Articles de presse – Site de la Commission Energie https://energie.eelv.fr Sobriété, efficacité, renouvelables Mon, 05 Feb 2018 20:55:32 +0100 fr-FR hourly 1 Communiqué de Réseau Sortir du Nucléaire – Comurhex Malvési : la porte d’entrée de l’uranium en France fonctionne sans statut d’installation nucléaire !‏ https://energie.eelv.fr/communique-de-reseau-sortir-du-nucleaire-comurhex-malvesi-la-porte-dentree-de-luranium-en-france-fonctionne-sans-statut-dinstallation-nucleaire-%e2%80%8f/ Tue, 02 Jul 2013 19:10:36 +0000 http://energie.eelv.fr/?p=5701 Communiqué de presse – 2 juillet 2013
Usine Comurhex de Malvési : la porte d’entrée de l’uranium en France fonctionne depuis des années sans statut d’installation nucléaire !
Mardi 2 juillet, la marche internationale pour la paix et la sortie du nucléaire fait halte devant l’usine Comurhex de Malvési (Aube). À cette occasion, le Réseau “Sortir du nucléaire“ dénonce un scandale caché au public concernant cette installation. Cette usine, porte d’entrée de l’uranium en France, a fonctionné pendant des années dans l’illégalité, sans le statut d’installation nucléaire de base.



La Comurhex de Malvési : quand une usine « locale » cache la porte d’entrée de l’uranium en France



L’usine Comurhex de Malvési, cela ne vous dit rien ? Et pourtant… Cette filiale d’Areva, située dans la banlieue de Narbonne, est la porte d’entrée de l’uranium en France et d’un quart du nucléaire mondial. C’est là que le « yellow cake », ce concentré de poudre d’uranium, subit ses premières modifications après avoir quitté les régions minières du Niger, du Kazakhstan et du Canada. Il est transformé en « tétrafluorure d’uranium » (UF4), un produit très toxique qui réagit fortement au contact de l’air et qui peut générer un gaz hautement corrosif. Celui-ci est ensuite acheminé à l’usine Comurhex de Pierrelatte : 60 tonnes quittent ainsi Malvési quotidiennement, au rythme de 3 à 5 camions par jour qui empruntent l’A9 et l’A7. 



Le procédé de transformation produit des effluents liquides. Chargées en nitrates et en produits radioactifs, ces boues sont décantées dans des bassins à l’air libre. Du combustible usé a transité par l’usine Comurhex de Malvési jusqu’en 1983. La CRIIRAD a même détecté du plutonium dans des boues qui s’étaient écoulées dans l’environnement suite à une rupture de digue en 2004.



La porte d’entrée du nucléaire en France fonctionne dans l’illégalité depuis plusieurs années 



L’industrie nucléaire fait tout pour occulter les risques et banaliser les activités de la Comurhex Malvési. Depuis sa création, cette installation appartient à la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Un changement considérable de législation en 2007 aurait dû conduire Comurhex à demander le reclassement d’au moins une partie de l’usine de Malvési en installation nucléaire de base, au regard de l’importance des matières radioactives présentes sur le site. Pourtant, celle-ci n’a jamais entrepris la moindre démarche en ce sens et a continué d’exploiter l’installation de Malvési selon la nomenclature ICPE, qui peut concerner tout aussi bien des élevages de poulets que des pressings…


Suite à des analyses menées en 2009 et ayant constaté la présence de plutonium dans les boues de deux bassins de décantation, l’Autorité de sûreté nucléaire a fixé au 31 décembre 2010 la date limite pour que la Comurhex Malvési dépose un dossier de demande d’autorisation de création d’installation nucléaire de base couvrant ces deux bassins et définissant leur encadrement juridique dans l’attente du décret d’autorisation de création. Les démarches sont en cours, mais il n’en demeure pas moins que l’usine a fonctionné pendant des années sans l’autorisation requise, alors que l’exploitant – espérons-le… – n’ignorait pas la présence de ces éléments radioactifs sur son site.

Pour mettre fin à ces négligences dangereuses et mettre en lumière les risques cachés de l’industrie nucléaire, le Réseau « Sortir du nucléaire » a porté plainte le 2 janvier 2013.



L’usine Comurhex de Malvési n’est qu’un des nombreux maillons de la chaîne du combustible nucléaire, qui compte de nombreuses installations polluantes et dangereuses dans la région et sur tout le territoire français. Pour dénoncer les risques que cette installation « banalisée » fait courir aux populations et rappeler que l’uranium pollue d’un bout à l’autre de la chaîne, les militants et participants à la marche internationale pour la paix et la sortie du nucléaire vous donnent rendez-vous devant la Comurhex mardi 2 juillet à 10h.



En savoir plus sur le dossier juridique :

http://groupes.sortirdunucleaire.org/Incidents-et-scandales-Malvesi


En savoir plus sur la marche pour la paix et la sortie du nucléaire : 
http://marche2013.sdnyonne.lautre.net/

En savoir plus sur les étapes de transformation de l’uranium :
http://groupes.sortirdunucleaire.org/Transformation

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Centrale du Bugey : la situation ne peut plus durer ! https://energie.eelv.fr/centrale-du-bugey-la-situation-ne-peut-plus-durer/ Tue, 25 Jun 2013 18:34:38 +0000 http://energie.eelv.fr/?p=5686 Le Bugey fait partie des installations nucléaires à fermer en priorité

Ce jour, en début d’après-midi, un incendie est survenu sur un alternateur de la salle des machines de l’unité 5 de la centrale du Bugey provoquant l’arrêt du réacteur. Le plan d’urgence interne et le centre opérationnel départemental ont été activés.

