Il nous semble en effet urgent de susciter réflexion et débat sur la place de l’art et de culture dans le projet politique. L’enfermement de celle-ci dans une catégorie administrative spécifique a encouragé sa banalisation et son instrumentalisation.
Il s’ensuit un insupportable rétrécissement de l’action culturelle publique, d’autant plus desséchant que les politiques, tétanisés par la crise, renvoient au superflu l’intervention dans un secteur qui cesse d’être perçu comme essentiel.
A l’heure où l’on parle de refonder le pacte républicain, où l’on revisite les fondamentaux, voilà qu’on réserve à l’École la mission d’éducation citoyenne. Or, si l’exception culturelle française avait un sens, c’était bien celui de placer la culture au coeur du projet politique républicain.
Ce texte est proposé à la signature des acteurs culturels qui ne se résignent ni à la langue de bois des formules convenues, ni aux simples approches corporatistes.
Conçu comme une introduction au débat, il peut et doit être prolongé par vos contributions : ICI
L’ensemble pourra, dans un deuxième temps, être édité sous une forme papier.
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Pour EELV, la culture est un élément consubstantiel du projet écologiste ; c’est aussi la condition sine qua non pour reconquérir la confiance des citoyens et « faire société », alors que la mondialisation culturelle attise les crispations identitaires et encourage la consommation effrénée de bien culturels standardisés.
Le projet écologiste pour l’Art et la Culture s’appuie sur la démocratie, la diversité, l’éducation populaire et l’économie sociale et solidaire. La charte de Fribourg sur les droits culturels, la Déclaration universelle pour la diversité culturelle de l’UNESCO, l’Agenda 21 de la culture adopté par Cités et Gouvernements Locaux Unis, la Charte des droits culturels de Fribourg et la défense de la liberté d’expression et de création contre la censure et le « fait du prince », en sont les piliers.
Une politique culturelle aujourd’hui ne peut plus être soumise à l’obsession de « l’excellence » et du « rayonnement » de quelques artistes ou intellectuels éclairant et guidant le peuple dans l’obscurité ! Elle ne doit plus être aliénée aux seules lois du marché ou instrumentalisée au service du développement économique des territoires au risque de sombrer dans des perspectives stériles et mortifères.
EELV réaffirme sa volonté de refonder une politique pour la création et l’action culturelle inclusive qui permette aux personnes, quel que soit le genre ou l’origine, de bénéficier d’une éducation artistique dès le plus jeune âge et qui propose aux citoyens dans leur diversité de (re)devenir acteurs du champ culturel. Il faut redonner à tous et toutes la capacité d’émerveillement et de curiosité au monde qui garantie notre capacité à vivre ensemble et à nous émanciper des discours d’exclusion et de repli sur soi.
Pour cela, les mutations économiques doivent avant tout permettre de pérenniser l’emploi culturel par une interrogation positive et partagée des dispositifs de l’intermittence et des droits d’auteurs. Il est en me^me temps indispensable de favoriser des écosystèmes culturels équilibrés, permettant aux émergences artistiques et aux nouvelles pratiques culturelles de s’épanouir en répartissant plus équitablement les ressources publiques pour la culture.
Les artistes doivent occuper une place privilégiée au cœur de la Cité qui ne soit pas l’apanage du « star system » mais bien la manifestation d’un rôle citoyen dans une démocratie avancée. La défense et la promotion des langues régionales, la préservation et l’inventaire du patrimoine culturel immatériel, la refonte du service public audiovisuel et la promotion d’une autre vision de l’Europe de la culture contribueront à une plus grande équité culturelle des territoires et des populations en France et dans le pays avec lesquelles nous devons coopérer.
Les écologistes considèrent les arts et les cultures comme des biens communs de l’Humanité qui doivent être soutenus en tant qu’un service public d’intérêt général investi d’une responsabilité en faveur de l’égalité d’accès de tous et toutes.
