L’extrême droite – Arguments écologistes contre l'extrême droite https://antifn.eelv.fr Arguments écologistes contre l'extrême droite Mon, 04 May 2015 12:54:35 +0200 fr-FR hourly 1 Quelques figures parmi les élus FN du CR Rhône-Alpes https://antifn.eelv.fr/quelques-figures-parmi-les-elus-du-front-national/ Mon, 24 Sep 2012 10:04:20 +0000 http://antifn.eelv.fr/?p=2535 Derrière Bruno Gollnisch, le Front National rhônalpin aligne des conseillers régionaux bien différents les uns des autres, mais tous unis par une culture d’extrême droite très classique : anciens de l’œuvre Française, aristocrates, anciens paras, catholiques intégristes, jeunes skinheads… Voici une petite galerie de portraits qui pourra s’étoffer au cours du temps.

Charles Perrot

Ligérien. Fait fréquemment référence à une droite légitimiste, genrCharles Perrote Action Française, en opposition à « la pseudo-droite qui est dans mon dos » à l’assemblée régionale. Admire Maurras et déteste par-dessus tout les francs-maçons qu’il soupçonne de guider en sous-main bien des politiques, comme celle de la coopération solidaire. Directeur général d’une société de composants électroniques. De ce fait, il intervient fréquemment sur les questions économiques et entrepreneuriales. Aime particulièrement faire étalage d’une culture encyclopédique pour, croit-il, ridiculiser ses adversaires politiques sur un ton assuré : « Vous parlez, je vous cite : de la finitude des ressources. Or, la finitude, Monsieur le Président, en termes philosophiques, c’est la conscience humaine de la mort inéluctable. Je ne sais pas si la finitude des ressources vous a été inspirée par la « bravitude » de votre amie Ségolène Royal (…) mais je souhaite ardemment (…) que la « ridiculitude » de celui-ci, conduise surtout à la finitude socialiste. » (Le Robert : Finitude = le fait d’être fini, borné).

 

Dominique Martin

Dominique MartinUn autre style. Savoyard, conseiller municipal de Cluses. Ancien para. Réputé proche de Marine Le Pen. Lors de ses interventions, il lui arrive facilement d’user d’une ironie lourde et déplacée.

Il lui arrive aussi de perdre son calme. En octobre 2011, pendant le débat sur la politique de formation, il interrompt des orateurs en hurlant « Soviet ! Soviet ! », puis s’absente avant la fin du débat, et Philippe Meirieu est contraint de répondre en son absence à ses propos particulièrement agressifs.

En mars 2012, il s’énerve contre le Front de gauche alors qu’on ne lui a pas donné la parole : « Fascistes ! Nous, nous n’avons pas 100 millions de morts sur la conscience ! Allez donner vos leçons en Corée ! »

Piégé il y a deux ans en formation de militants en flagrant délit de démagogie assumée et vulgaire.

Sa présentation par lui-même

Aime intervenir sur la formation, pas parce qu’il maîtrise le sujet, mais parce qu’il abhorre Philippe Meirieu.

 

Alexandre Gabriac

Alexandre GabriacOn ne présente plus ce jeune homme qui n’aime rien tant que de faire parler de lui. Protégé de Bruno Gollnisch, il fréquente les groupuscules fascistes les moins recommandables et fonde le sien, les Jeunesses Nationalistes, en lui donnant pour emblème un aigle couronné très proche du logo du parti nazi. En fait, ce petit groupe, dont on voit les affiches dans les tunnels imbibés d’urine, a surtout une vocation touristique, partant à la rencontre des groupes fascistes italiens et phalangiste d’Espagne. On retrouve aussi souvent cet élu à la rubrique « faits divers ».

Sur Facebook, le 6 mai 2012, Gabriac appelait «à préparer et à conduire une Deuxième Révolution nationale qui seule peut rendre la France à son destin en la nettoyant des parasites qui la détruisent avec une virulence accrue depuis plus de 60 ans». Un Pétain bis, en somme, avec élimination des opposants, et peut-être des gens de gauche en général. S’il y avait encore une ambiguïté sur le projet politique de l’extrême droite, la voilà levée.

Depuis janvier 2011, Alexandre Gabriac et Olivier Wyssa, exclus du FN, ont été mis à l’écart du groupe d’élus à la Région, mais le groupe lui-même, par la même occasion, s’est renommé « FN et apparentés », ce qui constitue de fait une main tendue. Bruno Gollnisch a d’ailleurs confié, dans une interview à La Chaîne Parlementaire : « Je souhaite personnellement qu’on ménage des réconciliations ultérieures. Je pense que le pardon des offenses est non seulement moralement louable mais politiquement utile ».

D’autres élus du groupe Front National continuent d’apporter un soutien explicite à Alexandre Gabriac, comme Liliane Boury, présente au procès où il comparaissait pour menaces de mort.

 

A suivre…

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Second tour des élections législatives : quelles évolutions ? https://antifn.eelv.fr/second-tour-des-elections-legislatives-quelles-evolutions/ Tue, 28 Aug 2012 15:09:36 +0000 http://antifn.eelv.fr/?p=2487 En attendant une analyse plus complète, voici un tableau synthétique de l’évolution entre premier et second tour dans les circonscriptions où l’extrême-droite était présente (Front national et Ligue du Sud).

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Pourquoi le front national soutient les dictateurs arabes https://antifn.eelv.fr/pourquoi-le-front-national-soutient-les-dictateurs-arabes/ Tue, 15 May 2012 07:58:01 +0000 http://antifn.eelv.fr/?p=2335 Par la voix de son fondateur, Jean-Marie Le Pen et de sa fille, Marine Le Pen, candidate à la présidentielle, le Front national continue de soutenir le régime syrien. Sylvain Crépon, spécialiste de l’extrême droite française décrypte cette position. ...]]>

Par la voix de son fondateur, Jean-Marie Le Pen et de sa fille, Marine Le Pen, candidate à la présidentielle, le Front national continue de soutenir le régime syrien. Sylvain Crépon, spécialiste de l’extrême droite française décrypte cette position.

Par Marc DAOU

 

Le président d’honneur du Front national (FN), Jean-Marie Le Pen, a une nouvelle fois défendu le régime du président syrien Bachar al-Assad. Dimanche, dans le cadre de l’émission Radio France Politique, il s’est refusé à condamner la répression qui se déroule depuis plus de 11 mois en Syrie, arguant que le président syrien « est aux prises avec une guerre civile ».