EELV a récemment rappelé sa grande inquiétude sur l’état de sûreté parc nucléaire français (1). C’est le deuxième incident de ce type en quinze jours, après celui de la centrale de Cattenom. 24 heures après l’importante fuite de vapeur à la centrale de Flamanville, c’est surtout un nouvel incident grave qui vient rappeler que le vieillissement du parc nucléaire français a déjà de lourdes conséquences pour la sécurité.

La centrale du Bugey est la 2nde plus vieille centrale française après Fessenheim. Elle voit s’accumuler des incidents qui n’existaient pas il y a encore quelques années. C’est la première centrale à avoir fait l’objet de 2 mises en demeure de l’ASN en seulement quelques mois (obligation de réaliser des travaux de sécurité contre le risque d’inondation (2), obligation de réparer la fuite de tritium …). L’ASN a par ailleurs repéré un grave défaut d’étanchéité des dômes des réacteurs, défaut auquel EDF devait amener une correction urgente fin mars 2013 mais dont nous n’avons aucune nouvelle. La dalle de ses réacteurs (radier) est, comme celle de Fessenheim, plus fragile que celles des autres centrales françaises.

Le nombre, la fréquence et la gravité des incidents à répétition sur cette ancienne centrale est totalement inadmissible. Encore une fois, la communication de crise d’EDF va chercher à rassurer la population en indiquant qu’aucun secteur de la partie nucléaire des installations n’a été touché. C’est évidemment faire oublier que l’accident grave, quand il se produira, sera très probablement issu d’un enchaînement de dysfonctionnements comme ils commencent à apparaître aujourd’hui.

Ainsi, la centrale du Bugey fait partie, de toute évidence, des installations nucléaires qui doivent être arrêtées en priorité, en cohérence avec les engagements du Président de la République de diminuer à 50% la part du nucléaire dans la production électrique.

Pour des raisons de sécurité mais aussi d’économie (l’énergie de l’atome va devenir de plus en plus coûteuse), Europe Ecologie les Verts porte plus que jamais la proposition d’une sortie complète et réaliste du nucléaire.

Pour Europe Ecologie les Verts de Rhône-Alpes, Maryse Oudjaoudi – secrétaire régionale

& Catherine BRETTE, conseillère générale de l’Isère et membre de la CLI du Bugey

(1) https://energie.eelv.fr/alerte-sur-la-surete-des-installations-nucleaires-francaise-7-mises-en-demeure-en-3-mois/

(2) https://isere.eelv.fr/2013/03/22/centrale-du-bugey-une-discrete-mise-en-demeure/

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Transition énergétique: résultats de la journée citoyenne du 25 mai 2013 https://energie.eelv.fr/5657/ Tue, 28 May 2013 19:50:52 +0000 http://energie.eelv.fr/?p=5656 Le débat national sur la transition énergétique voulu par le Président de la République est ouvert à tous et souhaite associer les citoyens aux grands choix d’avenir et de long terme pour la politique de l’énergie.

Ce processus de concertation est conduit à l’échelle nationale par le Conseil national du débat qui rassemble les représentants des salariés, des entreprises, des associations de consommateurs, des organisations non gouvernemental es environnementales, des élus locaux, des parlementaires. Les travaux font appel à la mobilisation de très nombreux experts.

Mais le gouvernement a délibérément souhaité que ce débat vive et se déploie dans les territoires grâce à un partenariat avec l’Association des Régions de France et l’ensemble des collectivités locales.

Des centaines de débats sont ainsi organisés dans toute la France, leur synthèse étant organisée par les Régions. Pour la première fois dans un processus de concertation de ce type, les citoyens sont invités à débattre directement des enjeux énergétiques.

Dès le départ, parallèlement aux travaux du conseil national du débat, un Comité citoyen a été installé comme instance officielle du débat pour formuler des recommandations sur les attentes.

Mais nous voulons aller plus loin. La Journée citoyenne du 25 mai est une première.
Jamais un tel exercice de démocratie participative n’a été organisé simultanément à cette échelle en France.

L’énergie doit faire l’objet d’un débat démocratique approfondi. C’est aussi la condition pour prendre les bonnes décisions, choisir au lieu de subir, mais aussi favoriser un changement des comportements en faveur de la maitrise de l’énergie.

La contribution citoyenne du 25 mai 2013 a été fructueuse et les résultats sont disponibles sur le site de la transition énergétique.

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l’Assemblée nationale se saisit enfin de la question de la sûreté des installations nucléaires ! https://energie.eelv.fr/lassemblee-nationale-se-saisit-enfin-de-la-question-de-la-surete-des-installations-nucleaires/ Tue, 28 May 2013 19:33:05 +0000 http://energie.eelv.fr/?p=5652 Pour la première fois, à l’initiative du groupe des députés écologistes, aura lieu à l’Assemblée jeudi 30 mai un débat en séance sur le thème de la sûreté nucléaire, de 21 h 30 à minuit trente.

Ce débat se déroulera en 2 temps avec en première partie une audition par les députés d’experts» : Pierre-Franck Chevet, président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) , Jacques Repussard, directeur général de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire (IRSN), Dominique Minière, Directeur délégué Groupe, Production et ingénierie d’EDF et Bernard Laponche physicien nucléaire, polytechnicien.