Pour une culture au cœur d’un nouveau projet de société
Pour une éthique de la gouvernance culturelle
Pour une économie équitable des arts et de la culture
Artistes qui consacrez votre vie à la recherche et à la création, ou amateurs qui désirez acquérir des œuvres,
Galeristes qui soutienez les créateurs en mettant les œuvres d’art à la portée des collectionneurs
…des marchands sans scrupule détruisent leur espace artistique en diffusant une production de tableaux faite en série, et fabriqué soit en France, mais surtout importées des pays de l’Est, l’Ukraine et l’Extrême- Orient ?
Les toiles exécutées en série, vendues en vrac dans des salons professionnels, sont ensuite achetées par des « galeristes » qui se sont répandus autant à Paris que dans des villes de province comme Honfleur, Dinard etc.Des peintures vendues en gros au prix de 160 E se retrouvent en galerie pour 1700€, celles qui sont à 500€ pour 3000€.
Pour valoriser ces produits, des commissaires-priseurs sans scrupule les introduisent auprès des amateurs non avertis, dans des ventes publiques pour leur attribuer une cote fabriquée, soutenues par ces marchands.
Si la nourriture a sa malbouffe, la peinture a ses croûtes, détruisant le paysage artistique, créant la confusion des valeurs. L’organisation parfaite de faux marchands avec des vendeurs expérimentés, soutenus par des banques qui accordent avec facilité des crédits d’achats fonctionne à merveille.
Les galeristes qui font un travail de recherche et de soutien, un véritable travail artistique, sont désavantagés et perdent du terrain. Les vrais peintres sont exclus du marché. Les amateurs trompés, croyant d’avoir réalisé des achats de valeur, se retrouvent avec des non-valeurs. Certains « galeristes » lancent des produits en série avec le slogan « l’Art pas cher pour tous ». Peintures à moins de 100€, que les artistes réduits en esclavage produisent pour 20€.
Mais ce n’est pas tout. Les pouvoirs publics -Ministère de la Culture, FRAC, DRAC, Affaires Culturelles de la Ville de Paris se sont désintéressés depuis des décennies de tout ce qui est peinture et sculpture. Les acquisitions se font uniquement dans les productions d’installations, photos, nouveaux médias. Les expositions dans les espaces leur appartenant ne sont plus attribuées aux salons professionnels, lesquels ne peuvent plus montrer des œuvres sélectionnées selon des critères du métier.
En revanche, des organisateurs de salons, lesquels sont en réalité des loueurs d’espace, foisonnent. En récupérant des phrases comme la « Liberté de la Création » et « l’Art pour tous », ils vendent à qui peuvent payer des emplacements pour exposer.
Dans ces expositions, parfois même dans des espaces de prestige, se retrouve tout ce qui bouge dans un mélange bizarre : des diffuseurs, des peintures en vrac, des artistes débutants parfois prometteurs, des amateurs qui après quelques cours de peinture croient pouvoir s‘attribuer la place du créateur. Pour un visiteur non averti, il est presque impossible de s’y reconnaître. Il est abusé et les artistes professionnels aussi.
Ces derniers sont maintenant dans une sorte de no- Man’s land. Les vrais collectionneurs désertent le marché de l’art, et cela devient un parcours du combattant pour retrouver des créateurs de valeur. Pour achever la confusion, les organisateurs de ces « salons » s’entendent avec des commissaires de ventes publiques pour introduire ces produits jusque dans les salles Drouot, pour leur créer des cotes.
On peut se poser la question sur le rôle des critiques d’art et des journalistes. Ils sont ravis d’écrire sur des grands évènements, ne remettant jamais en cause la politique culturelle officielle, se taisant sur la situation des artistes qui ont du mal à apparaître sur leurs pages. Quant à dénoncer ces faux salons, sont-ils simplement au courant ?
On peut se poser la question de ce que nos descendants vont hériter dans une dizaine de décennies de cette époque ? Des croûtes sur les murs, et des débris des achats publics dans les réserves de l’État.
La France a toujours été le pays d’art, que va-t-il advenir de ses artistes ?
Anna Stein.
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