Qui sont-ils ? – Arguments écologistes contre l'extrême droite https://antifn.eelv.fr Arguments écologistes contre l'extrême droite Mon, 04 May 2015 12:54:35 +0200 fr-FR hourly 1 Quelques figures parmi les élus FN du CR Rhône-Alpes https://antifn.eelv.fr/quelques-figures-parmi-les-elus-du-front-national/ Mon, 24 Sep 2012 10:04:20 +0000 http://antifn.eelv.fr/?p=2535 Derrière Bruno Gollnisch, le Front National rhônalpin aligne des conseillers régionaux bien différents les uns des autres, mais tous unis par une culture d’extrême droite très classique : anciens de l’œuvre Française, aristocrates, anciens paras, catholiques intégristes, jeunes skinheads… Voici une petite galerie de portraits qui pourra s’étoffer au cours du temps.

Charles Perrot

Ligérien. Fait fréquemment référence à une droite légitimiste, genrCharles Perrote Action Française, en opposition à « la pseudo-droite qui est dans mon dos » à l’assemblée régionale. Admire Maurras et déteste par-dessus tout les francs-maçons qu’il soupçonne de guider en sous-main bien des politiques, comme celle de la coopération solidaire. Directeur général d’une société de composants électroniques. De ce fait, il intervient fréquemment sur les questions économiques et entrepreneuriales. Aime particulièrement faire étalage d’une culture encyclopédique pour, croit-il, ridiculiser ses adversaires politiques sur un ton assuré : « Vous parlez, je vous cite : de la finitude des ressources. Or, la finitude, Monsieur le Président, en termes philosophiques, c’est la conscience humaine de la mort inéluctable. Je ne sais pas si la finitude des ressources vous a été inspirée par la « bravitude » de votre amie Ségolène Royal (…) mais je souhaite ardemment (…) que la « ridiculitude » de celui-ci, conduise surtout à la finitude socialiste. » (Le Robert : Finitude = le fait d’être fini, borné).

 

Dominique Martin

Dominique MartinUn autre style. Savoyard, conseiller municipal de Cluses. Ancien para. Réputé proche de Marine Le Pen. Lors de ses interventions, il lui arrive facilement d’user d’une ironie lourde et déplacée.

Il lui arrive aussi de perdre son calme. En octobre 2011, pendant le débat sur la politique de formation, il interrompt des orateurs en hurlant « Soviet ! Soviet ! », puis s’absente avant la fin du débat, et Philippe Meirieu est contraint de répondre en son absence à ses propos particulièrement agressifs.

En mars 2012, il s’énerve contre le Front de gauche alors qu’on ne lui a pas donné la parole : « Fascistes ! Nous, nous n’avons pas 100 millions de morts sur la conscience ! Allez donner vos leçons en Corée ! »

Piégé il y a deux ans en formation de militants en flagrant délit de démagogie assumée et vulgaire.

Sa présentation par lui-même

Aime intervenir sur la formation, pas parce qu’il maîtrise le sujet, mais parce qu’il abhorre Philippe Meirieu.

 

Alexandre Gabriac

Alexandre GabriacOn ne présente plus ce jeune homme qui n’aime rien tant que de faire parler de lui. Protégé de Bruno Gollnisch, il fréquente les groupuscules fascistes les moins recommandables et fonde le sien, les Jeunesses Nationalistes, en lui donnant pour emblème un aigle couronné très proche du logo du parti nazi. En fait, ce petit groupe, dont on voit les affiches dans les tunnels imbibés d’urine, a surtout une vocation touristique, partant à la rencontre des groupes fascistes italiens et phalangiste d’Espagne. On retrouve aussi souvent cet élu à la rubrique « faits divers ».

Sur Facebook, le 6 mai 2012, Gabriac appelait «à préparer et à conduire une Deuxième Révolution nationale qui seule peut rendre la France à son destin en la nettoyant des parasites qui la détruisent avec une virulence accrue depuis plus de 60 ans». Un Pétain bis, en somme, avec élimination des opposants, et peut-être des gens de gauche en général. S’il y avait encore une ambiguïté sur le projet politique de l’extrême droite, la voilà levée.

