l’autre – Commission Culture https://culture.eelv.fr Site Officiel de la Commission Culture EELV Fri, 23 Sep 2016 11:46:57 +0200 fr-FR hourly 1 Avant de parler de culture https://culture.eelv.fr/2011/03/15/avant-de-parler-de-culture/ Tue, 15 Mar 2011 07:23:53 +0000 http://culture.eelv.fr/?p=2654 Campagne des cantonales 2011, discours du 12 mars

 

J’ai écrit dans ma profession de foi qu’il était temps de penser l’avenir autrement.

Mais est ce que  que penser ce n’est pas justement toujours penser autrement ?

Oui la véritable réflexion fabrique de la nouveauté, elle ne conquière pas uniquement  du terrain,  elle en crée et en cela elle n’a pas de limite.  Alors  vive cette croissance là !

La réflexion  écrit une page neuve là où précisément les idées reçues, les opinions et doxas de tout poils,  relisent en boucle  les considérations des autres ou  parfois même les nôtres.

Rimbaud ecrit  « Je est un autre «  et le dicton dit qu »’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis » .En fait  les deux disent une même chose  c’est que :

celui qui se met à l’épreuve de sa pensée sort nécessairement de sa condition préalable .

La  pensée amène toujours ailleurs, la pensée produit de l’autrement :

du voir autrement,

du être autrement et, la boucle est bouclée : du penser autrement .

En deux mots :

La pensée produit de l’autre en moi même.

Et c’est à partir de ce processus que j’accède à  la compréhension d’autrui.

Exemple botanique (c’est la saison) :

Si, je suis une fleur je comprends les fleurs mais si je me transforme en champignon alors je vais me mettre à comprendre les champignons  puis, comme j’ai de la mémoire et que je me souviens d’avoir été une fleur, je vais  donc comprendre les fleurs et les champignons et ainsi de suite….

Chaque transformation me porte à comprendre  ce qui me ressemble

C’est  pour cela que la diversité est essentielle, c’est parce que elle témoigne des multiples transformations dont procède le vivant  et sa sœur jumelle : la diversité.

(dire bio diversité c’est  presque une tautologie) (Rien ne dure tout se transforme)

 

Inversement sans l’autre (mon parent, mon voisin); point de pensée possible car point d’accueil au monde, point de transmission, point de langage, et donc, point de réflexion.

Pour le dire plus radicalement  celui qui ne réfléchit pas s’enferme , Il  devient un handicapé des autres, un handicapé de lui même,

Oui celui qui ne fait pas l’effort de penser, s’ampute littéralement de sa capacité à accéder à  toute forme d’ ailleurs et d’altérité.

Oui penser c’est tricoter son avenir autrement, c’est tisser de la liberté.

Alors c’est vrai i J‘ai l’air d’insister sur l’acte de  penser et quel rapport  me direz vous avec la culture ?

Et bien

Penser et  cultiver  ne serait ce pas  un  même mouvement, un même geste une même poussée de la vie ?

Qu’il s’agisse de retourner des représentations calcifiées ou une terre trop rigide ne s’agit il pas toujours  en fait d’assouplir  un terreau afin que les nouvelles graines puissent germer ?

Ce mot culture qui fait sortir son revolver à Goering  et  son tube d’aspirine à Sarkozy, , Je me suis demandé ce le cerveau de Marine Lepen en rumine derrière son front…national  Alors j’ai un peu cherché et je suis tombée inévitablement sur l’oriflamme hautement  populiste  de la fameuse culture identitaire ….. mais c’est quoi çà, la culture identitaire ?

Eh bien la culture identitaire c’est  précisément la fuite éperdue devant toute cette réflexion qui risquerait d’amener à un ailleurs de soi.

