BCE; dette publique; QE – Commission Economie, Social, Services Publics https://economie.eelv.fr Un site utilisant RĂ©seau Europe Ecologie Les Verts Mon, 16 Apr 2018 09:49:18 +0200 fr-FR hourly 1 Qu’est-ce qu’un QE et qu’a fait la BCE en janvier 2015 ? đź—“ https://economie.eelv.fr/quest-ce-quun-qe-et-qua-fait-la-bce-en-janvier-2015/ Fri, 30 Jan 2015 19:48:06 +0000 http://economie.eelv.fr/?p=2326 Plusieurs personnes ont sollicitĂ© la comĂ©co pour comprendre ce qu’avait fait la BCE, et ce que signifie le rachat de 60 milliards d‘actifs dont une majorité de dettes publiques. Cette opĂ©ration est appelĂ©e QE pour Quantitative easing (ou augmentation de masse monĂ©taire). Voici notre analyse synthĂ©tique :
Les faits : la BCE a rachetĂ© de la dette publique (majoritairement, voir en fin de note) des pays de la zone euro, pour 60 milliards d’euros, et va continuer Ă  en racheter tous les mois, pour un total de 1 140 milliards d’euros d’ici septembre 2016. Les dettes publiques des Etats de la zone euro se montent Ă  un peu moins de 10 000 milliards d’euros, donc la BCE interviendrait sur environ 10% des dettes publiques. A titre de comparaison, la BCE intervient sur l’Ă©quivalent de 12 % du PIB de la zone euro, c’est Ă  dire une intervention moins importante que les interventions des banques centrales aux US (25%) au Japon (26%).
Mais ce rachat s’effectue sur le marchĂ© secondaire, c’est-Ă -dire qu’elle a rachetĂ© ces crĂ©ances Ă  des acteurs privĂ©s (banques, mais aussi des fonds d’investissements, des hedge funds, des assureurs, des fonds de pension) qui les dĂ©tenaient jusque-lĂ . Donc les dĂ©biteurs de ces 60 milliards (essentiellement les Etats de la zone euro) ont toujours le mĂŞme niveau de dette : simplement ils ne doivent plus l’argent Ă  des acteurs privĂ©s, mais Ă  la BCE.
 
Que vont faire les banques avec les liquiditĂ©s rĂ©cupĂ©rĂ©es grâce au rachat par la BCE de leurs titres de dettes publiques ? Ce qu’elles veulent : elles pourront le prĂŞter Ă  nouveau aux Etats de la zone euro, ou Ă  des entreprises, ou les placer sur des marchĂ©s financiers. ConsidĂ©rant la règlementation des risques on peut supposer que les banques privĂ©es prĂŞteront Ă  nouveau en partie Ă  des souverains (Etats ou collectivitĂ©s) mais rien n’assure qu’elles le feront auprès des Etats de la zone euro. Estce que les investisseurs seront obligĂ©s d’investir dans la zone Euro? la rĂ©ponse est clairement non. Toutefois, plusieurs facteurs peuvent les attirer : une monnaie faible, une baisse des prix des matières premières, un soutien de la BCE.
Il paraĂ®t beaucoup plus douteux qu’elles prĂŞtent davantage Ă  l’Ă©conomie rĂ©elle, Ă©tant donnĂ© que ces dernières annĂ©es les banques prĂ©sentent plutĂ´t un bon taux de liquiditĂ© (malgrĂ© les contraintes rĂ©glementaires) et n’ont pourtant pas particulièrement prĂŞtĂ© aux entreprises.
Pourquoi cette opĂ©ration de rachat ? l’objectif principal de la BCE est de maintenir la stabilitĂ© des prix de la zone Euro. En rachetant des dettes publiques de la zone euro, elle limite le risque de mouvements des marchĂ©s financiers qui impacteraient l’euro (spĂ©culations, variations de change, etc).
