C’est au nom d’une certaine conception de l’humanité et de l’expression du vivre ensemble que nous voudrions ici pleurer nos amis de CHARLIE.
Pour Emmanuelle Cosse et nos porte-paroles : « L’attaque barbare perpétrée hier horrifie chacune et chacun d’entre nous. Cet acte immonde, qui a fait de nombreuses victimes, porte atteinte aux valeurs fondamentales de la démocratie et de la République française, et notamment à la liberté d’expression et liberté de la presse qu’incarne le journal satirique Charlie Hebdo. »
Nous voudrions aussi réaffirmer les valeurs que nous défendons en tant qu’écologistes : nous combattons les injustices, les discriminations et le non-respect de la diversité qui favorisent le sentiment de rejet d’une partie de la société française, et nos portes paroles l’ont rappelé !
La Commission Culture d’EELV tient à rappeler la vigilance que nous exercerons aux côtés des acteurs culturels de notre pays : les caricaturistes de Charlie Hebdo, tantôt présentés comme journalistes, tantôt comme artistes dessinateurs s’exprimaient dans le cadre le plus précieux que la République française ait su créer et proposer au « monde libre » : la liberté de création et d’expression.
Les artistes français sont des références dans le monde entier, et plus particulièrement dans les dictatures politiques ou économiques, pour cette reconnaissance partagée de leur rôle irrévérencieux dans notre société.
Il est bien de rappeler l’un des leitmotivs de Cavanna lors de la création de CHARLIE : « le pire mot de la langue française est croire ».
La dénonciation que nous partageons avec les artistes et les caricaturistes est bien celle-ci : nous devons interroger nos croyances pour laisser la place à la compréhension et à la tolérance.
L’autre sujet sur lequel nous avons de grandes inquiétudes est le travail souterrain de propagande et contre-propagande mené sur les réseaux sociaux ; cette guerre terroriste pourrait amener le gouvernement français et les gouvernements du monde à nous mettre en liberté surveillée et à nous laisser sans voix.
L’heure est au deuil. Nous le respectons, mais nous nous préparons déjà aux durs moments qui vont suivre, dans lesquels aucun des acteurs de la Culture ne manquera de devoirs et de travail pour éclairer la complexité, créer du lien, tracer des voies pour la paix, l’éducation, l’émancipation des citoyens et la démocratie.
Nous vous appelons toutes et tous à manifester votre soutien demain.
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Dans moins d’un mois maintenant, auront lieu les élections municipales !Nous devons plus que jamais mobiliser nos forces pour interpeller les ministres concernés, les présidents de Conseils Régionaux et de Conseils Généraux, les présidents d’université et d’établissements d’enseignement supérieur, les élus, les maires et les candidats aux élections municipales !
Après Madame la Ministre Aurélie Filippetti, le 21 janvier dernier, Jean-Marc Ayrault, Premier Ministre, a annoncé le 11 février qu’ « un effort doit […] être fait pour rendre plus accessibles les bibliothèques et les centres de documentation; une mission d’inspection sera prochainement lancée pour élargir leurs horaires d’ouverture », dans le cadre de la feuille de route du gouvernement pour l’égalité républicaine et l’intégration.
Ces premiers engagements sont positifs. Mais nous ne voulons pas en rester là !
Afin de concrétiser ces engagements au plan municipal, Bibliothèques Sans Frontières a rendu publique une charte « Ouvrons + les bibliothèques ! »engageant listes et candidats aux élections signataires à :
favoriser l’ouverture des bibliothèques en soirée, le weekend et pendant les vacances ;
promouvoir la coordination locale afin d’offrir une continuité du service public de la bibliothèque;
associer les professionnels à la définition des modalités d’extension des horaires et respecter le métier de bibliothécaire;
accorder des moyens suffisants et favoriser la réorganisation interne ;
promouvoir l’ancrage des bibliothèques au cœur de la vie publique.
Cette charte bénéficie d’ores et déjà du soutien de :
Vincent Feltesse, tête de liste PS-EELV à Bordeaux,
Pierre Mathiot, directeur IEP Lille
Monsieur le Président, Monsieur le Vice Président, mes chers collègues,
C’est pour moi un exercice pénible que d’intervenir à cette heure tardive, dans l’indifférence presque générale, afin d’essayer de faire entendre à notre noble assemblée, que baisser le budget de soutien a la culture, à la création, à l’action culturelle est une erreur politique majeure. Et elle est à double titre, car c’est une erreur collective, dont on ne peut se laver les mains en désignant un coupable parfait, et particulièrement ici le Vice Président. Parce que je sais qu’il s’est battu pour ne pas en arriver là, tout comme les élus membres de la commission culture ont tentés à leur tour et à leur niveau d’empêcher cette débâcle, cet échec de la baisse du budget régional de la Culture.
Pourquoi je considère que c’est un véritable aveu d’échec ? Tout d’abord, parce qu’il suffit de regarder la réalité des chiffres, pour s’apercevoir qu’il est ridicule de laisser croire qu’une coupe de 5 millions d’euros sur le budget culturel est la solution d’économie d’une région disposant d’un budget de 4 milliards et demi, pardon, mais cela laisse rêveur. Le budget culture en fonctionnement, c’est 1,2% du budget régional. Amputer ce budget de 5 millions d’euros, c’est faire une économie de 0,1% au budget global ! Quelle économie ?! Quelle victoire ?!