« Je est un autre » ce n’est  pas simple à gouverner et la complexité on se rend bien compte  que ce n’est pas la tasse thé de Marine:

Un jour tu  diriges  des concitoyens qui pensent comme ci, et puis ils se mettent à réfléchir et à penser comme çà ;  alors toi, le chef d’état, tu ne t’y retrouves plus et pire : tu deviens  obligé de composer avec ces nouveaux modes de pensées. Mais alors là , on nage dans le contresens du pouvoir, c’est le monde à l’envers et que fait la police ?

Depuis quand un chef s’adapte t’il ? Un chef c’est un chef, ça dirige et c’est au peuple de s’adapter  à lui c’est à dire  d’obéir !

D’ailleurs le peuple,  pour beaucoup encore, ce n’est pas un maillage d’altérités c’est une masse. Une  masse ça peut faire 23% ça peut faire plus, ça peut faire moins, ça dépend du camembert qu’on a décidé  de lui faire remplir. Les sondeurs sont des soudeurs de différences, ils ne composent pas , ils compactent.

`Alors c’est ça qui est bien  pratique avec la culture identitaire : tu  coules tout ce beau monde  dans un moule bien  rigide, tu laisses sécher et tu  formates. Comme ça tu es certain que le « je »de Rimbaud sera  englué avant d’avoir pu devenir  « un autre ».

Bon on le sent bien:  La culture identitaire est une impasse intellectuelle  et une arnaque morale à deux balles car la culture identitaire ne fait et ne fera   jamais bon ménage avec l’acte même de penser. Eh oui !, n’en déplaise à certain : penser c’est agir.

Évidement, le seul problème c’est que pour s’en rendre compte il faut précisément  un petit peu bouger ses Neurones.

Alors là  je me dis que notre plus grand ennemi ce n’est pas le Front national, non,  notre plus grand ennemi c’est la paresse néo cortical

Et ça me pose un problème ,  parce que  quand je tracte sur certains marchés ( 35 % de FN  chez nous tout de même )je me demande comment on pourrait faire pour  désengluer les synapses de ces braves gens.

Je me vois mal aller les choper par le col  et leur citer Jacques Rancière ( le maître ignorant) en leur disant, la main sur le cœur: « vous savez …tout ce qui n’émancipe pas abrutit »

Ou bien, argument choc militant : « vous croyez que l’écologie ça commence à bien faire mais…..l’écologie c’est bien faire »

Bon alors on fait quoi ? Parce que s’ils ne veulent pas réfléchir on ne  va tout de même pas les forcer ?

Cela dit on pourrait  tenter  de leur donner envie et c’est çà qui aujourd’hui m’interroge et m’anime :

c’est   trouver le point de désir , c’est aider à réactiver le mouvement de la curiosité, l’intérêt ( inter- être),  le goût de soi et des autres. Car toute curiosité est goût de voyage et vous remarquerez une chose : c’est que la curiosité est indissociable de la joie.

Un être curieux  est à la fois gai, alerte et attentif (car curiosité et cure ont les mêmes racines). Un curieux est un être qui prend soin de… , qui est soucieux de …, intéressé par…, qui est donc tourné et porté  vers ….en cela la curiosité est désir.

En fait avant de parler de la culture c’est de désir qu’il faut parler et  c’est le désir qu’il faut invoquer.

Et je m’arrêterai là, en suspension…. au dessus de cette ouverture colmatée  par laquelle le désir ne passe plus.

Nous militants EELV , avec le burineur de l’écologie politique, nous pouvons dégager cette porte murée et lui rendre son contacte avec le vivant.

Après et seulement après….. et ensemble nous parlerons de la culture, alors je dirai :

Toute  culture est à la base du processus d’humanisation et de même que le lapin est le seul animal capable de faire du Lapin avec de la carotte, l’homme est le seul mammifère capable de faire de l’homme avec de la culture.

……………………….  Et on sera tous curieux de connaître la suite…..