Depuis janvier 2011, Alexandre Gabriac et Olivier Wyssa, exclus du FN, ont été mis à l’écart du groupe d’élus à la Région, mais le groupe lui-même, par la même occasion, s’est renommé « FN et apparentés », ce qui constitue de fait une main tendue. Bruno Gollnisch a d’ailleurs confié, dans une interview à La Chaîne Parlementaire : « Je souhaite personnellement qu’on ménage des réconciliations ultérieures. Je pense que le pardon des offenses est non seulement moralement louable mais politiquement utile ».

D’autres élus du groupe Front National continuent d’apporter un soutien explicite à Alexandre Gabriac, comme Liliane Boury, présente au procès où il comparaissait pour menaces de mort.

 

A suivre…

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Pourquoi le front national soutient les dictateurs arabes https://antifn.eelv.fr/pourquoi-le-front-national-soutient-les-dictateurs-arabes/ Tue, 15 May 2012 07:58:01 +0000 http://antifn.eelv.fr/?p=2335 Par la voix de son fondateur, Jean-Marie Le Pen et de sa fille, Marine Le Pen, candidate à la présidentielle, le Front national continue de soutenir le régime syrien. Sylvain Crépon, spécialiste de l’extrême droite française décrypte cette position. ...]]>

Par la voix de son fondateur, Jean-Marie Le Pen et de sa fille, Marine Le Pen, candidate à la présidentielle, le Front national continue de soutenir le régime syrien. Sylvain Crépon, spécialiste de l’extrême droite française décrypte cette position.

Par Marc DAOU

 

Le président d’honneur du Front national (FN), Jean-Marie Le Pen, a une nouvelle fois défendu le régime du président syrien Bachar al-Assad. Dimanche, dans le cadre de l’émission Radio France Politique, il s’est refusé à condamner la répression qui se déroule depuis plus de 11 mois en Syrie, arguant que le président syrien « est aux prises avec une guerre civile ».

 

La suite sur le site de France 24

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40 ans d’histoire de Front National https://antifn.eelv.fr/40-ans-dhistoire-du-front-national/ Thu, 28 Jul 2011 09:18:48 +0000 http://antifn.eelv.fr/?p=2220 - Connaître l’histoire du Front National est important pour comprendre ce qu’il est aujourd’hui, ce qui dans son histoire a fait que ce parti est pu devenir aussi puissant, dans les urnes premièrement, mais surtout dans la représentation que l’on peut avoir du monde. Car pour Erwan Lecoeur, la principale victoire du Front National, c’est la victoire des idées. Depuis maintenant bien longtemps, les thèmes qui sont favorable à son succès sont ceux qui sont le plus repris par les politiques de droite comme de gauche, mais également dans les journaux télévisés où les sujets sur l’immigration et l’insécurité prédominent. ...]]>

Connaître l’histoire du Front National est important pour comprendre ce qu’il est aujourd’hui, ce qui dans son histoire a fait que ce parti est pu devenir aussi puissant, dans les urnes premièrement, mais surtout dans la représentation que l’on peut avoir du monde. Car pour Erwan Lecoeur, la principale victoire du Front National, c’est la victoire des idées. Depuis maintenant bien longtemps, les thèmes qui sont favorable à son succès sont ceux qui sont le plus repris par les politiques de droite comme de gauche, mais également dans les journaux télévisés où les sujets sur l’immigration et l’insécurité prédominent.

 

De la création aux premiers succès

 

Lors du deuxième congrès d’Ordre Nouveau, les 10 et 11 juin 1972, les membres décident la création d’une structure capable de fédérer l’extrême-droite en vue des élections de 1973, et votent à 78,89% pour le nom de « Front National ».

A cette époque, Jean-Marie Lepen n’est pas membre d’Ordre Nouveau. C’est lors de la création officielle du parti le 5 Octobre de la même année qu’il est désigné comme président du FN, avec pour objectif de rassembler une droite extrême divisée et ayant perdue la bataille des idées.