Laissez-moi vous dire, baisser le budget de la culture, et particulièrement sur sa partie fonctionnement, c’est faire croire qu’ 1 million dépensé est égal à 1 autre million, sans analyse sur la valeur ajoutée d’une dépense, sur son « service rendu ». Avec 1 million, on peut soutenir « Paris Région Entreprise »-c’est un choix, ou alors on peut développer la création culturelle et la médiation pour 15 fabriques de culture, ou encore permettre la finalisation de 30 films, on peut aider 50 auteurs en résidence, on peut soutenir 10 à 15 compagnies, une trentaine de festivals… Car en faisant cela, on fabrique du lien social, on éduque, on enchante, on émancipe, on transmet, on apprend a vivre ensemble.
Voilà en réalité à quoi sert l’argent dépensé pour la culture, voilà en quoi il est utile et indispensable.
Encore une fois, Il semble que nous oubliions collectivement pourquoi, en France, depuis 60 ans, nous avons choisi de soutenir la création et l’action culturelle avec de l’argent public. Est-ce pour notre bon plaisir ? Est-ce pour poser à côté de la rock-star en vogue, du cinéaste renommé, gimmick égotique de l’élu tentant désespérément d’exister sur une scène ou il ne sera jamais à sa place ?
Passé ce coup de gueule, que vous me pardonnerez peut-etre, je vais m’en tenir maintenant à des chiffres et des constats plus terre a terre, moins politiques, puisque notre institution devient de plus en plus comptable.
Comptons, donc.
« – Le secteur créatif représente au minimum 546 077 emplois en France, contre 225 000 dans l’automobile et 152 000 dans les télécoms.
Le secteur culturel francilien concentre 2,2% de l’activité économique nationale :
Paradoxalement, ce foisonnement culturel ne garantit toujours pas un accès équitable à la culture pour tous les franciliens. La Culture va aux cultivés, à ceux qui savent déjà, ceux que l’art a déjà conquis, quand tant d’autres, restant à conquérir, vaincus, s’éloignent de plus en plus, malgré eux, des chemins de la connaissance et de l’ouverture au monde. Le réseau associatif et citoyen de la culture, exsangue, qui palliait jusqu’alors, bon an mal an, les manques des institutions, doivent se résoudre à réduire leurs activités devant les baisses conjuguées de l’Etat, des départements, et maintenant de la Région !
On peut bien sûr, essayer de se réjouir d’un budget d’investissement constant en AP, et en hausse de 4% en CP, par rapport à 2012, mais il n’en demeure pas moins que construire des lieux ne les fait pas fonctionner, et que la logique permanente de se renvoyer la balle entre collectivités et Etat pour assurer le fonctionnement de ces espaces, ou pire, croire que la main invisible du marché va soudainement venir financer ces lieux culturels nous amène droit dans le mur.
Je finirais par dire, tout de même, que tout n’est pas noir dans ce budget, car il s’attache malgré la pénurie à orienter son action vers la jeunesse, par la mise en œuvre d’actions pour les lycéens, et notamment les médiateurs culturels.
Il faut se réjouir de la dotation d’une nouvelle ligne pour les arts de la rue, à hauteur de 500 000 euros, qui permettra de démontrer que notre signature a leur manifeste, L’Art est Public, au moment des présidentielles, se traduit dans les faits. Il faudra aussi les soutenir mieux grâce aux dispositifs déjà existants, comme le soutien à la permanence artistique, les aides aux manifestations ou les fabriques de Culture.
Nous saluons également la volonté du vice Président de mettre en place le musée éphémère, pour valoriser et faire circuler la création contemporaine a travers toutes l’Ile de France.
Mon groupe, tient à réaffirmer la nécessité de faire grandir les Fabriques de Culture, de maintenir le soutien au livre et à la lecture, à la permanence artistique et culturelle, au cinéma et à l’audiovisuel et cela se traduira dans nos votes sur les différents amendements qui vont vous être présentés M. le Président.
Nous disons enfin que l’éducation à l’image doit pouvoir bénéficier a tous les publics franciliens, y compris ceux qui ne sont pas Lycéens ou apprentis, cela fera encore l’objet d’un amendement que portera mon groupe.
Vous l’avez compris, M. le président, notre groupe regarde ce budget avec l’exigence qu’il mérite, et parce que nous sommes convaincus de la nécessité de l’intervention de notre institution pour soutenir la Culture en Ile-de-France, nous voterons ce budget, malgré ses défauts, mais sous réserve qu’une partie à minima des amendements des groupes de notre majorité puissent l’abonder, de manière politique, et non comptable.
Je vous remercie.
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Je vous remercie de m’avoir fait parvenir le questionnaire de la Fédération Nationale des Collectivités Territoriales pour la Culture, et vous prie de trouver ci-dessous mes réponses.
La culture est un élément consubstantiel du projet écologiste. C’est aussi la condition sine qua non pour reconquérir la confiance des citoyens et « faire société », alors que la mondialisation culturelle attise les crispations identitaires et encourage la consommation effrénée de biens culturels standardisés.