Dans un second temps, un débat entre les députés et la ministre Delphine Batho permettra de poursuivre les échanges pendant 1 heure trente.

L’objectif est de sortir de l’ombre la question de la sûreté nucléaire et tenter de remédier au déficit démocratique sur ce sujet. Et surtout, par rapport au débat énergie en cours, c’est l’occasion de réintroduire la question de la sûreté (et de ses coûts) pour inverser la charge de la preuve : ce n’est pas la crédibilité des alternatives qui fait question, c’est la crédibilité de la poursuite du nucléaire.

Le débat du 30 mai doit permettre d’expliciter dans un cadre contradictoire les positions des uns et des autres sur des sujets majeurs : la durée des vie des centrales, l’application par EDF des mesures préconisées par l’ASN suite à Fukushima (1000 recommandations), les travaux engagés à Fessenheim, l’assurance en cas d’accident majeur, l’EPR, la dangerosité respective des installations (cf le classement de Greenpeace), La Hague et le MOX, etc.

Pour suivre le débat :

depuis chez vous : sur le site internet de l’Assemblée nationale

sur le site d’Europe Écologie-les Verts

à l’Assemblée nationale :

salle Lamartine – entrée 101, rue de l’université, inscription préalable impérative – adressez un mail à dbaupin@assemblee-nationale.fr (Les mesures de sécurité propres à l’Assemblée nationale imposent une inscription préalable et la présentation d’une pièce d’identité à l’arrivée. La capacité de la salle étant de 50 places, ne pourront être inscrites que les personnes ayant répondu le plus rapidement).

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Denis Baupin propose à Delphine Batho un moratoire de 3 mois pour le débat public sur l’enfouissement de déchets radioactifs https://energie.eelv.fr/denis-baupin-propose-a-delphine-batho-un-moratoire-de-3-mois-pour-le-debat-public-sur-lenfouissement-de-dechets-radioactifs/ Sat, 25 May 2013 19:16:52 +0000 http://energie.eelv.fr/?p=5650 Dans une question écrite adressée ce jour à la ministre de l’écologie Delphine Batho, Denis Baupin vice-président de l’Assemblée Nationale s’interroge sur l’opportunité de tenir un débat public sur le projet de site d’enfouissement de déchets radioactifs CIGEO à Bure (Meuse) et propose un moratoire d’au moins trois mois avant la tenue d’une phase de concertation.

Il souligne que « l’Autorité de Sûreté Nucléaire a rendu, mercredi 22 mai, un avis sur le projet porté par l’ Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs. Cet avis pointe notamment un manque flagrant d’informations et de visibilité quant à l‘inventaire des déchets radioactifs qui pourraient faire l’objet d’un stockage. A l’heure actuelle, on ne sait ni quelle quantité de déchets, ni leur durée d’activité sont susceptibles d’être stockés dans le site d’enfouissement proposé. Cet avis de l’ASN modifie profondément l’approche du dossier Cigeo, et confirme nombre des questions posées par les écologistes sur ce projet depuis plusieurs années. »

« En outre, ajoute-t-il, le projet est très largement dépendant de la politique énergétique de la France. Or le débat national sur la transition énergétique est en cours, la phase de consultation du conseil national du débat et des citoyens devant s’achever à l’été, et le projet de loi être élaboré pour l’automne. Le vote d’une loi de programmation de la politique énergétique est donc prévu au début de l’année 2014. Les décisions qui seront prises sur l’avenir du nucléaire dans le mix électrique français, celui du retraitement et de la filière « MOX » qui accroit la dangerosité des matériaux à stocker, ainsi que sur l’opportunité de l’enfouissement en très grande profondeur de déchets radioactifs ayant une vie longue auront un impact certain sur le dimensionnement et l’opportunité même du projet porté par l’ANDRA ».

C’est pourquoi, selon Denis Baupin, « il n’apparait pas opportun de mener ce débat public sur un site de stockage de déchets nucléaires sans avoir de réelle vision du dimensionnement nécessaire des installations que l’on soumet au débat, ni de l’orientation future de la politique énergétique de la France. Ces deux aspects conditionnent totalement le projet ».

Question écrite à Delphine Batho

M. Denis Baupin attire l’attention de Mme la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie sur le projet de site d’enfouissement de déchets radioactifs CIGEO à Bure (Meuse).

L’Autorité de Sûreté Nucléaire a rendu, mercredi 22 mai, un avis sur le projet porté par l’ Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs, et qui doit être soumis au débat public dès le 23 mai. Cet avis pointe notamment un manque flagrant d’informations et de visibilité quant à l‘inventaire des déchets radioactifs qui pourraient faire l’objet d’un stockage. A l’heure actuelle, on ne sait ni quelle quantité de déchets, ni leur durée d’activité sont susceptibles d’être stockés dans le site d’enfouissement proposé. Cet avis de l’ASN modifie profondément l’approche du dossier Cigeo, et confirme nombre des questions posées par les écologistes sur ce projet depuis plusieurs années.