Mais, les élections sont peu satisfaisantes, même si Le Pen obtient tout de même 5,75% dans le 15° arrondissement de Paris. Des crispations apparaissent et certains membres d’Ordre Nouveau critiquent le rôle de Jean-Marie Le Pen. Deux évènements vont toutefois lui permettre d’asseoir son pouvoir sur le FN. Le ministre de l’intérieur dissout l’Ordre Nouveau le 22 Juin 1973. Puis la Justice tranche en faveur du président, lorsque des fondateurs du mouvement décident devant les tribunaux de lui contester le droit d’utiliser le nom de « Front National ». Le Pen devient alors le seul chef à bord.

 

Toutefois, celui-ci ne connait pas de grand succès électoral avant 1984 : c’est la traversée du désert. Le parti compense néanmoins ses faibles scores par une capacité à durer, rare à cette époque, dans les mouvements d’extrême-droite. C’est l’occasion de mettre à jour son modèle idéologique en filtrant du discours du FN les éléments pouvant heurter les électeurs de la droite modérée et en centrant sa propagande sur des sujets susceptibles de toucher aussi bien des électeurs de droite comme de gauche. Notons l’intégration de l’immigration dans le discours du FN en 1978 avec l’affiche « 1 million de chômeurs, c’est 1 million d’immigrés en trop ».

 

Enfin, en refusant toute forme d’alliance avec la droite parlementaire, Le Pen espère faire du mouvement frontiste une alternative au système lui-même. On peut voir l’histoire du FN comme un lissage successif de son discours, au risque de perdre à chaque fois une partie de ces militants. Après la mort de leur chef, François Duprat[1], en 1978, les plus nationalistes quittent le mouvement.

Vient le temps de la consécration pour Le Pen lors des élections européennes de 1984: 11,1% des voix. Un an après la victoire au municipale de Dreux, il démontre l’existence d’un espace politique pour l’extrême-droite en France. Bien que la classe politique pense qu’il ne s’agit que d’un phénomène passager, les scores élevés du parti ne cessent pas, le leader frontiste arrive même petit-à-petit à imposer son discours dans les médias.

Le parti confirme son succès aux cantonales de 1985 (8,8%), mais ne fait élire que deux candidats sur 1521, car Le Pen maintient son choix de ne pas s’allier avec la droite parlementaire. La réforme socialiste du scrutin législatif offre la possibilité au FN de disposer d’un groupe parlementaire conséquent sans remettre en cause leur indépendance. Ce n’est pas moins de 35 élus estampillés « Rassemblement National », Jean-Marie en tête, qui vont garnir les bancs de l’assemblée, sans qu’il ait été nécessaire de remettre en question le choix, contesté en interne de ne pas mener d’alliances avec la droite « traditionnelle ». N’hésitant pas à mettre en retrait des membres historiques pour attirer des personnalités intéressées par un poste de député (Bruno Mégret notamment), Le Pen exacerbe les tensions au sein du parti.

 

Confirmations et divisions

Cependant, la personnalisation du FN par JML peut être difficile à supporter pour certains. De plus, les relatifs revers successifs que va connaitre le parti ternissent l’image du leader et surtout l’attachement au sacro-saint principe de non-alliance. En 1988, une seule députée Front National à l’assemblée se verra exclure du parti pour avoir oser critiquer le Chef. Enfin, sous la coupe de Jean-Pierre Stirbois, la frange la plus radicale s’oppose aux orientations récentes du parti.

Pour contrer l’influence importante de celui qui est son numéro 2, Le Pen va jouer les courants les uns contre les autres, en nommant Bruno Mégret comme directeur de campagne. Pour asseoir son autorité sur le FN, Le Pen est obligé de composer avec des « horlogers »[2]. La disparation de Stirbois, le 5 Novembre 1988, dans un accident de voiture à la fin de l’année fait perdre à la frange la plus radicale son leader, ce qui éloigne la possibilité d’une scission. Néanmoins, beaucoup de militants quittent le ‘’Paquebot’’.