Face à l’illusion d’un consensus sur la culture, quelle est la réalité d’aujourd’hui? La médiation est maltraitée au point que des pans entiers s’effondrent, la création voit ses moyens amputés, les industries culturelles façonnent des contenus aseptisés et la diversité s’épuise…
L’écologie, qui interroge la place de l’homme dans la nature, et les rapports des hommes entre eux, pose des questions profondément culturelles, et apporte ses réponses: l’interdépendance, l’indispensable diversité, le bonheur et la fécondité de l’échange, de la transmission, de l’oeuvre collective.
Une politique culturelle aujourd’hui ne peut plus être soumise à l’obsession de « l’excellence » et du
« rayonnement » de quelques artistes ou intellectuels éclairants et guidant le peuple dans l’obscurité !
Il faut fonder une politique pour la création et l’action culturelle réellement inclusive: qui permette aux personnes, quel que soit le genre ou l’origine, de bénéficier d’une éducation artistique dès le plus jeune âge et qui propose aux citoyens dans leur diversité de (re)devenir acteurs du champ culturel.
Il faut redonner à tous et toutes la capacité d’émerveillement et de curiosité au monde qui garantie notre capacité à vivre ensemble et à nous émanciper des discours d’exclusion et de repli sur soi.
Musées et salles ne désemplissent pas, mais accueillent toujours les mêmes publics. En matière de diversité culturelle, il ne faut pas se payer de mots, et commencer par donner l’exemple dans les quartiers et banlieues, dont on refuse d’entendre les potentiels et les aspirations.
Mettons en débat un Agenda 21 de la culture afin de développer la diversité culturelle et permettre de co-construire les politiques culturelles avec la société civile.
Pour cela, les mutations économiques doivent avant tout permettre de pérenniser l’emploi culturel par une interrogation positive et partagée des dispositifs de l’intermittence et des droits d’auteurs.
Il est en même temps indispensable de favoriser des écosystèmes culturels équilibrés, permettant aux émergences artistiques et aux nouvelles pratiques culturelles de s’épanouir en répartissant plus équitablement les ressources publiques pour la culture.
Pour encourager une économie équitable des arts et de la culture, on peut s’appuyer sur :
Les industries culturelles ne doivent être soutenues par la puissance publique que dans la mesure que celle-ci participent à la production de bien commun, d’utilité publique et culturelle et qu’elles s’inscrivent dans une interdépendance respectueuse avec la création indépendante, les pratiques amateurs, le tiers secteur culturel.
Il n’est plus possible d’accepter que de grands groupes s’arrogent de manière exclusive la diffusion et la distribution des oeuvres sans compensation pour les artistes ou les citoyens.
Les collectivités locales ont en cela une grande responsabilité et doivent arbitrer leurs éventuels soutiens en regardant la production de richesses culturelle sur le temps long, et non pas sur de l’événementiel sans lendemain.
Le développement de l’éducation culturelle et artistique dès le plus jeune âge, et donc à l’école, est une nécessité pour l’individu comme pour la qualité de la société. Maîtriser une multitude de modes d’expression est une véritable condition de l’épanouissement de chacun et va aider à construire une société riche en possibilité et capable d’empathie.
Cette éducation est donc un maillon décisif de la politique culturelle et l’on peut la renforce suivant deux axes:
La rue de Valois ne paye plus, a érodé les forces vives de ses DRACs, confond industries culturelles et culture… La page doit se tourner, pour l’instauration d’une véritable politique publique. L’Etat doit rester le garant de la diversité culturelle comme de la bonne irrigation de tous les territoires.
L’Etat doit commencer par rééquilibrer ses subventions en faveur des Régions par rapport à l’Ile de France, abandonner les projets pharaoniques notamment sur Paris qui siphonnent les moyens en fonctionnement sur la durée et délocaliser les moyens des établissements publics culturels nationaux au service des territoires locaux.
Il faut ensuite ouvrir une nouvelle étape de la décentralisation culturelle, en inscrivant la culture comme clause de compétence obligatoire dans la réforme des collectivités territoriales, mais en imaginant une répartition juste et partagée des attributions entre les différents niveaux, qui auraient la liberté de s’organiser librement à la suite d’assises territoriales de la culture dans chaque région ou bassin régional.
Cela pourrait par exemple signifier:
Enfin, il est nécessaire de renforcer la déconcentration et le rôle des DRACs pour mieux accompagner la décentralisation et le transfert des compétences.
La culture fait société. Cette dépense publique, souvent variable d’ajustement, est pourtant la dernière qu’il faut toucher en temps de crise, car elle tisse du lien et permet de s’exprimer autrement que par la violence. Nous entrons dans des mutations profondes qui vont mobiliser nos ressources de réflexion, d’innovation, de tolérance.
Plus que jamais la culture doit trouver des soutiens qui ne sauraient se limiter à une dotation financière en faveur de grandes institutions… Il est tout à fait possible d’arbitrer en faveur de la culture, il s’agit avant d’une question de volonté politique.
Il faut mettre sur pied une grande réforme de la fiscalité de l’art, qui favoriserait l’acquisition d’oeuvres d’artistes vivants, tout en taxant la spéculation sur les oeuvres d’art dans le circuit national et international. Le produit de cette taxe serait reversé à un fonds social de garantie à destination des artistes.
Au delà, il faut lancer une mission nationale pour l’émergence de nouveaux indicateurs économiques et une fiscalité plus juste sur l’ensemble des champs culturels.
