thématiques – Commission Enfance-Education-formation https://education.eelv.fr Un site utilisant Réseau Europe Ecologie Les Verts Thu, 15 Feb 2018 21:04:43 +0100 fr-FR hourly 1 Motion : POUR UNE REFONDATION DES APPRENTISSAGES https://education.eelv.fr/motion-pour-une-refondation-des-apprentissages/ Tue, 17 Jun 2014 09:48:40 +0000 http://education.eelv.fr/?p=2266 le 15 juin 2014 le conseil fédéral a voté à l’unanimité moins 4 abstentions la motion suivante :
Exposé des motifs :
La refondation de l’Ecole prendra du temps. La refonte des programmes d’enseignement de la scolarité obligatoire (l’école fondamentale pour les écologistes) s’inscrit ainsi dans le moyen terme pour faire évoluer en même temps les prescriptions, les objectifs et les pratiques. C’est à une véritable révolution – un changement de paradigme – qu’il faut s’atteler. En premier lieu, il faut fixer des grands objectifs à la scolarité obligatoire. Il faut cesser de décliner des programmes détaillés infaisables – sauf pour une élite. Cessons d’être jacobins sur les moyens (les mêmes horaires d’enseignement pour chacun) et girondins sur les fins (chaque enseignant, chaque établissement s’arrange avec sa réalité propre pour se fixer des finalités et des objectifs réels d’apprentissage).
En second lieu, il faut accorder des droits à la formation tout au long de la vie pour les personnes, en incluant la formation professionnelle initiale, la scolarité au lycée et l’enseignement supérieur. La scolarité obligatoire doit outiller les personnes pour qu’elles puissent suivre des parcours qui ne seront pas fléchés. Il faut cesser d’organiser notre système de formation initiale comme une machine à sélectionner.
Enfin il faut associer les élèves et tous ceux qui apprennent aux évaluations qui les concernent : il faut commencer dès le début de la scolarité obligatoire. Tous les acteurs, toutes les disciplines scolaires doivent coopérer en ce sens, et pas de façon rhétorique ou marginale.
A un système scolaire qui impose d’en-haut, organise des files d’attente, induit partout des pratiques sélectives et renforce les situations de stress qui s’imposent aux plus jeunes et aux plus fragiles, il faut substituer un système où les individus apprennent à coopérer, à construire sur le long terme, à entrer dans une logique de projet.
C’est tout le contraire des pratiques largement répandues dans les collèges : des livrets personnels de compétences aux items bien trop nombreux, dont la validation opérée par les chefs d’établissement est aléatoire et dont les premiers intéressés (les jeunes et leurs familles) sont très largement exclus.
A priori la refondation entamée par la loi d’orientation peut fournir des occasions d’opérer cette mutation. Le Conseil supérieur des programmes doit voir son indépendance garantie pour réaliser ce que la loi n’a pas défini : la définition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture ; les référentiels de programme pour les différents cycles de la scolarité obligatoire (maternelle ; CP-CE1- CE2 ; CM1-CM2-6ème ; 5ème-4ème-3ème).
Des expériences existent déjà pour opérer cette mutation que la société attend et que les écologistes soutiennent. Les « éducations à… » sont une des pistes sur lesquelles s’engager : l’éducation à la santé existe déjà dans le système scolaire ; l’éducation à l’environnement et au développement durable
s’appuie sur les ressources des territoires, des associations ; l’éducation à la résolution non-violente des conflits s’est de plus imposée comme une piste prometteuse dans de nombreux établissements. Les « éducations à… » ont du sens pour les élèves, pour les parents qui ne comprennent pas ce que l’Ecole prescrit.