 

La suite sur le site de France 24

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Le Front national dans le NPdC : vers un enracinement ? https://antifn.eelv.fr/le-front-national-dans-le-nord-pas-de-calais-vers-un-enracinement/ Mon, 23 Apr 2012 08:33:25 +0000 http://antifn.eelv.fr/?p=2177 Un nombre de voix en constante progression depuis 2009  Le 22 avril 2012, Marine le Pen a battu dans la région le record que son père avait établi le 5 mai 2002, franchissant pour la première fois la barre symbolique du demi-million de suffrages. Avec 517 115 voix (23,29%), le Front national, troisième,  n’est devancé par l’UMP (23,62%) que de 7 231 voix. Entre 2007 et 2012, Nicolas Sarkozy a perdu environ 115 000 voix dans la région quand Marine Le Pen en gagnait 200 000. ...]]>

Un nombre de voix en constante progression depuis 2009

 Le 22 avril 2012, Marine le Pen a battu dans la région le record que son père avait établi le 5 mai 2002, franchissant pour la première fois la barre symbolique du demi-million de suffrages. Avec 517 115 voix (23,29%), le Front national, troisième,  n’est devancé par l’UMP (23,62%) que de 7 231 voix. Entre 2007 et 2012, Nicolas Sarkozy a perdu environ 115 000 voix dans la région quand Marine Le Pen en gagnait 200 000.

 

La montée du Front national est d’abord la responsabilité de l’UMP, qui a échoué à tenir les promesses de 2007 (pouvoir d’achat, République irréprochable) et qui n’a pas cessé de légitimer l’idéologie frontiste (débat sur l’identité nationale, discours de Grenoble, etc.). L’élimination massive des candidats de la droite parlementaire aux dernières élections cantonales (23 duels PS/FN au second tour sur les 78 cantons renouvelables du Nord et du Pas de Calais) en est la plus flagrante manifestation.

 

Mais cet enracinement du Front national dans le paysage politique régional est aussi la responsabilité de la gauche qui peine à se renouveler et à proposer des solutions innovantes tenant compte de la crise sociale et écologique. Les succès du Front national dans le Bassin minier en témoignent.

 

Dans le même temps, les bons résultats des écologistes aux élections européennes puis régionales prouvent que de nombreux citoyens attendent l’émergence d’un nouveau modèle. Si la présidentielle ne nous a pas réussi pour de multiples raisons (vote utile, bipolarisation, communication, etc.), elle n’hypothèque en rien la diffusion de notre discours, et sa pertinence en réponse au Front national.

 

 

Qui sont les électeurs du Front national ?

 

Aux cantonales de 2011, 90% des cantons où le FN était présent au second tour ont un taux de chômage supérieur à la moyenne.

 

Dans le Nord Pas de Calais, le FN a un électorat essentiellement populaire, particulièrement affecté par les évolutions de la société, et qui, autant d’un point de vue sociétale qu’économique, n’a pas l’impression de tirer profit de ces évolutions. Ces électeurs se servent du vote FN comme d’un moyen d’exprimer leurs inquiétudes. Néanmoins, ce ne sont pas les personnes les plus pauvres qui votent le Pen (elles s’abstiennent massivement), ce sont celles qui ont peur du déclassement social.

 

La xénophobie (contre les « étrangers qui profitent ») n’est que la conséquence de cette peur légitime du déclassement. Les vociférations et amalgames du Front national attisent les symptômes sans jamais traiter les causes.

 

 

Le modèle roubaisien ?

 

A Roubaix, Marine le Pen a fait 4834 voix (15,6%), bien loin des 5947 voix (19,4%) du second tour de 2002 et surtout des 7210 voix (22,1%) du premier tour de 1995. Le FN a perdu 2 400 voix sur Roubaix en quinze ans, alors que le nombre de votants est resté constant sur cette période (autour de 70% de participation).

Le soutien aux associations qui promeuvent la citoyenneté, les campagnes pour l’inscription sur les listes électorales ou la lutte contre l’abstention semblent donc payer. A Roubaix, le thème de « l’islamisation rampante » qui a longtemps porté le vote FN ne paie plus : des mosquées se construisent en bonne entente, des liens se tissent entre représentants des différents cultes, un dialogue est né autour des valeurs de fraternité et de partage. Des initiatives y ont aussi porté leurs fruits, à l’image de «  Nos Quartiers d’Eté », portés par Majdouline Sbaï, vice-présidente EELV en charge de la Citoyenneté au Conseil régional.

 

 

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Front contre Bloc : les tensions de l’extrême-droite française https://antifn.eelv.fr/front-contre-bloc-les-tensions-de-lextreme-droite-francaise/ Sat, 11 Feb 2012 11:45:12 +0000 http://antifn.eelv.fr/?p=2296 Le dimanche 11 septembre, alors que Marine le Pen clôt par un grand discours les universités d’été du Front national, un invité inattendu se fait remarquer : Philippe Vardon, leader de Nissa Rebela, l’antenne niçoise du Bloc identitaire. Sa présence est lourde de sens, elle atteste la réussite de la stratégie qu’a mise en place le Front national pour débaucher les cadres du Bloc identitaire, ce mouvement né des ruines d’Unité radicale, auquel appartenait Maxime Brunerie.

 

Le Bloc Identitaire regroupe des groupuscules identitaires et régionalistes de toute la France (Nissa Rebela, Front Comtois, Alsace d’Abord, etc.) sous la présidence de Fabrice Robert, ancien cadre du FN. Dans le Nord Pas de Calais, le Bloc est structuré autour d’un mouvement principal, Opstaan (http://www.opstaan.eu/), et de locaux tels que la Maison flamande (Vlaams Huis, à Lambersart), la Maison de l’Artois (Auchel) et la nouvelle Maison des Ouvriers (Bruay-la-Buissière).

 

Le Bloc a pour ligne politique le refus du métissage ethnique (régionalisme fermé), le rejet du consumérisme (anticapitalisme), la dénonciation de l’oligarchie, le refus du multiculturalisme, le rejet de l’« impérialisme américain » et de l’« islamisation », le rejet du jacobinisme centralisateur. Pour les identitaires, aucune perspective n’existe en dehors de la communauté ethnique, conçue régionalement : ils se qualifient d’« enracinés » par opposition aux « déracinés » que seraient les migrants.

 

Là où le Front national voit l’Union européenne comme une menace contre l’Etat nation, le Bloc identitaire y décèle la concrétisation d’une « histoire et d’une civilisation communes » dont « la puissance doit être encouragée ». Ainsi, la lutte contre l’immigration et l’islamisation est le seul réel point de convergence avec le Front national, jugé jacobin et nationaliste.

 

Mais les intérêts électoraux et financiers priment sur les divergences idéologiques. C’est pour cela que le Front national, voyant dans le Bloc un concurrent potentiel et un vivier de futurs cadres, formés idéologiquement et dévoués au militantisme, a lancé une stratégie active de débauchage et de démantèlement. Les objectifs sont clairs : récupérer les meilleurs éléments en leur faisant miroiter un accord de financement électoral, et créer suffisamment de tensions entre les groupuscules du Bloc identitaire pour que celui-ci implose.