En outre, le projet est très largement dépendant de la politique énergétique de la France. Or le débat national sur la transition énergétique est en cours, la phase de consultation du conseil national du débat et des citoyens devant s’achever à l’été, et le projet de loi être élaboré pour l’automne. Le vote d’une loi de programmation de la politique énergétique est donc prévu au début de l’année 2014. Les décisions qui seront prises sur l’avenir du nucléaire dans le mix électrique français, celui du retraitement et de la filière « MOX » qui accroit la dangerosité des matériaux à stocker, ainsi que sur l’opportunité de l’enfouissement en très grande profondeur de déchets radioactifs ayant une vie longue auront un impact certain sur le dimensionnement et l’opportunité même du projet porté par l’ANDRA.

C’est pourquoi il n’apparait pas opportun de mener ce débat public sur un site de stockage de déchets nucléaires sans avoir de réelle vision du dimensionnement nécessaire des installations que l’on soumet au débat, ni de l’orientation future de la politique énergétique de la France. Ces deux aspects conditionnent totalement le projet.

Aussi, M. Denis Baupin interroge Mme la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie sur l’opportunité de tenir un débat public dans ces conditions, et souhaite qu’un moratoire d’au moins trois mois permette qu’une réponse à ces deux interrogations soit apportée avant la tenue d’une phase de concertation.

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Une norme européenne pour répondre à l’obligation d’audits énergétiques des entreprises fin 2015 https://energie.eelv.fr/une-norme-europeenne-pour-repondre-a-lobligation-daudits-energetiques-des-entreprises-fin-2015/ Fri, 24 May 2013 19:34:56 +0000 http://energie.eelv.fr/?p=5654 A l’occasion d’un séminaire organisé à Paris jeudi 23 mai, l’association française de normalisation (Afnor) a présenté la norme européenne, baptisée NF EN 16247-1, visant à répondre à l’exigence fixée par l’article 8 de la directive relative à l’efficacité énergétique (EE), entrée en vigueur le 4 décembre 2012 et instaurant un audit énergétique obligatoire dans les grandes entreprises. Cet audit devra être réalisé dans un délai de trois ans, soit avant le 5 décembre 2015 dans les grandes entreprises européennes de plus de 250 salariés et dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 50 millions d’euros. Ce diagnostic énergétique devra ensuite être renouvelé tous les quatre ans, précise la directive 2012/27/UE.

Pour rappel : en matière d’efficacité énergétique, l’audit vise à présenter une approche globale des consommations énergétiques d’un organisme, d’un site ou d’un système, avec une analyse exhaustive concernant tous les types d’énergies et tous les usages énergétiques. L’audit énergétique constitue donc la première étape d’une démarche de management de l’énergie. Les données collectées ont pour objet d’identifier les gisements d’économies d’énergie et de proposer des solutions d’amélioration, a souligné Sylvie Fenandez, chef de projet normalisation à l’Afnor.

L’article 8 de la directive demande aux Etats de « veiller au fait que les clients finaux puissent recourir à des audits énergétiques rentables et de haute qualité. » Publiée en septembre 2012, la norme NF EN 16247-1 entend donc répondre à cette exigence et se veut être un outil d’aide à la réalisation de ces diagnostics. Cette norme donne une méthodologie commune concernant les aspects généraux d’un audit énergétique. Elle « précise les actions à mener tout au long de ses différentes étapes depuis la définition de son périmètre et de son objectif avec le client jusqu’au rendu final, en passant par les phases de collecte des données, de travail sur site, d’analyse, d’identification des solutions », explique Mme Fernandez. La norme s’applique à tous les types d’établissements (commerciaux, industriels, du secteur résidentiel et du secteur public), à toutes les formes d’énergie et à tous les usages énergétiques, à l’exclusion des maisons individuelles privées, précise l’Afnor.

Si la norme européenne NF EN 16247-1 est citée, dans la directive, comme document de référence pour la réalisation de ces audits, les systèmes de management de l’énergie certifiés par la norme EN ISO 50001 – prévoyant déjà des diagnostics énergétiques – seraient également en conformité et exemptés de l’obligation, d’après le texte.

Des normes spécifiques pour le bâtiment, l’industrie et les transports

La NF EN 16247-1 est la première partie d’une série de normes consacrée aux audits énergétiques élaborées par un groupe (le JWG 1) mis en place par le comité européen de normalisation (CEN) et le comité européen de normalisation électrotechnique (Cenelec) et auquel participe l’Afnor en tant que représentant la France.

Les quatre autres parties de cette série, actuellement en cours de rédaction, sont des méthodologies spécifiques aux audits énergétiques pour les secteurs des bâtiments (projet de norme NF EN 16247-2), des procédés industriels (NF EN 16247-3) et des modes de transport (NF EN 16247-4). Une cinquième partie a également été lancée sur la qualification et les compétences des auditeurs : le projet de norme EN 16247-5.

Le projet sur les procédés industriels « reprend en partie le référentiel de bonnes pratiques BP X 30-120 sur le diagnostic énergétique dans l’industrie, lequel est inspiré du cahier des charges de l’Ademe », a rappelé de son côté, Sylvie Riou, ingénieur expert à l’agence. Idem pour le projet de norme sur le bâtiment qui s’appuie également sur un cahier des charges de l’Ademe sur le sujet. Quant à la norme sur les transports, « la flotte de transports ou encore la consommation de kérosène des aéronefs sont visées », a précisé Laurent Cadiou de la Direction générale de l’Energie et du climat (DGEC). L’élaboration de ces normes se poursuit : une réunion du groupe de travail est prévue en juin à Chypre pour étudier les commentaires de la consultation publique, menée d’octobre 2012 à mars 2013. L’objectif est de « parvenir à un projet de 3 normes sectorielles d’ici septembre ou octobre 2013 », a indiqué Sylvie Fernandez de l’Afnor. Leur publication interviendrait alors « au premier trimestre 2014 », table-t-elle.

