Tac au tac sur le programme FN de 2012 – La famille

La famille, élément central et fondamental de la société ?

Le FN idéalise une société où la famille serait le centre… Alors que le ménage moyen comprenait 2,88 individus en 1975, il n’en comporte plus que 2,31 en 2005, l’INSEE projetant 2,08 en 2030 : les grandes demeures familiales regroupant plusieurs couples et générations, à l’image de la famille Le Pen au manoir de Montretout (Saint-Cloud), sont dépassées.

Le FN refuse l’évolution de la société. Or l’Etat n’a pas à forcer les gens à vivre selon une morale, mais doit au contraire prendre acte des choix de vie et de leurs évolutions.

 

 

Une politique nataliste très volontariste avec la primauté du droit du sang

 

Il faut engager une forte politique de natalité pour rééquilibrer le rapport actifs/retraités (solidarité intergénérationnelle)

C’est une fausse solution ! Le ratio « inactifs de 60 ans ou plus / actifs » est de 2,2 en 2005 ; il sera de 1,4 en 2050 selon les projections de l’INSEE, après quoi il devrait se stabiliser, voir croître. Or lancer une politique nataliste (3 enfants par femmes et plus) aurait une incidence sur le nombre d’actifs à partir de 2035 seulement, ce qui ne règle pas les problèmes actuels.

Par ailleurs, cette politique considère que les ressources de la planète sont infinies : une politique nataliste en appelle une autre, les nouveaux nés d’un jour étant les retraités, toujours plus vieux, d’un autre jour. Cette politique entrainerait donc une augmentation exponentielle de la population française, avec des conséquences graves tant sociales qu’environnementales

La France a déjà le 2e plus haut taux de natalité d’Europe, juste derrière l’Irlande, et cette variable n’intervient manifestement que très marginalement dans la santé économique et sociale du pays.

 

Nous créerons un revenu parental (et statut juridique) : 80% du SMIC pendant 3 ans à partir du 2e enfant

Pour que ce revenu parental soit un vrai choix (et qu’il ne s’impose pas aux femmes comme s’impose trop souvent le temps partiel), il faut en créer les conditions, notamment à travers un service public de la petite enfance développé et adapté.

Il est notable que le FN passe enfin à une vision paritaire du couple, où le père est tout autant partie prenante à l’éducation des enfants.

 

Lutte contre la vulnérabilité des familles monoparentales, notamment par une flexibilité des horaires de travail

C’est insuffisant !  Il y a 1,76 million de familles monoparentales en France (INSEE, 2005), à 85% la mère et ses enfants. Or la moitié seulement de ces mères ont un emploi à temps plein. La vulnérabilité des familles monoparentales vient en grande partie de cette contrainte du temps partiel subi, qui ne peut être résorbé que par une politique d’accompagnement (places en crèche, cantine à moindre coût, études le soir).

 

Réserver les allocations familiales aux familles dont un parent au moins est Français.

C’est aberrant ! Les enfants doivent-ils être sacrifiés sur l’autel du nationalisme ? 55 000 enfants naissent chaque année en France de deux parents étrangers (7% du total, constant depuis 2000) : ces enfants naitraient-ils moins égaux que les autres ?

On ne peut pas volontairement laisser des enfants dans la misère, c’est immoral.

 

Suppression des allocations sur décision de justice si irresponsabilité des parents

Toutes les études sociologiques le disent : la délinquance n’est pas liée à l’immigration, à la couleur de peau ou à la structure familiale, elle est liée à la pauvreté. Supprimer une source de revenu pour des parents qui perdent pied face à la délinquance de leurs enfants revient à renforcer davantage la précarité de familles en difficulté.

Au contraire, c’est une politique d’accompagnement et surtout de prévention de la délinquance qu’il faut mener, et pas des mesures restrictives financièrement et dangereuses socialement.

 

Prévenir l’avortement (sans l’interdire) : information, responsabilisation, adoption prénatale

Les choix des femmes en matière de contraception et d’avortement ne doivent pas être remis en cause, il en va du droit des femmes à disposer de leur propre corps.

Faire le choix de la culpabilisation des femmes qui choisissent l’IVG, c’est les amener à se mettre en danger, par des avortements tardifs ou des achats de médicaments sur internet, à l’image du MPT Kit.

200 000 IVG sont pratiquées en France chaque année, et beaucoup pourraient être évitées si une véritable politique d’éducation à la sexualité, d’accompagnement et de gratuité de la contraception (préservatifs, pilule) était mise en œuvre.

 

 

« Protéger et valoriser la famille »

 

Il faut lutter contre le suicide des jeunes adolescents (2e cause de mortalité chez les 15-24 ans, 1000 décès par an), causé par la destruction de la cellule familiale et l’isolement moral et psychique créé par internet, Facebook et les jeux vidéo.

Donc les jeunes se suicideraient à cause de Facebook et des jeux vidéo ? C’est aberrant.

Il faut lutter contre le suicide des jeunes (et des moins jeunes), oui. Mais pour cela, il faut une société qui rassemble, où l’on se sente bien, pas une société qui divise.

Une étude de Marc Shelly qui confirme les tendances internationales démontre que les jeunes gays font 7 à 12 fois plus de tentatives de suicide que les jeunes hétéros, et que la moitié des suicides de jeunes (15-24 ans) serait due à l’homophobie.

L’immense majorité des suicides sont causés par l’isolement, un isolement qui est renforcé par le rejet de la différence, quelle qu’elle soit !

 

La famille doit se fonder exclusivement sur l’union d’un homme et d’une femme : refus de l’ouverture du mariage et de l’adoption pour les couples homosexuels

En hiérarchisant les couples selon leur sexualité, le FN accentue le sentiment d’exclusion et de rejet de la différence qui conduit toute une population au mal-être, et parfois au suicide. Une société apaisée ne peut se concevoir sans que l’on mette un terme aux oppressions, qu’elles soient racistes, sexistes ou homophobes. La première marche est l’égalité des droits (mariage, adoption, don).

 

Il faut combattre la maltraitance des enfants

Ca ne coûte rien de le dire, encore un vœu pieu !

– Le souci est que le FN se place systématiquement dans une posture répressive (« il faut punir les parents qui battent leurs enfants ») sans jamais chercher à traiter les causes de la violence : la précarité (qui peut conduire à l’alcoolisme), les normes sociales misogynes, la faiblesse des dispositifs d’alerte et d’accompagnement (personnel encadrant des établissements scolaires ; foyers).

 

Il faut lutter contre la pédopornographie

Oui, bien sûr. Nous prônons un renforcement du contrôle parental, mais surtout un travail en amont. Que la photo ne puisse être prise (prostitution et trafic d’enfants) prime sur la lutte contre sa simple diffusion sur Internet.

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