 

Portés par un contexte favorable, les scores électoraux ne vont pas pâtir des quelques dissonances internes. Méthodique, Mégret va contribuer à faire évoluer le FN, tout en plaçant au passage ces pions au sein du parti. Partisan d’une forme d’entrisme dans la société civile comme en politique, il impulse une dynamique nouvelle et oblige le parti d’extrême-droite à s’ouvrir sur la société civile : création d’associations, de syndicats, d’un réseau d’entraide (avec plus ou moins de succès à chaque fois). Surtout, Mégret veut remporter la « bataille des idées ». Les déclarations des dirigeants de droite, que Le Pen n’aurait pas reniées (de Chirac à Sarkozy, en passant par Giscard d’Estaing) et la place médiatique des thèmes du FN montrent la pertinence du choix des théoriciens du Club de l’Horloge.

En l’absence d’accord, ces scores élevés sont insuffisants pour permettre au FN de disposer d’élus. Mégret, qui dispose de plus en plus d’importance au sein du parti, décide de contester ouvertement les positions de Jean-Marie Le Pen. Le Chef oppose à nouveau les courants du parti les uns contre les autres. Les catho-tradi, et Bruno Gollnich voient donc leur influence augmenter.

Se sentant suffisamment puissant, Mégret va choisir de créer son propre mouvement après avoir tenté au sein du FN de faire bouger les lignes (des alliances sont menées avec l’UDF et le RPR aux régionales en 1998). Si il est obligé de quitter au FN, c’est principalement parce qu’il tente de contester Le Pen. Si celui-ci ne peut subir aucune critique, c’est que d’une certaine manière, le nom « Le Pen » est indissociable, dans l’imaginaire collectif, du FN. Dès lors, la désignation de Marine à la tête du parti apparait comme quelque chose d’inéluctable (Erwan Lecoeur avait dès 2003 avancé cette hypothèse).

En 1999, la division de l’extrême droite semble être une aubaine pour reste de la classe politique, parce que le Mouvement National Républicain de Mégret est un parti structuré et relativement puissant, à même de concurrencer le  FN sur son propre terrain. D’ailleurs, les élections européennes sont un échec pour cette famille politique : 9% pour les deux partis réunis, soit moins que le FN seul 5 ans plus tôt.

Il serait pourtant faux d’enterrer Le Pen aussi vite. La multiplicité des listes de droites peut elle aussi expliquer la baisse du FN sans pour autant analyser ce score comme une perte d’audience. CPNT, De Villiers, Pasqua, les candidats susceptibles de capter l’électorat du FN sont nombreux. Dès lors, le séisme du 21 Avril est compréhensible : c’est le fruit de plus de trente ans de patience.

 

La transmission du flambeau

 

Le soir du second de la présidentielle, Marine[3] apparait sur un plateau de télévision en tant que représentante du Front National. C’est le début de l’ascension du parti pour la benjamine de Jean-Marie Le Pen. Sa stratégie de dédiabolisation au sein du parti va lui offrir les faveurs des médias. Elle est jeune, décontractée, souriante et apparait aux yeux du plus grand nombre comme ayant réussi à faire évoluer le FN sur certains sujets : laïcité, avortements, seconde guerre mondiale, etc. Elle ne fait toutefois pas l’unanimité au sein du parti. Dès 2003, au congrès de Nice, lors de l’élection du comité central par les délégués départementaux, elle arrive en 34eme position.

Au fur et à mesure que l’importance de Marine croit au sein du FN, le nombre d’adhérents et de cadres historiques, qui ont décidés de quitter le Front National ou qui ont été exclus, augmente. En 2005 : Jacques Bompard, Marie-France Stirbois et Bernard Antony quittent le navire. En 2008, c’est au tour de Carl Lang, Fernand Le Rachinel et Jean-Claude Martinez. Plus récemment, Roger Holeindre a rendu son tablier.