En revanche, les travaux sur la norme relative à la qualification des auditeurs accusent du retard. Un premier document de travail sera examiné par les experts seulement en juin. Or, il est nécessaire de clarifier quel expert « indépendant, qualifié et/ou agréé », selon la directive, peut effectuer ces audits énergétiques (diagnostiqueur certifié par le comité français d’accréditation Cofrac, fournisseur d’énergie, auditeur interne ?…) et quel niveau de compétences est requis. Et le calendrier de mise en œuvre de la directive EE s’accélère : elle doit être transposée par les Etats membres d’ici le 5 juin 2014, soit dans un an.

Obligation d’audits dans le projet de loi « DDADUE »

En France, le projet de loi portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’UE dans le domaine du développement durable dit « DDADUE », présenté en mars dernier, transpose l’article 8 du texte et instaure l’obligation d’audit énergétique. Près de 5.000 grandes entreprises françaises seraient concernées par ce dispositif. Selon l’exposé des motifs du projet de loi, « en évaluant à trois semaines environ la durée d’un audit, cela nécessitera plus de 500 auditeurs à agréer, ce qui prendra de l’ordre d’un an ». Les entreprises devraient donc « avoir moins d’un an pour être auditées » dans les délais. L’étude d’impact du projet estime à « 15.000 à 20.000 euros » le coût pour chaque entreprise. Un coût qui serait « rapidement amorti » si les recommandations de l’audit sont appliquées. « Nous prévoyons de proposer des mesures d’accompagnement des entreprises, comme par exemple un système de tiers financement », a précisé en avril la ministre de l’Ecologie Delphine Batho devant les députés de la commission « Développement durable ».

Le projet de loi prévoit une exemption de cette obligation pour les entreprises mettant en œuvre un système certifié de management de l’énergie, conformément à la directive.
 Mais en France, « un régime transitoire pourrait être mis en place au cas par cas » concernant l’EN ISO 50001, a prévenu Laurent Cadiou. En cas de non-respect des dispositions, des sanctions sont prévues : une amende administrative serait plafonnée à 2% du chiffre d’affaires HT du dernier exercice clos en France voire 4% en cas de récidive.

Le projet de loi a été adopté par l’Assemblée nationale le 17 mai. Il doit encore être examiné en plénière par le Sénat ce lundi 27 mai. Si le texte est entériné par les sénateurs, « le décret d’application de la directive sera soumis à concertation en juin 2013 », selon M. Cadiou. Les seuils des entreprises soumises à cette obligation ainsi que les modalités opérationnelles et l’agrément des auditeurs, seront définis par décret et ses arrêtés, publiés pour mi-2014.

En France, avant la loi DDADUE, un décret du 27 janvier 2012 instaurait déjà une obligation de réalisation d’un audit énergétique d’ici le 1er janvier 2017 « dans les bâtiments à usage principal d’habitation en copropriété de cinquante lots ou plus », a rappelé David Desforges, avocat au cabinet Jones Day. Un arrêté du 28 février 2013 précise les modalités d’application des audits et les compétences requises.

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AREVA en Turquie: Denis Baupin interroge Delphine Batho : « nous voulons la transparence » https://energie.eelv.fr/areva-en-turquie-denis-baupin-interroge-delphine-batho-nous-voulons-la-transparence/ Sat, 04 May 2013 08:15:30 +0000 http://energie.eelv.fr/?p=5608 Un consortium franco-japonais formé par Areva et Mitsubishi s’apprête à signer un contrat pour la construction de 4 réacteurs nucléaires en Turquie, un pays à très forte sismicité. De nombreux séismes (Izmit, Duzce, Cerkes, Bingol, Karakoçan) sont intervenus au cours de la dernière décennie sur la faille Nord Anatolienne à proximité de laquelle est prévue la construction des réacteurs : ainsi le séisme du 6 juin 2000 de Cerkes s’est déroulé à moins de 250 km du site de futur de Sinop.

Le 6 juin dernier, celui qui était alors Président de l’Autorité de Sûreté du Nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste, déclarait : « Les contrats de vente de réacteurs nucléaires à l’export sont obtenus à des prix complètement bradés. ». Et il ajoutait : « Les prix acceptés par les vendeurs et obtenus par les acheteurs ne sont pas soutenables. […] C’est déjà un problème sérieux, et nous devons nous assurer qu’il ne s’y ajoute pas un dumping au détriment de la sûreté. »

La même ASN a assuré à de nombreuses reprises qu’il ne lui paraîtrait pas possible que les entreprises françaises du nucléaire exportent des installations nucléaires dans des conditions de sûreté que nous n’accepterions pas dans notre propre pays. Dès juillet 2010, avant même Fukushima, l’ASN déclarait : « L’une des préoccupations majeures de l’ASN est l’harmonisation par le haut de la sûreté nucléaire et de la radioprotection dans le monde. Nous ne voulons pas d’une sûreté à 2 vitesses ».