En préambule, je veux réaffirmer l’inaliénabilité du classement et de l’inscription des monuments historiques, et continuer l’inventaire des oeuvres architecturales, urbaines et paysagères sur l’ensemble du territoire français, y compris dans les Outres-Mers.
Un grand chantier de concertation avec les collectivités locales doit pouvoir être mené afin de mettre en cohérence les exigences de protection du patrimoine et celles liées a l’inéluctable crise énergétique mondiale à laquelle nous allons être confronté.
Cela nécessite dès à présent l’isolation thermique massive des immeubles anciens, et la mise en place d’alternative à la production d’énergie, si l’on ne veut pas voir se vider de ses habitants l’ensemble des centres-anciens de nos villes et villages. Il est possible de concilier les deux si tout le monde est autour de la table et c’est un enjeu à ne pas sous-estimer dans notre pays.
Le patrimoine protégé doit donc pouvoir continuer à bénéficier de moyens à la hauteur de l’exceptionnelle richesse française, prioritairement en provenance de l’Etat.
Les ZPPAUP doivent pouvoir être automatiquement transformées en AVAP, la caducité décrétée par le grenelle 2 des ZPPAUP a généré une zone dans les règlements d’urbanisme et impliquent des coûts supplémentaires pour les petites communes qui en avaient mis en oeuvre.
Des études patrimoniales doivent par ailleurs être systématiquement menées sur les architectures industrielles en déshérence, les architectures vernaculaires et les ensembles paysagers ceci afin de conserver la mémoire d’un patrimoine d’une très grande valeur historique et cognitive pour notre société, notamment dans des régions ayant subi une très douloureuse désindustrialisation ou un exode rural massif.
Les cinémas, particulièrement en région et dans les zones rurales, voient leurs écrans progressivement squattés par des contenus non-cinématographiques.
C’est la conséquence d’un abandon progressif par l’Etat et les collectivités de la question de l’aménagement culturel territorial, mais également d’erreurs graves d’investissement sur un certain nombre de salles vers du numérique surdimensionné et la 3D… Il faut donc rentabiliser ces équipements par de l’événementiel, qui prend le pas sur la diffusion d’oeuvres de cinéma.
Il faut se poser la question de la manière dont les collectivités sont en train de gérer ce passage au numérique. De grands chantiers de rénovation sont à l’oeuvre :
Pourquoi ne pas en profiter pour mobiliser le CNC sur des travaux d’accessibilité aux handicapés? Quid des bobines qui ne seront jamais numérisées et représentent un précieux patrimoine? Le passage au numérique signifie-t-il la dématérialisation du transfert des données ou une plus grande facilité à accéder à tous les films, plus rapidement ?
A cette dernière question, on est bien obligé de constater que non. Une fois de plus, l’innovation technique montre qu’elle n’est pas neutre en matière de culture et surtout, si ces innovations peuvent être un moyen, elles ne sont jamais une fin en soi.
Il faut donc garder aux cinémas leur fonction première : diffuser des oeuvres de cinéma !
Mais pour cela le CNC doit, en coordination avec les agences régionales de soutien au cinéma, accompagner les collectivités qui sont souvient bien seules pour prendre des décisions aux conséquences définitives, et soutenir les cinémas de 3 écrans ou moins à l’action culturelle et dans l’éducation à l’image, seul moyen de rassembler un public qui ne demande que de la diversité dans les propositions qui lui sont faites par les salles.
Par ailleurs, il devient indispensable de redéfinir la notion d’art et essai pour la qualification des films. Les quotas de diffusion de ces films doivent par ailleurs être revus écran par écran et le nombre de copies des films doivent être limité pour permettre à toutes les oeuvres d’avoir la chance d’être vues.
Le modèle culturel français du livre s’appuie sur un réseau très dense et diversifié de librairies, c’est ce maillage et cette diversité qui permettent d’offrir des débouchés et garantit la richesse de la production éditoriale. C’est aussi aujourd’hui le commerce de détail le plus fragile économiquement.
Soutenir la librairie indépendante c’est soutenir la production éditoriale et l’accès à des productions variées. Des mesures s’imposent :
Les musiques actuelles sont fragiles parce qu’elles sont aux confins de l’amateur et du professionnel, de l’activité culturelle publique et du marché.
La rémunération des groupes n’intervient que très tardivement, et rares sont les aides publiques qui permettent de franchir le seuil difficile, tandis que les retours de droits d’auteurs se perdent dans la gourmandise des éditeurs phonographiques.
L’action publique doit intervenir en amont, en favorisant l’accès à des studios de répétition et d’enregistrement, en soutenant les coproductions et l’accueil en résidence longue de création.
Cette mandature doit aussi résoudre par un cadre légal adapté à l’équation impossible de la rémunération des groupes qui se produisent dans les cafés.
Cependant, je suis très réservée concernant l’annonce de la création du Centre National de la Musique, et ce même avec les engagements pris auprès d’un certain nombre d’organisations concernant le soutien aux musiques vivantes et aux acteurs des petites scènes disséminées sur le territoire.