Motion :
Europe Ecologie-Les Verts, réuni au Conseil Fédéral des 15 et 16 juin 2014 demande :
– Une écriture du décret sur le socle commun qui se réfère aux huit domaines définis par l’Union Européenne (2006),
– La définition pour chaque cycle de la scolarité obligatoire (école élémentaire et collège) d’objectifs transdisciplinaires de fin de cycle pluriannuel adossés à un référentiel de compétences
– Une application de trois principes :

  • transparence pour l’accès aux données personnelles
  • information préalable des intéressés sur les modes de partage des données et des destinataires
  • identification des finalités pédagogiques des différents outils (portfolios-carnets de bord, porte-feuilles personnel de compétences)

– Une impulsion vigoureuse pour permettre aux élèves, enfants et adolescents, de développer des projets personnels et collectifs dans le cadre scolaire, périscolaire et extrascolaire ;

– Une démarche volontariste pour permettre à toutes les écoles et tous les collèges de développer, en lien avec des collectivités territoriales, des « éducation à… » qui associent étroitement les lieux d’enseignement et leur environnement.

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motion du CF votée à l’unanimité :POUR DES POLITIQUES EDUCATIVES LOCALES SOUTENABLES https://education.eelv.fr/motion-du-cf-votee-a-lunanimite-pour-des-politiques-educatives-locales-soutenables/ Sat, 21 Sep 2013 10:02:24 +0000 http://education.eelv.fr/?p=2263 Exposé des motifs :
L’éducation ne s’arrête pas aux murs de l’école : voila une évidence portée par les écologistes qui
est de plus en plus partagée aujourd’hui. La mise en place des premiers « Projets éducatifs de
territoire (PEDT)», en septembre 2013, devrait être une occasion de le vérifier. Car il y a là un
enjeu essentiel : la politique locale sera-t-elle le cadre durable d’une vraie éducation partagée
entre tous les acteurs qui agissent auprès des enfants : parents, enseignants, associations,
collectivités ?
Les écologistes se sont franchement engagés l’an dernier pour favoriser la création des PEDT.
Force est de constater aujourd’hui que le cadre réglementaire et financier joue contre la
dynamique qu’ils défendent : un travail de remise à plat et de construction collective par les
acteurs d’un vrai projet éducatif de territoire, porteur d’une vision globale de l’enfant, respectant
chacun des acteurs et garantissant l’égalité sur les territoires ; une vraie complémentarité entre le
service public d’éducation – qui reste le garant de l’égalité républicaine – et les élus locaux, avec
les parents et tout le tissu associatif, culturel et économique de proximité.
Le décret du 24 janvier 2013, celui du 2 août 2013, la circulaire du 20 mars 2013, les derniers
arbitrages financiers donnent une impression d’illisibilité qui laisse, une fois de plus, l’avantage aux experts, à ceux qui ont les moyens de s’informer et les outils pour travailler ; cela engage un
processus d’exclusion pour certains parents, certains partenaires de l’école et certaines
communes.
Aujourd’hui, partout, les acteurs de bonne volonté pointent des difficultés de mise en oeuvre :
manque de personnel qualifié et disponible, insécurité juridique pour les communes, insécurité du
financement par les collectivités, coupes inopportunes dans les subventions des associations
potentiellement intervenantes Surtout le manque de souplesse du cadre proposé empêche
d’imaginer des solutions innovantes et ambitieuses qui permettent aux acteurs de réellement
coopérer.
Nous regrettons vivement que les textes ministériels n’aient pas autant d’ambition que celle portée
par les organisations et collectivités signataires de l’Appel de Bobigny. Elles sont même en-deçà
de la circulaire créant les Projets éducatifs locaux signée en 1998 par 4 ministres : Ségolène Royal
(enseignement scolaire), Marie-Georges Buffet (Jeunesse et Sports), Claude Bartolone (Politique
de la Ville) et Catherine Trautmann (Culture).
Une évolution est déjà prévisible : des communes seront contraintes de choisir la simple garderie.
La situation d’isolement qu’on trouve dans de nombreuses communes rurales perdurera.
Pourtant il est facile de noter une réelle attente du côté des parents, comme en témoignent la
hausse des inscriptions à la cantine ou un intérêt pour des activités en dehors du cadre scolaire.
Cela est appuyé par des études convergentes montrant tout l’intérêt de l’ouverture sur
l’environnement, des expériences nouvelles que vivent les enfants en dehors de l’école ou dans
l’école.
Les enseignants, de leur côté, dès lors que le dialogue est constructif et engagé, sont, le plus
