budget 2013 – Commission Culture https://culture.eelv.fr Site Officiel de la Commission Culture EELV Fri, 23 Sep 2016 11:46:57 +0200 fr-FR hourly 1 Budget Culture Ile de France : une vision de plus en plus comptable, ou recommencer à faire de la politique ? https://culture.eelv.fr/2012/12/21/budget-culture-ile-de-france-une-vision-de-plus-en-plus-comptable-ou-recommencer-a-faire-de-la-politique/ Fri, 21 Dec 2012 19:46:37 +0000 http://culture.eelv.fr/?p=3743 Monsieur le Président, Monsieur le Vice Président, mes chers collègues, C’est pour moi un exercice pénible que d’intervenir à cette heure tardive, dans l’indifférence presque générale, afin d’essayer de faire entendre à notre noble assemblée, que baisser le budget de soutien a la culture, à la création, à l’action culturelle est une erreur politique majeure. Et elle est à double titre, car c’est une erreur collective,  dont on ne peut se laver les mains en désignant un coupable parfait, et particulièrement ici le Vice Président.  Parce que je sais qu’il s’est battu pour ne pas en arriver là, tout comme les élus membres de la commission culture ont tentés à leur tour et à leur niveau d’empêcher cette débâcle, cet échec de la baisse du budget régional de la Culture. ...]]>

Monsieur le Président, Monsieur le Vice Président, mes chers collègues,

C’est pour moi un exercice pénible que d’intervenir à cette heure tardive, dans l’indifférence presque générale, afin d’essayer de faire entendre à notre noble assemblée, que baisser le budget de soutien a la culture, à la création, à l’action culturelle est une erreur politique majeure. Et elle est à double titre, car c’est une erreur collective,  dont on ne peut se laver les mains en désignant un coupable parfait, et particulièrement ici le Vice Président.  Parce que je sais qu’il s’est battu pour ne pas en arriver là, tout comme les élus membres de la commission culture ont tentés à leur tour et à leur niveau d’empêcher cette débâcle, cet échec de la baisse du budget régional de la Culture.

Pourquoi je considère que c’est un véritable aveu d’échec ? Tout d’abord, parce qu’il suffit de regarder la réalité des chiffres,  pour s’apercevoir qu’il est ridicule de laisser croire qu’une coupe de 5 millions d’euros sur le budget culturel est la solution d’économie d’une région disposant d’un budget de 4 milliards et demi, pardon, mais cela laisse rêveur. Le budget culture en fonctionnement, c’est 1,2% du budget régional. Amputer ce budget de 5 millions d’euros, c’est faire une économie de 0,1% au budget global ! Quelle économie ?! Quelle victoire ?!

Laissez-moi vous dire, baisser le budget de la culture, et particulièrement sur sa partie fonctionnement, c’est faire croire qu’ 1 million dépensé est égal à 1 autre million, sans analyse sur la valeur ajoutée d’une dépense, sur son « service rendu ». Avec 1 million, on peut soutenir « Paris Région Entreprise »-c’est un choix, ou alors on peut développer la création culturelle et la médiation pour 15 fabriques de culture, ou encore permettre la finalisation de 30 films, on peut aider 50 auteurs en résidence, on peut soutenir 10 à 15 compagnies, une trentaine de festivals… Car en faisant cela, on fabrique du lien social, on éduque, on enchante, on émancipe, on transmet, on apprend a vivre ensemble.

Voilà en réalité à quoi sert l’argent dépensé pour la culture, voilà en quoi il est utile et indispensable.

Encore une fois, Il semble que nous oubliions collectivement pourquoi, en France, depuis 60 ans, nous avons choisi de soutenir la création et l’action culturelle avec de l’argent public. Est-ce pour notre bon plaisir ? Est-ce pour poser à côté de la rock-star en vogue, du cinéaste renommé, gimmick égotique de l’élu tentant désespérément d’exister sur une scène ou il ne sera jamais à sa place ?

Passé ce coup de gueule, que vous me pardonnerez peut-etre, je vais m’en tenir maintenant à des chiffres et des constats plus terre a terre, moins politiques, puisque notre institution devient de plus en plus comptable.

Comptons, donc.

« – Le secteur créatif représente au minimum 546 077 emplois en France, contre 225 000 dans l’automobile et 152 000 dans les télécoms.

Le secteur culturel francilien concentre 2,2% de l’activité économique nationale :

  • 27 % des compagnies dramatiques
  • 13% des scènes nationales
  • 31 % des compagnies de danse
  • 22 % des écoles de musiques et de danse, 22 % des enseignants et 20% des élèves
  • 18 % des salles de cinéma, 33% des recettes
  • 52 % des salariés du régime de l’intermittence du spectacle et 22% de la filière culturelle des collectivités territoriales
  • Le secteur du Cinéma et de l’audiovisuel seul permet d’employer plus de 130000 personnes en Ile-de-France.
  • En termes d’emplois, l’Île de France représente 49 % des emplois culturels en France.