En conséquence, le Vice-Président de l’Assemblée Nationale Denis Baupin vient d’adresser une question écrite à la ministre de l’Ecologie lui demandant dans quelles conditions l’Etat actionnaire a été associé au projet Areva, surtout quel contrôle va être exercé par l’Autorité de Sûreté Nucléaire française sur le projet, et quel contrôle va être exercé par les autorités françaises sur l’accord financier passé, sachant que les derniers contrats nucléaires ont systématiquement volontairement sous-évalué les coûts, reportant à terme les surcoûts sur les contribuables français.

Question écrite :

M. Denis Baupin attire l’attention de Mme la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie sur le contrat que s’apprête à signer un consortium franco-japonais formé par Areva et Mitsubishi pour la construction de 4 réacteurs nucléaires en Turquie, un pays à très forte sismicité. De nombreux séismes (Izmit, Duzce, Cerkes, Bingol, Karakoçan) sont intervenus au cours de la dernière décennie sur la faille Nord Anatolienne à proximité de laquelle est prévue la construction des réacteurs : ainsi le séisme du 6 juin 2000 de Cerkes s’est déroulé à moins de 250 km du site de futur de Sinop.

Le 6 juin dernier, celui qui était alors Président de l’Autorité de Sûreté du Nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste, déclarait : « Les contrats de vente de réacteurs nucléaires à l’export sont obtenus à des prix complètement bradés. » . Et il ajoutait : « Les prix acceptés par les vendeurs et obtenus par les acheteurs ne sont pas soutenables. […] C’est déjà un problème sérieux, et nous devons nous assurer qu’il ne s’y ajoute pas un dumping au détriment de la sûreté. »

La même ASN a assuré à de nombreuses reprises qu’il ne lui paraîtrait pas possible que les entreprises françaises du nucléaire exportent des installations nucléaires dans des conditions de sûreté que nous n’accepterions pas dans notre propre pays. Dès juillet 2010, avant même Fukushima, l’ASN déclarait : « L’une des préoccupations majeures de l’ASN est l’harmonisation par le haut de la sûreté nucléaire et de la radioprotection dans le monde. Nous ne voulons pas d’une sûreté à 2 vitesses ».

En conséquence, Denis Baupin demande à la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie dans quelles conditions l’Etat actionnaire a été associé au projet Areva, surtout quel contrôle va être exercé par l’Autorité de Sûreté Nucléaire française sur le projet, et quel contrôle va être exercé par les autorités françaises sur l’accord financier passé, sachant que les derniers contrats nucléaires ont systématiquement volontairement sous-évalué les coûts, reportant à terme les surcoûts sur les contribuables français.

AFP/ Centrale nucléaire en Turquie: interrogations sur le risque sismique

PARIS – Des voix s’élevaient vendredi en France, du côté des écologistes, pour alerter sur les risques de la construction d’une nouvelle centrale nucléaire en Turquie – dont le contrat vient d’être remporté par un consortium franco-japonais – en raison de la forte activité sismique de ce pays.

En Turquie, de nombreux séismes (Izmit, Duzce, Cerkes, Bingol, Karakoçan) sont intervenus au cours de la dernière décennie sur la faille nord anatolienne à proximité de laquelle est prévue la construction des réacteurs, a écrit le vice-président de l’Assemblée nationale, l’écologiste Denis Baupin, dans une question écrite à la ministre de l’Ecologie et de l’Energie Delphine Batho.

Ainsi, le séisme du 6 juin 2000 de Cerkes s’est déroulé à moins de 250 km du site futur de Sinop, ajoute-t-il.

M. Baupin demande notamment à Mme Batho quel contrôle va être exercé par l’Autorité de Sûreté nucléaire française pour le projet et dans quelles conditions l’Etat actionnaire a été associé au projet Areva.

De son côté, le réseau Sortir du Nucléaire a interpellé Areva qui fournira, avec Mitsubishi Heavy Industries (MHI), les quatre réacteurs de moyenne puissance qui équiperont la centrale.

Après avoir vendu le combustible Mox qui a fondu dans le réacteur n°3 de Fukushima et fortement contribué à la contamination au plutonium au Japon, l’entreprise française souhaite-t-elle être complice d’un nouveau désastre si un fort séisme survient en Turquie?, demande le réseau dans un communiqué.

Cela ne semble pas inquiéter Areva, qui projette aussi de construire des réacteurs EPR en zone sismique en Inde, poursuit Sortir du Nucléaire.

La Turquie vient d’attribuer à un consortium incluant le japonais Mitsubishi et le français GDF Suez la construction de sa deuxième centrale nucléaire, un contrat de plus de 15 milliards d’euros qui marque la relance du marché nucléaire civil, gelé depuis la catastrophe de Fukushima il y a deux ans.

Le calendrier du projet prévoit le début des travaux de construction sur le site de Sinop, au bord de la mer Noire, en 2017, pour une mise en service des quatre tranches étalée entre 2023/2024 et 2028.

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Les collectivités au coeur de la transition énergétique: exemple de 30 démarches exemplaires https://energie.eelv.fr/les-collectivites-au-coeur-de-la-transition-energetique-exemple-de-30-demarches-exemplaires/ Thu, 02 May 2013 20:15:15 +0000 http://energie.eelv.fr/?p=5597 Création d’emploi, lutte contre la précarité énergétique, préservation des ressources énergétiques, accès à l’énergie pour tous et souci du pouvoir d’achat, découvrez la publication d’AMORCE: Les collectivités au cœur de la transition.