souvent, disponibles pour penser une vraie complémentarité et travailler à un projet éducatif
cohérent dans lequel ils ont toute leur place. Les parents, les enseignants veulent et de la
cohérence et de la continuité éducative. Doit-on réduire les débats à des querelles de quart
d’heures pour aménager les horaires de la journée ? La fracture existe déjà entre communes
riches et pauvres, entre communes isolées et communes-centre. Elle va s’accroitre entre parents
informés, mobiles et parents soumis à des situations personnelles et professionnelles précaires.
Pourtant les innovations de terrain ne manquent pas :
Qui sait que l’organisation de la cantine n’est pas une compétence obligatoire des communes ?
Certaines communes vont bien au-delà et ont compris qu’il fallait inscrire dans la durée le travail
avec tous les parents, les enseignants de l’école primaire, des associations locales, des acteurs
du monde de la culture, du sport, de l’éducation populaire. Partager des projets en commun, c’est
entrer dans de l’éducation partagée. Les objets ne manquent pas : éducation à l’environnement et
au développement durable, éducation à la santé, à la citoyenneté s’appuient aussi bien sur les
activités physiques et sportives que sur les différents champs de la culture. Des communes rurales
ont transféré la compétence éducation à l’intercommunalité. Beaucoup de communes voudraient
pouvoir créer des emplois au moins à mi-temps, emmener les élèves dans des équipements ou
des activités qui n’existent pas toujours sur place. Or le décret pris le 24 janvier 2013 fait obligation pour les PEDT de prévoir 9 demi-journées, laissant ainsi peu de place pour des activités
nécessitant un déplacement ou un investissement important.
EELV fait sienne la définition proposée par l’association Prisme :
« Toutes les communes ou groupements de communes ont vocation à se doter d’un projet
éducatif de territoire pour mettre en oeuvre la nouvelle organisation des rythmes éducatifs. Le
projet éducatif de territoire constitue le cadre indispensable par lequel la communauté éducative
définit, organise et met en oeuvre, sur des valeurs et des finalités partagées, une politique
éducative qui prend en compte les différentes dimensions du développement du jeune selon une
approche globale de ce développement. Au service de la cohérence et de la continuité éducative
sur le territoire concerné, le projet éducatif de territoire organise et valorise la complémentarité
entre les actions pédagogiques conduites dans le cadre des projets d’école et d’établissement
avec les activités éducatives des collectivités territoriales et les propositions des associations. »
Motion :
Europe Ecologie-Les Verts, réuni au Conseil Fédéral du 15 septembre 2013 :
• Prend acte des avancées effectuées dans les collectivités territoriales qui ont déjà mis en
oeuvre une véritable réflexion sur l’éducation partagée.
• Demande :
– une réécriture sans délais des décrets du 24 janvier 2013 et du 2 août 2013 par les
ministres concernés afin de permettre une réelle souplesse d’application au niveau local
en remplaçant l’expression “9 demi-journées“ par “4,5 jours“ ; en accordant la
possibilité, sans dérogation particulière, pour les communes qui le souhaitent, de ne pas
reproduire les quatre journées (lundi, mardi, jeudi et vendredi) à l’identique, mais de
concevoir la semaine scolaire de manière cohérente et souple en fonction de ses
possibilités, des exigences pédagogiques et éducatives et du rythme de vie des
enfants et pour l’accès à des activités culturelles, sportives pour tous.
– la possibilité, sans dérogation particulière, pour les communes qui le souhaitent, en
concertation avec les différents partenaires de choisir les cours le samedi matin plutôt
que le mercredi matin ;
– l’inclusion d’une définition du PEDT qui permette une éducation partagée inscrite dans
la durée.
– un débat national après les élections municipales de mars 2014 se traduisant par une
loi d’orientation sur le domaine partagé en éducation qui :
– assure un cadre de financement pérenne en échange d’obligations nouvelles
pour les communes ou intercommunalités ;
– garantisse l’égalité des territoires par un système de péréquation équilibré
– définisse les principes du domaine partagé en éducation et les niveaux de
qualification à atteindre
– un plan pluriannuel de mise en oeuvre et de formation des acteurs et une véritable
relance de l’éducation prioritaire qui permette une véritable égalité entre es enfants et les
territoires.
La refondation du projet éducatif de notre société ne concerne pas que l’école et mérite
bien plus que des ajustements : un véritable courage politique.
Unanimité moins 1 nppv