Paradoxalement, ce foisonnement culturel ne garantit toujours pas un accès équitable à la culture pour tous les franciliens. La Culture va aux cultivés, à ceux qui savent déjà, ceux que l’art a déjà conquis, quand tant d’autres, restant à conquérir, vaincus, s’éloignent de plus en plus, malgré eux, des chemins de la connaissance et de l’ouverture au monde. Le réseau associatif et citoyen de la culture, exsangue, qui palliait jusqu’alors, bon an mal an, les manques des institutions, doivent se résoudre à réduire leurs activités devant les baisses conjuguées de l’Etat, des départements, et maintenant de la Région !

On peut bien sûr, essayer de se réjouir d’un budget d’investissement constant en AP, et en hausse de 4% en CP,  par rapport à 2012, mais il n’en demeure pas moins que construire des lieux ne les fait pas fonctionner, et que la logique permanente de se renvoyer la balle entre collectivités et Etat pour assurer le fonctionnement de ces espaces, ou pire, croire que la main invisible du marché va soudainement venir financer ces lieux culturels nous amène droit dans le mur.

Je finirais par dire, tout de même, que tout n’est pas noir dans ce budget, car il s’attache malgré la pénurie à orienter son action vers la jeunesse, par la mise en œuvre d’actions pour les lycéens, et notamment les médiateurs culturels.

Il faut se réjouir de la dotation d’une nouvelle ligne pour les arts de la rue, à hauteur de 500 000 euros, qui permettra de démontrer que notre signature a leur manifeste, L’Art est Public, au moment des présidentielles, se traduit dans les faits. Il faudra aussi les soutenir mieux grâce aux dispositifs déjà existants, comme le soutien à la permanence artistique, les aides aux manifestations ou les fabriques de Culture.

Nous saluons également la volonté du vice Président de mettre en place le musée éphémère, pour valoriser et faire circuler la création contemporaine a travers toutes l’Ile de France.

Mon groupe, tient à réaffirmer la nécessité de faire grandir les Fabriques de Culture, de maintenir le soutien au livre et à la lecture, à la permanence artistique et culturelle, au cinéma et à l’audiovisuel et cela se traduira dans nos votes sur les différents amendements qui vont vous être présentés M. le Président.

Nous disons enfin que l’éducation à l’image doit pouvoir bénéficier a tous les publics franciliens, y compris ceux qui ne sont pas Lycéens ou apprentis, cela fera encore l’objet d’un amendement que portera mon groupe.

Vous l’avez compris, M. le président, notre groupe regarde ce budget avec l’exigence qu’il mérite, et parce que nous sommes convaincus de la nécessité de l’intervention de notre institution pour soutenir la Culture en Ile-de-France, nous voterons ce budget, malgré ses défauts, mais sous réserve qu’une partie à minima des amendements des groupes de notre majorité puissent l’abonder, de manière politique, et non comptable.

Je vous remercie.

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Budget culture et communication pour 2013 https://culture.eelv.fr/2012/10/16/budget-culture-et-communication-pour-2013/ Tue, 16 Oct 2012 10:21:55 +0000 http://culture.eelv.fr/?p=3720 On sauve les meubles, mais ou est le projet ? Le Projet de Loi de Finances prévoit une diminution de son budget de 4,33% en 2013, soit 110 millions d’€, puis –2,06% en 2014 et – 1,26% en 2015 soit une diminution totale de 7,48% en 3 ans. Si on ajoute la stagnation budgétaire de l’année 2012 et l’inflation des années à venir, le budget culture aura perdu 12 % à 15 %  des ses moyens d’ici à 2015. ...]]>

On sauve les meubles, mais ou est le projet ?

Le Projet de Loi de Finances prévoit une diminution de son budget de 4,33% en 2013, soit 110 millions d’€, puis –2,06% en 2014 et – 1,26% en 2015 soit une diminution totale de 7,48% en 3 ans. Si on ajoute la stagnation budgétaire de l’année 2012 et l’inflation des années à venir, le budget culture aura perdu 12 % à 15 %  des ses moyens d’ici à 2015.

C’est un resserrement des crédits sans précédent dans l’histoire du Ministère de la Culture, qui ne correspond pas aux engagements du Président de la République de sanctuariser le budget de ce Ministère. C’est un signe fort, qui n’est pas positif, pour une économie bien mince au regard du budget global de l’Etat, la Culture en constituant moins de 1% !

 

Nous réaffirmons que la Culture, au même titre que l’Education, la Justice et la Santé, doivent être des secteurs préservés des politiques de rigueur et d’austérité, ils constituent des biens communs porteurs de droits inaliénables.

 

Cependant, les mesures prises pour atteindre les objectifs d’économie touchent et préservent des domaines importants de la politique culturelle de façon relativement équitable, et nous apprécions qu’il soit d’abord question de :

  • Préserver l’éducation artistique, les effectifs et moyens des écoles supérieures d’art, les interventions de l’état en faveur de la création notamment dans le spectacle vivant et les arts plastiques
  • Abandonner et/ou reporter les grands projets, la plupart pharaoniques, coûteux et décidés sans concertation. Nous espérons que ces décisions enterrent les  politiques de « grands projets » décidées par un pouvoir politique omnipotent. Pour les projets passés et futurs, nous souhaitons des études au cas par cas, avec tous les acteurs concernés, au titre de priorités politiques claires, sourcées et transparentes.
  • Rééquilibrer la politique d’investissement patrimonial au profit des régions
  • Faire porter les économies  sur les grands opérateurs du MC, de façon différenciée.