 

Cette stratégie, fortement appuyée par Steeve Briois, secrétaire général, et Bruno Bilde, chef de cabinet de Marine le Pen, tous deux conseillers régionaux, s’avère payante. En janvier, Nissa Rebela, le groupuscule le plus puissant du Bloc identitaire, a voté à 79% son soutien à Marine le Pen pour l’élection présidentielle, contre l’investiture à Nice de militants identitaires soutenus par le FN.

 

Ce ralliement crée aujourd’hui de réelles tensions entre les différentes composantes du Bloc identitaire, mais aussi à l’intérieur même du Front national, entre les partisans de cette stratégie (Brios, Bilde) et ses opposants, à la tête desquels se trouve Louis Aliot, partisan d’une dédiabolisation du Front national par une recomposition autour des mouvements souverainistes.

 

Le score du Front national aux élections législatives de juin sera donc déterminant, car il fixera la taille du gâteau (financement public) à répartir en fonction des accords électoraux, pour les cinq ans à venir. Une fois encore, on peut présager que les histoires de gros sous primeront sur les désaccords politiques.

 

 

 

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40 ans d’histoire de Front National https://antifn.eelv.fr/40-ans-dhistoire-du-front-national/ Thu, 28 Jul 2011 09:18:48 +0000 http://antifn.eelv.fr/?p=2220 - Connaître l’histoire du Front National est important pour comprendre ce qu’il est aujourd’hui, ce qui dans son histoire a fait que ce parti est pu devenir aussi puissant, dans les urnes premièrement, mais surtout dans la représentation que l’on peut avoir du monde. Car pour Erwan Lecoeur, la principale victoire du Front National, c’est la victoire des idées. Depuis maintenant bien longtemps, les thèmes qui sont favorable à son succès sont ceux qui sont le plus repris par les politiques de droite comme de gauche, mais également dans les journaux télévisés où les sujets sur l’immigration et l’insécurité prédominent. ...]]>

Connaître l’histoire du Front National est important pour comprendre ce qu’il est aujourd’hui, ce qui dans son histoire a fait que ce parti est pu devenir aussi puissant, dans les urnes premièrement, mais surtout dans la représentation que l’on peut avoir du monde. Car pour Erwan Lecoeur, la principale victoire du Front National, c’est la victoire des idées. Depuis maintenant bien longtemps, les thèmes qui sont favorable à son succès sont ceux qui sont le plus repris par les politiques de droite comme de gauche, mais également dans les journaux télévisés où les sujets sur l’immigration et l’insécurité prédominent.

 

De la création aux premiers succès

 

Lors du deuxième congrès d’Ordre Nouveau, les 10 et 11 juin 1972, les membres décident la création d’une structure capable de fédérer l’extrême-droite en vue des élections de 1973, et votent à 78,89% pour le nom de « Front National ».

A cette époque, Jean-Marie Lepen n’est pas membre d’Ordre Nouveau. C’est lors de la création officielle du parti le 5 Octobre de la même année qu’il est désigné comme président du FN, avec pour objectif de rassembler une droite extrême divisée et ayant perdue la bataille des idées.

Mais, les élections sont peu satisfaisantes, même si Le Pen obtient tout de même 5,75% dans le 15° arrondissement de Paris. Des crispations apparaissent et certains membres d’Ordre Nouveau critiquent le rôle de Jean-Marie Le Pen. Deux évènements vont toutefois lui permettre d’asseoir son pouvoir sur le FN. Le ministre de l’intérieur dissout l’Ordre Nouveau le 22 Juin 1973. Puis la Justice tranche en faveur du président, lorsque des fondateurs du mouvement décident devant les tribunaux de lui contester le droit d’utiliser le nom de « Front National ». Le Pen devient alors le seul chef à bord.

 

Toutefois, celui-ci ne connait pas de grand succès électoral avant 1984 : c’est la traversée du désert. Le parti compense néanmoins ses faibles scores par une capacité à durer, rare à cette époque, dans les mouvements d’extrême-droite. C’est l’occasion de mettre à jour son modèle idéologique en filtrant du discours du FN les éléments pouvant heurter les électeurs de la droite modérée et en centrant sa propagande sur des sujets susceptibles de toucher aussi bien des électeurs de droite comme de gauche. Notons l’intégration de l’immigration dans le discours du FN en 1978 avec l’affiche « 1 million de chômeurs, c’est 1 million d’immigrés en trop ».

 

Enfin, en refusant toute forme d’alliance avec la droite parlementaire, Le Pen espère faire du mouvement frontiste une alternative au système lui-même. On peut voir l’histoire du FN comme un lissage successif de son discours, au risque de perdre à chaque fois une partie de ces militants. Après la mort de leur chef, François Duprat[1], en 1978, les plus nationalistes quittent le mouvement.

Vient le temps de la consécration pour Le Pen lors des élections européennes de 1984: 11,1% des voix. Un an après la victoire au municipale de Dreux, il démontre l’existence d’un espace politique pour l’extrême-droite en France. Bien que la classe politique pense qu’il ne s’agit que d’un phénomène passager, les scores élevés du parti ne cessent pas, le leader frontiste arrive même petit-à-petit à imposer son discours dans les médias.

Le parti confirme son succès aux cantonales de 1985 (8,8%), mais ne fait élire que deux candidats sur 1521, car Le Pen maintient son choix de ne pas s’allier avec la droite parlementaire. La réforme socialiste du scrutin législatif offre la possibilité au FN de disposer d’un groupe parlementaire conséquent sans remettre en cause leur indépendance. Ce n’est pas moins de 35 élus estampillés « Rassemblement National », Jean-Marie en tête, qui vont garnir les bancs de l’assemblée, sans qu’il ait été nécessaire de remettre en question le choix, contesté en interne de ne pas mener d’alliances avec la droite « traditionnelle ». N’hésitant pas à mettre en retrait des membres historiques pour attirer des personnalités intéressées par un poste de député (Bruno Mégret notamment), Le Pen exacerbe les tensions au sein du parti.

 

Confirmations et divisions

Cependant, la personnalisation du FN par JML peut être difficile à supporter pour certains. De plus, les relatifs revers successifs que va connaitre le parti ternissent l’image du leader et surtout l’attachement au sacro-saint principe de non-alliance. En 1988, une seule députée Front National à l’assemblée se verra exclure du parti pour avoir oser critiquer le Chef. Enfin, sous la coupe de Jean-Pierre Stirbois, la frange la plus radicale s’oppose aux orientations récentes du parti.

Pour contrer l’influence importante de celui qui est son numéro 2, Le Pen va jouer les courants les uns contre les autres, en nommant Bruno Mégret comme directeur de campagne. Pour asseoir son autorité sur le FN, Le Pen est obligé de composer avec des « horlogers »[2]. La disparation de Stirbois, le 5 Novembre 1988, dans un accident de voiture à la fin de l’année fait perdre à la frange la plus radicale son leader, ce qui éloigne la possibilité d’une scission. Néanmoins, beaucoup de militants quittent le ‘’Paquebot’’.