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En Bretagne, l’autonomie énergétique en marche https://energie.eelv.fr/en-bretagne-lautonomie-energetique-en-marche/ Mon, 15 Apr 2013 17:06:00 +0000 http://energie.eelv.fr/?p=5576 Au centre de la Bretagne, la communauté de communes du Mené vise l’autonomie énergétique en 2025.

Jacky Aignel regarde les grutiers hisser les pales en haut du mât : « Depuis le temps qu’on attendait… » L’éolienne se dresse enfin, mardi 19 mars, sous les yeux du maire de Saint-Gouëno : le résultat de longues années d’efforts pour cette petite commune des Côtes-d’Armor.

L’Enercon E53, d’une puissance de 850 kilowatts, première d’une série de sept, n’est pas une éolienne comme les autres : elle résulte d’un savant montage financier visant à associer les habitants à l’investissement, afin que les retombées économiques soient bien locales.

Dès 2008, la société d’investissement coopératif Cigale a été créée. Ce sont maintenant 127 personnes qui contrôlent, ensemble, 30 % de l’investissement du parc. L’éolien participatif n’est qu’un volet de la politique énergétique de la communauté de communes du Mené, qui unit les 6 500 habitants de Saint-Gouëno et de six autres communes du centre de la Bretagne.

Sur ce territoire rural, on peut tracer un circuit conduisant d’une chaufferie à bois (fourni par les forêts avoisinantes) alimentant un réseau de chaleur, au Gouray, à une usine de méthanisation à Saint-Gilles-du-Mené, puis vers l’huilerie d’agrocarburants de Saint-Gouëno, avant d’admirer une maison passive à panneaux solaires à Plessala.

OBJECTIF : ÊTRE AUTONOME ÉNERGÉTIQUEMENT EN 2025

Autant d’éléments qui doivent permettre à la communauté d’atteindre son objectif : être autonome énergétiquement en 2025, c’est-à-dire produire de quoi couvrir sa consommation annuelle de 22 000 tonnes équivalent pétrole (sans doute moins à l’avenir, si la politique d’économies d’énergie porte ses fruits). En ces temps de débat national sur la transition énergétique, Le Mené est devenu un exemple de mélange d’énergies renouvelables et de décentralisation de la production que des élus de toutes les régions viennent visiter avec curiosité.

Tout est parti en 1999 du projet d’un groupe d’éleveurs porcins d’édifier une usine de méthanisation capable de digérer leur production de lisier : cette technique transforme en méthane, par fermentation, les excréments animaux. Une réflexion sur l’énergie s’est rapidement greffée à cette idée.

« Nous sommes dans l’un des cantons les plus pauvres de Bretagne, explique Jacky Aignel. En tant que paysan, je cherche à travailler le plus possible en autonomie. Et je savais bien que l’énergie peu chère finirait un jour. »

« CRÉER DES EMPLOIS QUALIFIÉS »

Une autre préoccupation a joué : l’activité locale dépend d’un grand abattoir qui emploie 2 500 personnes, Kermené, filiale du groupe Leclerc. L’énergie pourrait être un axe de diversification, ont pensé les élus. En 2005, certains se sont rendus à Gussling, en Autriche, une commune engagée depuis quinze ans dans une démarche d’autosuffisance énergétique.

« On est revenus convaincus qu’avec les déchets, les ressources de la biomasse, le vent, le soleil on pouvait faire une diversification économique à côté de Kermené, raconte Michel Fablet, maire du Gouray. Et que cela permettra de créer des emplois qualifiés. »

Après le voyage, élus et citoyens, aidés du polytechnicien Marc Théry, ancien président d’une grande entreprise, ont décidé de lancer dix projets énergétiques, qui peu à peu se sont concrétisés.

Tout n’a pas été aisé. « La superposition des structures administratives qui ralentissent les prises de décision », observe Jacky Aignel, a été un frein puissant dans l’avancement des dossiers. Les règles de l’Autorité des marchés financiers n’ont pas facilité le montage de la coopérative éolienne. Les lobbys des agrocarburants et des engrais ont mis des bâtons dans les roues de l’huilerie et de l’usine de méthanisation.

« ON NE PEUT PAS DIRE QU’IL Y AVAIT FOULE »

Autre difficulté : susciter la participation des habitants. « On a fait des réunions dans chaque village, raconte Michel Faiblet, on ne peut pas dire qu’il y avait foule. Il faut trouver d’autres domaines, comme l’habitat, qui concerne tout le monde. » C’est peut-être par les économies d’énergie dans le logement que l’intérêt des administrés se réveillera. « Mais, selon Marc Théry, il est beaucoup plus compliqué d’économiser 2 000 tonnes équivalent pétrole en consommation d’énergie que de faire des parcs éoliens. »

Les conditions économiques pèsent lourd : « On vise à réhabiliter 90 maisons, dit Michel Faiblet, afin de réduire leur consommation de 30 %. Les subventions couvrent 60 % des travaux, le reste est en prêt à taux zéro, mais ce prêt, les gens ont du mal à le souscrire. »

Les difficultés n’empêchent pas d’avancer. « Le plus fabuleux, ce n’est pas les bouts de tôle, c’est l’aventure humaine. Ce qu’on cultive, c’est des liens », conclut Dominique Rocaboy, éleveur de porcs et directeur de l’usine de méthanisation Geotexia.

Source: Reportage Hervé Kempf.