Adèle Côte

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La politique culturelle sera dansante ou ne sera pas. https://culture.eelv.fr/2010/05/12/la-politique-culturelle-sera-dansante-ou-ne-sera-pas/ Wed, 12 May 2010 12:45:34 +0000 http://culture.eelv.fr/?p=2676 Une politique culturelle aussi  vivante que les spectacles.     De la cohérence à la danse. Qu'est ce que la cohérence ? C'est un état d'équilibre où les polarités s'harmonisent sans créer une dualité. La dualité est intrinsèquement prédatrice car elle est en carence d'une complémentarité qui lui permettrait d'accéder à sa globalité. Cette globalité, cette intégrité, les scientifiques la nomment homéostasie et les spirituels, paix intérieure. ...]]>

Une politique culturelle aussi  vivante que les spectacles.

 
 

De la cohérence à la danse.

Qu’est ce que la cohérence ? C’est un état d’équilibre où les polarités s’harmonisent sans créer une dualité. La dualité est intrinsèquement prédatrice car elle est en carence d’une complémentarité qui lui permettrait d’accéder à sa globalité. Cette globalité, cette intégrité, les scientifiques la nomment homéostasie et les spirituels, paix intérieure.

Dans le monde de la dualité, l’autre est logiquement une menace car ou bien nous  supposons qu’il possède ce que l’on a pas et nous souffrons de notre manque, ou bien, et c’est l’envers de la même médaille, nous  redoutons qu’il nous prenne ce que nous avons et nous avons peur de manquer. Ainsi de carence en disette, notre frère humain devient inéluctablement un danger puis un ennemi et nous ne consentons de rapport à lui que dans le cadre aussi protecteur que rigide d’un tout sécuritaire ou la  méfiance peut hélas se  réclamer de  la « Nature Humaine », car bien sûr, dans le monde de la dualité, l’homme est un loup pour l’homme.

(Remarquons au passage que jamais aucun loup n’a manifesté la moindre similitude avec l’homme au point que l’on puisse affirmer  que le Loup puisse être un homme pour le Loup  (ce qui à mon sens serait une insulte pour le loup) donc le terme de Nature Humaine est un oxymoron manifeste : La nature est ! Elle ne peut inclure ce qu’elle n’est pas, si l’homme est de la Nature, il ne peut en lui seul constituer une Nature séparée de la Nature.)

Mais quittons les loups pour revenir à nos moutons.

 

La Valeur

Il nous faut donc transmuter les dualités en polarités constructives et vivantes. Ce chemin, de l’ordre d’une véritable transsubstantiation, se trouve sur la carte IGN de la Cohérence.

La cohérence c’est ce qui accorde nos valeurs (étymologie : Valeo, je me porte bien, je suis en bonne santé) à  notre complexion (le corps) et s’harmonise  à  notre façon de vivre .

Or qu’est ce que l’existence (ex-sistence) si ce n’est l’extériorisation de  nos pensées, nos rêves mais aussi nos peurs, nos angoisses ? Et si nos esprits sont encrassés ils matérialiseront nécessairement le cambouis qui les englue. Ici réside la source même de toutes les formes de  pollution.

 

Et l’énergie

Dès que nos pensées trouvent l’énergie suffisante pour s’accorder avec nos affects, nos besoins et nos valeurs, elles s’incarnent et s’extériorisent harmonieusement et joyeusement. Elles deviennent puissances créatrices et fertilisantes car la joie (pour citer mon ami Baruch Spinoza ) est « puissance d’être et d’agir« . Les pensées-idées deviennent pleines et responsables car elles ne sont plus atrophiées par la peur et l’insécurité.  Ces idées ou concepts issus de nos cohérences, nourrissent à leur tour leur entourage, produisent l’énergie dont les autres ont besoin pour trouver leur propre cohérence, et ainsi de suite… et voilà la roue du moulin créatif  remise en mouvement.