 

Portés par un contexte favorable, les scores électoraux ne vont pas pâtir des quelques dissonances internes. Méthodique, Mégret va contribuer à faire évoluer le FN, tout en plaçant au passage ces pions au sein du parti. Partisan d’une forme d’entrisme dans la société civile comme en politique, il impulse une dynamique nouvelle et oblige le parti d’extrême-droite à s’ouvrir sur la société civile : création d’associations, de syndicats, d’un réseau d’entraide (avec plus ou moins de succès à chaque fois). Surtout, Mégret veut remporter la « bataille des idées ». Les déclarations des dirigeants de droite, que Le Pen n’aurait pas reniées (de Chirac à Sarkozy, en passant par Giscard d’Estaing) et la place médiatique des thèmes du FN montrent la pertinence du choix des théoriciens du Club de l’Horloge.

En l’absence d’accord, ces scores élevés sont insuffisants pour permettre au FN de disposer d’élus. Mégret, qui dispose de plus en plus d’importance au sein du parti, décide de contester ouvertement les positions de Jean-Marie Le Pen. Le Chef oppose à nouveau les courants du parti les uns contre les autres. Les catho-tradi, et Bruno Gollnich voient donc leur influence augmenter.

Se sentant suffisamment puissant, Mégret va choisir de créer son propre mouvement après avoir tenté au sein du FN de faire bouger les lignes (des alliances sont menées avec l’UDF et le RPR aux régionales en 1998). Si il est obligé de quitter au FN, c’est principalement parce qu’il tente de contester Le Pen. Si celui-ci ne peut subir aucune critique, c’est que d’une certaine manière, le nom « Le Pen » est indissociable, dans l’imaginaire collectif, du FN. Dès lors, la désignation de Marine à la tête du parti apparait comme quelque chose d’inéluctable (Erwan Lecoeur avait dès 2003 avancé cette hypothèse).

En 1999, la division de l’extrême droite semble être une aubaine pour reste de la classe politique, parce que le Mouvement National Républicain de Mégret est un parti structuré et relativement puissant, à même de concurrencer le  FN sur son propre terrain. D’ailleurs, les élections européennes sont un échec pour cette famille politique : 9% pour les deux partis réunis, soit moins que le FN seul 5 ans plus tôt.

Il serait pourtant faux d’enterrer Le Pen aussi vite. La multiplicité des listes de droites peut elle aussi expliquer la baisse du FN sans pour autant analyser ce score comme une perte d’audience. CPNT, De Villiers, Pasqua, les candidats susceptibles de capter l’électorat du FN sont nombreux. Dès lors, le séisme du 21 Avril est compréhensible : c’est le fruit de plus de trente ans de patience.

 

La transmission du flambeau

 

Le soir du second de la présidentielle, Marine[3] apparait sur un plateau de télévision en tant que représentante du Front National. C’est le début de l’ascension du parti pour la benjamine de Jean-Marie Le Pen. Sa stratégie de dédiabolisation au sein du parti va lui offrir les faveurs des médias. Elle est jeune, décontractée, souriante et apparait aux yeux du plus grand nombre comme ayant réussi à faire évoluer le FN sur certains sujets : laïcité, avortements, seconde guerre mondiale, etc. Elle ne fait toutefois pas l’unanimité au sein du parti. Dès 2003, au congrès de Nice, lors de l’élection du comité central par les délégués départementaux, elle arrive en 34eme position.

Au fur et à mesure que l’importance de Marine croit au sein du FN, le nombre d’adhérents et de cadres historiques, qui ont décidés de quitter le Front National ou qui ont été exclus, augmente. En 2005 : Jacques Bompard, Marie-France Stirbois et Bernard Antony quittent le navire. En 2008, c’est au tour de Carl Lang, Fernand Le Rachinel et Jean-Claude Martinez. Plus récemment, Roger Holeindre a rendu son tablier.

Ce n’est évidemment pas sans compter sur le principal courant du FN : le Lepénisme. Jean-Marie défend sa fille voire, l’impose. Malgré le peu de soutien que les militants lui accorde au congrès de Nice, il la nomme vice-présidente du parti. En 2007, lors d’un nouveau congrès, elle arrive juste derrière Bruno Gollnisch pour l’élection du comité central. La même année, elle est choisie comme directrice de campagne et devient également en charge et de la « propagande » et de la formation des militants.

Comme son influence sur le parti ne cessent de grandir, le score du FN à la présidentielle de 2007 lui est reproché. Les bons résultats du FN lors des élections suivantes et sa pugnacité à Hénin-Beaumont rassurent les adhérents qui assez logiquement la désignent comme présidente du Front National le 16 Janvier 2011, au congrès de Tour.

L’extrême-droite peut donc se résumer à un seul parti. Car, si le MNR de Bruno Mégret existe encore, il a beaucoup perdu de son audience, Bruno Mégret ayant même décidé de se mettre en réserve de la vie politique. Les résultats sont faibles et de nombreux militants ont choisi de revenir au FN.

Les positions de Marine Le Pen ne sont pas appréciées par tous les partisans de l’extrême-droite, comme en témoignent la création de plusieurs mouvements, le Parti De France de Carl Lang et la Nouvelle Droite Française de Robert Spieler. Néanmoins, il serait improbable de dire que leur récente alliance pour là présidentielle soit à même de concurrencer le parti frontiste. Depuis maintenant près de 40 ans, les Le Pen, plus que le Front National, incarnent l’extrême-droite

 

Conclusion

 

L’histoire du Front National peut donc parfaitement se fondre avec l’histoire des Le Pen. D’ailleurs, si Marine Le Pen, une femme, dirige aujourd’hui le principal parti d’extrême-droite de France, c’est simplement par qu’elle en est l’héritière. Car si Jean-Marie Le Pen n’a pas fondé le FN, il en a fait ce qu’il est, un parti puissant, sans réelle menace dans son espace politique et l’a légué à sa fille. Le parti frontiste est devenu un acteur central de la vie politique du pays sans pour autant avoir accédé au pouvoir ni mené de réelle alliance. Bien entendu, on sait que le FN a déjà dirigé des villes et localement soutenu des régions de droite sauf qu’à chaque fois, cela n’a pas atteint Jean-Marie Le Pen personnellement, et de ce fait, ça n’a pas pu être pleinement associé à l’image du parti.

L’autre caractéristique du Front National, révélée par son histoire, c’est sa capacité à demeurer le réceptacle de la colère des français. Encore une fois, c’est la personnalité de Jean-Marie Le Pen qui a permis depuis le milieu des années 80 à des gens, de droite, mais aussi de gauche, d’exprimer leur ras-le-bol à la classe politique. Ses qualités d’orateur lui ont permis de conquérir le Ministère de la Parole, et grâce à ça de défendre, sans pour autant apparaitre chez ses électeurs comme opportuniste, des thèmes aussi différents que l’anticommunisme puis l’anti-atlantisme, le libéralisme et l’interventionnisme de l’état. Ce serait sans compter sur les thèmes qui transcendent les évolutions liées à l’actualité : la nation, l’immigration et l’opposition globale au système.