En effet, je crois que la crise que traverse le ministère de la Culture est trop grave créer aujourd’hui une agence qui se voit déléguer par l’Etat de nouvelles responsabilités. il faut d’abord retrouver la confiance et la sérénité au sein du ministère et de ses services déconcentrés, réfléchir sereinement aux besoins du secteur et ne pas l’opposer avec d’autres, ni le mettre en concurrence, sous la pression des grands lobbies et industries du disque par exemple…
Bien évidemment et les écologistes ont été les militants de cette nouvelle approche. L’agenda 21 de la Culture répond à la crise des modèles nationaux de politique culturelle et à la stagnation des moyens des collectivités locales. Il répond à la recherche d’alternatives économiques pour les arts et la culture. C’est une clé aussi pour sortir des faux débats sur les identités nationales.
L’agenda 21 permet de dépasser le face à face entre les élus et les professionnels : position monarchique, fait du prince. Il va remettre les habitants dans le jeu (conseils de quartier, de développement, associations, comités d’usagers)… Les arts et les cultures deviennent alors des pratiques de la citoyenneté locale.
Je veux passer d’une politique culturelle pour ou de à une construction par. Il faut accepter la parole de «non experts», et accepter de passer de la figure du public et de l’usager à celui du citoyen et de la personne.
Les canaux de l’internet, les encodages numériques ne sont pas neutres: ces derniers, tout en offrant de nouvelles voies, et en les démocratisant, ont changé les contenus, le son par exemple.
La duplication est à la portée de chacun, et tandis que les FAI font du téléchargement un argument de vente, les plateformes légales et leur identification ont pris un retard considérable. L’arsenal répressif entame les libertés sans même atteindre son but.
Il est temps de mettre au débat des modèles de rémunération des auteurs plus actuels, plus transparents … Accompagnons les nouvelles pratiques de création et de diffusion culturelles en consolidant le développement de l’offre légale sur Internet afin de faciliter l’accès aux oeuvres à tous les publics.
Nous voulons pour cela légaliser le partage non-marchand. Les lois qui criminalisent les utilisateurs, comme DAVDSI et HADOPI, seront abrogées.
Ce fut un difficile combat, mené par les écologistes que de faire valoir le partage de la culture scientifique au ministère de la culture. Hélas pendant ce temps le ministère de la recherche dissolvait sa mission culture scientifique pour l’externaliser à UNIVERSCIENCES qui peinait déjà à rassembler deux institutions parisiennes aux personnels de statuts et de conception de la pédagogie différents.
L’enjeu reste l’équité territoriale, car ce ne sont que des miettes qui vont aux associations de terrain. Nous devons de surcroit rester attentifs à ce que les CCSTI gardent des moyens suffisants pour rester indépendants: en matière de culture scientifique, les mécénats intéressés ont tôt fait de vous changer la présentation des OGM, de l’effet de serre ou de Fukushima, pour peu qu’ils se nomment GNIS, TOTAL ou AREVA…
La France doit retrouver une vraie présence internationale, non seulement pour diffuser ses créations, mais aussi pour faire vivre ce qui sous-tend la culture, c’est-à-dire l’échange, la confrontation artistique, le débat, la réciprocité. Il est souhaitable que les collectivités qui mènent des actions de coopération décentralisée, aient un volet culturel dans leurs projets, et que l’Institut français en tienne compte et les appuie.
La francophonie est un fil conducteur particulier, intéressant parce qu’il facilite les échanges, ravive une mémoire commune, et nous interpelle sur le sort que nous faisons aux autres langues, dont les langues régionales.
Enfin comment évoquer l’international sans parler d’Europe, qui ne serait pas en si mauvais état dans le coeur de ses habitants si elle s’était davantage préoccupée de culture. C’est un point non négligeable que je m’attacherais à faire vivre.
Je commencerais par, dans le cadre de l’abrogation de la réforme territoriale telle qu’elle a été décidée par Nicolas Sarkozy, lancer des assises décentralisées pour repenser la compétence culture avec l’ensemble des niveaux d’intervention, de l’Europe à la commune, en passant par l’Etat, les Régions, les départements et les intercommunalités.
Je réformerais en profondeur la gouvernance du ministère de la Culture comme des institutions culturelles nationales, en proposant une charte éthique et démocratique pour sortir du « fait du prince » et permettre une meilleure représentativité de la diversité des cultures, qu’elles soient savantes ou populaires, émergentes ou patrimoniales.
Je rassemblerai l’ensemble des acteurs culturels pour travailler avec eux sur une loi d’orientation pour l’emploi artistique et culturel qui visera à protéger ces activités artistiques et culturelles des obligations de mise en concurrence, d’appels d’offres, et de fiscalité commerciale.
L’intermittence serait dans ce cadre profondément réformée pour s’attacher à sécuriser le parcours de travail de ces intermittents dans leur diversité, en faisant peser le cout de leur inhérente flexibilité sur les employeurs et non sur eux.
Je créerai enfin un fonds de soutien pour encourager le dialogue interculturel et rééquilibrer les moyens en faveur de la promotion de la diversité sociale et culturelle.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes meilleurs sentiments.
Pour EELV, la culture est un élément consubstantiel du projet écologiste ; c’est aussi la condition sine qua non pour reconquérir la confiance des citoyens et « faire société », alors que la mondialisation culturelle attise les crispations identitaires et encourage la consommation effrénée de bien culturels standardisés.