Ce n’est évidemment pas sans compter sur le principal courant du FN : le Lepénisme. Jean-Marie défend sa fille voire, l’impose. Malgré le peu de soutien que les militants lui accorde au congrès de Nice, il la nomme vice-présidente du parti. En 2007, lors d’un nouveau congrès, elle arrive juste derrière Bruno Gollnisch pour l’élection du comité central. La même année, elle est choisie comme directrice de campagne et devient également en charge et de la « propagande » et de la formation des militants.

Comme son influence sur le parti ne cessent de grandir, le score du FN à la présidentielle de 2007 lui est reproché. Les bons résultats du FN lors des élections suivantes et sa pugnacité à Hénin-Beaumont rassurent les adhérents qui assez logiquement la désignent comme présidente du Front National le 16 Janvier 2011, au congrès de Tour.

L’extrême-droite peut donc se résumer à un seul parti. Car, si le MNR de Bruno Mégret existe encore, il a beaucoup perdu de son audience, Bruno Mégret ayant même décidé de se mettre en réserve de la vie politique. Les résultats sont faibles et de nombreux militants ont choisi de revenir au FN.

Les positions de Marine Le Pen ne sont pas appréciées par tous les partisans de l’extrême-droite, comme en témoignent la création de plusieurs mouvements, le Parti De France de Carl Lang et la Nouvelle Droite Française de Robert Spieler. Néanmoins, il serait improbable de dire que leur récente alliance pour là présidentielle soit à même de concurrencer le parti frontiste. Depuis maintenant près de 40 ans, les Le Pen, plus que le Front National, incarnent l’extrême-droite

 

Conclusion

 

L’histoire du Front National peut donc parfaitement se fondre avec l’histoire des Le Pen. D’ailleurs, si Marine Le Pen, une femme, dirige aujourd’hui le principal parti d’extrême-droite de France, c’est simplement par qu’elle en est l’héritière. Car si Jean-Marie Le Pen n’a pas fondé le FN, il en a fait ce qu’il est, un parti puissant, sans réelle menace dans son espace politique et l’a légué à sa fille. Le parti frontiste est devenu un acteur central de la vie politique du pays sans pour autant avoir accédé au pouvoir ni mené de réelle alliance. Bien entendu, on sait que le FN a déjà dirigé des villes et localement soutenu des régions de droite sauf qu’à chaque fois, cela n’a pas atteint Jean-Marie Le Pen personnellement, et de ce fait, ça n’a pas pu être pleinement associé à l’image du parti.

L’autre caractéristique du Front National, révélée par son histoire, c’est sa capacité à demeurer le réceptacle de la colère des français. Encore une fois, c’est la personnalité de Jean-Marie Le Pen qui a permis depuis le milieu des années 80 à des gens, de droite, mais aussi de gauche, d’exprimer leur ras-le-bol à la classe politique. Ses qualités d’orateur lui ont permis de conquérir le Ministère de la Parole, et grâce à ça de défendre, sans pour autant apparaitre chez ses électeurs comme opportuniste, des thèmes aussi différents que l’anticommunisme puis l’anti-atlantisme, le libéralisme et l’interventionnisme de l’état. Ce serait sans compter sur les thèmes qui transcendent les évolutions liées à l’actualité : la nation, l’immigration et l’opposition globale au système.

Alors que certains pensaient qu’après la seconde guerre mondiale et la période des Trente Glorieuses, l’extrême-droite allait disparaitre. Mais l’illusion d’un paysage sans ce courant politique à volé en éclat. L’actualité nous le rappelle tous les jours. Les tiraillements internes à toutes les sociétés, entre conservatisme et progressisme ne pouvait échapper à la notre. Le Front National est un modèle de l’adaptation des populismes aux sociétés actuelles occidentales.

 



[1] François Duprat (1940-1978) est un écrivain, théoricien du renouveau de la pensé nationaliste et figure de l’extrême droite française dans les années 60 et 70 (notamment membre d’Occident et d’Ordre nouveau). Il a été à l’avant-garde de propositions politiques d’une importance cruciale aujourd’hui. Sa stratégie consistait à faire exploser les droites après leur avoir fait avaliser des thèmes de discrimination nationale, et ainsi (re)légitimer l’extrême droite. Une citation, que Jean-Marie Le Pen a souvent utilisé, résume bien sa pensée : « l’électeur préfère toujours l’original à la copie ».