Alors que certains pensaient qu’après la seconde guerre mondiale et la période des Trente Glorieuses, l’extrême-droite allait disparaitre. Mais l’illusion d’un paysage sans ce courant politique à volé en éclat. L’actualité nous le rappelle tous les jours. Les tiraillements internes à toutes les sociétés, entre conservatisme et progressisme ne pouvait échapper à la notre. Le Front National est un modèle de l’adaptation des populismes aux sociétés actuelles occidentales.

 



[1] François Duprat (1940-1978) est un écrivain, théoricien du renouveau de la pensé nationaliste et figure de l’extrême droite française dans les années 60 et 70 (notamment membre d’Occident et d’Ordre nouveau). Il a été à l’avant-garde de propositions politiques d’une importance cruciale aujourd’hui. Sa stratégie consistait à faire exploser les droites après leur avoir fait avaliser des thèmes de discrimination nationale, et ainsi (re)légitimer l’extrême droite. Une citation, que Jean-Marie Le Pen a souvent utilisé, résume bien sa pensée : « l’électeur préfère toujours l’original à la copie ».

 

[2] Le Club de l’Horloge est un cercle de réflexion, composé principalement par des hauts fonctionnaires créé en 1974 avec pour objectif de développer le logiciel idéologique de l’extrême-droite et de la droite. Le thème de la préférence national qui deviendra un élément fondamental du programme du front national au cour des années 80. Bruno Mégret y a beaucoup participé de même que Jean-Yves Le Gallou, Alain Madelin et Alain Juppé.

[3] Marine Le Pen est née en 1968 à Neuilly sur Seine. L’influence de son père sur sa vie est totale Après une maitrise de droit à l’université Paris II et avoir entamé une carrière juridique en tentant de prendre ses distances avec le Front National, elle se rapproche peu à peu de son père. Si avec Marine Le Pen, le discours change, la majorité des thèmes qu’elle met en avant sont les mêmes que son père. La principale évolution est sa volonté de conquérir le pouvoir. Jean-Marie Le Pen n’aurait évidemment refusé le pouvoir si on le lui avait donné, mais Marine Le Pen a plus que son père le désir d’y accéder par les urnes.

 

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Le vote Front National chez les classes populaires https://antifn.eelv.fr/le-vote-front-national-chez-les-classes-populaires/ Wed, 27 Jul 2011 09:40:29 +0000 http://antifn.eelv.fr/?p=2234 La quantité d’études sur le FN depuis maintenant plusieurs décennies ont poussé les analystes à avouer leur incapacité à trouver LA cause permettant d’expliquer son succès. D’abord, parce que cela reviendrait à limiter à un seul aspect la réussite de ce mouvement, sur le long terme. Comment également ne pas voir dans ces positions aussi éloignées l’expression des tiraillements internes, entre les différents courants. ...]]>

La quantité d’études sur le FN depuis maintenant plusieurs décennies ont poussé les analystes à avouer leur incapacité à trouver LA cause permettant d’expliquer son succès. D’abord, parce que cela reviendrait à limiter à un seul aspect la réussite de ce mouvement, sur le long terme. Comment également ne pas voir dans ces positions aussi éloignées l’expression des tiraillements internes, entre les différents courants.

Les évènements pouvant expliquer le succès des thèses du FN sont divers : la crise économique et sociale et ses corolaires, la victoire des socialistes, le 11 septembre. Dès lors, il ne s’agit pas de fournir la « meilleure » explication, mais d’essayer de privilégier les hypothèses pouvant permettre de donner du sens à l’essor d’un courant politique spécifiquement français, qui a également des caractéristiques communes à de nombreux autres partis européens.

 

Un monde en crises

 

En 1973. Le choc pétrolier met à mal les économies d’Europe et d’Amérique, et la fin des Trente Glorieuses impose un brutal retour à la réalité (particulièrement vrai en France). Si le monde occidental est en crise, celle-ci n’est toutefois pas qu’économique. La remise en question du rôle de l’Etat-Nation, l’explosion des inégalités, le sentiment de déclin de la civilisation européenne sont autant d’aspects qui servent généralement à expliquer le terreau dans lequel le FN germe.

La crise est donc également politique, social, culturelle… D’ailleurs, selon Edgar Morin, cet emploi multiplié du mot crise vient de la multiplication des symptômes « crisiques ». Et ces symptômes résultent, je pense, principalement de ce qu’Alain Bihr appelle une crise de sens.

Cette hypothèse, certes vague mais structurelle, permet d’expliquer l’échec des solutions simplistes qui, pour faire disparaître le FN, se borneraient à essayer de venir à bout des problèmes que celui-ci met en avant (insécurité, chômage, immigration, etc.) Pour Alain Bihr, les sociétés contemporaines sont incapables de fournir un système de références qui permettrait de donner un sens stable et cohérent à l’existence des individus qui les composent. Non pas que ces sociétés soient vides de sens ; ce serait plutôt l’inverse : la foire au sens. Dans un univers où chacun à la possibilité de déterminer librement son appartenance, comment peut-on encore donner une dimension collective à l’existence.

 

Parce que l’identité collective est bien à la base de toute société,  l’ensemble des crises qui secouent aujourd’hui la France, mais aussi l’Occident, peut être analysé comme suit.

La fin de la religiosité a énormément affecté nos vies. Par l’ensemble des règles qu’elles édictent, les religions prétendent offrir les moyens d’assurer le Salut dans l’au-delà,  donnant d’une certaine manière un sens à l’existence des individus. La volonté des Lumières, et continuée depuis, de créer un monde basé sur la rationalité, en opposition aux dogmes religieux, a contraint à l’abandon du postulat de la vie après la mort. Subsiste pourtant un enracinement anthropologique de la religion, expliquant la persistance de comportements qui lui sont affiliés, sans pour autant que ces actes gardent leur symbolique originel : bien qu’en déclin et en ayant beaucoup perdu de sa connotation religieuse, le mariage garde une valeur symbolique. La religion a perdu sa capacité à organiser la vie.

De façon plus globale, c’est l’ensemble des institutions socialisatrices qui sont en crise. L’état-providence connait lui aussi une remise en cause particulièrement forte de sa légitimité du fait de la mondialisation. Durkheim avait analysé le passage d’une solidarité mécanique à une solidarité organique. La division du travail ayant bouleversé l’organisation du lien social en imposant une spécialisation des individus, la famille ne pouvait plus apparaitre comme un cadre pertinent. En parallèle, l’édification de l’état-providence a accompagné cette évolution, la solidarité s’opérant désormais principalement au niveau national. Mais la création de la nation a nécessité l’établissement d’un ensemble de symboles (langue commune, Marseillaise, etc.), qui fondent l’identité collective.