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L’avenir de l’énergie est en l’air, pas dans les profondeurs des schistes https://energie.eelv.fr/lavenir-de-lenergie-est-en-lair-pas-dans-les-profondeurs-des-schistes/ Sat, 08 Dec 2012 10:20:31 +0000 http://energie.eelv.fr/?p=5444 Article publié sur Slate.fr

Pour Sandrine Bélier, eurodéputée Europe Ecologie-Les Verts, nous devrions laisser les Etats-Unis développer et expérimenter des technologies alternatives à la fracturation hydraulique. Pendant ce temps, nous pourrions miser sur les énergies renouvelables, sur les économies d’énergies, l’efficacité énergétique, c’est-à-dire sur un futur durable et sûr.

 

Les gaz de schistes continuent de faire débat en France et au niveau européen. En France, il n’y a pas une semaine sans que le sujet fasse l’objet de unes dans les médias. J’ai pour ma part eu le sentiment d’une propagande organisée exploitant la détresse économique, promettant la lune, l’indépendance énergétique, et les étoiles, de l’argent à flots pour tous. Même Michel Rocard voit dans les gaz de schiste un cadeau des dieux, s’associant ainsi dans le verbe et l’esprit à Louis Gallois, son rapport et ses promesses babyloniennes.

Au niveau européen, c’est avec les débats sur les gaz de schiste que l’on peut mesurer combien la perspective d’intérêts économiques de court terme fait tourner les têtes. Le dérèglement climatique? La protection de la ressource en eau? Les micros-séismes? Les impacts sont minimisés pour ne pas dire volontairement ignorés.

Pourtant, de nombreux documents officiels mettent en lumière les risques sanitaires et environnementaux liés à l’exploitation des gaz et huiles de schiste.

En 2011 déjà, un rapport officiel du Parlement européen concluait que nos cadres législatifs européen et nationaux n’étaient pas adaptés pour faire face aux nombreux impacts inévitables et avérés de la fracturation hydraulique sur l’eau, les sols, l’air et l’environnement en général… sur la base des premières analyses et leçons tirées des Etats-Unis. Depuis, ces conclusions ont été confortées et ce notamment par des études rendues publiques par la Commission européenne en septembre dernier.

Les pro-gaz de schiste n’ont de cesse de brandir le «rêve américain des gaz de schiste», soi-disant source de gains financiers et des emplois.

Mais l’Europe n’est pas les Etats-Unis. Nous n’avons pas les mêmes contraintes de densité de population, les mêmes exigences de sécurité, de préservation de la santé de la ressource en eau ou de nos sols. Les microséismes en France, pour ne parler que d’elle, avec ses 58 réacteurs nucléaires, n’auront pas les mêmes incidences…

Invoquer un pseudo-modèle américain ne devrait nous servir qu’à tirer les leçons de leur expérience: épisodes sismiques, nappes phréatiques polluées… Je suis allée en Pennsylvanie, et je n’ai pas aimé ce que j’y ai vu et entendu: des puits qui laissent s’échapper des gaz et des produits chimiques dans les nappes phréatiques. On ne peut plus rien cultiver, les paysages sont dévastés.

On entend dire que les industriels travailleraient sur le remplacement des produits chimiques, la technologie des forages, une fracturation sans eau avec du gaz propane, du dioxyde de carbone, une stimulation électrique et autres.

Laissons les Etats-Unis développer et expérimenter des technologies alternatives à la fracturation hydraulique. Pendant ce temps, nous miserons sur les énergies renouvelables, sur les économies d’énergies, l’efficacité énergétique, c’est-à-dire sur un futur durable et sûr. Ne cédons pas à la paresse de l’intelligence… et à la désinformation.

Au niveau européen, le débat est loin d’être clos. Les deux résolutions votées fin novembre en plénière sont des étapes et elles ont eu le mérite de révéler clairement les lignes de partage entre eurodéputés.

Je regrette à ce titre que l’amendement déposé par les écologistes, appelant à un moratoire européen sur la fracturation hydraulique, n’ait pas trouvé de majorité lors des votes. Mais je me réjouis que plusieurs articles témoignant d’un a priori favorable à cette exploitation aient également été supprimés, et que priment deux principes qui nous tiennent particulièrement à cœur: le principe de précaution et le principe «pollueur-payeur», qui ont été actés.

Le Parlement européen a donc envoyé un message clair à la Commission européenne, aux Etats membres et à leurs citoyens: nous ne pouvons exploiter cette énergie fossile sans prendre de précautions, et celles-ci ne sont pas réunies aujourd’hui.

Les commissaires à l’Energie et à l’Environnement se sont engagés à présenter en 2013 une proposition de cadre réglementaire fondé sur une consultation publique et des analyses de risques.

J’espère que cette mise en perspective des risques avérés et des bénéfices attendus permettra à certains Etats membres de reconsidérer leur engagement dans la course effrénée et avide aux gaz de schiste et qu’elle confortera des Etats comme la France ou la Bulgarie dans leur décision d’interdire la fracturation hydraulique.

Notre priorité est et devra rester de garantir une protection élevée de la santé humaine et de l’environnement en Europe. Notre vision politique pour l’énergie est une stratégie gagnante à long terme pour l’économie et l’environnement –durable et renouvelable.

Alors mon message à Arnaud Montebourg est le suivant: le redressement, c’est regarder vers le haut (éolien, solaire) pas de continuer à s’enfoncer dans les profondeurs des schistes. Mieux vaut produire des énergies renouvelables que de continuer à les importer de Chine ou d’ailleurs.

Sandrine Bélier

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