Le projet écologiste pour l’Art et la Culture s’appuie sur la démocratie, la diversité, l’éducation populaire et l’économie sociale et solidaire. La charte de Fribourg sur les droits culturels, la Déclaration universelle pour la diversité culturelle de l’UNESCO, l’Agenda 21 de la culture adopté par Cités et Gouvernements Locaux Unis, la Charte des droits culturels de Fribourg et la défense de la liberté d’expression et de création contre la censure et le « fait du prince », en sont les piliers.
Une politique culturelle aujourd’hui ne peut plus être soumise à l’obsession de « l’excellence » et du « rayonnement » de quelques artistes ou intellectuels éclairant et guidant le peuple dans l’obscurité ! Elle ne doit plus être aliénée aux seules lois du marché ou instrumentalisée au service du développement économique des territoires au risque de sombrer dans des perspectives stériles et mortifères.
EELV réaffirme sa volonté de refonder une politique pour la création et l’action culturelle inclusive qui permette aux personnes, quel que soit le genre ou l’origine, de bénéficier d’une éducation artistique dès le plus jeune âge et qui propose aux citoyens dans leur diversité de (re)devenir acteurs du champ culturel. Il faut redonner à tous et toutes la capacité d’émerveillement et de curiosité au monde qui garantie notre capacité à vivre ensemble et à nous émanciper des discours d’exclusion et de repli sur soi.
Pour cela, les mutations économiques doivent avant tout permettre de pérenniser l’emploi culturel par une interrogation positive et partagée des dispositifs de l’intermittence et des droits d’auteurs. Il est en me^me temps indispensable de favoriser des écosystèmes culturels équilibrés, permettant aux émergences artistiques et aux nouvelles pratiques culturelles de s’épanouir en répartissant plus équitablement les ressources publiques pour la culture.
Les artistes doivent occuper une place privilégiée au cœur de la Cité qui ne soit pas l’apanage du « star system » mais bien la manifestation d’un rôle citoyen dans une démocratie avancée. La défense et la promotion des langues régionales, la préservation et l’inventaire du patrimoine culturel immatériel, la refonte du service public audiovisuel et la promotion d’une autre vision de l’Europe de la culture contribueront à une plus grande équité culturelle des territoires et des populations en France et dans le pays avec lesquelles nous devons coopérer.
Les écologistes considèrent les arts et les cultures comme des biens communs de l’Humanité qui doivent être soutenus en tant qu’un service public d’intérêt général investi d’une responsabilité en faveur de l’égalité d’accès de tous et toutes.
Pour une culture au cœur d’un nouveau projet de société
Pour une éthique de la gouvernance culturelle
Pour une économie équitable des arts et de la culture
J’ai écrit dans ma profession de foi qu’il était temps de penser l’avenir autrement.
Mais est ce que que penser ce n’est pas justement toujours penser autrement ?
Oui la véritable réflexion fabrique de la nouveauté, elle ne conquière pas uniquement du terrain, elle en crée et en cela elle n’a pas de limite. Alors vive cette croissance là !
La réflexion écrit une page neuve là où précisément les idées reçues, les opinions et doxas de tout poils, relisent en boucle les considérations des autres ou parfois même les nôtres.
Rimbaud ecrit « Je est un autre « et le dicton dit qu »’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis » .En fait les deux disent une même chose c’est que :
celui qui se met à l’épreuve de sa pensée sort nécessairement de sa condition préalable .
La pensée amène toujours ailleurs, la pensée produit de l’autrement :
du voir autrement,
du être autrement et, la boucle est bouclée : du penser autrement .
En deux mots :
La pensée produit de l’autre en moi même.
Et c’est à partir de ce processus que j’accède à la compréhension d’autrui.
Exemple botanique (c’est la saison) :
Si, je suis une fleur je comprends les fleurs mais si je me transforme en champignon alors je vais me mettre à comprendre les champignons puis, comme j’ai de la mémoire et que je me souviens d’avoir été une fleur, je vais donc comprendre les fleurs et les champignons et ainsi de suite….
Chaque transformation me porte à comprendre ce qui me ressemble
C’est pour cela que la diversité est essentielle, c’est parce que elle témoigne des multiples transformations dont procède le vivant et sa sœur jumelle : la diversité.
(dire bio diversité c’est presque une tautologie) (Rien ne dure tout se transforme)
Inversement sans l’autre (mon parent, mon voisin); point de pensée possible car point d’accueil au monde, point de transmission, point de langage, et donc, point de réflexion.
Pour le dire plus radicalement celui qui ne réfléchit pas s’enferme , Il devient un handicapé des autres, un handicapé de lui même,
Oui celui qui ne fait pas l’effort de penser, s’ampute littéralement de sa capacité à accéder à toute forme d’ ailleurs et d’altérité.
Oui penser c’est tricoter son avenir autrement, c’est tisser de la liberté.
Alors c’est vrai i J‘ai l’air d’insister sur l’acte de penser et quel rapport me direz vous avec la culture ?
Et bien
Penser et cultiver ne serait ce pas un même mouvement, un même geste une même poussée de la vie ?
Qu’il s’agisse de retourner des représentations calcifiées ou une terre trop rigide ne s’agit il pas toujours en fait d’assouplir un terreau afin que les nouvelles graines puissent germer ?