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La refondation de l’école – Plaidoyer pour une laissée pour compte : la formation continue des personnels (version complète) https://education.eelv.fr/la-refondation-de-lecole-plaidoyer-pour-une-laissee-pour-compte-la-formation-continue-des-personnels-version-complete/ Tue, 19 Mar 2013 16:04:04 +0000 http://education.eelv.fr/?p=2207 La refondation de l’école – Plaidoyer pour une laissée pour compte : la formation continue des personnels (version longue)

Christian ALIN Professeur d’université émérite en Sciences de l’éducation IUFM Lyon1 CRIS Lyon1 EA 647
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La refondation de l’école – Plaidoyer pour une laissée pour compte : la formation continue des personnels https://education.eelv.fr/la-refondation-de-lecole-plaidoyer-pour-une-laissee-pour-compte-la-formation-continue-des-personnels/ Tue, 19 Mar 2013 15:52:43 +0000 http://education.eelv.fr/?p=2205 Christian Alin, Professeur d’université émérite en Sciences de l’éducation – UCBL Lyon1CRIS EA 647

Qui supporte longtemps d’avoir des doutes sur le renouvellement des connaissances et des pratiques de son chirurgien ou son médecin ? Qui accepte un instant de monter dans un moyen de transports en se posant des questions sur l’habilitation du bus ou de l’avion et bien sûr du pilote ? Il est un monde où la préoccupation de l’efficacité du personnel est constamment réclamée, à grands cris de slogan de lutte contre l’échec scolaire, celui des métiers de l’éducation nationale.
En revanche, force est de constater que les parents, un grand nombre d’enseignants eux-mêmes, mais aussi et surtout les instances institutionnelles, hors mis la formulation de bonnes et belles intentions, ne se mobilisent pas. Les élèves eux, du plus petit au plus grand, aimeraient bien partager leur vie, d’enfant, d’écolier, de collégien, de lycéen et d’étudiants avec des personnels et des enseignants bien formés et ce tout au long leur vie professionnelle. Pour Philippe Meirieu, « globalement, le projet de loi qui est proposé aujourd’hui n’est pas à la hauteur des besoins éducatifs de notre société… Il ne prend aucune disposition particulière pour la formation continue! C’est un oubli préoccupant : les ESPE1 formeront 30 000 enseignants par an tout au plus, alors que c’est près d’un million d’enseignants et de personnels en activité qui doivent avoir droit à une formation continue2 de qualité!
La formation continue une arlésienne et/ou une délaissée permanente. — On en parle, on l’appelle, on la couvre de bonnes intentions. Le projet de loi, une fois de plus l’inscrit dans ses énoncés (article L 721.2). Force est de constater que ses missions et ses moyens restent dans un grand flou. En France, aux Pays-Bas, en Suède, en Islande et en Norvège, la formation continue constitue une obligation professionnelle mais, dans la pratique, la participation est facultative.3 Surtout, un état des lieux dans les pays européens sur les vingt dernières années fait apparaître une réduction des efforts dans cette direction4. Déjà en 1982 De Peretti5 écrivait « l’effort total accompli représenterait pour les dépenses constatées en 1980, 1,50% de la masse salariale soit un peu plus que ce qui est exigé actuellement en raison de la loi de juillet 1971 mais par ailleurs beaucoup moins que le pourcentage affecté actuellement par de grandes organisations à une action du même ordre (6,18% à EDF) ». Le budget alloué pour la formation continue est depuis de nombreuses années en constante régression alors que celui de l’EDF, par exemple est passé à 7%.
Savary, De Peretti, revenez vite c’est urgent ! — Malgré vos formidables et pertinentes recommandations et 30 ans après, la formation continue des personnels est toujours, en état de coma profond. Relire le rapport d’André De Peretti et constater que ses propositions en matière de formation initiale anticipent une formation universitaire et professionnelle à bac+5, animée par un établissement universitaire professionnalisant. Toutes les problématiques actuelles de
