risques nucléaires – Site de la Commission Energie https://energie.eelv.fr Sobriété, efficacité, renouvelables Mon, 05 Feb 2018 20:55:32 +0100 fr-FR hourly 1 Sureté nucléaire : sonnette d’alarme ! https://energie.eelv.fr/surete-nucleaire-sonnette-dalarme/ Thu, 13 Dec 2012 08:51:07 +0000 http://energie.eelv.fr/?p=5450 Sureté nucléaire :

les élus EELV membres des Commissions Locales d’Information tirent la sonnette d’alarme !

 

Conférence de presse des élu-e-s écologistes siégeant dans les Commissions locales d’information (CLI)

 

A l’occasion de la 24ème conférence annuelle des Commissions locales d’information (CLI) organisée par l’Anccli et l’ASN, les élus écologistes membres de ces CLI souhaitent exprimer leurs préoccupations.

L’énergie nucléaire occupe une place considérable en France. 58 réacteurs ont produit 442 TWh en 2011 soit près de 79 % de l’électricité produite dans l’hexagone. Mais si la production nucléaire est massive, elle reste en deçà des capacités de production totale des centrales. A ce titre l’année 2012 paraît même largement en retrait .

Un parc nucléaire défaillant et usé

Cette déficience du parc nucléaire, qui coûte très cher au contribuable d’après la Cour des comptes, est le signe de l’usure et du vieillissement des réacteurs. Le travail de veille des élus EELV qui siègent dans les Commissions locales d’information auprès des installations nucléaires de base (CLI) permet de constater une augmentation du nombre de prescriptions contraignantes de l’ASN.

Les évaluations complémentaires de sûreté post-Fukushima, réalisées en 2011, ont révélé que la situation du parc nucléaire est loin d’être aussi favorable que veulent bien le laisser entendre les partisans de l’atome. La mise en œuvre d’une approche déterministe des risques revendiquée depuis trente ans par le mouvement écologiste a montré la nécessité impérieuse d’accroitre le niveau de sûreté et plus généralement la capacité des réacteurs à faire face à des événements exceptionnels.

Les stress test de l’Union européenne ont confirmé ce constat. Le rapport rendu en octobre dernier contredit totalement le discours officiel français : nos centrales sont moins sûres que la moyenne européenne. Certaines centrales françaises sont concernées par 5 à 7 recommandations (Belleville, Cattenom, Chooz, Golfech, Nogent, Paluel, Penly) contre 2 à 3 pour les centrales belges et allemandes. Les conclusions des évaluations complémentaires de sûreté et la sentence de la commission européenne sur l’état du parc nucléaire français sont alarmantes.

Défauts et déficiences se multiplient et s’accumulent dans les centrales. Aucune partie de la machinerie nucléaire n’est épargnée : colmatage des générateurs de vapeur, usure des cuves, défaillance des vannes, blocage des barres de contrôle, vieillissement incontrôlé de certains matériels, indisponibilité des équipements de secours, perte d’alimentation en source froide, impréparation des équipes de conduite, fuites de tritium incontrôlables (Bugey), non-respect des règles générales d’exploitation (Saint Alban), etc. Au moins aussi préoccupant, les conditions de travail et la gestion des ressources humaines font l’objet d’alertes récurrentes des syndicats et même parfois de l’ASN.

Même les plus ardents partisans de cette industrie commencent à douter du nucléaire. Le 30 novembre 2011 à l’issue d’une visite inopinée à Paluel, Claude Birraux et Bruno Sido ont parlé d’une situation burlesque pour décrire les difficultés des agents à réaliser un exercice de crise. Jean-Louis Basdevant, physicien nucléaire et ancien directeur du département de physique de l’école polytechnique, considère aujourd’hui que les réacteurs nucléaires sont extrêmement dangereux. Il estime que « la seule action raisonnable est d’installer sur les réacteurs « récupérables » du parc français des dispositifs de sécurité s’inspirant de ceux des réacteurs EPR »: protections contre le melt-out du corium en cas de fusion de cœur (de type air d’étalement), dispositifs puissants et autonomes de refroidissement d’urgence en de cas de panne des systèmes prévus , …

La sûreté n’a pas de prix

Nous demandons que tout soit mise en œuvre pour éviter un accident nucléaire. Les actions indispensables pour améliorer la sûreté doivent être décrites et chiffrées afin que les autorités, en lien avec les CLI, puissent faire des choix et le cas échéant arrêter les réacteurs les plus défaillants.