Ce mot culture qui fait sortir son revolver à Goering et son tube d’aspirine à Sarkozy, , Je me suis demandé ce le cerveau de Marine Lepen en rumine derrière son front…national Alors j’ai un peu cherché et je suis tombée inévitablement sur l’oriflamme hautement populiste de la fameuse culture identitaire ….. mais c’est quoi çà, la culture identitaire ?
Eh bien la culture identitaire c’est précisément la fuite éperdue devant toute cette réflexion qui risquerait d’amener à un ailleurs de soi.
« Je est un autre » ce n’est pas simple à gouverner et la complexité on se rend bien compte que ce n’est pas la tasse thé de Marine:
Un jour tu diriges des concitoyens qui pensent comme ci, et puis ils se mettent à réfléchir et à penser comme çà ; alors toi, le chef d’état, tu ne t’y retrouves plus et pire : tu deviens obligé de composer avec ces nouveaux modes de pensées. Mais alors là , on nage dans le contresens du pouvoir, c’est le monde à l’envers et que fait la police ?
Depuis quand un chef s’adapte t’il ? Un chef c’est un chef, ça dirige et c’est au peuple de s’adapter à lui c’est à dire d’obéir !
D’ailleurs le peuple, pour beaucoup encore, ce n’est pas un maillage d’altérités c’est une masse. Une masse ça peut faire 23% ça peut faire plus, ça peut faire moins, ça dépend du camembert qu’on a décidé de lui faire remplir. Les sondeurs sont des soudeurs de différences, ils ne composent pas , ils compactent.
`Alors c’est ça qui est bien pratique avec la culture identitaire : tu coules tout ce beau monde dans un moule bien rigide, tu laisses sécher et tu formates. Comme ça tu es certain que le « je »de Rimbaud sera englué avant d’avoir pu devenir « un autre ».
Bon on le sent bien: La culture identitaire est une impasse intellectuelle et une arnaque morale à deux balles car la culture identitaire ne fait et ne fera jamais bon ménage avec l’acte même de penser. Eh oui !, n’en déplaise à certain : penser c’est agir.
Évidement, le seul problème c’est que pour s’en rendre compte il faut précisément un petit peu bouger ses Neurones.
Alors là je me dis que notre plus grand ennemi ce n’est pas le Front national, non, notre plus grand ennemi c’est la paresse néo cortical
Et ça me pose un problème , parce que quand je tracte sur certains marchés ( 35 % de FN chez nous tout de même )je me demande comment on pourrait faire pour désengluer les synapses de ces braves gens.
Je me vois mal aller les choper par le col et leur citer Jacques Rancière ( le maître ignorant) en leur disant, la main sur le cœur: « vous savez …tout ce qui n’émancipe pas abrutit »
Ou bien, argument choc militant : « vous croyez que l’écologie ça commence à bien faire mais…..l’écologie c’est bien faire »
Bon alors on fait quoi ? Parce que s’ils ne veulent pas réfléchir on ne va tout de même pas les forcer ?
Cela dit on pourrait tenter de leur donner envie et c’est çà qui aujourd’hui m’interroge et m’anime :
c’est trouver le point de désir , c’est aider à réactiver le mouvement de la curiosité, l’intérêt ( inter- être), le goût de soi et des autres. Car toute curiosité est goût de voyage et vous remarquerez une chose : c’est que la curiosité est indissociable de la joie.
Un être curieux est à la fois gai, alerte et attentif (car curiosité et cure ont les mêmes racines). Un curieux est un être qui prend soin de… , qui est soucieux de …, intéressé par…, qui est donc tourné et porté vers ….en cela la curiosité est désir.
En fait avant de parler de la culture c’est de désir qu’il faut parler et c’est le désir qu’il faut invoquer.
Et je m’arrêterai là, en suspension…. au dessus de cette ouverture colmatée par laquelle le désir ne passe plus.
Nous militants EELV , avec le burineur de l’écologie politique, nous pouvons dégager cette porte murée et lui rendre son contacte avec le vivant.
Après et seulement après….. et ensemble nous parlerons de la culture, alors je dirai :
Toute culture est à la base du processus d’humanisation et de même que le lapin est le seul animal capable de faire du Lapin avec de la carotte, l’homme est le seul mammifère capable de faire de l’homme avec de la culture.
………………………. Et on sera tous curieux de connaître la suite…..
Adèle Côte
]]>Qu’est ce que la cohérence ? C’est un état d’équilibre où les polarités s’harmonisent sans créer une dualité. La dualité est intrinsèquement prédatrice car elle est en carence d’une complémentarité qui lui permettrait d’accéder à sa globalité. Cette globalité, cette intégrité, les scientifiques la nomment homéostasie et les spirituels, paix intérieure.
Dans le monde de la dualité, l’autre est logiquement une menace car ou bien nous supposons qu’il possède ce que l’on a pas et nous souffrons de notre manque, ou bien, et c’est l’envers de la même médaille, nous redoutons qu’il nous prenne ce que nous avons et nous avons peur de manquer. Ainsi de carence en disette, notre frère humain devient inéluctablement un danger puis un ennemi et nous ne consentons de rapport à lui que dans le cadre aussi protecteur que rigide d’un tout sécuritaire ou la méfiance peut hélas se réclamer de la « Nature Humaine », car bien sûr, dans le monde de la dualité, l’homme est un loup pour l’homme.