 

Toutefois, le Ministère ne semble pas apprécier et assumer complètement ce que cette dernière mesure comporte comme obligations de sa part par rapport aux opérateurs sous sa tutelle. On ne peut pas simplement prélever des fonds sur les grandes institutions publiques, d’autant plus que le niveau élevé et continu de ce prélèvement sera très déstabilisant, sans réviser en même temps la politique et les priorités des établissements. Il n’y a pas d’économies possibles, au niveau demandé dans ces entreprises, qui n’étaient pas et ne sont toujours pas des lieux de gabegies, sauf sur les rémunérations parfois démesurées de certain dirigeants d’établissement. Il faut des réorganisations profondes, des redéfinitions des missions, des réorientations sur les activités les plus efficaces et les plus pertinentes. Laisser les directions d’établissements se « débrouiller » revient à leur laisser choisir soit l’augmentation des tarifs (solution la plus courante), soit la diminution de l’activité (moins de spectacles, de créations, d’expositions…), soit la réduction des emplois, ou un peu des trois. Réduire les moyens ce n’est pas seulement un décret, c’est un redéploiement de l’intelligence.

 

Maintenir les obligations, Contrat d’Objectifs et de moyens, de performance et continuer la politique de gel de certaines parties des subventions de fonctionnement et d’investissement sont des injonctions contradictoires et un non-sens s’il n’y a pas un accompagnement stratégique. Le Ministère doit s’occuper des entreprises qu’il déstabilise, aider à trouver des solutions, ouvrir des perspectives d’activité pouvant compenser les pertes de revenus,  et non pas les mettre au ban des accusés.

 

A ce titre nous considérons que les messages envoyés à France Télévision, tous négatifs, sont  très inquiétants. On ne peut mettre  une entreprise dans une équation économique impossible : Avoir « à demi » supprimé la publicité, en principe remplacée par les crédits d’Etat, puis supprimer une partie de ces crédits, alors même que le restant de son marché publicitaire chancelle, et qu’on la ballote de réformes organisationnelles en réformes organisationnelles contradictoires ne peut que mener à un désastre. Ainsi, pas de publicité, mais pas de progression de la  redevance non plus, plus d’obligations à observer (par rapport à la création, aux spectacles de qualité), mais des économies à faire, de l’indépendance mais pas d’autonomie stratégique (refus des antennes régionales de plein exercice pour France 3 et France O), pas de course à l’audience mais du pluralisme de l’information face à Bouygues/TF1 et des équipes jugées sur…leur audience (contrats d’objectifs et de moyens), du media global et des revenus supplémentaires, mais interdiction d’exploiter les droits des émissions produites qui appartiennent au secteur privé, notamment via les animateurs producteurs, 180 millions à économiser, mais pas de plan social (qui serait équivalent à celui de PSA en traduction brute, etc…). Comment mieux étouffer le service public qu’en le mettant dans un faisceau de telles incohérences ? Ignore-t-on que les grands groupes audiovisuels européens cherchent déjà à exclure les services publics des marchés pour garder pour eux toute la « disponibilité cérébrale » ? Nous avons là-dessus quasiment un devoir de salubrité publique.

 

Dans la rubrique des faits inquiétants nous notons aussi la poursuite des nominations « du fait du prince » comme celle du futur directeur de l’Opéra National de Paris, nommé dans l’opacité, sans que les principaux acteurs soient consultés, sans que l’on ne connaisse quelque chose de son projet, qui pourtant devra s’inscrire dans une réduction budgétaire drastique, et en piétinant la limite d’âge …cela augure mal de l’avenir. Cela aurait pourtant été une occasion de partager une vision et de redéfinir le rôle de l’art lyrique et de l’ONP. C’est une opportunité manquée, et c’est dommage.

 

Rappelons à ce sujet que l’une des politiques prioritaires devrait être celle du rééquilibrage paritaire : les femmes dirigeantes d’établissements culturels sont une infime minorité, en complet décalage avec l’évolution de la société.

 

Nous, écologistes, sommes inquiets et déçus. Le changement de politique culturelle signifie pour nous des remises en causes profondes des acquis, du centralisme, de l’orientation « prestige » des moyens alloués au détriment de politiques plus soucieuses des citoyens. Nous souhaitons une vraie décentralisation des moyens sur les territoires, un vrai changement du mode de gouvernance (agenda 21, démocratisation des instances de décision), la reconnaissance des droits culturels comme fondement des politiques culturelles. Encore une fois, ce sont les options financières qui tiennent lieu de politique, là où, justement, les nécessités économiques, loin d’être considérées comme anodines, pourraient servir de levier pour modifier notre façon de concevoir l’action publique de l’Etat en faveur de la création, de l’action artistique et de la Culture.

 

Nous ne pleurons pas aujourd’hui sur la diminution de moyens, mais sur l’étroitesse de la vision.

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