l’éducation et de la formation. Autrement dit, dés 1982 ce rapport proposait déjà des ESPE. En revanche, il écrit : « La formation initiale dans tous les domaines – et quelles que soient les transformations réalisées- ne peut suffire si elle n’est pas prolongée avec vigueur par laformation continue.» Alors, comment comprendre un tel état de fait ? Comment se fait-il que 30 ans après les discours des chercheurs, des experts et des enseignants lambda s’accordent sur la pertinence des problématiques évoquées par ce rapport et que rien n’est bougé. Une telle situation, au-delà même des politiqués économiques malthusiennes (à droite comme à gauche) qui ont freiné et drastiquement réduit la formation continue des personnels de l’éducation nationale est-elle condamnée qu’à n’être que la courroie de transmission des prescriptions
programmatiques de la hiérarchie ? Est-elle condamnée à continuer à ne jamais pendre en compte les besoins et les difficultés individuelles et/ou collectives, locales et/ou génériques, voire les souffrances des personnels au quotidien ? Est-elle condamnée à ne pas prendre en compte les nouveaux enjeux sociétaux qui se sont révélés depuis. (Inter-culturalité, citoyenneté, laïcité, problématique de genre, inclusion des enfants à besoins particuliers, handicap, violence, éducation à la santé, éducation au développement durable, problématique écologique et bien sur l’échec dit « scolaire ».
Le pessimisme de la connaissance n’empêche pas l’optimisme de la volonté — Enseigner est certes un métier qui s’apprend mais c’est aussi un métier qui doit continuer à s’apprendre. L’auteur de ces lignes a consacré sa vie professionnelle aux liens qui lient la recherche, la formation et l’innovation6. Malgré tous les nuages qui s’accumulent, ces jours, sur la refondation de l’école et en particulier sur la formation continue des enseignants, il veut croire que l’intérêt et l’ambition de la réussite scolaire de nos enfants, de nos élèves, de nos étudiants, prévaudront sur les luttes de territoires des uns et des autres et que la formation continue pourra apporter à tous les personnels et intervenants l’expertise et le bonheur d’agir qui font la vie de tout métier.
En cette fin d’article, je ferais donc mienne la célèbre formule d’Antonio Gramsci, tout en demandant à chacun, particulièrement dans cette période de crise politique, économique, écologique et quelle que soit sa place et sa fonction de participer à une éducation au courage7.
1 ESPE : Ecole Supérieures du Professorat et de l’Education
2 Selon l’OCDE, la formation continue est définie comme «l’ensemble des activités qui développent les
compétences, les connaissances et l’expertise d’un individu, sous forme de cours, conférences, ateliers,
séminaires, programmes de qualification, observation de visite d’écoles, participation à des réseaux d’échange
d’expériences, échanges entre pairs, recherche individuelle ou collaborative…».
3 Eurydice, Eurostat – Chiffres clés de l’éducation en Europe 2009, p160
http://eacea.ec.europa.eu/education/eurydice/documents/key_data_series/105FR.pdf – consulté le
9 mars 2013
4 Arnaud Chéron, professeur des Universités en Sciences Economiques (Le Mans) et directeur de recherche sur
l’évaluation des politiques de l’emploi au sein du pôle économie de l’EDHEC. L’évolution de la formation
professionnelle continue : une perspective international, Janvier 2011
http://docs.edhecrisk.com/rsc/110111/EDHEC_Position_Paper_Evolution_de_la_formation_pro
fessionnelle.pdf – consulté le 9 mars 2013
5 André De Peretti (1982), La formation des personnels de l’Education nationale,
Documentation française.
6 Dernier ouvrage— Alin C., (2010), La Geste Formation – Gestes professionnels et Analyse
des pratiques, L’Harmattan, Paris,
7 Fleury C. (2011) La fin du courage, Fayard, Paris.