C’est pourquoi, lorsque le Front National brandit la préférence nationale, il nous oblige à nous interroger sur la manière dont nous pensons la solidarité entre les individus, et le cadre dans lequel celle-ci doit être mis en place. L’Europe apparait alors comme l’entité la plus à même de se substituer aux états pour assurer à une échelle plus grande certaines politiques, alors que les peuples ne semblent pas près à déléguer trop de pouvoir à l’Union Européenne. La faible popularité de celle-ci réside dans son maniement des symboles. L’Euro est associé à la hausse des prix, ‘’l’ode à la joie’’ n’a pas dans le cœur des citoyens la même résonance que les hymnes nationaux et l’absence d’une langue commune rend complexe la création d’une identité collective.

 

Le FN, parti symbole

 

« Comme toujours et plus que jamais, la politique [est] d’abord et avant tout une guerre de langage, une guerre des signes, une guerre des modèles, des symboles. » Jean-Marie Le Pen

 

Dans son utilisation des symboles, le Front National emprunte beaucoup à la religion catholique. D’abord, parce que ce courant a une influence, encore aujourd’hui, au sein du parti frontiste, mais aussi parce que la religion participe à la catégorisation des individus dans le discours de l’extrême-droite. La différenciation ethnique peut aussi s’appuyer sur une différenciation religieuse. Et bien que le discours de Marine Le Pen sur la religion soit différent de celui de son père, l’islamophobie pointe derrière une laïcité instrumentalisée, avec pour objectif tout de même de faire plaisir à son électorat. Même si tous les électeurs du FN ne se disent pas pratiquants, beaucoup ne démentent  pas un attrait pour le religieux. Brigitte Orfali est une psychologue qui a rencontrée de nombreux adhérent du FN. Elle affirme avoir discuté avec des interlocuteurs qui, bien que  se disant non-pratiquant, lui demandait de dire d’eux qu’ils sont « à la recherche d’une nouvelle foi » (que le FN pourrait incarner ?)

 

Jean-Marie Le Pen apparait comme un guide pour ces militants. Le terme de « Chef », lorsqu’il est utilisé par les adhérents frontistes à une véritable connotation religieuse. Si les différents mouvements, parfois très opposés les uns des autres, soutiennent encore le FN, c’est grâce à sa capacité à fédérer, à rassembler, à transcender le parti. En effet, pour les électeurs du Front National, Jean-Marie Le Pen est indissociable du parti : il est le parti. Il est celui qui cristallise toutes les haines, celui qui personnifie la contestation. La marque Le Pen a plus de succès que le parti lui-même. C’est en PACA et dans le NPDC que l’extrême-droite fit ces meilleurs scores lors des régionales de 2009, avec respectivement Jean-Marie et Marine comme tête de liste. La visibilité médiatique du Front National repose principalement sur leur habileté. Toutefois, la communication du parti ne repose pas que sur eux.

Disposant d’ateliers spécifiques (les ateliers de « propagande »), le FN dispose d’une capacité de diffusion de tracts qui est sans commune mesure avec les autres partis. La famille frontiste se reconnait dans le militantisme, activité qui a quelque peu disparut des partis traditionnels. Le militant y est d’ailleurs considéré comme un « soldat politique » avec une mission définie, celle de participer à la victoire du Front National. Depuis plusieurs décennies, le parti a réussi à imposer un ensemble de symboles dont les références sont puisées de l’idéologie de l’extrême-droite :

-La flamme du MSI italien parle aux nationalistes révolutionnaires

-Le nom du parti fait écho au combat pour l’Algérie Française auquel Jean Marie Le Pen a participé en créant en 1957 le Front National de Combattants

-La figure de Jeanne D’Arc parle aux catholiques.

 

Enfin, le sentiment que la période que nous vivons serait celle de la fin de l’histoire renforce l’extrême-droite. Affirmer que la victoire la démocratie-libérale est absolue et qu’il n’existe aucune autre alternative à quelque chose de particulièrement aliénant. Dès lors, en étant la seule aujourd’hui à s’approprier certains thèmes aux yeux du plus grands nombres (sortie de l’Euro, lutte contre l’immigration, protectionnisme, etc.), Marine Le Pen joue le rôle préféré de son père, celui du candidat antisystème. En refusant le consensus, elle incarne un choix, radicalement différent, et pas seulement d’un point de vue politique. En 1993, dans un entretien au Monde, Marc Augé affirmait : « L’illusion idéologique est du côté de ceux qui disent aujourd’hui : voilà, tout est accompli. »

 

 

Vote protestataire ? Ou vote d’adhésion ?

 

Comme Jean Viard l’analyse dans ces études, les électeurs du Front National sont ceux qui se sentent le moins capables de maitriser les évolutions économiques, technologiques et sociales : « Le populisme est d’une certaine façon, la réaction de ceux qui n’ont pas accès à ce monde nouveau qui s’organise si brutalement. [1]». Ce ne sont fondamentalement pas les plus pauvres qui votent pour l’extrême-droite, mais plutôt ceux qui ont quelque chose à perdre. Les individus, faiblement dotés en capital culturel, qui ne peuvent compter que sur leur force de travail souffrent le plus des modifications du marché du travail. La monté du Front National coïncide avec la « fin de l’ascenseur social ». Le chômage, l’importance des loisirs et le désir de réduction du temps de travail remettent violement en cause une société où l’intégration par le travail, et le sens que celui-ci pouvait donner à la vie, était primordial.

 

Si le repli identitaire que représente le vote FN peut également être vu comme un vote contre l’évolution de la société, c’est parce que celui-ci a réussi à créer un flou autour des véritables aspects de son programme. Le Pen, et sa fille aujourd’hui, ont établi le succès du FN en briguant le ministère de la Parole, en se plaçant systématiquement du côté des mécontents et des déçus, en arrivant par un assemblage de symboles disparates à apparaitre comme les seules à même de s’opposer à la marche du monde. Dès lors, il est faux d’affirmer que l’extrême-droite, parce qu’elle n’est composé que d’un seul parti ne connait pas de division idéologique (sur la notion de race, de nation, etc.)

Le succès peut alors s’expliquer par la capacité des Le Pen à balayer le débat pour se placer au centre d’une bataille opposant deux groupes en guerre (les bons/les méchants, les français/les étrangers). Plus que des solutions politiques concrètes, ils ont développé une représentation du monde où le combat est la seule solution, parce que la lutte implique de désigner un ennemi contre lequel il faut rester souder (solidaire). Voter Le Pen, c’est participer au combat et pour certains utiliser la dernière arme qu’ils leur restent.

