Le rappeur tunisien Ala Yaâcoubi, alias Weld el 15, a été condamné jeudi 13 juin à deux ans de prison ferme pour avoir insulté la police dans une chanson. Le verdict a été annoncé par le juge du tribunal de Ben Arous (banlieue de Tunis) devant lequel, il avait décidé de se présenter. Il a été aussitôt emmené en prison. A l’annonce du verdict des heurts ont eu lieu et des arrestations et brutalités envers des journalistes ont été perpétrées.
EELV apporte son soutien au rappeur et aux journalistes arrêtés ou molestés. EELV dénonce la lourdeur de la sanction infligée. Cette sanction est une menace contre la liberté d’expression et de création artistique. Elle intervient au moment où la Tunisie discute de sa nouvelle constitution qui doit garantir ces libertés. Après les condamnations sévères à l’encontre des Femen, cette nouvelle condamnation envoie donc un message négatif sur la préservation des acquis de la révolution notamment celui de la liberté d’expression.
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Comment définir la liberté de création ? Quel est le rôle de l’élu-e face aux œuvres ? Comment répondre aux demandes de censure des administré-es et des associations ? Que dit le droit ? Cet atelier permettra de répondre à ces questions en se basant sur des exemples concrets.
La liberté de création n’est prévue dans aucun texte de loi, aucun instrument juridique ne l’a pensée. La liberté d’expression est bien consacrée depuis plus de deux siè-cles par l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, mais on ne trouve pas la moindre référence aux oeuvres, ou à l’art, dans cette déclaration. Or les oeuvres font débat. Et ce débat se déroule de plus en plus devant les tribunaux, la loi se montrant sans cesse plus contraignante et répressive. Qui doit juger les oeuvres et selon quels critères ?De l’élu qui décide d’interdire telle exposition à la commission de classification des films qui applique des critères ouvertement subjectifs, la littérature, les arts plastiques, la chanson, le cinéma sont désormais passés au prisme des opinions de chacun, religieuses, morales, politiques.
Agnès Tricoire.
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Madame la déléguée,
Vous m’interrogez au nom de l’Observatoire de la liberté de création sur les intentions d’Europe Ecologie Les Verts en matière d’éventuel encadrement de la liberté de circulation des œuvres.
Cette question a d’autant plus d’acuité que les exemples de tentatives de censure, ou de réelle censure ne cessent de faire irruption dans les domaines les plus variés: affiches de cinéma, spectacle vivant victime de manifestations, déprogrammation d’expositions, contestation d’œuvres plastiques.
La censure tourne le dos à la démocratie en ce qu’elle réfute le droit au pas de côté, à l’approche originale voire dérangeante, à l’autre regard que celui du prêt à penser.
Je tiens au passage à rappeler que notre conception de la liberté et de l’autonomie de l’artiste, à laquelle nous tenons, est antinomique de l’élu programmateur, ou de la sanction des équipes pour suite d’alternance. C’est au pouvoir de garantir des espaces d’expression de l’art, en se gardant bien d’y projeter l’idéologie du moment. Reste la défense de l’intérêt général, et la juste appréciation de ce qui protège, ou pas, l’enfance par exemple.
Je suis très sensible à la qualité de la démarche que vous suggérez: le débat, la rencontre, la prise de connaissance de l’intégralité, ainsi que du champ des interprétations multiples, l’ouverture d’espaces critiques. Ces chemins à eux seuls forgent du lien, de l’épanouissement et de l’émancipation. Ils sont d’autant plus nécessaires que si l’œuvre permet la distanciation, elle tire une part de sa lisibilité, de sa vraisemblance ou de son inscription dans les codes sociaux de son époque
Vous me demandez des engagements plus précis qui déclinent ces principes :
– L’abrogation de l’article 14 de la loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse est une position ancienne des écologistes et nous la maintenons. Cet article a en effet été le prétexte à la mise au pas des publications jeunesse et à l’interdiction (réelle ou de fait, en instaurant des conditions d’édition impossibles à tenir) de publications politiques ou satyriques. Les images furent plus souvent frappées que les écrits, la bande dessinée en paya un lourd tribu. Les œuvres étrangères furent plus souvent attaquées que les œuvres éditées en France… Il existe d’autres dispositifs législatifs visant à protéger la jeunesse, contre l’incitation à la haine raciale, au viol, le révisionnisme, l’homophobie, en encadrant la pornographie. Nul besoin de cet article qui n’est qu’un prétexte.
– Sur l’exclusion des œuvres du champ de l’article 24 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse et des articles 227-23 et 227-24 du code pénal, je vous propose d’en reparler lors de la rencontre prévue le 21 mars afin que nous puissions nous baser sur des argumentaires partagés et trouver le meilleur moyen de protéger la liberté et l’autonomie des artistes sans laisser la porte ouverte aux discours illégaux sans visée artistique. Une difficulté résidant en la définition de l’œuvre d’art.
– A propos du cinéma, j’approuve le projet d’une place accrue des professionnels dans la commission de classification, tout comme je juge obsolète le seuil de 18 ans au lieu de 15 ans pour l’interdiction aux mineurs. Si je considère que le respect de la dignité humaine n’est pas un vain débat, je pense qu’il relève vraiment du débat démocratique, et non de démarches moralisatrices portées par le pouvoir aboutissant à l’usage d’une ordonnance pouvant permettre toutes les instrumentalisations arbitraires.
– En matière d’autorisation de diffusion radio-télévisée, le rôle du CSA est bien de faire respecter la loi et il n’est pas souhaitable qu’il aille au-delà. La protection du jeune public ne doit pas se traduire par une interdiction pure et simple de programme, mais par un affichage et une heure de diffusion ad-hoc.
En espérant avoir répondu à vos interrogations, je vous prie d’agréer mes sincères salutations.
Eva Joly
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Europe Ecologie – Les Verts s’indigne de la revendication du CRIF de vouloir censurer l’exposition des œuvres du photographe Kai Wiedenhöfer, Lauréat du prix de photojournalisme attribué par Carmignac Gestion.
Reporter Sans Frontière comme la Ligue des Droits de l’Homme ont décrit à plusieurs reprises les difficultés que connaissent les photojournalistes pour témoigner du conflit israélo-palestinien, accusés de part et d’autre de manipuler l’opinion.
Exposées au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, ces photographies, témoignant du conflit sur la période 1999-2010, ont été la cible d’une action visant à les détruire dimanche après-midi, par quelques extrémistes, contraignant la direction du musée à fermer temporairement l’exposition.
La réaction du directeur du musée à l’AFP, ne défendant pas l’oeuvre de ce photographe au motif qu’il s’agirait d’un partenariat avec une entreprise privée, ne l’honore pas. Décidément, le courage, la liberté d’expression et la défense des créateurs se font rare au sein de ce musée.
A ce jour l’exposition est de nouveau ouverte au public et connait une affluence importante. Au nom du droit à l’information, de la liberté d’expression et au nom de la défense des créateurs, nous nous en réjouissons.
Djamila Sonzogni, Jean-Louis Roumégas,
Europe Ecologie / Les Verts