Rhône-Alpes prend soin de ses deux langues régionales

Carte du francoprovencal et de l'occitan en Rhône-Alpes.

Occitan ou Francoprovencal, les langues régionales sont encore parlées par quelques milliers de rhonalpins. La Région a décidé d’agir pour les sauver. Belkacem Lounès fait l’état des lieux d’un chantier où beaucoup reste à faire.

Par Belkacem Lounès, conseiller régional du groupe EELV et issu du mouvement Régions et Peuples solidaires, membre du comité de suivi sur les langues régionales. 

Rhône-Alpes compte deux langues régionales, le francoprovençal et l’occitan, plus ou moins pratiquées par environ 300 000 personnes malgré l’état de marginalisation de ces langues.

Jusqu’à très récemment, notre collectivité ne s’était guère préoccupée de ses langues régionales par rapport aux autres régions de France.

Le tissu associatif rhônalpin est faible dans ce domaine et est très peu doté en moyens humains et financiers : il n’y a aucun salarié associatif , aucun poste d’enseignant en occitan et en francoprovençal, ni aucun média dédié à ces langues. L’occitan est reconnu comme langue optionnelle aux examens, ce qui n’est pas le cas du francoprovençal.

Des obstacles dus à des rigidités mentales opposent toujours aux langues régionales des pseudo arguments tels que : « les langues régionales menacent la langue française et l’unité nationale », « à quoi ça sert de promouvoir les langues régionales » ou « c’est pas le moment ou encore personne ne veut des langues régionales ». Toutes ces assertions n’ont évidemment aucun fondement légitime et vont à l’encontre d’un droit fondamental et des principes démocratiques et même écologiques.

Cependant, les choses évoluent positivement. Au conseil régional de Rhône-Alpes, tout ou presque commence avec la délibération de juillet 2009, qui vise à reconnaître, valoriser, promouvoir l’occitan et le francoprovençal, langues régionales de Rhône-Alpes, après une étude qui a mis en évidence la réalité de ces langues et leurs acteurs et qui a fourni une évaluation des besoins ainsi que des recommandations.

 

Les actions de la Région

La délibération de 2009 est très ambitieuse dans la mesure où elle prévoit notamment de mobiliser tous les dispositifs régionaux en faveur des langues régionales, notamment ceux de la communication interne et externe, la formation initiale et continue, l’enseignement supérieur et la recherche, l’économie, etc. ainsi que la coopération interrégionale et internationale.

Belkacem Lounès

Pour Belkacem Lounès, il reste fort à faire pour soutenir les deux langues traditionnelles de la région.

Depuis, les soutiens aux projets associatifs ont été accrus, ainsi que l’édition d’ouvrages et le maintien du volet langues régionales dans l’appel à projets « Mémoire ». Cependant et concernant ce dernier dispositif, peu d’acteurs associatifs en ont bénéficié car structurellement faibles, les procédures trop complexes et les projets présentés sont jugés insuffisants par le comité de sélection notamment sur le plan « qualitatif ».

Depuis janvier 2010, j’ai pris en charge de la mission langues régionales. Plusieurs initiatives ont été prises :

  • Organisation des rencontres locales dans l’Ain, la Drôme/Ardèche et la Savoie en 2011, puis les Assises des langues régionales en juin 2012. Beaucoup d’attentes et de suggestions sont sorties de ces réunions dans les domaines de la transmission, de la conservation et de la socialisation des langues régionales.
  • Des discussions avec le Rectorat de Grenoble en vue d’une convention Rectorat-Région ont été entreprises et finalisées mais la convention n’a pas encore été signée.
  • Création d’une ligne langues régionales dans le budget de la Région en 2011.
  • La coopération interrégionale se développe puisque notre collectivité adhère à plusieurs instruments interrégionaux de l’aire occitane (Cirdoc, Estivada, congrès de la langue occitane, charte interrégionale et transfrontalière pour la langue occitane) et est membre de la commission Langues Régionales de l’ARF qui s’est déjà réunie deux fois chez nous. Elle se réunira une troisièmefois, en octobre prochain à l’occasion du congrès de l’Association des régions de France.

Les perspectives

La Région peut encore faire beaucoup en faveur de ses langues régionales :

  • soutien aux calendretas (écoles associatives bilingues) en Rhône-Alpes,
  • bourses d’études pour la formation d’enseignants,
  • soutien aux médias externes (Journaux, TV, radios),
  • soutien au projet d’Office public de la langue occitane,
  • incitation à la coopération interrégionale et transfrontalière de l’aire francoprovençale (Valais Suisse et Val d’Aoste),
  • aide à la structuration et au renforcement des acteurs associatifs et augmentation du soutien à leurs projets,
  • ouverture des médias du Conseil Régional à l’occitan et au francoprovençal (insertion d’articles en langues régionales dans le journal de la Région, page internet…),
  •  incitation des différentes directions de la Région à intégrer les langues régionales dans leurs dispositifs,
  • signature de la Convention Rectorat de Grenoble-Région et ouverture des discussions avec le Rectorat de Lyon,
  • projet de délibération notamment pour créer un appel à projets spécifique langues régionales (pour fin 2012/début 2013)…

Belkacem Lounès.

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