit “ appliqué le principe de précaution, seule procédure qui traduit une attitude de prudence ”.

Rédacteur de la fiche

Michel Daverat  

Amendé par Pierre Gildas Fleury, chercheur IFREMER (novembre 2009)

 

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