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A quand une grande politique pour la Petite enfance ? https://education.eelv.fr/a-quand-une-grande-politique-pour-la-petite-enfance/ Mon, 18 Mar 2013 22:20:48 +0000 http://education.eelv.fr/?p=2198

« Crèches qui se passe ? », « Qui va garder les enfants ? » : des parents, des associations féministes et des chiffres têtus ont récemment rappelé aux pouvoirs publics que les politiques menées pour l’accueil des 0-3 ans en France ne sont toujours pas à la hauteur des besoins et des enjeux. Seul un enfant sur trois bénéficie, à titre principal, d’un mode d’accueil, garde à domicile incluse (source CNAF) et la pénurie est évaluée à environ 400 000 places au niveau national. Tel est l’aboutissement de politiques qui n’ont toujours pas pris la pleine mesure des bienfaits d’une politique de la petite enfance réellement ambitieuse, pour les parents, pour la société dans son ensemble mais aussi, et peut-être avant tout, pour les enfants.

Disposer d’un mode d’accueil, notamment collectif, est en effet fondamental pour le développement de l’enfant, surtout s’il est issu d’un milieu défavorisé. Or, l’accueil en crèche ne concerne que 10 % des enfants (contre 83 % au Danemark et 66 % en Suède) et bénéficie davantage aux classes moyennes et aisées. Jacques Delors et le sociologue Michel Dollé ont ainsi souligné en 2009 que « l’accès aux crèches a longtemps été réservé aux familles dont les parents travaillent (…). Si l’on se place du point de vue du bien-être de l’enfant, il faudrait sans doute donner la priorité aux enfants dont les familles ont le plus de difficulté à développer le langage, les capacités cognitives et de socialisation ». Ce constat est partagé par des chercheurs de toutes disciplines. Le prix Nobel d’économie James Heckman a démontré que les politiques les plus efficaces à long terme pour la réussite scolaire étaient celles qui reposaient sur un investissement massif dans l’accueil collectif des jeunes enfants. La neuroscientifique Martha Farah tire, elle aussi, de ses études la conclusion que la petite enfance est une période critique et plaide pour des interventions précoces auprès des tout-petits. Il y a donc urgence à placer pleinement l’accueil du petit enfant dans une perspective globale d’éveil, d’éducation et de socialisation.

Essentielle pour l’égalité des chances des enfants, l’offre d’accueil l’est également pour l’équité sociale.Seuls 9 % des enfants des ménages les plus modestes bénéficient d’un mode d’accueil individuel ou collectif contre 69 % des enfants des ménages les plus aisés. La Cour des comptes dans son dernier rapport sur la sécurité sociale a ainsi souligné que les prestations familiales ont, contrairement à l’objectif recherché, « des effets de réduction des inégalités de revenus peu marqués » et que certaines prestations bénéficient « relativement plus aux familles aisées ».  Concernant l’accueil individuel, il est constaté que 37 % des familles parmi les 20 % les plus riches ont accès au complément mode de garde contre seulement 2 % parmi les 20 % les moins riches. Faute de places d’accueil collectif, solution la plus économique pour les familles défavorisées, l’objectif de lutte contre les inégalités sociales est donc dévoyé.

On nous objectera que la création d’une crèche coûte cher. Or, permettre aux parents de concilier leur vie professionnelle et leur vie familiale en leur offrant une place d’accueil a une influence directe sur l’activité ; l’enjeu est donc aussi économique. Les chercheurs Eric Maurin et Delphine Roy ont ainsi démontré que les gains nets d’activité liés à la création de 100 places de crèches sont globalement supérieurs au coût de ces places, notamment en permettant de préserver 15 emplois, principalement féminins.

Développer l’accueil est effectivement primordial pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Si près de deux tiers des parents gardent eux-mêmes leur enfant, ce sont quasi systématiquement les mères qui s’en chargent. 98 % des bénéficiaires des aides du Complément de Libre Choix d’Activité octroyé par la Caf sont ainsi des femmes et pour 40 % d’entre elles, le « libre choix » s’avère in fine contraint. Quant aux femmes seules avec enfant, il est pour ainsi dire vital de leur proposer un mode d’accueil.