Il me semble que la culture agit précisément à cet endroit de l’intime où s’élaborent les idées et concepts avant de s’envoler vers cet extérieur de nous-mêmes que nous nommons réalité. Cette réalité, que nous estimons objective, ne rend compte que de nos croyances et déploie en trois, quatre ou cinq dimensions,  un monde que nous supposons partagé par tous. Or Il n’en est rien car rien n’est plus intime et personnel que « le monde »

 

Vivre ensemble c’est tout d’abord voir cela.

Cela se passe en amont du respect et de la tentative de comprendre l’autre, cela se passe à la source, en soi-même et à l’endroit précis où, prenant conscience de mon ex-sistence, je réalise la puissance projective que je baptise « le monde ».

L’autre est au-delà de mon monde, l’autre est au-delà de mon idée de l’autre. L’autre je n’en saurai jamais rien. Comme dirait mon copain Levinas, «rien n’est plus étrange, ni plus étranger que l’autre. Il est l’inconnaissable, la compréhension d’autrui est inséparable de son invocation ».

Cet autre,tout à la fois inatteignable et inévitablement proche, cet autre que je fuis à la mesure de ma dépendance et dont la confrontation m’anime ou me tourmente, cet autre qui semble parfois tenir dans ses mains le fil de ma vie, cet autre, Je peux cependant réellement l’approcher si j’écoute attentivement mes propres polyphonies intérieures, mes diversités profondes et l’intuition qui me chuchote  comme à  Rimbaud : « je est un autre ».

Si l’altérité de l’autre est insaisissable, je peux du moins tenter d’appréhender la mienne…voilà une nouvelle qui fleure bon la liberté en herbe  !

 

Mais comment cultiver cette graine d’émancipation ?

Nous nous devons de  retourner notre terre intérieure avec des outils propre  à en respecter le fragile éco-système. Nous élaborerons ainsi une maison (étymologie de éco : grec oikia, oikos, la maison) véritablement éco-logique : un habitat sain où l’ego sera à nouveau relié à son essence c’est à dire à cette substance universelle qui seule peut tricoter le lien à l’autre.

En effet si chaque ego est la marque phénoménologique de mon histoire et de ma particularité – et en cela le contour  inaliénable de mon incarnation – l’essence quant à elle, est le terreau commun où germe l’Humanité.

Si de l’autre je ne peux rien saisir qui ne soit le miroir de mes propres expériences, je peux du moins choisir de m’y relier à partir de ce terreau originel. A cet endroit la différence n’effraie plus, elle stimule : si et parce que je reconnais en moi la source d’un ego souple et  mutable, celui de mon voisin ne risque plus de figer le mien dans une implacable et morose fatalité.

Dés lors le processus culturel se doit de s’aligner et de se mettre en cohérence car, on voit bien, sinon, qu’il ne peut proposer que des nourritures toxiques à nos esprits affamés. Une culture toxique c’est une culture qui divise et ne crée dans sa mise en oeuvre que jalousie et frustration.

Cette culture là, favorise la dissociation et fait passer la reconnaissance extérieure, c’est à dire le désir  de succès (voire de célébrité),  avant l’estime de soi qui émerge du pur plaisir de la créativité et de l’élaboration.

Or on voit bien que l’extérieur (l’autre fantasmé) ne peut jamais rien reconnaître que son propre fantôme, il devient donc évident qu’il n’existe d’autre succès que la capacité de se mettre en lien à partir de sa propre cohérence et de son corrélat : la puissance créative, autrement dit, l’accordage au vivant.

 

Dès lors, la relation devient plus une danse avec l’autre qu’une proposition rigide.

C’est précisément cela que l’acteur culturel doit apprendre : danser avec le public, danser avec les collectivités territoriales. Point de meneur, plus de dualité, chacun se glisse dans un mouvement commun, juste une respiration entre plusieurs individus qui ondulent joyeusement dans la même pulsation…

 

La politique culturelle sera dansante ou ne sera pas.

Adèle Côte, 12 mai 2010.
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