Sommet de Durban : le climat n’attend pas

La conférence des Nations unies sur les changements climatiques de Durban vient de débuter. Après les résultats décevants de Copenhague, les pays réunis à Cancún ont pris des mesures insuffisantes pour lutter contre le changement climatique. Cette année, la communauté internationale doit trouver la voie vers un accord mondial pour 2015 au plus tard… Les eurodéputés écologistes vont y défendre le renouvellement du Protocole de Kyoto et soutenir des propositions afin d’améliorer son fonctionnement. Voici leurs priorités.

Une récente étude de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) donne le ton et prédit une hausse de température entre 3,5 degrés et 6 degrés si les objectifs climatiques de la communauté internationale restent insuffisants. « Retarder l’action est une fausse économie » lancent les experts qui estiment que la crise climatique doit être abordée en parallèle à la crise financière et économique mondiale. Il y a urgence et les 12 000 délégués, ministres, experts et ONG attendus en Afrique du Sud jusqu’au 9 décembre doivent impérativement lever les blocages qui mettent en péril le seul objectif raisonnable : une limitation à 2 degrés du réchauffement climatique au 21e siècle…

  • Le protocole de Kyoto et ses failles

Pour atténuer les effets du réchauffement climatique, la communauté internationale doit prendre plusieurs engagements et s’accorder sur un objectif de réduction de gaz à effet de serre de 80 % d’ici 2050. Les Etats pourraient ainsi combler ce qu’on appelle le « fossé gigatonne », c’est-à-dire la distance qui sépare les recommandations scientifiques des engagements réels déjà pris par les Etats. Pour cela, ils doivent convenir d’une deuxième période d’engagement pour le Protocole de Kyoto, le seul accord climatique mondial contraignant à l’heure actuelle, qui s’achèvera fin 2012 et combler ses failles afin d’améliorer son efficacité… Deux failles sont identifiées depuis longtemps.

D’une part, la question de « l’air chaud » : ce jargon désigne la situation dans laquelle se trouvent les pays de l’ex-Europe de l’Est dont les émissions de CO2 décroissent du fait d’une dé-industrialisation et non des efforts réalisés à l’échelle des Etats pour lutter contre le changement climatique. Des Etats qui disposent pourtant de crédits de réduction d’émission qu’ils revendent à bas prix. Ce « dumping » décourage les mesures de réduction domestique qui pourraient être prises chez leurs voisins industrialisés.

Autre effet pervers du Protocole de Kyoto : les règles appliquées aux crédits liés à l’utilisation des terres, au changement d’affectation des terres et à la foresterie (LULUCF)… qui donne lieu à des manipulations de la part des Etats qui accumulent les crédits sans pour autant lutter réellement contre la déforestation. Sur ce même thème, un autre mécanisme, le REDD, créé par l’Onu pour lutter contre la déforestation, doit également être amélioré tant au niveau de son financement que de ses conséquences pour les communautés locales et autochtones insuffisamment prises en compte à l’heure actuelle et pour la biodiversité.

Enfin, à la longue liste des débats techniques qui auront lieu à Durban pendant ces deux semaines, s’ajoutent les questions plus globales du financement de la lutte contre le changement climatique et des modalités de contrôle international des engagements des pays en développement.

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  • Le rôle de l’Union européenne

La communauté internationale doit donc impérativement convenir d’un calendrier pour parvenir à un résultat juridiquement contraignant… Dans ce processus, le rôle de l’Union européenne est primordiale. Elle doit être pro-active ! Les Etats-membres doivent parler d’une seule voix et se positionner en leader des discussions. En s’engageant clairement pour une deuxième période d’engagements du Protocole de Kyoto et en revoyant à la hausse ses ambitions climatiques, l’UE pourrait contrecarrer l’argument utilisé par l’Inde et la Chine (qui se cachent derrière les pays en développement) selon lequel les pays riches n’assument pas leur part de responsabilité.

Pour montrer la voie, l’UE pourrait également faire passer son objectif de réduction des émissions domestiques de CO2 de 20 à 30 % d ’ici 2020. Une telle décision stimulera la croissance économique, créera jusque 6 millions d’emplois supplémentaires en Europe et limitera l’impact des émissions polluantes sur notre santé. Il permettra également de réduire de 40 milliards d’euros nos importations de gaz et de pétrole et stimulera l’innovation dans les technologies vertes

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  • L’action climatique dans les Pays en voie de développement

L’UE doit réaliser ses promesses de soutien dans les pays en développement, les aider à s’adapter au changement climatique et faciliter ainsi leur transition vers une économie verte. Cela implique de garantir la concrétisation des accords de Cancún sur le financement climatique, notamment le Fonds vert pour le climat. L’UE doit donc contribuer à ce fonds, par des sources de financement nouvelles et additionnelles et non recyclées de l’aide au développement, avec un engagement annuel d’au moins 30 milliards d’euros d’ici 2020.

En outre, l’UE doit définir sa contribution prévue au delà de 2012, quand le financement à court terme s’achèvera. Trouver de nouvelles sources de financement, comme une taxe climat sur le trafic maritime ou une taxe sur les transactions financières pour alimenter le Fonds vert, doit être une priorité pour l’UE dans le contexte de la crise économique.

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