Un service public de la petite enfance

Seul un véritable service public de la petite enfance permettra de répondre à ces enjeux. La construction de ce service public doit s’organiser autour du développement de l’offre d’accueil, en donnant la priorité aux équipements plutôt qu’aux aides à la personne et en privilégiant les opérateurs à but non lucratif, publics ou associatifs. Il convient en outre de mettre en place un plan national de formation et de modifier la réglementation nationale -notamment abroger rapidement le décret Morano- afin de garantir la qualité de l’accueil, d’harmoniser le taux d’effort financier pour les familles bénéficiant de modes d’accueil agréés et d’instaurer, dès lors que l’offre d’accueil est suffisante, un congé parental plus court, mieux rémunéré, partagé à parité entre les deux parents.

La ministre de la Famille a annoncé le lancement d’une concertation auprès de 400 parents pour « mieux adapter les réponses » notamment aux inégalités de territoires. Sans préjuger de ses conclusions, on peut suggérer que des structures adaptées au milieu rural ou péri-urbain pourraient être développées telles que des haltes-garderies itinérantes, des relais assistantes maternelles ou des crèches familiales. Les aides à l’installation des assistantes maternelles pourraient être renforcées. Il n’en restera pas moins indispensable de réaliser un effort important d’ouverture de nouvelles crèches. A quel coût ? Le chiffre de 10 milliards d’euros a été avancé. C’est par exemple, peu ou prou, le coût pour la France de la LGV Lyon-Turin, fortement décriée et qui suscite l’inquiétude de la Cour des comptes du fait de sa  « faible rentabilité socio-économique ». A l’inverse, l’utilité sociale et économique de la construction de crèches est aujourd’hui clairement établie.

S’il faut se donner les moyens financiers d’agir, il convient également de se doter d’un cadre opérationnel rassemblant l’ensemble des acteurs du secteur. Des schémas départementaux de l’accueil de la Petite enfance pourraient être élaborés et déclinés à l’échelon communal ou intercommunal qui semble le plus pertinent pour agir. A cet égard, l’élaboration d’un système incitatif Solidarité Petite Enfance qui inciterait fortement les communes, sur le modèle de la loi SRU-logement social, à programmer des équipements et qui veillerait à soutenir l’investissement dans les communes pauvres, semble nécessaire.

Enfin, une réflexion doit être menée, notamment avec les pédagogues, sur la pertinence de la césure instituée entre l’accueil des tout-petits jusqu’à trois ans et la politique éducative après trois ans. Comme l’ont montré les rapports Starting Strong conduits par l’OCDE, les pays où cette césure n’existe plus sont ceux qui, à partir d’une représentation différente de l’enfance et de ses enjeux, ont mis en place les politiques de la petite enfance les plus volontaristes et les plus efficaces. Les exemples scandinaves doivent à ce titre nous inspirer. Tout en évitant l’absorption de la crèche par l’école, le rapprochement qui y fut engagé entre l’accueil des 0-3 ans et celui des 3-6 ans, a permis une influence mutuelle et a débouché sur une nouvelle approche de travail avec les enfants, prenant en compte développement personnel et apprentissage. S’est ainsi forgée une conception commune et cohérente de l’enfance, de 0 à 18 ans, au sein de laquelle la Petite enfance est une partie intégrante indispensable.

En France, le débat sur la petite enfance reste rare ; il n’a guère affleuré durant la campagne présidentielle. Si le Président de la République a fait de la refonte du système éducatif la priorité de son mandat, il ne saurait y avoir de réussite dans cette entreprise sans prise en charge de la Petite enfance.

Au moment où l’horizon social s’assombrit, la mise en œuvre d’une grande politique de la petite enfance, porteuse de bénéfices sociaux, économiques et éducatifs, à court et à long terme, mais aussi d’un autre regard sur l’enfance, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives aux politiques publiques et constituer une « nouvelle frontière » à conquérir. C’est un choix de société, un choix d’avenir.

Christophe Najdovski
Maire adjoint de Paris en charge de la petite enfance
Tribune parue dans Mediapart le 10 mars 2013
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