 

 

Conclusion

Face à la perte des repères, de « sens » dit Erwan Lecoeur, le vote Le Pen se présente comme une solution. Le Front National peut-être considéré comme un parti famille, dans lequel il existe une solidarité, dans lequel les membres appartiennent à une même communauté. Dans les années 90, le FN reprend les fonctions du PCF des années 50, ou celui-ci participait à la vie du quartier. Cet engagement au sein du parti devient place social et participe à forger l’identité des individus qui y milite.

La capacité de l’écologie politique à redonner un sens à la société est forte, il faut néanmoins que le message écologiste puisse atteindre l’ensemble des couches de la population afin de pouvoir toucher toute la population. La complexité de l’écologie et des solutions qu’elle propose pour résoudre les problèmes que nous traversons doivent digérés puis transformer en messages simples et accessibles à tous, sans pour autant tomber dans l’excès inverse du simplisme qui inonde le discours politique actuel, à commencer par le Front National.

 



[1]              Jean Viard, Aux sources du national-populisme, l’Aube, Paris

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Le Pen et l’argent https://antifn.eelv.fr/le-pen-et-largent/ Mon, 25 Jul 2011 07:43:21 +0000 http://antifn.eelv.fr/?p=2152 La mainmise du clan Le Pen sur le Front National est particulièrement frappante d’un point de vue financier. On peut véritablement dire que le FN n’a été qu’un moyen pour Jean-Marie Le Pen de faire fortune. Il a fait de son parti sa PME familiale. Et s’il n’a jamais cherché à contracter d’alliances, c’est autant par idéologie que parce qu’il souhaitait pouvoir continuer d’utiliser son parti pour s’enrichir, notamment grâce à l’héritage Lambert. ...]]>

La mainmise du clan Le Pen sur le Front National est particulièrement frappante d’un point de vue financier. On peut véritablement dire que le FN n’a été qu’un moyen pour Jean-Marie Le Pen de faire fortune. Il a fait de son parti sa PME familiale. Et s’il n’a jamais cherché à contracter d’alliances, c’est autant par idéologie que parce qu’il souhaitait pouvoir continuer d’utiliser son parti pour s’enrichir, notamment grâce à l’héritage Lambert.

Hubert Lambert et Jean-Marie Le Pen se connaissent depuis les années, depuis que Le Pen à créer le Front National pour l’Algérie en 1958. Il devient un intime des Le Pen et décide de financer dès la création de l’autre Front National en 1972 ce qui n’est alors qu’un groupuscule. Par un habile jeu de séduction, le président du Front National se retrouve sur le testament d’un héritier du ciment[1] (100 millions de francs selon Pierrette Le Pen, dont une partie en Suisse). De nombreux membres du FN de l’époque considèrent qu’il s’agissait d’un héritage politique, mais pas Jean-Marie Le Pen, qui décide de s’approprier à son seul profit cet héritage, ce qui provoqua au sein du parti un tollé. Selon son ancien conseiller communication Lorrain de Saint-Afrique, il récupérerait plusieurs héritages par an initialement destiné au FN.

Comme celui d’Henri Bussière, s’il n’avait pas été annulé par la cour d’appel de Nancy en 1997. Yvonne Perrot, la sœur du défunt, ulcérée à l’idée que «tout cet argent aille dans les poches de Le Pen», avait porté plainte. Dans un courrier, Jean-Pierre Reveau, alors secrétaire administratif et financier du FN, explique qu’instituer M. Jean-Marie Le Pen comme légataire universelle est « la seule façon de laisser vos biens au Front national ».[2] Preuve s’il en fallait une que la frontière entre Jean-Marie Le Pen et son parti n’existe pas.

Jean-Marie Le Pen n’est donc pas le mieux placé pour critiquer la corruption dans la classe politique. Pourtant, dans sa longue carrière, il n’a jamais cessé de se présenter comme irréprochable, allant même jusqu’à mentir à la télévision sur sa fortune. Lors de « l’Heure de vérité » du 16 octobre 1985, Jean-Marie Le Pen déclarait :

« Mon patrimoine est tel que je ne suis pas astreint à faire la déclaration sur les grandes fortunes »

Le Canard enchaîné n’a en effet pas laissé passer l’occasion de le mettre devant ses contradictions. L’hebdomadaire révèle, le 25 octobre 1985, qu’il s’est contenté d’acquitter… 412 francs au titre de l’impôt sur le revenu pour 1982 ! Et qu’après une enquête administrative, ce sont au total 3,6 millions de francs délibérément escamotés que le fisc lui a réclamés. En 1994, il décide enfin de déclarer l’ensemble de son patrimoine.[3]

Ardent défenseur de la transparence en politique, il s’insurge contre les micro-partis lorsque le scandale. « Ça me choque beaucoup », s’offusquait-il sur RTL le 19 Juillet 2010. En 1988, Jean-Marie Le Pen a créé une association nommé Jean-Marie Le Pen-Cotelec, en vue de recevoir les dons des sympathisants du Front National. Le système comprend également  un microparti, Cotelec[4], auquel la première association reverse tout (ou partie) des dons, dans une opacité la plus totale. C’est une entreprise qui dure encore aujourd’hui. En 2007, le parti engrange 451 387€  et quatre fois plus sou forme de prêt à 3%. Finalement, la Cotelec peut ensuite donner, mais plus généralement prêter à des taux importants, au Front National. En décembre 2010, Jean Marie Le Pen rassurait les généreux donateurs en leur disant qu’il restait bien président de la Cotelec. De cette manière, il garde un certain pouvoir sur son parti.

Mais c’est bien toute la famille qui profite du parti. En 1992, pour l’organisation de la fête Bleu-Blanc-Rouge, le FN fait appelle à un fournisseur privé, Atouts Stands, qui appartient au mari de Marine Le Pen. Bien que tout le monde sache au FN que l’entreprise va mal, c’est elle qu’on choisit. Le parti doit avancer 10 000 des 20 000 francs demandés. Peu après, la boite dépose le bilan et les organisateurs doivent aller chercher ailleurs, découvrant que les prix de l’entreprise étaient près de 40% supérieur à la concurrence et qu’évidemment, l’ancien patron ne remboursera pas les arrhes.[5]

Si la majorité des informations sont quelque peu anciennes, c’est qu’il est difficile de ne recouper que des données sérieuses et qui ne pourront pas être contestées. Ce qui est certain, c’est qu’aujourd’hui plus que jamais, le système Cotelec est un moyen de pour Jean-Marie Le Pen comme pour Marine de s’enrichir. C’est d’une importance capitale, car il permet de bien apprécier la distance que la famille, et surtout le père, vis-à-vis du pouvoir.

 



[1] Pour un historique détaillé de l’affaireLambert, on peut lire Marine Le Pen, Un nouveau Front National, de Laszlo Liszkai, Favre.

