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Politis : « À Grenoble, on réinvente la gauche »

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Le journal hebdomadaire Politis consacre dans son n° 1294 un article entier au Rassemblement citoyen, de la gauche et des écologistes "Grenoble, une ville pour tous", sa genèse et pourquoi de nombreuses personnes pensent que cette liste construit une autre politique.

L'article de Patrick Piro est accessible pour les abonnés sur le site: "À Grenoble, on réinvente la gauche".

Regardez aussi la vidéo qui a été faite pour la circonstance:  Municipales à Grenoble : union élargie de la gauche en alternative au PS

Voici quelques extraits de l'article:

La liste de l’écologiste Éric Piolle, soutenue par le Parti de gauche et EELV, et formée pour moitié de candidats sans étiquette, tient tête au socialiste Jérôme Safar, qui veut succéder à Michel Destot.

« Un jour, mon mari me raconte, décomposé, que le conseil régional projette de détruire le lycée Mounier, où il a été élève », raconte Kheira Capdepon, employée dans une cantine scolaire. C’était en 2010, et les justifications de l’opération apparaissent rapidement suspectes (voir encadré). Lycéens, parents, enseignants, personnel administratif se mobilisent, appuyés par certains partis politiques – Front de gauche et Europe Écologie-Les Verts (EELV), surtout. Kheira Capdepon rejoint les militants. [...]

En octobre dernier, quand le collectif Mounier remporte son bras de fer, Kheira n’en reste pas là. Elle rejoint le Réseau citoyen, qui coalise plusieurs mobilisations grenobloises avec l’objectif de s’engager lors de l’élection municipale. « Une suite logique. Née en Algérie, élevée à Vaulx-en-Velin et témoin des émeutes urbaines, j’ai refusé de subir les choses comme mes parents. De gauche, je ne m’y retrouve pas avec les socialistes. Ils nous ont servi tellement de mensonges dans l’affaire du lycée... J’ai d’ailleurs retrouvé des “Mounier” au Réseau citoyen. J’ai envie de construire pour les générations qui arrivent. » Kheira Capdepon a toutes les chances d’intégrer la municipalité le 30 mars, quatrième sur la liste conduite par Éric Piolle (EELV). Un sondage publié la semaine dernière lui attribue 26 % des intentions de vote, derrière la liste du socialiste Jérôme Safar (34 %). Les non-encartés représentent la moitié de la liste Piolle. [...]

Le Réseau citoyen, né en 2012, est l’enfant d’une longue tradition grenobloise d’engagement remontant aux Groupes d’action municipale (GAM) du socialiste Hubert Dubedout en 1963, souligne Raymond Avrillier. Ce militant écologiste est célèbre à Grenoble pour avoir lutté en faveur du retour en gestion municipale des services de l’eau, et surtout pour avoir déclenché la chute du maire Alain Carignon (1983-1995, UMP) pour malversations financières. Il est un pilier de l’Association pour la démocratie, l’écologie et la solidarité (ADES), creuset de propositions pour la ville depuis plus de trente ans, et qui a porté des membres à la municipalité dès 1989. « La liste Piolle nous ressemble, et plus encore que lors des scrutins précédents auxquels l’Ades a participé, confie-t-il. En 2014, elle s’est encore élargie, et doit beaucoup à des personnes et des courants qui ont fait passer l’intérêt collectif avant les logiques partisanes ou carriéristes. » [...]

Le Réseau citoyen organise plusieurs forums sur la démocratie, l’urbanisme ou la sécurité. « Mais nous avons vite analysé qu’il serait vain d’aller seuls aux urnes, reconnaît Pascal Clouaire. L’idée a germé de s’associer aux partis et mouvements qui s’étaient mobilisés à nos côtés sur le terrain. » C’est-à-dire EELV et le Front de gauche, et bien sûr l’Ades. Lequel des quatre pôles a pris l’initiative d’une liste commune ? Le flou. Aucun ne la revendique, tous parlent d’une convergence naturelle et du sentiment d’innover sur la scène politique. « Un Printemps grenoblois », ose Pascal Clouaire, en dépit de points de vue parfois divergents entre écologistes soutenant la participation au gouvernement et militants critiques, entre adhérents au Parti de gauche et certains membres du Réseau citoyen proches du centre. « Bien que la politique nationale m’incite au pessimisme, ces conditions m’ont décidé à tenter le coup au niveau local, avec cette initiative constituée autour d’un programme élaboré dans la concertation », explique le physicien Claus Habfast. Colistier « indépendant », il est satisfait d’avoir vu ses propositions sur la recherche et l’innovation décoincer des a priori, alors que le pôle scientifique de la ville, notamment spécialisé dans les nanotechnologies, s’attire les foudres d’une partie de la militance grenobloise. [...]

« Même Éric Piolle lève la main pour prendre la parole ! », s’amuse Kheira Capdepon. La tête de liste – écologiste, cofondateur du collectif Roosevelt 2012, engagé dans des combats humanistes et ancien cadre dans un groupe informatique – a été choisie sans psychodrame par les fondateurs du rassemblement. [...]

« Nous voyons passer des copains communistes qui ne cachent pas souhaiter notre victoire, rapporte Élisa Martin, cofondatrice du Parti de gauche grenoblois et deuxième sur la liste Piolle. Parce que cette liste témoigne d’une confiance assez rare entre ses composantes, validée par un fort engagement citoyen. À Grenoble, nous réinventons la gauche. »