La BCE maintient Ă©galement des taux d’intĂ©rĂŞt bas pour les pays de la zone euro en envoyant un signe aux prĂŞteurs : la BCE garantit d’une certaine façon les dettes publiques de la zone euro. L’impact sur l’inflation dont il est fait mention dans la presse spĂ©cialisĂ©e reste beaucoup plus hypothĂ©tique car cela dĂ©pendra de l’attitude des banques commerciales (si elles prĂŞtent aux entreprises, cela relancerait un peu l’inflation, car les taux pratiquĂ©s pour des crĂ©dits aux entreprises sont plus Ă©levĂ©s que ceux pratiquĂ©s pour les Etats, car plus risquĂ©s : il y aurait donc un gonflement technique de la masse monĂ©taire, et donc une inflation).
Mais : une des principales consĂ©quences du rachat est l’affaiblissement de l’euro. Cependant la Bundesbank n’est pas convaincue du fait que le rachat va limiter la spĂ©culation. Il est possible que les investisseurs fuient les produits obligataires qui dĂ©sormais offriront un faible rendement et se tournent vers l’immobilier par exemple. 
Ce qui ne change pas : la BCE ne peut toujours pas prêter directement aux Etats de la zone euro. Elle ne peut pas non plus obliger les banques à prêter aux Etats de la zone euro : chacun de ces Etats continuera d’être évalué, par les acteurs financiers, en fonction de sa situation nationale et non de la situation globale de la zone euro.
Et surtout, les dettes publiques ne disparaissent pas. Simplement au lieu d’être détenues par des banques, elles sont détenues par la BCE.
De plus cette opĂ©ration ne garantit en rien un meilleur financement de l’Ă©conomie rĂ©elle par les acteurs privĂ©s. Pour cela les outils publics restent Ă  utiliser, et surtout Ă  dĂ©velopper (green bonds, plan d’investissement europĂ©en, BEI-banque d’investissement europĂ©enne, etc).
Ce qui change : cette démarche est un premier pas vers la mutualisation des dettes publiques de la zone euro. Néanmoins tant qu’il n’y a pas de renégociation globale de ce paquet de dettes diverses, cette mutualisation reste à l’état de potentiel.
La position d’EELV : notre position sur la dette de crise reste d’actualitĂ©. Nous continuons de considĂ©rer qu’environ 20% de la dette publique française devrait ĂŞtre annulĂ©e (pour les autres pays il faudra aussi prendre en compte les annulations partielles dĂ©jĂ  appliquĂ©es, comme en Grèce). Nous continuons aussi de demander que la BCE puisse prĂŞter directement aux Etats. Enfin, mĂŞme si les actions de la BCE sont plutĂ´t constructives et vont dans le sens de plus d’intĂ©gration europĂ©enne, nous continuons de demander que sa gouvernance soit dĂ©mocratique…mais pour cela il faut bien Ă©videmment un gouvernement europĂ©en, et unE ministre des finances europĂ©enNE, afin d’avoir une vĂ©ritable politique monĂ©taire commune avec les mĂŞmes outils que les autres zones monĂ©taires. Enfin, cĂ´tĂ© France, nous continuons Ă  insister sur le rĂ´le de la BPI, qui doit ĂŞtre un vĂ©ritable outil de financement de l’Ă©conomie rĂ©elle…puisque les banques privĂ©es ne font pas correctement leur travail.
Pour aller plus loin :
– La dette rachetĂ©e n’est pas que publique : les principaux actifs concernĂ©s sont les crĂ©dits titrisĂ©s (ABS), les obligations sĂ©curisĂ©es Ă©mises par les banques, les obligations supranationales, et les emprunts d’Ă©tat de la zone Euro (pour 40 milliards).
– Ce qui a surpris les marchĂ©s n’est pas tellement le rachat en tant que tel mais la rapiditĂ© et l’ampleur de l’opĂ©ration : 60 milliards par mois pendant 19 mois Ă  partir de mars au lieu de 50 milliards qui Ă©taient attendus par les marchĂ©s depuis plusieurs jours.
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