[2] Source : Les Dégâts de la Marine, hors série du Canard Enchainé

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[4] Un bon résumé du système Cotelec sur l’Express

[5] Source : Les Dégâts de la Marine, hors série du Canard Enchainé

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Le vote FN aux régionales 2010 https://antifn.eelv.fr/le-vote-fn-aux-regionales-2010/ Thu, 30 Jun 2011 09:37:17 +0000 http://antifn.eelv.fr/?p=2230

 

L’électorat du FN se distingue en deux zones (Nord-Est et Sud-Est) qui correspondent à deux parties différentes de l’électorat du Front National :

 Dans le Sud, il s’agit principalement d’un électorat aisé, plutôt âgé et très conservateur, et qui ne se reconnaît plus dans la droite parlementaire. Beaucoup ont rejoint le Front National après la victoire de la gauche en 1981 (on peut penser aux catho-traditionnalistes de Bernard Anthony). Nicolas Sarkozy avait réussi en 2007, à répondre à leurs attentes,  c’est une que la droite soit une vraie droite dure. Ils ont cependant été déçus et vont revoter Le Pen en 2012.

 Au Nord-Est, c’est un électorat populaire, particulièrement affecté par les évolutions de la société, et qui autant d’un point de vue sociétale qu’économique n’a pas l’impression de pouvoir en profiter, et qui se sert encore aujourd’hui du vote lequel comme d’un moyen d’exprimer leur ras-le-bol. Néanmoins, ce ne sont pas les personnes les plus pauvres qui votent le Pen, ce sont ceux qui ont peur du déclassement social. Pour eux, l’ascenseur social n’existe plus et du coup, la population est divisée en deux groupes, ceux qui profitent du système et ceux qui s’en trouvent exclus. Leur peur est de ne pas pouvoir garder leur place, leur statut social.

 L’électorat droitiste du Front National est évidemment irrécupérable. L’attention des écologistes doit donc se porter sur les classes populaires désemparées par la mondialisation et ses conséquences, inquiets pour leur avenir et celui de leurs enfants. Toutefois, il est important de rappeler que le premier parti des ouvriers et des employés demeure l’abstention, qui marque un désintérêt global et massif de la classe politique dans son ensemble. Récupérer les classes populaires attirées par la fonction tribunitienne du vote Le Pen va de paire avec la reconquête des abstentionnistes, en réussissant à leur redonner confiance dans la politique.

 

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Les penseurs de Madame Le Pen https://antifn.eelv.fr/les-penseurs-de-madame-le-pen/ Sat, 11 Jun 2011 11:50:26 +0000 http://antifn.eelv.fr/?p=2298 « Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes »,

Arthur Rimbaud, Une Saison en Enfer

 

Ils sont intellectuels, avocats, politiques, journalistes ; leur famille naturelle est la droite conservatrice, patriote, un brin populiste, mais ils regardent avec de plus en plus de sympathie l’ascension médiatique et électorale du Front national.

Le 11 mai dernier, le « Cercle des avocats libres » présidé par Frédéric Pichon, avocat des identitaires, se réunissait à Paris pour un « colloque sur la liberté d’expression ». Etaient présents Christian Vanneste, député du Nord et membre du courant de la « Droite populaire » au sein de l’UMP, Yves-Marie Laulan, animateur de Radio Courtoisie, Philippe Bilger, avocat général près la cour d’appel de Paris et défenseur du rapprochement entre le FN et l’UMP, et Robert Ménard, auteur de Vive Le Pen. Ce rassemblement hétéroclite illustre bien la connivence qui se crée entre élites intellectuelles, médiatiques et politiques de droite et d’extrême droite ces dernières années.

Si les ralliements de personnalités à la candidature de Marine Le Pen sont des temps forts médiatiques (le journaliste Ménard, l’avocat Collard, le souverainiste Coûteaux), les trophées restent pour l’instant assez rares. Cependant, ils ne sont que la partie visible d’une lame de fond qui traverse la droite depuis plusieurs années, et qui s’accélère à mesure que 2012 s’approche. Ce mouvement a un objectif majeur : faire sauter le « cordon sanitaire » pour réaliser l’union politique des droites libérales, conservatrices, populistes et nationalistes.

C’est notamment la mission que s’est donnée le Club de l’Horloge depuis 1974. Ce cercle de réflexion politique, présidé par Henry de Lesquen (UDF puis MPF ; ancien conseiller « sécurité » de Chirac) réunit des hommes politiques (Madelin, Mégret, Bardet, Le Gallou, Vanneste, Briant), des intellectuels, des hauts fonctionnaires, des universitaires de droite et d’extrême droite qui entendent faire entrer le Front national dans une alliance de gouvernement : « L’union de la droite n’est pas seulement nécessaire pour une simple raison d’arithmétique électorale, mais aussi, et surtout, parce qu’il est au fond inutile d’avoir un gouvernement dit de droite si celui-ci fait la même politique que la gauche » (Henry de Lesquen, éditorial sur le site du Club de l’Horloge).

Surtout, le Club organise de nombreux colloques pour définir une synthèse nationale-libérale ayant abouti à la théorisation de la « préférence nationale ». Le travail de rapprochement intellectuel entre droite « traditionnelle » et extrême droite rend la frontière de plus en plus poreuse, et les connivences de plus en plus nombreuses. Les exemples de personnalités-passerelles ne manquent pas, de Patrick Buisson, directeur général de la chaîne histoire, ancien directeur de Minute et conseiller de Nicolas Sarkozy depuis 2005, à Eric Zemmour, devenu l’égérie de la « Droite populaire » de Thierry Mariani et Christian Vanneste : « Tant qu’on aura un ennemi à droite, on perdra les élections », déclarait ce dernier en octobre 2010.

Certains ont déjà franchi ce cordon sanitaire qui s’effrite, à l’image de Jean-Richard Sulzer, conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais, universitaire (finances publiques et entreprises), ancien proche d’Alain Madelin et éphémère adhérent de l’UMP en 2002 avant son ralliement au Front national.

Derrière la dénonciation d’une « pensée unique de gauche », ces élites mettent en place les bases de la formulation d’une pensée unique de droite, nationale-libérale et populiste. Cette dynamique n’est pas sans rappeler celle qui prévalait au paroxysme de l’affaire Dreyfus, puis au milieu des années 1930. On retrouve chez ces « intellectuels » des accents de Maurras, Barrès ou Drieu La Rochelle : ils entendent défendre la souveraineté, la préférence et l’identité nationales, mises en danger par l’ennemi extérieur (la Mondialisation, l’Europe) autant qu’intérieur (l’islamisation, le multiculturalisme).

Le tabou de l’entente entre droite parlementaire et droite nationale, en vigueur depuis la chute du régime de Vichy, se fissure à vitesse accélérée sous l’action de ces penseurs de la droite. Il s’agit pour la gauche française de s’y confronter avec force pour ne pas risquer l’émergence d’un jeu politique à l’italienne, et surtout ne pas se voir contaminer par ces doctrines populistes comme a pu l’être Thilo Sarazin, ce leader du SPD qui a déclaré que le multiculturalisme détruisait l’Allemagne.

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