 

[2] Le Club de l’Horloge est un cercle de réflexion, composé principalement par des hauts fonctionnaires créé en 1974 avec pour objectif de développer le logiciel idéologique de l’extrême-droite et de la droite. Le thème de la préférence national qui deviendra un élément fondamental du programme du front national au cour des années 80. Bruno Mégret y a beaucoup participé de même que Jean-Yves Le Gallou, Alain Madelin et Alain Juppé.

[3] Marine Le Pen est née en 1968 à Neuilly sur Seine. L’influence de son père sur sa vie est totale Après une maitrise de droit à l’université Paris II et avoir entamé une carrière juridique en tentant de prendre ses distances avec le Front National, elle se rapproche peu à peu de son père. Si avec Marine Le Pen, le discours change, la majorité des thèmes qu’elle met en avant sont les mêmes que son père. La principale évolution est sa volonté de conquérir le pouvoir. Jean-Marie Le Pen n’aurait évidemment refusé le pouvoir si on le lui avait donné, mais Marine Le Pen a plus que son père le désir d’y accéder par les urnes.

 

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Le Pen et l’argent https://antifn.eelv.fr/le-pen-et-largent/ Mon, 25 Jul 2011 07:43:21 +0000 http://antifn.eelv.fr/?p=2152 La mainmise du clan Le Pen sur le Front National est particulièrement frappante d’un point de vue financier. On peut véritablement dire que le FN n’a été qu’un moyen pour Jean-Marie Le Pen de faire fortune. Il a fait de son parti sa PME familiale. Et s’il n’a jamais cherché à contracter d’alliances, c’est autant par idéologie que parce qu’il souhaitait pouvoir continuer d’utiliser son parti pour s’enrichir, notamment grâce à l’héritage Lambert. ...]]>

La mainmise du clan Le Pen sur le Front National est particulièrement frappante d’un point de vue financier. On peut véritablement dire que le FN n’a été qu’un moyen pour Jean-Marie Le Pen de faire fortune. Il a fait de son parti sa PME familiale. Et s’il n’a jamais cherché à contracter d’alliances, c’est autant par idéologie que parce qu’il souhaitait pouvoir continuer d’utiliser son parti pour s’enrichir, notamment grâce à l’héritage Lambert.

Hubert Lambert et Jean-Marie Le Pen se connaissent depuis les années, depuis que Le Pen à créer le Front National pour l’Algérie en 1958. Il devient un intime des Le Pen et décide de financer dès la création de l’autre Front National en 1972 ce qui n’est alors qu’un groupuscule. Par un habile jeu de séduction, le président du Front National se retrouve sur le testament d’un héritier du ciment[1] (100 millions de francs selon Pierrette Le Pen, dont une partie en Suisse). De nombreux membres du FN de l’époque considèrent qu’il s’agissait d’un héritage politique, mais pas Jean-Marie Le Pen, qui décide de s’approprier à son seul profit cet héritage, ce qui provoqua au sein du parti un tollé. Selon son ancien conseiller communication Lorrain de Saint-Afrique, il récupérerait plusieurs héritages par an initialement destiné au FN.

Comme celui d’Henri Bussière, s’il n’avait pas été annulé par la cour d’appel de Nancy en 1997. Yvonne Perrot, la sœur du défunt, ulcérée à l’idée que «tout cet argent aille dans les poches de Le Pen», avait porté plainte. Dans un courrier, Jean-Pierre Reveau, alors secrétaire administratif et financier du FN, explique qu’instituer M. Jean-Marie Le Pen comme légataire universelle est « la seule façon de laisser vos biens au Front national ».[2] Preuve s’il en fallait une que la frontière entre Jean-Marie Le Pen et son parti n’existe pas.