La sûreté du parc nucléaire est une nécessité impérieuse qui exige non seulement de renforcer la surveillance et la législation, mais également de transformer la gouvernance de l’industrie nucléaire. Une nouvelle loi sur la sûreté nucléaire doit venir corriger et compléter les dispositifs définis par la loi du 13 juin 2006, dite loi TSN :

1. L’autorité de sûreté nucléaire (ASN) doit être dotée de moyens humains, techniques et juridiques pour exercer en toute indépendance sa mission de contrôle. Sa direction doit être ouverte à toutes les parties prenantes de l’industrie nucléaire, aux salariés comme aux associations de protection de la nature et de l’environnement et le pluralisme de l’expertise devenir une règle.

2. Le ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie doit disposer de moyens juridiques et réglementaires renforcés pour assumer ses responsabilités et ordonner l’arrêt d’une installation nucléaire quand la sécurité des personnels, des populations et de l’environnement sont menacés.

3. Les commissions locales d’information ne peuvent plus rester de simples organes consultatifs. Elles doivent disposer des capacités pour exercer une vigilance constante sur les installations nucléaires, mener à bien des expertises et contrexpertises et informer les populations. La revendication de l’ANNCLI d’une mobilisation réelle de la taxe INB pour leur financement s’impose. Malheureusement, Madame la Ministre Delphine Batho, présente lors de la conférence nationale des CLI, n’a pas proposé mieux que le précédent gouvernement sur cette question. Cela est d’autant plus regrettable qu’elle vient d’annoncer aujourd’hui même l’augmentation de la taxe sur certaines installations nucléaires afin d’augmenter le financement de l’IRSN , ce qui montre que cela serait possible pour les CLI si la volonté politique était au rendez-vous.

La sûreté nucléaire doit être une préoccupation constante. Cette semaine plusieurs de nos collègues élus accompagnés de Pascal Durand, secrétaire national d’Europe Ecologies les Verts, sont à Fukushima à l’invitation d’élus japonais pour la 2nd Conférence internationale pour la sortie du nucléaire. Ce qu’il se passe au Japon doit nous interpeller en France. Le grand débat national sur la transition énergétique prévu cet hiver ne pourra pas l’ignorer.

 

[1] Selon le CGDD : « La part du nucléaire dans la production totale d’électricité passe, en un an, de 82% à 79%« .

[2] Parlementaires membres de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques

[3] Maitriser le Nucléaire – Jean Louis Basdevant – Eyrolles – Nouvelle édition 2012

 

 

 


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Sécurité nucléaire : jusqu’à maintenant, le facteur chance a été favorable https://energie.eelv.fr/securite-nucleaire-jusqua-maintenant-le-facteur-chance-a-ete-favorable/ Wed, 28 Nov 2012 14:09:04 +0000 http://energie.eelv.fr/?p=5369 Cet article a été publié sur Le Cercle Les Echos

 

par Bernard Laponche – « Les jeux de l’atome et du hasard » de Jean-Pierre Pharabod et Jean-Paul Schapira, publié en 1988 par Calmann-Levy, est le meilleur livre français que je connaisse sur la description et l’analyse des grands accidents nucléaires, avant celui de Fukushima.

 

« Rouge ! cria le croupier » (Dostoïevsky, Le Joueur).

 

Déjà les auteurs posaient la question suivante en sous-titre : « de tels accidents peuvent-ils survenir en France » ? Ils écrivaient dans leur introduction : « l’analyse de la succession des incidents qui jalonnent notre histoire nucléaire semble indiquer que nous avons eu de la chance – peut-être beaucoup de chance ».

Three Mile Island (TMI) : « s’il n’y a pas eu fusion totale et « syndrome chinois »(1), c’est essentiellement grâce au chef de quart de TMI-1(2) venu, deux heures après le début de l’accident, assister ses collègues en difficulté, et qui a compris (en soulevant une étiquette qui masquait un voyant) que la vanne de décharge du pressuriseur ne s’était pas refermée …on peut dire sans trop s’avancer qu’en Pennsylvanie, le 28 mars 1979 au matin, on a eu de la chance… ». Et de citer le rapport de l’IPSN (aujourd’hui IRSN) relatif à l’accident survenu sur le réacteur français Bugey 5 le 14 avril 1984 : « L’incident est d’une gravité, en ce qui concerne les sources électriques de puissance de la tranche, encore jamais rencontrée jusqu’ici sur les réacteurs français à eau pressurisée… Une défaillance supplémentaire sur cette voie (refus de démarrage du diesel, refus de couplage sur le tableau LHB(3), etc.) aurait donc conduit à une perte complète des alimentations électriques de puissance, situation hors dimensionnement ».