(Remarquons au passage que jamais aucun loup n’a manifesté la moindre similitude avec l’homme au point que l’on puisse affirmer que le Loup puisse être un homme pour le Loup (ce qui à mon sens serait une insulte pour le loup) donc le terme de Nature Humaine est un oxymoron manifeste : La nature est ! Elle ne peut inclure ce qu’elle n’est pas, si l’homme est de la Nature, il ne peut en lui seul constituer une Nature séparée de la Nature.)
Mais quittons les loups pour revenir à nos moutons.
Il nous faut donc transmuter les dualités en polarités constructives et vivantes. Ce chemin, de l’ordre d’une véritable transsubstantiation,
La cohérence c’est ce qui accorde nos valeurs (étymologie : Valeo, je me porte bien, je suis en bonne santé) à notre complexion (le corps) et s’harmonise à notre façon de vivre .
Or qu’est ce que l’existence (ex-sistence) si ce n’est l’extériorisation de nos pensées, nos rêves mais aussi nos peurs, nos angoisses ? Et si nos esprits sont encrassés ils matérialiseront nécessairement le cambouis qui les englue. Ici réside la source même de toutes les formes de pollution.
Dès que nos pensées trouvent l’énergie suffisante pour s’accorder avec nos affects, nos besoins et nos valeurs, elles s’incarnent et s’extériorisent harmonieusement et joyeusement. Elles deviennent puissances créatrices et fertilisantes car la joie (pour citer mon ami Baruch Spinoza ) est « puissance d’être et d’agir« . Les pensées-idées deviennent pleines et responsables car elles ne sont plus atrophiées par la peur et l’insécurité. Ces idées ou concepts issus de nos cohérences, nourrissent à leur tour leur entourage, produisent l’énergie dont les autres ont besoin pour trouver leur propre cohérence, et ainsi de suite… et voilà la roue du moulin créatif remise en mouvement.
Il me semble que la culture agit précisément à cet endroit de l’intime où s’élaborent les idées et concepts avant de s’envoler vers cet extérieur de nous-mêmes que nous nommons réalité. Cette réalité, que nous estimons objective, ne rend compte que de nos croyances et déploie en trois, quatre ou cinq dimensions, un monde que nous supposons partagé par tous. Or Il n’en est rien car rien n’est plus intime et personnel que « le monde »
Cela se passe en amont du respect et de la tentative de comprendre l’autre, cela se passe à la source, en soi-même et à l’endroit précis où, prenant conscience de mon ex-sistence, je réalise la puissance projective que je baptise « le monde ».
L’autre est au-delà de mon monde, l’autre est au-delà de mon idée de l’autre. L’autre je n’en saurai jamais rien. Comme dirait mon copain Levinas, «rien n’est plus étrange, ni plus étranger que l’autre. Il est l’inconnaissable, la compréhension d’autrui est inséparable de son invocation ».
Cet autre,tout à la fois inatteignable et inévitablement proche, cet autre que je fuis à la mesure de ma dépendance et dont la confrontation m’anime ou me tourmente, cet autre qui semble parfois tenir dans ses mains le fil de ma vie, cet autre, Je peux cependant réellement l’approcher si j’écoute attentivement mes propres polyphonies intérieures, mes diversités profondes et l’intuition qui me chuchote comme à Rimbaud : « je est un autre ».
Si l’altérité de l’autre est insaisissable, je peux du moins tenter d’appréhender la mienne…voilà une nouvelle qui fleure bon la liberté en herbe !
Nous nous devons de retourner notre terre intérieure avec des outils propre à en respecter le fragile éco-système. Nous élaborerons ainsi une maison (étymologie de éco : grec oikia, oikos, la maison) véritablement éco-
En effet si chaque ego est la marque phénoménologique de mon histoire et de ma particularité – et en cela le contour inaliénable de mon incarnation – l’essence quant à elle, est le terreau commun où germe l’Humanité.
Si de l’autre je ne peux rien saisir qui ne soit le miroir de mes propres expériences, je peux du moins choisir de m’y relier à partir de ce terreau originel. A cet endroit la différence n’effraie plus, elle stimule : si et parce que je reconnais en moi la source d’un ego souple et mutable, celui de mon voisin ne risque plus de figer le mien dans une implacable et morose fatalité.
Dés lors le processus culturel se doit de s’aligner et de se mettre en cohérence car, on voit bien, sinon, qu’il ne peut proposer que des nourritures toxiques à nos esprits affamés. Une culture toxique c’est une culture qui divise et ne crée dans sa mise en oeuvre que jalousie et frustration.
Cette culture là, favorise la dissociation et fait passer la reconnaissance extérieure, c’est à dire le désir de succès (voire de célébrité), avant l’estime de soi qui émerge du pur plaisir de la créativité et de l’élaboration.
Or on voit bien que l’extérieur (l’autre fantasmé) ne peut jamais rien reconnaître que son propre fantôme, il devient donc évident qu’il n’existe d’autre succès que la capacité de se mettre en lien à partir de sa propre cohérence et de son corrélat : la puissance créative, autrement dit, l’accordage au vivant.
C’est précisément cela que l’acteur culturel doit apprendre : danser avec le public, danser avec les collectivités territoriales. Point de meneur, plus de dualité, chacun se glisse dans un mouvement commun, juste une respiration entre plusieurs individus qui ondulent joyeusement dans la même pulsation…