Jean-Marie Le Pen n’est donc pas le mieux placé pour critiquer la corruption dans la classe politique. Pourtant, dans sa longue carrière, il n’a jamais cessé de se présenter comme irréprochable, allant même jusqu’à mentir à la télévision sur sa fortune. Lors de « l’Heure de vérité » du 16 octobre 1985, Jean-Marie Le Pen déclarait :

« Mon patrimoine est tel que je ne suis pas astreint à faire la déclaration sur les grandes fortunes »

Le Canard enchaîné n’a en effet pas laissé passer l’occasion de le mettre devant ses contradictions. L’hebdomadaire révèle, le 25 octobre 1985, qu’il s’est contenté d’acquitter… 412 francs au titre de l’impôt sur le revenu pour 1982 ! Et qu’après une enquête administrative, ce sont au total 3,6 millions de francs délibérément escamotés que le fisc lui a réclamés. En 1994, il décide enfin de déclarer l’ensemble de son patrimoine.[3]

Ardent défenseur de la transparence en politique, il s’insurge contre les micro-partis lorsque le scandale. « Ça me choque beaucoup », s’offusquait-il sur RTL le 19 Juillet 2010. En 1988, Jean-Marie Le Pen a créé une association nommé Jean-Marie Le Pen-Cotelec, en vue de recevoir les dons des sympathisants du Front National. Le système comprend également  un microparti, Cotelec[4], auquel la première association reverse tout (ou partie) des dons, dans une opacité la plus totale. C’est une entreprise qui dure encore aujourd’hui. En 2007, le parti engrange 451 387€  et quatre fois plus sou forme de prêt à 3%. Finalement, la Cotelec peut ensuite donner, mais plus généralement prêter à des taux importants, au Front National. En décembre 2010, Jean Marie Le Pen rassurait les généreux donateurs en leur disant qu’il restait bien président de la Cotelec. De cette manière, il garde un certain pouvoir sur son parti.

Mais c’est bien toute la famille qui profite du parti. En 1992, pour l’organisation de la fête Bleu-Blanc-Rouge, le FN fait appelle à un fournisseur privé, Atouts Stands, qui appartient au mari de Marine Le Pen. Bien que tout le monde sache au FN que l’entreprise va mal, c’est elle qu’on choisit. Le parti doit avancer 10 000 des 20 000 francs demandés. Peu après, la boite dépose le bilan et les organisateurs doivent aller chercher ailleurs, découvrant que les prix de l’entreprise étaient près de 40% supérieur à la concurrence et qu’évidemment, l’ancien patron ne remboursera pas les arrhes.[5]

Si la majorité des informations sont quelque peu anciennes, c’est qu’il est difficile de ne recouper que des données sérieuses et qui ne pourront pas être contestées. Ce qui est certain, c’est qu’aujourd’hui plus que jamais, le système Cotelec est un moyen de pour Jean-Marie Le Pen comme pour Marine de s’enrichir. C’est d’une importance capitale, car il permet de bien apprécier la distance que la famille, et surtout le père, vis-à-vis du pouvoir.

 



[1] Pour un historique détaillé de l’affaireLambert, on peut lire Marine Le Pen, Un nouveau Front National, de Laszlo Liszkai, Favre.

[2] Source : Les Dégâts de la Marine, hors série du Canard Enchainé

[3]

[4] Un bon résumé du système Cotelec sur l’Express

[5] Source : Les Dégâts de la Marine, hors série du Canard Enchainé

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Les penseurs de Madame Le Pen https://antifn.eelv.fr/les-penseurs-de-madame-le-pen/ Sat, 11 Jun 2011 11:50:26 +0000 http://antifn.eelv.fr/?p=2298 « Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes »,

Arthur Rimbaud, Une Saison en Enfer

 

Ils sont intellectuels, avocats, politiques, journalistes ; leur famille naturelle est la droite conservatrice, patriote, un brin populiste, mais ils regardent avec de plus en plus de sympathie l’ascension médiatique et électorale du Front national.

