Politique migratoire, « l’humanisme » plutôt que « la fermeté »

Dans un entretien au Monde daté du 28 juin, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a déclaré vouloir mener la politique migratoire du gouvernement avec « fermeté et humanisme ». Or en la matière, Manuel Valls a clairement exprimé sa volonté de ne pas aller au-delà des 30 000 régularisations de sans-papiers par an, ce au grand dam de nombreuses associations de défense du droit des étrangers.
Si le ministre de l’Intérieur semble vouloir assouplir et préciser les critères de régularisation, introduire un nouveau titre de séjour de trois ans ou encore empêcher que des familles avec enfants puissent être enfermées en centre de rétention, la politique générale annoncée semble pour le moment relever bien plus de la continuité avec la période Sarkozy que du « changement ». La fermeté prend nettement le pas sur l’humanisme.

Europe Ecologie Les Verts s’inquiète vivement des annonces du Ministre de l’Intérieur, en contradiction avec les promesses de campagne du candidat François Hollande, qui s’était engagé à mettre en œuvre une nouvelle politique migratoire en rupture avec celle portée précédemment. Pour EELV, en premier lieu les principes qui gouvernent la politique migratoire n’ont pas vocation à faire partie du champ de compétences du ministère de l’Intérieur. Ensuite, si comme le dit Manuel Valls, « Etre de gauche, ce n’est pas régulariser tous les sans papiers », ce n’est certainement pas non plus de continuer à enfermer des personnes en situation irrégulière dans des centres de rétention avant de les expulser manu militari. Il est essentiel de mettre en œuvre un des engagements du candidat François Hollande de bannir l’enfermement de mineurs.

EELV en appelle au Président de la République, au Gouvernement et aux parlementaires pour que la France se dote d’une nouvelle politique migratoire, s’appuyant sur une vision ouverte, solidaire et responsable, inscrivant la mobilité dans une démarche globale de lutte contre les inégalités et favorisant la satisfaction des besoins fondamentaux. Nous rappelons que cette approche est celle prônée par le rapport sur le développement humain du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) intitulé «Lever les barrières», publié en 2009. EELV s’associe aux signataires de la lettre ouverte à François Hollande « Pour une nouvelle politique à l’égard des immigrés » et appelle de ses vœux une loi de régularisation de tous les sans papiers afin de satisfaire aux conditions de liberté de circulation et au respect des droits humains, consacrés par la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

Elise Lowy, Porte-parole d’EELV

Remonter