Après avoir rappelé que la filière RBMK des réacteurs de Tchernobyl, développée en URSS depuis le début des années 1950, était « une filière rodée, performante et jugée très sûre », les auteurs présentent et analysent de la même façon la catastrophe du 26 avril 1986. Le cœur étant détruit, la masse radioactive risquerait de contaminer la nappe phréatique : « Une équipe de mineurs, que l’on fait venir spécialement, entreprend finalement la construction sous le réacteur d’un tunnel, véritable cocon que l’on remplit de béton pour l’isoler de la nappe phréatique ».

Dans son ouvrage récent « Maîtriser le nucléaire – Sortir du nucléaire après Fukushima », le professeur Jean-Louis Basdevant cite le professeur biélorusse Vassili Nesterenko : « Mon opinion est que nous avons frisé à Tchernobyl une explosion nucléaire. Si elle avait eu lieu, l’Europe serait devenue inhabitable ». Et Basdevant de conclure : « C’est pour cela que l’on peut avancer que si l’accident de Tchernobyl n’a pas été dramatiquement plus grave, c’est grâce au courage de quelques-uns, mais surtout grâce à la chance ».

L’accident de Fukushima, qui est loin d’être terminé, est lui aussi causé par la perte totale du refroidissement des réacteurs. C’est, au même titre que Tchernobyl, une catastrophe dont les effets se feront sentir longtemps et loin. Mais les habitants de Tokyo ont eu de la chance car, lors de l’explosion et de l’envoi massif de matières radioactives dans l’atmosphère, le vent soufflait vers l’ouest et l’océan Pacifique. S’il avait soufflé vers le sud, le « Japon était coupé en deux »(4) et il aurait fallu évacuer Tokyo. Jusqu’ici la chance, il n’y a pas d’autre mot, a permis que la piscine remplie de combustibles irradiés très radioactifs du réacteur 4, endommagée et située en hauteur, ne soit pas détruite par une secousse sismique ou un typhon.

Et la France ? Pharabod et Schapira concluaient le chapitre sur Tchernobyl par un avertissement : « Il faudra bien, nous semble-t-il, revoir les décisions (et la politique qui les sous-tend) qui ont conduit à implanter un nombre de plus en plus grand de centrales nucléaires sur l’ensemble de l’Europe et tout particulièrement en France, notamment près de zones à très fortes densités de population ».

Centrale du Blayais, 27 décembre 1999 : tempête et inondation, perte du réseau, dix heures pour récupérer le refroidissement normal du réacteur n°1. Le GSIEN écrit : « La crainte du bogue de l’an 2000 a heureusement aidé : les équipes avaient été entraînées et ont travaillé comme des chefs » (Monique Sené), et la marée était loin du niveau maximal (Bella Belbéoch). On a failli évacuer Bordeaux…

Qu’il s’agisse de l’occurrence d’un accident grave ou de l’ampleur de ses conséquences qui le transforme en catastrophe, le hasard apparaît toujours dans l’accumulation de défaillances ou d’agressions dans ces systèmes complexes que sont la machine elle-même et son environnement, humain et naturel.

Lorsque l’on sait que, pour les réacteurs nucléaires équipant toutes les centrales nucléaires françaises, les accidents graves n’ont pas été considérés lors de leur conception(5), on peut se convaincre de la nécessité et de l’urgence « d’aider la chance » en fermant le plus rapidement possible les réacteurs nucléaires (qui arrivent pour la plupart à la fin de la durée de fonctionnement initialement prévue) sur la base d’une analyse de risques multicritère, tenant compte notamment de la densité de la population environnante.

 

NOTES : (1) Percement de la cuve et du béton du radier par le combustible fondu (corium) qui s’enfonce dans la terre. (2) Le réacteur accidenté est TMI-2. (3) Un des deux tableaux d’alimentation électrique de la centrale. (4) Témoignage d’un représentant de l’IRSN. (5) R&D relative aux accidents graves dans les réacteurs à eau pressurisée : bilan et perspectives, La Documentation française, janvier 2007. Rapport rédigé conjointement par l’IRSN et le CEA (Commissariat à l’énergie atomique).

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Rapport de la commission d’enquete indépendante sur l’accident de Fukushima https://energie.eelv.fr/rapport-de-la-commission-denquete-independante-sur-laccident-de-fukushima/ Sun, 11 Nov 2012 17:43:28 +0000 http://energie.eelv.fr/?p=5302

Le blog Fukushima a publié une version française du rapport de la commission d’enquête de la Diète Nationale du Japon.

Vous pouvez le consulter sur ce blog ou bien le télécharger en cliquant ICI.

 

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