Le 11 mai dernier, le « Cercle des avocats libres » présidé par Frédéric Pichon, avocat des identitaires, se réunissait à Paris pour un « colloque sur la liberté d’expression ». Etaient présents Christian Vanneste, député du Nord et membre du courant de la « Droite populaire » au sein de l’UMP, Yves-Marie Laulan, animateur de Radio Courtoisie, Philippe Bilger, avocat général près la cour d’appel de Paris et défenseur du rapprochement entre le FN et l’UMP, et Robert Ménard, auteur de Vive Le Pen. Ce rassemblement hétéroclite illustre bien la connivence qui se crée entre élites intellectuelles, médiatiques et politiques de droite et d’extrême droite ces dernières années.

Si les ralliements de personnalités à la candidature de Marine Le Pen sont des temps forts médiatiques (le journaliste Ménard, l’avocat Collard, le souverainiste Coûteaux), les trophées restent pour l’instant assez rares. Cependant, ils ne sont que la partie visible d’une lame de fond qui traverse la droite depuis plusieurs années, et qui s’accélère à mesure que 2012 s’approche. Ce mouvement a un objectif majeur : faire sauter le « cordon sanitaire » pour réaliser l’union politique des droites libérales, conservatrices, populistes et nationalistes.

C’est notamment la mission que s’est donnée le Club de l’Horloge depuis 1974. Ce cercle de réflexion politique, présidé par Henry de Lesquen (UDF puis MPF ; ancien conseiller « sécurité » de Chirac) réunit des hommes politiques (Madelin, Mégret, Bardet, Le Gallou, Vanneste, Briant), des intellectuels, des hauts fonctionnaires, des universitaires de droite et d’extrême droite qui entendent faire entrer le Front national dans une alliance de gouvernement : « L’union de la droite n’est pas seulement nécessaire pour une simple raison d’arithmétique électorale, mais aussi, et surtout, parce qu’il est au fond inutile d’avoir un gouvernement dit de droite si celui-ci fait la même politique que la gauche » (Henry de Lesquen, éditorial sur le site du Club de l’Horloge).

Surtout, le Club organise de nombreux colloques pour définir une synthèse nationale-libérale ayant abouti à la théorisation de la « préférence nationale ». Le travail de rapprochement intellectuel entre droite « traditionnelle » et extrême droite rend la frontière de plus en plus poreuse, et les connivences de plus en plus nombreuses. Les exemples de personnalités-passerelles ne manquent pas, de Patrick Buisson, directeur général de la chaîne histoire, ancien directeur de Minute et conseiller de Nicolas Sarkozy depuis 2005, à Eric Zemmour, devenu l’égérie de la « Droite populaire » de Thierry Mariani et Christian Vanneste : « Tant qu’on aura un ennemi à droite, on perdra les élections », déclarait ce dernier en octobre 2010.

Certains ont déjà franchi ce cordon sanitaire qui s’effrite, à l’image de Jean-Richard Sulzer, conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais, universitaire (finances publiques et entreprises), ancien proche d’Alain Madelin et éphémère adhérent de l’UMP en 2002 avant son ralliement au Front national.

Derrière la dénonciation d’une « pensée unique de gauche », ces élites mettent en place les bases de la formulation d’une pensée unique de droite, nationale-libérale et populiste. Cette dynamique n’est pas sans rappeler celle qui prévalait au paroxysme de l’affaire Dreyfus, puis au milieu des années 1930. On retrouve chez ces « intellectuels » des accents de Maurras, Barrès ou Drieu La Rochelle : ils entendent défendre la souveraineté, la préférence et l’identité nationales, mises en danger par l’ennemi extérieur (la Mondialisation, l’Europe) autant qu’intérieur (l’islamisation, le multiculturalisme).

Le tabou de l’entente entre droite parlementaire et droite nationale, en vigueur depuis la chute du régime de Vichy, se fissure à vitesse accélérée sous l’action de ces penseurs de la droite. Il s’agit pour la gauche française de s’y confronter avec force pour ne pas risquer l’émergence d’un jeu politique à l’italienne, et surtout ne pas se voir contaminer par ces doctrines populistes comme a pu l’être Thilo Sarazin, ce leader du SPD qui a déclaré que le multiculturalisme détruisait l’Allemagne.

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